Evaluation de la prise en charge du risque apriori de chute

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Evaluation des Pratiques Professionnelles : Evaluation de la prise
en charge du risque apriori de chute des patients admis en service
de soins de suite et de réadaptation.
Introduction
La chute n’est jamais un événement banal. Les chutes chez le sujet âgé représentent tant par
leur fréquence que par leur gravité un problème majeur de santé publique. C’est ainsi que le
Professeur Pfitzenmeyer, dans son éditorial d’Impact Médecin de mi 1999, alerte ses
collègues.
La chute est définie par l’OMS comme un signe de dysfonctionnement entre la personne âgée
et son environnement. Près d’un million de chutes sont enregistrées chaque année chez les
plus de 85 ans conduisant à plus de 12 000 décès par an et sont dans 40% des cas le motif
d’entrée en institution devant un déclin fonctionnel avec perte d’autonomie.
Les personnes âgées vivant en institution, parfois très dépendantes, sont particulièrement
exposées à ce risque. Malgré uns surveillance étroite et un suivi médical, les chutes restent
nombreuses, souvent liées aux facteurs physiques et environnementaux.
Choix de la thématique et origine de la démarche et objectifs
L’hôpital de Soultz a fait des statistiques sur les chutes intervenues au sein de l’établissement.
Cette étude porte sur cinq années consécutives soit de 2004 à 2008 et prouve l’importance du
nombre de chute. En fréquence les chutes passent de moins de 250 en 2004 à 400 en 2008.
Les conséquences pour la population accueillie, de plus en plus fragilisée par l’âge, la
dépendance et la polypathologie peuvent être lourdes par rapport à leur projet de vie et sont
souvent à l’origine de l’aggravation de leur dépendance voir de l’installation d’un syndrome
de glissement. Face à cette situation, l’hôpital se doit de réagir en identifiant le risque de
survenue de chute au plutôt pour en réduire le nombre et les conséquences qui en découlent.
Littérature professionnelle de référence
- Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée (novembre 2005, éditée par
l’HAS)
- Retour d’expérience sur l’EPP des chutes des patients, intervention de Anne-Claire
AUGEREAU, responsable qualité à l’Hôpital Local MARTIGNIE BRIAND dans le cadre du
réseau pour l’amélioration de la qualité, la gestion des risques et l’évaluation de santé en
Maine et Loire. (date )
Composition du groupe
Docteur Djamila Lalwani-Benabid :
Praticien hospitalier
Docteur Mohamed Louahla :
Praticien hospitalier
Pierre Lietard :
Kinésithérapeute
Julia Berger :
Psychomotricienne
Jean Jacques Schneider
Cadre supérieur de santé
Thérèse Schneiderlin :
Cadre de santé
Christelle Mougel :
Infirmière
Marie Thérèse Schleer :
Infirmière
Claudine Gsegner :
Aide soignante
Martine Aubry :
Aide soignante
Marie-Odile Bogajo
Aide soignante
Christelle Koch :
Qualiticienne
Déroulement de la démarche et méthodologie.
Un groupe de travail a été constitué et s’est réuni pour la première fois le 29 avril 2008. A
l’issue de cette première réunion il a été jugé nécessaire de faire un bilan de la prise en charge
des chutes, de définir des actions envisageables et d’étayer la réflexion par un audit.
Lors de la réunion du 23 mai 2008, La grille d’audit est arrêtée par le groupe de travail. Il est
décidé que cet audit portera sur 30 dossiers de patient admis en service de soins de suite et de
réadaptation Le but est d’évaluer la traçabilité de la prise en charge du risque apriori de chute.
Le 6 juin 2008 les résultats de l’audit sont présentés au groupe de travail. Le groupe décide
de faire le choix d’un test d’évaluation permettant d’identifier les personnes âgées présentant
un risque de chute. Le choix porte sur la grille Tinetti a utilisée lors de chaque admission par
l’équipe de rééducation lors de chaque admission de nouveaux patients en SSR. Cette grille
permet d’évaluer la marche et l’équilibre du patient. La grille Tinetti totalise un score de 28
point. Un score inférieur à 26 signifie généralement qu’il y a un risque, plus le score est bas
plus le risque est important. Ainsi un score inférieur à 19 signifie que le risque de chuter est
multiplié par 5.
Le 21 octobre 2008, les résultats obtenus grâce à l’utilisation de la grille Tinetti sont présenté
au groupe. Les résultats ne sont pas concluant. Le test n’est pas assez précis et regroupe tous
les patients dans une population à risque. Le groupe de travail, sur proposition de l’équipe de
rééducation opte pour la mise en place d’un autre test ; la grille get up and go est choisie.
Cette grille est un test rapide que l’on peut faire passer à grande échelle. Elle permet
d’observer comment les personnes se lèvent d’une chaise et se rassoient. Or se sont des
moments cruciaux par rapport aux chutes. Ce test donne assez d’éléments, qui peuvent être
affinés par une observation précise, pour détecter des personnes à risque de chute plus
important. Le test contient cinq items notés de 1 à 5. Plus le score est élevé, plus il y au risque
de chute. Lorsque le score est supérieur ou égale à 3 par item, il y a un risque élevé de chute.
