Théâtre-Sénart Scène nationale théâtre, danse, musique, cirque, opéra, rencontres, rassemblement, éducation artistique OUVERTURE DU NOUVEAU THÉÂTRE EN NOVEMBRE supp Sénart couvok.indd 1 08/09/15 13:10 Dans les années 70, naissait la ville nouvelle de Sénart, à 35 kilomètres au sud-est de Paris. Aujourd’hui, c’est un nouveau théâtre qui voit le jour dans l’agglomération. Plus exactement dans le Carré Sénart, écrin paysager et lieu de centralité pour la ville. Le Théâtre-Sénart, Scène nationale, sera inauguré le 28 octobre. En attendant, rencontre avec son directeur, Jean-Michel Puiffe. U n théâtre pour quoi faire ? Jean-Michel Puiffe – Un théâtre est avant tout un bâtiment dans lequel on se réunit… Si l’on accepte l’idée que les gens ont encore et toujours le besoin d’être ensemble pour partager leurs passions, si l’on admet le principe que d’autres personnes, les artistes, les musiciens et les poètes, ont un talent particulier pour faire entendre la sensibilité du réel, pour témoigner du monde en racontant des histoires, alors il faut un endroit où les uns peuvent se réunir et les autres se produire face à cette assemblée. Quelle est la situation spécifique d’un théâtre en grande banlieue ? On parle beaucoup du périurbain, et il y a en effet une réalité géopolitique de la périphérie des grandes villes… Mais quarante ans après que l’Etat a pris la décision de la création des villes nouvelles, la question du bien-vivre dans ces agglomérations constituées de toutes pièces reste à l’ordre du jour. Ce qui va de soi dans n’importe quelle autre ville – avoir un théâtre et une offre culturelle proches du lieu où l’on habite – n’a aucune raison d’être remis en cause parce que l’on vit à 45 minutes en RER de la capitale. La revendication de construire un nouveau théâtre au Carré Sénart est fondée sur le fait que les habitants de Sénart sont en droit d’avoir une relation de proximité à l’art et à la culture… Pour qu’ils puissent s’enrichir de la rencontre avec l’autre et mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. Le rêve était de banaliser la ville… Qu’elle devienne comme toutes les autres. Sénart est une ville très jeune. Le théâtre est-il le signal de sa maturité ? Sénart est la plus jeune des villes nouvelles. Elle poursuit donc sa construction, et la réalisation du théâtre – par l’Agglo de Sénart – en est le signe le plus flagrant. Elle rattrape ainsi le niveau d’équipement culturel de toute grande ville. Même si, en son temps, La Coupole de Combs-la-Ville, toute proche, avait été la preuve d’une ambition spectaculaire et radicale à travers le choix de l’œuvre réalisée par l’architecte Jean Nouvel. Le Carré est le repère de sa centralité, le lieu du partage et de la mise en commun des ressources, donc l’endroit idéal pour construire un théâtre. L’acte fondateur du Carré Sénart a été la mise en place des principes d’un paysage végétal remarquable. Mais, avec ce très beau vaisseau, œuvre de l’Atelier d’Architecture Chaix & Morel et Associés, le théâtre est désormais un repère symbolique dans la composition du Carré… Tout autant qu’un repère physique, car en culminant à 29 mètres, la cage de scène fait du bâtiment un signal qui domine toutes les autres constructions. Atelier d’Architecture Chaix & Moret et Associés “première mission : transmettre” Vue de la grande salle Quelles sont les missions de ce nouveau théâtre ? Le Théâtre-Sénart est l’une des soixante et onze scènes nationales, un théâtre de service public et un lieu pluridisciplinaire dans lequel on pourra découvrir toutes les formes artistiques : du théâtre, de la danse, de la musique, de l’opéra et du cirque. Notre bassin d’influence est peuplé de 300 000 habitants, notre programmation se doit d’être éclectique pour atteindre son but et parler à tout le monde. Cette ambition se transforme en un joyeux défi, car la relation au spectacle vivant n’est pas de la première immédiateté pour nos concitoyens. Nous sommes prescripteurs et le rapport de confiance à installer avec les spectateurs est la principale garantie de voir croître leur désir de découvrir. Le lieu a donc pour première mission de transmettre, de faire connaître. 2 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 2-9ok.indd 2 08/09/15 12:56 Le théâtre est une maison que vous souhaitez voir habitée en permanence… L’autre versant de notre mission est d’accompagner des artistes dans leurs projets en aidant à la naissance de leurs créations. A Sénart, nous avons voulu répondre réellement à la question de la pluridisciplinarité en accueillant le théâtre, la danse et la musique dans un lieu conçu pour répondre aux impératifs de travail de chaque discipline… Permettre à des artistes d’en faire un camp de base en leur offrant le confort de pouvoir répéter et imaginer leurs projets tout en les aidant à produire et diffuser leurs spectacles. Il est important d’avoir aussi avec eux des relations sur mesure. Nous avons réuni sous notre toit trois équipes constituées chacune autour d’un artiste associé. Il ne s’agit pas d’un mariage pour toujours… En imaginant ces partenariats sur une période de trois ans, notre souhait