Dr David Boutoille Maladies Infectieuses et Tropicales CHU de Nantes 1 Plan 1. Définition 2. Epidémiologie 3. Histoire naturelle de la maladie 4. Diagnostic 5. Prévention 6. Traitement 2 1- Définition Infection due aux bactéries du complexe Mycobacterium tuberculosis : - M. tuberculosis : de loin la plus fréquente - M. bovis : fréquente autrefois par ingestion de produits laitiers non pasteurisés - M. africanum 3 Historique Maladie aussi vieille que l’humanité. 1 décès sur 7 au 19ème siècle (1 sur 4 dans les villes). Découverte du bacille tuberculeux par Robert Koch en 1882. 4 Le bacille de Koch 5 2- Epidémiologie 6 Tuberculose dans le monde Taux pour 100 000 habitants: ♦ Plus de 300 cas ♦ 100 à 300 cas ♦ 50 à 99 cas ♦ 25 à 49 cas ♦ 10 à 24 cas ♦ 0 à 9 cas 9,2 millions de nouveaux cas par an. 2 million de décès par an. 2ème cause de décès par maladie infectieuse. 7 En France… 8 Incidence annuelle de 8,9/100 000. 9 10 50 % des cas surviennent chez des personnes nés en France, 50 % chez des personnes d’origine étrangère. 11 Chez les personnes nées en France, l’incidence augmente avec l’âge. 12 Chez les personnes issues de l’immigration, il s’agit d’une maladie du sujet jeune : rôle de la précarité… 13 Mortalité : 10 à 15 % des cas en France. 14 Personnes à risque élevé Personnes nées dans une zone d’endémie. Personnes vivant en situation de précarité. Résidents de certaines collectivités (maisons d’arrêt, foyers). porteuses d’une immunodépression cellulaire (VIH, anti-TNFα, corticoïdes…). Personnes âgées. Personnes 15 3- Histoire naturelle de la maladie 16 Transmission Aérienne : à l’occasion de toux, éternuement, voire parole. Survie de la bactérie dans l’environnement du malade sous forme de particule désséchées, aisément remises en suspension. Inhalation par le sujet-contact. Seules les formes respiratoires sont contagieuses (pulmonaires, laryngées). 17 Pathogénie Progression du bacille alvéoles pulmonaires. jusqu’aux Puis : - Soit élimination : 90 % des cas. - Soit persistance dans l’organisme mais contrôle par l’immunité = tuberculoseinfection (tuberculose latente). Soit évolution vers la tuberculosemaladie : 5 % dans les deux ans qui suivent, et 5 % le reste de la vie. 18 Primo-infection Le plus souvent asymptomatique : découverte habituellement lors de l’enquête autour d’un cas, et affirmée dans ce cas par le virage de l’IDR ou du testinterferon. Rarement, signes cliniques : Fièvre modérée Altération minime de l’état général Encore plus rarement : érythème noueux, pleurésie sérofibrineuse, kérato-conjonctivite phlycténulaire 19 Délai entre primo-infection et tuberculose-maladie Entre un contage et l’évolution éventuelle vers une tuberculose-maladie : au moins 3 mois. d’où le délai entre les deux consultations lors d’une enquête autour d’un cas. Pas de contagiosité pendant cette phase. 20 Tout contact avec un tuberculeux contagieux n’entraîne pas forcément de contamination… Dépend de : Quantité de bacilles rejetés dans l’air par le malade (toux, anomalies radiologiques..) Fréquence des contacts Etroitesse des contacts 21 Toute inhalation de bacilles n’entraîne pas une tuberculosemaladie… Dépend de la capacité des défenses immunitaires du sujet- contact à circonscrire la maladie. 90 % des personnes exposées ne font jamais la maladie. 22 Au stade de tuberculose latente (tuberculose-infection) Pas de symptômes… Examens bactériologiques inutiles. Aucun risque de contagion. Dépistage par les tests indirects (IDR, test-interféron). 23 La tuberculose-maladie 24 Diffusion dans l’organisme Le bacille de Koch peut ensuite diffuser dans l’organisme et toucher n’importe quel organe (os, cerveau, ganglions…). Mais la forme pulmonaire est la plus fréquente : 70 % des cas. 25 Symptômes généraux Parfois discrets. Altération état général : amaigrissement, asthénie, anorexie. Fièvre plus ou moins élevée inconstante. Sueurs nocturnes. 