Article (Published version) - Archive ouverte UNIGE

publicité
Article
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse,
controverses épistémologiques, linguistiques et politiques
PARINI, Lorena
Reference
PARINI, Lorena. Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses
épistémologiques, linguistiques et politiques. Socio-logos, 2010, vol. 5, p. 1-11
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:10699
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
Socio-logos. Revue de
l'association française de
sociologie
Numéro 5 (2010)
Varia
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................
Lorena Parini
Le concept de genre : constitution
d'un champ d'analyse, controverses
épistémologiques, linguistiques et
politiques
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................
Avertissement
Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de
l'éditeur.
Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous
réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant
toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,
l'auteur et la référence du document.
Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation
en vigueur en France.
Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le CLEO, Centre pour l'édition
électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).
...............................................................................................................................................................................................................................................................................................
Référence électronique
Lorena Parini, « Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques,
linguistiques et politiques », Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie [En ligne], 5 | 2010, mis en
ligne le 07 juillet 2010. URL : http://socio-logos.revues.org/2468
DOI : en cours d'attribution
Éditeur : Association française de sociologie
http://socio-logos.revues.org
http://www.revues.org
Document accessible en ligne à l'adresse suivante : http://socio-logos.revues.org/2468
Document généré automatiquement le 08 juillet 2010.
Tous droits réservés
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
Lorena Parini
Le concept de genre : constitution
d'un champ d'analyse, controverses
épistémologiques, linguistiques et
politiques
Introduction
1
2
Cet article à pour but de retracer l’historique de la constitution du champ d’analyse des
études genre en France à travers la présentation d’un certain nombre de controverses
épistémologiques, linguistiques et politiques qui portent sur le concept de genre. A travers
cet historique j’entends montrer l’imbrication de ce domaine des sciences sociales avec les
débats politiques et institutionnels qui se posent à différentes périodes et défendre l’utilisation
du concept de genre comme outil d’analyse critique. En particulier, j’aborderais les débats
déclenchés par la traduction en français du terme anglais gender. Ces discussions ne sont de
loin pas uniquement des controverses linguistiques mais, nous le verrons, charrient tout un
ensemble de positionnements politiques et institutionnels qui, de manière explicite ou non,
émaillent la migration du concept d’un espace linguistique à un autre.
Pour les besoins de la démonstration, mon propos sera divisé en trois parties distinctes mais
historiquement non étanches les unes aux autres. Tout d’abord une première partie qui analyse
la constitution et l’autonomisation du champ de recherche des études de genre, ensuite, la
deuxième qui retrace les débats épistémologiques et conceptuels internes à ce même champ
et enfin, la troisième qui aborde la question de la migration du terme gender dans l’espace
francophone.
1. La constitution et l’autonomisation du champ recherche.
(L’épistémologie fondatrice)
3
4
Le concept de genre est une catégorie d'analyse qui rassemble en un seul mot un ensemble
de phénomènes sociaux, historiques, politiques, économiques, psychologiques qui rendent
compte des conséquences pour les êtres humains de leur appartenance à l’un ou à l’autre sexe.
Comme tout concept en sciences humaines et sociales, celui de genre n’est pas univoque, car il
peut signifier plusieurs approches différentes voire divergentes de ces phénomènes : sexuation
des comportements, constructions identitaires, rapports et inégalités entre femmes et hommes
etc... Le genre est une catégorie d'analyse et non une catégorie de sens commun. Il constitue
un outil analytique qui, d’une façon très générale, nous indique qu’il y a du social dans ce qui
paraît naturel. Plus précisément, il met en lumière l’une des techniques du pouvoir qui consiste
à naturaliser des rapports sociaux dans le but de masquer les phénomènes de pouvoir sousjacents. Le concept de genre questionne ces phénomènes et ce que l’on perçoit comme naturel,
dans l’optique selon laquelle toute production de savoir est traversée par des phénomènes de
pouvoir.
Ce questionnement fondateur traverse les espaces culturels et linguistiques car il est à la base
de l’établissement d’un champ d’analyse nouveau. La phrase de Simone de Beauvoir « on
ne naît pas femme on le devient » ouvre une réflexion qui sera poursuivie et développée en
France comme ailleurs avec des temporalités diverses. Comme l’écrit Eleni Varikas (2006)
elle ouvre un espace cognitif nouveau, mais également un espace politique nouveau, si l’on en
juge par la violence avec laquelle Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir fut accueilli. Son
héritage est contesté et les mouvements féministes qui prennent forme dès le début des années
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
2
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
5
6
7
8
1970, ne s’inspirerons pas tous de ses thèses, mais désormais l’historicisation de la question
de l’appartenance sexuelle se posera de plus en plus clairement. Il s’agit en effet d’interroger
l’évidence que l’appartenance sexuelle relève de la nature. Tout l’enjeu est celui d’amener les
sexes hors de la nature, de l’impensé, du pré-social, et de les projeter dans l’histoire, dans le
social et dans le politique.
