8 Nombres complexes 8.1 Nombres complexes Résumé des principales étapes de la résolution des équations mathématiques : • L’équation x + 5 = 3 n’a pas de solution dans N, mais en possède une dans Z : x = −2 ; • L’équation 3x = 1 n’a pas de solution dans N ou Z (ni dans l’ensemble des nombres décimaux), 1 mais en possède une dans Q : x = ; 3 √ √ 2 • L’équation x = 2 n’a pas de solution dans Q, mais en possède deux dans R : x = 2 et x = − 2 ; • L’équation x2 + 1 = 0 n’a pas de solution dans R, mais en possède deux dans l’ensemble des nombres complexes C : x = i et x = −i. Chaque nouvel ensemble de nombres ainsi créé contient le précédent : N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C. 8.1.1 Nombres complexes : forme algébrique Théorème (admis) : Il existe un ensemble appelé ensemble des nombres complexes, noté C, qui possède les propriétés suivantes : • C contient l’ensemble des nombres réels R ; • L’addition et la multiplication des nombres réels se prolongent aux nombres complexes et les règles de calcul restent les mêmes ; • Il existe un nombre complexe noté i tel que i2 = −1 ; • Tout nombre complexe z s’écrit de manière unique : z = x + iy, où x ∈ R et y ∈ R. Définition : L’écriture z = x + iy, avec x ∈ R et y ∈ R, est appelée forme algébrique du nombre complexe z. x est la partie réelle de z, notée Re(z) et y est la partie imaginaire de z, notée Im(z). Exemple : Pour z = √ √ 3 − 2i, on a Re(z) = 3 et Im(z) = −2. Remarques : • Re(z) et Im(z) sont des nombres réels ; • Si Im(z) = 0, alors z est un nombre réel ; • Si Re(z) = 0, alors z = iy, avec y ∈ R : z est un imaginaire pur. Théorème : Deux nombres complexes sont égaux, si, et seulement si, ils ont même partie réelle et même partie imaginaire. Preuve : La forme algébrique d’un nombre complexe est unique, donc si z = a + ib = c + id, alors a = c et b = d. Remarque : En particulier (a + ib = 0) ⇔ (a = 0 et b = 0), a ∈ R et b ∈ R. Conjugué d’un nombre complexe Définition : On appelle conjugué du nombre complexe z = x + iy, le nombre complexe noté z, défini par : z = x − iy. Exemples : 2 + 3i = 2 − 3i ; 2i = −2i ; −4 = −4. Remarques : • Ne pas confondre opposé et conjugué ; • Le conjugué d’un réel est égal à ce réel ; • Le conjugué d’un imaginaire pur est l’opposé de cet imaginaire pur. 34 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 Premières propriétés du conjugué Théorème : Pour tout nombre complexe z : (1) z = z (2) z + z = 2 Re(z) (3) z − z = 2i Im(z) (5) (z imaginaire pur) ⇔ (z = −z) (4) (z ∈ R) ⇔ (z = z) Preuve : z = x + iy, avec x et y réels : Re(z) = x et Im(z) = y. (1) z = (x + iy) = x − iy = x + iy = z ; (2) z + z = x + iy + x − iy = 2x = 2 Re(z) ; (3) z − z = x + iy − (x − iy) = 2iy = 2i Im(z) ; (4) Si z ∈ R, alors z = x, donc z = x = z ; réciproquement si z = z, alors x − iy = x + iy et l’écriture algébrique d’un nombre complexe étant unique