est que le plaisir et le désir d’être ensemble soient un moteur à entretenir pour nous faire avancer. Pouvez-vous nous présenter chacun des artistes en résidence ? En musique, il s’agit de l’orchestre Les Siècles, sous la direction de François-Xavier Roth, l’un des premiers ensembles à jouer sur des instruments d’époque pour faire entendre la musique dans les conditions de sa création. Avec eux, nous allons pouvoir parcourir une grande variété d’esthétiques musicales radicalement différentes les unes des autres. Pour la danse, avec la compagnie Mad, c’est le chorégraphe Sylvain Groud, dont le travail se nourrit d’une relation sensible au sociétal. Une générosité rare qui, à travers un lien tactile à l’autre, développe un rapport très beau et assez unique à la danse. Enfin, en théâtre, avec la compagnie Pipo, c’est un homme d’une humanité sans pareil, un chef de troupe que nous accueillons : Patrick Pineau. Il va venir à Sénart avec le plaisir et la nécessité de faire ce qui le caractérise depuis toujours. Ces trois artistes ont chacun le même souci de partager leur art. Nous avons besoin de ce type d’énergie pour qu’au quotidien cette maison soit aussi habitée et vivante qu’attractive1. propos recueillis par Patrick Sourd “notre programmation se doit d’être éclectique pour atteindre son but et parler à tout le monde” 1. lire aussi le portrait des trois artistes associés pp. 6 et 7 theatre-senart.com théâtre-sénart les inrockuptibles 3 supp Sénart 2-9ok.indd 3 08/09/15 12:56 Le créateur du Carré, François Tirot, revient sur la genèse, au début des années 2000, de ce projet de paysage apte à fonder le nouveau centre-ville de Sénart. C Atelier d’Architecture Chaix & Moret et Associés les racines du Carré omment penser un lieu de centralité pour l’agglomération urbaine de Sénart ? C’est en urbaniste féru d’art que François Tirot, le créateur du Carré Sénart, nous en rappelle la genèse : “Ma référence de départ était Victory Boogie-Woogie, l’ultime tableau de Piet Mondrian où, réinventant sa peinture constituée d’épais traits noirs et de carrés de couleurs, le peintre trace les principes de sa trame en couleur en laissant les carrés en blanc.” Directeur de l’urbanisme et du paysage à l’Etablissement public d’aménagement de la ville nouvelle de Sénart, François Tirot poursuit : “Mon idée était de démontrer qu’à l’intérieur de la forme symbolique d’un carré, il était possible de stabiliser et de contenir le développement d’une urbanité tout en créant un espace fonctionnant comme un repère digne de l’art sur la carte.” Ainsi est née l’utopie urbaine du Carré Sénart. “Dans un premier temps, j’ai commencé par m’appuyer sur une diagonale historique datant de Louis XV, une allée royale tirée au cordeau reliant les forêts “je m’attache à ce que ce territoire grandisse à la manière d’un plateau qui s’équilibre” de Rougeau et de Sénart. Pour transformer cette trace du passé en un repère contemporain, mon premier geste a été d’y faire planter sur toute sa longueur cinq cents séquoias et de la désigner comme un monument végétal.” François Tirot peut alors inscrire les 200 hectares du Carré Sénart sur le territoire, en s’appuyant sur le travail des archéologues missionnés pour procéder à des recherches avant de lancer une intervention d’une telle ampleur. “J’ai agrafé le Carré à cette allée royale en l’orientant suivant les tracés historiques des parcelles et fait planter sur chacun de ses côtés une rangée de tilleuls. Un marquage du lieu par du végétal pour dire ‘c’est là que ça se passe, là que nous allons créer de la valeur’. Après, j’ai découpé l’espace intérieur en allées, canaux, espaces boisés et voies de circulation pour ensuite poursuivre avec la trame de petits carreaux où, en fonction des programmes, peuvent se réaliser toutes les hypothèses de construction.” La souplesse des principes posés s’adapte aux aléas de la politique et de l’économie en prônant l’autonomie de chacun des projets. “Il faut bannir le vieux réflexe d’une croissance à partir d’un centre de gravité. Je m’attache à ce que ce territoire grandisse à la manière d’un plateau qui s’équilibre. C’est pourquoi le nouveau Théâtre-Sénart n’est pas en face du centre commercial. Il m’a semblé plus riche d’éloigner le pôle commercial et le pôle culturel, de permettre à d’autres projets de créer des liens entre eux.” Patrick Sourd 4 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 2-9ok.indd 4 08/09/15 12:56 Vue du Théâtre-Sénart “des ondulations de collines” Architecte de l’Atelier d’Architecture Chaix & Morel et Associés en charge du projet, Anabel Sergent dévoile les principes de conception du nouveau Théâtre-Sénart. Comment inscrire le théâtre dans le site ? Anabel Sergent – Le Carré Sénart est un site très étonnant. Le terrain mis à disposition est une marelle de quatre carrés : un carré de parc boisé, un de stationnement, un autre pour installer un théâtre de plein air ou des chapiteaux et un dernier pour poser le bâtiment du théâtre lui-même. Construire sur cette grande lande de plaine et répondre au principe d’autonomie de chaque bâtiment sur son territoire excluait dès