ECOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT ANNEE 2004 MONITORAGE POST-OPERATOIRE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES THESE pour le DOCTORAT VETERINAIRE présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL Le Jeudi 18 Novembre par Delphine, Julie, Géraldine BAERT née le 07 mai 1978 à Athis-Mons (91) JURY Président : Mme………….. Professeur à la faculté de Médecine de CRETEIL Membres : Directeur : M. MOISSONNIER Professeur à l’E.N.V.A Assesseur : M. BLOT Maître de conférences à l’E.N.V.A REMERCIEMENTS A Madame le professeur De la faculté de Médecine de Créteil, Qui nous a fait l’honneur de présider notre jury de thèse, Hommage respectueux. A Monsieur le Professeur MOISSONNIER, De l’école Nationale Vétérinaire d’Alfort Pour la confiance qu’il m’a accordé tout au long de la réalisation de ce travail, Pour son aide, sa disponibilité et son soutien. Qu’il veuille bien trouver ici l’expression de ma reconnaissance. A Monsieur le Docteur BLOT Maître de conférence à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort Pour m’avoir fait l’honneur de participer à mon jury de thèse, Qu’il accepte mes sincères remerciements. J’adresse ici mes vifs remerciements au Docteur Luca ZILBERSTEIN, pour son aide, sa disponibilité et son soutien tout au long de la réalisation de ce travail. Je remercie également tous les enseignants et les membres du personnel du service de chirurgie de l’Ecole Vétérinaire d’Alfort. A mes parents, pour leur amour et la confiance qu’ils m’ont accordé, Avec toute mon affection A Christophe, Avec tout mon amour… A ma sœur, à mamy, à toute ma famille, A mes amis… A Jenga et à la petite Chaussette… LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur COTARD Jean-Pierre Directeurs honoraires : MM. les Professeurs PARODI André-Laurent, PILET Charles Professeurs honoraires: MM. BORDET Roger,BUSSIERAS Jean,LE BARS Henri, MILHAUD Guy,ROZIER Jacques,THERET Marcel,VUILLAUME Robert DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur - Adjoint : M. DEGUEURCE Christophe, Professeur - UNITE D’HISTOLOGIE , ANATOMIE PATHOLOGIQUE -UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES M. CRESPEAU François, Professeur * Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur* M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur M. DEGUEURCE Christophe, Professeur Mme BERNEX Florence, Maître de conférences Mlle ROBERT Céline, Maître de conférences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences M. CHATEAU Henri, AERC -UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE , MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur Mme VIALE Anne-Claire, Maître de conférences -UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE M. BRUGERE Henri, Professeur * Mme COMBRISSON Hélène, Professeur M. TIRET Laurent, Maître de conférences -UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur * Mme HUYNH-DELERME, Maître de conférences contractuel M. TISSIER Renaud, Maître de conférences -UNITE DE BIOCHIMIE M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences* M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme ALCON Sophie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES M. MOUTHON Gilbert, Professeur -DISCIPLINE : BIOLOGIE MOLECULAIRE Melle ABITBOL Marie, Maître de conférences contractuel -DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. FAYOLLE Pascal, Professeur - Adjointe : Mme BEGON Dominique , Professeur - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE -UNITE DE MEDECINE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. CLERC Bernard, Professeur M. MOISSONNIER Pierre, Professeur Mme CHETBOUL Valérie, Professeur Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences M. MORAILLON Robert, Professeur M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences M. BLOT Stéphane, Maître de conférences Mlle RAVARY Bérangère, AERC (rattachée au DPASP) M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences contractuel M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de Conférences contractuel Melle MAUREY Christelle, Maître de conférences contractuel M. HIDALGO Antoine, Maître de Conférences contractuel - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. DENOIX Jean-Marie, Professeur * - UNITE DE RADIOLOGIE Mme BEGON Dominique, Professeur* M. TNIBAR Mohamed, Maître de conférences contractuel M. RUEL Yannick, AERC M. AUDIGIE Fabrice, Maître de conférences Mme DESJARDINS-PESSON Isabelle, Maître de confér..contractuel - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE René, Professeur * -UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE M. POLACK Bruno, Maître de conférences M. MIALOT Jean-Paul, Professeur * (rattaché au DPASP) M. GUILLOT Jacques, Professeur M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences Melle MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences contractuel Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Maître de conférences (rattachée au DPASP ) M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences M. PARAGON Bernard, Professeur (rattaché au DEPEC) M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) M. GRANDJEAN