Polynômes à une indéterminée à coefficients dans IK Rappels de Première année Table des matières 1 L’algèbre IK[X] 1.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Lois internes dans IK[X] . . . . . . 1.2.1 Addition de polynômes . . . 1.2.2 Multiplication de polynôme . 1.2.3 Multiplication d’un polynôme 1.3 Composition dans IK[X] . . . . . . 1.4 Degré d’un polynôme . . . . . . . . 1.5 Dérivation dans IK[X] . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 2 2 2 3 3 4 4 2 Divisibilité dans IK[X] 2.1 Division euclidienne dans IK[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 5 3 Racines d’un polynôme 3.1 Fonction polynômiale . . . . . . 3.2 Racine d’un polynôme . . . . . . 3.3 Polynômes scindés sur IK . . . . 3.4 Polynômes irréductibles de C I [X] 3.5 Polynômes irréductibles de IR[X] 6 6 6 7 8 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . par un . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’algèbre IK[X] 1 1.1 Définition Définition 1 : On appelle polynôme à une indéterminée à coefficients dans IK, toute suite (an )n∈IN d’éléments de IK presque nulle, c’est à dire nulle à partir d’un certain rang : ∃N ∈ IN, ∀n > N, an = 0IK Pour n fixé, an est appelé le nième coefficient du polynôme. Par définition donc, un polynôme P est nul si et seulement si tous ses coefficients sont nuls. De même, deux polynômes P = (an )n∈IN et Q = (bn )n∈IN sont égaux ssi (an )n∈IN = (bn )n∈IN c’est à dire plus simplement ∀n ∈ IN, an = bn . Notation : L’ensemble des polynômes à une indéterminée à coefficients dans IK est noté IK[X]. On note par X le polynôme (0, 1, 0, 0, 0, · · ·) ie défini par la suite : a0 = 0, a1 = 1, ∀n ≥ 2, an = 0 1.2 1.2.1 Lois internes dans IK[X] Addition de polynômes Définition 2 : Soient P = (an )n∈IN et Q = (bn )n∈IN deux polynômes de IK[X]. On définit par P + Q, le polynôme (an + bn )n∈IN . On définit ainsi une loi de composition interne de IK[X]. Propriété 1 : (IK[X], +) est un groupe abélien. 1.2.2 Multiplication de polynôme Attention, cette multiplication n’est pas du tout celle des suites. Définition 3 : Soient P = (an )n∈IN et Q = (bn )n∈IN deux polynômes de IK[X]. On pose P · Q = (cn )n∈IN où n X cn = ai bn−i i=0 On démontre que P · Q est un polynôme dont les coeffs sont : n X (a0 b0 , a0 b1 + a1 b0 , a0 b2 + a1 b1 + a2 b0 , · · · , ai bn−i , · · ·) i=0 Ainsi, on a défini une deuxième loi interne appelée multiplication des polynômes. Propriété 2 : (IK[X], +, ·) est un anneau commutatif. Remarques : 1) L’élément neutre pour · est le polynôme (1, 0, 0, · · ·) plus communément noté 1. 2) On montre que l’application : Θ : IK −→ IK[X] λ 7−→ (λ, 0, 0, · · ·) est un morphisme d’anneau injectif. Ainsi Θ(IK) est isomorphe à IK : c’est pourquoi, on fait souvent la confusion entre le scalaire λ et le polynôme (λ, 0, 0, · · ·) appelé plus communément le polynôme constant λ. 2 1.2.3 Multiplication d’un polynôme par un scalaire Définition 4 : Soit λ ∈ IK et P = (an )n∈IN ∈ IK[X]. On définit λ · P = (λ an )n∈IN . λ · P est un polynôme. On définit ainsi une loi externe appelée multiplication par un scalaire. Propriété 3 : (IK[X], +, ·, ·) est une IK-algèbre commutative, c’est à dire un IK espace vectoriel et un anneau