REVUE DE PRESSE

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coordonnée par
le Pr B. Combe
Pas de corrélation entre la persistance
d’une hernie discale et l’évolution clinique
d’une lombosciatique, opérée ou non
REVUE DE PRESSE
Commentaire
Les relations entre les signes visibles à l’IRM et l’évolution clinique d’une sciatique (opérée
ou non) restent controversées. Les auteurs ont étudié, après 1 an de suivi, les relations entre
l’état clinique et les signes d’imagerie de 283 patients atteints de lombosciatique et inclus
dans un essai randomisé comparant la chirurgie précoce au traitement médical prolongé (1).
Les résultats cliniques de cette étude avaient été publiés en 2007 (2). Les patients ont eu une
IRM à l’inclusion, et une à 1 an. La présence d’une hernie discale à l’IRM a été déterminée
par 2 lectures en aveugle des données du patient. Une évolution favorable était définie par la
disparition presque complète des symptômes sur une échelle de 0 à 7. Parmi les 283 patients
randomisés, 267 ont pu bénéficier d’une deuxième IRM à 1 an. L’analyse a porté sur cette
population : 131 patients ont été randomisés dans le groupe chirurgie précoce (dont 15
n’ont finalement pas été opérés) et 136 dans le groupe traitement prolongé (dont 54 ont
finalement été opérés). Dans l’analyse considérant le traitement reçu, 1 an après la randomisation, 84 % des patients rapportaient une évolution favorable. À 1 an, une hernie discale
était présente chez 21 % des patients opérés et 60 % des patients non opérés (p < 0,001),
et une compression radiculaire était observée chez 16 % des premiers et 36 % des seconds
(p < 0,001). Par rapport à l’inclusion, la compression radiculaire avait disparu chez 82 %
des patients opérés et 60 % des patients non opérés (p < 0,001). L’analyse en intention
de traiter à 1 an montre qu’une hernie discale était présente chez 22 % des patients du
groupe chirurgie et 47 % de ceux du groupe traitement médical prolongé (p < 0,001). À
1 an, une hernie discale était mise en évidence chez 35 % des patients dont l’évolution était
favorable et 33 % de ceux dont l’évolution était défavorable (p = 0,70), et une compression
radiculaire chez 24 % et 26 %, respectivement. Parmi les patients ayant une hernie discale,
85 % rapportaient une évolution favorable à 1 an. Parmi les patients n’ayant pas de hernie
discale visible à l’imagerie, 83 % rapportaient une évolution favorable.
Enfin, parmi les 170 patients opérés, 150 présentaient une image de fibrose à l’IRM. Parmi
les patients ayant une fibrose, 86 % rapportaient une évolution favorable à 1 an, versus 75 %
parmi ceux n’ayant pas de fibrose (p = 0,19). Après ajustement au traitement attribué par
randomisation, la présence d’une hernie discale n’était pas associée à l’évolution clinique à 1 an.
M. Marty (Créteil)
La consommation d’alcool protège
contre la polyarthrite rhumatoïde !
Il existe de nombreux facteurs environnementaux impliqués dans le déclenchement de la polyarthrite rhumatoïde (PR), tels que le tabac ou le microbiote digestif ou gingival. Le rôle de
l’alcool, lui, reste incertain. Scott et al. (1) ont donc tenté de déterminer si l’alcool protège
contre le développement de la PR et si cet effet est influencé par la dose d’alcool et le statut
sérologique, à travers l’examen systématique de la littérature et l’agrégation de données par
une méta-analyse. Les bases de données Medline et Embase, ainsi que les références des articles
sélectionnés, ont été examinées jusqu’en juillet 2012, à la recherche d’études observationnelles,
cas-témoins ou de cohorte, ce qui a permis de déterminer la relation entre l’alcool et la survenue
de la PR. Les résultats sont exprimés en odds-ratios (OR) avec intervalle de confiance (IC) à
95 %. Le rôle du statut sérologique (facteurs rhumatoïdes [FR] et Anti-Citrullinated Protein/
peptides Antibodies [ACPA]) et un éventuel effet-dose ont été recherchés.
