Théorème de Stampacchia Florent Nacry 24 janvier 2015 Référence : Analyse fonctionelle, Brézis. Notation : Si (X, k·k) est un R - espace vectoriel normé, on note X ? son dual topologique. Débutons par un rappel sur la notion de coercivité pour une forme bilinéaire. Définition. Soient (X, k·k) un R-espace vectoriel normé, b : X × X −→ R une forme bilinéaire. On dit que b est k·k-coercive (ou coercive) lorsqu’il existe un réel α > 0 tel que pour tout x ∈ X, b(x, x) ≥ α kxk . On aura besoin du célèbre théorème suivant : Théorème. (de point fixe de Banach-Picard) Soient (E, d) un espace métrique complet, f : E −→ E une application contractante. Alors, f a un unique un point fixe a ∈ E. De plus, toute suite (xn )n∈N d’éléments de E satisfaisant pour tout n ∈ N, xn+1 = f (xn ), converge dans E vers a. Le résultat suivant est le théorème de projection sur un convexe non vide fermé d’un espace de Hilbert. Théorème. Soient (H, h·, ·i) un R-espace de Hilbert, k·k = de H, u ∈ H. Alors, il existe un unique PK (u) ∈ K tel que q h·, ·i, K un convexe fermé non vide inf ku − vk = ku − PK (u)k . v∈K De plus, pour tout v ∈ H, v = PK (u) si et seulement si v ∈ K et pour tout w ∈ K, hu − v, w − ui ≤ 0. Rappelons le résultat qui permet d’identifier le dual topologique d’un espace de Hilbert à luimême. Théorème. (de représentation de Riesz-Fréchet) Soient (H, h·, ·i) un R-espace de Hilbert, q k·k = h·, ·i, k·kL la norme subordonnée aux normes k·k et |·|, ϕ ∈ H? . Alors, il existe un unique x ∈ H tel que ϕ(·) = h·, xi . De plus, on a l’égalité kϕkL = kxk. 1 L’application projection sur un convexe non vide fermé d’un espace de Hilbert est 1-lipschitzienne. q Proposition. Soient (H, h·, ·i) un R - espace de Hilbert, k·k = h·, ·i, K un convexe fermé non vide de H. Alors, l’application PK : H −→ H est 1-lipschitzienne, i.e. pour tout u1 , u2 ∈ H, kPK (u1 ) − PK (u2 )k ≤ ku1 − u2 k . On en arrive au résultat fondamental de ce document. q Théorème. (de Stampacchia) Soient (H, h·, ·i) un R-espace de Hilbert, k·k = h·, ·i, a : H × H −→ R une forme bilinéaire continue sur H × H, coercive, K un convexe fermé non vide de H. Pour tout ϕ ∈ H? , il existe un unique u ∈ K tel que pour tout v ∈ K, a(u, v − u) ≥ ϕ(v − u). Démonstration. Fixons ϕ ∈ H? . Via le théorème de Riesz, il existe un unique f ∈ H tel que ϕ(·) = h·, f i . Fixons u0 ∈ H. L’application a(u0 , ·) : H −→ R est une forme R-linéaire de H, continue sur H (puisque a est continue sur H × H). Via le théorème de Riesz, il existe un unique élément A(u0 ) de H tel que a(u0 , ·) = hA(u0 ), ·i . On peut ainsi définir une application R-linéaire A de H dans lui-même. La coercivité de a nous fournit l’existence d’un réel α > 0 tel que pour tout u ∈ H, hA(u), ui ≥ α kuk2 . Puisque a est une forme R-bilinéaire de H × H, continue sur H × H, il existe un réel C > α tel que pour tout u, v ∈ H, |a(u, v)| ≤ C kuk kvk . Notons k·kL la norme subordonnée à k·k et à |·|. Pour tout u ∈ H, on a kA(u)k = ka(u, ·)kL = sup |a(u, v)| v∈B[0,1] ≤ C kuk . Fixons un réel ρ ∈]0, C2α2 [. Notons que le choix de ρ entraîne ρ2 C 2 − 2ρα + 1 < 1. De plus, pour tout x ∈ R, on a C 2 x2 − 2αx + 1 > 0. Ainsi, on dispose de l’encadrement C 2 ρ2 − 2αρ + 1 ∈ ]0, 1[ . Constatons que ∃u ∈ K, ∀v ∈ K, a(u, v − u) ≥ ϕ(v − u) ⇐⇒ ∃u ∈ K, ∀v ∈ K, hu − ρ(A(u) − f ) − u, v − ui ≤ 0 ⇐⇒ ∃u ∈ K, u = PK (ρf − ρA(u) + u). (1) 2 Cherchons alors les points fixes de l’application s : K −→K w 7−→PK (ρf − ρA(w) + w). Pour tout w1 , w2 ∈ K, on a kS(w1 ) − S(w2 )k ≤ kw1 − w2 − ρ(A(w1 ) − A(w2 )k . Pour tout w1 , w2 ∈ K, on a kS(w1 ) − S(w2 )k2 = kw1 − w2 k2 + ρ2 kA(w1 ) − A(w2 )k2 − 2ρ hw1 − w2 , A(w1 ) − A(w2 )i ≤ kw1 − w2 k2 (1 + ρ2 C 2 − 2ρα). Ainsi, S est une application contractante de K dans lui-même. L’application S a donc un unique point fixe u ∈ K. Via (1), u est l’unique élément de K tel que a(u, v − u) ≥ ϕ(v − u) pour tout v ∈ K. Ceci termine la preuve. 3