Dominique, Professeur (rattaché au DEPEC) Melle CONSTANT Fabienne, AERC (rattachée au DPASP) DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. CERF Olivier, Professeur - Adjoint : M. BOSSE Philippe, Professeur - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE -UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. BOSSE Philippe, Professeur M. TOMA Bernard, Professeur M. BENET Jean-Jacques, Professeur* M. COURREAU Jean-François, Professeur* Mme HADDAD H0ANG XUAN Nadia, Maître de confér.contractuel Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Maître de conférences M. SANAA Moez, Maître de conférences Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences M. ARNE Pascal, Maître de conférences M. PONTER Andrew, Maître de conférences -UNITE D’HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS D’ORIGINE ANIMALE M. BOLNOT François, Maître de conférences * - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES M. CARLIER Vincent, Professeur ANIMAUX DE BASSE-COUR Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur M. CERF Olivier, Professeur M.MAILLARD Renaud, Maître de conférences associé Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences* M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences M. ADJOU Karim, Maître de conférences Ingénieurs Professeurs agrégés certifiés (IPAC) : Mme CONAN Muriel, Professeur d’Anglais Mme CALAGUE, Professeur d’Education Physique * Responsable de l’Unité AERC : Assistant d’Enseignement et de Recherche Contractuel SOMMAIRE LISTE DES FIGURES : LISTE DES TABLEAUX: LISTE DES GRAPHIQUES : LISTE DES PHOTOS : LEGENDE DES SIGLES : INTRODUCTION : 7 9 9 11 13 15 CHAPITRE 1 : I- ANATOMIE DESCRIPTIVE DE L’ENCEPHALE DES CARNIVORES DOMESTIQUES 17 1- LA BOITE CRANIENNE 1.1 Conformation extérieure 1.2 Conformation intérieure 17 17 18 2- L’ENCEPHALE 2.1 Le télencéphale 2.2 Le diencéphale 2.3 Le mésencéphale 2.4 Le métencéphale 2.5 Le myélencéphale 18 19 21 22 22 22 3- LE SYSTEME VENTRICULAIRE 3.1 Les ventricules 3.2 Les plexus choroïdes 3.3 Le liquide céphalo-rachidien 3.3.1 Les caractères physiques 3.3.2 La composition chimique 3.3.3 La composition cellulaire 23 23 25 25 25 26 27 4- LES MENINGES 4.1 La dure-mère 4.2 L’arachnoïde 4.3 La pie-mère 4.4 La barrière hématomeningée 29 29 29 30 31 5- LE SYSTEME VASCULAIRE 5.1 Le système artériel 5.2 Le système veineux 33 33 34 II- PHYSIOLOGIE 36 1- LE PARENCHYME CEREBRAL 1.1 Le volume interstitiel cérébral 1.2 Le volume intracellulaire cérébral 37 37 37 2- LCR 2.1 Origine 2.2 Débit 2.3 Mécanisme de formation 2.3.1 Sécrétion des plexus choroïdes 2.3.2 Sécrétion au niveau de l’espace périvasculaire 2.3.3 Rôle du parenchyme cérébral 2.4 Circulation, réabsorption 2.5 Fonctions 38 38 38 38 39 41 41 42 44 3- LE COMPARTIMENT VASCULAIRE 45 4- LA REGULATION 4.1 Le volume sanguin cérébral 4.2 PaCO2 4.3 PaO2 4.4 La température corporelle 46 46 46 48 48 III- PATHOLOGIE 49 1- DEVELOPPEMENT D’UNE MASSE 1.1 Les tumeurs 1.1.1 Prédisposition liée à l’âge 1.1.2 Prédisposition liée à la race 1.1.3 Pathogénie des tumeurs intracrânienne 1.2 Les abcès 1.3 Les granulomes 49 49 51 51 51 53 53 2- AUGMENTATION DE VOLUME DE L’ENCEPHALE 54 3-ACCUMULATION PATHOLOGIQUE DE LIQUIDE 3.1 Accumulation de sang 3.1.1 L’hématome extra-dural 3.1.2 L’hématome sous-dural 3.1.3 Les hémorragies sous arachnoïdienne 3.2 Accumulation de liquide céphalo-rachidien ou hydrocéphalie 55 55 55 55 55 56 IV- DIAGNOSTIC 57 1- DIAGNOSTIC 1.1 L’anamnèse et les commémoratifs 1.1.1 L’âge et la race 1.1.2 Les circonstances d’apparition des symptômes 1.1.3 Les modalités d’évolution des symptômes 1.2 L’examen clinique et neurologique 1.3 Le diagnostic différentiel 57 57 57 57 57 58 62 2- EXAMENS COMPLEMENTAIRES 2.1 La ponction et l’analyse du liquide céphalo-rachidien 2.2 La radiographie sans préparation 2.3 La radiographie avec produits de contrastes 2.4 Le scanner 2.5 La biopsie 2.6 L’IRM 63 63 63 63 64 65 65 V- TRAITEMENT 66 1- TRAITEMENT MEDICAL 1.1 Traitement médicamenteux 1.1.1 Les glucocorticoïdes 1.1.2 Les diurétiques 1.1.3 Les barbituriques 1.1.4 Les solutés hypertoniques 1.1.5 Les colloïdes 1.2 Mesures hygiéniques 1.2.1 Le port de la tête 1.2.2 L’hyperventilation 1.2.3 L’hypothermie 66 66 66 67 68 68 68 69 69 69 69 2- TRAITEMENT CHIRURGICAL 2.1 Considérations générales 2.1.1 Soins pré-opératoires 2.1.2 Choix de la voie d’abord 2.1.3 Soins post-opératoires 2.2 Craniotomie lors de tumeurs cérébrales 2.3 Craniotomie lors de traumatismes crâniens 2.4 Drainage lors d’hydrocéphalie 70 70 71 72 74 74 75 75 CHAPITRE 2 : TECHNIQUE DE MESURE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE 77 1- MESURE NON INVASIVE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE 1.1 Le doppler transcrânien 1.2 La saturation jugulaire 1.3 Le déplacement de la membrane tympanique 1.4 La propagation des ultrasons transcrâniens 77 77 78 79 79 2- MESURE INVASIVE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE 2.1 La transmission du signal 2.2 Les sites de mesures 2.2.1 Le site intraventriculaire 2.2.2 Le site intraparenchymateux 2.2.3 Le site lombaire péridural et sous dural 2.2.4 Les sites intracrâniens extradural et sous-dural 2.3 Comparaison