on a −y = y donc y = 0, ce qui prouve que z est réel. (5) Si z est un imaginaire pur, alors z = iy, donc z = −iy = −z ; réciproquement si z = −z, alors x − iy = −(x + iy) = −x − iy d’où on tire que x = −x et puis x = 0, ce qui prouve que z est un imaginaire pur. 8.1.2 Calculs avec les nombres complexes Addition Si z = a + ib et z ′ = a′ + ib′ , alors : • z + z ′ = a + a′ + i(b + b′ ) ; • −z = −a − ib est l’opposé de z. ′ Exemples :√z + z ′ = 2 − 2 − 3i√ + 4i = i ; √ : • z = 2′ − 3i et z = −2 + 4i, alors ′ • z = 3 − 2i et z = −1 + 2i, alors : z + z = 3 − 1 − 2i + 2i = 3 − 1. Multiplication Si z = a + ib et z ′ = a′ + ib′ , alors zz ′ = (a + ib)(a′ + ib′ ) = aa′ − bb′ + i(ab′ + ba′ ). Exemples : • z = 2 + 3i et z ′ = −2 − 4i, alors zz ′ = (2 + 3i)(−2 − 4i) = −4 + 12 + i(−8 − 6) = 8 − 14i ; √ √ √ √ 2 √ √ √ • z = 3 − 2i et z ′ = 3 + 2i, alors zz ′ = ( 3 + 2i)( 3 − 2i) = 3 − 4i2 + i(2 3 − 2 3) = 7. Inverse et division Théorème : Tout nombre complexe z non nul admet un inverse noté 1 1 tel que z × = 1. z z Preuve : Soit z = a+ib, alors zz = (a+ib)(a−ib) = a2 +b2 , or si z est non nul, a et b ne peuvent pas être nuls simultanément zz z a − ib a − ib 1 a − ib et a2 + b2 6= 0 ; par suite 2 = 1, ou encore z × 2 = 1, donc 2 est l’inverse de z : = 2 = 2 , a + b2 a + b2 a + b2 z a + b2 a + b2 ce qui prouve l’existence de l’inverse de z pour z 6= 0. Si z = a + ib et z ′ = a′ + ib′ , avec z ′ 6= 0, alors Exemple : 1 a′ − ib′ z = z × ′ = (a + ib) × ′2 . ′ z z a + b′2 2 − 3i (2 − 3i)(5 − i) 5−i 7 − 17i 7 17 = = (2 − 3i) × 2 = = − i. 5+i 5 + 12 26 26 26 26 Conjugué et opérations Théorème : Pour tous nombres complexes z et z ′ et tout nombre entier naturel n non nul : (1) z + z ′ = z + z ′ et si z 6= 0 : (4) math4bac (3) z n = (z)n (2) zz ′ = zz ′ Å ã 1 1 = z z (5) – 35 – Å z′ z ã = z′ z v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 Preuve : Pour z = a + ib et z ′ = a′ + ib′ : (1) z + z ′ = a + a′ + i(b + b′ ) = a + a′ − i(b + b′ ) = a − ib + a′ + ib′ = z + z ′ ; (2) zz ′ = aa′ − bb′ + i(ab′ + ba′ ) = aa′ − bb′ − i(ab′ + ba′ ) et zz ′ = (a − ib)(a′ − ib′ ) = aa′ − bb′ − i(ab′ + ba′ ), donc zz ′ = zz ′ ; (3) la propriété précédente se généralise par récurrence pour z n = z n : – la propriété est vraie au rang n = 1 : z 1 = z 1 = z, – dès que z n = z n , alors z n+1 = (z n × z) = z n × z = (z)n × z = (z)n+1 , ce qui prouve la proposition pour tout n ∈ N, n > 0 ; (4) Si z 6= 0, 1 z = 1 a + ib = a − ib a2 + b2 a b a + ib 1 +i 2 = 2 = ; a2 + b2 a + b2 a + b2 z = z′ a − ib aa′ + bb′ + i(ab′ − ba′ ) aa′ + bb′ − i(ab′ − ba′ ) z′ = (a′ + ib′ ) × 2 = , alors = , 2 2 2 z a +b a +b z a2 + b2 ′ ′ ′ ′ ′ ′ ′ ′ ′ z a + ib aa + bb + i(−ab + ba ) aa + bb − i(ab − ba ) d’autre part = (a′ − ib′ ) × + 2 = = , z a b a2 + b2 a+ b2 ′ z′ z = . donc z z (5) Si z 6= 0, 8.2 Équation du second degré 8.2.1 Racines carrées d’un nombre réel dans C Dans R seuls