Techniques fondamentales de mathématiques Théorie + Exercices BA1 en chimie, mathématiques, physique, sciences, sciences de l’ingénieur (orientation bioingénieur). Table des matières 1 Présentation et généralités 1.1 Ensembles de nombres, et opérations sur les ensembles . . . . . . . . . . 1 1 2 La droite, le plan, l’espace : représentations 2.1 La droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Le plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 8 3 Trigonométrie 3.1 La notion d’angle : généralités . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Le radian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 Fonctions trigonométriques dans le cercle . . . . . . . . . 3.4 Valeurs importantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.4.1 Retrouver un angle à partir du sinus ou du cosinus 3.5 Relation fondamentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.6 Symétries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.6.1 Symétrie par rapport à l’axe des abscisses . . . . . 3.6.2 Symétrie par rapport à l’axe des ordonnées . . . . . 3.6.3 Symétrie par rapport à l’origine . . . . . . . . . . . 3.6.4 Symétrie par rapport à la première bissectrice . . . 3.6.5 Angles décalés de 90˚ . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.7 D’autres identités remarquables : formulaire . . . . . . . . 3.8 Fonctions trigonométriques dans les triangles . . . . . . . 3.8.1 Triangles rectangles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.8.2 Triangles quelconques . . . . . . . . . . . . . . . . 3.9 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 13 14 14 15 16 17 17 17 17 18 18 18 19 20 20 20 21 4 Fonctions 4.1 Généralités sur la notion de fonction . . . . . 4.1.1 Fonction et fonction partielle . . . . . 4.1.2 Notation . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.3 Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . 4.1.3.1 Image . . . . . . . . . . . . . . 4.1.3.2 Antécédent . . . . . . . . . . . 4.1.3.3 Domaine . . . . . . . . . . . . 4.1.4 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.5 Interprétation de la notion de fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 25 25 26 26 26 26 26 26 27 i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii TABLE DES MATIÈRES 4.1.5.1 Association . . . . . . . . . . . . . 4.1.5.2 Transformation . . . . . . . . . . . 4.1.6 Image d’une fonction . . . . . . . . . . . . . 4.1.7 Domaine de définition . . . . . . . . . . . . 4.1.8 Graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.9 Antécédent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.10 Parité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.11 Composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.1.12 Injectivité et surjectivité . . . . . . . . . . . 4.1.13 Fonction réciproque . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Quelques familles de fonctions . . . . . . . . . . . . 4.2.1 Fonctions linéaires, affines et polynomiales 4.2.1.1 Graphe . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1.2 Fonctions polynomiales . . . . . . 4.2.2 Les fonctions exponentielles et logarithmes 4.2.2.1 Exponentielles . . . . . . . . . . . . 4.2.2.2 Logarithmes et logarithme naturel 4.2.2.3 Identités importantes . . . . . . . . 4.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Dérivées 5.1 Approche intuitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.2 Nombre dérivé, fonction dérivée. . . . . . . . . . . . 5.2.1 Notations de la dérivée (et dérivées partielles) 5.3 Règles de dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.1 Règles de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . 5.3.2 Règle de dérivation en chaîne . . . . . . . . . 5.3.3 Dérivées des fonctions usuelles . . . . . . . . 5.4 Application : recherche d’extrema . . . . . . . . . . . 5.5 Application : croissance et décroissance . . . . . . . . 5.6 Application : esquisse du graphe d’une fonction . . . 5.7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 28 28 29 29 30 30 31 32 33 33 33 34 35 35 35 36 36 37 . . . . . . . . . . . 41 41 42 42 43 43 44 45 45 47 48 48 6 Intégration 51 6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 6.2 Rappels et exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 6.3 Applications à la physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 A De nombreuses notations A.1 Informations non-écrites et implicites A.2 Alphabets . . . . . . . . . . . . . . . . A.3 Quantificateurs . . . . . . . . . . . . A.4 Connecteurs logiques . . . . . . . . . A.5 Indices et exposants . . . . . . . . . . A.6 Abbréviations communes . . . . . . . A.7 Rigueur et formalisme . . . . . . . . . A.8 Utilisation de la langue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 59 59 60 61 62 62 62 63 TABLE DES MATIÈRES iii A.9 Stratégies de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Index 65 Document réalisé par : Nicolas Brouette, Jonathan Demeyer, Thomas Lessines, Nicolas Richard. 1 Présentation et généralités Notre expérience a montré que beaucoup d’étudiants doivent ré-apprendre une partie de la matière vue en secondaire. Si pour certains cela ne sera qu’une formalité, pour la majorité ce sera un processus nécessitant un investissement en temps qu’il ne faut pas prendre à la légère. Afin d’aider les étudiants dans cette ré-appropriation de leurs connaissances mathématiques, le cours « Techniques fondamentales de mathématiques » a été créé. Celui-ci se décline en deux types d’activité : des cours théoriques et des séances d’exercices. Le présent document sert de support écrit pour ces deux activités. Ce cours se distingue de la plupart des autres cours en ce qu’il n’est pas question d’apprendre du neuf, mais de ré-apprendre et d’intégrer de la matière supposée connue. À ce titre, il ne devra pas surprendre le lecteur de voir une notion citée avant qu’elle soit défnie : cela permet de créer des liens entre les diverses notions. Quand un terme est introduit, il est en général indiqué en italique et rappelé dans la marge. Par exemple : l’italique est une forme d’écriture qui consiste à pencher les italique caractères par rapport à leur forme normale. On notera qu’il y a également une entrée dans l’index, en fin de document, pour les termes définis de la sorte. Une version électronique de ce document est disponible au format PDF, et présente deux avantages non-négligeables : – il est « cherchable », c’est-à-dire que par exemple grâce au raccourci clavier bien connu Control-f, il est possible de chercher dans le texte du document ; et – il est « cliquable », en ce sens que les références internes sont des liens hypertextes permettant de se déplacer dans le document par un clic de souris. La version papier du document présente quant à elle tous les avantages du papier, comme par exemple : – il s’emporte facilement, partout, – il est simple à annoter, commenter, surligner, etc. Quelle que soit la version choisie, une lecture attentive de la table des matières peut se révéler utile. Si un nom de section ne vous évoque pas immédiatement son contenu, il semble raisonnable de la lire. 1.1 Ensembles de nombres, et opérations sur les ensembles Dans cette section nous rappelons la terminologie et les conventions usuelles liées aux nombres et à certaines constructions d’ensembles. 1 2 CHAPITRE 1. PRÉSENTATION ET GÉNÉRALITÉS Remarque. Nous ne formulons ici aucune définition formelle ou rigoureuse : ces notions sont supposées connues « intuitivement ». entiers naturels entiers relatifs nombres rationnels Les entiers naturels. Ce sont les nombres qui permettent de compter. L’ensemble des entiers naturels est noté N. Il contient des nombres tels que 0, 1, 5, 42, 6 841 241 237 et tant d’autres. Le nombre 0 est donc un nombre entier naturel. La notation N0 désigne l’ensemble des naturels sauf ce 0. Notons que les entiers (et les mathématiques en général) sont une simplification de la réalité : on compte, mais on ne dit pas ce qu’on compte. Cela a l’avantage de pouvoir faire des raisonnements généraux du type « 2 + 3 = 5 », qu’il s’agisse de pommes, de demi-pommes ou de bombes à neutron. En transposant les résultats mathématiques au monde réel, il faut veiller à bien préciser ce qui est compté. Les entiers relatifs L’ensemble des entiers relatifs, noté Z et souvent simplement appelé l’ensemble des entiers, contient les entiers naturels et leur opposé : −42, −5, 4, −9, 2, 6 et −38 sont tous des entiers. Les rationnels Quand on compte « il y a une demi-pomme », on compte une (le nombre entier 1) demi-pomme. La notion de moitié est plus abstraite que du comptage, et demande d’introduire les nombres rationnels. Le nombre rationnel 1/2 est un nombre caractérisé par le fait que son double vaut 1. De manière générale, les nombres rationnels sont les nombres qui s’écrivent m n avec m un entier et n un entier non-nul. Pour rappel, les fractions s’additionnent et se multiplient comme suit : Somme Produit a x ay xb ay + xb + = + = b y by by by a x ax · = b y by Notons encore une fois la simplification du problème physique : en mathématiques, deux demis font un, alors qu’en pratique deux demi-pommes ne font pas une pomme. Pas convaincus ? Prenez dix milles dix-millièmes de pomme. Alors, bonne à croquer ? On notera que l’écriture d’un nombre rationnel sous forme de quotient de deux entiers n’est pas unique. Par exemple 42 et 12 représentent le même nombre rationnel : ils sont égaux. En d’autres termes, on peut écrire 24 = 12 . Il existe une autre écriture des nombres rationnels : le développement décimal. Par exemple, on écrira 12 = 0,5. Si ce concept ne vous est pas familier, parlez-en à vos enseignants. nombres réels Les nombres réels L’ensemble des nombres réels est plus complexe. Il contient notamment tous les ensembles précédents. Cet ensemble non-seulement les ra√ contient 2 tionnels, mais également des nombres tels que 4 − 2 ou π + 2/3. Décrire précisément 1.1. ENSEMBLES DE NOMBRES, ET OPÉRATIONS SUR LES ENSEMBLES 3 l’ensemble des réels prendrait du temps, et ce n’est pas le but ici. Rappelons-nous simplement qu’on le note R, et qu’on le représente le plus souvent par une droite « sans trou » (voir aussi la section « La droite », page 5). Les nombres réels, tout comme les rationnels, possèdent également un développement décimal. Intervalles Un intervalle s’entend en général comme un intervalle de nombres réels : intervalle c’est l’ensemble des nombres réels compris entre deux réels fixés. Par exemple [−2, π] est l’ensemble des réels compris entre −2 et π. Chaque crochet peut être dans un sens ou dans l’autre selon que la borne correspondante est dans l’intervalle ou pas : – [−2, π] désigne l’ensemble des réels de −2 (compris) à π (compris), – ]−2, π] désigne l’ensemble des réels de −2 (non-compris) à π (compris), – [−2, π[ désigne l’ensemble des réels de −2 (compris) à π (non-compris), – ]−2, π[ désigne l’ensemble des réels de −2 (non-compris) à π (non-compris), Opérations sur les ensembles Si A et B sont deux ensembles, on définit – l’union A∪ B est l’ensemble des éléments qui sont dans A ou dans B (ou dans les deux), – l’intersection A ∩ B est l’ensemble des éléments qui sont à la fois dans A et dans B, – la différence A \ B est l’ensemble des éléments qui sont dans A, mais pas dans B. – le produit A × B est l’ensembles des couples d’éléments de la forme (u, v) avec u ∈ A et v ∈ B. 2 La droite, le plan, l’espace : représentations Nous discutons dans ce chapitre de certains objets que sont la droite, le plan et l’espace. En particulier nous aborderons divers systèmes de coordonnées sur ces objets géométriques. Un système de coordonnées est une manière de désigner les points (de la droite, du plan, de l’espace, de la terre, . . .) en indiquant leur position par rapport à certaines marques de références. Les plus connus sont le système de latitudelongitude utilisé pour la terre et, pour les étudiants fraîchement sortis du secondaire, les systèmes de coordonnées cartésiennes voire, pour certains, de coordonnées polaires du plan. 2.1 La droite Coordonnées cartésiennes. Pour désigner les points d’une droite dessinée, il est d’usage de les faire correspondre à des nombres réels de la manière suivante : d’abord on choisit sur cette droite deux points, le premier est nommé « origine » et correspond à 0, le second correspond à 1 ; ils servent de référence pour placer les autres points en respectant la proportionnalité : un réel x quelconque correspond à un point placé à une distance, par rapport à 0, égale à « |x| multiplié par la distance 1 entre 0 et 1 » avec la condition que les points x et 1 sont 1. du même côté du 0, si x est positif, mais 2. de part et d’autre de 0 si x est négatif. Si l’on y pense un instant, c’est la chose raisonnable et naturelle à faire. Cette manière de faire fournit un lien (appelé une bijection) entre les points de la droite d’une part, et les nombres réels d’autre part. Le nombre réel associé à un point est appelé abcisse ou coordonnée cartésienne du point. La donnée d’une origine et d’une abcisse unité sur une droite est appelée un repère cartésien sur la droite. repère cartésien Exercice. Sur la droite ci-dessous, le nombre 1 a été oublié. R −4 −2 0 2 4 ? 