commutatif. Propriété 4 : Θ : IK −→ IK[X] λ 7−→ (λ, 0, 0, · · ·) est un morphisme de IK-algèbres injectif. Notation définitive pour un polynôme : On note X = (0, 1, 0, · · ·) appelée l’indéterminée. On pose X 0 = (1, 0, 0, · · ·) = 1 et pour tout n ∈ IN, X n+1 = X n · X. Une récurrence immédiate montre que : ∀n ∈ IN ∗ , X n = (0, 0, 0, · · · , 1 (n+1)ième coeff , 0, 0, 0, · · ·) Soit P = (an )n∈IN un polynôme. Il existe N ∈ IN, ∀n > N, an = 0. Alors P = (a0 , a1 , a2 , · · · , ai , · · · , aN , 0, 0, · · ·) = a0 (1, 0, 0, · · ·) + a1 (0, 1, 0, · · ·) + · · · + ai (0, 0, 0, 0, · · · , +aN (0, 0, 0, 0, · · · , = a0 X 0 + a1 X + N P = ai X i 1 1 (i+1)ième coeff , 0, · · ·) + · · · , 0, · · ·) (N +1)ième coeff a2 X 2 + · · · + ai X i + · · · + aN X N i=0 Nous adopterons désormais cette notation pour un polynôme. 1.3 Composition dans IK[X] Définition 5 : Soient P = N P ai X i ∈ IK[X] et un autre polynôme de IK[X]. i=0 On définit le polynôme composé noté P ◦ Q ou P (Q) par : P (Q) = a0 + a1 Q + a2 Q2 + · · · + aN QN Applications courantes : 1) On prend Q = X + a, a ∈ IK. Ainsi P (Q) = P (X + a) = 2) On prend Q = −X. Ainsi P (Q) = P (−X) = N P i=0 3 N P ai (X + a)i . i=0 N P ai (−X)i = i=0 ai (−1)i X i . 1.4 Degré d’un polynôme Définition 6 : Soit P ∈ IK[X], (an )n∈IN la suite de ses coefficients. 1) Si P 6= 0, on appelle degré de P , qu’on note deg P le plus grand entier n tel que an 6= 0. L’élément adegP est appelé coefficient dominant de P . On dit que P est unitaire (ou normalisé) lorsque P 6= 0 et adegP = 1. 2) Si P = 0, on pose deg(0) = −∞. Propriété 5 : Soient (P, Q) ∈ IK[X]2 et λ ∈ IK ∗ . 1) deg(P + Q)≤ Sup(degP ,degQ). (on convient que ∀n ∈ IN, −∞ ≤ n). Si degP 6=degQ, alors deg(P + Q)=Sup(degP ,degQ). 2) deg(P Q)=degP +degQ. 3) deg(λ P )=degP . Corollaire 1 : 1) Les polynômes inversibles (pour la multiplication interne) dans IK[X] sont les polynômes de degré 0 ie les éléments de IK ∗ . 2) (P Q = 0 ⇐⇒ P = 0 ou Q = 0) : On dit que IK[X] est intègre. Corollaire 2 : Soit n ∈ IN . On note IKn [X] = {P ∈ IK[X]/deqP ≤ n}. IKn [X] est un IK-e.v. 1.5 Dérivation dans IK[X] degP P Définition 7 : Pour tout polynôme P = ai X i ∈ IK[X], on appelle polynôme dérivé de i=0 P , qu’on note P 0 le polynôme défini par : degP 0 P = X i ai X i−1 i=0 0 On note P (0) = P, P (1) = P 0 , ∀k ≥ 1, P (k) = P (k−1) . Propriété 6 : 1) ∀P ∈ IK[X], degP − 1 si degP ≥ 1 0 degP = −∞ si degP ≤ 0 2) ∀n ∈ IN, degP ≤ n ⇐⇒ P (n+1) = 0. 3) D : IK[X] −→ IK[X] est un endomorphisme. P 7−→ P0 4) ∀(P, Q) ∈ IK[X]2 , (P Q)0 = P 0 Q + P Q0 . 5) ∀(P, Q) ∈ IK[X]2 , (P ◦ Q)0 = Q0 (P 0 ◦ Q). 6) Formule de Leibniz : 2 (k) ∀(P, Q) ∈ IK[X] , ∀k ∈ IN, (P Q) k X = Cki P (i) Q(k−i) i=0 En bref, il semble que les calculs sur les dérivées des polynômes sont identiques à ceux des fonctions dérivables, alors que la dérivée a été définie différemment. 4 Divisibilité dans IK[X] 2 Définition 8 : Soient (A, P ) ∈ IK[X]2 . 1) On dit que A est un diviseur de P ou que A divise P ou que P est un multiple de A si : ∃Q ∈ IK[X], P = A Q On note A\P . 2) On dit que A et P sont associés si : ∃λ ∈ IK, P = λA. Propriété 7 : 1) ∀A ∈ IK[X], A\A, A\0, (0\A ⇐⇒ A = 0). 2) ∀(A, B) ∈ IK[X]2 , (A\B et B\A) ⇐⇒ (A et B sont des polynômes associés). 