Nutrition et cicatrisation

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NUTRITION ET CICATRISATION
DU Plaies et cicatrisation 2013-2014
Dr FAYOLLE-PIVOT
Laure BONNET- diététicienne
1. LA CICATRISATION
PROCESSUS DE CICATRISATION
•
Plaie: incision ou lésion traumatique
–
Cascade de réactions biologiques
– Réparation des tissus endommagés
– Accumulation de collagène: cicatrice
•
Cicatrisation normale :Processus complexe
–
1. phase vasculaire et inflammatoire: détersion de la plaie
– 2. réparation tissulaire: épithélialisation de la plaie
collagène : élément-clé dont la synthèse est dépendante:
•
•
•
•
•
–
Hormones corticostéroides,
vitamines (A, D,C)
oligoéléments (fer, cuivre),
oxygène,
proline (apports exogène, production endogène à partir de l’arginine)
3. remodelage de la matrice extracellulaire et maturation de la
cicatrice

Destruction

Réépithélisation
Prolifération
Maturation
PROCESSUS DE CICATRISATION
Cicatrisation: processus complexe
 Toute anomalie dans une des étapes: retard de
cicatrisation


Place importante facteurs métaboliques et
nutritionnels

Autres facteurs:
Stress
 Pathologies associées: IRC, déficit immunitaire,
troubles vasculaires, troubles coagulation
 Hypoxie
 Tabagisme

CONSÉQUENCES MÉTABOLIQUES D’UNE PLAIE
•
Agression tissulaire
–
Réaction inflammatoire locale
•
•
•
Détersion
Déclenchement processus de cicatrisation
Modifications métaboliques:
–
Hypercatabolisme
– Apports nutriments nécessaires:
–
–
–
acides gras,
glucose,
acides aminés
Même en l’absence d’apports exogènes
– Priorité biologique au niveau de la plaie
–
2. ACTEURS NUTRITIONNELS DE LA
CICATRISATION
INTRODUCTION

Cicatristion nécessite des apports nutritionnels
Quotidiens
 Équilibrés
 Suffisants


Restriction de 60% des AJR
anomalie du collagène en 7 jours
Baisse production collagène en 4 mois
LES GLUCIDES: 4 KCAL/G

Indispensable à la cicatrisation comme source énergétique
pour la réponse inflammatoire.
BESOINS: 50 à 55% des AET

Dépense énergétique d’autant plus grande que la plaie est
étendue
LES LIPIDES : 9KCAL/G
•
Acides gras n-3
– Réponse anti-inflamatoire
– Réponse immunitaire
– Formation des membranes cellulaires, qualité de la
peau
– Apport insuffisant: carence vitamines liposolubles
BESOINS: 20 à 30% des AET
L’apport recommandé en huile de poisson est de 0,15 à
0,20g/Kg/24h
LES PROTEINES: 4KCAL/G
•
•
•
1g d’azote = 6.25g de protéines
Carence en protéines:
– affecte toutes les phases de la cicatrisation
Hypoalbuminémie:
– œdème tissulaire
hypoxie
BESOINS: 15 à 25% des AET
L’apport recommandé est de 0,20 à 0,25g N/Kg/24h
ou 1,2 à 1,5g de Prot/Kg/24h
LES PROTEINES SPÉCIFIQUES

LA GLUTAMINE:


Substrat des cellules à renouvellement rapide
 AE (1) : actuellement pas suffisamment d’études
(2) : Dipeptiven ® 13,46 g GLN/100ml
 AP
L’ARGININE:
Rôle dans l’immunité
 Métabolisme protéique
 Synthèse du collagène précurseur proline
 AP: Nutrilamine ®
 AE : Impact ® 6,2g Arg/500ml


ALPHA-CETOGLUTARATE D’ORNITHINE:
Effet positif sur la cicatrisation
 Augmente la vitesse et la qualité de cicatrisation
 AO (3) : Cetornan ® 10g/24h

