Algèbre Fonctions Trigonométrie 2C Table des matières 1 Algèbre 3 1.1 Introduction et rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1.2 Méthode de la division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 1.3 Fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2 Fonctions 2.1 Intervalles réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Introduction informelle . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Fonction donnée par une formule . . . . . . . . 2.4 Tableau de valeurs . . . . . . . . . . . . . . . . 2.5 Représentation graphique à partir du tableau de 2.6 Le rôle de notre langage : le français . . . . . . 2.7 Etude d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . 2.8 Ensemble de définition . . . . . . . . . . . . . . 2.9 Zéros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.10 Signe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . valeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 19 20 24 24 25 26 27 27 29 30 3 Trigonométrie 3.1 La mesure des angles . . . . . 3.2 Le triangle rectangle . . . . . 3.3 Les fonctions trigonométriques 3.4 Le triangle quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 33 35 37 42 . . . . . . . . . . . . 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Chapitre 1 Algèbre 1.1 Introduction et rappels Polynômes On va s’intéresser dans le chapitre suivant à la factorisation des polynômes à une variable par la méthode de la division euclidienne. La présente introduction rappelle certains concepts de base sur les polynômes et les méthodes de factorisation déjà travaillées en première année. Un polynôme est en général présenté sous la forme de blocs de lettres ou de parenthèses contenant elles-mêmes des polynômes, élevés à certaines puissances et séparés par un signe plus ou un signe moins. Les trois objets ci-dessous sont des exemples de polynômes : xy 2 + x2 y − 2x − 3y s3 · t2 − s4 · t2 + s · t A3 + 3A2 B − 3AB 2 + B 3 Nous nous intéresserons surtout aux polynômes à une variable qui sont écrits en n’utilisant qu’une seule lettre, comme ci-dessous : x3 − 2x + 2 (x2 + x + 1)5 x7 + x2 − 5x Il est important de noter ici qu’un polynôme peut être écrit de différentes manières. En effet, le polynôme (x + 1)2 − 2x est identique au polynôme x2 + 1 qui est lui-même identique au polynôme x(x + 1) − (x − 1) 3 4 Mathématiques 2C D’une expression à l’autre Pour passer d’une expression polynômiale à une autre on fait des calculs de développement, de réduction ou de factorisation : (x + 1) · (x2 − 2x + 3) développer et réduire factoriser x3 − x2 + x + 3 a) Voici un exemple de développement et réduction d’une expression : x · (x + 1) − (x − 1) = x · x + x · 1 − x − (−1) = x2 + x − x + 1 = x2 + 1 On observe qu’il s’agit de faire tous les calculs possibles, puis de grouper les éléments qui peuvent être additionnés. b) Ci-dessous, un exemple de factorisation x2 + 2x + 1 = x2 + x + x + 1 = x · (x + 1) + 1 · (x + 1) = (x + 1) · (x + 1) Il faut avoir l’idée de séparer les 2x en x+x, de faire deux mises en évidence partielles et de finir par la mise en évidence d’un groupe. Deux choses sont à prendre en compte ici : a) Le développement et la réduction d’une expression polynômiale sont des techniques. Elles peuvent à ce titre être maîtrisées par l’être humain. b) La factorisation est un art. Une expression polynômiale prise au hasard est souvent impossible à factoriser. Le recours à l’intuition est nécessaire. Techniques de factorisation Pour pouvoir factoriser efficacement, on a recours à une série de techniques que l’on applique en boucle jusqu’à factorisation complète du polynôme. On doit parfois parcourir plusieurs fois la boucle ci-dessous : Mathématiques 2C 5 I. Mise en évidence V. Division euclidienne IV. Groupements II. Formules III. Trinôme La plupart de ces techniques ont déjà été abordées dans le cours de première année et nous n’en parlons pas ici. Nous abordons dans cette introduction deux techniques, à savoir la décomposition en facteurs par application d’une formule du troisième degré et celle de trinômes particuliers de degré supérieur à 2. Utilisation des identités remarquables Rappelons brièvement que les identités remarquables sont des formules qui permettent de calculer d’un coup certains produits particuliers. On peut les utiliser « à l’envers » pour factoriser des polynômes particuliers. a2 + 2 a b + b2 = (a + b)2 a3 − 3 a2 b + 3 ab2 − b3 = (a − b)3 a2 − 2 a b + b2 = (a − b)2 a3 − b3 = (a − b) (a2 + ab + b2 ) a2 − b2 = (a + b) (a − b) a3 + b3 = (a + b) (a2 − ab + b2 ) a3 + 3 a2 b + 3 ab2 + b3 = (a + b)3 Les lettres a et b ci-dessus désignent en général des blocs de symboles qui « jouent leur rôle » dans la formule. Par exemple, 64 S 9T 3 −125 peut être factorisé à l’aide d’une identité remarquable comme suit : 64 S 9 T 3 − 125 = 43 (S 3 )3 T 3 − 53 = (4 S 3 T )3 − 53 = a3 − b3 = (a − b) (a2 + ab + b2 ) = (4 S 3 T − 5) (16 S 6 T 2 ) + 20 S 3 T + 25) 6 Mathématiques 2C Il faut repérer le bon produit remarquable à utiliser, en fonction du nombre de termes du polynôme ou de leur signe. Il s’agit en fait de la recherche d’un motif dans l’expression à factoriser Exemples a) 27a3 + 27a2 + 9a + 1 = b) u3 − 12u2 + 48u − 64 = c) z 3 + 27 = d) x3 − 8 = Décomposition de certains trinômes Dans certaines situations, à l’aide d’un changement de variable de la forme u = xn , on peut se ramener au cas de la factorisation du trinôme du deuxième degré. Exemples a) x4 − 5x2 + 4 = b) x6 + 7x3 − 8 = c) 16x4 − 97x2 + 81 = Méthode des groupements On devra parfois factoriser en décomposant le polynôme en plusieurs groupes et en appliquant à ces groupes une mise en évidence ou une identité