MORTALITÉ DES PATIENTS PRÉSENTANT UN SYNDROME CORONAIRE ST+ PRIS EN CHARGE DANS LES 3 PREMIÈRES HEURES : Hôpitaux de Lyon et réseau RESCUe* Intervention du Dr Olivier CAPEL** C O M M U N I C AT I O N L es données relatives à la mortalité des patients présentant un SCA ST+ pris en charge dans les trois premières heures présentées par le Dr CAPEL proviennent du registre ESTIM-Rhône "qui concerne essentiellement le bassin de population autour de Lyon qui va de l’Ain jusqu’au Nord de l’Ardèche". Considérant que "le registre ESTIM est difficile à tenir en haleine en terme de dynamisme pour tous les intervenants", le Dr CAPEL explique qu’il a été décidé de l’arrêter au bout de 2 ans (2004 à 2005). "Pendant cette période, il y a eu 879 inclusions au total, validées et complètes. Six-cent-vingt-deux concernent des patients pris en charge dans les 3 premières heures (70 % des prises en charge) (figure 1A). Comme dans beaucoup de régions, le SAMU prend en charge la majorité des SCA (56 % à moins de 3 h) (figure 1B). En terme d’âges, les patients pris en charge au-delà de 3 h sont plus âgés alors que les patients qui viennent aux urgences ont plutôt une médiane d’âge autour de 57 ans et sont donc plus valides." Pour ce qui est des délais médians douleur-première technique de reperfusion, la prise en charge pour une thrombolyse seule à un temps médian autour de 1 h 50 alors que l’angioplastie associée à une TPH est approximativement dans le même créneau horaire. L’angioplastie primaire a un temps médian de prise en charge autour de 3 h. Dès qu’on est au-delà de 3 h du début de la douleur, le délai médian douleur-première technique de reperfusion augmente de façon importante pour l’angioplastie puisqu’elle concerne tous les patients venant de loin, du Nord de l’Ardèche ou de l’Ain, en plus des patients pris en charge plus tardivement c'est-à-dire au-delà de la 6e, voire de la 12e heure (figure 2). En ce qui concerne l’orientation des patients après la prise en charge initiale, "on peut être assez satisfaits puisque la majorité des patients sont pris en charge par le SMUR et vont directement en service de cardiologie interventionnelle. Par ailleurs, les urgences adressent très facilement les patients au service de cardiologie interventionnelle (figure 3)." Le Dr CAPEL note cependant un point "plutôt péjoratif" qui reste à améliorer : avant 3 h, c’est le patient ou un proche qui appelle dans 65 % des cas. Au-delà de 3 h, c’est le médecin généraliste qui dans 42 % des cas appelle le 15 et * 4e Journée Nationale ESTIM. Lyon, 20 octobre 2006. ** SAMU de Lyon pour les Hôpitaux de Lyon et le réseau RESCUe, Hôpital Édouart Herriot, 5 place d’Arsonval - F-69437 Lyon cedex 03. - 879 inclusions au total, dont 21 % de femmes. - 622 dans les 3 premières heures, dont 18 % de femmes, soit 70 % de toutes les prises en charge. Fig 1 : Un registre sur 2 ans (2004-2005). Fig 2 : Délais de prise en charge initiale. Délais médians douleur-1ère technique de reperfusion. La Revue des SAMU - Médecine d’Urgence - 2007 - 101 à 104 Fig 5 : Répartition des techniques de reperfusion en fonction de l'âge médian pour les PEC < 3 h. - Avant 3 h, l’appelant est le patient ou un proche (65 %) - Après 3 h, l’appelant est le MG dans 42 % des cas (22 % < 3 h). - Trop de médecins généralistes et de cardiologues adressent encore les patients aux urgences sans SMUR (12 % < 3h ; 31 % > 3h). Fig 3 : Cheminement des patients après leur PEC. Le chemin du patient vers la cardiologie est-il le plus court ? Fig 4 : Répartition des techniques de reperfusion en fonction du sexe pour les PEC < 3 h. seulement dans 22% des cas pour les patients pris en charge avant 3 h, ce qui explique pourquoi le délai augmente. "Enfin, il y a malheureusement encore trop de médecins généralistes et de cardiologues qui adressent les patients directement aux urgences sans SMUR : 12 % avant 3 h et 31 % après 3 h". En ce qui concerne la répartition en fonction du sexe, les femmes représentent 18 à 20 % de la population quelle que soit la technique de reperfusion (figure 4). L’âge médian des patients non reperfusés est de 76 ans, "ce qui n’est pas si âgé car à cet âge il s’agit généralement de candidats à des techniques de reperfusion" (figure 5). On constate également que l’absence de reperfusion augmente avec le temps et avec une prise en charge aux urgences en comparaison du SMUR. Dans les 3 premières heures, la thrombolyse est privilégiée dans les SMUR "comme le recommandent les Guidelines". L’angioplastie primaire ne représente que 19 % des prises en charge "mais Fig 6 : Mortalité - Répartition des lieux de décès. Pas de reperfusion Thrombolyse Angioplastie primaire Thrombolyse + angioplastie PEC < 3 h 26,09 % 6/23 11,54 % 12/104 10,92 % 18/119 3,60 % 10/278 PEC > 3 h 30,30 % 10/33 17,24 % 5/29 5,21 % 5/96 3,45 % 2/58 Fig 7 : Mortalité en fonction des techniques de reperfusion. progressivement et en fonction de l’augmentation des délais de prise en charge, c’est le pourcentage d’angioplasties primaires qui augmente". Quand on regarde la mortalité à 30 jours en séparant la prise en charge avant et après 3 h, on constate qu’elle est de 7,8% avant 3h et d’environ 10,2% après 3h. Concernant les lieux où décèdent les patients, le Dr CAPEL souligne que "la plupart des patients décèdent à l’hôpital et dans les services de cardiologie interventionnelle. Quelques patients décèdent en réanimation polyvalente dans les hôpitaux périphériques. Le La Revue des SAMU - Médecine d’Urgence - 2007 - 102 page de publicité pourcentage de décès pendant la prise en charge en SMUR est comparable à ce qui est habituellement constaté (figure 6)." On observe également un taux de mortalité beaucoup plus élevé en l’absence de reperfusion : 26 % pour les patients pris en charge avant 3 h et 30 % après 3 h. "Dans les 3 premières heures la thrombolyse et l’angioplastie primaire présentent à peu près le même taux de mortalité. Après 3 h, et conformément à la littérature, l’angioplastie primaire présente une mortalité moindre (5,21 % vs 10,92 %). Le taux de mortalité est très faible chez les patients ayant bénéficié d’une thrombolyse puis d’une angioplastie dans les 12 premières heures, d’environ 3 %, mais ce qui est surprenant c’est qu’il soit comparable avant ou après 3 h (figure 7)." CONCLUSION En conclusion, le Dr Capel souligne que "70 % des patients sont pris en charge moins de 3 h après le début de la douleur. En 2004-2005, il y a une association thrombolyse et angioplastie pour 40 % des patients. Avant 3 h, l’angioplastie primaire n’est pas supérieure à la thrombolyse en termes de mortalité. Mais – conformément à la littérature – l’angioplastie primaire semble supérieure après 3 h. La mortalité, qui tourne autour de 3,5 % pour la stratégie combinée avant comme après 3 h, est surprenante et même encourageante, et ses conséquences méritent d’être approfondies et discutées avec les cardiologues." RS ◆ ◆ ◆ La Revue des SAMU - Médecine d’Urgence - 2007 - 104