(1): Alimentation Entérale
(3): Alimentation Orale
(2): Alimentation Parentérale
LES VITAMINES (1)
Tout déficit peut s’associer à un retard de
cicatrisation

VITAMINE A:
 Nécessaire à la réépithélialisation
 AO: 25 000 UI/24h
 Recommandé pour les plaies sévères ou les traitements
corticoïdes
 Nota: pas d’études randomisées

VITAMINE B:
 Hydratation de la peau
 Métabolisme des glucides dans la cicatrisation (B5)

VITAMINE C:
 Le déficit entraine:
• Baisse de synthèse du collagène
• Augmentation de la fragilité capilaire
• Augmentation du risque d’infection
LES VITAMINES (2)

VITAMINE K:


Déficit :risque hémorragique
VITAMINE E:
Propriétés anti oxydantes
 Maintien de l’intégrité des membranes cellulaires
 Intérêt discuté


VITAMINE D:
Chez les patients brûlés : carence sévère car synthèse de cette
vitamine par la peau
 AO: dès le 2e mois: 400 U.I./j

LES OLIGO-ÉLÉMENTS
Les oligo-éléments permettent de renforcer les
défénses anti-oxydantes

LE ZINC:




LE CUIVRE:



Cofacteur nombreux enzymes impliqués dans la synthèse protéique
Carence: troubles dans la cicatrisation
Apport en IV (1) : 3,2 à 6,2 mg/24h
Responsable de la maturation du collagène
Apport IV: 0,3 à 1,3 mg/24h
LE CHROME:



Incorporation d’AA dans les protéines
Déficit :négativiation de la balance azotée
Apport IV: 10 à 20 µg/24h
BESOINS ÉNERGÉTIQUES: ADULTE (1)

Calcul selon la formule de HARRIS et BENEDICTE (1)

Dépense Energétique de Repos
La D.E.R. normale est de:
30Kcal/Kg/24h pour l’homme
25Kcal/Kg/24h pour la femme
BE = D.E.R. x (fact. Activité) x (fact. Renutrition) x (fact. Stress)
Avec: Fact. Activité:
Alité: 1,1
Non alité: 1,2
Fact. Renutrition: 1,2
Fact. Stress:
Chirurgie réglée: 1,1 à 1,2
Inflam. Tube digest: 1,2
Fièvre: 1,1 /degré >37°
Fracture: 1,1 à 1,3
Sepsis: 1,3 à 1,6
Sida: 1,6
Brûlé: 1,5 à 2,1 selon la Surface Corporelle Brûlée (SCB)
(1):
•
D.E.R: Homme= 66,4730 (13,7516 X P)+(5,0033XT)-(6,755XA) en Kcal/jour
D.E.R: Femme= 655,0955+(9,5634XP)+(1,8496XT)-(4,6756XA)
avec P: poids, T: taille et A: âge
BESOINS ÉNERGÉTIQUES: ADULTE (2)

Apport de base: 30 Kcal /Kg/24h

En situation catabolique: jusqu’à 40 Kcal /Kg/24h

Besoins en protéine: 0,8 à 1,5g/Kg/24h

Besoins en azote: 130 à 250 mg/Kg/24h
Le rapport entre apport azoté et
calorique doit être optimal:
1g N/200Kcal G.L. chez les dénutris chroniques
1g N/100 à 125 Kcal G.L. chez les patients agressés
3. CONSÉQUENCES DE LA
DÉNUTRITION SUR LA CICATRISATION
CONSÉQUENCES DE LA DÉNUTRITION SUR LA
CICATRISATION
•
Carences protéino-énergétiques: altération de
toutes les phases de la cicatrisation
–
Prolifération fibroblastes
– Angiogénèse
– Synthèse et remodelage du collagène
•
•
•
Altération de la phagocytose: risque infection
Postopératoire: lachage de sutures
+++ si malnutrition aigue ou chronique préexistante
CONSÉQUENCES DE LA DÉNUTRITION SUR LA
CICATRISATION
Déficit vit A: réponse inflamatoire inadaptée
 Excès vit A : répons inflammatoire escessive
 Déficit vitamine C: fragilité- risque infectieux
 Carence en vitamine K : saignements, hématomes
 Carences oligo-élements: retard cicatrisation