des différentes techniques de mesure 2.4 Complications 2.4.1 Les complications septiques 2.4.2 Les complications hémorragiques 80 80 80 80 81 82 82 82 83 83 83 CHAPITRE 3 : SURVEILLANCE POST-OPERATOIRE D’UN PATIENT PRESENTANT UNE HYPERTENSION INTRACRANIENNE 85 1- OBJECTIF DE CETTE ETUDE 86 2- MATERIELS ET METHODES 2.1 Animaux 2.2 Soins pré-opératoire 2.3 Protocole anesthésique 2.4 Technique chirurgicale 2.5 La sonde intracrânienne 2.5.1 Description du matériel 2.5.2 Technique 2.5.2.1 Connexion et mise à zéro du transducteur 2.5.2.2 Mise en place de la sonde 2.5.3 Mesure de la pression intracrânienne 2.5.3.1 Phase pré-opératoire 2.5.3.2 Phase post-opératoire 86 86 86 86 87 89 89 90 90 91 91 91 91 3- RESULTATS 3.1 Nombre d’animaux 3.2 Durée de la tolérance de la sonde 3.3 Evolution de la pression intracrânienne de chaque animal 3.4 L’effet des traitements médicaux 3.5 L’effet de l’environnement 3.6 La douleur 92 92 92 105 105 106 107 CHAPITRE 4 : DISCUSSION 109 1- LIMITE DE CETTE ETUDE 109 2- DISCUSSION DES RESULTATS OBTENUS 2.1 Durée de la tolérance de la sonde 2.2 Effet de l’anesthésie 2.3 Evolution de la pression intracrânienne 2.4 Réanimation post-opératoire 2.5 L’utilisation du mannitol 2.6 Gestion de la douleur 111 111 112 114 114 114 116 CONCLUSION : 119 BIBLIOGRAPHIE : 121 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Vues latérales externes de deux chiens dolichocéphales et brachycéphales 17 Figure 2 : Subdivisions de l’encéphale 19 Figure 3 : Lobes du cortex cérébral du chien 20 Figure 4 : Lobes et aires sensitives et motrices de l’encéphale 21 Figure 5 : Méninges et ventricules 23 Figure 6 : Système ventriculaire du chien (isolé avec une vue latérale gauche/en place dans le cerveau à droite) 24 Figure 7 : Système ventriculaire du chien (vue dorsale) 24 Figure 8 : Plexus choroïdes et méninges 25 Figure 9 : Structure des méninges 30 Figure 10 : Structure des villosités arachnoïdiennes 31 Figure 11 : La barrière hémato-encéphalique 32 Figure 12 : Distribution de l’artère cérébrale moyenne. Vue latérale 33 Figure 13 : Système veineux de l’encéphale du chien. Vue dorsale en haut/Vue ventrale en bas 35 Figure 14 : Relation pression intracrânienne/volume cérébral 36 Figure 15 : Structure des plexus choroïdes 39 Figure 16 : Formation du LCR 40 Figure 17 : Relation entre astrocyte, LCR, capillaire et neurone 41 Figure 18 : Circulation du liquide céphalorachidien 42 Figure 19 : Absorption du liquide céphalorachidien par les villosités arachnoïdiennes dans les sinus veineux 43 Figure 20 : Relation entre le débit sanguin cérébral et la pression de perfusion cérébrale 47 Figure 21 : Schéma des conséquences parenchymateuses des tumeurs cérébrales 52 Figure 22 : Probabilité de survie d’un patient atteint d’un traumatisme crânien en fonction des résultats du score modifié de Glasgow 62 Figure 23 : Voies d’abord du crâne. Vue de profil 73 Figure 24 : Voies d’abord du crâne. Vue caudale 74 Figure 25 : Sites de mesure de la pression intracrânienne 81 Figure 26 : Comparaison de deux méthodes de mesure de la pression intracrânienne 83 Figure 27 : Kit de base du Microsensor CODMAN 90 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Paramètres physiques du LCR physiologique du chien en fonction des résultats de différentes études 26 Tableau 2 : Récapitulatif de la composition et de l’aspect du LCR chez le chien et le chat30 Tableau 3 : Tumeurs cérébrales primitives 50 Tableau 4 : Tumeurs cérébrales secondaires 50 Tableau 5 : Choix de la voie d’abord lors d’une chirurgie du système nerveux centrale supérieur 72 Tableau 6 : Récapitulatif des cas de l’étude 89 Tableau 7 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chien 1 95 Tableau 8 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chien 2 97 Tableau 9 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chat 1 100 Tableau 10 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chat 2 103 LISTE DES GRAPHIQUES Graphique 1 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage de la PIC du chien 1 98 Graphique 2 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage de la PIC du chien 2 98 Graphique 3 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage de la PIC du chat 1 101 Graphique 4 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage de la PIC du chat 2 104 LISTE DES PHOTOS Photo 1 : Anomalie du port de la tête chez un boxer de 7 ans atteint d’une tumeur cérébrale. La tête est portée basse en permanence, sans douleur à la manipulation 58 Photo 2 : Attitude de pousser au mur chez un Yorkshire de 1 an. 59 Photo 3 : Anomalie du port de tête et marche sur le cercle 59 Photo 4 : Tomodensitométrie d’une tumeur corticale sur une chienne cocker de 14 ans 64 Photo 5 : Tomodensitométrie d’une tumeur cérébrale chez un berger allemand de 9 ans 64 Photo 6 : Abord rostro-tentoriel du cerveau. 