1. Une fois les coordonnées cartésiennes bien comprises, on se rend compte qu’en calculant les distances dans une unité bien choisie (correspondant à la distance entre 0 et 1 justement) un réel x se retrouve simplement à distance |x| de 0, et le signe de x donne la position par rapport à 0. 5 6 CHAPITRE 2. LA DROITE, LE PLAN, L’ESPACE : REPRÉSENTATIONS 1. Marquer le nombre 1 où il devrait être. 2. Quel est (approximativement) le nombre marqué d’un point d’interrogation ? En d’autres termes, quelle est l’abcisse du point sur la droite ? 3. Placer les points d’abcisse −3, π et 1,2. 4. Défi : placer le nombre 15 sans écrire sur la table. Cet exercice illustre le fait que le système cartésien fonctionne très bien pour repérer des points qui ont déjà été dessinés : les distances en jeu ne dépassent jamais la taille de la feuille, mais si un point d’abcisse plus grande nous intéresse, que faire ? La droite est sans limite, et certains points intéressants (pour un problème donné) sont parfois « loins » de l’origine. Interlude physique. Nous avons déjà compris qu’un système de coordonnées sur la droite, ce n’est rien d’autres que d’attribuer un nombre à chaque point de la droite ; et réciproquement à chaque réel est associé un unique point sur la droite. Les deux objets en présence, à savoir la droite et l’ensemble des nombres réels, se correspondent alors. D’un point de vue géométrique, l’objet intéressant est la droite. Les nombres réels servent alors d’outils pour repérer des points sur la droite. C’est de la sorte que les coordonnées cartésiennes ont été introduites. Inversément il se peut que les données intéressantes soient les nombres réels (par exemple des grandeurs physiques, comme la masse). Auquel cas c’est la droite qui sert d’outil pour se représenter ces grandeurs, et dans ce contexte il est courant de vouloir marquer des points sur une droite en connaissant déjà le nombre réel qu’on veut lui associer. Un exemple ? Les planètes du système solaire ont les masses, exprimées en kilos, suivantes : Planète Jupiter Saturne Neptune Uranus Terre Vénus Mars Mercure Masse (kg) 1,898 6 · 1027 5,684 6 · 1026 1,024 3 · 1026 8,683 2 · 1025 5,973 6 · 1024 4,868 5 · 1024 6,418 5 · 1023 3,302 · 1023 et bien sûr, ces nombres sont beaucoup trop grands que pour les représenter docilement sur une droite en coordonnées cartésiennes où l’on aurait mis 0 et 1 à un distance de un centimètre, ou même une distance d’un milimètre. Une première possibilité de changer d’unité : plutôt que des kilos, nous pourrions choisir une unité dans laquelle Jupiter, la plus massive de ces planètes, serait raisonablement placée sur la feuille. Prenons donc 1026 kilos comme unité, et voyons les nombres qu’il faudrait placer : 2.1. LA DROITE 7 Planète Jupiter Saturne Neptune Uranus Terre Vénus Mars Mercure Masse (1026 kg) 18,986 5,684 6 1,024 3 0,868 32 0,059 736 0,048 685 0,006 418 5 0,003 302 ce qui, en prenant une distance d’un centimètre entre 0 et 1, nous mettrait Mercure à 0,03 milimètres de l’origine, et Mars à 0,06 milimètres. Autant dire impossible à distinguer ! Nous le voyons par cet exemple : si la proportionnalité (dans les coordonnées cartésiennes) facilite la compréhension des données sur la feuille car son principe est simple, elle n’est pas toujours praticable. Coordonnées logarithmiques. Pour représenter certaines données sur une droite, il peut s’avérer nécessaire de ne pas respecter la proportionnalité (qui est à la base des coordonnées cartésiennes). En coordonnées logarithmiques, nous utilisons la fonction log (en base 10, voir aussi section 4.2.2) pour représenter des réels tous strictement positifs. La technique est la suivante : plutôt que de placer x sur la droite comme si x était une coordonnée cartésienne, nous plaçons x au point dont la coordonnée cartésienne est log(x). Par exemple, le nombre 150 s’inscrit en coordonnées logarithmiques de la façon suivante : 150 0,000 1 0,001 0,01 0,1 1 10 100 1 000 10 000 ce qu’on comprend en « prenant le logarithme (en base 10) de tout cela : » 2,176 . . . −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 Cette seconde droite graduée est liée à la première de la manière suivante : • 10−4 = 0,000 1, • 10−3 = 0,001, • 10−2 = 0,01, .. . • 103 = 1 000, • 104 = 10 000, et bien évidemment : 102,176 = 150. 8 CHAPITRE 2. LA DROITE, LE PLAN, L’ESPACE : REPRÉSENTATIONS 2.2 Le plan Coordonnées cartésiennes du plan. Des coordonnées cartésiennes du plan sont définies à l’aide du choix d’un point, appelé origine et noté O, et de deux vecteurs, appe−→ lés les vecteurs de base : un premier vecteur, noté − u→ x , et un second vecteur noté uy (le vecteurs de nom des vecteurs importe peu, mais il faut leur donner un nom pour les distinguer). −→ base Ces trois objets, (O, − u→ x , uy ), forment un repère cartésien sur le plan. Les plus classiques de tous les repères cartésiens sont ceux qui sont orthonormés repère (ortho parce que les vecteurs sont pris orthogonaux (perpendiculaires), et normés cartésien parce que ces vecteurs sont tous les deux de même longueur 2 ). Cela étant dit, ce orthonormés choix n’est pas obligatoire, et on peut se contenter d’un repère n’ayant aucune de ces bonnes propriétés. Ayant un tel repère, nous pouvons maintenant repérer un point P en lui attribuant des coordonnées (x, y) comme suit : on commence par dessiner les droites Dx et Dy passant par O et allant dans la direction donnée par le vecteur correspondant du repère, puis il faut projeter le point P sur chacune de ces droites parallèlement à l’autre, ce qui donne les points a (sur Dx ) et b (sur Dy ). À ce stade, nous avons d’une part la droite Dx munie d’une origine O et d’une unité donnée par l’extrémité du vecteur u ~x , et d’autre part Dy munie de la même origine et de l’unité donnée par l’extrémité de u ~y . Ces données fournissent donc un système de coordonnée cartésienne sur chacune des deux droites. La coordonnée de a sur Dx est notée x, la coordonnée de b sur Dy est notée y, et ces deux nombres fournissent le couple de coordonnées (x, y) de P dans le repère cartésien. origine Coordonnées cartésiennes du plan : résumé. Sur le plan, nous avons défini un repère cartésien par la donnée de (O, u ~x , u ~x ), ce qui nous a permis de construire deux droites, Dx et Dy , chacune étant automatiquement munie d’un repère cartésien. Pour un point P du plan, trouver ses coordonnées cartésiennes devenait alors équivalent à trouver les coordonnées cartésiennes de deux points construits à partir de P par projection. En d’autres termes, nous avons ramené un problème de dimension 2 à deux problèmes de dimension 1. Coordonnées logarithmiques et semi-log du plan. Nous avons définis les deux coordonnées cartésiennes d’un point P du plan comme étant composé de la coordonnée cartésienne de a sur Dx , et la coordonnée cartésienne de b sur Dy . Or en ce qui concerne la droite, nous avons également vu que nous pouvions choisir une coordonnée logarithmique plutôt qu’une coordonnée cartésienne. Ceci permet donc de construire trois autres systèmes de coordonnées sur le plan : – Les coordonnées logarithmiques, également appelé log-log, définies par (log x, log y), c’est-à-dire le couple des coordonnées logarithmiques de a et de b. – Deux systèmes de coordonnées semi-logarithmiques, également appelés semilog, définies par (log x, y) ou par (x, log y), selon l’axe que nous décidons de graduer logarithmiquement. 2. Dans le cas d’un repère normé, comme indiqué dans la note 1 au bas de la page 5, on peut considérer que cette distance commune vaut 1. 2.2. LE PLAN 9 P x~ y~ (a) Données de départ : un système cartésien et un point dont on cherche les coordonnées. P Dx Dy x~ y~ (b) Construction des droites Dx et Dy P b Dx Dy x~ a y~ (c) Construction des points a et b par projection. Figure 2.1: Constructions des coordonnées cartésienne d’un point P dans un repère cartésien donné. 10 CHAPITRE 2. LA DROITE, LE PLAN, L’ESPACE : REPRÉSENTATIONS coordonnées Coordonnées polaires. Pour définir des coordonnées polaires du plan, on se choisit polaires une origine O (un point) et une demi-droite issue de ce point. Un point P est alors repéré dans le plan par deux coordonnées, souvent notées (r, θ), où r correspond à la distance entre O et P, et θ correspond à l’angle orienté 3 entre la demi-droite choisie et la demi-droite issue de O passant par P. Cet angle (généralement exprimé en radians) est défini à un tour complet près (2π radians ou 360 degrés). Afin d’assurer que les coordonnées de P sont uniques (sauf lorsque P est l’origine), on choisit θ ∈ [0; 2π[. P r θ Lien entre coordonnées polaires et cartésiennes. Si P possède des coordonnées cartésiennes (x, y) et des coordonnées polaires (r, θ), elles sont reliées par les relations : x = r cos(θ), y = r sin(θ). Remarque. Il n’est pas possible d’écrire aisément θ en terme de x et y, par contre par p 2 2 le théorème de Pythagore on obtient r = x + y , ce qui permet d’écrire cos(θ) = √ 2x 2 , x +y y sin(θ) = √x2 +y 2 . Pour retrouver un angle à partir de son cosinus et de son sinus, consultez la section 3.3 page 14. Conclusion sur les systèmes de coordonnées. Nous avons vu jusqu’à présent que finalement, un système de coordonnées sur la droite n’est rien d’autre qu’une association qui à chaque point de la droite associe un unique réel, et réciproquement : à chaque réel il est associé un unique point de la droite. De même pour le plan et les paires de réels, ou l’espace et les triples de réels. Le système de coordonnées est un outil qui permet de décrire l’objet géométrique (droite, plan, espace), ou des parties de cet objet (un segment de droite ; un cercle ou un disque dans le plan ; une sphère, un tore ou un hyperboloïde de révolution dans l’espace). 3. orienté veut dire que l’angle possède un signe : positif dans le sens trigonométrique, et négatif dans le sens horlogique. 2.2. LE PLAN 11 Ce qui nous fait préférer un système de coordonnées plutôt qu’un autre c’est un compromis entre la simplicité de la représentation des objets (une sphère, un tore, . . .) et la simplicité de certains calculs (par exemple un calcul d’aire ou de volume) dans ce système. Cependant, même si la géométrie du problème et les objets à manipuler influencent le choix du système de coordonnées et si ce choix influe la technicité des calculs à réaliser, ultimement, les réponses obtenues ne peuvent pas dépendre du choix de ce système de coordonnées. 3 Trigonométrie La trigonométrie c’est l’étude des triangles. Plus spécifiquement, l’étude des liens entre la mesure des angles et la mesure des côtés. Avant d’étudier les liens, il faut savoir mesurer, et si la mesure des côtés ne pose aucun problème particulier, mesurer les angles est déjà une activité plus abstraite. 3.1 La notion d’angle : généralités Mesurer un angle, c’est mesurer l’idée intuitive qu’on peut faire un « tour complet », mais aussi un demi-tour, un quart de tour, ou toute autre fraction de tour. La première notion de mesure d’un angle pourrait donc être simplement un nombre réel, décrivant le nombre de tours. Ce serait tout à fait envisageable, mais ça n’est pas l’unité qui est la plus communément utilisée. En fait, il y a deux sous-unités classiques, entre autres : le degré et le radian. De la même manière qu’un centimètre est le centième d’un mètre, on définit le degré et le radians en divisant l’unité « tour complet » en parties égales : un tour vaut 360 degrés, et vaut encore « 2π radians ». On a donc 360° = 2π rad. En résumé, une mesure d’un angle est donc un réel θ entre 0 et 360 (en degrés), ou mesure un réel entre 0 et 2π (en radians). Un tel réel s’appelle la détermination principale de détermination l’angle considéré. principale Si cela est la détermination principale, c’est qu’il y en a d’autres. Et en effet : s’il est possible de faire un demi tour, il est également possible de faire un tour et demi, et se retrouver dans la même position. Dès lors, 180° est « équivalent » à 540°. La détermination principale, c’est simplement enlever assez de tours complets pour ramener la mesure de l’angle entre 0° et 360°, ou entre 0 rad et 2π rad. Un dernier point est qu’il est possible de faire un quart de tour dans un sens, ou dans l’autre. Ceci introduit une notion d’orientation d’un angle. Dans le plan, un orientation angle mesuré dans le sens horlogique est négatif, tandis que mesuré dans le sens antihorlogique est positif. Afin de rajouter à la confusion, on appelle logiquement « sens trigonométrique » le sens anti-horlogique. 