Tools for Practice est fièrement soutenu par l’Alberta College of Family Physicians (ACFP). L’ACFP est un organisme professionnel bénévole qui représente en Alberta plus de 3 800 médecins de famille, résidents en médecine familiale et étudiants en médecine. Établi il y a plus de cinquante ans, l’ACFP s’efforce d’atteindre l’excellence en médecine familiale grâce à des activités de sensibilisation, à la formation médicale continue et à la recherche en soins primaires. www.acfp.ca 6 janvier 2014 Antagonistes de l’aldostérone pour l’insuffisance cardiaque systolique : cela ne vient plus après coup Question clinique : Quel est le rôle des antagonistes de l’aldostérone chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque systolique chronique? Conclusion : Les antagonistes de l’aldostérone sont associés à une réduction de la mortalité et des hospitalisations chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque congestive (classe II à IV). L’effet bénéfique semble être comparable à celui des bêtabloquants ou des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA). Les patients qui présentent un risque d’hyperkaliémie doivent être suivis de près. Données probantes • Deux essais cliniques randomisés : o RALES1 : 1 663 patients présentant une insuffisance cardiaque de classe III ou IV ont été traités par les inhibiteurs de l’ECA et les diurétiques. Ils ont reçu de la spironolactone ou un placebo. Après 24 mois : Réduction statistiquement significative de ce qui suit : • Mortalité : 35 % pour la spironolactone et 46 % pour le placebo, nombre de sujets à traiter (NST)=10. • Hospitalisation due à une maladie cardiovasculaire : 32 % par rapport à 40 %, NST=12. Événements indésirables : • Gynécomastie et douleurs mammaires : 10 % pour la spironolactone et 1 % pour le placebo, nombre nécessaire pour obtenir un effet nocif (NNN)=11. • Hyperkaliémie grave (taux de potassium égal ou supérieur à 6 mmol/l) : aucune différence statistique. o EMPHASIS-HF2 : 2 737 patients atteints d’une insuffisance cardiaque de classe II ont été traités pour la plupart par les inhibiteurs de l’ECA et les bêtabloquants. Ils ont reçu de l’éplérénone ou un placebo. Après 21 mois : Réduction statistiquement significative de ce qui suit : Mortalité : 13 % pour l’éplérénone 13 % et 16 % pour le placebo, NST=34. • Hospitalisation due à une maladie cardiovasculaire : 22 % par rapport à 29 %, NST=15. Événements indésirables : • Augmentation de l’hyperkaliémie (plus de 5,5 mmol/l) : 12 % pour l’éplérénone et 7 % pour le placebo, NNN=22. • Aucune différence quant à la gynécomastie ou à l’insuffisance rénale. Deux méta-analyses ont constaté des résultats semblables3,4. • • Contexte • Les antagonistes de l’aldostérone se comparent favorablement à d’autres agents utilisés pour traiter l’insuffisance cardiaque congestive dont les taux de réduction relative du risque de mortalité sont les suivants : o Antagonistes de l’aldostérone1,2 : environ 25 %. o Bêtabloquants5 : environ 29 %. o Inhibiteurs de l’ECA6,7 : environ 23 %. • Le taux de prescription des antagonistes de l’aldostérone correspond à moins de la moitié de celui des bêtabloquants et des inhibiteurs de l’ECA, mais ils représentent le plus grand potentiel d’accroissement du taux de survie des patients atteints d’insuffisance cardiaque systolique8. • Il a été recommandé de titrer les inhibiteurs de l’ECA et les bêtabloquants en vue d’atteindre les doses cibles avant d’ajouter les antagonistes de l’aldostérone9. Toutefois, les taux et les doses de ces médicaments variaient considérablement dans les études RALES et EMPHASIS-HF, et les résultats étaient quand même semblables. • Il n’existe aucun essai comparant directement la spironolactone et l’éplérénone. La spironolactone (12 $ par mois) peut être utilisée en premier et remplacée par l’éplérénone (100 $ par mois) en cas de gynécomastie ou de douleurs mammaires. Auteurs Adrienne Lindblad, B. Sc. (pharmacie), ACPR, Pharm. D., et G. Michael Allan, M.D., CCMF Références 1. Pitt B, Zannad F, Remme WJ, et al., N Engl J Med, 1999, 341(10) : 709-717. 2. Zannad F, McMurray JJ, Krum H, et al., N Engl J Med, 2011, 364(1) : 11-21. 3. Ezekowitz JA, McAlister FA, Eur Heart J, 2009 Feb, 30(4) : 469-477. 4. Hu LJ, Chen YQ, Deng SB, et al., Br J Clin Pharmacol, 2013, 75(5) : 1202-1212. 5. Bonet S, Agusti A, Arnau JM, et al., Arch Intern Med, 2000, 160 : 621-627. 6. Garg R, Yusuf S, JAMA, 1995 May 10, 273(18) : 1450-1456. 7. Flather MD, Yusuf S, Kober L, et al., Lancet, 2000, 355 : 1575-1581. 8. Fonarow GC, Yancy CW, Hernandez AF, et al., Am Heart J, 2011 Jun, 161(6) : 1024-1030. 9. McKelvie RS, Moe GW, Ezekowitz JA, et al., Can J Cardiol, 2013, 29(2) : 168-181. Tools for Practice est un article bimensuel qui résume des données médicales probantes portant surtout sur des questions d’actualité et l’information destinée à modifier la pratique. L’article est coordonné par G. Michael Allan, M.D., CCMF, et le contenu est rédigé par des médecins de famille praticiens auxquels se joint à l’occasion un professionnel de la santé d’une autre spécialité médicale ou d’une autre discipline de la santé. Chaque article est évalué par les pairs, faisant en sorte qu’il maintienne des normes élevées de qualité, d’exactitude et d’intégrité scientifique. 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