remarquable. Considérons par exemple le polynôme P (x) = x − y − y 2 + x2 que l’on cherche à factoriser. On ordonne le polynôme comme suit : x − y + x2 − y 2 On observe ensuite qu’il y a deux groupes distincts que l’on peut factoriser séparément : (x − y) + (x2 − y 2) Mathématiques 2C 7 On obtient, après l’application de l’identité remarquable a2 − b2 = (a + b)(a − b) au groupe de droite : (x − y) · 1 + (x − y) · (x + y) Le polynôme se ramène donc à A · 1 + A · (x + y) avec, dans le rôle de A, le polynôme (x − y). Par mise en évidence de A, on obtient A · (1 + x + y) Ce qui nous donne, finalement : P (x) = (x − y)(x + y + 1) Exemples a) 2ax + bx + 2ay + by = b) a2 + 2ab + b2 − c2 = c) 3x2 + 2x2 − 12x − 8 = 1.2 Méthode de la division euclidienne En arithmétique, lorsqu’on étudie la division des nombres entiers avec reste, on voit des opérations du type suivant : 2356 75 36 4 8 294 On voit ici que le résultat de la division est 294 et que le reste vaut 4. On peut écrire l’égalité fondamentale correspondante : 2356 = 8 · 294 + 4 On va définir la division de deux polynômes, appelée division euclidienne de manière analogue. Commençons par un exemple : Quel est le résultat de la division du polynôme P (x) = x3 − 3 x2 + 2 x − 1 par le polynôme Q(x) = x2 − x + 1 ? Représentons cette division comme suit : x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 8 Mathématiques 2C Il s’agit de compléter la partie droite de l’égalité ci-dessus. On procède par étapes. La première question que l’on se pose est la suivante : Par quel polynôme dois-t-on multiplier x2 pour obtenir x3 ? La réponse est x. On écrit donc : x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x On note ensuite le résultat de la multiplication par x du polynôme x2 − x + 1 sous le polynôme x3 − 3 x2 + 2 x − 1, en prenant bien soin d’aligner les puissances de x correspondantes. x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − x3 + x2 − x Puis on effectue la soustraction en colonne que l’on vient de poser implicitement. x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − x3 + x2 − x − 2x2 + x − 1 On recommence alors le processus avec le résultat de la soustraction que l’on vient de faire... Par quoi faut-il multiplier x2 pour obtenir −2 x2 ? La réponse est −2. On place ce nombre à droite de x, c’est la « suite »de notre quotient. x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − 2 − x3 + x2 − x − 2x2 + x − 1 Multiplions maintenant x2 − x + 1 par le nombre −2 et alignons le résultat sous notre « empilement de polynômes ». x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − 2 − x3 + x2 − x − 2x2 + x − 1 2x2 − 2x + 2 La soustraction naturelle donne un polynôme dont le degré est inférieur à celui de x2 −x+1. L’algorithme de division s’arrête et le dernier polynôme obtenu, ici −x + 1, est le reste de la division. x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − 2 − x3 + x2 − x − 2x2 + x − 1 2x2 − 2x + 2 −x+1 On peut enfin écrire l’égalité fondamentale correspondant à la division de P (x) par Q(x) : x3 − 3x2 + 2x − 1 = x2 − x + 1 x − 2 − x + 1 − x3 + x2 − x − 2x2 + x − 1 2x2 − 2x + 2 −x+1 Mathématiques 2C 9 Voici un deuxième exemple, celui de la division de 6 x2 + x − 2 par 3 x + 2 : 6x2 + x − 2 = 3x + 2 2x − 1 − 6x2 − 4x − 3x − 2 3x + 2 0 On constate ici que le reste vaut 0 et que la technique de la division euclidienne pourra parfois être utilisée pour factoriser des polynômes. On appelle valeur numérique en a ou évaluation en a d’un polynôme P (x) le nombre obtenu en remplaçant dans le polynôme P (x) la lettre x par le nombre a. Cette valeur numérique se note P (a). On dit que le nombre a est un zéro du polynôme P (x), si P (a) = 0. Exemple Évaluer le polynôme P (x) = x4 − 2x3 − x + 2 en −2, −1, 0, 21 , 1, 2. Parmi ces valeurs, lesquelles sont des zéros du polynôme ? Division par x − a La division euclidienne d’un polynôme par x − a jouit de propriétés remarquables. Nous allons ici en étudier deux. 1) Un raccourci pour déterminer le reste d’une division euclidienne : le reste de la division euclidienne du polynôme P (x) par x − a est égal à P (a). Exemples Sans effectuer la division, déterminer le reste de la division euclidienne de : a) P (x) = x3 − 3x2 + x − 1 par x − 3. b) P (x) = x3 − 4x2 + 3x + 2 par x + 2. 2) Un critère de divisibilité : un polynôme P (x) est divisible par x − a si et seulement si P (a) = 0. 10 Mathématiques 2C Exemples a) Le polynôme P (x) = x4 + x3 − x − 1 est-il divisible par x − 1 ? b) Le polynôme P (x) = x3 + 3x2 + x − 1 est-il divisible par x + 7 ? Le critère permettant d’affirmer qu’un polynôme est divisible par x − a, fonctionne pour autant que l’on ait trouvé préalablement un zéro a du polynôme. Ce qui n’est généralement pas une chose facile. Dans le cas des zéros entiers d’un polynôme à coefficients entiers, on a la propriété suivante : Soit P (x) un polynôme à coefficients entiers. Si a est un zéro entier de P (x), alors a est un diviseur du terme constant de P (x). On observe en outre qu’un polynôme de degré n possède au plus n zéros Exemples Trouver les zéros entiers du polynôme : a) P (x) = x3 + 3x2 − 6x − 8 b) P (x) = 2x3 + x2 + 2x + 3 Mathématiques 2C 11 Schéma de Horner Pour faire plus rapidement la division euclidienne d’un polynôme quelconque par un polynôme du type x − a on dispose d’un outil qui s’appelle le schéma de Horner et qui permet de simplifier la présentation la division euclidienne. Considérons, par exemple, la division de P (x) = 2 x4 − 3 x3 + 4 x2 − x + 1 par x − 2. On commence par disposer les coefficients du polynômes que l’on veut diviser et l’opposé du terme constant du diviseur comme suit : 2 2 −3 4 −1 