le départ les références à la ville. L’idée était alors de créer un événement structurant et participant du paysage. Quelle image avez-vous voulu donner au nouveau Théâtre-Sénart ? Il s’agissait de réunir l’ensemble des éléments du programme en reliant les contraintes de leurs différences de hauteur par des plans inclinés, jusqu’au point culminant à 29 mètres du volume de la cage de scène de la grande salle. Et, ainsi, créer un mouvement de terrain : un soulèvement du sol avec des ondulations de collines dans cet endroit où il n’y en a pas. Une peau de caissons métalliques couvre l’ensemble, s’adapte à son relief, habille le bâtiment de façon continue, de son sommet jusqu’au fruit des flancs, qui ouvrent l’espace de son grand patio végétal vers le ciel. Une peau dont les caissons de couleur grise déclinent, à travers les motifs de leurs perforations et embossages, l’idée d’une fractale du carré jusqu’à la plus petite échelle et permettent, la nuit, de donner des effets de nuées luminescentes. Et l’organisation intérieure ? Le bâtiment donne l’impression de ne pas prendre appui sur le sol : un soulèvement qui invite le public à y entrer et correspond à un hall se déclinant en séquences et se déployant sur toute la longueur du côté orienté sud-ouest. On y accède dans l’axe du jardin du patio central… Au plus près de l’escalier monumental qui mène à la grande salle, de la billetterie, d’un coin librairie et du bar. Le restaurant occupe l’angle vers le parking. Les loges et les bureaux disposent d’une terrasse à l’étage et d’un vaste balcon donnant sur le grand patio. Quels usages pour les trois salles ? Habillée de caissons de hêtre sombre, la grande salle a une capacité de 843 places. La faible courbure des rangs de fauteuils y autorise chacun à appréhender l’ensemble du plateau. Sa fosse d’orchestre, pour quarante musiciens, permet d’accueillir de l’opéra et, s’agissant du théâtre, elle dispose de cintres et de dessous, d’une arrièrescène et de dégagements à cour et jardin. La petite salle est de type modulable, une black box à usages multiples, avec un gradin rétractable et la possibilité d’un deuxième gradin en bifrontal qui porte sa capacité à 403 places. ainsi qu’une configuration debout pouvant accueillir plus de 1 000 personnes. Donnant sur le patio, la salle René Gonzalez a les dimensions du plateau de la grande salle, elle est dédiée aux répétitions et à l’action culturelle. propos recueillis par P. S. théâtre-sénart les inrockuptibles 5 supp Sénart 2-9ok.indd 5 08/09/15 12:56 3 artistes dans les murs Un chorégraphe, un chef d’orchestre et un metteur en scène seront en résidence à Sénart pendant les trois prochaines saisons. Portraits. Sylvain Groud à petits pas vers l’autre “J’éprouve la nécessité depuis que je suis chorégraphe de me questionner sur le territoire où je travaille et les concitoyens qui l’habitent. Je suis intimement persuadé que se connaître soi, c’est avoir un peu compris les autres. Je ne suis pas altruiste, mais j’aime l’altérité.” Sylvain Groud a parcouru le monde pendant une dizaine d’années lorsqu’il était danseur dans la compagnie d’Angelin Preljocaj, auprès duquel il a fait ses armes. Petit à petit, la maturité venant, il s’est tourné vers les autres, a porté un regard différent sur le monde et son désir de chorégraphier est né, non pas de l’envie d’évoluer sur les plus grandes scènes internationales, mais d’aller chercher chez l’autre le sel de son art. En résidence au Théâtre-Sénart, Scène nationale, il compte bien mener des actions sur le territoire afin de nourrir sa prochaine création, prévue en 2017, qui s’appellera La Déclaration et où il sera question de communication non-verbale. “La capacité du corps dansant à rencontrer l’autre et à le faire réagir est impressionnante. On peut même aller parfois plus loin que certains soignants avec des autistes ou des animateurs de centres sociaux avec des primo-arrivants ou des illettrés. C’est un pari poétique.” Memento Vivere / Music for 18 musicians le 9 avril 6 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 2-9ok.indd 6 08/09/15 12:56 Patrick Pineau le grand art de la comédie S’il est un art que Patrick Pineau maîtrise à merveille, c’est bien celui de la comédie. Membre de la troupe de l’Odéon-Théâtre de l’Europe sous la direction de Georges Lavaudant, il a exploré toutes les ficelles de son art en traversant, lors de son passage sous les ors de la prestigieuse maison, les œuvres de Michel Deutsch, Labiche, Sophocle, Brecht, Eschyle, Feydeau, Büchner, Tchekhov… Au cinéma, on le voit chez Tonie Marshall, Bruno Podalydès, Nicole Garcia, Xavier Giannoli et dernièrement dans Un Français, le film hautement polémique de Diastème. S’il a déjà prouvé ses talents de metteur en scène en s’attaquant à des auteurs contemporains, Patrick Pineau ne manque pas de revenir régulièrement aux auteurs dits classiques, auxquels il sait donner un coup de fouet, sachant toujours être au plus près de la littérature. Alors, pouvait-il mieux choisir que L’Art de la comédie d’Eduardo de Filippo pour inaugurer sa résidence au Théâtre-Sénart, Scène nationale ? Cette grande