CONSÉQUENCES DE LA DÉNUTRITION SUR LA
CICATRISATION
Vérification des apports et
supplémentation nutritionnelle
Plaies aigues, chirurgicales,
 escarres,
 ulcères de jambe…

4. EVALUATION DE L’ÉTAT
NUTRITIONNEL
MESSAGES CLEFS
 Chez
tout patient porteur de plaie :
Penser à l’existence d’une dénutrition ou risque
de dénutrition
 Fréquent: 20 à 40% patients hospitalisés
 Long séjour: 40 à 80%
 Procéder à la renutrition ou maintenir bon état
nutritionnel
 Réévaluer régulièrement

1. REPÉRER LES POPULATIONS À RISQUE
 Terrain
 Agée
 Démunie
 Suivant un régime alimentaire
strict
 Antécédents médicaux
(cancer, MICI, trouble
hormonal, IC, IR….)
 Traitements en cours
 Usage de stupéfiant
 Tabac, alcool
 Signes fonctionnels:
 Diminution de la capacité
d’effort
 Évaluation de prise
alimentaire
 Examen clinique:
 Cheveux
 Peau
 Bouche
 Ongles
 Fonctions musculaires
 Oedèmes
2. DÉNUTRITION ANTÉRIEURE

Pour toute agression
•
•
•
Intervention chirurgicale
Traumatisme
Infection
hypermétabolisme + réaction catabolique.

La dénutrition entraine:
•
•
Une perte de masse cellulaire active
Une perte de masse musculaire

D’autant plus intense que l’agression est sévère et
prolongée.
CONSÉQUENCE D’UNE DÉNUTRITION
ANTÉRIEURE
Taux de mortalité X 4
 Infections nosocomiales X 2.5
 Durée de séjour X 30

2 TABLEAUX MAJEURS DE DÉNUTRITION

Forme marasmique pure:
 Carence équilibrée: P inférieur à 80% P idéal
 Carence énergétique

Forme hypoalbuminémique de malnutrition protéinoénergétique (Kwashiorkor)
 Carence protéique
3. POIDS – TAILLE
1er signe de dénutrition: amaigrissement
Le poids est rapporté à la taille² pour calculer l’IMC (1)
ou l’indice QUETELET
Classification
IMC en kg/M2
Risque de
comorbidités
Dénutrition
Inf à 18.5
Augmenté
Valeur de
référence
18.5 à 25
Sur-poids
25 à 30
Légèrement
augmenté
Obésité
Sup à 30
Augmenté
4. EVALUATION BIOLOGIQUE DE LA
DÉNUTRITION

ALBUMINE: 35 à 45 g/litre
Temps de demi-vie: 20 jours
Permet d’évaluer l’état nutritionnel à long terme

PRE-ALBUMINE ou TRANSTHYRETINE
Identification pour un support nutritionnel avant intervention
PRE-ALBUMINE: 0,20 à 0,35 g/litre
Temps de demi-vie: 2 jours
Marqueur précoce de la renutrition
5. INDEX MULTIFACTORIELS

Minimental Assessment : personne agée
5. POPULATIONS PARTICULIÈRES
LA PERSONNE AGÉE

Vieillissement:
Métabolisme ralenti
 Anabolisme protéique postprandial déficitaire

Optimisation par apports protéiques concentrés sur
un repas
 Terrain:

Poly-pathologie: polymédicamentation
 Perte goût et odorat
 Diminution des apports alimentaires
 Suivi trop strict des prescriptions restrictives

CICATRISATION CHEZ LA PA

Troubles +++ du fait des pathologies associées
Diminution de la réponse inflamatoire
 Diminution de la prolifération des fibroblastes
 Diminution de la synthèse du collagène : cicatrice moins
visible, moins de chéloides
 Épithélialisation retardée