Toute pensée s’insère dans un espace cognitif existant avec ses concepts et ses épistémologies
dominantes. En France durant les années ‘60/’70 c’est l’épistémologie marxiste qui domine
le champ des sciences sociales et c’est à l’intérieur de celle-ci que la sociologie française
travaillera à l’élaboration d’une analyse sociologique des classes de sexe. On doit, entre autres,
à Christine Delphy (1998-2002) l’analyse de l’incapacité de la théorie marxiste à saisir les
rapports sociaux de sexe autrement que sous le prisme de l’analyse des classes sociales. Le
terme classes de sexe s’inspire à la fois du marxisme (classes) tout en prenant ses distances en
se focalisant sur les rapports sociaux de sexe et leur autonomie.Il faut montrer que les rapports
hiérarchiques entre hommes et femmes ont une autonomie par rapport à la hiérarchie entre
bourgeoisie et prolétariat et que, par conséquent, ils doivent faire l’objet d’analyses spécifiques
à l’aide de concepts différents que celui de lutte des classes par exemple. L’idée de Delphy
dans L’ennemi principal (texte de 1970 republié dans le recueil de 1998-2002) est de mettre le
travail ménager, une activité non rémunérée qui se déroule dans l’espace privé, au centre de la
problématique des classes de sexe. L’une des étapes fondamentales de ce moment fondateur
du champ d’analyse des études genre est, par conséquent, celui qui consiste à se détacher de
l’analyse marxiste dominante à travers la création d’un terme nouveau : les classes de sexe.
Presqu’au même moment, en 1971, Nicole-Claude Mathieu publie un article qui a pour but
d'ancrer la catégorie de sexe dans la sociologie : « Notes pour une définition sociologique
des catégories de sexe »1. Elle entreprend de montrer qu'à l’instar des catégories d’âge et
socioprofessionnelles, celle de sexe doit être analysée à l'aune de ses significations sociales et
non biologiques. Mathieu ne parle pas de genre mais utilise d’autres concepts voisins « sexe
social » ou « système social des sexes » dans le but de nuancer le terme « sexe », trop
biologisant, en l'accompagnant de l'adjectif social qui signifie bien que c’est l’aspect social
des sexes qui fait l’objet de ses investigations.
L'approche matérialiste propre à l'analyse marxiste demeure à la base de l'épistémologie de
Delphy ou de Mathieu : ce sont les rapports sociaux de sexe qui produisent les catégories
de sexe et non l’inverse. Comme bourgeoisie et prolétariat sont des catégories ou des classes
consubstantielles ayant un sens l’une part rapport à l’autre et non des catégories en soi, les
catégories de sexes en sont de même. Il paraît plus problématique néanmoins d’imposer cette
idée que celle concernant les classes sociales dans le champ scientifique, car il y a toujours
une composante « naturelle » dans le sexe (au sens commun du terme mais aussi dans son
acception savante) qui ramène constamment ce dernier à la fixité, ou à l’a-historicité.
C’est Colette Guillaumin qui nous éclaire sur les conséquences d’une sociologie qui s’appuie
sur la catégorie de « nature » et qui pense ainsi avec des catégories pré-sociales (ou ahistoriques). Le livre « Sexe, Race et pratiques du pouvoir » (1992) rassemble un grand nombre
de ses écrits sur les classes de sexe et de race. Le schéma cognitif que propose Guillaumin
est le suivant : dans toute société il y a des faits matériels qui sont la conséquence de rapports
sociaux de pouvoir et des faits idéologiques qui sont les formes mentales que prennent ces
rapports. En ce qui concerne le racisme et le sexisme c’est l’idée de Nature qui constitue
l’habillage idéologique des rapports de pouvoir. Sans le nommer comme tel, elle décrit les
processus qui sont à la base de la constitution du « système de genre » (Parini, 2006), un
ensemble de pratiques et de représentations hiérarchisées du féminin et du masculin dont les
mécanismes de pouvoir sont masqués par l’idée de nature.
Pas plus que Mathieu ou Delphy à ses débuts, Guillaumin ne parle de genre dans ses travaux.
Elle utilise par contre le concept de sexage qui indique, à l’instar d’esclavage, les processus
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
3
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
9
10
11
12
13
de socialisation des femmes. Ces processus s'expriment de diverses manières : par le langage,
l’appropriation du temps, le confinement dans l’espace, la contrainte sexuelle, le travail du
corps etc… Ces contraintes s’inscrivent dans la subjectivité des femmes et constituent une
part de leur identité.