13 14 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE −45° 45° 3.2 radian Le radian Le fait qu’il y ait 360 degrés pour un tour complet semble purement historique, par contre la valeur 2π radians peut s’interpréter géométriquement. Un radian (1 rad) correspond à l’angle au centre d’un cercle qui intercepte, sur la circonférence, un arc dont la longueur est égale au rayon du cercle (voir figure 3.1, à droite). B r r O r rα α rad r 1 rad O r A Figure 3.1: Angle de α radian (à gauche), et le cas particulier de l’angle de 1 radian (à droite). Dans le dessin de droite, les segments OA et OB sont de longueurs égales entre elles et égales à la longueur de l’arc de cercle AB. En particulier, un angle de α rad intercepte un arc de longueur αr, si r est le rayon du cercle (à gauche, sur la figure) ; dès lors un angle de 2π intercepte un arc de longueur 2πr, soit le cercle entier : cet angle correspond à un tour complet. Le radian est donc une unité de choix dès qu’il faut faire intervenir des longueurs interceptées par des angles. Il s’avère également l’unité adéquate pour manipuler les fonctions trigonométriques (cosinus, sinus). Pour passer du radian au degré et inversement, retenons que 2π rad = 360°. L’habitude nous fera également retenir le tableau suivant : en radians π/6 π/4 π/3 π/2 π 2π en degrés 30° 45° 60° 90° 180° 360° 3.3 cercle trigonométrique Fonctions trigonométriques dans le cercle Un cercle trigonométrique est un cercle de rayon 1, il permet de représenter géométriquement toutes les fonctions trigonométriques. Ces fonctions sont les fonctions sinus, cosinus, tangente, cotangente, sécante, cosécante et quelques autres plus rarement utilisées. Nous allons maintenant définir ces fonctions de manière géométrique, 3.4. VALEURS IMPORTANTES 15 en mesurant des longueurs de côtés dans des triangles construit dans un cercle trigonométrique. Pour fixer les idées, imaginons un système de coordonnées cartésiennes orthonormé dont l’origine est au centre du cercle. On considère un réel θ (un angle en radians, qu’on va supposer entre 0 et 2π pour simplifier la présentation), et un point P sur le cercle, tel que l’arc de cercle partant de (1, 0) allant (dans le sens anti-horlogique) jusque P a pour longueur θ. Le point P possède deux coordonnées cartésiennes, Px et Py . On définit le cosinus cosinus def def de θ par cos(θ) = Px , et son sinus par sin(θ) = Py . Représentons la situation : y θ P (0, sin(θ)) (cos(θ), 0) (1, 0) x Figure 3.2: Définition du sinus et du cosinus. À partir de ces deux fonctions, sinus et cosinus, nous pouvons définir les fonctions trigonométriques usuelles, à savoir : sin(θ) cos(θ) cos(θ) cot(θ) = sin(θ) tan(θ) = 1 cos(θ) 1 cosec(θ) = sin(θ) sec(θ) = L’ensemble de ces fonctions peut se représenter dans le cercle trigonométrique (voir figure 3.3). 3.4 Valeurs importantes Récapitulons les domaines et ensembles images de quelques-unes de ces fonctions trigonométriques : π + kπ t.q. k ∈ Z → R tan : R \ 2 cot : R \ {kπ t.q. k ∈ Z} → R. sin : R → [−1, 1] cos : R → [−1, 1] sinus 16 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE cot θ = 1 cos θ sin θ C B P(1, θ) tan θ = sin θ −1 O θ cos θ A sin θ cos θ 1 Figure 3.3: Illustration des fonctions sinus, cosinus, tangente et cotangente sur le cercle trigonométrique (ici, pour l’angle θ = 2π/9 soit 40°). −1 et voici quelques valeurs importantes des fonctions sinus et cosinus : angle 0 π/6 π/4 π/3 π/2 cos tan cot √ sin √0/2 = 0 √1 √0 √@ 3/3 3 √1/2 = 1/2 √3/2 2/2 √1 √2/2 √1 1/2 3 3/3 √3/2 4/2 = 1 0 @ 0 (3.4.1) (Il faut connaître ces valeurs et pouvoir reconstruire ce tableau de mémoire.) 3.4.1 Retrouver un angle à partir du sinus ou du cosinus On considère un angle θ dont on suppose connaître le sinus, le cosinus, la tangente, etc. Que vaut θ ? Discutons du cas où c’est sin(θ) qui est connu. Ce problème se résoud à l’aide du cercle trigonométrique (rappelez-vous de la figure 3.2). Il est clair qu’en général deux angles θ sont possibles : l’un se trouve entre − π2 et π2 , l’autre est son symétrique par rapport à l’axe vertical. Si en plus on connait cos(θ), alors il ne reste plus qu’un seul choix. (En fait seul le signe de cos(θ) est alors nécessaire pour lever l’ambiguïté.) Cependant cette méthode ne fournit pas la valeur exacte de l’angle, seulement une idée approximative mesurée sur le dessin (sauf si on a la chance d’avoir un sinus ou un cosinus issu du tableau de la présente page). En fait si on donne une valeur r quelconque entre −1 et 1 (qui est l’ensemble des valeurs possibles pour le sinus d’un angle), nous avons maintenant compris qu’il existait un unique θ entre − π2 et π2 tel que sin(θ) = r. On note ce nombre arcsin(r), par définition. Et c’est là que la technologie entre en jeu : l’ordinateur peut calculer avec une redoutable précision la valeur de arcsin(r). C’est ensuite à l’humain de prendre le relais pour savoir si l’angle cherché est arcsin(r) ou son symétrique π −arcsin(r), selon les autres informations dont il dispose. Les fonctions arccos et arctan permettent d’obtenir une information similaire si on connait cos(θ) ou tan(θ). 3.5. RELATION FONDAMENTALE 17 arcsin(r) ou π − arcsin(r) sin(θ) Résumé. Si on connait r = arccos(r) ou − arccos(r) cos(θ) alors θ = arctan(r) ou π + arctan(r) tan(θ) Bien entendu, plutôt que de retenir cette recette par cœur, il vaut mieux se rappeler comment elle est obtenue grâce au cercle trigonométrique. 3.5 Relation fondamentale Le théorème de Pythagore appliqué dans le cercle trigonométrique implique l’importante relation (cos(θ))2 + (sin(θ))2 = 1, ce qu’on écrira plus souvent sous la forme cos2 θ + sin2 θ = 1. 3.6 (3.5.1) Symétries Les fonctions trigonométriques satisfont à des relations algébriques qu’il est indispensable de connaître. Elles découlent facilement de symétries géométriques. 3.6.1 Symétrie par rapport à l’axe des abscisses x tan x sin x cos x sin (−x) = − sin (x) cos (−x) = cos (x) tan (−x) = − tan (x) −x 3.6.2 Symétrie par rapport à l’axe des ordonnées π−x x sin x tan x cos x sin (π − x) = sin (x) cos (π − x) = − cos (x) tan (π − x) = − tan (x) 18 3.6.3 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE Symétrie par rapport à l’origine x tan x sin x sin (π + x) = − sin (x) cos (π + x) = − cos (x) cos x tan (π + x) = tan (x) π+x 3.6.4 Symétrie par rapport à la première bissectrice π −x 2 π − x = cos (x) 2 π cos − x = sin (x) 2 π tan − x = cot (x) 2 cot x x sin x cos x sin f (x) = x 3.6.5 Angles décalés de 90˚ π +x 2 cot x x sin x cos x π sin + x = cos (x) 2 π cos + x = − sin (x) 2 π tan + x = − cot (x) 2 3.7. D’AUTRES IDENTITÉS REMARQUABLES : FORMULAIRE 3.7 19 D’autres identités remarquables : formulaire Les identités suivantes sont souvent utiles : sin(A − B) = sin Acos B − cos Asin B sin(A + B) = sin Acos B + cos Asin B cos(A − B) = cos Acos B + sin Asin B cos(A + B) = cos Acos B − sin Asin B tan A − tan B tan(A − B) = 1 + tan Atan B tan A + tan B tan(A + B) = 1 − tan Atan B cos(2a) = cos2 a − sin2 a = 2 cos2 a − 1 = 1 − 2 sin2 a sin(2a) = 2 sin a cos a 2 tan a tan(2a) = 1 − tan2 a sin(3a) = 3 sin a − 4 sin3 a cos(3a) = −3 cos a + 4 cos3 a cos(A + B) + cos(A − B) = 2 cos Acos B, cos(A + B) − cos(A − B) = −2 sin Asin B, sin(A + B) + sin(A − B) = 2 sin Acos B, sin(A + B) − sin(A − B) = 2 cos Asin B. 1 + cos(2A) cos(A − B) + cos(A + B) , (en particulier cos2 A = ) cos Acos B = 2 2 1 − cos(2A) cos(A − B) − cos(A + B) , (en particulier sin2 A = ) sin Asin B = 2 2 sin(A + B) + sin(A − B) sin Acos B = , 2 sin(A + B) − sin(A − B) cos Asin B = 2 p+q p−q cos p + cos q = 2 cos cos 2 2 p+q p−q cos p − cos q = −2 sin sin 2 2 p−q p+q sin p + sin q = 2 sin cos 2 2 p+q p−q sin p − sin q = 2 cos sin 2 2 20 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE 3.8 Fonctions trigonométriques dans les triangles 3.8.1 Triangles rectangles Considérons un triangle rectangle ABC, rectangle en C, tel que dessiné à la figure 3.4 (à gauche). Par une utilisation judicieuse du théorème de Thalès et du cercle trigonométrique (voir même figure, à droite), on prouve aisément les relations bien connues cos θ = côté adjacent b = hypothénuse c sin θ = côté opposé a = hypothénuse c tan θ = côté opposé a = côté adjacent b B B c P 1 a A C θ A C b Figure 3.4: Un triangle rectangle (à gauche), et le même triangle avec un cercle dessiné autour d’un de ses sommets 3.8.2 Triangles quelconques Soit un triangle de sommets A,B et C, avec la convention que Â, B̂ et Ĉ désignent les angles (pris entre 0 et π) en chacun des sommets, et a, b et c les mesures des longueurs (positives) des segments BC, CA et AB respectivement. Ceci est illustré ci-dessous : B B̂  Ĉ A loi des sinus C Loi des sinus Avec ces notations, la loi des sinus s’écrit sin  sin B̂ sin Ĉ = = . a b c 3.9. EXERCICES 21 Loi des cosinus, ou théorème d’Al-Kashi Une généralisation du théorème de Pyformule thagore est donnée par la formule d’Al-Kashi d’Al-Kashi c2 = a2 + b2 − 2ab cos(Ĉ). On vérifiera qu’en effet, lorsque le triangle est rectangle en C (Ĉ = π/2), alors cos(Ĉ) = 0 ce qui donne la formule de Pythagore : c2 = a2 + b2 . 3.9 Exercices 1. Quelle est la mesure en degrés d’un angle de tour complet cet angle correspond-il ? π 10 radians ? À quelle fraction d’un 2. Soit ABC un triangle rectangle en A. On donne AB = 5 cm, et B̂ = π6 rad. Représenter la situation, et déterminer les longueurs AC et BC. 3. Si ABC est rectangle en A, que AB vaut 5 unités, BC vaut 6 unités, quelle est la mesure de l’angle Ĉ ? 4. On donne un trapèze ABCD, où AB est de longueur 3, AD est de longueur 5 et CD de longueur 6. Notons O l’intersection entre les diagonales BD et AC. Sachant que les côtés AB et AD d’une part, et AD et DC d’autres part sont per[? pendiculaires, quelle est la mesure de l’angle BOA 5. Soit ABC un triangle ; on donne BC = 25, AC = 36 et B̂ = 72°. – Déterminer le troisième côté et les deux autres angles en degrés. – Déterminer la mesure de B̂ en radians (sans calculatrice !) [ = 42°,  = 105°, B̂ = 36° et AB = 300 m. 6. Sur la figure, on donne les angles CAH On demande de déterminer la longueur CH sachant que l’angle dessiné en H est droit. 7. Des naufragés abordent les côtes d’une île de l’Atlantique Sud, balayées par le vent. La plage est bien dégagée et recouverte de galets, mais une falaise barre le 22 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE chemin vers l’intérieur de l’île où ils espèrent trouver du secours. Avant de se préparer pour l’escalade de cette falaise, un membre de l’équipage se propose d’en mesurer la hauteur. Pour cela, il plante une perche bien droite de 3 m de longueur, à une distance de 150 m de l’aplomb de la falaise. Ainsi fait, après avoir vérifié que la perche est bien perpendiculaire au plan de l’horizon, il recule de 5m, distance juste nécessaire pour que, couché sur le sol, le rayon visuel parti de son oeil effleure à la fois l’extrémité de la perche et le sommet de la falaise. Dessiner une figure, puis calculer la valeur trouvée pour la hauteur de la falaise. 8. Deux édifices à toit plat sont distants de 60 m. Du toit du plus petit édifice, qui a 40 m de hauteur, l’angle d’élévation de l’arête du toît du plus grand édifice est de 40°. Calculer la hauteur du plus grand édifice. 111111111111 000000 000000 000000 111111 000000 111111 000000 111111 000000 111111 000000 111111 000000 111111 x 000000111111 111111 000000 0000 1111 000000 000000 h 111111 40 ˚ 0000111111 1111 000000 111111 0000 1111 000000 111111 0000 1111 40 m 000000 1111111111111111111 0000000000000000000 000000000 1111 11111 111111 000000 111111 60 m 9. Deux villes sont vues depuis le centre de la Terre sous un angle de un degré a) Quelle est la distance qui sépare ces deux villes ? b) Quelle serait cette distance si l’angle était de un radian ? Le rayon terrestre vaut environ 6370 km, et on mesure les distances sans creuser de souterrains. 10. À l’aide du cercle trigonométrique, déterminer les nombres suivants (valeur exacte) en utilisant les symétries adéquates. a) cos( 5π 6 ) d) sin( −π 2 ) g) cos( 5π 4 ) b) sin( −π 4 ) e) cos( 7π 3 ) h) cos( −7π 6 ) c) cos( 3π 4 ) f) sin( −4π 3 ) i) sin( 8π 3 ) 11. Trouver les valeurs exactes possibles de cos θ et tan θ sachant que sin θ = puis reporter les arcs correspondants sur un cercle. 