1 On suit ensuite les étapes exposées ci-dessous : 2 −3 4 2 2 2 2 2 2 2 −1 −3 4 ✯ ✟·2✟ −1 4 −3 4 −1 −3 4 4 2 −1 1 12 ✯ ✟·2✟ 2 1 6 2 −3 4 −1 2 1 6 11 2 −3 4 −1 2 1 6 11 2 −3 4 −1 1 1 4 2 1 12+ ❄ ❄ 1 2 −3 4 4 2 −1 1 −1 1 2 4 2 1 12 22 ✯ ✟ ✟·2 ✯ ✟·2✟ 2 1 2 −3 4 4 2+ 2 2 2 2 2 2 ❄ 4+ 2 1 1 6 ❄ 2 4 2 2 1 6 1 12 22+ 11 23 ❄ Le dernier nombre obtenu est le reste de la division de 2 x4 − 3 x3 + 4 x2 − x + 1 par x − 2, qui vaut également, on le rappelle, P (2). On peut alors écrire l’égalité fondamentale comme suit : P (x) = 2 x4 − 3 x3 + 4 x2 − x + 1 = (2 x3 + x2 + 6 x + 11) · (x − 2) + 23 12 Mathématiques 2C Lien avec la factorisation D’après ce qui précède, lorsqu’on veut factoriser un polynôme P (x) à l’aide de la division euclidienne, il faut suivre les étapes suivantes : • Déterminer un zéro a du polynôme P (x). • Diviser le polynôme P (x) par x − a à l’aide d’un schéma de Horner et écrire l’égalité fondamentale. • Recommencer le procédé avec le quotient jusqu’à l’obtention d’un polynôme qui n’est plus factorisable. Exemples a) Factoriser le polynôme P (x) = x3 + x2 + x − 3. Mathématiques 2C b) Factoriser le polynôme P (x) = 2x4 − x3 − 14x2 − 5x + 6. 13 14 Mathématiques 2C 1.3 Fractions rationnelles Définition Une fraction rationnelle est une fraction dont le numérateur et le dénominateur sont des polynômes. En voici trois spécimens : F (x) = x2 − 1 , 1+x G(x) = x3 + x2 + x + 1 , 1 − x − x2 H(x) = 1 + 1 1−x − x x3 Opérations De la même manière que pour le calcul des fractions avec les nombres entiers, on peut amplifier, simplifier, additionner, soustraire, multiplier et diviser des fractions rationnelles. Amplification et simplification On peut multiplier ou diviser le numérateur et le dénominateur d’une fraction par le même polynôme (non nul) sans en changer la valeur. m·a a = b m·b Exemples a) En amplifiant la fraction b) En simplifiant la fraction x+1 par x + 2 on obtient : x−2 (x + 7)(2x − 5) par x + 7 on obtient : 3(x + 7) Une fraction rationnelle est dite irréductible si elle ne peut plus être simplifiée. Généralement, on écrit une fraction sous forme irréductible. Pour rendre une fraction irréductible, on factorise le numérateur et le dénominateur, puis on simplifie tout ce qu’on peut simplifier. Exemples Rendre les fractions ci-dessous irréductibles. x2 + 4x − 21 a) 2 = x + x − 12 Mathématiques 2C b) 15 y−x = x2 − xy Multiplication Multiplier deux fractions, revient à multiplier les numérateurs entre eux et les dénominateurs entre eux, sans oublier de simplifier s’il y a lieu. a c a·c · = b d b·d Exemples Effectuer et réduire. x2 − 6x + 9 2x − 2 a) · = x2 − 1 x−3 b) x2 − xy + y 2 x2 − y 2 · 3 = x−y x + y3 Inverse Pour déterminer l’inverse d’une fraction, il suffit de permuter le numérateur et le dénob a minateur. En d’autres termes, l’inverse de est . b a Exemples (3x + y)2 a) L’inverse de est : 2x − 4 b) La fraction dont l’inverse vaut a3 + 8 est : b − a2 16 Mathématiques 2C Division Diviser deux fractions revient à multiplier la première par l’inverse de la deuxième. a c a d a·d ÷ = · = b d b c b·c Exemples Effectuer et réduire. x2 − 4 x+2 ÷ 2 = a) 2x − 3 2x − 3x b) a3 − 8 a ÷ = a2 − 4 a3 + 8 Addition et soustraction Pour additionner ou soustraire deux fractions, on les amplifie d’abord de telle manière qu’elles aient le même dénominateur ; la somme ou la différence des fractions aura alors pour numérateur la somme ou la différence des numérateurs des fractions amplifiées, et pour dénominateur le dénominateur commun de ces fractions. a b a b a+b a·d b·c a·d+b·c et + = + = + = c c c c d c·d c·d c·d a b a−b a·d b·c a·d−b·c a b − = − = − = et c c c c d c·d c·d c·d Exemples Effectuer et réduire. 1 x2 − 5 + = a) x+2 x+2 b) x−1 8 − = x + 2 3x + 6 Mathématiques 2C 17 Equations contenant des fractions rationnelles De manière générale, les équations contenant des fractions rationnelles se traitent comme les autres équations. Voici une brève marche à suivre expliquant comment faire : • Mettre au même dénominateur. • Multiplier par le dénominateur commun. • Résoudre l’équation. • Garder uniquement les solutions qui conviennent. Exemples Résoudre les équations ci-dessous. x 4 x−1 + = 2 a) x x−2 x − 2x b) 1 1 y − =1+ y−1 y y−1 Chapitre 2 Fonctions 2.1 Intervalles réels Un ensemble est un conteneur d’objets mathématiques. On travaillera pour l’essentiel avec des ensembles de nombres, notés à l’aides de majuscules A, B, C, D... Les ensembles usuels sont notés à l’aide de majuscules qui sont dessinées avec une double barre. Le premier ensemble que l’on considère en général est N, l’ensemble des nombres entiers positifs ou nuls : N = {0; 1; 2; 3; 4; 5; 6; 7; 8; 9; 10; 11; 12; ...} On peut lui ajouter les nombres entiers négatifs, ce qui nous donne l’ensemble suivant : Z = {0; 1; −1; 2; −2; 3; −3; 4; −4; 5; −5; 6; −6; 7; −7; 8; −8; ...} On désigne par Q l’ensemble de toutes les fractions et par R l’ensemble de tous les nombres que l’on peut décrire avec un code décimal fini ou non, périodique ou non. On représentera l’ensemble R à l’aide du dessin d’une droite : −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 Un intervalle de R est simplement un segment tracé sur la droite des réels, comme cidessous. b −5 −4 −3 b −2 −1 0 1 2 3 4 5 On décrira ce sous-ensemble de R en langage mathématique comme suit : I = {x ∈ R | − 2.5 ≤ x ≤ 3} = [−2.5; 3] Si le crochet se ferme sur le nombre, il est compris dans l’intervalle et dans le cas contraire, le nombre du bord est exclu de notre ensemble. Le symbole ∈ se lit « appartient à » et la barre verticale « tel que ». 