les nombres positifs a possèdent une racine carrée définie comme le réel positif, noté √ 2 dont le carré est égal à a : a = a. √ a, Définition : Soit a un nombre réel. Les solutions de l’équation z 2 = a sont appelées racines carrées de a dans C. Théorème : Tout nombre réel a non nul admet deux racines carrées dans C : √ √ • Si a > 0, alors les racines carrées de a sont les nombres a et − a ; √ √ • Si a < 0, alors les racines carrées de a sont les nombres complexes i −a et −i −a. Preuve : Si a > 0, alors : d’où les racines carrées : Si a < 0, alors : √ (z 2 = a) ⇔ (z 2 − √ a et − a. √ 2 a = 0) ⇔ ((z − √ a)(z + √ a) = 0) Ä ä √ 2 √ √ (z 2 = a) ⇔ (z 2 + (−a) = 0) ⇔ z 2 − i −a = 0 ⇔ (z − i −a)(z + i −a) = 0 √ √ d’où les deux racines carrées : i −a et −i −a. Remarque : Les racines carrées dans C d’un réel sont opposées. Exemples : Les racines carrées de 2 sont √ √ √ √ 2 et − 2 ; les racines carrées de −3 sont i 3 et −i 3. 8.2.2 Équation az 2 + bz + c Théorème : L’équation az 2 + bz + c = 0, a, b et c réels et a 6= 0, de discriminant ∆ = b2 − 4ac, admet : b • si ∆ = 0, une solution unique réelle : − ; 2a √ √ −b + ∆ −b − ∆ et ; • si ∆ 6= 0 et ∆ > 0, deux solutions réelles : 2a 2a √ √ −b − i −∆ −b + i −∆ • si ∆ 6= 0 et ∆ < 0, deux solutions complexes conjuguées : et . 2a 2a Preuve : Mise sous forme canonique : b c az + bz + c = a z + z + a a 2 2 donc résoudre az 2 + bz + c = 0 revient à résoudre math4bac =a z+ Å b z+ 2a 2 = b 2a – 36 – 2 ∆ − 2 4a ã , avec ∆ = b2 − 4ac ∆ , car a 6= 0. Alors : 4a2 v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes • si ∆ = 0, z+ b 2a 2 • si ∆ > 0, z+ b 2a 2 b • si ∆ < 0, z + 2a √ −b + i −∆ . 2a 2 = 0 est équivalent à : z = − prog 2011 b ; 2a √ √ √ √ ∆ b −b − ∆ b −b + ∆ ∆ ∆ est équivalent à : z = − − = ou z = − + = ; 4a2 2a 2a 2a 2a 2a 2a Å √ ã2 √ √ √ −∆ −∆ −∆ b −b − i −∆ b est équivalent à : z = − =− −i = ou z = − +i = 2a 2a 2a 2a 2a 2a = Remarque : Si on note z1 et z2 les solutions de l’équation az 2 +bz+c = 0 (racines du polynôme az 2 +bz+c), éventuellement égales (z1 = z2 ), alors pour tout nombre complexe z : az 2 + bz + c = a(z − z1 )(z − z2 ). Exemple : z 2 + z + 1 = 0 a pour discriminant ∆ = −3,√donc les solutions Ç dans C de √ cette sont å équation Ç å √ √ les 1 1 1+i 3 1−i 3 3 3 2 nombres complexes conjugués : − − i et − + i et z + z + 1 = z + z+ . 2 2 2 2 2 2 8.3 Représentation géométrique Définition : • À tout point M du plan de coordonnées M (x ; y) est associé le complexe z = x + iy, appelé affixe de M ; on note aussi M (z) pour M (x ; y) ; • À tout complexe z = x + iy, avec x et y réels, on associe le point M de coordonnées M (x ; y), appelé point image de z ; • Le plan muni d’un repère orthonormal direct (O; ~u,~v ) dans lequel on représente les nombres complexes est appelé plan complexe. Rappel : Le repère orthonormal (O; ~u,~v ) est direct si (~u; ~v ) = π (angle orienté de vecteurs). 