Cette approche matérialiste vient se heurter au sein des débats internes au féminisme avec
celle proposée par le groupe « Psychanalyse et politique » (Picq, 1993 ; FougeyrollasSchwebel, 2005). On pourrait appeler cette controverse "le débat entre universalisme vs
différencialisme". L’enjeu qui est au centre des discussions entre ces deux courants est le
suivant : "…pour les unes, il s'agit d'effacer toute distinction entre les hommes et les femmes
et d'accéder à part égale pour tous à un véritable universel, pour les autres, il s'agit de
subvertir cet universel fondement d'une féminité aliénée en ouvrant à d'autres alternatives"
(Fougeyrollas-Schwebel, 2005 : 17). Il s'agit là d'une réflexion partagée sur l'identité féminine
assignée (ou prescrite) mais qui débouche sur une analyse différente et surtout qui propose des
modes de subversion différents (Jackson, 1999). Pour les unes la subversion de l'ordre établi se
réalise à travers la déconstruction de la bicatégorisation de sexe (femmes / hommes), pour les
autres la subversion consiste en une ré-appropriation et une re-définition de leur identité par les
femmes. Cette réflexion se prolongera outre Atlantique sous l'étiquette de French Feminism,
étiquette largement controversée en France (Delphy, 2002) car elle est "le produit d'une
appropriation sélective et d'une réélaboration par certains cercles universitaires américains
de la pensée d'un certain nombre d'intellectuels français qui sont rarement regroupés ainsi
en France…" (Varikas, 2004 : 2).
Au-delà des controverses internes à la pensée féministe, la question de la fondation du champ
de recherche des études genre s’appuie donc sur trois éléments fondamentaux :
- l'analyse critique de l’idée de nature et de la naturalisation comme idéologie,
- l'analyse critique du marxisme et la création du concept de classes de sexe
- l'analyse critique de l’identité féminine assignée (prescrite)
2. Les discussions sur l’épistémologie interne au champ
14
15
Durant les années 1980 dans l’espace anglophone, le concept de genre acquiert de plus en plus
d’audience et de nombreuses chercheuses l’utilisent dans leurs travaux pour signifier ce que,
auparavant, on nommait « sexe social », « différenciation sexuelle », « rapports sociaux de
sexe » etc. Comme l’a écrit Fassin (2008), l’origine du concept n’est toutefois pas à attribuer
aux féministes mais aux travaux sur l’hermaphrodisme ou ce que l’on appelle aujourd’hui
l’intersexualité. Les interrogations qui jaillissent de l’étude de cas de personnes qui présentent
des « troubles » entre le sexe et le genre préparent le terrain cognitif pour la dissociation de ces
deux éléments. Pour ce qui est des sciences sociales, des anthropologues anglophones comme
Gayle Rubin ou Ann Oakley utilisent le concept de genre dans les années 1970 pour signifier
les constructions sociales et culturelles de l’appartenance sexuelle. Selon Eric Fassin (2008)
durant ces années les chercheuses françaises et anglo-saxonnes travaillent à la constitution
du champ d’analyse dans une relative connivence intellectuelle. C’est avec la publication de
l’article de Joan Scott (1988) et sa traduction en français que le concept sera de plus en plus
discuté, critiqué mais également adopté par un grand nombre de chercheur-e-s francophones.
Il faut donc constater que si l’espace cognitif pour une réflexion sur la construction sociale
de l’appartenance sexuelle est ouvert depuis de Beauvoir et le mouvement féministe de la
deuxième vague, l’outil analytique « genre » émergera par la conjonction de travaux très divers
et transitera de l’espace anglophone à celui francophone : c’est dans cette migration que les
controverses prendront place.
En effet, dès l'émergence du concept de genre et la généralisation de son utilisation dans
l'espace anglophone, des discussions critiques internes se développent sur l'opportunité de son
« importation » dans l'espace francophone. Beaucoup d’auteur-e-s se sont exprimé-e-s sur
ces sujets et il n’est pas ici le lieu de retracer l’ensemble des controverses suscitées par sa
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
4
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
traduction. Nous nous bornerons à mettre en lumière les points qui nous semblent cruciaux
dans ce débat (Fougeyrollas-Schwebel et al., 2003 ; Hurtig et al., 2002; Hirata et al. ; 2000 ;
Varikas, 2006) : d’une part, il s’agit de l’examen critique des concepts jusqu’ici utilisée comme
« sexe, femme(s) et féminisme » et de l’autre de l’idée que le concept de genre serait trop
politiquement correct.