7 16 , 12. Calculer la hauteur d’un phare pour que sa portée soit de 15 km. 13. Pour calculer la distance OA entre deux points situés sur les rives opposées d’un fleuve, on définit le long d’une des rives un segment BC de 300 m, passant par O avec OA perpendiculaire à BC. En mesurant les angles B̂ et Ĉ, on trouve respectivement 67°200 et 53°400 : 3.9. EXERCICES 23 A 67°200 B 53°400 O C Calculer la valeur des distances AB et AC. En déduire ensuite celle de la distance OA. 14. Démontrer les relations suivantes : sin4 (a) − cos4 (a) = sin2 (a) − cos2 (a) = 2 sin2 (a) − 1 1 1 tan2 (a) − tan2 (b) = − 2 cos (a) cos2 (b) sin2 (θ) − cos2 (φ) = 1 − cot2 (θ) cot2 (φ) 2 2 sin (θ) sin (φ) h i 15. Soit x ∈ − π2 , π2 . a) Si sin x = − 15 , que vaut la tangente de x ? b) Si cos x = 31 , quelles sont les valeurs possibles de la tangente de x ? 16. Représenter les graphes des fonctions l et f définies par l(t) = sin(2t + π) et f (t) = sin(2t) + π. 17. La construction de la tour de Pise a commencé en 1173 et fut achevée en 1350, avec l’installation de ses sept cloches. C’est une tour creuse, d’un diamètre intérieur de 7.5 m et d’une hauteur h de 54.5 m. Dès la construction du troisième étage en 1274, l’édifice commence à pencher, à tel point qu’elle est fermée au public en 1990. 24 CHAPITRE 3. TRIGONOMÉTRIE d 54, 5 m θ 53° 46 m Des travaux très importants sont alors réalisés, qui ont permis de rapprocher le sommet de la verticale de 43 cm. Ainsi, la tour de Pise a retrouvé l’inclinaison qu’elle avait il y a deux siècles et peut réouvrir ses portes au public en 2001. Les scientifiques estiment avoir prolongé la survie du monument d’une centaine d’années. Il s’agit de déterminer l’inclination qu’avait la tour en 1990. Pour ce faire, elle est observée à partir d’un point distant de 46 m du centre de sa base, et la mesure de l’angle d’élévation est de 53°. Calculer : – La valeur de l’angle d’inclinaison, par rapport à la verticale θ ; – La distance d, qui exprime de combien de mètres, le centre du sommet de la tour s’était écarté de la verticale. 4 Fonctions Ce chapitre commence par une définition rigoureuse et « un peu formelle » de la notion de fonction. La manière dont cette définition est présentée est probablement nouvelle, cependant un tel degré de rigueur devrait éviter bon nombre de malentendus dans la suite. Nous essayons de donner beaucoup d’exemples pour illustrer le concept. Ensuite les définitions classiques liées aux fonctions sont rappelées. 4.1 Généralités sur la notion de fonction 4.1.1 Fonction et fonction partielle fonction Une fonction partielle est la donnée d’un ensemble de départ A, d’un ensemble partielle d’arrivée B et d’une règle qui à certains (ou tous) éléments de A associe un (et un seul) élément de B. Exemple. Soit A l’ensemble des naturels et B l’ensemble des étudiants à l’ULB. On veut associer, à chaque numéro matricule n (un nombre naturel), l’étudiant correspondant f (n). Chaque naturel n’est pas forcément le numéro matricule d’un étudiant, donc f (n) n’est pas définie pour tout n. (Voir également la notion de domaine.) C’est une fonction partielle. Une fonction est la donnée d’un ensemble de départ A, d’un ensemble d’arrivée B, fonction et d’une règle qui à chaque élément de A associe un (et un seul) élément de B. La différence avec la notion de fonction partielle est donc que tous les éléments de A ont forcément une image dans ce cas-ci. Exemple. Soit A l’ensemble des étudiants à l’ULB, soit B l’ensemble des nombres naturels. On associe, à chaque étudiant, son numéro matricule. Chaque étudiant à l’ULB possède un tel numéro matricule, c’est donc une « vraie » fonction. La plupart du temps, les mathématiciens considèrent des fonctions en connaissant le domaine, d’où cette notion un peu rigide de fonction dont l’ensemble de départ est égal au domaine. Cependant dans beaucoup de problèmes pratiques, en particulier pour des non-mathématiciens, les fonctions partielles sont plus pratiques. C’est généralement le terme « fonction » (sans préciser « partielle » ou non) qui est utilisé, et le contexte permet de savoir s’il s’agit seulement d’une fonction partielle, ou d’une « vraie » fonction. 25 26 CHAPITRE 4. FONCTIONS Exemple. Si on parle de « la fonction de R dans R qui à x associe sa racine carrée », il s’agit clairement d’une fonction partielle, puisque son domaine est R+ . 4.1.2 Notation On note une fonction ou fonction partielle f sous la forme f : A → B : x 7→ f (x) ce qui permet de résumer les trois objets qui la définissent : son ensemble de départ A, son ensemble d’arrivée B et la règle pour passer de l’un à l’autre x 7→ f (x). 4.1.3 Nomenclature Ci-après, f : A → B : e 7→ f (e) désigne une fonction partielle. 4.1.3.1 image ensemble image antécédent Soit x est un élément de A auquel f associe un élément, alors cet élément, noté f (x), est appelé l’image de x. On appelle parfois ensemble image l’ensemble des éléments f (x) ainsi obtenus. 4.1.3.2 Antécédent Si x possède une image f (x), on dit que x est un antécédent de f (x). Donc : un élément b ∈ B possède un antécédent (par f ) si et seulement s’il existe un élément a ∈ A tel que b = f (a). Ou encore, si et seulement si il appartient à l’ensemble image de f . 4.1.3.3 domaine Image Domaine Le domaine de f est l’ensemble des éléments de A qui possèdent une image, c’està-dire l’ensembles des éléments x tels que f (x) existe. Cet ensemble est noté dom f . D’après nos définitions, f sera une « vraie » fonction si et seulement si dom f = A. 4.1.4 Exemples Exemple. Voici quelques objets qui ressemblent à des fonctions ou des fonctions partielles : – f : R → R : x 7→ x2 est une fonction de domaine R. – g : R → R+ : x 7→ x2 est une autre fonction, différente de la précédente car son ensemble d’arrivée est distinct. – h : R+ → R+ : x 7→ x2 est une fonction, différente de la précédente et de f car le domaine est différent. √ √ – j : R → R : x 7→ x est une fonction partielle : x n’est pas défini pour x négatif. Le domaine est R+ . 4.1. GÉNÉRALITÉS SUR LA NOTION DE FONCTION 27 √ – k : R → R : x 7→ 3 x est une fonction. – l : R+ → R : x 7→ x est une fonction. – m : R+ → R : x 7→ |x| est une fonction, égale à la précédente : même domaine, même ensemble d’arrivée, et l(x) = m(x) pour tout x. En pratique, les ensembles A et B seront souvent des sous-ensembles de R, et expression la règle qui donne f (x) est simplement une formule (également appelée expression algébrique algébrique) contenant la variable x. Exemple. Si l’on parle d’une fonction f définie par f (x) = x2 + 1, la formule x2 + 1 est une expression algébrique de f . Il n’est cependant pas obligatoire d’avoir une formule, il faut simplement une règle bien définie. Exemple. On pourra définir : x f : R → R : x 7→ −x si x ≥ 0, sinon. ce qui n’est autre que la fonction « valeur absolue » définie sur R : f (x) = |x|. Un autre exemple est la fonction f : N0 → R définie par : f (n) est le nombre de diviseurs naturels de n. Dans ce cas, f (1) = 1, f (2) = 2, f (3) = 2, f (4) = 3, etc. (Notons que l’entier 0 a « une infinité » de diviseurs, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas inclus 0 au domaine de f .) Si seule la formule (« expression algébrique ») est donnée, alors il manque A et B pour constituer une fonction ou une fonction partielle. Cependant, en pratique, on choisit A et B (implicitement) pour que la formule ait du sens. Par exemple, si on donne f (x) = 1/x, alors on choisira (sans doute) A = R0 et B = R pour avoir une fonction (ou simplement A = B = R pour avoir une fonction partielle.) De la sorte, on considère implicitement la fonction 1 R0 → R : x 7→ . x Tandis que si on parle de « la fonction x3 », on considère implicitement la fonction R → R : x 7→ x3 . Par abus de langage, on parlera donc parfois de « la fonction f (x) » (ou même pire : de « la fonction y = f (x) »). En général le contexte permet d’éviter toute ambiguïté. Remarque. Ces abus de langage sont très pratiques à certains moments, mais sont malheureusement également source de nombreuses confusions à d’autres moments. Il ne faut surtout pas hésiter à demander des précisions lorsque les choses ne sont pas claires. 4.1.5 Interprétation de la notion de fonction La notion de fonction n’est pas introduite pour le plus pur plaisir du mathématicien, mais parce qu’elle correspond à une formalisation de diverses notions intuitives intéressantes. Relevons-en deux : les notions d’association (d’objets/valeurs à d’autres objets/valeurs) et de transformation (d’un ensemble). 28 CHAPITRE 4. FONCTIONS 4.1.5.1 Association Dans cette vision de la notion de fonction, A représente un certain nombre d’objets (physiques ou idéalisés), et B représente un ensemble de valeurs ou d’objets potentiellement associés aux objets du domaines. La fonction réalise l’association : à l’objet x ∈ A, la fonction f associe une valeur ou un objet noté f (x). Exemple. – Pour chaque point d’une pièce, on peut associer à la température (en degrés Celsius) de l’air en ce point. Dans ce cas, A est l’ensemble des points de la pièce, et B est l’ensemble des réels. La fonction prend un point p de la pièce et lui associe la température f (p). – Pour chaque personne vivant sur Terre, on peut associer son âge (en nombre d’années) à un moment fixé. A est la population mondiale au moment fixé, B est l’ensemble des réels (on peut même se restreindre aux réels positifs.) – Pour chaque personne inscrite sur Facebook, on peut lui associer son nombre d’amis facebook. Ici le domaine A est un sous-ensemble de la population mondiale (à savoir uniquement les inscrits sur Facebook ; oublions les faux-comptes et les doublons), tandis que l’ensemble d’arrivée B est a priori N, l’ensemble des entiers. (On pourrait dire R, mais on sait bien que seuls les entiers seront utiles). 4.1.5.2 Transformation Dans cette seconde vision des fonctions, on imagine que le domaine est « déplacé » dans l’ensemble d’arrivée. Exemple. La fonction f : R → R : x 7→ −x correspond à « retourner » la droite réelle. C’est la symétrie centrale de centre 0. La fonction f : R2 → R2 : (x, y) 7→ (−x, y) correspond à « retourner » le plan par une symétrie orthogonale. Le « miroir » est la droite des ordonnées. Pour la fonction f : R → R2 : x 7→ (x, x), on imagine que la droite réelle R est « envoyée » sur une droite du plan (à savoir la première bissectrice). Pour la fonction R → R : x 7→ |x|, on imagine plutôt qu’on plie la droite en deux, en recollant la partie négative sur la partie positive. 4.1.6 image ensemble image Image d’une fonction Rappelons que si f : A → B est une fonction, il faut que f (x) soit défini pour tout x dans A, mais il n’est pas obligatoire que tout y de B soit de la forme f (x) pour un certain x. L’image (ou ensemble image) de la fonction de f est la collection des f (x) pour x parcourant A. C’est un sous-ensemble de B, il est noté Im f ou, par abus de notation, f (A). Exemple. L’image de la fonction f : [0, 2] → R : x 7→ x2 est [0, 4] ; c’est bien un sous-ensemble de la droite réelle. Cet ensemble est représenté en trait gras sur la figure 4.1. 4.1. GÉNÉRALITÉS SUR LA NOTION DE FONCTION 29 y 5 y = x2 4 3 2 1 0 1 x 2 Figure 4.1: Le graphe de [0, 2] → R : x 7→ x2 . y 1 0 1 2 3 4 y= x ln(x−1) x −1 −2 Figure 4.2: Le graphe de (1, +∞) ⊂ R → R : x 7→ 4.1.7 ln(x − 1) . x Domaine de définition domaine de Le domaine de définition de f est simplement l’ensemble de départ A, on le note définition aussi dom f . Comme cela a été dit précédemment, parfois l’expression algébrique de f est donnée mais A n’est pas donné. Il faut alors trouver les conditions d’existence (de la formule) pour deviner A. Exemple. On devine que le domaine de définition de la fonction f : A ⊂ R → R : x 7→ ln(x − 1) x est A = (1, ∞) d’après les conditions d’existence : x − 1 > 0 et x , 0. 4.1.8 Graphe Le graphe d’une fonction f : A → B est l’ensemble {(x, f (x)) ∈ A × B t.q. x ∈ A}. En graphe pratique, ce graphe se représente souvent par un dessin dans le plan ou dans l’espace 30 CHAPITRE 4. FONCTIONS muni d’un repère cartésien. De tels exemples de graphes dessinés ont déjà été donnés dans les figures précédentes, mais rappelons tout de même les bases. Le graphe d’une fonction f : A ⊂ R → R se dessine de la manière suivante : pour (théoriquement) chaque valeur x du domaine, on marque le point (x, f (x)) du plan. Le nombre x est l’abcisse du point (repérée sur l’axe horizontal), f (x) en est l’ordonnée (repérée sur l’axe vertical). « Axe des ordonnées » y 3 f (π) 2 (π, f (π)) f (x) = 12 x + sin(x) + 1 1 0 1 2 3 π 4 5 x « Axe des abcisses » Chaque axe peut être muni de son repère propre ; par exemple les unités de l’axe des ordonnées peuvent différer des unités de l’axe des abcisses : y 3 f (π) (π, f (π)) f (x) = 21 x + sin(x) + 1 2 1 0 4.1.9 antécédent 1 2 3 π4 5 x Antécédent Si x, élément de A, vérifie f (x) = y, on dit que x est un antécédent de y (pour la fonction f ). Un élément y de B peut très bien avoir plusieurs antécédents ou n’en avoir aucun. Exemple. Les antécédents de 4 par la fonction f : R → R : x 7→ x2 sont −2 et 2. L’unique antécédent de 0 est 0. Par contre −4 n’a aucun antécédent pour cette fonction. 