3) ∀(A, B, C) ∈ IK[X]3 , A\B et B\C =⇒ A\C A\B =⇒ A\BC A\B et A\C =⇒ A\B + C A\B =⇒ ∀n ∈ IN ∗ , An \B n 2.1 Division euclidienne dans IK[X] Théorème : Soient (A, B) ∈ IK[X]2 tels que B 6= 0. Il existe un unique couple (Q, P ) ∈ IK[X]2 tel que : A=BQ+R degR < degB Le polynôme Q (resp : R) est appelé quotient (resp : reste) de la division euclidienne de A par B. Algorithme de la division euclidienne : Soient (A, B) ∈ IK[X]2 tels que B 6= 0. Si degA < degB alors Q = 0, R = A. Sinon, on diminue le degré de A en faisant l’opération A − Q0 B avec Q0 = n = degA, p = degB. - si deg(A − Q0 B) < degB alors Q = Q0 et R = A − Q0 B. - sinon on recommence l’opération avec (A − Q0 B, B). 2.2 an X n−p bp où Polynômes irréductibles Définition 9 : Un polynôme P de IK[X] est dit irréductible sur IK si : – degP ≥ 1 – Et P n’admet comme diviseur dans IK[X] que les polynômes constants non nuls et les polynômes associés à P . Remarques : 1) Les polynômes irréductibles de IK[X] ont un rôle analogue aux nombres premiers dans Z. Z 2) La notion d’irréductibilité dépend de IK : Exemple : X 2 + 1 est irréductible sur IR mais pas sur C I. 3) Par contre, P irréductible sur C I =⇒ P irréductible sur IR. 5 Propriété 8 Tout polynôme P de degré ≥ 1 de IK[X] admet dans IK[X] un diviseur irréductible sur IK[X]. Théorème de décomposition en produit de facteurs irréductibles : Tout polynôme P de degré ≥ 1 de IK[X] s’écrit de manière unique à l’ordre près des facteurs comme produit de facteurs irréductibles : r P = λ Π Piαi i=1 où : λ est le coefficient dominant de P r ∈ IN ∗ (Pi )1≤i≤r sont des polynômes irréductibles unitaires αi ∈ IN ∗ i 6= j =⇒ Pi 6= Pj . 3 Racines d’un polynôme 3.1 Fonction polynômiale N P Définition 10 : A un polynôme P = ai X i ∈ IK[X], on associe une application de IK i= dans IK définie par : P̃ : IK x −→ IK N P 7−→ ai xi i= P̃ est appelée fonction polynômiale associée à P . Théorème de Taylor pour les polynômes : Soit P ∈ IK[X], a ∈ IK, N = degP. On a ∼ N P (k) X (X − a)k P (X) = k! k=0 c’est à dire aussi ∼ N X P (X + a) = k=0 3.2 P (k) k! Xk Racine d’un polynôme Définition 11 : Soit P ∈ IK[X], a ∈ IK. ∼ On dit que a est une racine (ou un zéro) de P si P (a) = 0. Propriété 9 : 1) a est racine de P ⇐⇒ (X − a)\P . 2) Soient n ∈ IN ∗ , (x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ IK n deux à deux distincts. n Si (x1 , x2 , · · · , xn ) sont racines de P alors Π (X − xi )/P i=1 6 Corollaire 1) Soit P ∈ IK[X], n ∈ IN ∗ . Si degP < n et si P admet n racines deux à deux distinctes alors P = 0. 2) L’application Ψ IK[X] −→ F(IR, IR) ∼ 7−→ P P est un morphisme de IK-algèbres injectif Ψ nous permet de dire que Im(Ψ) est isomorphe à IK[X]. Or, Im(Ψ) est l’algèbre des fonctons polynômiales. Cet isomorphisme justifie qu’on confonde dans la pratique un polynôme et ∼ sa fonction polynômiale. Ainsi, au lieu d’écrire P (x) où x ∈ IK, on voit écrit P (x). Définition 12 : Soit P ∈ IK[X] et a une racine de P dans IK. On appelle ordre de multiplicité de a le plus grand entier naturel m tel que (X − a)m divise P . L’ordre de multiplicité de a dans P est donc l’entier naturel m tel que : ∃Q ∈ IK[X], P = (X − a)m Q, avec Q̃(a) 6= 0. Si m = 1, on parle de racine