a) Sexe, femme(s) et féminisme
16
17
18
19
20
Ces trois terminologies sont différemment marquées par les débats scientifiques. Pour ce
qui est du terme sexe, il signifie en français (comme en anglais par ailleurs), une partie du
corps, une activité (la sexualité) et le genre (c’est-à-dire les attributs identitaires socialement
construits du féminin et du masculin). Il est par conséquent à la fois trop ambigu et trop proche
du sens commun. L’utilisation du terme sexe entérine le fait biologique que l’on cherche
précisément à déconstruire par l’utilisation du terme de genre. Au début des études sur la
construction sociale des identités masculines et féminines on ajoutait au terme sexe l’adjectif
social (sexe social) ce qui permettait de nuancer la connotation biologique : adopter genre
permettrait de résumer ce qu'est le sexe social en un seul mot tout en écartant du vocabulaire
le terme sexe et sa référence au biologique.
Le naturalisme du sexe est mis en cause par tout un ensemble d'études qui considèrent que le
sexe (biologique ou anatomique) doit faire l’objet d’analyses historiques et sociopolitiques et
ne doit pas être considéré comme donné. Dans ce domaine les analyses transdisciplinaires au
croisement entre la biologie, la médecine, la philosophie et l'histoire ont souligné l'historicité
du sexe biologique. Nous pensons aux travaux de Anne Fausto-Sterling (2000) en biologie qui
posent le problème de la classification des individus en deux sexes uniquement ou encore ceux
de Thomas Laqueur (1992) sur l'évolution historico-politique des représentations de l'anatomie
des femmes et des hommes2
Le terme de femme (ou femmes) est également très controversé surtout par les chercheur-es qui s’inspirent des principes de l’épistémologie constructiviste postmoderne. Les critiques
qui lui sont adressées plongent leurs racines dans les réflexions autour du sujet femme; sujet
ontologique et politique (Wittig, 2001; Butler 1990)3. En effet, si l’on accepte que les femmes
(comme les hommes) sont des constructions sociales et culturelles issues de rapports de force
produisant des systèmes de catégorisations hiérarchisantes, l’utilisation de ce terme devient
particulièrement problématique. S’il est nécessaire sur la plan politique pour créer ce « nous »
qui permet la formation d’une identité politique apte à formuler des revendications, il participe
de la construction binaire (femme/homme) que les approches constructivistes de la différence
sexuelle cherchent à déconstruire.
Les historiennes, par exemple, ont longuement débattu sur l’opportunité d’écrire l’histoire
des femmes ou du genre. On sait l’importance de l’histoire des femmes tout simplement
parce que les femmes étaient invisibles pendant très longtemps dans l’histoire androcentrée.
Comme l’écrivaient Georges Duby et Michèle Perrot (1991) dans l’introduction de Histoire
des femmes en Occident il existe une constante dans l’histoire sur un long terme : d’une
part l’invisibilité des femmes réelles et de l'autre l’énorme présence de La Femme fantasmée
qu’elle soit sainte, mère, courtisane ou putain. Christine Bard (2003), par exemple, est très
critiques sur le terme Histoire du genre ou tout simplement sur l’appellation gender et défend
l’appellation histoire des femmes. Pour elle, en effet, le terme de gender est assez flou, voire
politiquement correct « Ce terme, qui garde aujourd’hui son aura mystérieuse, son parfum de
subventions européennes, concurrence désormais très sérieusement l’appellation classique
« histoire des femmes » (2003:99).Elle plaide pour l’introduction dans la discipline d’un
secteur Histoire des femmes opération qui, avoue-t-elle « avance à pas de sénateur ».
Ces prises de position critiques veulent alerter la communauté scientifique sur les dangers liées
à l’abandon de certains concepts ou notions. Par exemple, en substituant genre au terme sexe
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
5
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
21
on pourrait oublier que le système de genre que nous cherchons à comprendre et à déconstruire
est bâti pour grande partie sur une continuité entre le sexe, le genre et l'orientation du désir. En
effet, tout un ensemble de travaux dont ceux de Wittig (2001) et Butler (1990) sont les plus
significatifs, ont mis en lumière le fait que le système de genre est constitué par un ensemble
de prescriptions normatives au sein desquelles l’enchaînement linéaire entre « l’être femme,
l’être féminine et l’être hétérosexuelle » occupe une place centrale4. Toute entrave à cette
continuité comporte des coûts sociaux et politiques plus ou moins lourds à porter selon les
contextes historiques et politiques. Ainsi, l’appartenance de sexe à une importance centrale
dans l’enchaînement normatif de ces trois éléments.
