CARDIOPATHIE CONGÉNITALE ET INAPTITUDE À LA PRATIQUE DU SPORT DE HAUT NIVEAU: résultat d’une évaluation systématique. Adala H., Koubaa D., Fradi I., Ben Halima A., Azzouzi F. Centre National de la Médecine et des Sciences du Sport Introduction: Le bilan cardio-vasculaire lors de la première visite médicale de non contreindication à la pratique du sport de haut niveau (VMCIS)comporte systématiquement une échographie-doppler cardiaque selon le consensus du CNMSS. Objectifs: Etudier la prévalence des cardiopathies congénitales découvertes lors de cette évaluation échocardiographique systématique des sportifs tunisiens de haut niveau. Patients et Méthodes : Nous avons étudié rétrospectivement les données de toutes les échographies cardiaques effectuées au Centre National de la Médecine et des Sciences du Sport de 1998 jusqu’à 2009 (soit 4254 échographies cardiaques effectuées). La population de l’étude est composée de 2253 sportifs dont 586 filles (26.1%) et 1667 garçons (73.9%). Ils sont d’âge moyen 20,58 ± 4.2 ans. Résultats : Les contre-indications (CI) à la pratique du sport étaient d’origine cardiaque dans 68,7% des cas. Vingt trois cas d’anomalies cardiaques incompatibles avec le sport ont été détectées par l’ETT systématique: soit 69,7% des cas des incompatibilités d’origine cardiaque, 9,3% des ETT et 1,02% de la population sportive explorée. L’âge moyen de détection de ces cardiopathies a été de 20,2 ± 5,34 ans. Catégories des sports: 9 élèves sportifs, 7 membres des équipes nationales et 7 joueurs professionnels. En se référant à la classification de Béthesda, les sportifs porteurs de cardiopathies échographiques appartiennent essentiellement à IIC dans 52% ensuite aux classes IC, IIIA et IIIB. Parmi ces anomalies incompatibles avec le sport de haut niveau nous rapportons 5 cas de cardiopathies congénitales (21.7%) : 1- Une CIA de type ostium secudum de 15mm avec shunt gauche droit et sans HTAP, chez un jeune judoka de 16ans désirant intégrer la filière sport. Un souffle systolique au foyer pulmonaire a été ausculté, l’ECG de repos a été normal. Une fermeture par cathétérisme a été effectuée et la reprise de son activité sportive lui a été autorisée six mois après. 2ème 2- Un cas de CIA de type ostium secudum de 10mm chez un footballeur de 18 ans désirant signer un contrat professionnel avec un club. La PAP a été de 30mmHg. Indication à la fermeture a été posé avant la reprise de son activité sportive ( perdu de vu). 3- Une CIV + IAo modérée avec un VG peu dilaté, chez un jeune lanceur de marteau de 16 ans, ayant été déclaré inapte définitivement à la pratique du sport et à la l’intégration à la filière sport. Un suivi médical régulier lui a été prescrit. 4- Un petit canal artériel persistant (PCA) à bas débit chez un jeune footballeur de 14ans. L’examen clinique et le reste du bilan cardiologique ont été normaux. L’aptitude a été déclarée dans un 1er temps. Un an après il est devenu symptomatique (essoufflement à l’effort) fermeture percutanée et arrêt du sport ont été prescrit et la reprise du FB a été alors autorisée 6 mois après cure de la shunt. 