simple. Si m = 2, on parle de racine double. Si m = 3, on parle de racine triple. Remarque : On a m ≤ degP. Propriété 10 : Caractérisation de l’ordre de multiplicité d’un zéro. a est un zéro d’ordre de multiplicité m dans P ssi ∼ ∀0 ≤ k ≤ m − 1, P (k) (a) = 0 ∼ 3.3 P (m) (a) 6= 0 Polynômes scindés sur IK Définition 13 : Un polynôme P ∈ IK[X] est dit scindé sur IK si : ∃λ ∈ IK ∗ , ∃n ∈ IN ∗ , ∃(x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ IK n , n P (X) = λ Π (X − xi ) i=1 Remarsques : 1) Dans la définition, - les xi ne sont pas forcément distincts et ce sont les racines de P - λ est le coefficient dominant de P - n = degP . 2) On peut aussi écrire r P (X) = λ Π (X − xi )mi i=1 avec (x1 , x2 , · · · , xr ) deux à deux distincts, mi l’ordre de multiplicité de xi et degP = m1 + m2 + m3 + · · · + mr . Exemple : X 2 + 1 est scindé sur C I mais pas sur IR. 7 Définition 14 : Soient n ∈ IN ∗ , (x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ IK n On appelle fonctions symétriques élémentaires de (x1 , x2 , · · · , xn ), les expressions suivantes : σ1 = x1 + x2 + · · · + xn P σ2 = xi1 xi2 = (x1 x2 + x1 x3 + x1 x4 + · · · + x1 xn ) + (x2 x3 + x2 x4 + · · · + x2 xn ) 1≤i1 <i2 ≤n + · · · + (xn−2 xn−1 + xn−2 xn ) + (xn−1 xn ) .. . x P σ = xi2 xi3 · · · xik k 1≤i1 <i2 <i3 <···<ik ≤ni 1 σn = x1 x2 x3 · · · xn Remarques : σk contient Cnk termes. Exemples : Les fonctions symétriques élémentaires de : 1) (x1 , x2 ) : 2) (x1 , x2 , x3 ) : 3) (x1 , x2 , x3 , x4 ) : Propriété 11 :Relations entre coefficients et racines d’un polynôme. Soient n ∈ IN ∗ , (a0 , a1 , a2 , · · · , an ) ∈ IK n+1 tel que an 6= 0. n P On suppose que le polynôme P = ai X i est scindé sur IK et on note (x1 , x2 , x3 , · · · , xn ) n i=0 tels que : P (X) = an Π (X − xi ). i=1 Alors : ∀1 ≤ k ≤ n, an−k an fonction symétrique élémentaire de (x1 , x2 , · · · , xn ). σk = (−1)k où σk est la k ième C’est à dire P (X) = an (X n − σ1 X n−1 + σ2 X n−2 − σ3 X n−3 + · · · + (−1)k σk X n−k + · · · + (−1)n σn ) 3.4 Polynômes irréductibles de C I[X] Théorème de D’Alembert Gauss : Tout polynôme non constant de C I [X] admet au moins un zéro dans C I. On dit que le corps C I est algébriquement clos. Corollaire 1 : 8 Tout polynôme non constant de C I [X] est scindé sur C I. Corollaire 2 : Les polynômes irréductibles de C I [X] sont les polynômes de degré 1. 3.5 Polynômes irréductibles de IR[X] Propriété 12 : Soit P ∈ C I [X]. On a P ∈ IR[X] ⇐⇒ ∀z ∈ C I , P (z) = P (z) Propriété 13 : Soient P ∈ IR[X], a ∈ C I , m ∈ IN ∗ . Pour que a soit zéro d’ordre m au moins (resp : exactement) de P , il faut et il suffit que a soit zéro d’ordre m au moins (resp : exactement) de P . Propriété 14 : Les polynômes irréductibles de IR[X] sont : 1) les polynômes de degré 1. 2) les polynômes de degré 2 à discriminant < 0. Corollaire : La décomposition d’un polynôme P de IR[X] est donc de la forme : N N0 i=1 j=1 P = λ Π (X − xi )ri Π (X 2 + pj X + qj )sj où : λ ∈ IR∗ . (N, N 0 ) ∈ IN 2 . 0 (r1 , r2 , · · · , rN , s1 , s2 , · · · , sN 0 ) ∈ (IN ∗ )N +N . (x1 , x2 , · · · , xN ) ∈ IRN deux à deux distincts. (p1 , q1 ), (p2 , q2 ), · · · , (pN 0 , qN 0 ) ∈ (IR2 )N deux à deux distincts. ∀j ∈ {1, · · · , N 0 }, p2j − 4qj < 0. 9