Quant au terme études féministes, il charrie avec lui un débat sur le caractère militant de
leurs productions scientifiques. Comme nous l'avons écrit ailleurs (Parini, 2006), l'une des
stratégies de délégitimation des analyses féministes consiste à les accuser de « faire de la
politique » et non de la science. C'est souvent le cas des connaissances produites par des
groupes culturellement minoritaires (Guillaumin, 1992). Pour certain-e-s, par conséquent,
abandonner le terme féministe au profit de genre serait une sorte de capitulation devant
l'establishement scientifique représentant des disciplines historiquement plus ancrées dans
l’institution académique. Utiliser le concept de genre serait en somme une stratégie du
politiquement correct qui servirait à se ranger sous la houlette d’une science prétendant
regarder de monde social « de l’extérieur ou du haut » en abandonnant ainsi le versant politique
et subversif des études féministes.
b) Genre : politiquement correct ou novateur ?
22
23
Malgré les questions épistémologiques soulevées plus haut, l'utilisation du terme genre permet
d'annoncer d’emblée que l’on parle uniquement de social tout en considérant « le naturel »
également comme un fait social et historique. Comme le dit Delphy (2002) il met en cause cette
linéarité implicite dans le couple sexe/genre qui veut que le biologique soit là avant le culturel.
Si nous reconnaissons que dans le système de genre la continuité sexe/genre/désir est un
dispositif central de la construction normative de l’identité et des attentes sociales sexuées, le
rôle des études genre est celui de déconstruire cette continuité et non de la renforcer. Utiliser le
concept de genre comme catégorie analytique, revient à décrire un système de prescriptions et
d'attentes sociales qui produisent de la différence et de la hiérarchie entre les sexes. En ce sens
il peut être considéré comme plus précis, plus complexe et plus abstrait que les terminologies
de femme, sexe et féminisme qui sont également utilisées dans le sens commun.
Malheureusement le terme genre est parfois encore mal compris ou utilisé comme un
synonyme de sexe surtout lors d’analyses quantitatives pour signifier en fait une bipartition
entre les femmes et les hommes (Butler, Fassin et Scott, 2007). Dans d'autres cas il est utilisé
au pluriel (études sur les genres), ce qui a pour effet d'entériner la bicatégorisation des sexes
et des genres en évacuant le principe de séparation pour se concentrer sur les deux éléments.
Du point de vue pédagogique il est également critiqué car comme l’écrit Eliane Viennot,
il brouille le message plutôt que de le clarifier. Dans son article publié dans l'ouvrage de
Fougeyrollas et al. (2003), l’historienne dit ne jamais utiliser le concept de genre dans sa
pratique pédagogique avant le niveau de la maîtrise et là encore, l’utiliser avec parcimonie.
Elle emploie d'autres concepts comme « rapports sociaux de sexe », « rapports de pouvoir »,
« contraintes à la féminité/masculinité », « délimitation idéologiques des frontières de sexe »
qui lui paraissent plus explicites que genre concept polysémique et flou ne constituant pas une
avancée conceptuelle fondamentale. C'est l'une des tâches des spécialistes des études de genre
que d'expliquer inlassablement les contenus épistémologiques du concept de genre afin qu'il
soit utilisé correctement dans le vocabulaire des sciences sociales et humaines. Son utilisation
incorrecte ou ambigüe ne peut être une raison valable de son abandon tant que des concepts
plus précis ou plus heuristiques ne viendront par le remettre en cause.
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
6
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
24
25
26
Malgré que l’on a « accusé » le terme de genre d'être politiquement correct, c’est-à-dire de
masquer par un concept plus lisse les rapports de pouvoir entre les sexes que dénoncent les
féministes, je pense au contraire que son potentiel de provocation, voire de subversion, est
important. Tout d’abord cela dépend des contextes politiques dans lesquels ce concept est
utilisé pour bousculer des cadres établis (Butler, Fassin et Scott, 2007). Deuxièmement, si
l’on reconnaît le pouvoir politique du langage et l’imbrication du pouvoir et du savoir on ne
peut que prêter une oreille attentive aux interventions qui ont pour objectif de décourager
l’utilisation du terme genre.
Deux exemples illustrent mon propos : en premier lieu, la Commission générale de
terminologie et de néologie en France a rendu un avis en juillet 2005 dans lequel elle
déconseille l’usage de genre ou plutôt l’extension de son usage pour penser les rapports
socialement construits entre femmes et hommes5. En deuxième lieu, le Vatican s'est intéressé
aux questions de genre à plusieurs reprises. En 2004, le Cardinal Ratzinger dans sa « Lettre aux
Evêques de l’Eglise catholique sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’église
et dans le monde »6 s’inquiète de l'utilisation du terme genre qui, forgé par des féministes
radicales, mettrait en péril la société toute entière. Cette lettre fait explicitement référence à
la relation qu’il y a entre différence, complémentarité des sexes et hétérosexualité ce qui nous
confirme dans l'idée que cette dernière est un dispositif central du processus de construction
du système de genre. En 2008, désormais devenu pape, il récidive dans la présentation de ses
vœux de Noël à la curie romaine le 22.12.20087. Dans ce texte il utilise le terme de « gender »8
pour illustrer des idées qui méprisent le langage de la création causant l’autodestruction de
l’homme et par conséquent la destruction de l’œuvre de Dieu. Le terme de gender selon
le Pape est l’expression de l’auto-émancipation de l’homme de la création et du Créateur.