4.1.10 Parité Une fonction f : A → B, avec A ⊂ R et B ⊂ R est : 4.1. GÉNÉRALITÉS SUR LA NOTION DE FONCTION 31 paire – paire si et seulement si pour tout x de A, on a −x ∈ A et f (x) = f (−x). – impaire si et seulement si pour tout x de A, on a −x ∈ A et f (−x) = −f (x). impaire Exemple. La fonction cos(x) est une fonction paire et la fonction sin(x) est une fonction impaire, mais ln(x − 1)/x (voir figure 4.2) n’est ni l’un ni l’autre. y 1 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 x f (x) = cos(x) 1 2 3 4 x f (x) = sin(x) y 1 −4 −3 −2 −1 0 Propriété. Si f est une fonction paire, son graphe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées (symétrie bilatère). Si f est impaire et si le graphe est dessiné dans les coordonnées cartésiennes d’un repère orthonormé, le graphe de f est symétrique par rapport à l’origine (symétrie centrale). 4.1.11 Composition Que se passe-t-il si l’on applique successivement une fonction g puis une fonction f ? On passe de l’ensemble de départ de g à l’ensemble d’arrivée de f . Ceci nous définit une nouvelle fonction entre ces deux ensembles. Cette fonction s’appelle la composée de g et f . Définition. La composée de deux fonctions f : A2 → A3 et g : A1 → A2 se note f ◦ g et composée est définie comme suit : f ◦ g : A1 → A3 : x 7→ f (g(x)). Il est important de noter que dans la notation f ◦ g, c’est d’abord la fonction g qui est appliquée, puis la fonction f . Ceci permet d’écrire simplement (f ◦ g)(x) = f (g(x)). On résumera la situation en écrivant que f ◦ g est la composée des flèches g f E1 −→ E2 −→ E3 ce qui est également illustré sur la figure figure 4.3 32 CHAPITRE 4. FONCTIONS E1 E2 g E3 f R R f ◦g Figure 4.3: Composition de fonctions Surjection Injection (pas injectif) (pas surjectif) Bijection (injectif et surjectif) Figure 4.4: Injectivité, surjectivité. 4.1.12 Injectivité et surjectivité Soit une fonction f : A → B. Nous définissons et illustrons (voir figure 4.4) les notions d’injectivité, de surjectivité, de bijectivité et d’inversibilité. injective Injection La fonction f dite injective lorsque tout élément de l’ensemble d’arrivée de f a au plus (c’est-à-dire au maximum) un antécédent par f . Une telle fonction est appelée une injection. C’est équivalent à dire que si f (x) = f (y) pour un x et un y de A, alors forcément x = y. surjective Surjection La fonction f est dite surjective lorsque tout élément de l’ensemble d’arrivée est image par f d’au moins un élément de l’ensemble de départ. En d’autres termes, f est surjective si et seulement si son image est l’ensemble d’arrivée tout entier. Une telle fonction est appelée une surjection. C’est équivalent à dire que pour a ∈ B, l’équation f (x) = a possède toujours une solution x. bijective Bijection La fonction f est dite bijective (ou est une bijection) si elle est à la fois injective et surjective. 4.2. QUELQUES FAMILLES DE FONCTIONS 33 Ceci veut dire que les éléments du domaine et les éléments de l’ensemble d’arrivées se correspondent parfaitement par f . 4.1.13 Fonction réciproque La fonction f : A → B est inversible si il existe une fonction g : B → A telle que g(f (x)) = x ∀x ∈ A et f (g(y)) = y ∀y ∈ B. La fonction g est appelée l’inverse ou la fonction réciproque de f , et se note f −1 . def Exemple. Attention à ne pas confondre f −1 (x) avec f (x)−1 = 1/f (x) ! Par exemple, les fonctions f : R0 → R0 : x 7→ x inversible et g : R0 → R0 : x 7→ inverse fonction réciproque 1 x vérifient f (x)−1 = g(x) pour tout x ∈ R0 , par contre f −1 = f et g −1 = g (exercice facile). Propriété. 1. Une fonction est inversible si et seulement si c’est une bijection. 2. Si g est l’inverse de f , alors f est l’inverse de g. En d’autres termes, −1 f −1 =f. Exemple. La fonction f : [0, ∞) → [0, ∞) : x 7→ x2 est bijective et admet la fonction réciproque √ f −1 : [0, ∞) → [0, ∞) : x 7→ x mais par contre la fonction f : R → [0, ∞) : x 7→ x2 n’est pas injective (donc n’admet pas de réciproque). 4.2 4.2.1 Quelques familles de fonctions Fonctions linéaires, affines et polynomiales Les fonctions linéaires et affines sont généralement bien connues car à la fois très simples et très importantes : les graphes de ces fonctions représentent des droites. Une fonction linéaire est, dans notre contexte, une fonction de la forme f : R → R : x 7→ ax pour un certain réel a. Ce nombre réel a s’appelle le coefficient angulaire ou la pente. On peut interpréter ce nombre comme suit : si (x0 , y0 ) et (x1 , y1 ) sont deux y −y points distincts du graphe de f , alors a = x11 −x00 . fonction linéaire coefficient angulaire pente 34 CHAPITRE 4. FONCTIONS Démonstration. Nous allons, dans un instant, prouver cette dernière égalité. Néanmoins il serait plus profitable au lecteur qu’il vérifie cette égalité par lui-même, et ne s’en réfère au calcul ci-dessous que si cela est nécessaire (ou pour vérification, par curiosité). Puisque les points sont distincts on a x1 , x0 , et par ailleurs puisqu’ils sont sur le graphe, on a y0 = f (x0 ) et y1 = f (x1 ), dès lors le quotient suivant a un sens et se calcule : y1 − y0 f (x1 ) − f (x0 ) (ax1 + b) − (ax0 + b) = = x1 − x0 x1 − x0 x1 − x0 ax + b − ax0 − b ax1 − ax0 a(x1 − x0 ) = 1 = = = a (4.2.1) x1 − x0 x1 − x0 x1 − x0 ce que nous avions annoncé. fonction affine ordonnée à l’origine Plus généralement, une fonction affine est de la forme R → R : x 7→ ax + b pour certains réels a et b. Le nombre a s’appelle encore coefficient angulaire et possède la même interprétation que précédemment. Le nombre b s’appelle ordonnée à l’origine et est la valeur de la fonction lorsque la variable x = 0 (c’est évident, mais faites-le !). 4.2.1.1 Graphe Le graphe de toute fonction affine est une droite, et si la fonction est en fait linéaire (c’est-à-dire b = 0) alors la droite passe par l’origine. Lorsque le graphe d’une fonction affine est dessiné en coordonnées cartésiennes d’un repère orthonormé (c’est-à-dire que les axes des abcisses et des ordonnées sont orthogonaux et gradués de la même manière), alors le coefficient angulaire possède l’interprétation suivante : si θ est la mesure (avec son signe) de l’angle entre le demiaxe des abcisses positives et le graphe de la fonction au dessus de ce demi-axe, alors a = tan θ. Ceci est bien sûr incompréhensible sans un dessin : y 3 2 1 ∆y θ 0 1 2 3 ∆x 4 5 x Observez que les relations usuelles dans un triangle rectangle (voir aussi la section 3.8.1) ∆y impliquent en effet que tan θ = ∆x , et que ce dernier quotient est égal au coefficient angulaire d’après l’équation (4.2.1). Remarquons que cette interprétation ne tient plus si les axes ne sont pas gradués à l’identique : 4.2. QUELQUES FAMILLES DE FONCTIONS 35 y 3 2 1 ? 0 1 2 3 4 5 x Exercice. Déterminer l’angle approximatif dessiné, sachant que θ valait 35 ˚ (dans la figure précédente) et que la nouvelle figure a été obtenue en doublant la valeur de l’unité sur l’axe des abcisses par rapport au graphe précédent. (calculatrice autorisée). 4.2.1.2 Fonctions polynomiales 4.2.2 Les fonctions exponentielles et logarithmes 4.2.2.1 Exponentielles fonctions Les fonctions polynômiales sont des fonctions de la forme x 7→ a0 + a1 x + a2 x2 + · · · + polynôan xn pour certaines constantes réelles a0 , . . . , an et un certain entier n qu’on appelle miales degré de la fonction (si an , 0). Une fonction affine dont le coefficient angulaire est degré non-nul est donc une fonction polynomiale de degré 1. Rappelons qu’une droite est caractérisée par deux points distincts. En particulier, si on choisit deux points dont les abcisses sont distinctes, on peut imaginer –et c’est vrai– qu’il existe une unique fonction affine dont le graphe passe par ces deux points. Il est nécessaire que les abcisses soient distinctes sinon la droite serait verticale, ce qui ne peut pas être le graphe d’une fonction. Cette propriété se généralise aux polynômes comme suit : se donnant n + 1 points dont les abcisses sont distinctes deux-à-deux (c’est-à-dire qu’aucun point ne se trouve « au dessus » d’un autre), il existe une unique fonction polynomiale de degré au plus n (c’est-à-dire de degré n ou moins que n) dont le graphe passe par les n + 1 points. Les fonction exponentielles sont les fonctions du type f (x) = ax pour un certain réel positif a, appelé la base de l’exponentielle. Lorsqu’on parle de la fonction expo- base nentielle, c’est la fonction exponentielle dont la base est a = e, où e ' 2.7182818 . . . est une constante appelée. . .« le nombre e. » Le domaine des fonctions exponentielles est R, leur image est l’ensemble R+0 = ]0, ∞]. Remarquons que lorsque base est inférieure à 1, l’exponentielle dans cette base est décroissante, alors que pour une base plus grande que 1, l’exponentielle est croissante. La fonction exponentielle a pour propriété remarquable d’être sa propre dérivée (voir section 5) : d x e = ex . dx 36 CHAPITRE 4. FONCTIONS Figure 4.5: Graphe de ex et de ln x. Ces deux graphes sont symétriques l’un de l’autre par rapport à la droite d’équation y = x. Cette propriété en fait une fonction omniprésente dans la description de nombreux phénomènes naturels, à chaque fois qu’une quantité varie proportionellement à sa valeur instantannée. C’est une raison pour laquelle on parle de la fonction exponentielle. 4.2.2.2 logarithme en base a logarithme naturel logarithme népérien Logarithmes et logarithme naturel Les fonctions logarithmes sont les fonctions réciproques des fonctions exponentielles. Lorsque a > 0 et a , 1, la fonction exponentielle x 7→ ax est une bijection. Sa fonction réciproque est le logarithme en base a, il se note loga . Exemple. Puisque 102 = 100, il est vrai que log10 (100) = 2. Il y a quelques fonctions logarithmes fort utilisées : – le logarithme décimal, en base 10, souvent noté simplement log, – le logarithme en base e, souvent noté ln, et – le logarithme en base 2, noté log2 sont les plus utilisés. C’est ce dernier qui est le plus souvent utilisé en mathématiques et en physique, il est appelé logarithme naturel, ou logarithme népérien (hommage à l’écossais John Napier). Les fonctions logarithmes sont définies sur le domaine R+0 et ont pour ensemble image R. 4.2.2.3 Identités importantes Les identités suivantes sont essentielles. Ici, a, b > 0 et x, y ∈ R. i. eln a = a et ln(ex ) = x, ii. e0 = 1 et ln 1 = 0, iii. ex+y = ex ey et ln(ab) = ln(a) + ln(b), iv. ln(ax ) = x ln a v. loga (x) = ln(x) . ln(a) 4.3. EXERCICES 4.3 37 Exercices Les exercices demandant de tracer le graphe de certaines fonctions supposent connu la notion de dérivée, exposée dans le chapitre 5, qui permet de déterminer le taux de coissance ou de décroissance. 1. On donne les fonctions f et g définies sur R par f (x) = 2x et g(x) = sin(x). a) Calculer f (π/2), g(π/2), (g ◦ f )(π/2) et (f ◦ g)(π/2) b) Quelles sont les expressions algébriques de f ◦ g et g ◦ f ? 2. Si f (x) = 1/(1 − x), donner les domaines et expressions algébriques de f , f ◦ f et f ◦f ◦f . 3. Soit f la fonction définie par 1 si x < 0, x 2 f (x) = x si 0 ≤ x ≤ 2, x + 2 si 2 < x. a) Calculer f (−2), f (0), f (3/2), f (2) et f (3). b) Esquisser le graphe de f . c) Déterminer le domaine de définition et l’image de f . d) Déterminer la fonction réciproque de f si elle existe ; si elle n’existe pas, expliquer pourquoi. 4. Vrai ou faux ? La fonction f : R → R : x 7→ x2 + 3x + 2 est a) injective b) bijective c) inversible d) surjective 5. Pour chacune des fonctions suivantes, déterminer le domaine de définition et la fonction réciproque si elle existe. Représenter la fonction et sa fonction réciproque sur le même graphique. √ a) y = x q 2x+1 b) y = 3(x−1) c) R− → R+ : x 7→ x2 6. Calculez les quantités suivantes si elles existent : a) log10 (100), b) log20 (400), c) log1 (1), d) log1 (2), e) 210 , f) 103 , 38 CHAPITRE 4. FONCTIONS g) log10 (1024) (calculette autorisée), h) log2 (1000) (calculette autorisée. La section 4.2.2.3 peut vous aider à manipuler la calculatrice pour en obtenir ce que vous souhaitez.) 7. Les égalités suivantes sont elles vraies ou fausses ? a) log√2 (2) = 2, b) log√3 (3) = 3, c) log√4 (4) = 2, d) log√2 (4) = 4, e) log √3 2 (1) = 0, f) log1/2 (16) = −5, g) log−5 (16) = 1/2, 8. Sans calculette, simplifiez : 2 a) ln e 3 b) e1+ln 6 c) ln 4 e3 2 e5 ! 