73 Photo 7 : Abord rostro-tentoriel du cerveau 73 Photo 8 : Retrait d’une tumeur cérébrale corticale chez un chien 88 LEGENDE DES SIGLES LCR : Liquide CéphaloRachidien PIC : Pression IntraCrânienne BHE : Barrière Hémato-Encéphalique SNC : Système Nerveux Central IRM : Imagerie par Résonance Magnétique HAD : Hormone Anti-Diurétique HEA : HydroxyEthylAmidon PaCO2 : Pression partielle en CO2 PaO2 : Pression partielle en O2 DSC : Débit Sanguin Cérébral PPC : Pression de Perfusion Cérébrale INTRODUCTION L’augmentation de volume des éléments contenus dans la boîte crânienne (parenchyme cérébral, sang et liquide céphalorachidien) provoque une élévation de pression est une situation redoutable liée à la rigidité de la boîte crânienne. L’hypertension intracrânienne est doublement dangereuse par le risque de hernie cérébrale et par la baisse du débit sanguin cérébral, pouvant aller jusqu’à l’arrêt circulatoire et donc la mort cérébrale. Plusieurs phases se succèdent dans l’évolution de la pression intracrânienne en réponse à une augmentation de volume (développement d’une masse ou accumulation pathologique de liquide). Au cours de la première phase de compensation, une quantité de liquide céphalorachidien, équivalente à l’augmentation de volume cérébrale, est chassée hors de la boîte crânienne : la pression intracrânienne ne change pas. Si la masse ou le liquide anormalement accumulé continue à augmenter, la compliance cérébrale atteint ses limites et la pression intracrânienne augmente. La tolérance de l’organisme est fonction de la vitesse d’accroissement de la masse et de son siège. Les signes cliniques d’alerte constituent alors une triade habituelle: un port de tête basse en permanence, des modifications comportementales comme le pousser au mur et des mouvements anormaux. Le traitement de l’hypertension intracrânienne est actuellement essentiellement médical en médecine vétérinaire. L’efficacité de ce traitement symptomatique n’est, en général, appréciée que par la clinique. Même s’il n’est pas prouvé pour le moment que la mesure de la pression intracrânienne améliore le pronostic, il apparaît certain que sa surveillance joue une important dans le compréhension de son évolution et dans la validation des traitements entrepris. L’objectif de cette étude était alors d’effectuer le monitorage de la pression intracrânienne, en phase péri-opératoire d’exérèse de méningiome, par l’intermédiaire d’un dispositif de fibres optiques intra-parenchymateuses. Et ainsi, de quantifier l’hypertension intracrânienne de façon précise, d’adapter la thérapeutique et d’en évaluer l’efficacité. Chapitre 1 ANATOMIE DESCRIPTIVE DE L’ENCEPHALE DES CARNIVORES DOMESTIQUES 1- LA BOITE CRANIENNE L’encéphale est contenu dans la boîte crânienne. Ainsi, les différentes voies d’abord chirurgicales sont fondées sur la connaissance précise des repères crâniens. La boîte crânienne est formée de plusieurs os pairs et impairs, soudés entre eux. Les lignes de sutures entre ces différents os se referment quelques semaines ou plus tardivement après la naissance. 1.1 Conformation extérieure La taille et la forme de la tête du chien varient dans une très large mesure en fonction de la race. Cependant on reconnaît 3 types de morphologie : les brachycéphales (Bouledogue), les mésocéphales (Golden Retriever) et les dolichocéphales (Colley). Ces variations n’affectent pas également tous les étages de la tête, le crâne variant dans une moindre mesure que la face. Ces variations affectent en particulier la longueur de la tête. Figure 1 : Vues latérales externes de deux chiens dolichocéphales (gauche) et brachycéphale (droite) [HOERLEIN BF et GAGE ED, 1978] La tête du chat (brachycéphale) présente de nombreuses ressemblances avec celle du chien sans pour autant atteindre cette extrême variabilité de taille et de forme. Cependant elle est remarquable par son volume et l’aspect globuleux de son crâne. 1.2 Conformation intérieure Tous les os du crâne permettent de délimiter la cavité crânienne dans laquelle se loge l’encéphale et ses méninges. Cette cavité s’ouvre caudalement par le foramen magnum, qui la met en communication avec le canal vertébral. La cavité crânienne est divisée en deux parties par un relief transversal, le tentorium osseux : -la cavité cérébrale, rostrale, la plus vaste, contenant les deux hémisphères cérébraux. Cette cavité est elle-même subdivisée en deux fosses crâniennes (antérieure et moyenne). -la cavité cérébelleuse, caudale, contenant le cervelet, le tronc cérébral et le 4ème ventricule. Le tentorium osseux du cervelet (ou tentorium cerebelli), donne attache à un fort repli de la dure mère, la tente du cervelet, qui s’insinue entre le cerveau et le cervelet. 2- L’ENCEPHALE Le système nerveux central comprend l’encéphale, contenu dans la boîte crânienne et la moelle épinière, contenue dans le canal vertébral. L’encéphale peut être subdivisé en 3 parties : le cerveau, le tronc cérébral et le cervelet. Le cerveau constitue le télencéphale. Le tronc cérébral comprend le diencéphale, le métencéphale, le partie ventrale du métencéphale et le myélencéphale et relie le cerveau à la moelle épinière et au cervelet. Le cervelet correspond à la partie dorsale du métencéphale et est localisé sur la face dorsale de la partie caudale du tronc cérébral. La lumière du tube neuronal persiste sous forme de cavités dans l’encéphale. Ces dernières constituent le système ventriculaire et se remplissent de liquide céphalorachidien. Un perpétuel