Il est intéressant, politiquement, de constater que deux instances qui détiennent un pouvoir
symbolique fort, bien que dans des domaines totalement différents, s’opposent au terme et au
contenu du concept de genre.
Je pense en conclusion que malgré les critiques formulées au concept de genre sur sa
frilosité politique, il conserve son potentiel critique tout autant que celui du féminisme. Il
englobe toutefois une diversité de phénomènes plus ample et en particulier il questionne la
bicatégorisation femme/homme au fondement des normes de genre, critique qui peut se révéler
plus subversive que le féminisme lui-même.
3. D’un côté et de l’autre de l’Atlantique
27
28
Pour conclure il me semble important de revenir sur les controverses qui ont émaillé
l’importation du terme gender en français et qui illustrent par un autre biais le potentiel
politique de cette mutation épistémologique (Varikas, 2006). La discussion critique s’est
engagée dans le monde scientifique autour de l’idée que le terme genre est une importation
états-unienne ou anglaise qui n’a pas le même sens que le genre en français (grammatical ou
littéraire), mais comme l’écrit Fassin, ces sens ne sont pas si éloignés car « … après tout,
pour ne prendre qu’un exemple, quand la lune et le soleil changent de genre lorsqu’on passe
du français à l’allemand, c’est bien que l’arbitraire du signe ne renvoie pas à la nature des
choses, mais à une convention sociale » (Fassin, 2008 : 381).
Pour comprendre comment on a pu considérer comme intraduisible un mot qui figure dans
les dictionnaire français, il faut se pencher sur le sentiment de fascination/rejet que l’on peut
constater de l’extérieur entre le monde académique et politique français et états-unien. Si
d’aucuns ont adossé les critiques du terme genre aux questions linguistiques et/ou culturelles,
je pense comme Fassin (2004, 2008) qu’il faut plutôt analyser ces controverses sous un
angle politique. Les lignes de fracture ne sont en effet pas strictement linguistiques car toute
difficulté de cet ordre peut être surmontée, mais sont une manière facile (ou plus scientifique en
apparence) de signifier des fractures politiques, des stratégies de positionnement institutionnel
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
7
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
29
30
ou idéologique. Je peux d'autant mieux observer ces phénomènes depuis l'espace culturel et
politique d’où j’écris car les enjeux ne s’y posent pas de la même manière. En Suisse, pays
profondément fédéraliste, le terme genre en français ou gender en anglais, voire Geschlecht
en allemand ont été adoptés sans trop de mal, mais le contexte politique est bien différent de
celui français. La Suisse n’a pas de langue unique et de culture unitaire à défendre mais dans
son histoire elle s’est toujours confrontée à une angoisse fondamentale : celle de la possible
incompréhension entre les quatre composantes linguistiques de sa société. Or l’adoption de
termes anglophones comme gender peut être vue comme une solution à cette angoisse plutôt
qu’une offense linguistique et culturelle.
La France se trouve dans une situation tout à fait différente car historiquement l’autorité
centrale a imposé une langue unitaire qu'elle défend activement contre l’expansion de la
culture anglophone et notamment Etats-unienne. Une lutte au quotidien est menée contre
les anglicismes dans la langue française ; la francophonie est défendue partout où elle peut
l’être et l’exception culturelle française est une politique clairement assumée par les autorités
politiques françaises à travers notamment des aides d’Etat à la production de culture en
français. Toute « importation » de termes qui sont taxés de « typiquement anglophones » est
ainsi suspecte. Dans une certaine mesure la question de la traduction de gender fait partie
d'un jeu d'influences qui s’expriment aussi, mais pas seulement, à travers la langue. Mais
si l’on veut comprendre pourquoi un terme plutôt qu’un autre soulève la controverse, il est
nécessaire d’investiguer le contexte politique et institutionnel au sein desquels elle prend
place. C’est ce qu’à réalisé Fassin dans plusieurs de ses écrits (1994, 2004, 2005, 2008)
retraçant les soubassements politiques d’une telle controverse. Selon lui, il faut rechercher
le début de cette polémique en 1989 lors des festivités du bicentenaire de la Révolution
française ; festivités qui ont totalement écarté la question de l’égalité entre les sexes et en
particulier celle de l’exclusion des femmes de la citoyenneté politique. En même temps, sur
le plan institutionnel, les études genre souffrent d’un manque de reconnaissance en France
ce qui fragilise leur impact dans le débat scientifique et public. La question du genre est
instrumentalisée et devient ainsi une « question d’intérêt national » (Fassin, 2008) qui alimente
des discours sur la différence fondamentale entre la manière dont on envisage les rapports
entre femmes et hommes d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Cette différence serait le
signe du « communautarisme états-unies » confronté au républicanisme français. Christine
Planté exprime ce sentiment d'une résistance politique en ces mots : « La conviction qu'avec
la langue française qui ne permet pas l'exacte traduction du terme, c'est quelque chose
du génie national, d'une histoire et d'une singularité culturelle qui résiste, hante, de façon
implicite ou explicite, de nombreuses argumentations. » (2003 : 129), comme si la supposée
« guerre des sexes » était une affaire typiquement anglosaxonne9. L’incompatibilité prétendue
entre un modèle républicain à la française et le modèle états-unien s’exprime en une réelle
phobie des « communautarismes » supposés être la caractéristique du modèle Etats-unien.
