Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 170 259 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Gravante Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA 28 avril 2014 – No 631 © Plurality Presse S.A., 2014 Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] www.toutemploi.ch Ça coule de source Depuis un ou deux ans, on parle «mooc» à tout bout de champ, dans les Universités: «massive open online course»… bref, l’apprentissage en ligne, même si c’est «bien plus que ça» (voir par exemple emoocs2014. eu, eduhub.ch, openeducationeuropa.eu, go-lab-project.eu, ocean-flots.org, coorpacademy.com, franceuniversite-numerique.fr, openuniversity.edu, cnam.fr, cned.fr, udemy.com, learnrev.com; «Bilan» du 5 février et France Inter le 7 novembre). Pourquoi ce brusque réveil, alors que les moyens techniques sont vieux comme le Web, et même comme la radio? «J delirenstock.com e sème à tout vent» fut la devise du plus célèbre des éditeurs: un esprit fertile a-t-il besoin de graines, de limon, de soleil et d’eau, tout comme un champ? En tout cas, pas d’un déluge; or le Web nous a noyés de savoir: n’est-il pas en soi un «massif cours ouvert en ligne»… si massif qu’on ne sait plus où est l’avant et l’arrière, ni le haut et le bas? En y ajoutant dix mille sources d’enseignement supérieur • Pêche scientifique et miraculeuse: la première est bien sèche (dont mille en Europe: voir eua.be), ne va-t-on pas faire alors des 9999 Universités leines à bord. En comparaison tuer jusqu’à la dernière pousse, aux «moocs» de second choix, des médias qui ont pris l’eau, les bateaux académiques sont enet emporter tous les ponts? A quand le premier aura gagné? core à l’abri de la concurrence moins que «l’enseignement su«massive» du Web: ils vendent périeur» veuille à propos mon- Retrouver la pêche des billets pour le mont Ararat trer le haut… cacher le bas… en ligne des diplômes d’Etat, voire pour le oublier le derrière pour aller de l’avant. C’est sans doute ainsi On dira que si le Déluge noie le Paradis. Mais d’audacieux entrequ’on voit les choses depuis le blé, on peut pêcher le poisson, preneurs construisent des tours Ciel (voir ciel.unige.ch). Mais les et c’est ainsi que les médias encore plus hautes (comme en dieux ne sont pas partageurs… – tels Jonas se prenant pour Inde, l’humble Sardar Patel vise il n’en reste qu’un à la fin: que Noé – ont voulu hisser des ba- plus haut que le royal Taj Mahal): toUt l’emPloI & FormatIoN • No 631 • 28 avrIl 2014 Telefonica, l’opérateur télécom d’Espagne, est en train de coloniser en ligne l’Amérique Latine (telefonicalearningservices.com). Mais à l’inverse de Wikipedia, ce savoir en ligne n’est pas tout à fait «collaboratif», et reste donc un peu «élitiste»: le mot fétiche de Patrick Aebischer (epfl.ch) est «branding», alors que Célya Gruson-Daniel (hackyourphd. org) craint que les moocs soient au service du prestige. Coursera (.org) a beau être une société commerciale, elle fédère surtout des Universités (dont l’Unige et l’EPFL), plus la Banque Mondiale, la National Geographic Society, et seuls deux ou trois musées et aucune bibliothèque (pourtant tous deux jadis, grandes écoles du dimanche), plus un curieux Exploratorium. Graham Holdings Company – fleuron des médias il y a peu: «Newsweek» et le «Post» - s’est diversifiée dans la formation en ligne. La science est-elle canon? Mais on peut faire tous les tours de passe-passe qu’on veut, les 47 «moocs» sont pris entre deux dangers, la «laroussisation» et la «penguinisation». Voyons les choses sous trois angles: les sciences dures, les molles, et la médecine… sinon les arts. Même avant le Web, on trouvait nombre de manuels de chimie ou de maths (par exemple) en librairie; et même des exercices corrigés. Mais, en gros, c’était le même cours… style pédagogique mis à part; de temps en temps, on donnait un coup de jeune, à Berkeley ou au Caltech, et ce manuel devenait la • f o r m at i o n référence en physique, comme le Larousse, en français. A l’inverse, le monde de l’édition – de Gallimard à Penguin – est voué aux romans ou