comédie – un classique du XXe siècle – révèle dans une langue absolument savoureuse les rapports complexes entre l’art et le pouvoir, l’illusion de la représentation, la nature trouble du comédien et la puissance de l’inconscient. L’Art de la comédie du 28 au 30 janvier, puis en tournée en France François-Xavier Roth virtuose de l’éclectisme C’était le rêve d’un homme : créer un orchestre dont le répertoire couvrirait plus de cinq siècles de musique et dont les musiciens interprèteraient les œuvres outillées des instruments adéquats, c’est-à-dire d’époque. C’est ce que le chef d’orchestre français François-Xavier Roth réalisa en 2003 en inventant Les Siècles, qui réunit des musiciens de tous horizons aussi virtuoses sur des instruments anciens que modernes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, au moment où, à peine âgé de 32 ans, il réalise son rêve, la tendance n’était pas à l’éclectisme mais plutôt au repli, les ensembles baroques florissant et les formations de musique contemporaine s’aiguisant. Depuis plus de dix ans désormais, ayant pris une place prépondérante sur les scènes européennes, l’orchestre poursuit ses explorations multiples. Lors de cette résidence au Théâtre-Sénart, Scène nationale, l’orchestre accueillera notamment le violoniste Renaud Capuçon pour le fameux Concerto à la mémoire d’un ange, si rarement joué, commandé dans les années 30 par le violoniste Louis Krasner à Alban Berg. La rareté est l’une des plus belles qualités à traverser les siècles… Hervé Pons Memento Vivere de Sylvain Groud Les Siècles et Renaud Capuçon le 10 décembre Les Siècles : Daphnis et Chloé / Ma mère l’Oye le 27 mai théâtre-sénart les inrockuptibles 7 supp Sénart 2-9ok.indd 7 08/09/15 12:56 Autour du climat et de la main, deux temps forts éthiques et ludiques marqueront la première saison du Théâtre-Sénart. Surprises garanties. E n décembre prochain se tiendra la conférence Paris Climat 2015, une conférence “cruciale car elle doit aboutir à un accord international (…) qui permettra de contenir le réchauffement global en deçà de 2° C”, explique le site du ministère des Affaires étrangères. Alors, à Sénart, on s’est dit que c’était le bon moment de s’interroger, mais avec art, sur l’avenir de la planète et de ses habitants… “Nous avons une programmation assez riche et diversifiée avec, tous les mois, du théâtre, de la danse, de la musique… Alors parfois, nous aimons bien rassembler le public et les artistes autour de thématiques qui peuvent être artistiques ou bien des sujets de société. Nous aurons plusieurs temps forts la saison prochaine dont l’un autour de la question du climat et l’autre autour de la main.” Pour Caroline Simpson Smith, directrice adjointe du Théâtre-Sénart, Scène nationale, ces temps forts sont aussi l’occasion Claire Gras la peau de l’ours “de programmer des formes dont nous sommes tombés amoureux mais qu’il serait difficile d’inscrire dans le flux de la saison. Cela permet à ces projets artistiques de trouver un sens et une cohérence et au public de partir à la découverte de formes plus inattendues.” Au programme de la conférence climatique 2015 de Sénart, le géographe reconverti en comédienconférencier, Frédéric Ferrer, qui s’était déjà intéressé à la question des canards perdus par la Nasa non loin du Groenland ou à la relation entre les Vikings et les satellites. “Nous l’accueillons avec deux spectacles dont un pour le jeune public, poursuit Caroline Simpson Smith. Il crée un second opus de son théâtre-conférence Kyoto Forever et rassemble huit comédiens d’origines différentes, chacun parlant deux ou trois langues et représentant une cause. Il sait montrer avec un côté drôle et décalé les travers de ces grandes conférences internationales où l’on passe parfois plus de temps à se demander où l’on met la virgule plutôt que de traiter du problème de fond.” Le conférencier-artiste sait également s’adresser aux enfants et le fait dans la langue du pôle Nord : Sunamik Pigialik ? (“Que faire ?”). Sur scène, des savants, des manchots, des cosmonautes et des Inuits vadrouillent du zoo à l’Antarctique et se penchent sur la question de la – prochaine ? – disparition totale de l’ours polaire. “Nous allons profiter de ces deux spectacles pour faire venir des conférenciers et explorateurs de tout poil, notamment l’écoexplorateur suisse Raphaël Donjam. Cet été, avec la par le truchement de l’art, il s’agira de réconcilier l’utile et le beau 8 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 2-9ok.indd 8 08/09/15 12:56 Kiss and Cry de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael, pendantla Week Hand navigatrice bretonne Anne Quéméré, ils ont expérimenté la toute première navigation solaire polaire en Arctique, sur deux kayaks, dont un spécialement équipé de panneaux photovoltaïques et d’un système de propulsion électrique.” Une aventure à la force du poignet qui aurait également pu trouver sa place dans le second temps fort de la saison, la Week Hand, qui aura lieu au printemps 2016. Comme pour le climat et par le truchement de l’art, il s’agira de réconcilier l’utile et le beau. “L’idée nous est venue