La question féministe serait ainsi assimilée à un communautarisme, raison pour laquelle les
promoteur-e-s de la parité en France on du s’appuyer sur un argument biologique (l’humanité
est composée de femmes et d’hommes) pour légitimer une revendication politique (Parini,
1999). En effet, la parité entendue comme principe politique s’appuyant sur le renversement
d’une histoire d’exclusion des femmes de l’espace politique aurait pu être considérée comme
une revendication communautaire et ainsi tomber sous le coup de la phobie dont j’ai parlé cidessus. Malheureusement à vouloir absolument considérer comme intouchable un modèle qui
serait gender-blind on aboutit à un modèle aveugle aux inégalités (inequalities-blind)10.
A l’évidence, les lignes de fracture épistémologiques dans ce champ d’analyse suivent d’autres
chemins que celui de la langue. Les développements de la pensée de genre qui ont été
réalisés aux Etats-Unis travaillent dans la continuité des pionnières des années 1970 tout
en radicalisant la déconstruction des rapports de genre au sein même de la biologie et des
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
8
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
sexualités (orientation sexuelle, approches queer etc…). L’histoire du concept de genre, de son
émergence et des controverses qu’il a suscitées nous éclaire sur l’articulation entre sciences
et sociétés. Il demeure toutefois heuristique, polémique, critique, voire subversif malgré des
utilisations « normalisées » (Butler, Fassin et Scott, 2007) qui tendent à le vider de son
potentiel cognitif et politique. De ma part, je ne saurais trop comment lutter contre cette
normalisation sinon en expliquant inlassablement dans des contextes pédagogiques et de
recherche le parcours de son émergence et les réalités sociales qu’il permet de penser.
Bibliographie
BARD Christine, (2003), « Une préférence pour l'histoire des femmes », in Fougeyrollas-Schwebel et
al., op.cit., p. 99-105.
BUTLER, Judith, (1990), Gender Troubles : Feminism and the Subversion of Identity, Routledge, New
York. (traduction française par Cynthia Kraus publiée aux Editions La Découverte en 2005 sous le titre
Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l'identité).
BUTLER J., FASSIN E., SCOTT J.W., (2007), « Pour ne pas en finir avec le « genre » … Table ronde »,
Sociétés & Représentations, Vol. 2, no. 24, 285-306.
DELPHY Christine, (1998-2002), L’ennemi principal (II Tomes), Ed. Syllepse, Paris.
DELPHY Christine, (2002), « L’invention du French Feminism : une démarche essentielle », in L’ennemi
principal (Tome 2), Ed. Syllepse, Paris.
DORLIN, Elsa, (2008), Sexe, genre sexualités, PUF, Paris.
DUBY Georges et PERROT Michelle, (1991), Histoire des femmes en Occident, (V tomes), Ed. Plon,
Paris.
FASSIN Eric, (2005), « Trouble-genre », Préface à l’édition française, in Judith Butler, Trouble dans le
genre. Pour un féminisme de la subversion (traduit de l’anglais par Cynthia Kraus), Ed. la Découverte,
Paris, 5-18
FASSIN Eric, (2004), « Le genre aux Etats-Unis, in Christine Bard et al., Quand les femmes s’en mêlent,
Ed de la Martinière, Paris, 23-43.
FASSIN Eric, (1999), « The Purloined Gender : American Feminism in a French Mirror », French
Historical Studies, Vol 22, No. 1, 113-138.