19 20 Mathématiques 2C 2.1.1 Décrire les ensembles suivants à l’aide d’intervalles a) A = {x ∈ R | − 3 6 x 6 5} b) B = {x ∈ R | 4 6 x < 5} c) c = {x ∈ R | x < 1} d) A = {x ∈ R | x > 10} e) A = {x ∈ R | x > −2 et x 6 2} f) F = R g) G = {2} a) A = [−3 ; 5] b) B = [4 ; 5[ c) C =] − ∞ ; 1[ d) D = [10 ; +∞[ e) E = [−2 ; 2] f) F =] − ∞ ; +∞[ g) G = [2 ; 2] 2.1.2 Trouver deux ensembles A et B de Z tels que a) A ∪ B = {0 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4} et A ∩ B = { } b) A ∪ B = {0 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4} et A ∩ B = {2 ; 3 ; 4} a) A = {0 ; 1 ; 2} et B = {3 ; 4} par exemple b) A = {0 ; 2 ; 3 ; 4} et B = {1 ; 2 ; 3 ; 4} par exemple 2.1.3 On donne trois intervalles I, J et K de R. Déterminer I ∩ J, I ∩ K, I − (J ∪ K), (I − J) ∪ (I − K) dans les cas suivants. a) I = [−3 ; 4 [ b) I = ] − 4 ; 2 ] c) I = ] − 5 ; 3 [ J = [−2 ; 0 [ J = [−2 ; 3 ] J = ] −1 ; 5] K =]− 5 ; 3] K = ]− 3 ; 1[ K = [−3 ; 4 ] a) [−2; 0[ [−3; 3] ]3; 4[ [−3; −2[∪[0; 4[ b) [−2; 2] ] − 3; 1[ ] − 4; −3] ] − 4; −2[∪[1, 2] c) ] − 1; −3[ [−3; 3[ ] − 5; −3[ ] − 5; −1] 2.2 Introduction informelle Nous travaillons par la suite avec des objets qui s’appellent des fonctions que l’on nommera en général f, g, h, . . . Mathématiques 2C 21 dont voici quelques spécimens donnés par des formules : f (x) = x3 − 2x2 + 2x + 3, g(x) = ax2 + bx + c, h(x) = 1 , x i(x) = √ 1−x Une fonction peut être vue comme un calcul complexe fait avec un ou plusieurs nombres inconnus. Par exemple, la fonction f (x) = x3 − 3x2 correspond à tous les calculs du type : 13 − 3 · 12 = −2 43 − 3 · 42 = 16 23 − 3 · 22 = −4 (2.3)3 − 3 · (2.3)2 = −3.703 33 − 3 · 32 = 0 (π)3 − 3 · (π)2 ≃ 1.39746 Le calcul correspondant au nombre 1 est obtenu en remplaçant partout dans la fonction la lettre x par la valeur 1. On procède de même pour les nombres 2, 3, 4, 2.3 et π. 22 Mathématiques 2C Pour y voir plus clair, on arrange ces calculs dans un tableau de valeurs que l’on peut présenter sous l’une des formes ci-dessous : x 1 2 3 4 2.3 π x3 − 3x2 Résultat x f (x) (x, f (x)) 13 − 3 · 12 -2 1 -2 23 − 3 · 22 -4 2 -4 (1; −2) 33 − 3 · 32 0 3 0 16 4 16 (4; 16) -3.703 2.3 -3.703 1.39746 π 1.39746 (2.3; −3.703) 43 − 3 · 42 3 (2.3) − 3 · (2.3) 3 (π) − 3 · (π) 2 2 (2; −4) (3; 0) (3.14; 1.39746) Les deux tableaux qui précèdent nous donnent l’idée de placer les points obtenus dans un système d’axes et de produire ainsi un graphique : y 2 (x = 3.14; y = f (x) = 1.4) b 1 b 1 −1 −2 b 2 x (3; 0) 3 4 5 (1; −2) −3 b −4 (2.3; −3.7) b (2; −4) Le point (4; 16) n’a pas été placé pour des raisons d’échelle. On peut maintenant imaginer placer suffisamment de points pour voir se dessiner une courbe correspondant à la fonction f (x) = x3 − 3x2 y b x x b b f (x) (x, f (x)) b b b Mathématiques 2C 23 Il est également possible de décrire certaines fonctions à l’aide d’une suite d’instructions écrites en français, ce qui revient à traduire l’information algébrique dans un autre langage. Pour la fonction f (x) = x3 − 3x2 cela revient à écrire la suite d’instructions suivantes : 1) Choisir un nombre : x 2) Calculer le cube du nombre choisi : x3 = x · x · x 3) Calculer le carré du nombre choisi : x2 = x · x 4) Calculer le triple du carré, c’est à dire le triple du nombre obtenu au point c) : 3 · x2 5) Soustraire le nombre obtenu en 4 du nombre obtenu en b) : x3 − 3 · x2 La fonction x3 − 3x2 correspond donc à la phrase : Au cube d’un nombre, soustraire trois fois le carré de ce nombre. Une fonction est ainsi un objet qui peut être vu sous différentes formes : • une écriture algébrique ; • un tableau de nombres ; • un graphique dessiné dans un système d’axes ; • une suite d’instructions écrites en français. On va chercher dans les exercices à montrer le lien entre ces différents aspects et comment passer de l’un à l’autre. Algèbre Français Tableau de valeurs Graphique 24 Mathématiques 2C 2.3 Fonction donnée par une formule C’est la forme sous laquelle on trouve la plupart des fonctions qui peuplent les ouvrages de mathématiques. Voyons quelques catégories de fonctions. a) Les polynômes forment une catégorie importante de fonctions, par exemple, f (x) = 1−x4 , h(x) = x5 +x4 +x3 +x2 +x+1, g(x) = ax+b, i(x) = x2 −2x+3 sont des polynômes. On pourra faire dessiner leur graphe dans GeoGebra pour se rendre compte de la forme générale de celui-ci. b) Les fractions de polynômes en forment une autre, par exemple, f (x) = x+1 , x−2 g(x) = 1 , x2 + 2x + 5 h(x) = x2 − 1 2−x c) Les fonctions racines, puissances, exponentielles et logarithmes sont également importantes. En voici quelques spécimens : √ f (x) = x, g(x) = x2.38 , h(x) = ex , i(x) = ln x 2.4 Tableau de valeurs Il est possible de produire un tableau de valeurs à partir de l’expression mathématique d’une fonction. Par exemple, pour la fonction polynômiale f (x) = 1 − x − x2 x3 − 5 10 on construit le tableau ci-dessous : −2.5 −2 −1.5 −1 −0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 1 − (−2.5) − 1 − (−2) − 1 − (−1.5) − 1 − (−1) − 1 − (−0.5) − (−2.5)2 5 (−2)2 5 − (−1.5)2 5 (−1)2 5 1 − 0.5 − 1−1− 1 − 1.5 − 1−2− 1 − 2.5 − 02 5 − 0.52 5 12 5 1.52 5 22 5 2.52 5 10 10 (−0.5)3 10 03 10 0.53 10 13 10 − − (−1.5)3 (−1)3 − − − (−2.5)3 10 (−2)3 10 − − (−0.5)2 5 1−0− − 1.53 10 23 10 − 2.53 10 3.8125 (−2.5; 3.8125) 3 (−2; 3) 2.3875 (−1.5; 2.3875) 1.9 (−1; 1.9) 1.4625 (−0.5; 1.4625) 1 (0; 1) 0.4375 (0.5; 0.4375) −0.3 (1; −0.3) −1.2875 (1.5; −1.2875) −2.6 (2; −2.6) −4.3125 (2.5; −4.3125) Mathématiques 2C 2.5 25 Représentation graphique à partir du tableau de valeurs On a déjà montré dans l’introduction que toute fonction peut être représentée dans un système de coordonnées. On veillera à noter l’échelle sur chaque axe. En guise d’exemple, les points du tableau précédent on été placés dans le système