5- Un autre petit PCA chez une lutteuse de 28 ans. Le CAP a été détecté relativement à un âge tardif (12ans après son recrutement à l’équipe national) faute d’ETT systématique à ce moment). La patiente a été autorisée à pratiquer la lutte avec une surveillance périodique par son cardiologue et une tolérance clinique. Discussion : Les 5 cas de shunts gauche-droit sur 2253 soit l’équivalent de 2 ‰ sportifs Selon les recommandations de BETHESDA (11): (Tableaux 1, 2 et 3) CIA non opérée - Si Shunt petit ou moyen (VD de taille Nle et absence HTAP): pas de CI au sport - Si HTAP modérée et/ou shunt D-G: pas de CI au sports IA - Si HTAP fixe: CI au sport - Si Trouble de rythme V ou SV ou IM: CI formelle au sport CIA opérée •6 mois après opération pas de CI à la reprise du sport sauf si - HTAP résiduelle ou - trouble de rythme ou - BAV ou - insuffisance cardiaque •A faire EE et décision selon retentissement Tableau 1: CIA et pratique du sport CIV non opérée CIV opérée 3 à 6 mois après opération: -Petit shunt (absence HTAP): pas de - Si pas de shunt résiduelle, pas de SF, pas de CI au sport HTAP, pas de trouble de rythme et pas d’Insuffisance cardiaque : pas de CI - Gros shunt D-G: pas de CI au sports - Si petit shunt résiduel isolé: pas de CI IA - Si shunt résiduel moyen à gros: pas de CI au sports IA et discussion sur re-intervention Gros shunt: chirurgie puis décision -Si HTAP sévère: CI au sport aptitude -Si Trouble de rythme: CI formelle au sport Tableau 2: CIV et pratique du sport PCA non opéré - Si petit canal: pas de CI au sport - Si canal à moyen à gros débit: CI au sport et opération - Si HTAP: CI formelle au sport PCA opéré •6 mois après opération: si examen normal: pas de CI à la reprise du sport Tableau 3: PCA et pratique du sport En comparant nos résultats aux travaux de Marcadet D-M. et al.(8) concernant les paramètres cardiovasculaires chez des 64 tennismen, de Lahady R. et al.(4) portant sur l’exploration du cœur de 100 sportifs de haut niveau, de Ouldzein et al. (10) à propos des 181 footballeurs tunisiens et Endjah N(3) sur l’apport de l’ETT de repos dans la VMNC au sport chez 390 sportifs nous somme les seules à rapporter des cardiopathies congénitales détectées à l’ETT. Conclusion: Cette étude suggère l’intérêt d’une bonne exploration échocardiographique dans le cadre du bilan médical lors de la première visite de non contre indication à la pratique de sport. Ceci afin de limiter, du moins relativement, les risques d’un sport de haut niveau et de dépister à temps les pathologies cardiovasculaires « silencieuses » mettant en jeu le pronostic vital du sportif. Références: 1- Bassand J., Introduction à la pathologie cardiaque et vasculaire. Centre Universitaire hospitalier de Besancon. site. www.besancon-cardio.org 2- Derbali M. les shunts cardiaques gauche-droite et sport. Mémoire de Mastère de cardiologie du sport à la faculté de Médecine de Sousse. 3- Endjah N. Apport de l’échographie cardiaque de repos dans la visite de non contre-indication au sport. Thèse de Médecine faculté de médecine Henri Warembourg . 4- Lahady R.et al. Exploration d’un cœur de sportif de haut iveau. A propos de 100 cas observés dans le service de Radiologie du Centre Hospitalier Régional de Tamatave. Médecine d'Afrique Noire : 2000, 47 (6) 5- Lounana j. et al. Intérêt des tests d’effort en médecine sportive, Unité de Biologie de l'Effort et Médecine du Sport .CHU Hôpital-Nord Amiens 6- Letac B. Coeur d’athlète. E.M.C (Paris, France) Cœur Vaisseaux 11037 C10, 7 – 1987:6 7- ROSTR, HOLLMANN W.Athlete’s heart a review of its historical assessment and news aspects. Int. J. sports Méd. 4 - New-York 4 (1983) 147 - 165. 8- Marcadet D.-M et al. Le coeur du joueur de tennis de haut niveau. 5e Conférence Internationale Médecine & Tennis. 9- Motte G.,Synthèse médicale cardiologie, n°14 (12 - 1989) :6. 10-Ouldzein et al.: Analyse de l’éléctrocardiogramme et l’échocardiographie chez 181 footballeurs professionnels tunisiens. Science et Sport 22 (2007): 78-86. 11- 26th Bethesda Conference : recommendations for determining eligibility for competition in athletes with cardiovascular abnormalities : January 6-7, 1994. J Am Coll Cardiol 1994 ; 24 : 845-99.