A propos des verbes sériels en français :
Si l’on peut dire en créole : mwen sòti ékri, on peut dire en français je viens d’écrire et même
à un certain niveau de langue « je sors d’écrire ». Noter absence préposition, et différence
c’est que l’on a d’une part verbe non flexionnel et verbe flexionnel, mais cela ne veut pas dire
que les verbes « sériels » sont inconnus en français : ils prennent une autre « forme » et on
devrait les définir autrement ; si l’on appelle « sériels » uniquement ceux qui comporte une
idée de but, on a aussi en français « je sors manger », « je pars travailler », etc. pour peu que
le rapport sémantique soit respecté, le nombre de verbes utilisables est important : un verbe de
mouvement + un verbe imperfectif ou répétitif (cf. je sors sauter, je pars marcher, je rentre
travailler ; mais peu probablement je rentre ouvrir, je sors me lever, etc. !!!)
***
Autrement dit nous nous intéresserons aux verbes sériels qui existent dans certains créoles,
surtout dans le créole haïtien, mais nous nous garderons d’en faire un trait démontrant telle ou
telle parenté avec telles ou telles langues africaines en comportant. Ce serait abusif, en l’état
actuel de la recherche, si l’on tient compte de la présence e verbes sériels dans des langues qui
n’ont pu en aucun cas intervenir dans la genèse des créoles, et on soulignera leur existence
sans doute dans bien plus de langues qu’on ne le pense parfois (notamment le français), sitôt
que l’on sort d’une perspective un peu « exotisante » pour regarder la réalité des traits
linguistiques. Ce serait même selon nous une caractéristique marquant un développement
supplémentaire de langues ; de même que la première relation syntaxique est si l’on peut dire
la parataxe, puis la coordination, enfin la subordination, la sérialisation qui n’est pas présente
dans toutes les langues et pas dans tous les créoles, pourrait s’être développée dans des
créoles (ou des langues ?) plus avancés dans leur développement, plus éloignés des simples
assemblages de vocabulaire et qui ont pu se structurer plus systématiquement*** D’où le rôle
de l’écriture dans le passage à la sérialisation ???
il s’agit de montrer que la sérialisation, qui apparaît dans des langues très diverses, est sans
doute bien plutôt une caractéristique typologique, présents dans certaines langues il serait un
point d’aboutissement : phénomène obtenu par grammaticalisation pour manifester certaines
relations syntaxiques. A côté de la coordination et de la subordination, il faudrait retenir
comme opération de concaténation possible la sérialisation.
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