équilibre s’entretient entre le parenchyme cérébral, le LCR et le flux sanguin afin de maintenir une pression intracrânienne physiologique. TELENCEPHALE MYELENCEPHALE METENCEPHALE Figure 2: Subdivisions de l’encéphale [OLIVIER et al., 1987] 2.1 Le télencéphale Le télencéphale forme la plus grande et la plus rostrale subdivision de l’encéphale. Caudalement, il est séparé du cervelet et de la partie dorsale du tronc cérébrale rostral par la fissure transverse. Le long de la ligne médiane, le cerveau est divisé en deux hémisphères cérébraux par la fissure longitudinale. Au niveau structural, il comprend le cortex cérébral, couche périphérique de substance grise, de la substance blanche sous celui-ci, centralement, les noyaux basaux formés de substance grise et le rhinencéphale à la base. Le cortex cérébral correspondant à la partie la plus rostrale de l’encéphale et est divisé par les deux hémisphères cérébraux séparés l’un de l’autre par une fissure longitudinale dans laquelle s’insinue un repli de la dure-mère, la faux du cerveau. Chaque hémisphère cérébral est subdivisé en 4 lobes : frontal, pariétal, temporal, occipital. Les replis du parenchyme constituant le cortex forment une série de sillons (sulcus) et de reliefs (gyrus) La première paire de nerfs crâniens, nerfs olfactifs, entre dans le télencéphale rostroventralement, par l’intermédiaire du rhinencéphale. Figure 3 : Lobes du cortex cérébral du chien (vue latérale) [SAURET, 1996] Figure 4 : Lobes et aires sensitives et motrices de l’encéphale [LOPEZ, 1985] ///=lobe temporal, ×××=aire visuelle, ooo=aire auditive, ---=aire sensitive, …=aire motrice, ▲▲▲=aire préfrontale (système neurovégétatif + fonctions psychiques) 2.2 Le diencéphale Il est situé ventralement au télencéphale et forme la portion la plus rostrale du tronc cérébral. Il est enchâssé dans les hémisphères et seule la partie ventrale est visible sur l’encéphale entier. Il se situe médialement au limbe caudal de la capsule interne. Le long de la ligne médiane, il forme les murs latéraux du 3ème ventricule. Rostralement, il s’étend à la commissure rostrale et est adjacent au noyau caudé. Caudolatéralement et dorsalement, il est en relation avec l’hippocampe et le corps du fornix. Caudodorsalement, ses limites avec le mésencéphale sont marquées par la commissure caudale. Les nerfs optiques (II) entre dans le diencéphale par sa face ventrale. Les nerfs droit et gauche convergent et décussent partiellement pour former le chiasma optique, qui constitue une limite du diencéphale au niveau ventral. Le diencéphale contient le thalamus et l’hypothalamus 2.3 Le mésencéphale Le mésencéphale est la courte région du tronc cérébral située entre le diencéphale, rostralement et le cervelet, caudalement. La partie dorsale du mésencéphale, cachée par les hémisphères et le cervelet, est appelée le tectum. Sa limite rostrale est formée par la commissure caudale et l’aire prétectale. Caudalement, le tectum se termine au niveau du 4ème ventricule. La partie ventrale du mésencéphale est formée, ventrodorsalement, des crus cerebri, de la substancia nigra et du tegmentum. Les nerfs oculomoteurs (III) et trochléaires (IV) prennent naissance dans le mésencéphale. Il assure le transfert des informations afférentes et efférentes au proencéphale mais intervient aussi dans le contrôle d’autres fonctions comme la motricité automatique, le tonus musculaire, les réflexes oculaires et acoustiques. 2.4 Le métencéphale Le métencéphale se situe entre le mésencéphale et le myélencéphale. Le métencéphale ventral appartient au tronc cérébral, le métencéphale dorsal donne le cervelet. C’est dans l’association métencéphale/myélencéphale que se localisent un certain nombre de centres vitaux (cardiaque, respiratoire, vasomoteur…) Les nerfs trijumeaux (V), abducens (VI), facial (VII) et vestibulocochléaire (VIII) prennent naissance dans le métencéphale ventral. 2.5 Le myélencéphale Le myélencéphale est la portion la plus caudale du tronc cérébral et s’étend de la face caudale du corps trapézoïde dans le métencéphale ventral, au commencement de la moelle épinière. Il contient les noyaux et les fibres de nerfs crâniens, les faisceaux ascendants et descendants avec les noyaux associés, la formation réticulée de la moelle allongée, la partie caudale du 4ème ventricule et le commencement du canal central. Les nerfs crâniens originaires du myélencéphale sont les nerfs glossopharyngien (IX), vague (X), accessoire (XI) et hypoglosse (XII). Il comprend les noyaux de nombreuses activités réflexes autonomes dont certains sont nommés centres vitaux : cardiaque, vasomoteur et respiratoire. Il intervient dans de nombreux réflexes tels que le vomissement, la toux, l’éternuement et le hoquet. 