en programmant Kiss and Cry de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael dont le projet danse-vidéo est une chorégraphie poétique pour cinq doigts évoquant le premier et éphémère amour d’une femme dont le seul souvenir restant de cette histoire liminaire est une main. Et puis, nous nous sommes rendu compte que de nombreuses propositions d’artistes très différents s’articulaient autour de la symbolique de la main qui, outre son utilité quotidienne, recèle bien des surprises.” Ainsi, la performance de Pierre Fourny, Main tenant le passé, un tour demain, partant du principe qu’avant le “langage” il y avait le “main-âge” et que les gens s’exprimaient plus par les mains que par les mots. L’ombromane et magicien Philippe Beau présentera deux spectacles dans le cadre de cette Week Hand. L’un, Hommes aux mille mains, rend hommage au magicien Cocteau et s’inspire, en une dizaine de tableaux, de ses films, de ses dessins, de ses poésies et de sa passion pour la mythologie ; l’autre, Magie d’ombres, s’appuyant sur des extraits de films de Woody Allen, Orson Welles ou encore Maarten Vanden Abeele Sunamik Pigialik ? de Frédéric Ferrer, dans le cycle Climat Méliès, convoque lapins, oiseaux, cerfs, poulets, loups et chats dans une succession de saynètes poétiques et drôles. Même si, de Michèle Anne De Mey à Philippe Beau, les esthétiques sont très éloignées, cet assemblage thématique permet de saisir à quel point la main est un outil de langage, de communication et de rêverie. Alors, n’en déplaise à Théophile Gautier, tout ce qui est utile n’est pas forcément laid. En clôture de cette Week Hand virtuose – cela semblait plus que nécessaire –, le pianiste François Chaplin jouera Schubert, Chopin et Brahms. Hervé Pons Cycle Climat du 5 au 12 décembre Week Hand du 17 au 22 mai théâtre-sénart les inrockuptibles 9 supp Sénart 2-9ok.indd 9 08/09/15 12:56 fruits de saison Une danseuse suspendue, un mariage agité, une virée de vignerons… Le programme 2015-2016 s’annonce éclectique. Quelques spectacles à ne pas rater. Kaori Ito & Aurélien Bory fille de l’air Plexus est la rencontre au sommet entre la danseuse Kaori Ito et le metteur en scène Aurélien Bory. On peut voir Plexus comme un solo multiple d’une rare beauté. Prise entre des fils, Kaori Ito joue les fantômes autant que l’étoile… filante pour le coup. La danseuse, vue dans les créations de James Thierrée ou de Philippe Decouflé, s’offre à nous le temps d’un autoportrait. “Kaori possède une force de travail exceptionnelle, témoigne d’un très large registre et est à l’aise dans la recherche, c’est-à-dire dans l’inconnu”, résume Aurélien Bory, l’homme derrière la Compagnie 111 et le metteur en scène des Sept Planches de la ruse ou de Sans objet, spectacles à géométrie variable. “Je ne sais pas si Plexus représente ce que Kaori est, mais je crois, en revanche, qu’en assistant à ce solo, on rencontre une personne. Il y a une grande adéquation entre le dispositif que j’ai imaginé pour elle et sa danse naturelle. Elle m’a confié plus tard : ‘C’est comme si j’avais toujours dansé dans ces fils”, avoue Aurélien Bory. Rêve éveillé qui entraîne le public dans un ailleurs imagé, Plexus fait de son “inquiétante étrangeté” le plus beau des ouvrages. Philippe Noisette Plexus les 9 et 10 février Didier Bezace l’amour selon Feydeau Créé à ciel ouvert pour les Fêtes nocturnes du château de Grignan cet été, Quand le diable s’en mêle rassemble trois courtes pièces de Feydeau : Léonie est en avance, Feu la mère de Madame et On purge bébé. Didier Bezace invite le public, bon enfant, à rire des turpitudes amoureuses et autres enfers conjugaux de ces couples de bourgeois français que Feydeau a si cruellement et drôlement révélés dans toute la noirceur de leurs âmes et de leurs actes. S’adressant à tous sous couvert d’attaquer la petite bourgeoisie, Feydeau écrit un théâtre populaire en ce qu’il déchire les cœurs de salves violentes de rires intempestifs. Mais avant tout, le théâtre de Feydeau est un théâtre d’acteurs, ici Ged Marlon, Océane Mozas, Luc Tremblais, Clotilde Mollet… Hervé Pons Quand le Diable s’en mêle les 14 et 15 avril 10 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 10-16 ok.indd 10 08/09/15 12:50 Yoann Bourgeois à la renverse A la lisière du cirque et du mouvement chorégraphié, Yoann Bourgeois n’en finit pas de séduire. Celui qui tombe, nouvel ouvrage cosigné avec Marie Fonte, imagine des artistes debout sur un simple plancher suspendu, mobilisé par différents mécanismes. “Les situations que j’appelle sont d’un statut tout particulier, disons : polysémiques. Je cherche à situer mon théâtre sur cette crête aiguë où la chose apparaît.” Une heure durant, c’est donc contre les “éléments” – vitesse, gravité, ralenti – que la troupe virtuose bataille. Mais dans ce geste continu où l’un (r)attrape l’autre et où l’humour le dispute à l’effroi, il y a surtout l’affirmation d’un talent inouï. Sans doute la plus belle promesse de la scène actuelle. Celui qui tombe séduit par photo Géraldine Arestéanu Celui qui tombe de Yoann Bourgeois l’intelligence de sa mise en scène qui, plus d’une fois, bascule