9. Résoudre, dans R, les équations : a) ln(x2 ) = ln(12 − x) b) ln x + ln(x + 6) = 12 ln 9 10. Les séismes sont des phénomènes qui vont d’un léger mouvement des couches profondes de l’écorce terrestre, à peine perceptible en surface, à une catastrophe gigantesque qui peut alors changer complètement la topographie d’une région. Autrement dit, entre ces deux extrêmes, la différence est considérable. C’est pour cela que l’échelle de mesure de l’intensité des tremblements de Terre, développée en 1935 par le sismologue américain Charles-Francis Richter, est basée sur le logarithme décimal. Il s’agit, à partir d’une mesure de l’amplitude A donnée par un sismographe, de la comparer à une amplitude A0 de référence. On obtient alors la magnitude M du séisme 1 , ! A M = log A0 Ainsi, une différence de un degré sur cette échelle correspond à un rapport des amplitudes de 10. On entend parfois que l’échelle de Richter comprend 9 degrés, c’est à la fois vrai et faux. En fait elle n’a aucune limite, c’est simplement qu’un tremblement de Terre dont la magnitude soit supérieure à 9 ne se produit que tous les deux siècles environ. Application numérique L’énergie E libérée au foyer du séisme est liée à la magnitude par log E = a + bM où a et b sont des constantes. 1. La fonction notée log est le logarithme en base 10, c’est-à-dire la fonction réciproque de f (x) = 10x . Néanmoins, les propriétés vues pour le logarithme naturel restent valables pour le logarithme en base 10. 4.3. EXERCICES 39 a) Placer sur l’échelle de Richter les séismes de – San Francisco, en 1906 : A = 1,78 · 108 A0 – Los Angeles, en 1971 : A = 5,01 · 106 A0 b) Déterminer les valeurs de a et de b, sachant qu’un séisme de magnitude 8 met en jeu environ 30 000 fois plus d’énergie qu’un séisme de magnitude 5, lui-même libérant une énergie de 0,2 · 1020 J. 11. Le graphe d’une fonction est la droite passant par (0, 2) et (3, 0). Déterminer une équation pour cette droite. 12. Dessiner la droite d’équation y = x dans un système de coordonnées semi-logarithmique. 13. On donne le graphique suivant, où l’axe des abcisses est logarithmique, l’axe des ordonnées étant cartésien. Donner une équation de cette courbe. y 5 4 3 2 1 101 10−3 −2 −3 104 x 5 Dérivées 5.1 Approche intuitive Prenons une fonction f , et deux points P1 = (x1 , y1 ) et P2 = (x2 , y2 ) sur le graphe de f (c’est-à-dire y1 = f (x1 ) et y2 = f (x2 )). La variation de la fonction entre ces deux points est donnée par ∆y = y2 − y1 . On peut rapporter (diviser) cette variation ∆y à la variation ∆x = x2 − x1 de la coordonnée x entre ces deux points, ce qui donne le nombre (dépendant de P1 et de P2 ) ∆y . ∆x Cette quantité indique dans quelle proportion varie la fonction f entre les deux points : c’est la pente de la droite reliant P1 à P2 (voir figure 5.1). a(P1 , P2 ) = y 6 P1 P2 ∆y y 6 y = f (x) P P1 2 y = f (x) ∆x - - x x Figure 5.1: La droite entre deux points d’un graphe. Tout en restant sur cette courbe, supposons maintenant que l’on approche le point P1 du point P2 . Qu’advient-il alors de la droite reliant ces deux points ? Pour P1 suffisamment proche de P2 , la droite en question s’approche de la notion (intuitive) de nombre tangente à la courbe au point P2 . Le nombre dérivé de f en x2 est défini comme la pente dérivé de cette droite, autrement dit c’est la limite (si elle existe) : f (x2 ) − f (x1 ) x1 →x2 x2 − x1 f 0 (x2 ) = lim a(P1 , P2 ) = lim P1 →P2 (Une approche rigoureuse sera vue plus tard, après avoir revu la notion précise de limite.) Remarque. Une autre manière de décrire le nombre dérivé est la suivante : f (x2 + h) − f (x2 ) . h h→0 f 0 (x2 ) = lim Cette formule est en fait identique à la précédente en définissant h = x1 − x2 . 41 42 5.2 dérivable fonction dérivée CHAPITRE 5. DÉRIVÉES Nombre dérivé, fonction dérivée. Nous l’avons vu, le nombre dérivé en un point x d’une fonction f s’obtient par un processus limite : f (x + h) − f (x) . f 0 (x) = lim h h→0 La quantité f 0 (x), lorsqu’elle existe, est un nombre réel et on dit que f est dérivable en x. Ceci peut se faire pour toute valeur de x, et on peut donc créer une nouvelle fonction, notée f 0 , qui à chaque x associera la valeur de f 0 (x). Cette fonction f 0 s’appelle naturellement la fonction dérivée de f . Exemple. Le nombre dérivé de la fonction x 7→ x2 au point 3 est 6, car (3 + h)2 − 32 9 + 6h + h2 − 9 = lim = lim 6 + h = 6. h h h→0 h→0 h→0 lim En général, le nombre dérivé de cette fonction au point x est 2x, car (x + h)2 − x2 x2 + 2xh + h2 − x2 = lim = lim 2x + h = 2x. h h h→0 h→0 h→0 lim On conclut que la fonction dérivée est la fonction x 7→ 2x. 5.2.1 Notations de la dérivée (et dérivées partielles) Pour la lecture de cette section, on se donne une fonction f : A ⊂ R → R. Il est indispensable de distinguer – la fonction f , en tant qu’objet abstrait, – f (x) vu comme un nombre réel (x étant un élément de A). À côté de cela, rappelons qu’il existe la notion floue d’expression algébrique : c’est se donner f (x) sans fixer x. Typiquement on utilise cette notion pour parler d’une fonction sans lui donner de nom, par exemple « la fonction x2 ». La notation 0 est classique : si f est la fonction, f 0 est sa dérivée. Lorsqu’on a l’expression algébrique d’une fonction à laquelle on n’a pas donné de nom, par exemple x3 + 1, on se permettra d’écrire que sa dérivée a pour expression : (x3 + 1)0 = 3x2 . Si la notation pour la variable n’est pas x mais par exemple t, cela ne pose pas de problème particulier à condition que le contexte soit clair : (t 3 + 1)0 = 3t 2 . Mais que ce passe-t-il lorsque l’expression contient plusieurs variables ? Par exemple, le sens à donner à (x2 + y 3 )0 est-il 2x ? 3y 2 ? Peut-être même 2x + 3y 2 ? Pour éviter toute ambiguïté, il y a une autre notation lorsque plusieurs variables sont en présence : ∂(x2 + y 3 ) = 2x ∂x dérivée partielle ∂(x2 + y 3 ) = 3y 2 ∂y Il suffit de dériver par rapport à la variable dont le nom est indiqué, les autres étant alors considérées comme des constantes. Ceci s’appelle une dérivée partielle, car on ne dérive que par rapport à une seule variable. 5.3. RÈGLES DE DÉRIVATION 43 Exemple. 2 2 ∂(exy ) = exy y 2 ∂x 2 2 ∂(exy ) = exy 2y. ∂y Même lorsqu’il n’y a qu’une seule variable, il arrive d’écrire la dérivée sous la forme d(x3 + 1) = 3x2 dx où cette fois le symbole d (« d droit ») remplace le symbole ∂ (« partial ») parce que justement il n’y a qu’une seule variable. Dans les deux dernières notations, que se passe-t-il si on a une fonction par exemple 3 x + 1 dont on veut écrire le nombre dérivé en un point donné, autre que « x » ? En efd(x3 +1) fet, dx donne l’expression de la dérivée, mais comment l’évaluer pour une valeur x fixée, disons x = 1 ? Il est évidemment hors de question d’utiliser d(13 + 1) dx car cela voudrait dire de dériver la constante 13 + 1 (ce qui donne bien entendu 0). Nous voulons en fait d’abord dériver, et puis évaluer. On va représenter l’évaluation par une barre verticale, ce qui donne : d(x3 + 1) 2 = 3x = 3 · 12 = 3 x=1 dx x=1 La notation d dx peut encore s’utiliser dans le cadre d’une fonction nommée. Ainsi df le nombre dérivé de f : x 7→ f (x) au point a pourra s’écrire dx (a) ou f 0 (a). La seconde forme est la préférée (étant donné que f n’a qu’une seule variable). ∂ peut également être utilisée si on est en présence d’une fonction La notation ∂x nommées de plusieurs variables. Exemple. Si A : (x, y) 7→ xy représente l’aire d’un rectangle de côtés x et y, alors on pourra parler des dérivées partielles de A au point (a, b) : ∂A (a, b) et ∂A (a, b) (qui valent ∂x ∂y respectivement b et a). Remarque. Ces notions de dérivées partielles ne sont pas supposées connues, et ceci ne doit en rien être considéré comme une introduction au sujet. Il faut simplement y voir, pour le moment, une notation pratique de la dérivée lorsqu’il y a plusieurs variables dans la formule. 5.3 5.3.1 Règles de dérivation Règles de calcul Obtenir la dérivée d’une fonction dont on a une expression algébrique est rendue simple grâce aux identités suivantes : Propriété. Pour a une constante, et f et g des fonctions dérivables, on a 44 CHAPITRE 5. DÉRIVÉES 1. (af )0 = af 0 2. (f + g)0 = f 0 + g 0 3. (f g)0 = f 0 g + f g 0 d((f (x))a ) 4. = a f a−1 (x)f 0 (x) dx et en particulier : (xa )0 = a xa−1 f 0 f 0 g−f g 0 5. Si g est non-nulle : g = g 2 . Une dernière règle importante sera donnée dans la section 5.3.2 : la dérivée d’une composée de deux fonctions. Exemple. Pour chacune de ces règles voici un exemple. Rappelons déjà ici que la dérivée de sinus est cosinus, alors que la dérivée de cosinus est l’opposé du sinus (voir aussi section 5.3.3 page ci-contre). 1. (cos(1) sin(x))0 = cos(1) sin0 (x) = cos(1) cos(x) 2. (sin(x) + cos(x))0 = sin0 (x) + cos0 (x) = cos(x) − sin(x) 3. (sin(x) sin(x))0 = sin0 (x) sin(x)+sin(x) sin0 (x) = cos(x) sin(x)+sin(x) cos(x) = 2 sin(x) cos(x) 4. (sin(x)2 )0 = 2 sin(x) sin0 (x) = 2 sin(x) cos(x) sin0 (x) cos(x)−sin(x) cos0 (x) cos(x) cos(x)+sin(x) sin(x) sin x 0 = = 5. cos x = cos(x)2 cos(x)2 1 . cos(x)2 Ces exemples appellent quelques commentaires : – dans le premier exemple, cos(1) est une constante (car 1 est constant). Il n’y a donc pas lieu de dériver ce cos là. – Dans tous les exemples, nous aurions pu écrire indifféremment sin0 (x) ou sin(x)0 . – Par contre, sin0 (2x) = cos(2x) et sin(2x)0 = 2 sin0 (2x) = 2 cos(2x) sont des fonctions différentes ! – Remarquons qu’on a écrit sin(x)2 , ce qui est très correct mais souvent, pour des raisons esthétiques, on écrira sin2 (x). (Voir par exemple la formule de Pythagore 3.5.1. 5.3.2 Règle de dérivation en chaîne Soit deux fonctions f : E2 → E3 et g : E1 → E2 et considérons la composée f ◦ g : E1 → E3 de g et f . On peut exprimer la dérivée de cette composée en terme de la dérivée de f et de g par la règle de la dérivation en chaîne : (f ◦ g)0 (x) = [(f 0 ◦ g)(x)] g 0 (x) qu’on écrira souvent sous la forme ((f ◦ g)(x))0 = f 0 (g(x))g 0 (x) (ce qui procède d’un léger abus de notation), ou encore df (g(x)) df (u) dg(x) = dx du u=g(x) dx 5.4. APPLICATION : RECHERCHE D’EXTREMA 45 ce qui peut se lire la dérivée d’une fonction composée est égale à la dérivée de la fonction externe évaluée en la valeur de la fonction interne fois la dérivée de la fonction interne évaluée en l’argument de la fonction composée. Exemple. Considérons la fonction h : x 7→ (x − x2 )2 . Sa dérivée peut se calculer comme suit : on écrit h(x) comme la composée des fonctions f : x 7→ x2 g : x 7→ x − x2 . dont les dérivées sont respectivement 2x et 1−2x. La dérivée de h est donc : h0 (x) = f 0 (g(x)) g 0 (x) = 2g(x − x2 ) (1 − 2x) = 2(x − x2 ) (1 − 2x) (En développant le carré dans h(x) et en dérivant, on peut vérifier qu’on retrouve bien le même résultat.) Bien souvent, afin de s’épargner de longues lignes douloureuses au poignet, on n’écrira pas explicitement des fonctions dont h est la composée. On écrira plutôt ceci : ((x − x2 )2 )0 = 2(x − x2 )(x − x2 )0 = 2(x − x2 )(1 − 2x). 5.3.3 Dérivées des fonctions usuelles Rappelons également ici les formules de dérivations de quelques fonctions bien connues, dont les fonctions trigonométriques : cos0 = − sin sin0 = cos tan0 = 1 + tan2 mais aussi les fonctions exponentielles et logarithmes en base e ln0 (x) = ou en base 10 log0 (x) = 1 x 1 ln(10)x exp0 (x) = exp(x) (10x )0 = 10x ln(10) Rappelons que la fonction f : x 7→ |x| n’est pas dérivable lorsque x = 0 ; pour les autres valeurs on a si x > 0, 1 0 f (x) = −1 si x < 0. On écrit parfois f 0 (x) = 5.4 |x| x. Application : recherche d’extrema La notion de dérivée facilite la recherche d’extrema, grâce à la propriété suivante : 46 CHAPITRE 5. DÉRIVÉES Proposition. Si f : R → R admet un extremum (minimum ou maximum) en x et si est dérivable au point x, alors f 0 (x) = 0. Exemple. Considérons la fonction f : R → R : x4 − 6x2 + 8 . Pour trouver ses extremas, obtenons sa dérivée. Cependant la fonction « valeur absolue » n’est pas dérivable en 0, donc f n’est pas a priori √ dé2 4 rivable √ lorsque 6x − x − 6 s’annule, c’est-à-dire x = 2, x = −2, x = 2 et x = − 2 (saviez-vous résoudre cette équation ?). Pour les autres valeurs, nous avons : 4 − 6x2 + 8 x f 0 : x 7→ 4 (4x3 − 12x) 2 x − 6x + 8 √ √ et ceci s’annule lorsque x = 0 ou x = 3 ou x = − 3. La propriété ci-dessus indique donc que s’il existe un ou plusieurs extrema, ils se trouvent en les valeurs suivantes de x : √ √ √ √ −2, − 3, − 2, 0, 2, 3, 2. Ces valeurs sont des « candidats extrema ». Dans le cas présent, une étude du signe de la dérivée (voir section suivante) montre que ce sont tous des extréma. Le premier est un minimum, le deuxième un maximum, et ainsi de suite en alternance. points critiques Les points où la dérivée d’une fonction f s’annule sont appelés des points critiques de f . On pourrait appeler « candidat extremum » tout point qui est soit point critique, soit tel que f n’est pas dérivable. En effet, les autres points (où f est dérivable et sa dérivée ne s’annule pas) ne sont pas des extréma grâce à la propriété. Remarquons que les candidats extrema ne sont pas toujours des extrema. Exemple. La fonction R → R : x 7→ x3 admet un point critique en 0, néanmoins cela ne correspond ni à un minimum, ni à un maximum. Moins utilisé mais toutefois intéressant, rappelons le critère suivant : Proposition. Si f : R → R est dérivable, si x est un point tel que f 0 (x) = 0 et f 00 (x) > 0 (resp. f 00 (x) < 0), alors f atteint un minimum (resp. maximum) en x. Remarque. Le mot « resp. » veut dire « respectivement », et permet d’éviter de se répéter. La propriété ci-dessus énonce donc les deux choses suivantes : 1. Si f : R → R est dérivable, si x est un point tel que f 0 (x) = 0 et f 00 (x) > 0, alors f atteint un minimum en x. 2. Si f : R → R est dérivable, si x est un point tel que f 0 (x) = 0 et f 00 (x) < 0, alors f atteint un maximum en x. (Voir également A.6 page 62.) 