3- LE SYSTEME VENTRICULAIRE Figure 5 : méninges et ventricules [SAURET, 1996] 3.1 Les ventricules L’encéphale contient 4 cavités épendymaires à savoir : -2 ventricules latéraux, pairs, situés dans le téléncéphale -le 3ème ventricule, impair et médian, situé dans le diencéphale -le 4ème ventricule, impair et médian situé dans le métencéphale et le myélencéphale Ces 4 cavités ainsi que l’espace sous-arachnoïdien sont remplis de liquide céphalo-rachidien produit par les plexus choroïdes des ventricules latéraux des 3 et 4ème ventricules. Figure 6 : Système ventriculaire du chien (isolé avec une vue latérale à gauche/ en place dans le cerveau à droite) [GRANDCOLAS, 1995] Figure 7 : Système ventriculaire du chien (vue dorsale) [GRANDCOLAS, 1995] 3.2 Les plexus choroïdes Les parois latérales des ventricules latéraux et les toits des 3ème et 4ème ventricules présentent une modification de la pie-mère qui apparaît très vascularisée et qui s’invagine, formant de nombreux replis. Ces vaisseaux sanguins et leur bordure épithéliale forment les plexus choroïdes. Leur vascularisation est assurée par les artères choroïdiennes rostrale et caudale. P^à^à Figure 8 : Plexus choroïdes et méninges [HOERLEIN BF et GAGE ED, 1978] 3.3 Le liquide céphalo-rachidien Il est présent dans le système ventriculaire, le canal central de la moelle et l’espace sous arachnoïdien. 3.3.1 Les caractères physiques Le LCR est un liquide cristallin translucide et incolore. Il ne doit présenter aucun trouble et ne doit pas coaguler (absence de fibrine et de cellules). La densité moyenne mesurée au réfractomètre est de 1.005 (1.004 à 1.006). Différentes études ont permis d’observer des cycles de pression en relation avec l’activité cardiorespiratoire. Cette pression évolue au cours du nycthémère. Elle dépend de nombreux facteurs dont la taille de l’animal, la pression sanguine, la position du corps, l’anesthésie… Les résultats varient selon les auteurs et les techniques. Références Densité Pression HOERLEIN et GAGE, 1978 1,003-1,012 24-172 mm Hg - <170 mm Hg CHRISMAN, 1983 1,004-1,006 - CHRISMAN, 1992 - <170 mm Hg SIMPSON et REED, 1987 - 50-140 mm Hg DE LAHUNTA, 1983 Tableau 1 : Paramètres physiques du LCR physiologique du chien en fonction des résultats de différentes études. Le SNC étant enfermé dans une structure osseuse rigide, toute modification de volume à l’intérieur de cette structure entraînera une augmentation de la pression intracrânienne. 3.3.2 La composition chimique Le LCR est un milieu particulier, différent du plasma sanguin dont il tire pourtant une bonne partie de ses constituants. - les protéines : le LCR est un milieu pauvre en protéines car celles-ci passent difficilement les barrières hémato-méningées. On n’y trouve presque exclusivement que de l’albumine. Mais il existe aussi des protéines spécifiques du LCR, fibronectine, α-albumine et interféron, observables en cas de dégradation de la myéline, de vieillesse, de pathologie cérébro-vasculaire ou de tumeurs cérébrales. La protéinorachie est dépendante du lieu de ponction, en effet, elle est plus importante en région lombaire. - le glucose : il provient exclusivement du plasma et sa concentration dans le LCR dépend de la glycémie. En effet, physiologiquement, la glycorachie (concentration du glucose dans le LCR) représente 60 à 80% de la glycémie sanguine. En cas de modification de la glycémie, la glycorachie se modifie en quelques heures par l’intermédiaire d’un phénomène d’équilibration faisant suite à un transport passif grâce à des protéines membranaires ayant une affinité pour le glucose. - les électrolytes : le sodium est le cation principal du LCR comme du plasma. Les concentrations en sodium de ces deux fluides sont sensiblement les mêmes et évoluent parallèlement bien que dans le LCR la présence de sodium résulte d’un phénomène sécrétoire. Le potassium a une concentration stable, plus faible que dans le plasma et peu influencée par les modifications de concentration de ce dernier. Les chlorures ont une concentration plus importante dans le LCR mais suivent les évolutions de concentration du plasma suggérant une distribution passive. Le phosphore, sa concentration représente environ 60% de celle du plasma. Le magnésium, son transport est également passif et on observe des retentissements neurologiques importants lors d’hyper ou d’hypo-magnésiémie. - Urée, créatinine : le passage de l’urée dans le LCR se fait passivement donnant une concentration légèrement plus faible que dans le plasma. La concentration en créatinine du LCR représente 2/3 de celle du plasma. Il apparaît donc que toute affection entraînant une augmentation de l’urémie ou de la créatinémie aura des répercussions au niveau du système nerveux central. - les enzymes : ce sont des molécules de grande taille, elles ne peuvent donc pas traverser les barrières hémato-encéphaliques et leur concentration reste faible. - le pH : celui du LCR est légèrement plus acide que celui du sang artériel. Au cours de différents états pathologiques, il a été observé que malgré des modifications du pH artériel, celui du LCR se modifie peu grâce à la présence de la barrière hématoencéphalique relativement imperméable aux ions H+ et HCO3- 3.3.3 La composition cellulaire - les érythrocytes : normalement, le LCR ne contient pas d’érythrocytes. La plupart du temps, la présence d’érythrocytes dans le LCR est d’origine iatrogène, du fait du traumatisme crée lors de la ponction à l’aiguille. Cependant, cette contamination peut également provenir d’une hémorragie dans l’espace sous arachnoïdien. -les leucocytes : le nombre de