aux essais: bref, de l’art au sens large… et c’est une possible définition de l’art, même quand le sujet est «scientifique». Au cent-cinquantenaire de la Société des Arts, le jeune historien des sciences Sylvain Wenger a d’ailleurs rappelé qu’avant les «temps modernes», la science était faite par des touche-à-tout, mi-artisans, mi-commerçants. Qui aboie et qui blatère? En clair, pour les sujets «durs», le monde académique risque bientôt de se réduire à un simple cours standard. Quant aux sujets «mous», Rousseau n’était pas plus prof que Stanley ou Hugo. Ce n’est pas sans raison que les médias relèvent du secteur privé, des télés mises à part. Reste le savoir du troisième type: «artisanal» - comme la médecine (voir ghf.globalhealthforum.net) – où le savoir-faire compte autant • f o r m at i o n que le savoir su. Mais là aussi, on retrouve les deux impasses: pour les «best practices», un site suffit… et pour la «cuisine», on ne compte pas les grains de sel. Un «mooc» peut-il changer cette loi: aux durs les dogmes, aux mous, le doute? Le doute envers les dogmes est certes un bruit de fond… que seuls les dogmatiques prennent pour des parasites. Du big-bang ne reste qu’un bruit diffus, mais qui en dit des choses. n Boris Engelson PUBLIRéDACtIOnnEL un enfant, des langues en suisse, le plurilinguisme définit ses habitants autant que ses lacs et ses montagnes. apprise tôt, une autre langue aide l’enfant à voyager et à s’ouvrir aux autres. A vec ses vingt-six cantons et ses quatre langues nationales, la Suisse est une terre multiculturelle riche, mais complexe. La langue est un enjeu à la fois économique et culturel, objet de toutes les attentions éducatives. Depuis plusieurs années déjà, de nombreux cantons harmonisent leur apprentissage et désormais dès l’école primaire, les enfants apprennent deux langues étrangères, une deuxième langue nationale et l’anglais. Une immersion précoce favorise une meilleure • apprendre dès son plus jeune âge... un atout compréhension au quotidien pour les enfants. avec son voisin romand, alémanique, italien, mais assure aussi à plus et permet à l’enfant une meilleure comlong terme la cohésion nationale. En plus préhension. Pour son identité comme pour de développer ses capacités relationnelles, l’équilibre familial, avoir deux univers n’est l’enfant une fois adulte aura, grâce à ce pas un handicap, mais une chance. S’en pripasseport linguistique, des opportunités ver serait le couper en deux, lui qui est après professionnelles sur l’ensemble du terri- tout, le fruit de deux histoires. Il ressentirait plus tard un manque, celui de ne pas pouvoir toire et au-delà. communiquer avec des grands-parents, des oncles, des cousins. En Suisse, la volonté En V.O. de promotion du bilinguisme peut se heurA la maison, dans un couple mixte, les pa- ter à des freins culturels. Les francophones rents doivent s’attacher à s’exprimer chacun ressentent parfois le sentiment de «germadans sa langue maternelle. Le modèle «une nisation», quand les régions alémaniques personne, une langue», évite les confusions vont choisir le français…après l’anglais. Outout l’emploi & formation • no 631 • 28 avril 2014 vert, tolérant, le plurilinguisme suisse est un patchwork interculturel qui résiste aux vents de la mondialisation sans couleur, ni odeur. Dès le berceau L’enfant est curieux de tout et son cerveau assimile les langues sans forcer. Avant même l’école et ses livres, il va trouver dans le jeu la motivation d’échanger avec ses petits camarades. «Cuisine, bricolage, préparation d’un spectacle, nous encourageons les enfants à pratiquer et à s’exprimer en anglais tout en s’amusant», confie Sarah Pralong, directrice de Key English School, à Genève et sur le canton de Vaud. Plus que de simples cours, l’accent est mis sur des activités qui rendent une langue vraiment vivante. Dès 3 ans, quelques heures par semaine, des parents exigeants misent sur cet apprentissage naturel pour donner à leurs enfants le goût des langues. En matière de bilinguisme, le talent n’attend pas le nombre des années. n François Jeand’Heur