5.5. APPLICATION : CROISSANCE ET DÉCROISSANCE 5.5 47 Application : croissance et décroissance La propriété suivante est bien connue des étudiants du secondaire, qui font beaucoup d’études de fonction : Proposition. Si f est dérivable et f 0 est positive (resp. négative) sur un intervalle, alors f y est croissante (resp. décroissante). Exemple. Reprenons l’exemple de la section précédente, où la dérivée d’une fonction f donnée valait : f 0 : x 7→ x4 − 6x2 + 8 x4 − 6x2 + 8 (4x3 − 12x) Cette fonction peut changer de signe lorsque le domaine comporte un trou (c’est-à-dire lorsque 6x2 − x4 − 6 = 0, ou lorsqu’elle s’annule (c’est-à-dire 12x − 4x3 = 0). x Signe de f 0 (x) Valeur de f −∞ √ − 3 −2 − + 0 √ − 2 − √ 0 + 1 0 √ 2 − + 8 0 0 0 +∞ 2 3 − + 1 0 0 Voyons ce que donnait le graphe de la fonction f de départ : y 15 10 5 −2, 5 2, 5 x Mentionnons également, à ce sujet qu’une fonction continue ne peut changer de signe que si elle s’annule, ou si son domaine comporte un trou, mais ce n’est pas 2 obligatoire. Par exemple la fonction x 7→ x2x−1 a le comportement suivant : 48 CHAPITRE 5. DÉRIVÉES y 50 40 30 20 10 −2 −1 −10 1 2 x −20 −30 −40 On observe que la fonction s’annule pour x = 0, mais ne change pas de signe. Par contre elle change de signe en −1 et 1. 5.6 Application : esquisse du graphe d’une fonction En pratique, pour tenter de comprendre le comportement d’une fonction et en dessiner le graphe, la technique est la suivante : 1. déterminer le domaine de la fonction si ce n’est pas donné dans l’énoncé, 2. déterminer les points d’intersection du graphe avec les axes : les points où la fonction s’annule et la valeur de la fonction en 0 (s’il appartient au domaine), 3. déterminer la dérivée et obtenir un tableau de signes, 4. déterminer les éventuelles asymptotes. 5.7 Exercices 1. Calculer la dérivée des fonctions suivantes : a) y = x6 − 3x4 + 19x3 − 8x + 4 b) y = (2 − x)(1 − 5x) √ c) y = (2x + 1)(3x + 2) 3 3x + 2 d) x 7→ x2 + ln(x2 + 1) e) f (x) = e(1+ln(x))/x f) y = x8 8(1−x2 )4 2. Calculer, si elles existent, les valeurs des dérivées première, deuxième et troisième des fonctions suivantes au point indiqué. a) y = x3/2 en x = 0 b) y = x + 1/x en x = 1/2 3. Calculer la dérivée première par rapport à x de 5.7. EXERCICES 49 √ a) y = t 2 − 4t si t = 2x2 + 1 √ b) y = t − 3t 2 si t = x2 − 6x + 3 √ c) y = 3t 2 − 5t + 4 si t = x2 4. Former les équations des tangentes à la courbe d’équation y = (x − 1)(x − 2)(x − 3) aux points d’intersection avec l’axe des abscisses. Tracer la courbe et la tangente. Rappel L’équation de la droite tangente à une courbe y = f (x) en un point (a, f (a)) de la courbe, est y = f 0 (a)(x − a) + f (a). 5. La figure ci-dessous donne la variation de la vitesse d’un mobile en mouvement rectiligne en fonction du temps. v(t) (m/s) 1 0.5 t(s) -1 0 1 2 3 4 5 -1 a) Que valent les vitesses minimales et maximales atteintes par le mobiles ? b) Combien de temps s’écoule-t-il entre ces deux valeurs extrêmes ? c) Durant quel(s) intervalle(s) de temps le mobile accélère-t-il (accélération positive) ? d) Durant quel(s) intervalle(s) de temps le mobile décélère-t-il (accélération negative) ? e) A quel(s) instant(s) l’accélération est-elle nulle ? f) A quel instant le mobile est-il le plus loin de son point de départ ? g) Quelle est la distance parcourue par le mobile pendant les 4 secondes du mouvement ? 6. La figure ci-dessous représente le graphe d’une fonction. Dessiner le graphe de sa dérivée. 50 CHAPITRE 5. DÉRIVÉES 6 1 1 −1 2 3 - −1 7. On considère un disque dont le rayon varie avec le temps. Sachant que le rayon augmente à la vitesse constante de 0.1cm/sec, quelle est la vitesse à laquelle augmente l’aire de la surface considérée, lorsque a) le rayon a 10 cm b) le rayon a 20 cm 8. Calculer la dérivée première des fonctions suivantes : a) y = sin(x2 + 1) b) y = cos(2πt) c) y = cot(x)/ sin(x) d) y = (sin(x) + cos(x))/(sin(x) − cos(x)) e) y = arcsin(5x) 9. On donne le graphe de la fonction dérivée f 0 d’une fonction f . Que peut-on dire de f (x) (maxima, minima, points d’inflexion, croissance, décroissance, etc ...) ? Dessiner grossièrement f (x) si on suppose f (0) = 0. y 6 1 a) 1 −1 x b) −3 −2 −1 1 2 3 - −1 −1 10. Le rayon d’une sphère augmente de 0.25 m/sec. Lorsque le rayon vaut 3 m, quelle est la vitesse de variation a) de la surface de la sphère ? b) du volume de la boule ? 11. Le volume d’un cône est donnée par la formule : πr 2 h V(r, h) = 3 où r est le rayon du disque formant la base du cône, et h est la hauteur du cône. Calculer la dérivée partielle de cette fonction par rapport à r. 6 Intégrales, aire sous la courbe et primitives 6.1 Introduction Étant donnée une fonction f : [a, b] → R, définie sur un intervalle [a, b] et à valeurs dans R, on peut se demander comment calculer (et donc en particulier définir avec rigueur) l’aire qui se trouve entre le graphe de cette courbe et l’axe des abcisses. Une approche, qui sera détaillée et rendue rigoureuse au cours théorique le moment venu, est de subdiviser l’intervalle [a, b] en de petites zones qu’on imagine infiniment petites. Sur chacune de ces zones, on construit alors un rectangle (dont l’aire est facile à calculer) et on fait la somme des aires de ces rectangles pour obtenir une approximation de l’aire recherchée. L’aire sous la courbe s’obtient alors comme un processus limite, où l’épaisseur des zones est de plus en plus petite. Cette méthode s’appelle la méthode des sommes de Darboux ou des sommes de Riemann, et conduit à définir ce qui s’appelle l’intégrale de Riemann. 51 52 CHAPITRE 6. INTÉGRATION Étant donné qu’on s’intéresse à des rectangles de plus en plus fins, on peut interpréter l’intégrale comme une somme infinie : en chaque point x de [a, b], on place un rectangle de largeur dx (qu’on imagine infiniment petit) et de hauteur f (x). L’aire du rectangle vaut alors f (x) dx, et il ne reste qu’à faire la somme sur tous les x de l’intervalle [a, b]. Cette façon d’imaginer les choses a l’avantage de donner une interprétation intuitive à la notion d’intégrale, mais comme toute interprétation il faut la manier avec prudence. Définissons donc l’intégrale de la fonction f entre a et b comme « l’aire algébrique » comprise entre l’axe des abcisses et le graphe de f , entre x = a et x = b. Le mot « algébrique » veut dire que si la courbe est dessus de l’axe, l’aire se rajoute à l’intégrale, mais que si la courbe est en dessous de l’axe, l’aire se soustrait à l’intégrale. L’aire possède donc un signe (positif ou négatif). L’intégrale ainsi « définie » (l’absence totale de rigueur n’aura pas échappée au R Rb Rb lecteur) se note [a,b] f ou encore a f et même le plus fréquemment a f (x) dx. À toute fin pratique, le « Théorème fondamental du calcul différentiel et intégral » permet de calculer effectivement cette intégrale dans de nombreux cas. Théorème 1 (Théorème fondamental du calcul différentiel et intégral). Soit f une fonction dont on recherche l’intégrale sur un intervalle [a, b]. Si F est une fonction définie et dérivable sur [a, b] telle que F0 = f , alors Z b f (x) dx = F(b) − F(a) a primitive Ce théorème, fondamental comme son nom l’indique, lie donc la notion « d’aire sous la courbe » avec la notion de dérivée. Au vu de ce théorème, il est naturel de donner un nom aux fonctions R F dont la dérivée est une fonction f fixée R : F est une primitive de f et on note F = f ou encore le plus fréquemment F(x) = f (x) dx. 6.2. RAPPELS ET EXERCICES 53 R ? Remarque. La notation f n’est pas bien définie. En effet, à l’évidence si F est une R primitive Rde f , F + 1 en sera une également ; nous serions alors tenté d’écrire F = f et F + 1 = f , et par conséquent F = F + 1, ce qui est une R contradiction. Sachant cela, il faut être prudent en maniant des égalités contenant f . Rb Par contre, la notation a f (x) dx est bien définie lorsque f est continue : la notation a toujours un sens et le réel représenté est unique. Dans les exercices sont développées des méthodes pour déterminer les primitives d’une fonction donnée. 6.2 Rappels et exercices Dans la suite, f : [a, b] → R et g : [a, b] → R désignent des fonctions continues. Rappel 1. Une primitive de f est une fonction F : [a, b] → R dérivable vérifiant F0 = f . Si primitive F0 = f , les autres primitives de f sont de la forme F + constante. Remarquons que pour vérifier qu’une fonction F donnée est bien une primitive d’une autre fonction f donnée, il suffit de dériver F. Par contre, la seule connaissance de f ne permet pas toujours de manière simple d’écrire une formule pour une primitive. C’est grâce à la pratique que l’on finit par pouvoir déterminer des primitives d’un nombre de plus en plus grand de fonctions. C’est l’objet de la plupart des exercices ci-après. Avant de proposer des « trucs » pour intégrer tel ou tel type de fonction, rappelons que l’intégration est un processus linéaire, c’est-à-dire : linéaire Rappel 2. Pour tout α ∈ R, pour toutes fonctions continues f et g : Z Z Z Z Z αf = α f (f + g) = f + g. Polynômes et puissances Rappel 3. Pour α , −1 : Z xα dx = 1 α+1 x α+1 Z x −1 Z = 1 dx = ln |x| x Trouver une primitive pour chacune des fonctions suivantes x3 + 3x + 1 1. √ x 2. x 2 3. 3(x2 + 1)2 2x3 4. √ x 5. (y 2 + y −2 )2 √ 6. x(1 − x)2 7. (3x2 − 6x)3 (x − 1) 54 CHAPITRE 6. INTÉGRATION Intégration par changement de variable Rappel 4. Si l’on pose x = Φ(t), Z Z f (x) dx = f (Φ(t))Φ 0 (t) dt t=Φ −1 (x) (où la barre verticale signifie qu’après avoir intégré par rapport à t, on remplace t par Phi −1 (x) ; ici Φ −1 est la réciproque de Φ.) On retiendra et manipulera aisément cette formule en écrivant x = Φ(t) ⇒ dx = Φ 0 (t) dt. Il n’est pas toujours nécessaire d’expliciter t en fonction de x : pour calculer Z √ (t + 1) t 2 + 2t − 1 dt on pose x = t 2 + 2t − 1, de sorte que dx = 2(t + 1) dt, dont on tire : Z Z √ √ 1 2 (t + 1) t + 2t − 1 dt = 2(t + 1) t 2 + 2t − 1 dt 2 Z 3 1 √ 1 3 1 2 = x dx = x + C = (t 2 + 2x − 1) 2 + C 2 2 3 x=t +2t−1 3 √ 1. sin2 (x2 + 1) cos(x2 + 1)x √ 2. 3t t 2 + 6 10. 3. 3y 2 cos(y 3 + 4) 1 4. x+2 5. tan x x 6. 2 − 7x2 1 7. x(1 + ln(x)) 1 8. tan x sin x x3 9. pour b ∈ R 4x4 + b 12. (1 + e3x )2 e3x 2+t √ 11. 1 + ex ex 13. 14. 15. 1 √ √ (2 + x) x ln x x(1 − ln2 (x)) 1 + cos x x + sin x 16. cot xeln sin 17. e 2x √ x +x √ x L’exponentielle Rappel 5. Z ex dx = ex Ex. 6.1. Trouver une primitive pour chacune des fonctions suivantes 6.2. RAPPELS ET EXERCICES 55 etan(y) cos2 y 1. 52x 2. esin(2t) cos(2t) 4. e x 3. √ x 5. (e2x − e−2x )2 √ Inverse d’un trinome Rappel 6. Z dx = arctan x 2 x +1 Z dx 1 x − 1 = ln x2 − 1 2 x + 1 ±1 Grâce à ces formules, on intègrera toute les fonctions de la forme (x+α) 2 ±β2 par le changement x+α de variable t = β . 1. Ex. 6.2. 1 x2 − 5 1 3. 5x − x2 1 4. 2 x +4 1 2x − 10 − x2 5. 1 9x2 − 1 2. 6. 7. 4 5x2 + 6x + 7 4 5x2 − 7x − 6 Inverse de la racine carrée d’un trinome Rappel 7. Z √ dx 2 = ln x + x + 1 √ x2 + 1 Z √ dx x2 − 1 √ 2 = ln x + x − 1 Grâce à ces formules, on intègrera toute les fonctions de la forme √ ment de variable t = 1. √ Ex. 6.3. 2. √ 3. √ 4. √ x+α β . 1 5. √ 4 − 9x2 1 6. √ x2 + 2x 1 7. √ 9 − 8x + 7x2 1 1 2x − x2 2 5 − 4x − 3x2 6 9 − 8x + 7x2 x2 + 3x + 2 Intégration par parties Rappel 8. Z 0 fg =fg− Z f 0g Z √ dx 1 − x2 ±1 (x+α)2 ±β2 = arcsin x par le change- 56 CHAPITRE 6. INTÉGRATION Exemple. Z Z Z Z 1 ln x dx = ln x1 dx = (ln x)x − · x = x ln(x) − x = x(ln(x) − 1) x 2 x Ex. 6.4. 1. x3 arctan(x) 7. x sin 2 2. x3 ln(x) xex 8. e2x sin x 3. (1 + x)2 9. x sin x 4. y 2 sin(2y) 10. xex 5. x2 e3x 6. sin(x) cos(3x) 11. x2 cos x Fonctions trigonométriques Rappel 9. Z sin x dx = − cos x Z cos x dx = sin x Z tan x dx = − ln |cos x| Z x sin(2x) − 2 4 Z x 1 dx = ln tan sin x 2 sin2 x dx = √ cos( x) Ex. 6.5. 1. √ x 2. tan2 (x) 6.3 3. 1 1 − sin(3x) 4. cos(πx) Applications à la physique 1. La position d’un mobile s’exprime en fonction du temps par x(t) = sin(πt) t lorsque le temps est en secondes, et la position est exprimée en mètres ; l’argument du sinus étant exprimé en radians. Que vaut la vitesse à l’instant t = 0.5 s ? 