Cours d’Algèbre II Prof. E. Bayer Fluckiger Bachelor Semestre 4 Corrigé du test 2 Exercice 1. (20 points) Soient G un groupe d’ordre 35 et E un ensemble de cardinal 19 muni d’une φ : G × E −→ E qui ne fixe aucun élément de E. Quel est le nombre d’orbites pour l’action φ ? action Solution. Soient k le nombre d’orbites pour l’action φ et x1 , · · · , xk un système de représentants des orbites de l’action de G sur E. D’après l’équation aux classes, on a 19 = |E| = k X |G · xi |. i=1 On sait que |G · xi | = |G : Stab(xi )|, donc |Gxi | est un diviseur de |G| = 35 pour tout i. Les diviseurs de 35 sont 1, 5, 7 et 35. L’action φ ne fixe aucun élément de E d’où |G·xi | = 6 1 pour tout i. Par ailleurs, G·xi ⊂ E d’où |G·xi | ≤ 19 < 35 pour tout i. Par conséquent, on a soit |G · xi | = 5 soit |G · xi | = 7 pour tout i. Soit n le nombre d’orbites pour l’action φ dont la cardinalité est égal à 5 et soit m le nombre le nombre d’orbites dont la cardinalité est égal à 7. Donc on a que 19 = 5n + 7m. La seule solution (n, m) ∈ N2 de cette equation est (1, 2). D’où le nombre d’orbites pour l’action φ est égal à k = n + m = 3. Exercice 2. (25 points) Soit G un groupe d’ordre 60 n’ayant aucun sous-groupe normal autre que {1G } et G. 1. Calculer le nombre de 5-sous-groupes de Sylow de G. 2. Montrer que G est isomorphe à un sous-groupe de S6 Solution. 1. Comme G est de cardinal 60 = 12 × 5 les 5-sous-groupes de sylow de g sont d’ordre 5. On utilise les théorèmes de Sylow qui affirment que le nombre n5 de 5-sous-groupes de sylow de G vérifie : – n5 divise ]G/5 = 12 i.e. n5 ∈ {1, 2, 3, 4, 6, 12} ; – n5 ≡ 1 mod 5 ; – l’action de G sur ses 5-sous-groupes de sylow conjugaison est transitive ; en particulier n5 ≥ 2 car G n’a aucun sous-groupe normal non trivial. Ces trois conditions ne peuvent être satisfaites simultanément que si n5 = 6. 2. L’ensemble E des 5-sous-groupes de Sylow de G est de cardinal 6. En particulier, le groupe S(E) des bijections de E est isomorphe à S6 . Se donner une action de G sur E équivaut à se donner un homomorphisme Φ : G −→ S(E). En particulier, l’action de G sur E par conjugaison implique l’existence d’un homomorphisme Φ : G −→ S(E) et donc d’un homomorphisme Ψ : G −→ S6 (puisque E −→ E g 7−→ S 7−→ gSg −1 S(E) et S6 sont isomorphes). Le noyau de Ψ est un sous-groupe normal de G. Par hypothèse, Ψ est donc soit injective soit égale à l’homomorphisme trivial. Le second cas n’est pas possible puisque Ψ est l’action de G sur E est transitive (d’après les théorèmes de sylow) et que n5 > 1. Exercice 3. (15 points) Montrer que tout groupe d’ordre 56 a au moins un sous-groupe normal non trivial. Solution. Soit G un groupe d’ordre 56, et np le nombre de p-sous-groupes de Sylow. D’après le troisième théorème de Sylow, on a – n2 ≡ 1 (mod 2) et n2 |7, c’est-à-dire n2 = 1 ou n2 = 7 ; – n7 ≡ 1 (mod 7) et n7 |8, c’est-à-dire n7 = 1 ou n7 = 8. Si n7 = 1, alors G a un unique 5-sous-groupe de Sylow. Ce groupe est un sous-groupe distingué d’après le deuxième théorème de Sylow. Supposons que n7 = 8. D’après de le troisième point de l’exercice 2 de la série 14, G contient 48 éléments d’ordre 7. De plus, si n2 > 1, alors G contient au moins 9 éléments d’ordre 2i avec 0 ≤ i ≤ 3. On en déduit que 9 + 48 ≤ |G| = 56, ce qui est une contradiction. Par suite, si n7 = 8, alors G a un unique 2-sous-groupe de Sylow, qui est distingué d’après le deuxième théorème de Sylow. Exercice 4. (20 points) Soient A un anneau et I un idéal bilatère de A. On note M2 (I) l’ensemble des matrices M ∈ M2 (A) dont les coefficients appartiennent à I. 1. Montrer que M2 (I) est un idéal bilatère de M2 (A). 2. On suppose maintenant que K est un corps. Montrer que tout idéal bilatère de M2 (K) est soit 0 0 0 0 soit M2 (K). Solution. 