2 Exemple : Les nombres complexes 5 + 3i, 5 − 3i, −1 − i, −3 + 2i et 2 + i sont les affixes respectives des points A(5 ; 3), B(5 ; −3), C(−1 ; −1), D(−3 ; 2) et M (2 ; 1). A est le point image du nombre complexe 5 + 3i, etc. Remarques : • Les nombres réels sont les affixes des points de l’axe des abscisses appelé aussi axe des réels dans le plan complexe ; • Les nombres imaginaires purs sont les affixes des points de l’axe des ordonnées appelé aussi axe des imaginaires purs dans le plan complexe ; • Les points images de deux nombres complexes conjugués sont symétriques par rapport à l’axe des réels ; ainsi les points A et B de la figure ayant des affixes conjuguées 5 + 3i et 5 − 3i sont symétriques par rapport à l’axe des abscisses. y A(5 ; 3) D(−3 ; 2) M (2 ; 1) x C(−1 ; −1) B(5 ; −3) math4bac – 37 – v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 Affixe du milieu d’un segment Théorème : Si deux points A et B ont pour affixes respectives zA et zB , alors l’affixe du milieu M zA + zB . du segment [AB] est zM = 2 xA + xB et yM = 2 + iyB zA + zB = . 2 Preuve : zA = xA + iyA et zB = xB + iyB , alors les coordonnées du milieu M de [AB] sont : xM = xA + xB yA + yB xA + xB + i(yA + yB ) xA + iyA + xB yA + yB , d’où l’affixe de M : zM = +i = = 2 2 2 2 2 Exemple : Sur la figure ci-dessus M d’affixe zM = 2 + i est le milieu du segment [AC]. En effet : zA + zC 1 1 = (5 + 3i − 1 − i) = (4 + 2i) = 2 + i = zM . 2 2 2 Vecteurs dans le plan complexe Définition : Dans le plan complexe : • à tout vecteur ~u de coordonnées (x ; y) est associé le nombre complexe z = x + iy appelé affixe de ~u ; • à tout nombre complexe z = x + iy, avec x et y réels, on associe le vecteur ~u de coordonnées (x ; y) appelé vecteur image de z. −→ Exemple : Sur la figure ci-dessus, zA = 5 + 3i est l’affixe du vecteur OA ; −→ OA est le vecteur image de zA . Théorème : Si A et B sont deux points du plan complexe d’affixes respectives zA et zB , alors le − − → vecteur AB a pour affixe zB − zA . Preuve : zA = xA + iyA affixe de A, donc A(xA ; yA ) et zB = xB + iyB affixe de B, donc B(xB ; yB ), alors les coordonnées −→ −→ du vecteur AB sont (xB − xA ; yB − yA ), ce qui prouve que zB − zA = xB − xA + i(yB − yA ) est bien l’affixe de AB. −−→ Exemple : Sur la figure ci-dessus, zA = 5 + 3i et zD = −3 + 2i, alors AD a pour affixe zD − zA = −3 + 2i − (5 + 3i) = −8 − i. Théorème : Deux vecteurs sont égaux si, et seulement si, leurs affixes sont égales. Preuve : Soit u ~ d’affixe z = x + iy, avec x et y réels, et u~′ d’affixe z ′ = x′ + iy ′ , avec x′ et y ′ réels. Alors : (~ u = u~′ ) ⇔ (~ u − u~′ = ~0) ⇔ (z − z ′ = 0) ⇔ (x − x′ + i(y − y ′ ) = 0) ⇔ (x = x′ et y = y ′ ) car l’écriture algébrique d’un nombre complexe est unique. Théorème : Soient ~u et ~v d’affixes respectives z et z ′ et λ un réel, alors l’affixe du vecteur ~u + ~v est z + z ′ et celle