IMAGE COMMENTÉE Un train peut en cacher un autre… D. Bodez, L. Krapf, D. Messika-Zeitoun Service de cardiologie, hôpital Bichat-Claude-Bernard, AP-HP, Paris M . X., âgé de 63 ans, est hospitalisé dans notre service pour une insuffisance cardiaque (IC) droite évoluant depuis plusieurs mois. Il n’a aucun antécédent notable. À l’examen clinique, la pression artérielle est à 154/77 mmHg, la fréquence cardiaque à 86 bpm, et la saturation à 98 % en air ambiant. L’auscultation cardiaque retrouve des bruits du cœur réguliers, avec un souffle diastolique 1 à 2/6 au foyer aortique. Il y a une turgescence jugulaire associée à un reflux hépatojugulaire, mais aucun signe d’insuffisance cardiaque gauche. L’électrocardiogramme s’inscrit en rythme sinusal avec des ondes T aplaties en latéral. L’échocardiographie par voie transthoracique retrouve un tableau hémodynamique d’adiastolie en rapport avec une constriction péricardique (faseyement du septum interventriculaire, modifications respiratoires des flux et élévation du pic e’ en doppler tissulaire), un épanchement péricardique minime et une insuffisance aortique modérée (surface de l’orifice régurgitant à 20 mm2, vena contracta à 5 mm, débit cardiaque à 8,3 l/mn et reflux télédiastolique isthmique à 9 cm), sans retentissement ventriculaire gauche. L’IRM et le cathétérisme droit confirment la constriction péricardique. L’échographie transœsophagienne (ETO) réalisée pour mieux préciser l’importance et le mécanisme de l’insuffisance aortique met en évidence une valve aortique quadricuspide avec une insuffisance aortique modérée par défaut de coaptation central. La dyspnée a été attribuée à la péricardite constrictive chronique. Un traitement médical par corticothérapie et antituberculeux (malgré des prélèvements négatifs) est retenu en première intention chez ce patient et un contrôle échocardiographique est prévu au bout de 3 mois. La quadricuspidie aortique est une malformation congénitale très rare (moins de 0,01 % de la population générale), parfois associée à d’autres anomalies, comme une communication interauriculaire, une malformation des coronaires ou une persistance du canal artériel. Elle peut également être isolée, comme chez notre patient. Elle est plus souvent responsable d’insuffisance aortique que de sténose. Le diagnostic repose sur l’ETO, qui permet de préciser l’anatomie de la valve ainsi que la quantification et le mécanisme d’une fuite dépistée lors d’une échocardiographie transthoracique. ■ I M A G E A B C D Figure. Échographie transœsophagienne. En haut, coupe petit axe, orifice aortique en diastole (A) et en systole (B). En bas, coupes petit axe (C) et grand axe (D) en doppler ­couleur. 28 | La Lettre du Cardiologue • n° 459 - novembre 2012