1. On a deux possibilités pour répondre à cette question. La première consiste à vérifier les conditions de la définition d’un idéal bilatère, à savoir que M2 (I) est un sous-groupe de M2 (A) stable par multiplication à gauche et à droite par les éléments de M2 (A). La seconde méthode consiste à remarquer que φ : M2 (A) −→ M2 (A/I) est un homoa b [a]I [b]I 7−→ c d [c]I [d]I morphisme d’anneaux de noyau M2 (I) puisque l’application A −→ A/I est un homomorphisme x 7−→ [x]I d’anneaux de noyau I : 0 a b a b0 [a + a0 ]I [b + b0 ]I φ + = c d c0 d0 [c + c0 ]I [d + d0 ]I = [a]I + [a0 ]I [c]I + [c0 ]I = φ φ a c b d a0 c0 b0 d0 a0 c0 [ab0 + bd0 ]I [cb0 + dd0 ]I b d [aa0 + bc0 ]I [ca0 + dc0 ]I [a]I [a0 ]I + [b]I [c0 ]I [c]I [a0 ]I + [d]I [c0 ]I = = = a c [b]I + [b0 ]I [d]I + [d0 ]I φ a c b d 0 a φ c0 +φ b0 d0 [a]I [b0 ]I + [b]I [d0 ]I [c]I [b0 ]I + [d]I [d0 ]I b0 d0 . En particulier M2 (I) est un idéal bilatère de M2 (A). 2. Soit J un idéal bilatère non nul de M2 (K). Soit M ∈ J une matrice non nulle. Supposons que M est de rang2. Par définition du rang d’une matrice, il existe deux matrices U, V ∈ 1 0 GL2 (K) telles que U M V = . En particulier, comme J est un idéal bilatère de M2 (K) et 0 1 1 0 M ∈ J, on a ∈ J. Dans ce cas, on a J = M2 (K). 0 1 Supposons maintenant que M est de rang il existe deux matrices 1. Pardéfinition du rang d’une matrice, 1 0 1 0 U, V ∈ GL2 (K) telles que U M V = . Par suite, on a ∈ J. On en déduit que 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 1 = ∈ J. Par conséquent on a 0 1 1 0 0 0 1 0 0 0 0 ∈ J. Dans ce cas, on a aussi J = M2 (K). 0 1 0 1 = 1 0 0 0 + Exercice 5. (20 points) Soit A un anneau commutatif factoriel. 1. Pour tout a, b ∈ A montrer l’existence de pgcd(a, b). 2. Plus généralement, pour tout idéal I non nul de A, montrer l’existence de pgcd(I) i.e. d’un élément d ∈ A tel que • d divise tous les éléments x ∈ I de I, et • si δ divise tous les éléments x ∈ I de I, alors δ divise d. 3. On suppose maintenant que pour tous x1 , · · · , xn ∈ A il existe u1 , · · · , un ∈ A tel que pgcd(x1 , · · · , xn ) = u1 x1 + · · · + un xn . Montrer que A est principal. Solution. On note P un système d’irréductibles de l’anneau factoriel A (i.e. un ensemble P d’éléments irréductibles de A tel que, pout tout élément irréductible q de A, il existe un unique p ∈ P et un unique u ∈ A∗ tels que q = up). Si a ∈ A est non nul et p ∈ P on note vp (a) l’exposant de p dans une décomposition de a en produit d’éléments irréductibles : Y pvp (a) a=u p∈P ∗ avec u ∈ A . 1. Soient a, b ∈ A. Alors a divise b si et seulement si vp (a) ≤ vp (b) pour tout p ∈ P. Par conséquent Y pmin{vp (a),vp (b)} est un pgcd de a et b. p∈P 2. En s’inspirant de la question précédente on pose vp (I) := min{vp (x) : x ∈ I, x 6= 0} ≥ 0 pour tout p ∈ P. Si x ∈ I est non nul, alors vp (x) = 0 pour tout p ∈ P sauf un nombre fini. En particulier, il n’existe qu’un nombre fini de p ∈ P tels que vp (I) 6= 0. On peut donc poser Y d := pvp (I) . p∈P Si x ∈ I est non nul, alors vp (d) = vp (I) ≤ vp (x) pour tout p ∈ P (par définition de vp (I)) et donc d divise x. Si c ∈ A divise tous les x ∈ I, alors vp (c) ≤ vp (x) pour tout p ∈ P et tout x ∈ I non nul. Dans ce cas on a donc vp (c) ≤ min{vp (x) : x ∈ I, x 6= 0} = vp (I) = vp (d) i.e. c divise d. Par suite, d est un pgcd des éléments non nuls de I. 3. On conserve les notations de la question précédente. On commence par montrer l’existence de x1 , · · · , xn ∈ I tels que d = pgcd(x1 , · · · , xn ). Si x ∈ I est non nul, alors il existe p1 , · · · , pr ∈ P deux à deux distincts tels que vp (x) 6= 0 si et seulement si p ∈ {p1 , · · · , pr }. En particulier, vp (I) = 0 si p ∈ / {p1 , · · · , pr }. Comme {vp (y) : y ∈ I, y 6= 0, vp (y) ≤ vp (x)} est fini, le minimum vp (d) = vp (I) = min{vp (y) : y ∈ I, y 6= 0} est atteint : il existe xi ∈ I tel que vpi (I) = vpi (xi ). On a alors d = pgcd(x1 , · · · , xr ). Par hypothèse, il existe donc u1 , · · · , ur ∈ A tels que d = u1 x1 + · · · + ur xr . Or tous les éléments xi sont dans l’idéal I, donc d ∈ I par définition d’un idéal. Par suite I est principal et engendré par d. Ainsi A est bien principal.