Au total, 893 articles ont été analysés et 9 études finalement incluses. Six études cas-témoins
(3 564 cas, 8 477 témoins) et 3 études de cohorte (444 cas de PR, 84 421 personnes) répondaient aux critères d’inclusion. Un effet protecteur était retrouvé dans les études cas-témoins
Cette étude met en évidence l’absence de corrélation entre la persistance d’une hernie discale
et l’évolution d’une lombosciatique, opérée ou
non. Les hernies discales des patients du groupe
traitement médical prolongé responsables de douleurs persistantes ont finalement été opérées (54
des 136 patients du groupe traitement médical). Il
apparaît que la persistance d’une hernie discale, ou
même d’un conflit discoradiculaire, plus fréquente
dans le groupe traitement médical prolongé que
dans le groupe des patients opérés, n’est pas associée à un moins bon résultat clinique.
Cette étude rend compte de la très grande difficulté d’interpréter une IRM chez un patient ayant
une sciatique d’évolution défavorable. Elle illustre
aussi la complexité des mécanismes responsables
de la douleur radiculaire. La compression radiculaire visualisée à l’IRM n’est qu’une des composantes de la douleur, à côté des phénomènes
inflammatoire et neuropathique.
Références bibliographiques
1. El Barzouhi A, Vleggeert-Lankamp CL, Lycklama à
Nijeholt GJ et al. Magnetic resonance imaging in follow-up
assessment of sciatica. N Engl J Med 2013;368(11):999-1007.
2. Peul WC, Van Houwelingen HC, Van den Hout WB et al.
Surgery versus prolonged conservative treatment for sciatica.
N Engl J Med 2007;356(22):2245-56.
Commentaire
Bien qu’il faille confirmer ces données par des
études de cohortes prospectives, cette méta-analyse
confirme l’effet protecteur de l’alcool dans la PR.
Une étude suisse (2) avait montré une tendance à
la réduction de la progression radiographique chez
les patients atteints de PR buvant de l’alcool par
rapport à ceux qui n’en boivent pas. Dans ce travail,
un effet dose-réponse a été constaté : l’effet protecteur est plus important chez les consommateurs
d’alcool modérés que chez les gros consommateurs.
L’impact de la consommation d’alcool a également
été étudié chez des patients souffrant d’autres
types de rhumatismes, tels que l’arthrose, l’arthrite
réactionnelle, la spondylarthrite ou le rhumatisme
psoriasique, recrutés dans la cohorte de Leiden et
comparés à 5 868 témoins de la population générale (3). L’effet protecteur de l’alcool est confirmé
dans la PR (OR = 0,28 ; IC95 : 0,23-0,35), mais également dans l’arthrose (OR = 0,31 ; IC95 : 0,16-0,62),
l’arthrite réactionnelle (OR = 0,27 ; IC95 : 0,14-0,52),
le rhumatisme psoriasique (OR = 0,38 ; IC95 : 0,230,62) et la spondylarthrite ankylosante (OR = 0,34 ;
IC95 : 0,17-0,67). Enfin, cette étude suggère un degré
plus élevé d’inflammation systémique (VS et CRP)
chez les patients consommant de l’alcool.
La Lettre du Rhumatologue • No 395 - octobre 2013 |
11
REVUE DE PRESSE
(OR = 0,78 ; IC95 : 0,63-0,96), mais n’était pas observé dans les études de cohorte (OR = 0,91 ;
IC95 : 0,78-1,08). La consommation
d’alcool divisait par 2 le risque de développer une PR ACPA
01
positive (OR = 0,52 ; IC95 : 0,36-0,76), alors que l’effet de l’alcool sur les PR ACPA négatives
n’atteignait pas le seuil de significativité statistique (OR = 0,74 ; IC95 : 0,53-1,05). Une seule
étude avait évalué si la sérologie FR influençait l’effet positif de la prise d’alcool sur la survenue
d’une PR. Dans cette étude, la survenue de PR FR positives et négatives diminuait chez les
patients buvant de l’alcool. Aucun effet dose-réponse n’a été constaté. Dans l’ensemble, la
consommation d’alcool est inversement corrélée au risque de survenue de PR ACPA positives.
octobre - novembre - décembre 2013
Références
bibliographiques
EDIMARK éditeur de la nouvelle
publication
de la SOFMER
1. Scott I, Tan R, Stahl D, Steer S, Lewis CM, Cope AP. The
protective effect of alcohol on developing rheumatoid
­arthritis: a systematic review and meta-analysis. Rheumato­
logy 2013;52(5):856-67.
