A quoi sert la sociologie?

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A quoi sert la sociologie?
Monique Hirschhorn
Professeur des Universités
Sociologue
Introduction
Une question provocatrice, mais récurrente
laquelle on peut trouver plusieurs sources:
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L’existence d’un savoir commun sur la réalité
sociale
La faible légitimité de la sociologie sur le plan
professionnel et même académique
La crainte des sociologues de voir leur savoir
instrumentalisé
Première partie
Qu’est-ce que la sociologie?
La sociologie :
une science dont l’objet
est la description et l’interprétation
de la réalité sociale
Une science qui s’est constituée au
XIXème siècle comme une réponse à
l’incertitude provoquée
par l’effondrement de l’ordre social
traditionnel sous l’effet de
la révolution démocratique et de
l’industrialisation
Une science qui,
pour se constituer,
doit surmonter différents obstacles
épistémologiques.
Les obstacles épistémologiques
1.
Le caractère objectif et subjectif de la réalité sociale
Le rapport que le sociologue entretient avec son objet n’est pas le
même que celui du physicien ou de tout autre spécialiste des sciences
de la nature, car la réalité sociale est pour l’homme à la fois objective
et subjective.
Dans la première phase de socialisation, l’enfant n’est pas capable de
faire de distinction entre l’objectivité des formations sociales
produites par les hommes et l’objectivité des phénomènes naturels
(par ex. le langage lui apparaît comme inhérent à la nature des
choses). Mais la socialisation primaire, puis secondaire va lui
permettre d’intérioriser cette réalité et de devenir un membre de la
société, c’est-à-dire de partager avec les hommes qui l’entourent un
univers de significations. La réalité sociale devient alors pour
l’individu socialisé une réalité subjective dont il est également coproducteur.
Ouvrage de référence :
Peter Berger, Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité
(1966), trad.franç., Paris, Méridien Klincksieck, 1989
Les obstacles épistémologiques
2/ L’existence d’autres savoirs sur la réalité
sociale :
„ le savoir constitué par les discours politiques,
idéologiques, religieux
„ le savoir produit par les médias
„ le savoir produit par la littérature et le cinéma
Les obstacles épistémologiques
3/ La complexité inépuisable de la réalité sociale et
son caractère évolutif
Les obstacles épistémologiques
4/ Le risque de confusion entre sociologie et
philosophie sociale, c’est à dire de soumettre la
description et l’interprétation de la réalité sociale
à des présupposés idéologiques.
Les obstacles épistémologiques
5/ L’exigence de la preuve, mais la quasiimpossibilité de la falsification, de soumettre les
hypothèses au démenti des faits.
Les apports de la sociologie
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Elle permet la décentration des individus par rapport à leur milieu
social et un relativisme anthropologique, fondé sur la connaissance
des fondements sociaux des différences culturelles.
Elle alimente la réflexivité : l’analyse des pratiques sociales à la
lumière des informations concernant ces pratiques (par exemple,
savoir qu’il existe un taux élevé de divorce conduit à un autre regard
sur la relation conjugale)
Elle accroît de ce fait notre capacité d’adaptation et notre
autonomie, mais elle n’énonce pas de lois et ne nous dit pas ce que
doivent être nos choix.
Ouvrages de référence :
Bernard Lahire, L’esprit sociologique, Paris, éd. La découverte, coll.
« textes à l’appui », 2005.
Anthony Giddens, Les conséquences de la modernité (1990), trad. franç.,
Paris, L’Harmattan, 1994.
Deuxième partie
Connaître et comprendre le monde dans
lequel nous vivons
Ouvrage de référence :
François Dubet & Danilo Martuccelli, Dans quelle société
vivons-nous ?, Paris, Le Seuil, 1998
La connaissance
de l’évolution des pratiques
et des représentations sociales dans
trois domaines (vie professionnelle, vie
privée, croyances)
au service de la compréhension
des comportements
et
des attentes des patients.
La vie professionnelle
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Stabilité/précarité
Valorisation/ dévalorisation du travail
Intégration/exclusion
Ouvrage de référence :
Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Paris,
Fayard, 1995
La vie privée
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Force et fragilité des liens affectifs
Permanence et transformation des rôles familiaux
Ouvrage de référence :
François de Singly, Le soi, le couple et la famille, Paris, Nathan,
1996.
Les systèmes de croyances
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Sécularisation/ retour du religieux
Croyances héritées / croyances choisies
Le marché des croyances
Ouvrage de référence :
Danièle Hervieu-Léger, La religion pour mémoire, Paris, Cerf, 1993.
Le cadre interprétatif
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L’affaiblissement de l’explication des représentations et
des pratiques par les positions socio-professionnelles
La « désinstitutionnalisation » :les valeurs et les normes
ne s’imposent plus aux individus comme des entités
transcendantes sur lesquelles ils n’auraient aucune
prise.
Le procès d’individuation (cf. cours de François de
Singly)
L’affirmation de la subjectivité, comme idéal
d’un domaine de soi soustrait au social, et
ses conséquences :
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« La fatigue d’être soi » ou le prix de l’individualisme. De
la difficulté à être un individu autonome qui doit
construire lui-même le sens de sa vie
La demande de reconnaissance et l’expérience du
mépris
La revendication d’identités culturelles comme réponse à
l’incertitude sur l’identité personnelle.
Ouvrage de référence :
Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob, 1998
Des médias de masse
qui confortent cette évolution,
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en proposant une représentation de la vie
sociale, une définition du monde,
en élargissant l’accès à l’information
Ouvrage de référence :
Dominique Wolton, Penser la communication, Paris, Flammarion,
1997.
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