d’axes ci-dessous : y b b 10 b y = f (x) b 5 b b b b b b x b b b −4 −2 b 2 4 b b −5 b b −10 b −15 b −20 b Une fois que les points ont été placés, on peut deviner la forme générale de la courbe et la tracer en reliant tous les points entre eux. 26 2.6 Mathématiques 2C Le rôle de notre langage : le français Dans les ouvrages de mathématiques, il est rare de trouver une fonction donné sous la forme d’une phrase. À la place du texte suivant : La cinquième puissance d’un nombre inconnu diminuée du double du carré de ce nombre, résultat auquel on ajoute le nombre inconnu augmenté de 5, on trouvera certainement l’expression x5 − 2x2 + x + 5. Par contre, très souvent, les problèmes que l’on doit résoudre sont rédigés en français, et il faut traduire l’énoncé du problème en algèbre. On ne peut donc pas se passer d’un travail de traduction. Pour donner un exemple de traduction français-algèbre, considérons le problème ci-dessous : On veut construire un abri de bus en plexiglas ayant la forme d’un parallélépipède rectangle (voir la figure ci-dessous). Cet abri doit avoir un volume de 16 m3 et une hauteur de 2 m. Quelles dimensions lui donner pour utiliser la plus petite surface possible de plexiglas ? 2m On négligera l’épaisseur des plaques de plexiglas. Ce problème fait référence à des nombres inconnus à partir desquels celui qui veut le résoudre devra poser un certain nombre de calculs avec des fonctions, ce qui lui permettra de trouver les équations nécessaires à la résolution. On pose a) x pour la largeur du rectangle qui forme le toit de l’abri ; b) y pour la longueur du même rectangle ; La fonction qui donne l’expression du volume de l’abri en fonction de x et de y est : P (x; y) = 2 · x · y = 2xy On peut finalement écrire une fonction qui donne la surface de l’abri, toujours en fonction de x et de y : Q(x; y) = 2 · 2 · x + 2 · y + x · y = 4x + 2y + xy Mathématiques 2C 2.7 27 Etude d’une fonction Comme dit précédemment, l’un des buts de l’analyse est l’étude d’une fonction donnée par une expression mathématique ou formule. On cherche à connaître le comportement de la fonction pour tous les nombres et à dessiner fidèlement le graphe de la fonction à étudier. Pour ce faire, il faut en général suivre la procédure ci-dessous : 1) trouver l’ensemble de définition ; 2) résoudre l’équation f (x) = 0 dont les solutions sont les zéros de la fonction ; 3) en déduire le signe de la fonction ; 4) étudier le comportement de la fonction au voisinage des points où elle n’est pas définie et à l’infini ; 5) esquisser le graphe de la fonction. 2.8 Ensemble de définition La donnée d’une fonction par une formule f (x) = . . . ne garantit pas du tout le fait que le calcul soit faisable pour toute valeur mise à la place de l’inconnue x. On doit donc se méfier, trouver les éventuelles valeurs à exclure et les éliminer de la discussion pour trouver l’ensemble de définition de la fonction que l’on notera en général ED(f ) ou Df et qui correspond à l’ensemble des valeurs que l’on peut mettre à la place de x dans l’expression définissant la fonction f . Pour déterminer l’ensemble de définition d’une fonction, il nous faudra chercher les nombres à exclure en utilisant généralement l’un des trois principes illustrés ci-dessous par des exemples : a) La formule utilisée pour définir la fonction peut contenir une division par zéro. Par exemple, si 1 f (x) = x l’inconnue x ne peut pas prendre la valeur 0. On a, dans ce cas, Df = R − {0} = R⋆ Ou encore, si 1 1 − x2 l’inconnue x ne peut prendre ni la valeur 1, ni la valeur −1. On a donc g(x) = Df = R − {−1; 1}, l’ensemble de définition de g est composé de tous les nombres réels sauf 1 et −1. 28 Mathématiques 2C b) La formule utilisée pour définir la fonction peut contenir la racine d’un nombre négatif. Considérons, par exemple, la fonction √ f (x) = x Cette fonction n’accepte pas de nombre négatifs. Son ensemble de définition est donc : Df = R+ =]0; +∞[ Soit maintenant g(x) = √ 3−x Il faut que 3 − x, le contenu de la racine, soit toujours positif ou nul, ce qui revient à résoudre l’inéquation 3−x≥0 ⇔ 3≥x ⇔ x≤3 Il faut donc éviter de mettre des nombres supérieurs à 3 dans x si l’on veut pouvoir calculer g(x). En conclusion : Dg =] − ∞; 3] c) Lorsqu’on aura affaire à des fonctions logarithmiques, il faudra tenir compte du fait que la fonction log ne peut pas s’appliquer à des valeurs négatives ou nulles. On va conclure la discussion sur l’ensemble de définition d’une fonction par un exemple un peu plus complexe. Pour la fonction f ci-dessous, f (x) = x+1 √ x· x−1 on doit prendre en compte les éléments suivants : a) La fonction f étant construite à l’aide d’une fraction, on pourrait avoir un problème de division par 0. On se pose alors la question suivante : La partie de f (x) qui se trouve sous la barre de fraction peut-elle prendre la valeur 0 ? Cela revient à poser l’équation suivante : √ √ x−1 =0 x · x − 1 = 0 ⇔ x = 0 ou ⇔ x = 0 ou x − 1 = 0 ⇔ x = 0 ou x = 1 On doit donc exclure 0 et 1 de l’ensemble de définition de f . b) Comme f est aussi construite à l’aide d’une racine carrée, on doit prendre garde à ce que le contenu de la racine ne soit pas négatif. La question qu’il faut se poser est alors : La partie de f (x) qui se trouve sous la racine peut-elle être négative ? Ce qui nous donne la condition suivante : √ x − 1 existe ⇔ x − 1 ≥ 0 ⇔x≥1 Ce qui fait que x doit être supérieur à 1 pour que le calcul de f soit faisable. Mathématiques 2C 29 L’ensemble de définition de la fonction est formé dans ce cas de tous les nombres strictement plus grands que 1 : Df =]1; +∞[ 2.9 Zéros Considérons la fonction f (x) = dont le graphe est tracé