du vecteur λ~u et λz. Preuve : Si z = x+iy et z ′ = x′ +iy ′ , le vecteur ~ u+~v a pour coordonnées (x+x′ ; y+y ′ ) donc pour affixe x+x′ +i(y+y ′ ) = z+z ′ et λ~ u a pour coordonnées (λx ; λy) donc pour affixe λx + iλy = λ(x + iy) = λz. 8.4 Forme trigonométrique Module d’un nombre complexe Définition : Dans le plan complexe, z étant un nombre complexe de forme algébrique z = x + iy (x et y réels uniques), le module de z est le nombre réel positif noté |z| et défini par : p |z| = x2 + y 2 M (z) y |z| ~v 0 ~u math4bac – 38 – x v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 p 2 2 Exemples : • Pour √ z = 3 − 4i,…|z| = 3 + (−4) = 5. Ä √ ä 2 2 3 1 + i, |z| = − 23 + 12 = 1. • Pour z = − 2 2 Interprétation géométrique : Dans le plan complexe, si M a pour affixe z, alors : |z| = OM (Pythagore). Théorème : Pour tout nombre complexe : zz = |z|2 . Preuve : Soit z = x + iy (x et y réels), alors zz = (x + iy)(x − iy) = x2 + y 2 = 2 p x2 + y 2 = |z|2 . Argument d’un nombre complexe M (z) y Définition : Dans le plan complexe de repère (O; ~u,~v ), z est un nombre complexe non nul de point image M . On appelle argument de z, etÄon noteä arg z, toute mesure en radians −−→ de l’angle orienté ~u ; OM . ~v 0 arg z x ~u Remarque : Un nombre complexe non nul z a une infinité d’arguments ; si θ = arg z, alors tous les arguments de z sont de la forme θ + 2kπ, avec k ∈ Z. On note alors : arg z = θ [2π] (« θ [2π] » se lit « θ à 2π près » ou « θ modulo 2π »). Forme trigonométrique |z| sin θ Si M est le point image du nombre complexe z d’argument θ [2π] et N l’intersection de la demi-droite [OM ) avec le cercle trigonométrique, alors zN = cos θ + i sin θ et comme −−→ −−→ ON = 1, |zN | = 1 et OM = |z| ON , donc z = |z|(cos θ + i sin θ). ~v 0 M (z) N θ ~u |z| cos θ Définition : Pour tout nombre complexe non nul z, l’écriture z = |z|(cos θ+i sin θ), avec arg z = θ[2π], est appelée forme trigonométrique de z. Remarques : • 0 n’a pas de forme trigonométrique (0 n’a pas d’argument) ; • La forme trigonométrique d’un nombre complexe n’est pas unique, puisqu’il y a une infinité de mesure de l’argument de z. Le théorème suivant découle directement de cette définition et de l’unicité de l’écriture algébrique. Théorème : • Deux nombres complexes non nuls sont égaux si, et seulement si, ils ont même module et même argument à 2π près. • De plus si z = r(cos α + i sin α), avec r ∈ R et r > 0, alors |z| = r et arg z = α [2π]. Premières propriétés du module et de l’argument Théorème : Pour tout nombre complexe z non nul : (1) | − z| = |z| et arg(−z) = arg z + π [2π] ; (2) |z| = |z| et arg(z) = −arg z [2π] ; (3) (z ∈ R et z 6= 0) ⇔ (arg z = 0 [2π] ou arg z = π [2π]) (ou plus simplement : arg z = 0 [π]) ; (4) (z imaginaire pur) ⇔ (arg z = π 2 [π]). π 2 [2π] ou arg z = − π2 [2π]) (ou plus simplement : arg z = Preuve : Pour tous z = x + iy, avec x et y réels, non