dans un savant désordre, tout autant que par sa poésie intrépide. Ajoutez-y une bande-son qui connaît ses classiques et vous avez un opus majeur. Celui qui tombe n’est pas simplement renversant – dans tous les sens du terme –, il est aussi généreux. P. N. Celui qui tombe les 6 et 7 novembre théâtre-sénart les inrockuptibles 11 supp Sénart 10-16 ok.indd 11 08/09/15 12:50 Sébastien Barrier temps pour tout Yohanne Lamoulère/Picturetank Saltimbanque céleste, Sébastien Barrier propose deux rendez-vous cette saison. D’abord, une création, Chunky Charcoal, où ce bavard impénitent applique son art de la digression à des histoires de routes et de chemins de traverse qui se perdent, se croisent et nous entraînent, tandis qu’un guitariste l’accompagne et qu’un troisième acolyte trace sur une grande page des mots dits, entendus ou rêvés. Puis on le retrouve avec Savoir enfin qui nous buvons, spectacle d’environ six heures, le temps qu’il faut pour nous conter ses aventures en pays ligérien en compagnie de ces vigneron(ne)s qui jalonnent la géographie de sa mémoire et étalonnent son amour du vin à coups de sentences fleuries. Une longue veillée avec dégustation de vins en accord avec la sentence du vigneron Jacques Carroget : “On n’est pas à tuer les vipères.” Autrement dit, on a le temps. Fabienne Arvers Chunky Charcoal le 22 mars (hors les murs, au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry) Savoir enfin qui nous buvons le 28 mai Candide de Voltaire est un conte philosophique et un parcours initiatique. Avec sa troisième mise en scène, Maëlle Poésy se livre à l’exercice de style d’adapter le classique de la littérature pour en faire le champ d’expérimentation ludique de son savoirfaire en matière de théâtre. Voltaire lance son héros dans une série de tribulations toutes plus délirantes les unes que les autres. En attrapant la balle au bond, Maëlle Poésy transforme avec brio cette saga en une course folle ne nous laissant pas un instant de répit. C’est la somme de toutes ses aventures qui permet finalement à Candide d’atteindre une forme d’autonomie de pensée… Comment se construire une personnalité en interaction avec des événements vécus dans sa jeunesse ? Voler de ses propres ailes, abandonner la grille de lecture apprise, tirer profit de ses expériences pour sortir de la jeunesse : c’est cela que raconte Candide… Dans un jeu de miroir, c’est ce même désir de grandir qui anime Drôle de bizarre, la jeune troupe de Maëlle Poésy. Patrick Sourd Candide les 15 et 16 décembre Vincent Arbelet Maëlle Poésy Candide sur les planches 12 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 10-16 ok.indd 12 08/09/15 12:50 Fer de lance de la nouvelle génération des chorégraphes israéliens, Hofesh Shechter s’est installé à Londres où il a créé sa compagnie en 2008. Ses études de musique, à Paris notamment, et de danse à la Batsheva à Tel-Aviv, sa collaboration avec la compagnie Jasmin Vardimon en Angleterre, font de Shechter un artiste complet. Uprising sera son premier succès international. Suivra Political Mother sur fond de rock. Concentré d’images fortes, ce ballet pour une quinzaine de danseurs interroge les dérèglements de notre monde. Shechter puise dans les danses folkloriques, entre autres, la matière de cette transe sans fin. Le groupe, plus sûrement que l’individu, y joue sa survie dans un univers anxiogène des plus saisissants. Pas de facilité pour autant, mais une approche chorégraphique mature qui revisite l’unisson ou les portés. Hofesh Shechter parle d’une réflexion sur la relation entre l’homme et la structure sociale “censée le protéger, et qui maintenant le menace”. Il y ajoute un habillage sonore – qu’il signe en partie – à la complexité qui n’a d’égale que l’émotion provoquée. Political Mother est un acte de résistance. Et une leçon de danse. P. N. Political Mother les 24 et 25 novembre Mickaël Phelippeau choré en chœur Mickaël Phelippeau est à part dans le paysage chorégraphique français et pas seulement à cause de son goût prononcé pour la couleur jaune. En quelques réalisations, il a imposé une petite “musique” en mouvement. Ainsi, dans Bi-portrait Jean-Yves, il invitait un curé pour un duo et, dans Numéro d’objet, quatre danseuses en vue de la scène contemporaine. “Il y a autant de parcours que de portraits”, aime à dire Mickaël Phelippeau. Dans Chorus, c’est un chœur classique qu’il met en danse. Vingtquatre choristes, donc, pour illustrer une cantate de Bach, dessiner des parcours sur le plateau, penser ce vivre (et chanter) ensemble si en vogue dans notre monde actuel. Il s’agit pour Mickaël Phelippeau de les faire entrer dans le chant tout autant que de les faire sortir, d’imaginer un groupe qui s’unit et se désunit le temps d’un concert. Bouleversant la représentation habituelle d’un chœur en scène, le chorégraphe et plasticien porte la voix à un niveau d’intensité renouvelé. Car ici, c’est encore et toujours le rapport au public qui est en jeu. Chorus est une échappée belle, une fuite en avant et en musique. Un chœur qui a du cœur… en résumé. P. N. Chorus le 31 janvier Carmine Maringola Hofesh Shechter la transe de