ci-dessous : 1 − 3x2 + 3 3x y = f (x) (−0.94; 0) (1.05; 0) b b b (−0.11; 0) On observe sur le graphe ci-dessus que la courbe coupe l’axe horizontal en trois points : (−0.94; 0) (−0.11; 0) et (1.05; 0) On dira que les trois valeurs −0.94, −0.11 et 1.05 sont les zéros de la fonction. Ils partagent la propriété suivante : f (−0.94) = f (−0.11) = f (1.05) = 0. En règle générale, on devra chercher les zéros d’une fonction sans avoir son graphe au préalable. Il s’agira alors d’utiliser une technique algébrique pour résoudre l’équation f (x) = 0 Pour notre exemple, l’équation s’écrit 1 − 3x2 + 3 = 0 3x équivalente à 9x3 − 9x + 1 = 0 qui est difficile à résoudre à la main. En utilisant un logiciel de calcul formel, on obtient les trois solutions approchées ci-dessous, qui confirment ce que l’on avait obtenu plus haut par voie graphique : x1 = −1.05150767, x2 = 0.1125363187 et x3 = 0.9389713509. Dans les exercices, les équations permettant de trouver les zéros d’une fonction seront relativement faciles à résoudre à l’aide de techniques algébriques standard. 30 Mathématiques 2C b b b 2.10 Signe b On considère la fonction donnée par son graphe ci-dessous : 6 y 5 + 4 + + y = f (x) 3 + 2 + + 1 + b −4 −3 −2 x b b − −1 − −1 − − b 1 2 3 4 − − −2 − − −3 On distingue deux zones séparées par l’axe Ox: la zone supérieure, dans laquelle le graphe de la fonction est “positif ” et la zone inférieure, dans laquelle le graphe de la fonction est “négatif”. On observe en outre que le graphe de la fonction f change de signe en (−2.03; 0) (−1.05; 0) (0.97; 0) et (3.62; 0) qui correspondent aux zéros de la fonction. En supposant que notre intérêt ne porte que sur le signe de la fonction, on peut décrire grossièrement le comportement de celle-ci comme suit : – – – – – f f f f f prend prend prend prend prend des des des des des valeurs valeurs valeurs valeurs valeurs négatives sur l’intervalle ] − ∞; −2.03[ ; positives sur l’intervalle ] − 2.03; −1.05[ ; négatives sur l’intervalle ] − 1.05; 0.97[ ; positives sur l’intervalle ]0.97; 3.62[ ; positives sur l’intervalle ]3.62; +∞[. Cette manière de décrire le comportement de la fonction est lourde et ne permet pas de se représenter la situation clairement en un coup d’oeil. L’idée vient alors de représenter la situation par un dessin : −2.03 − −1.05 + 0.97 − 3.62 + − 5 Mathématiques 2C 31 On appelle tableau de signe de la fonction le tableau ci-dessous qui est une manière conventionnelle de représenter la figure précédente. x f (x) −∞ −2.03 − −1.05 + 0 0.97 − 0 + 0 +∞ 3.62 0 − On mettra en évidence les zéros de la fonction en plaçant un zéro sur le trait vertical indiquant tout changement de signe. Ce qui précède montre que l’on peut facilement associer au graphe d’une fonction un tableau qui décrit, partiellement tout au moins, le signe de la fonction. Dans le cadre de l’étude d’une fonction, la donnée de départ est l’expression mathématique de la fonction, en général et le but final est le tracé du graphe. On devra donc étudier le signe de la fonction avant d’avoir le graphe, à partir de l’étude des zéros et de l’ensemble de définition. On utilisera alors la propriété fondamentale suivante : Une fonction donnée par une formule ne peut changer de signe qu’au voisinage d’un zéro ou d’un point à exclure de son ensemble de définition. L’une des procédures possibles pour établir le tableau de signe d’une fonction f est donc la suivante : a) trouver l’ensemble de définition de f ; b) déterminer les zéros de f ; c) calculer une valeur de la fonction pour chaque intervalle déterminé par les zéros et points critiques de f , n’en conserver que le signe. d) dresser le tableau sous forme standard. Considérons, par exemple la fonction f (x) = x2 + x − 6 1−x a) On a Df = R − {1}. Le seul problème que l’on pourrait en effet rencontrer ici est celui d’une division par zéro lorsque x vaut 1. b) L’équation f (x) = 0 se ramène à (x − 2)(x + 3) = 0 qui nous donne les nombres 2 et −3 comme zéros de f . c) Il s’agit maintenant de choisir à sa guise une valeur dans chaque intervalle déterminé par les nombres −3, 1 et 2, b −4 −3 1 0 b b 1.5 2 3 32 Mathématiques 2C vu que l’on sait que la fonction ne change jamais de signe à l’intérieur de l’un de ces quatre intervalles déterminés par les trois nombres trouvés aux points a) et b). On choisit en général les nombres pour lesquels il est le plus facile de calculer f (x). Dans le cas qui nous occupe, nous choisissons les nombres −4, 0, 1.5 et 3. On applique la fonction à chaque nombre, ce qui nous donne le tableau ci-dessous : x f (x) signe −4 1.2 > 0 + 1.5 −6 < 0 4.5 > 0 − −3 < 0 − 0 3 + d) Il ne reste plus qu’à rassembler les informations ci-dessus pour établir le tableau du signe de f : x f (x) −∞ −3 + 0 1 − +∞ 2 + 0 − Le trait double en dessous du 1 rappelle que la fonction n’est pas définie en 1 et qu’elle peut changer de signe à cet endroit. Chapitre 3 Trigonométrie 3.1 La mesure des angles La trigonométrie est la branche des mathématiques qui s’occupe des relations entre les longueurs et les angles des triangles. Le mot trigonométrie est dérivé des trois mots grecs tri, gonôs et metron, mots qui signifient : trois, angle et mesure. La trigonométrie est donc la «mesure des trois angles». Notion d’angle On travaillera par la suite avec la notion intuitive d’angle, illustrée par le dessin de l’angle α sur la figure 3.1 ci-dessous: α b Figure 3.1 – Notion d’angle Deux unités de mesure d’angle : les degrés et les radians Comme on peut le voir sur la figure 3.2, il est possible de graduer un cercle en 360 degrés ou en 2π radians. La relation entre ces deux unités est donnée par la formule suivante αrad αdeg = 360 2π Pour convertir un angle de degrés en radians ou de radians en degrés, une simple règle de trois suffit. 