tous deux nuls : math4bac – 39 – v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 p p (1) | − z| = (−x)2 + (−y)2 = x2 + y 2 = |z| ; les points images de deux complexes opposés étant symétriques par rapport à l’origine, arg(−z) = arg z + π [2π] (demi tour) ; p p (2) |z| = x2 + (−y)2 = x2 + y 2 = |z| ; les points images de deux nombres complexes conjugués étant symétrique par rapport à l’axe des abscisses, arg(z) = −arg z [2π] ; −−→ −−→ (3) Pour M est le point image de z, z ∈ R équivaut à u ~ ; OM = 0[2π] ou ~ u ; OM = π [2π], c’est-à-dire arg z = 0[2π] ou arg z = π [2π] (on écrit aussi plus simplement : arg z = 0[π]) ; −−→ π −−→ π (4) Pour M est le point image de z, z imaginaire pur équivaut à u ~ ; OM = [2π] ou u ~ ; OM = − [2π] (on écrit 2 2 π aussi plus simplement : arg z = [π]). 2 Modules et arguments d’un produit ou d’un quotient Théorème : Pour tous nombres complexes z 6= 0 et z ′ 6= 0 et pour tout entier naturel n : (1) |zz ′ | = |z||z ′ | et arg(zz ′ ) = arg z + arg z ′ [2π] ; ′ Å ′ã z |z ′ | z (2) = et arg = arg z ′ − arg z [2π] ; z |z| z (3) |z n | = |z|n et arg(z n ) = n × arg z [2π]. Preuve : Pour tous z = |z|(cos θ + i sin θ) et z ′ = |z ′ |(cos θ ′ + i sin θ ′ ) et tout n ∈ N : (1) |zz ′ | = |z||z ′|(cos θ+i sin θ)(cos θ ′ +i sin θ ′ ), or (cos θ+i sin θ)(cos θ ′ +i sin θ ′ ) = cos θ cos θ ′ −sin θ sin θ ′ +i(sin θ cos θ ′ + cos θ sin θ ′ ) = cos(θ + θ ′ ) + i sin(θ + θ ′ ), d’après les formules d’addition de trigonométrie, il est alors clair que |zz ′ | = |z| |z ′ | et arg(zz ′ ) = arg z + arg z ′ [2π] ; p z 1 x y x − iy x2 + y 2 et = 2 −i 2 = 2 = , (2) si z = x + iy, |z| = z x + y2 x + y2 x + y2 |z|2 ′| z′ z′z |z ′ | |z| |z alors = = (cos θ ′ + i sin θ ′ )(cos θ − i sin θ) = (cos(θ ′ − θ) + i sin(θ ′ − θ)), 2 |z|2 |z| z |z| ′ z ′ |z ′ | z et arg = arg z ′ − arg z [2π] ; alors = z |z| z (3) On démontre par récurrence : a) pour n = 1 on a bien |z 1 | = |z| = |z|1 et arg(z 1 ) = arg z [2π] ; b) pour tout n > 1, dès que |z n | = |z|n et arg(z n ) = n × arg z [2π], alors |z n+1 | = |z n × z| = |z n | |z| = |z|n × |z| = |z|n+1 et arg(z n+1 ) = arg(z n × z) = arg(z n ) + arg z [2π] = n × arg z + arg z [2π] = (n + 1) × arg z [2π]. Théorème : Si A et B sont deux points du plan complexe de repère orthonormé (O; ~u,~v ), d’affixes respectives zA et zB , alors : AB = |zB − zA |. − − → De plus si A et B sont distincts : (~u ; AB) = arg(zB − zA ) et pour tous points C et D distincts d’affixes respectives zC et zD : Å ã Ä−− → −−→ä zD − zC CD |zD − zC | zD − zC et AB ; CD = arg(z − z ) − arg(z − z ) = arg = = D C B A AB |zB − zA | zB − zA zB − zA −−→ −→ Preuve : Il existe un unique point M d’affixe zM tel que OM = AB. Donc zM = zB − zA . −→ −−→ Alors AB = OM = |zM | = |zB − zA | et u ~ ; AB = u ~ ; OM = arg zM = arg(zB − zA ). |zD − zC | CD −−→ zD − zC = = de même CD = |zD − zC | et u ~ ; CD = arg(zD − zC ), donc