À paraître prochainement…
2. Nissen MJ, Gabay C, Scherer A, Finckh A; Swiss Clinical
Quality Management Project in Rheumatoid Arthritis. The
effect of alcohol on radiographic progression in rheumatoid
arthritis. Arthritis Rheum 2010;62(5):1265-72.
Se former et s’informer !
Nouvelle publication
3. Huidekoper AL, van der Woude D, Knevel R et al. Patients
with early arthritis consume less alcohol than controls,
Publication à destination de tousregardless
les professionnels
santéRheumatology
impliqués 2013;
of the type ofde
arthritis.
52(9):1701-7.
dans la prise en charge des pathologies
chroniques et des handicaps
A. Baillet (Grenoble)
Une corticothérapie orale à forte dose serait efficace
à court terme dans la spondylarthrite ankylosante Au sommaire du premier numéro…
“Actualités sur l’arthrose ”
Alors que la corticothérapie orale est usuelle dans la polyarthrite rhumatoïde, elle n’est pas
recommandée dans la spondylarthrite ankylosante (SA). Si quelques études ouvertes évoquent
l’effet positif de bolus de méthylprednisolone sur la douleur et la mobilité rachidienne dans
Société française
Médecine Physique
la SA, étonnamment, cette étudede
est
la première randomisée contrôlée.
et de
Réadaptation
Les auteurs présentent un essai contrôlé en double aveugle contre placebo. Deux poso­logies
de corticothérapie
orale (prednisolone)
ont été testées, avec, comme critère principal d’évaPublication
trimestrielle
luation, un BASDAI 50 à 2 semaines. Trente-six patients souffrant de SA en échec aux AINS
et naïfs d’anti-TNFα ont ainsi été répartis en 3 groupes de traitement : placebo, 20 mg/j et
50 mg/j de prednisolone. Ces patients présentaient une maladie active avec, respectivement,
des BASDAI à l’inclusion de 6,8 ± 2,5, 7,1 ± 2,3 et 7 ± 1,6, et des taux moyens de CRP
relativement élevés : 27 mg/l, 19 mg/l et 32 mg/l dans le groupe 50 mg/j.
Le BASDAI 50 a été noté chez 33 % des patients du groupe prednisolone 50 mg/j, 27 %
de ceux du groupe 20 mg/j et 8 % de ceux du groupe placebo. S’il n’y a pas de différence
statistique, on observe une tendance en faveur d’une efficacité de la prednisolone. En ce
qui concerne les objectifs secondaires, le BASDAI, l’ASDAS, le BASMI, le dérouillage matinal
et la CRP étaient meilleurs dans le groupe 50 mg/j que dans le groupe placebo. Il n’a pas
été observé d’augmentation des glycémies ni de la pression artérielle dans les 3 groupes.
CPPAP et ISSN : en cours
Trimestriel
Association régie selon la loi de 1901 (J.O. :15.07.87 N°28)
*
octobre - novembre - décembre 2013
Le faible effectif constitue certainement un biais de
cette étude. Cependant, la posologie de 50 mg/j de
prednisolone a permis d’obtenir un effet clinique,
alors que la dose de 20 mg/j ne semble pas supérieure au placebo, à court terme et chez des
patients à la CRP élevée. Il semble logique, pour
des questions de tolérance, qu’un traitement par
50 mg/j de prednisolone ne puisse être envisagé
à long terme, mais des études supplémentaires
pourraient évaluer son intérêt en cas de poussées
dans la SA.
Abonnez-vous au 01 46 67 62 74 / 87
C. Prati (Besançon)
01
Commentaire
Référence bibliographique
Haibel H, Fendler C, Listing J, Callhoff J, Braun J, Sieper J.
Efficacy of oral prednisolone in active ankylosing spondylitis:
results of a double-blind, randomised, placebo-controlled
short-term trial. Ann Rheum Dis 2013 May 16. [Epub ahead
of print]
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