33 34 Mathématiques 2C 90˚ 180˚ π/2 π 0 360˚ 0 2π 270˚ 3π/2 Figure 3.2 – Deux graduations possibles du cercle unité Arcs et secteurs circulaires On considère un angle au centre α dans un cercle de rayon r. A b α ℓ r Pour calculer la longueur ℓ de l’arc de cercle en fonction du rayon r et de l’angle α, on procède comme suit : αdeg ℓ = r · αrad ou ℓ = r · · 2π 360 Pour la valeur de l’aire A du secteur circulaire, on procède de manière analogue : A= 1 2 · r · αrad 2 ou A = π · r 2 · αdeg 360 Mathématiques 2C 35 Exemple Un angle au centre θ est sous-tendu par un arc de 10 cm sur un cercle de 4 cm de rayon. Déterminer la mesure de θ en degrés, ainsi que l’aire du secteur circulaire déterminé par θ. b θ b b 3.2 Le triangle rectangle Dans ce paragraphe, nous allons définir les rapports trigonométriques pour les angles aigus. Considérons un angle aigu de sommet A et des droites perpendiculaires à l’un ou à l’autre de ses côtés. B3 b C2 b C1 b A α b b B1 b b C3 B2 Les triangles rectangles ainsi formés AB1 C1 , AB2 C2 , AB3 C3 , ... ont deux angles isométriques (celui en A et l’angle droit), ils sont donc semblables 1 . On en déduit entre autres les égalités suivantes : 1. Deux triangles ABC et A′ B ′ C ′ sont dits semblables si AB A′ B ′ = BC B′ C ′ = AC A′ C ′ . 36 Mathématiques 2C coté opposé B1 C1 B2 C2 B3 C3 = = = = ... hypoténuse AC1 AC2 AC3 AB1 AB2 AB3 coté adjacent = = = = ... hypoténuse AC1 AC2 AC3 coté opposé B1 C1 B2 C2 B3 C3 = = = = ... coté adjacent AB1 AB2 AB3 AB1 AB2 AB3 coté adjacent = = = = ... coté opposé B1 C1 B2 C2 B3 C3 Ainsi, tous ces rapports ne dépendent que de l’angle aigu α et non du choix du triangle ABC rectangle en B et dont l’angle en A mesure α. Nous pouvons donc définir les relations suivantes, appelées rapports trigonométriques du triangle rectangle : cos(α) = coté adjacent hypoténuse sin(α) = coté opposé hypoténuse tan(α) = coté opposé coté adjacent cot(α) = coté adjacent coté opposé Ces rapports définissent les fonctions trigonométriques pour les angles aigus. Exemples a) Déterminer les valeurs exactes des rapports trigonométriques des angles de 30˚, 45˚et 60˚. Considérons un triangle équilatéral dont les côtés ont une longueur de 2. En utilisant l’un de ses axes de symétrie, on peut déduire : cos(60˚) = sin(60˚) = tan(60˚) = cot(60˚) = cos(30˚) = sin(30˚) = tan(30˚) = cot(30˚) = Considérons un triangle isocèle rectangle dont les deux côtés isométriques ont une longueur de 1. On peut en déduire : cos(45˚) = sin(45˚) = tan(45˚) = cot(45˚) = Mathématiques 2C 37 b) Résoudre 2 le triangle rectangle dont l’hypoténuse mesure 7 cm et l’une de ses cathètes 4 cm. 3.3 Les fonctions trigonométriques Cercle trigonométrique Par définition, le cercle trigonométrique est un cercle a) dont le rayon vaut 1 unité ; b) dont le centre est (0; 0). Il n’y a qu’un seul cercle trigonométrique... Voici le cercle trigonométrique dans lequel on a placé à titre d’exemple l’angle α = 4π/3 : 1.0 0.5 α = 4.1888 b −1.0 b 0.5 −0.5 1.0 −0.5 b −1.0 On peut représenter un angle quelconque compris entre 0 et 2π dans le cercle trigonométrique, de manière naturelle. On associe également un angle à tout nombre réel x, de la façon suivante : a) si x est positif et inférieur à 2π, on le place naturellement sur le cercle trigonométrique ; 2. Résoudre un triangle consiste à calculer les éléments non donnés (côtés et angles). 38 Mathématiques 2C b) si x est positif et plus grand que 2π, on fait « plusieurs fois le tour », autant que nécessaire ; c) si x est négatif, on change le sens de rotation de l’angle et on procède comme pour les points a) et b). Mathématiques 2C 39 fonction cosinus Considérons un angle x dans le cercle trigonométrique, défini par un point sur ce cercle et dont la valeur est exprimée en radians. On associe à cet angle x un nombre compris entre −1 et 1, de la façon suivante : On projette le point du cercle associé à x sur l’axe horizonal Ox et on lit la valeur qui correspond. Cette valeur s’appelle le cosinus de x et se note cos(x). 1.0 b 0.5 x = 2.27 b −1.0 b −0.5 b 0.5 1.0 cos(x) −0.5 −1.0 http://www.b3s.ch/grapheCosinus.html On a représenté ci-dessous le graphe de la fonction cosinus. 1.0 b b y = cos(x) 0.5 1.57 3.14 −0.5 −1.0 b 4.71 6.28 40 Mathématiques 2C fonction sinus Considérons un angle x dans le cercle trigonométrique, défini par un point sur ce cercle et dont la valeur est exprimée en radians. On associe à cet angle x un autre nombre compris entre −1 et 1, de la façon suivante : On projette le point du cercle associé à x sur l’axe vertical Oy et on lit la valeur qui correspond. Cette valeur s’appelle le sinus de x et se note sin(x). 1.0 0.5 x = 5.46 b −1.0 0.5 −0.5 1.0 sin(x) −0.5 b b −1.0 http://www.b3s.ch/grapheSinus.html On a représenté ci-dessous le graphe de la fonction cosinus. 1.0 0.5 b y = sin(x) b b 1.57 −0.5 −1.0 3.14 b 4.71 6.28 Mathématiques 2C 41 fonction tangente Considérons un angle x dans le cercle trigonométrique, défini par un point sur ce cercle et dont la valeur est exprimée en radians. On associe à cet angle x un autre nombre qui peut varier entre −∞ et +∞, de la façon suivante : On mène la tangente t au cercle trigonométrique par le point (1; 0). La tangente de l’angle α est la longueur du segment qui relie ce point (1; 0) avec l’intersection de la droite support de l’angle et de la tangente t. 1.0 b 0.5 tan(x) α = 3.66 b −1.0 b 0.5 b −0.5 −0.5 −1.0 http://www.b3s.ch/grapheTangente.html On a représenté ci-dessous le graphe de la fonction tangente. 