Le test est généralement réalisé le matin, les patients étant plus attentif aux consignes et moins
fatigués que l’après midi. Le test sera réalisé dans la semaine qui suit m’admission. Le
kinésithérapeute et la psychomotricienne seront en charge de réaliser ce test. Les résultats de
l’évaluation individuelle sont tracés dans le logiciel de soins et commentés lors des réunions
pluridisciplinaires du service. L’évaluation selon la grille Get up and go se fera sur la période
de février à mai 2009.
Le 8 juillet 2009, les résultats de l’utilisation de la grille get up and go sont analysés.
Résultats
L’étude a porté sur 34 dossiers de patients ayant bénéficié d’un test get up and go. Sur les 34
dossiers, 9 patients ont chutés et le nombre de chute est de 17. Le risque de chute détecté est
surtout présent au moment des transferts, lors des troubles de la marche et de l’équilibre, ou
est lié à la pathologie elle-même.
Une chute antérieure représente également un facteur de risque de chute et correspond pour la
plupart des patients au motif d’admission.
Sur les 34 dossiers, 22 ont bénéficié d’une prise en charge rééducative et 18 avaient une aide
technique.
Quatre aides techniques ont été mises en place après la réalisation du test, mais ces derniers
n’ont pas évité aux patients de chuter. A noter toutefois que ces patients présentaient pour
trois d’entre eux un syndrome démentiel et pour un, une tumeur cérébrale (à l’origine du
trouble de l’équilibre).
Conformément aux données de la littérature, plus le score est élevé plus le risque de chute est
important. Chez 7 patients dont le score est élevé, une chute est survenue. A noter cependant
que 2 patients, ayant un score de 12 et sur 30 ont également chutés.
Sur les 9 personnes ayant chuté, 7 patients présentent une pathologie neurodégénérative
(démence…), ou une tumeur cérébrale. La réalisation d’un tel test ne permet pas d’éviter la
chute. En effet la chute peut être liée à la pathologie existentielle et nous pouvons également
incriminer que même lorsque le test est réalisé, les consignes ne sont pas intégrées par le
patient présentant une détérioration cognitive.
Certains patients présentaient un score élevé au test Get up and go avec un risque potentiel de
chute. Mais notre étude montre que ces derniers n’ont pas chuté pendant leur séjour cas ils
avaient bien intégré les consignes de rééducation.
La rééducation fonctionnelle proposée par le kinésithérapeute aux patients est de type :
-musculation et entraînement à l’équilibre et plus précisément une « rééducation analytique et
globale musculo-articulaire des deux membres inférieurs, de la posture, de l’équilibre, de la
coordination et de la marche chez le sujet âgé ».
-rééducation de la déambulation dans le cadre du maintien de l’autonomie du sujet âgé.
Une consultation chez un podologue peut être programmée à la demande du kinésithérapeute.
Par ailleurs une prise en charge psychologique est faite lorsque la chute se complique d’un
syndrome post chute.
Cette montre que la réalisation d’un test Get up and go n’a pas d’intérêt chez les patients
présentant une détérioration cognitive modérée à sévère ou une pathologie cérébrale
évolutive, car même si ces patients sont identifiés lors de la réalisation du test comme
« potentiellement chuteur », non seulement il ne peuvent intégrer les consignes de prévention
mais on ne peut pas empêcher la survenue d’une chute. Par contre la rééducation est à
poursuivre chez de tels patients afin de préserver leur autonomie.
Axes d’amélioration et calendrier
L’utilisation de la grille Get up and go n’est efficace que chez les patients n’ayant pas de
troubles cognitifs sévères. Il est décidé que les tests seront maintenus à l’admission
uniquement pour les patients ne présentant pas de troubles cognitifs sévères. Si le patient est
classé à risque de chute, une prescription de kinésithérapie, psychomotricité, ergothérapie est
faite ainsi que la mise en place d’équipement approprié. Pour les autres, la rééducation est à
poursuivre afin de préserver leur autonomie.
Les axes d’amélioration retenus sont : réaliser un audit sur la base des résultats de la grille get
up and go et portant sur :
- l’exhaustivité de la réalisation du test lors des admissions des personnes cohérente en SSR
- l’exhaustivité de la traçabilité des ses informations dans le dossier informatisé
- L’efficacité du test sur la prévention des chutes.
Communication
La synthèse des travaux du groupe et le plan d’action ont été présentés :
A la CME en date du 9 septembre 2009.
Au CA du 9 septembre 2009.
Au jeudi de l’info
Le travail du groupe est diffusé sur intranet.
Liste des documents annexés
Etude chute 2004 à 2008.
Grille du 1er audit
Résultats du premier audit
Résultats de l’évaluation de l’utilisation de la grille Get up and go
Grille du 2ème audit
Résultats du 2ème audit.
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