Evaluation nutritionnelle+++ , supplémentation
ESCARRE

12% de la population
hospitalisée
(enquête prévalence HEH 2006)
Gériatrie
Médecine
Réanimation
Autre
LE DIABÉTIQUE

Retard de cicatrisation+++
 Hyperglycémie: altération des fonctions
leucocytaires
 Majoration risque infectieux
 Hypoxie cutanée
 Altération fibres neurovégétatives
 Lésions système sympathique
 Altération parois vasculaires
SURPOIDS ET OBÉSITÉ
Risque accrue de complications postopératoires
 Dénutrition en situation d‘agression: grave,
fréquent, peu connu

Perte de poids rapide + hypo albuminémie =
dénutrition aiguë
Prise en charge nutritionnelle active même si l’IMC
≥ normal
Niveau calorique calculé avec 25 < IMC<30
6. RECOMMANDATIONS PRATIQUES
1. RECONNAITRE LE PATIENT DÉNUTRI
2. RENOURRIR AVANT INTERVENTION

Après diagnostic de dénutrition
Evaluation
des ingestas
Ingesta=
besoins
nutritionnels
Ingesta= 2/3
besoins
Ingesta < 2/3
besoins
Alimentation
orale
habituelle
Alimentation
orale
habituelle +
CNO
Nutrition
artificielle
Entérale ou
parentérale
Surveillance
des ingesta
Surveillance
des ingesta
7.TRAITER LA DÉNUTRITION
QUANTIFIER LES BESOINS NUTRITIONELS

En pratique:
Degré
d’hypermétabolisme
Protéines en %
du basal
(0.75g/kg)
BE en % de la DER
calculée à partir du
poids normalisé
Kcal/n
Absent
1-1.33
0.8-1
140
Modéré
1.33-1.66
1-1.2
140
Sévère
1.66-2
1.2-1.4
140
COMMENT NOURRIR LE PATIENT
Alimentation orale adéquaté
80% des besoins
Sinon:
Privilégier la voie orale +++
optimiser sans augmenter les proportions
Augmenter la charge énergétique et protéique:
Poudre de lait
Poudre de protéine Protifar®
Augmente les apports>40%
Oeuf, gruyère, vache qui rit®,…
Supplémenter par voie orale différents produits:
Liquides, crèmes, soupes
Qui apportent de 1,5 à 2 Kcal/ml et 8 à 20g de protéine/portion
COMPLÉMENTS NUTRITIONNELS
EN CAS D’ÉCHEC
Recours à l’alimentation artificielle
 Indication selon:

État utritionnel du patient
 Niveau des ingesta (inf à 50% plus de 7 jours)
 Besoins nutritionnels (pertes)


Voie entérale+++
CAS PARTICULIER: L’OBÈSE:
L’alimentation sera



Pour limiter les complications:





Hypocalorique
Hyperprotidique
Hyperinsulénisme
Hyperglycémie
Hypertriglycéridémie
Et couvrir les pertes azotés
Apport calorique :
Hypocalorique 50% de la Dépense Energétique calculée
sur le poids réel

Hyperprotidique: 1,5 à 2g de P/Kg/24h calculé sur le poids ajusté
Apport calorique : 20 Kcal/Kg/24h
CAS PARTICULIER: L’ENFANT

AET de l’enfant sévèrement agressé
100 Kcal/kg/24h
1 an et moins
80 Kcal/kg/24h
3 ans
50 Kcal/kg/24h
5 ans
30 à 40 Kcal/kg/24h
Au-delà de 10 ans
Apport prescrit sous forme mixte entérale+++ et
parentérale selon la tolérance clinique
 Surveillance clinique +++: évolution locale,
cicatrisation

CONCLUSION
Efficacité de la nutrition essentiellement appréciée
par l’examen clinique du patient
 Rapidité de la cicatrisation dépendant d’une bonne
assistance nutritionnelle


Merci de votre attention
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