2 1 b 1.57 −1.57 y = tan(x) −1 −2 1.0 42 Mathématiques 2C 3.4 Le triangle quelconque Généralités Rappelons les conventions de notation concernant les sommets, les côtés et les angles d’un triangle : C b γ b a A α b β c b B On rappelle également qu’un triangle est entièrement déterminé par a) la donnée des longueurs de ses trois côtés a, b et c ; b) la donnée de la longueur de deux de ses côtés et de la mesure de l’angle compris entre ces deux côtés ; c) la donnée de la mesure de deux de ses angles et de la longueur d’un de ses côtés. Exemples 1) Soit ABC un triangle dont on connaît la longueur des trois côtés : a = 5 cm, b = 4 cm, c = 6 cm C b b a A b c b B Pour la construction, on procède comme décrit à la page suivante. a) On trace pour commencer un segment de longueur c et on nomme A et B ses extrémités. Mathématiques 2C 43 b) On trace ensuite un arc de cercle de rayon b centré en A et un arc de cercle de rayon a centré en B. c) On choisit enfin une des deux intersections de ces arcs qui donne le point C. Il ne reste plus qu’à tracer les deux côtés restants. 2) Soit ABC un triangle dont on connaît la longueur de deux côtés et la mesure de l’angle compris entre ces deux côtés : b = 3 cm, b A b b c = 8 cm, α = 30˚ C α = 30˚ a b B Pour la construction, on procède comme ci-dessous. a) On trace pour commencer un segment de longueur c et on nomme A et B ses extrémités. b) On trace ensuite l’angle α en A et la demi-droite support du côté AC. c) L’intersection de cette demi-droite avec un arc centré en A de 3 cm de rayon donne le sommet C. Il ne reste plus qu’à tracer le côté BC. 44 Mathématiques 2C 3) Soit ABC un triangle dont on connaît la longueur d’un côté et la mesure de deux de ses angles. On peut supposer que les angles que l’on connaît sont adjacents au côté dont on connaît la mesure : c = 5.5 cm, α = 52˚, β = 83˚ C b b a A b α = 52˚ β = 83˚ c b B Pour la construction, on procède comme ci-dessous. a) On trace pour commencer un segment de longueur c et on nomme A et B ses extrémités. b) On trace ensuite l’angle α en A, l’angle β en B et les demi-droites support des côtés AC et BC. c) Ces deux droites se coupent en C. Il ne reste plus qu’à tracer les côtés AC et BC. Mathématiques 2C 45 Théorème du cosinus Dans tout triangle, le carré d’un côté est égal à la somme des carrés des deux autres, diminuée du double produit de ces côtés par le cosinus de l’angle qu’ils comprennent : A b b α c γ β b C a b B a2 = b2 + c2 − 2 · b · c · cos(α) b2 = a2 + c2 − 2 · a · c · cos(β) c2 = a2 + b2 − 2 · a · b · cos(γ) Preuve: À titre d’illustration, on démontre le théorème en se restreignant au cas dans lequel les angles α et β sont aigus : C a b γ b β b b B H c α b A En calculant des rapports trigonométriques dans les triangles AHC et BHC on peut écrire : cos(β) = HB a ⇒ HB = a · cos β et sin(β) = HC a ⇒ HC = a · sin β Vu que H se trouve sur le segment AB, on a AB = AH + HB ⇔ AH = AB − HB ⇔ AH = c − a · cos β 46 Mathématiques 2C En appliquant le théorème de Pythagore au triangle AHC, on obtient ⇔ ⇔ ⇔ ⇔ AH 2 + HC 2 = AC 2 (c − a · cos β)2 + (a · sin β)2 = b2 c2 − 2 · a · c cos β + a2 · cos2 β + a2 · sin2 β = b2 c2 − 2 · a · c cos β + a2 · (cos2 β + sin2 β) = b2 {z } | =1 b2 = c2 + a2 − 2 · a · c cos β qui est l’une des formules de l’énoncé du théorème. Le théorème du cosinus est une généralisation aux triangles quelconques du théorème de Pythagore. Mathématiques 2C 47 Théorème du sinus Dans tout triangle, les côtés sont proportionnels aux sinus des angles opposés. Le facteur de proportionnalité est égal au double du rayon r du cercle circonscrit au triangle : b c a = = = 2r sin(α) sin(β) sin(γ) Preuve: Soit Γ le cercle circonscrit au triangle ABC centré en O. On trace le diamètre AOA′ de Γ. C b Γ γ a b b A′ γ b O A b c b B Vu que Γ est le cercle de Thalès du segment AA′ , le triangle ABA′ est rectangle en B. ′ B. [ = AA \ Par le théorème de l’angle inscrit, on a γ = ACB Comme sin(γ) = c c c = , on en déduit que = 2 · r. ′ AA 2·r sin(γ) De manière identique, on obtient les autres égalités. Théorème de l’aire L’aire d’un triangle est égale au demi-produit de deux de ses côtés par le sinus de l’angle compris : 1 1 1 A = · b · c · sin(α) = · a · c · sin(β) = · a · b · sin(γ) 2 2 2 48 Mathématiques 2C Preuve: La hauteur issue de C vaut b · sin(α). Ainsi A= 1 1 · base · hauteur = · b · c sin(α) 2 2 On obtient les autres égalités de manière analogue. Mise en garde Si α est l’angle d’un triangle, la valeur de cos(α) permet de déterminer l’angle α sans ambiguïté. Par contre, la valeur de sin(α) ne permet pas de déterminer α de manière unique, car deux angles dont la somme vaut 180˚ont le même sinus, vu les définitions du paragraphe 3.2. Il est donc primordial d’être prudent lors de l’utilisation du théorème du sinus en envisageant toutes les solutions et en éliminant celles qui sont indésirables : il faut que la condition α + β + γ = 180˚ soit satisfaite ou que le plus grand angle soit opposé au plus grand côté. Dans le but d’éviter des fautes liées à l’utilisation du théorème du sinus, il est vivement conseillé, lors de la recherche d’un angle, d’utiliser d’abord de théorème du cosinus, si le problème le permet. Exemples a) Déterminer les angles du triangle ABC et le rayon de son cercle circonscrit si a = 4, b = 7 et c = 10. Construire ce triangle et donner la marche à suivre de la construction. Mathématiques 2C 49 b) Déterminer l’aire du triangle ABC déterminé par a = 5, β = 114˚ et γ = 31˚. Construire ce triangle et donner la marche à suivre de la construction. c) Déterminer les angles et la longueur du côté inconnu du triangle ABC si a = 5, c = 4 et γ = 30˚. Construire ce triangle et donner la marche à suivre de la construction.