FASSIN Eric, (1994), « ‘Political Correctness’ en version originale et en version française. Un
malentendu révélateur », Vingtième siècle. Revue d’Histoire, Vol.43 (43), 30-42.
FASSIN Eric, (2008), « L’empire du genre. L’histoire politique ambiguë d’un outil conceptuel »,
L’Homme, Vol.3-4, No. 187-18, 375-392.
FAUSTO-STERLING, Anne (2000), Sexing the body : gender politics and the construction of sexuality,
N.Y. Basic Books.
FOUGEYROLLAS-SCHWEBEL Dominique (2005), « Controverses et anathèmes au sein du féminisme
français des années 1970 », Cahiers du Genre, No. 39, 13-26.
FOUGEYROLLAS-SCHWEBEL Dominique et al., (2003), Le genre comme catégorie d’analyse.
Sociologie, histoire, littérature, Ed. l’Harmattan, Paris.
GUILLAUMIN Colette, (1992), Sexe, Race et Pratique du pouvoir, Ed. Côté-femmes, Paris.
HIRATA Helena Hirata et al. (2000), Dictionnaire critique du féminisme, Paris, PUF.
HURTIG Marie-Claude et al., (2002), Sexe et genre. De la hiérarchie entre les sexes, CNRS Editions,
Paris.
JACKSON Stevi, (1999), « Théoriser le genre : l’héritage de Beauvoir », NQF, 20(4) : 9-28.
LAQUEUR, Thomas, (1992), La fabrique du sexe : essai sur le corps et le genre en Occident, Gallimard,
Paris.
MATHIEU Nicole-Claude, (1991), L’anatomie politique, Catégorisations et idéologies du sexe, Ed.
Côté-femmes, Paris.
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
9
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
PARINI, Lorena, (1999), « Fonder politiquement les actions positives en faveur des femmes », Politique
et Sociétés, Ed. Société québécoise de Science Politique, Vol. 18, No. 3, 29-47.
PARINI, Lorena, (2006), Le système de genre. Introduction aux concepts et théories, Ed. Seismo, Zürich,
collection "Questions de genre".
PICQ Françoise, (1993), Libération des femmes: les années-mouvement, Seuil, Paris.
PLANTE Christine, (2003), "Genre, un concept intraduisible ?", in Fougeyrollas-Schwebel et al., op.cit.,
p. 127-136.
SCOTT W. Joan, (1988), « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », Les Cahiers du GRIF,
no. 37-38 : 125-153.
TRAVAIL GENRE ET SOCIETES, (2006), "Controverses. Le genre interdit ?", Dossier paru dan le
no. 16/2006.
VARIKAS Eleni, (2004), « Féminisme, modernité, postmodernisme : pour un dialogue des deux côtés
de l’océan », http://multitudes.samizdat.net/Feminisme-modernite-postmodernisme.html.
VARIKAS Eleni, (2006), Penser le sexe et le genre, PUF, Paris.
WITTIG, Monique, (2001), La pensée straight, Ed. Balland. Paris.
Notes
1 Cet article est publié dans le recueil de 1991 "L'anatomie politique …"
2 Voire également Gardey et Löwy (2000), L'invention du naturel. Les sciences et la fabrication
du féminin et du masculin, Edition des archives contemporaines, Paris et tout particulièrement la
contribution de Cynthia Kraus "La bicatégorisation par sexe à ‘l'épreuve de la science’ ainsi que Elsa
Dorlin, op. cit. 2008.
3 Nous précisons que le livre "La pensée straight" publié en 2001 est composé d'un ensemble de textes
écrits par Wittig entre les années 1970 et 1990.
4 Le même schéma linéaire s’applique bien entendu aux hommes : homme, masculin, hétérosexuel.
5 Vous trouverez un dossier sur cette prise de position dans le no. 16/2006 de la revue Travail genre
et sociétés, Ed. A. Colin.
6 http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/
rc_con_cfaith_doc_20040731_collaboration_fr.html
7 http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2008/
8 En anglais dans le texte.
9 Voire également Fassin (1999).
10 Le même raisonnement pourrait s’appliquer aux questions liées aux discriminations sur une base
ethnique et/ou de couleur.
Pour citer cet article
Référence électronique
Lorena Parini, « Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses
épistémologiques, linguistiques et politiques », Socio-logos. Revue de l'association française
de sociologie [En ligne], 5 | 2010, mis en ligne le 07 juillet 2010. URL : http://sociologos.revues.org/2468
À propos de l'auteur
Lorena Parini
Université de Genève, [email protected]
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
10
Le concept de genre : constitution d'un champ d'analyse, controverses épistémologiques, l (...)
Droits d'auteur
Tous droits réservés
Socio-logos. Revue de l'association française de sociologie, 5 | 2010
11
Téléchargement