leucocytes dans le LCR doit être inférieur à 6 globules blancs par microlitre chez le chien et inférieur à 2 globules blancs par microlitre chez le chat. Paramètres Chien Chat Pression <170 mm Hg <110 mm Hg Couleur Transparente Transparente Turbidité Claire Claire Densité 1,004-1,006 1,004-1,006 Index de réfraction 1,3347-1,3350 1,3347-1,3350 Bandelette urinaire pH= 8 +/- 1 pH= 8 +/- 1 Glucose : 0/+ Glucose : 0/+ Protéines : 0/+ Protéines : 0/+ Sang : absence Sang : absence <3-6/µL (atlantooccipitale) <3/µL (atlantooccipitale) Cellules (nombres) <1-5/µL (lombaire) Type cellulaire GR : absence GR : absence Lymphocytes Lymphocytes Monocytes Monocytes Neutrophiles (peu nombreux) Neutrophiles (peu nombreux) Eosinophiles (peu nombreux) Eosinophiles (peu nombreux) Cellules choroïdiennes Cellules plexuelles Cellules choroïdiennes ou Cellules épendymaires (rare) Contamination plexuelles ou épendymaires (rare) par des cellules de la moelle osseuse (rare) Protéines totales Albumines 10-27 mg/dl (citerne 10-27 mg/dl atlantooccipitale) atlantooccipitale) <45 mg/dl (lombaire) <45 mg/dl (lombaire) 5-28 mg/dl 1-20 mg/dl (citerne Tableau 2 : Récapitulatif de la composition et de l’aspect du LCR chez le chien et le chat [CHRISMAN, 1992] 4- LES MENINGES L’encéphale est enveloppé par 3 membranes conjonctives dont l’ensemble forme les méninges. De l’extérieur vers l’intérieur, on a la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère. 4.1 La dure-mère C’est la plus externe, elle est très adhérente au périoste. Elle est dure et fibreuse, aucun liquide ne peut la traverser. Contrairement à la colonne vertébrale, il n’existe pas d’espace épidural dans le crâne (espace entre la dure-mère et le périoste). Elle est composée de 2 couches indivisibles, la couche méningée et la couche périostée, entre lesquelles cheminent des veines formant ensuite des sinus veineux duraux. Elle forme plusieurs replis, qui s’enfoncent profondément dans la cavité crânienne et séparent les différentes parties de l’encéphale : - la faux du cerveau, longitudinale et médiale, qui sépare complètement les hémisphères cérébraux jusqu’au corps calleux, - la tente du cervelet, transversale qui s’étend rostro-ventralement, sépare les hémisphères cérébraux du cervelet. La tente du cervelet trouve son origine dans le tentorium osseux du cervelet, très saillant, qui s’insinue entre le cerveau et le cervelet. - le diaphragme sellaire, qui recouvre le pédoncule de l’hypophyse. L’artère méningée moyenne irrigue la plus grande partie de la dure-mère. 4.2 L’arachnoïde Elle se situe sous la dure-mère en face interne. Entre ces 2 enveloppes, se trouve potentiellement l’espace sous-dural, espace séreux et cloisonné. L’arachnoïde est fine, cellulaire, vasculaire et recouverte sur ces deux faces par un mésothélium. A certains endroits ces membranes sont séparées l’une de l’autre et forment l’espace sous-arachnoïdien. Quand celui-ci est large il constitue une citerne. L’espace sous-arachnoïdien est très développé autour du cervelet et de la partie proximale de la moelle épinière, où il constitue la citerne cérébellomédullaire. En de nombreux endroits, l’arachnoïde forme vers la dure-mère des expansions, invaginations microscopiques, en forme de doigt, les villosités arachnoïdiennes, recouvertes de cellules de l’épendyme et dépourvues de vaisseaux. Elles sont généralement fixées au tissu de la duremère pas des sortes de tenons, mais peuvent aussi faire saillie à l’intérieur des sinus veineux duraux, en s’enflant à la manière d’un champignon. Les granulations arachnoïdiennes ne sont, pour certains auteurs, que des villosités exceptionnellement grandes, peu nombreuses et qui n’existent que chez l’adulte, alors que pour d’autres, il s’agit de structures macroscopiques par conglomérats membranaires des premières. Elles jouent sans aucun doute un rôle important dans la nutrition. Figure 9 : Structure des méninges [LOPEZ, 1985] 4.3 La pie-mère Elle est étroitement adhérente à l’encéphale, recouvrant tous les plis et descendant dans toutes les fissures de sa surface. Elle épouse ainsi exactement toutes les particularités de la conformation de l’encéphale. Elle forme des culs de sac au fond des sillons, perforés par des vaisseaux sanguins de petit calibre. C’est une membrane fine, monocellulaire et hautement vascularisée. En effet, les branches les plus petites des artères de la surface s’étendent, à travers elle, dans le cortex. Figure 10 : Structure de villosités arachnoïdiennes [PHILIPPE et BEGON, 1997] 4.4 La barrière hematomeningée L’encéphale a un métabolisme élevé, il utilise 20 à 30 % de l’oxygène du sang et le glucose est sa principale source d’énergie. Les échanges entre le système nerveux, le sang et le LCR sont complexes et liés à l’existence de 3 barrières hematoméningées à savoir : - la barrière hémato-encéphalique : Cette importante interface est formée par les cellules endothéliales des capillaires intraparenchymateux. Les particularités de ces cellules sont la présence de jonctions serrées et l’absence de fenestration. Ces éléments permettent à l’endothélium capillaire d’agir en tant que barrière sélective qui régule l’entrée et