AB |zB − zA | zB − zA zD − zC −→ −−→ −→ −−→ −−→ −→ ~ + u ~ ; CD = u ~ ; CD − u ~ ; AB = arg(zD − zC ) − arg(zB − zA ) = arg et AB ; CD = AB ; u . zB − zA Attention : Les théorèmes énoncés ci-dessus sur les modules et arguments de produits et quotients de nombres complexes, ne s’appliquent pas à la somme de deux nombres complexes. On ne peut donc pas calculer simplement le module ou l’argument de la somme ou de la différence de deux nombres complexes. Inégalité triangulaire math4bac – 40 – v1.618 Maths Ts 8. Nombres complexes prog 2011 C Théorème : Pour tous nombres complexes z et z ′ : B(z ′ ) ′ |z + z ′ | 6 |z| + |z ′ | z+ z A(z) Preuve : Soient A et B les points d’affixes respectives z et z ′ , et C le − − → −→ − − → − − → point défini par : OC = OA + OB. Alors l’affixe de OC est z + z ′ et 0 par l’inégalité triangulaire dans le triangle OAC (ou le triangle OBC) on a : OC 6 OA + AC (ou OC 6 OB + BC) ce qui s’écrit aussi (dans les deux cas) : |z + z ′ | 6 |z| + |z ′ |. Écriture exponentielle complexe Remarquons que si on écrit la fonction f (θ) = cos θ + i sin θ, on a vu que f (θ) × f (θ′ ) = f (θ + θ′ ). En effet, d’après les formules d’addition de trigonométrie : f (θ) × f (θ′ ) = = = = (cos θ + i sin θ)(cos θ′ + i sin θ′ ) cos θ cos θ′ − sin θ sin θ′ + i(cos θ sin θ′ + sin θ cos θ′ ) cos(θ + θ′ ) + i sin(θ + θ′ ) f (θ + θ′ ) Or cette relation fonctionnelle : f (θ) × f (θ′ ) = f (θ + θ′ ) est analogue à la relation caractéristique de la fonction exponentielle. C’est cette analogie qui a amené le mathématicien Euler à définir l’écriture exponentielle complexe en 1748 : eiθ = cos θ + i sin θ. Ainsi eiθ désigne le nombre complexe de module 1 et d’argument θ. Définition : La forme exponentielle complexe d’un nombre complexe z non nul dont un argument est θ, est l’écriture : z = |z|eiθ . iπ iπ i2 Exemples : −2 = 2e Ç ; −1 √=åe ; i = e ; π √ 1 π 3 π 5π −i z = 2 − 2i 3 = 4 = 4 cos − + i sin − = 4e−i 3 = 4ei 3 . 2 2 3 3 π 2π Attention : z = −4ei 3 n’est pas une écriture exponentielle, car −4 < 0 ; on peut écrire z = −1 × 4ei 2π 2π 5π puis en utilisant le fait que −1 = eiπ : z = eiπ × 4ei 3 = 4ei(π+ 3 ) = 4ei 3 . 2π 3 , L’écriture exponentielle des nombres complexes permet de réécrire plus simplement de nombreuses propriétés des nombres complexes. Théorème : Pour tous complexes z et z ′ non nuls, d’arguments respectifs θ et θ′ : (1) z = |z|e−iθ (2) 1 1 −iθ = e z |z| ′ (3) zz ′ = |z| |z ′ |ei(θ+θ ) (4) z′ |z ′ | i(θ′ −θ) = e z |z| Preuve : Ces propriétés se démontrent aisément à l’aide des théorèmes sur le module et l’argument du conjugué d’un complexe, de son inverse, du produit ou d’un quotient de deux complexes. Attention : L’écriture exponentielle des complexes n’est pas judicieuse pour calculer des sommes de nombres complexes (utiliser l’écriture algébrique, éventuellement sous forme trigonométrique). math4bac – 41 – v1.618