26 Symptômes pulmonaires Signes d’intensité variable, parfois très discrets. Toux prolongée (> 3 sem), résistante aux antibiotiques habituellement utilisés en pathologie respiratoire. Expectoration plus ou moins sale. Hémoptysies parfois. Dyspnée parfois. Douleurs thoraciques parfois. 27 Evolution en l’absence de traitement d’une tuberculose-maladie 50 % de mortalité dans les cinq ans. 25 % de formes chroniques (qui restent contagieuses pour les formes respiratoires). 25 % de guérisons spontanées. 28 4- Diagnostic 29 Diagnostic de la tuberculosemaladie 30 Signes radiologiques : peuvent être évocateurs Caverne Mais pas toujours aussi évocateurs… 31 Localisation évocatrice : les sommets pulmonaires. 32 Confirmation diagnostique = bactériologique Mise en évidence de la bactérie au niveau du foyer infectieux. Pour les formes respiratoires : Crachats Tubages gastriques Prélèvements sous fibroscopie 33 Crachats 3 jours de suite, en privilégiant les crachats matinaux (avant le drainage physiologique des bronches). Masque FFP2 pour le soignant. S’assurer qu’il s’agit de crachats et non de salive. Faire réaliser par le kiné si difficultés pour cracher. 34 Tubages gastriques 3 jours de suite. Masque FFP2 pour le soignant. Le matin, à jeûn, avant le lever (pour éviter la vidange gastrique). Les bacilles sont acido-résistants : ils s’accumulent dans l’estomac la nuit et résistent à l’acidité gastrique. Pour les patients qui ne crachent pas. 35 Analyse bactériologique Examen direct au microscope : si positif = nombreux bacilles = patient très contagieux (bacillifère). Culture pendant six semaines (les bacilles de Koch mettent entre 7 et 21 jours en moyenne à pousser, maximum 40 jours). 36 Diagnostic de la primo-infection ou de l’infection latente (tuberculose-infection) 37 A ce stade, il n’y a pas de lésions. Il n’y a donc pas de diagnostic bactériologique. Diagnostic indirect : IDR Tests interferon 38 Intradermo-réaction (IDR) Principe : injection intradermique de tuberculine. Teste la réaction d’hypersensibilité retardée à cet antigène. Si positif : contage tuberculeux Ou vaccination : car croise avec le BCG !!! 39 IDR : principe Injection 0,1 ML face externe avantbras, biseau vers le haut. Obtenir un aspect en peau d’orange. 40 Lecture de l’induration transversale (et pas seulement de l’érythème) à 72 h. 41 Interprétation de l’IDR Sujet non vacciné : IDR ≥ 10 mm = soit tuberculose latente, soit tuberculose-maladie. Sujet vacciné depuis moins de 10 ans : ininterprétable. Sujet vacciné depuis plus de 10 ans : dans 90 % des cas, IDR ≥ 10 mm = soit tuberculose latente, soit tuberculosemaladie. Virage tuberculinique (primo-infection) = augmentation du diamètre d’au moins 10 mm entre deux tests. 42 Interprétation de l’IDR En pratique, l’interprétation est donc difficile. Seule situation cadrée : la découverte d’un virage de l’IDR lors d’une enquête autour d’un cas. 43 Tests interféron (ELISpot*, Quantiferon*) Principe : cette fois, on teste la réponse des lymphocytes T de l’individu à des antigènes spécifiques de M. tuberculosis. Si les lymphocytes T du patient ont déjà été en contact avec le bacille tuberculeux, ils produisent de grandes quantités d’interferon. Ne croisent pas avec le BCG. 44 Tests interféron (ELISpot*, Quantiferon*) Réalisés sur un prélèvement sanguin. Pas de possibilité de dater le contage sauf si précédent examen négatif connu. Ne différencient pas la tuberculose-maladie de la tuberculose latente. 45 5- Prévention 46 Vaccination : BCG Efficacité : 80 % pour les formes disséminées et les formes méningées de l’enfant. 50 % pour les formes pulmonaires de l’adulte. L’efficacité baisse avec le temps. 