2. La vitesse d’un mobile est donnée en fonction du temps par l’expression v(t) = −3e−3t , où v est exprimée en mètres par seconde, et t en secondes. Sachant que le mobile se trouve à la position x = 3 m à l’instant t = 0 s, établissez l’équation horaire du mobile. À quelle position se trouve le mobile à l’instant t = 1s ? 6.3. APPLICATIONS À LA PHYSIQUE 57 3. La vitesse d’un mobile est donnée en fonction du temps par l’expression v(t) = 2 t+1 . Sachant que le mobile se trouve à la position x = 3 à l’instant t = 0, établissez l’équation horaire du mobile. À quelle position se trouve le mobile à l’instant t = 2? A De nombreuses notations Afin de transmettre la connaissance, nous avons besoin de notations. Les notations ont énormément évolué au fil du temps et évoluent encore. Certaines notations sont bien établies, comme par exemple le rapport de la circonférence d’un cercle à son diamètre : il se note rarement autrement que par la lettre grecque π. La plupart des notations, cependant, changent énormément d’une culture à l’autre, d’une science à l’autre, d’une langue à l’autre, voire d’un auteur ou d’un cours à l’autre ! Sachant cela, nous n’allons donc pas tenter de répertorier l’ensemble des notations possibles : c’est impossible. Nous pouvons cependant relever certains usages établis, et noter quelques unes des différences qui peuvent apparaître. A.1 Informations non-écrites et implicites Motivation. Considérons le problème suivant : « résoudre l’équation x2 −2 = 0 ». Toute personne ayant suivi un cursus normal en mathématique √ devrait, sans hésiter trop √ longtemps, énoncer les deux solutions : x = − 2 et x = 2. Si nous considérons à présent le problème « résoudre l’équation x2 +1 = 0 », certains répondront que l’ensemble des solutions de cette équation est vide, d’autres diront que l’équation est impossible, et d’autres encore diront qu’il existe deux solutions complexes x = i et x = −i. La vérité est que ces deux problèmes, tels qu’ils sont posés, ne sont pas décrits complètement : nous ne savons pas dans quel ensemble nous cherchons des solutions. De manière générale il n’est, en tout cas en pratique, pas possible de décrire une situation de manière complète et rigoureuse. Il y a toujours un certain nombre d’inforinformations mations qui sont sous-entendues,. Ces informations implicites sont pourtant capitales ! implicites Lire ces informations « entre les lignes » fait partie de l’apprentissage scientifique : n’hésitez pas à demander en cas de doute. A.2 Alphabets Notre alphabet latin comporte 26 lettres : c’est bien trop peu. Il est courant d’utiliser des lettres provenant d’autres alphabets, tels l’alphabet grec. La table A.1 présente un résumé de l’alphabet grec à l’usage des mathématiciens. Les lettres qui ne sont pas dans la table ne sont simplement pas (ou peu) usitées en mathématiques (par exemple, parce qu’elles ressemblent trop à une de « nos » lettres.). 59 60 ANNEXE A. DE NOMBREUSES NOTATIONS Table A.1: L’alphabet grec pour mathématiciens. Lettre grecque α β χ δ η γ ι κ λ µ ν ω φ π ψ ρ σ τ θ ξ ζ variante majuscule ∆ ε Γ κ Λ ϕ $ Ω Φ Π Ψ % Σ ϑ Θ Υ Ξ « nom » « alpha » « beta » « chi » « delta » « epsilon » « eta » « gamma » « iota » « kappa » « lambda » « mu » « nu » « omega » « phi » « pi » « psi » « rho » « sigma » « tau » « theta » « upsilon » « xi » « zeta » De l’alphabet hébreux, vous croiserez peut-être la lettre ℵ (« aleph »). Un autre symbole fréquemment rencontré est le symbole ∇ (« nabla ») (à ne pas confondre avec le « delta » majuscule ∆ grec). A.3 quantificateurs Quantificateurs Deux symboles sont appelés quantificateurs : il s’agit de ∀ (« pour tout ») et ∃ (« il existe »). Par exemple ∃x : x = x2 se lit « il existe x tel que x = x2 », et se traduit par « il existe (au moins) une valeur de la variable x pour laquelle x = x2 ». (Ceci est vrai, puisque la valeur x = −1 convient par exemple.) Par contre, ∀x, x = x2 se lit « pour tout x, x = x2 », et veut dire « pour n’importe quel x (sous-entendu : nombre réel), l’égalité x = x2 est vraie ». (Ceci est évidemment faux.) A.4. CONNECTEURS LOGIQUES 61 On utilise souvent une virgule après un « ∀ » et un double-point après un « il existe ». La virgule se lit comme une virgule, c’est-à-dire ne se prononce pas, tandis que le double-point se lit en général comme « tel que ». A.4 Connecteurs logiques Implication L’implication est notée → ou ⇒. Une implication notée A→B (prononcé « A implique B ») veut dire qu’à chaque fois que A est quelque chose de vrai, alors B est également quelque chose de vrai. Il arrive qu’on note l’implication dans l’autre sens : B←A (encore prononcé « A implique B »). À ne pas confondre avec B → A, comme le montre l’exemple suivant. Exemple. Considérons l’affirmation Lorsqu’il pleut, je prends mon parapluie. Cette affirmation est une implication de la forme : « A → B » où A est « il pleut » et B est « je prends mon parapluie ». La phrase « Je prends mon parapluie dès qu’il pleut » est la même implication, reformulée. Par contre, la phrase « Lorsque je prends mon parapluie, il pleut » est une implication différente : c’est la réciproque de l’implication réciproque précédente, écrite B → A en symboles, et bien sûr son sens est différent. Équivalence L’équivalence se notera ↔ ou ⇔, et se prononce « si et seulement si ». L’équivalence « A si et seulement si B » veut dire que lorsque A est vrai, alors B est vrai ; mais si A est faux, alors B est faux. Une équivalence n’est autre qu’une implication et sa réciproque : (A ↔ B) est la même chose que A → B et B → A. Exemple Il est important de comprendre l’utilisation de ces connecteurs logiques pour exposer un raisonnement. Par exemple : Considérons l’égalité x2 + x = 0. Comme x(x + 1) = x2 + x, l’équation précédente est équivalente à x(x + 1) = 0. Or un produit de deux réels s’annule si et seulement si l’un de ces réels s’annule, dès lors : x(x + 1) = 0 si et seulement si x = 0 ou x = −1. Les mots en gras indiquent tous qu’il y a une implication/équivalence qui a été utilisée ou écrite. Le lecteur attentif remarquera que cet argument présente deux niveaux de raisonnement : afin de montrer l’équivalence x2 + x = 0 ↔ (x = 0oux = −1), nous procédons par implications. En d’autres termes, pour montrer successivement : x2 + x = 0 ↔ x(x + 1) = 0 ↔ (x = 0 ou x = −1) 62 ANNEXE A. DE NOMBREUSES NOTATIONS nous avons justifié chaque équivalence par un résultat connu : la première équivalence se justifie par l’égalité x(x + 1) = x2 + x, la seconde équivalence se justifie par l’équivalence : ab = 0 ↔ (a = 0 ou b = 0). Lorsque le besoin se fait sentir de distinguer plusieurs niveaux de raisonnement, il peut être utile d’utiliser les flèches simples →, ↔ pour le niveau inférieur, et les flèches doubles ⇒, ⇔ pour le niveau supérieur. A.5 Indices et exposants Une notation courante est la mise en indice ou en exposant. (Tellement courante que beaucoup ne se poseront jamais la question de savoir comment l’interpréter.) Dans une expression telle que x13 , le 1 est dit en indice, le 3 est dit en exposant. Il n’y a pas de règle absolue sur la signification de l’indice et de l’exposant, néanmoins le plus souvent : – l’exposant est une opération sur un nombre donné. x3 sera en général une notation pour écrire x · x · x (le produit de x avec x, encore multiplié par x), tandis que – l’indice indique qu’il s’agit d’un nombre dans une séquence d’autres nombres : x1 serait un nombre, x2 un autre, x3 un troisième, etc. En d’autres termes, il s’agit simplement de noms donnés à des nombres. Il n’y a pas de nombre « x » sur lequel on effectue une opération pour obtenir x1 et autres. La signification de l’indice et de l’exposant devrait être claire dans le contexte. Par exemple, x13 sera probablement un nombre noté x1 dont on a pris le cube. A.6 resp. Abbréviations communes L’abbréviation « resp. « veut dire « respectivement » et s’utilise lorsqu’on veut écrire plusieurs choses de forme fort similaire. Par exemple, Si f est une fonction dont la dérivée est positive (resp. négative), alors f est croissante (resp. décroissante). A.7 Rigueur et formalisme Le formalisme, c’est par exemple écrire ∀x ∈ R, ∀ > 0, ∃q ∈ Q : |x − q| < formalisme rigueur au lieu d’écrire : « Tout réel peut être approximé autant que voulu par des rationnels. » Par l’utilisation correcte des quantificateurs et des connecteurs logiques, le formalisme permet un degré de précision qu’il est difficile d’atteindre dans le langage naturel. L’avantage du formalisme est que cette écriture suit des règles faciles à vérifier. Il n’y a (en théorie) pas de place pour les sous-entendus. La rigueur, c’est de ne pas se tromper dans ses raisonnements logiques. Il est important de bien voir que le formalisme n’est qu’une manière d’exprimer les choses. La rigueur, par contre, est à la base des mathématiques. Un raisonnement A.8. UTILISATION DE LA LANGUE 63 doit être mené avec rigueur, sans quoi il n’aura aucune valeur. Le choix d’être formel ou non est souvent affaire de goût, mais n’est en aucun cas une garantie de rigueur. A.8 Utilisation de la langue La langue utilisée pour transmettre la connaissance –dans ce cours il s’agit du français– a son importance, et ses subtilités peuvent influencer la manière dont on comprend un énoncé ou un raisonnement. Il est important d’avoir une bonne maîtrise de la langue française dès lors qu’elle influence la compréhension. Un exemple est l’utilisation de l’article défini « le » ou de l’article indéfini « un ». S’il est question de l’ensemble A, cet ensemble doit être bien défini et unique dans le contexte. On parlera par exemple de l’ensemble des réels pour dire : l’ensemble de tous les réels. Cet ensemble est unique, tout le monde a le même (et il est noté R). S’il est question d’un ensemble de réels, cela sous-entend que cet ensemble n’est pas a priori unique. Nous avons donc un ensemble inclus dans R, mais pas forcément égal à R tout entier. A.9 Stratégies de lecture Un texte mathématique, tel qu’un cours, ne se lit pas comme une histoire dont on se bercerait doucement. En fait seules les histoires se lisent comme des histoires, tout le reste requiert une certaine activité de la part du lecteur. Par exemple, la lecture d’une définition ou d’un théoèrme doit s’accompagner de la recherche active d’exemples d’objets vérifiant la définition ou le théorème. En général de tels exemples sont également donnés dans le texte, mais il est bon de chercher par soi-même, puis ensuite de regarder les exemples donnés et de vérifier que ce sont vraiment des exemples et que vous pouvez le prouver. La lecture d’un exercice, quant à elle, doit être suivie par une tentative de résolution au minimum mentale. La plupart des textes mathématiques supposent généralement que les lecteurs d’une page n fixée ont déjà lu et compris toutes les pages numérotées i pour i variant de 1 à n − 1. Deux exceptions notables : certains livres présentent une table des chapîtres avec leurs interdépendances, et d’autres contiennent des annexes dont la lecture ne dépend généralement que d’une partie du reste du livre, voire pas du tout du reste du livre. Similairement, la résolution d’un exercice passe certainement par la lecture de son énoncé, et la capacité à donner du sens à chacun des mots de cet énoncé. Par ailleurs, lorsqu’un énoncé assez général est posé, faire de petits exemples ou dessins aidera bien souvent. Index entier, 2 naturel, 2 relatif, 2 expression algébrique, 27 A abcisse, 5 Al-Kashi (théorème d’), 21 angle détermination principale, 13 mesure, 13 orienté, 13 antécédent, 26, 30 F fonction, 25 affine, 34 linéaire, 33 partielle, 25 polynômiale, 35 fonction dérivée, 42 fonction réciproque, 33 formalisme, 62 fraction addition, 2 multiplication, 2 B base, 35 bijective, 32 C cercle trigonométrique, 14 coefficient angulaire, 33 composée, 31 coordonnées cartésiennes de la droite, 5 du plan, 8 logarithmique de la droite, 7 du plan, 8 polaires, 10 semi-log, 8 cosinus, 15 G graphe, 29 I image, 26, 28 impaire, 31 informations implicites, 59 injective, 32 intervalle, 3 inverse, 33 inversible, 33 italique, 1 D degré, 35 dérivable, 42 dérivée partielle, 42 domaine, 26 domaine de définition, 29 L linéaire, 53 logarithme en base a, 36 naturel, 36 népérien, 36 E ensemble image, 26, 28 65 66 INDEX loi des sinus, 20 N nombre entier, voir entier rationnel, 2 réel, 2 nombre dérivé, 41 O ordonnée à l’origine, 34 origine, 8 orthonormés, 8 P paire, 31 pente, 33 points critiques, 46 primitive, 52, 53 Q quantificateurs, 60 R radian, 14 réciproque, 61 repère cartésien de la droite, 5 du plan, 8 resp., 62 rigueur, 62 S sinus, 15 surjective, 32 V vecteurs de base, 8