ACTUA Allergie, on réagit! LE PRINCIPE DE LA RÉACTION ALLERGIQUE • Face aux allergènes, le système immunitaire va déployer ses mécanismes de défense et se mettre à produire des anticorps. Ces anticorps particuliers – appelées IgE – se fixent alors sur certaines cellules, les mastocytes. • Lors d’un contact répété avec l’allergène, ces mastocytes vont libérer différentes substances, dont l’histamine. En se fixant sur les récepteurs cellulaires (les récepteurs H1), l’histamine va provoquer les symptômes de l’allergie. C’est pourquoi les allergies se traitent souvent au moyen de médicaments dits «antihistaminiques». L’immunothérapie, comment ça marche? E lle consiste à «présenter» à l’organisme des doses contrôlées de l’allergène qui provoque la réaction chez le sujet allergique. L’idée est d’habituer progressivement les défenses du corps à l’agression de l’allergène et de diminuer ainsi l’intensité et la fréquence des symptômes quand l’organisme est, plus tard, mis en contact accidentellement avec cet allergène (comme par exemple les graminées, les poils d’animaux, etc). A RHINITE ET ASTHME sthme et rhinite peuvent apparaître en même temps, mais la rhinite apparaît le plus souvent seule pendant plusieurs années. Toute rhinite allergique peut évoluer vers un état asthmatique dont l’évolution sera plus sévère si la rhinite allergique n’a pas été correctement prise en charge. Nombre d’allergiques «saisonniers», souffrant du rhume des foins, voient arriver les beaux jours d’un mauvais oeil. Cette année, pour ne pas laisser quelques grains de pollen vous gâcher le printemps, soignez-vous! Rencontre avec le Professeur Didier Ebo, immunologue-allergologue à l’UZ Antwerpen. Pas de traitement sans prévention B i en s û r, l a p r e miè r e d e s choses est d’éviter autant que possible le contact avec la ou les substances responsables de votre rhinite allergique… pas toujours simple. • Pour les pollens, consultez les calendriers de pollinisation et évitez de sortir lors d’une période de densité pollinique élevée. • Tondre le gazon est la pire des choses que puisse faire un allergique, mais un gazon régulièrement coupé produit moins de pollen. • Ne portez pas de lentilles de contact lors des pics de pollinisation. • Portez des lunettes de soleil, surtout s’il y a du vent. • N’ouvrez pas les fenêtres des maisons et des voitures lors de fortes tempêtes; de même, ne laissez pas sécher votre linge à l’extérieur. • Vos plantes d’intérieur ou bouquets de fleurs coupées peuvent également être responsables de symptômes allergiques. Certains irritants spécifiques comme la fumée de tabac, la poussière provenant de la craie ou due à de l’air pollué peuvent être un facteur aggravant de l’allergie. Quels traitements? La rhinite allergique n’occasionne pas de fièvre ni de douleur importante; cependant, ces symptômes à répétition peuvent handicaper la vie sociale et professionnelle. La fatigue est également au rendez-vous, même chez les individus les plus résistants. Votre médecin choisira le traitement en fonction de la gravité des symptômes, du rapport bénéfice/risque des médicaments et de la facilité d’administration, mais il est important d’agir dès les premiers symptômes et de suivre scrupuleusement les recommandations (posologie,…). Antihistaminiques Dans le cas de rhinites allergiques saisonnières, un traitement préventif par antihistaminique peut vous être prescrit: un tel traitement permettra souvent d’éviter (complètement) l’apparition des symptômes et, dans tous les cas, il les diminuera de façon importante. Celui-ci doit être mis en route dès le début de la période pendant laquelle survient habituellement votre rhinite allergique. Il existe aujourd’hui des antihistaminiques dits de seconde génération qui, contrairement à leurs prédécesseurs, n’entraînent pas de somnolence. Attention, alcool et antihistaminiques ne font vraiment pas bon ménage… Les antihistaminiques locaux (collyres et sprays nasaux) ont deux avan- tages: la rapidité d’action et l’absence d’effets indésirables. Le traitement prescrit par le médecin associera en général des antihistaminiques contre l’allergie à des corticoïdes locaux contre l’inflammation. Ils agissent sur l’ensemble de la symptomatologie nasale et améliorent la qualité de vie. Le rhume des foins, ou rhinite allergique, que vous subissez depuis des années n’est pas une fatalité, parlezen à votre médecin. La désensibilisation Environ 20% des patients ne répondent pas complètement au traitement symptomatique; la désensibilisation est alors envisagée. Il s’agit d’une méthode qui consiste à administrer un allergène (substance qui provoque l’allergie) à petites doses et de manière croissante, dans le but d’habituer peu à peu le patient à cette substance (induire la tolérance). Une façon de soigner le mal par le mal… qui a fait ses preuves! Ce traitement permet généralement d’obtenir une disparition durable des symptômes et pour certains patients, de dire adieu aux différents traitements. Pour ces patients souffrant de rhinite allergique modérée à sévère non contrôlée par le traitement, c’est donc l’immunothérapie allergénique ou désensibilisation qui s’impose. «Traitant la cause de l’allergie, en plus des symptômes, cette option thérapeutique a pour but d’induire une tolérance chez le patient, explique le Pr Didier Ebo, immunologueallergologue à l’UZ Antwerpen. On peut en attendre moins de symptômes pendant et après le traitement, ainsi qu’un moindre développement de la maladie en termes de nombre d’allergies et de plaintes. Outre l’effet très significatif sur les symptômes et la qualité de vie durant la saison pollinique, l’immunothérapie allergénique semble également réduire le risque de développer de nouvelles allergies et le risque d’apparition d’asthme.» Ce qui n’est pas négligeable quand on sait que 40% des patients avec rhinite allergique présentent un asthme concomitant. En effet, les parois du nez et des bronches sont tapissées du même type de cellules et réagissent de la même manière aux agressions des allergènes. Historiquement disponible sous forme sous-cutanée (injections) et sublinguale (solutions à déposer sous la langue), cette approche existe désormais sous forme de comprimés sublinguaux (à laisser fondre sous la langue) uniquement pour l’allergie aux pollens de graminées. ■ Prudence avec les sprays nasaux L es décongestionnants (gouttes ou sprays pour le nez), encore appelés vasoconstricteurs, sont fréquemment utilisés pour soulager l’obstruction nasale. Ils sont cependant à manier avec prudence (à ne pas utiliser chez la femme enceinte, ni chez les personnes souffrant d’hypertension) et modération (pas plus de 3 à 5 jours consécutifs). Leur utilisation prolongée peut en effet entraîner une rhinite médicamenteuse… Un vrai cercle vicieux! Outre l’effet très significatif sur les symptômes et la qualité de vie durant la saison pollinique, l’immunothérapie allergénique semble également réduire le risque de développer de nouvelles allergies et le risque d’apparition d’asthme. Pr Didier Ebo