QUE CACHE LA « VICTOIRE » TURQUE DE GALLIPOLI ? ème Arrivées d’Asie Centrale en Asie mineure au 12 siècle, deux tribus turques allaient au fil du temps créer un empire s’étendant de l’Afrique du Nord à l’Asie en passant par l’Europe. L’Empire ottoman devait perdurer ème jusqu’au début du 20 siècle. Petit à petit, les peuples placés sous sa domination commencèrent à mener une lutte pour leur libération et arrachèrent leur indépendance. En Turquie, dans les livres d’histoire, les batailles étaient répertoriées de la façon suivante, les victoires pour l’armée turque et les défaites pour les soldats ottomans. Les Turcs ne pouvaient être défaits, invincibilité oblige ! Le 28 Juin 1914, à Sarajevo, l’héritier du ere trône austro-hongrois François-Ferdinand fut assassiné. Trois coups de feu allaient déclencher la 1 Guerre Mondiale. En octobre 1914, l’armée turque attaquait les ports russes de la Mer Noire. Lors de ce conflit, l’alliance objective entre les Turcs et les Allemands auraient permis à ces derniers d’avoir la mainmise sur la ligne de chemin de fer turque reliant l’Europe à Bagdad et à Mossoul. Avec ses colonies allant de l’Est à l’Ouest du Monde, le Royaume-Uni était l’une des plus grandes puissances du moment. D’ailleurs, ne disait-on pas que le soleil ne se couchait jamais sur l’Empire britannique. Malgré des conflits d’intérêts, le Royaume-Uni, la France et la Russie impériale formaient la Triple Entente contre les empires allemand et austro-hongrois auxquels devait se joindre l’Empire ottoman. Une flotte alliée composée d’Anglais, d’Australiens, de Néo-Zélandais et de Français s’engagea en Méditerranée afin de pénétrer en Turquie par le Détroit des Dardanelles. En 1915, l’armée ottomane était à bout de souffle. Attaquée au sud, dans ses territoires du Proche et du Moyen-Orient, elle s’arcboutait sur sa partie anatolienne. Commencé en février 1915, le conflit pour les détroits atteignit son paroxysme avec la bataille de Gallipoli du 25 avril qui fut considérée par les Turcs comme une victoire de leur armée et le début de la légende de Mustafa Kemal commandant alors l’artillerie. Cette « victoire » ne cacherait-elle pas un mystère dont le grand public ignore la réalité ? Les commentaires de notre professeur turc d’Istanbul, Selami Bey, en classe de primaire sont encore dans nos mémoires. Ce professeur nous expliquait les conditions dans lesquelles les soldats turcs avaient mené cette bataille contre l’ennemi. Les alliés, avec à leur tête le Royaume-Uni, ne pouvaient-ils pas ou ne voulaient-ils pas traverser les Dardanelles ? D’après les propos de cet enseignant, cet affrontement s’était transformé en un jeu. Toujours d’après lui, pour tromper l’ennemi, les Turcs auraient utilisé des conduits métalliques de cheminées pour simuler des canons sortis par les fenêtres des maisons. L’ennemi, disait-il, tirait tous les jours un certain nombre d’obus sur les positions turques et l’armée turque répondait coup pour coup. Puis, les alliés cessaient le combat et descendaient sur un terrain pour jouer au football. Les tirs se poursuivaient régulièrement tous les jours, mais à une différence près que les Turcs ripostaient avec un tir de moins. Cela pouvait laisser présager que l’armée turque était à court de munitions. Le jour J quand les alliés se retirèrent pour jouer au ballon, ils furent pilonnés par les obus économisés durant des jours. La bataille des Dardanelles dura longtemps et occasionna de nombreuses pertes de part et d’autre. Ces hommes ne furent-ils pas sacrifiés pour des calculs politiques ? Peut-on imaginer que le Royaume-Uni doté de la première marine du monde n’ait pu venir à bout de l’armée exsangue de l’Empire ottoman ? Sachant que le Royaume-Uni avait signé un protocole avec l’Empire russe prévoyant qu’au cas où les forces britanniques et leurs alliés traverseraient les Dardanelles, la flotte russe pénétrerait par le détroit de Bosphore pour occuper Constantinople, les Anglais n’auraient-ils pas tout fait pour éviter cette éventualité ? Galvanisés par cette « Victoire », les Turcs pouvaient continuer à organiser leur projet d’extermination des Arméniens commencé le 24 avril 1915. Nersès Durman-Arabyan Paris Avril 2013 www.armen-progres.com