47 BCG : cadre réglementaire (2007) Obligation vaccinale pour les enfants suspendue en 2007. Reste fortement recommandé pour : Enfants nés en zone de forte endémie. Enfant dont l’un des parents est originaire d’un de ces pays. Enfants devant séjourner au moins 1 mois dans un de ces pays. Enfants résidant en Ile-de-France ou Guyane. Milieu socio-économique précaire 48 BCG : cadre réglementaire (2007) Reste obligatoire pour les personnels de santé. 49 En pratique… Possible dès le premier mois de vie. Difficile chez le petit enfant : nécessite une injection intradermique de BCG. Nécessite un médecin entrainé, pour éviter au maximum les BCG-ite localisées. Suppuration locale discrète et transitoire fréquente. Anormalement importante et prolongée dans 1 cas sur 1000 (guérit sous traitement local ou systémique de rifampicine). 50 Prévention en milieu de soin 51 Prévention de la transmission aérienne Isolement respiratoire : Comment? Chambre seule ; limiter les sorties (et avec masque) Porte fermée ; ± pression négative (quand le service est équipé…) Ventilation : évacuation de l’air vers l’extérieur sans re-circulation 6 renouvellements horaires minimum Visites réduites Port d’un masque de protection (visiteurs et soignants) FFP1 Pas de manœuvres induisant la toux Aérosols, kinésithérapie, expectoration induite, fibroscopie 52 Place des masques dans la prévention de la tuberculose LE PORT DE MASQUE = un élément parmi les mesures d’isolement respiratoire Deux indications du masque Port par le personnel et les visiteurs : protection individuelle visant à réduire l’inhalation d’aérosols vecteurs de BK Port par le patient : protection de l’environnement des gouttelettes émises par le patient (lors de déplacement en dehors de la chambre) 53 Les masques « chirurgicaux » : objectif Barrière : piège les gouttelettes émises lors de l’expiration par le soignant Porté par le patient Protection du personnel, des autres patients 54 Les masques de protection respiratoire (FFP) : objectif Limiter l’inhalation d’aérosols de particules et gouttelettes en suspension dans l’air Protection du soignant ou du visiteur Au moins FFP1, FFP2 pour les gestes à risque (tubages, aspirations,…) 55 Durée de l’isolement Dès qu’il y a suspicion. Si cas confirmé : au moins 2 à 3 semaines, sous réserve d’une nette amélioration sous traitement (disparition de la toux et de la fièvre). Contrôle BK avant levée isolement si évolution non favorable. Levée de l’isolement si examens directs négatifs, en l’absence de contexte clinique et d’images radiologiques fortement évocateurs (cavernes…). 56 Dépistage autour d’un cas Déclaration obligatoire ARS (Agence Régionale de Santé). Se coordonne avec le CLAT (Centre de Lutte Anti- Tuberculeuse), qui assure les investigations. Définissent les cas-contacts. Assurent le dépistage d’éventuelle tuberculose-maladie parmi les contacts : clinique, RP, IDR ou test interféron. 2 consultations à 3 mois d’intervalle. 57 En pratique : déclaration obligatoire Se fait auprès d’un médecin de l’ARS, soit par téléphone, soit par un formulaire de déclaration (téléchargeable sur internet). 58 Traitement des cas-contacts Pas systématique. Traitement préventif si : Enfants et adolescents < 15 ans. Immunodéprimés. adultes avec IDR ≥ 15 mm ou test-interféron positif. Dans l’entourage d’un patient bacillifère. 59 6- Traitement 60 Traitement curatif 6 à 9 mois dans les formes pulmonaires. Association : Isoniazide + Rifampicine + ethambutol + pyrazinamide 2 mois Puis isoniazide + rifampicine 4 à 7 mois. Suivi rapproché car : Problèmes d’observance Problèmes de tolérance : hépatiques (isoniazide, rifampicine, pirazinamide), visuels (ethambutol) 61 Traitement préventif Soit isoniazide 6 mois. Soit isoniazide + rifampicine 3 mois. 62 Merci de votre attention… 63