la résistance Emma Dante sept sœurs en fusion Emma Dante affirme d’emblée la volonté d’ancrer la modernité de son théâtre dans la perspective d’une filiation avec l’Opera dei Pupi et la tradition d’un théâtre de marionnettes sicilien qui met en scène des pantins pour honorer la geste légendaire des chevaliers du Moyen Age. Le Sorelle Macaluso (“Les sœurs Macaluso”) se consacre à la chronique intimiste d’une famille contemporaine où, comme dans les contes, on peut compter pas moins de sept filles dans la maison. Dans la fusion réussie d’un spectacle se revendiquant autant de la danse que du théâtre, Emma Dante tisse la trame douce-amère d’une épopée au grand cœur qui bat au rythme des morts à pleurer et des naissances redonnant espoir en l’avenir. Elle témoigne d’abord de l’irrésistible désir de vivre des petites gens. Un généreux hommage à ces batailles pour vivre qui se livrent au quotidien et qui méritent autant d’entrer dans la légende du théâtre que celles des chevaliers d’antan. P. S. Le Sorelle Macaluso du 16 au 18 février théâtre-sénart les inrockuptibles 13 supp Sénart 10-16 ok.indd 13 08/09/15 12:50 Sénart à l’heure vietnamienne Le spectacle de cirque À O Làng Phô dynamite les formes pour raconter un Viêtnam en pleine mutation. O n se souvient avoir croisé la route de ce cirque vietnamien en 2009 à Hanoï : déjà sous la direction des frères Nguyen, Lan Maurice et Nhat Ly, et de Tuan Le, ce premier spectacle, Làng Tôi, avait enchanté le public européen. Pourtant, après une générale dans le cadre désuet du cirque national du Viêtnam, il avait fallu pour la troupe affronter les commentaires du comité de censure. L’équipe avait peu lâché sur la forme : bien lui en a pris, Làng Tôi ne ressemblait à rien d’existant dans l’univers circassien en voie de mondialisation. Evocation sensible d’un village d’autrefois, le spectacle charmait par cette distance entre hier et aujourd’hui. Les fondamentaux du cirque étaient là : jonglage, équilibre sur une main, sauts en tout genre. Mais ici, tout prenait un autre rythme : on se lançait des paniers en osier, on escaladait des tiges de bambou de plusieurs mètres de haut, on se laissait tomber d’un tissu. Peu d’éléments de décor pourtant : l’évocation n’en était que plus belle. Il était temps de donner une suite à ce Làng Tôi : rendez-vous fut pris le printemps dernier à Saigon, cette fois-ci, dans la bonbonnière très élégante qu’est l’opéra de la ville. Le développement du pays tout entier semble s’être accéléré. “Le pays a spectaculairement changé. En vingt ans, on est passé réellement du cyclo-pousse, au xe ôm – le fameux motopousse –, du moto-pousse aux compagnies de taxis. Ce pays bouge à toute vitesse. Le spectacle en est le reflet. Làng Tôi racontait une journée de la vie quotidienne d’un village de paysans, À O Làng Phô conte de façon poétique le passage, le pont entre cette culture paysanne et celle de la ville, ce ‘voyage’ d’un monde à l’autre. Des barques traditionnelles en forme d’immenses paniers ronds aux battles de hip-hop, pour en faire le résumé le plus succinct”, déclare Jean-Michel Puiffe, le directeur du Théâtre-Sénart. Tuan Le, le metteur en scène, précise : “Pour Làng Tôi, on était partis sur le bambou. Ici, c’est plutôt ces barques de pêcheur. Après avoir raconté un village, nous montrons un pays en mutation. Je ne crois pas qu’il y ait tant de différences entre les deux spectacles, c’est plutôt une vision que l’on développe. L’idée n’est pas de faire du cirque universel mais vrai”, conclut Tuan Le, revenu s’installer au Viêtnam en 2012, après des années passées en Allemagne. À O Làng Phô a été joué une année entière à Saigon devant une audience avant tout touristique, parfois surprise par les audaces formelles du spectacle où la chorégraphie de Tan Loc Nguyen canalise l’énergie sur scène. “Peut-être que le public s’attendait à voir un ersatz du Cirque du Soleil”, plaisante à peine Tuan Le. Après quelques dates françaises cet été (Les Nuits de Fourvière à Lyon, Le Printemps des comédiens à Montpellier), l’équipe d’acrobates et de musiciens a retrouvé la quiétude toute relative de Saigon. Ils ont pu, surtout, savourer l’enthousiasme d’un public occidental qui, visiblement, a gardé Làng Tôi dans le cœur. La distribution a bel et bien changé – le turn-over dans le monde du cirque est une réalité plus qu’une fatalité – mais le charme opère plus que jamais. “Ce succès vient du fait que les formes proposées sont des formes hybrides, échappant à une classification de genre. Il est bien difficile de ranger strictement ce spectacle en cirque, comme c’est d’ailleurs tout aussi impossible de lui accoler l’étiquette de théâtre, de danse ou de concert (la musique étant toujours interprétée en direct). De façon naturelle, devrait-on dire, ils ont inventé le spectacle ‘cross-over’. L’autre point est peut-être la vitalité de ses interprètes et leur présence collective sur le 14 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 10-16 ok.indd 14 08/09/15 12:50 Nguyen The Duong plateau. Un travail choral qui, à l’image du peuple vietnamien, fait hommage à la jeunesse, à sa capacité de ‘jouer collectif’, de ‘faire ensemble”, ponctue Jean-Michel Puiffe. La culture de l’équipe de direction artistique, à cheval sur plusieurs continents, ajoute au particularisme de ces créations. Lan Maurice Nguyen a fréquenté le Cirque Plume, Tuan Le, après une carrière de jongleur à Berlin, a été le seul artiste vietnamien à intégrer le Cirque du Soleil, le chorégraphe Tan Loc Nguyen est diplômé en danse contemporaine au Japon et en Allemagne. Enfin, le directeur musical Nhat Ly Nguyen, Français d’origine vietnamienne formé à l’école du cirque national de Hanoï, est également titulaire d’une licence de musique à l’université Paris-VIII. Autant de voyages la culture de l’équipe de direction artistique, à cheval sur plusieurs continents, ajoute au particularisme de ces créations culturels ont forgé un esprit ouvert sur le monde que perpétue à sa façon la troupe de À O Làng Phô. Coproduit par le Théâtre-Sénart, Scène nationale et soutenu par le Cirque-Théâtre d’Elbeuf – avec un partenaire privé, Lune Entertainment au Viêtnam –, À O Làng Phô reprend aujourd’hui la route. Et dans son sillage pourrait entraîner d’autres créateurs : “Si l’on observe ‘l’histoire’ du spectacle vivant à partir du Doi Moi (littéralement ‘le renouveau’ au Viêtnam en 1986 – ndlr), la seule proposition qui pouvait correspondre à nos critères occidentaux, c’était les spectacles des marionnettes sur l’eau. En 1995, Ea Sola créait la première version de Sécheresse et pluie avec ses douze formidables grands-mères. Présenté à l’Opéra-Théâtre de Saigon, le spectacle fut fustigé par la critique et les autorités. Vingt ans plus tard, on voit apparaître quelques très (trop) rares nouveaux projets qui commencent à exister et à se multiplier”, affirme Jean-Michel Puiffe. Làng Tôi comme À O Làng Phô n’en finissent pas de montrer qu’un autre cirque est aujourd’hui possible. Philippe Noisette À O Làng Phô du 21 au 23 décembre et en tournée en France d’octobre à juin théâtre-sénart les inrockuptibles 15 supp Sénart 10-16 ok.indd 15 08/09/15 12:50 Political Mother de Hofesh Shechter Gabriele Zucca Théâtre-Sénart THEATRE-SENART.COM 4 N10 Aéroport de Roissy Charles de Gaulle RD RE RER Gare du Nord A3 Chatelet RER rne Ma La MARNE-LA-VALLÉE RER A4 vers Metz Nancy Fra ncili enne - N10 4 eine La S A6 PARIS Paris Gare de Lyon A86 N6 N19 Quelques rendez-vous à noter ìblecture de textes de l’auteur franco-congolais Alain Mabanckou par Patrick Pineau ìbconférences par Serge Orru, Christophe Dejours et Hubert Reeves ìbdébat philosophique entre les enfants et l’écoexplorateur Raphaël Domjan ìbmarché vietnamien, brocante musicale… La Aéroport d'Orly Combs-la-Ville Tigery N10 EVRY 4 Le Théâtre-Sénart, Scène nationale se veut un lieu de rencontres, de rassemblement et d’éducation artistique. Une programmation “Bis”, comme les itinéraires routiers, permet au public de prendre les petites routes à son rythme. Ainsi, le théâtre propose toute l’année conférences, débats, cafés-philo, expositions, rendez-vous littéraires… Chaque saison, ce sont aussi plus de 2 800 heures consacrées à l’action culturelle, notamment auprès des jeunes. RER Lieusaint carrért séna Réau A5 A5b CORBEIL MoissyCramayel RER St-Pierredu-Perray a RER Nandy A6 Savignyle-Temple A5 VertSt-Denis vers Troyes RER Cesson vers Fontainebleau MELUN POUR VENIR 9/11, allée de la fête Carré-Sénart 77127 Lieusaint-Sénart POUR RÉSERVER theatre-senart.com tél. 01 60 34 53 60 Et dans le cadre de l’action culturelle pour tous les publics ìbla troupe des amateurs du Théâtre-Sénart ìbles ateliers intergénérationnels adultes-enfants ìbl’atelier Music for 18 Musicians avec le chorégraphe Sylvain Groud ìbl’atelier des 200 qui réunit durant un week-end près de 200 amateurs pour un stage intensif dirigé par plusieurs artistes de renom ìbun accompagnement des élèves et des étudiants à travers divers dispositifs d’envergure comme les options théâtre, les ateliers artistiques, les classes à projet artistique et culturel, les projets interétablissements, la résidence d’artistes en milieu scolaire, le cirque à l’école… en couverture Memento Vivere de Sylvain Groud chef de projet Benjamin Cachot coordination éditoriale Fabienne Arvers, Sophie Ciaccafava rédaction Fabienne Arvers, Philippe Noisette, Hervé Pons, Patrick Sourd directeur de création Laurent Barbarand maquette Nicolas Jan édition/secrétariat de rédaction Vincent Richard, Anne-Sophie Le Goff iconographie Maria Bojikian publicité culturelle Benjamin Cachot fabrication Virgile Dalier, avec Gilles Courtois impression, gravure, brochage Roto Aisne SN directeur de la rédaction Frédéric Bonnaud directeur de la publication Frédéric Roblot dépôt légal 3e trimestre 2015. Les Inrockuptibles est édité par Les Editions indépendantes, société anonyme au capital de 326 757,51 €, 24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, n° siret 428 787 188 000 21 © Les Inrockuptibles 2015. Tous droits de reproduction réservés. Supplément au n° 1033 du 16 septembre des Inrockuptibles. Ne peut être vendu. Ne pas jeter sur la voie publique 16 les inrockuptibles théâtre-sénart supp Sénart 10-16 ok.indd 16 08/09/15 12:50