probablement, la sortie des substances biologiques et aident à la maintenance d’un environnement favorable aux tissus nerveux. Le passage des substances est déterminé en grande partie par leur liposolubilité, et par le contrôle assuré par les pieds astrocytaires. Figure 11 : La barrière hémato-encéphalique - la barrière hématoméningée : Elle est formée en grande partie par les cellules épithéliales des organes circumventriculaires (plexus choroïdes, éminence médiane, lobe neural de l’hypophyse…) Les capillaires de ces organes sont quant à eux fenestrés. Le deuxième constituant de cette barrière inclue la membrane arachnoïdienne qui dispose de villosités arachnoïdienne localisées aussi bien au niveau des sinus veineux intracrâniens qu’autour des veines spinales accompagnant les racines nerveux spinales. - la barrière encéphaloméningée : Le LCR et les fluides interstitiaux cérébraux sont directement en continuité, car l’épendyme et la pie-mère (qui constitue cette interface) ne sont pas des barrières importante dans le contrôle des échanges. 5- LE SYSTEME VASCULAIRE Il est caractérisé par sa variabilité interspécifique au sein même du groupe des carnivores et de sa variabilité intraspécifique raciale et individuelle 5.1 Le système artériel La tête est irriguée par des divisions des artères carotides communes, auxquelles s’ajoutent de façon variable, celles des artères vertébrales et spinale ventrale. Les artères cérébrales rostrales, moyennes et caudales, structures paires, desservent les hémisphères cérébraux et les régions profondes. Chez le chien, seules les artères cérébrales moyennes issues des carotides internes juste en arrière du chiasma optique, sont à respecter : leur ligature provoque une nécrose de l’hémisphère cérébral correspondant. La disposition des artères de l’encéphale est relativement uniforme. Ces artères aboutissent à un système à peu près constant d’anastomoses situé en région ventrale de l’encéphale et d’où partent des artères destinées au tronc cérébral, au cervelet et au cerveau. Ce système comporte deux parties continues : un cercle artériel entourant la région hypophysaire auquel se raccorde caudalement l’artère basilaire, tronc impair et médian qui court à la face ventrale du tronc cérébral. Figure 12 : Distribution de l’artère cérébrale moyenne. Vue latérale [HOERLEIN, 1987] 5.2 Le système veineux Le système des sinus est d’une extrême variabilité y compris au sein d’une même espèce ce qui rend son étude difficile. Cependant, le drainage veineux de l’encéphale s’effectue principalement par les veines jugulaires externes. Un réseau complexe de sinus veineux comprend : - dorsalement, le sinus sagittal, les sinus transverses, les sinus droits - ventralement, les sinus caverneux, les sinus pétreux, sigmoïdes et temporaux Les sinus veineux transverses et sagittal sont à respecter : leur ligature entraîne le décès du patient. Figure 13 : Système veineux de l’encéphale du chien. Vue dorsale en haut/ Vue ventrale en bas [BARONE, 1996] PHYSIOLOGIE L’encéphale est protégé par une boite crânienne inextensible mais également confiné à l’intérieur de celle-ci. Il est constitué de trois compartiments : le parenchyme cérébral (80%), le liquide céphalorachidien (10 à 15%) et le sang cérébral (5 à 10%). Au sein même de l’encéphale, il existe un équilibre, entre ces trois compartiments, permettant de maintenir une pression intracrânienne constante. Ainsi, physiologiquement, toute modification de l’un des trois compartiments entraîne une modification réciproque des autres volumes: c’est la compliance cérébrale. Mais cette compliance a des limites et lorsqu’elles sont dépassées, toute augmentation de volume d’un des trois secteurs, de façon isolée ou associée, provoque une hypertension intracrânienne. Dans ce cas, la perfusion cérébrale diminue et peut provoquer : ischémie neuronale, hypoxie, dysfonctionnement et mort. Pression intracrânienne (mm Hg) C B A Volume intracrânien Figure14 : Relation pression intracrânienne/volume cérébral. Au début (phase A), le volume intracrânien augmente, la PIC ne change pas grâce à une compliance élevée et à l’efficacité des mécanismes tampons. Phase B : la compliance commence à baisser, une augmentation plus petite de volume entraîne une élévation de la PIC. Phase C : les mécanismes de compensation sont épuisés, la pression s’élève brutalement en cas d’augmentation même minime du volume intracrânien. La compliance varie individuellement et dépend de l’étendue ainsi que de la localisation des lésions. 1- LE PARENCHYME CEREBRAL Le volume du parenchyme cérébral est constitué par l’espace intracellulaire et extracellulaire ou interstitiel. Les mouvements d’eau au sein du parenchyme, et donc la régulation du volume de ces différents secteurs, présentent certaines particularités. 1.1 Le volume interstitiel cérébral Au niveau cérébral, le compartiment sanguin est séparé du compartiment interstitiel par la barrière hématoencéphalique (BHE). Contrairement aux capillaires systémiques, les mouvements hydroéléctriques au travers de la BHE répondent à la loi de l’osmose. Lorsque la barrière est lésée, le passage d’eau, d’éléctrolytes et de protéines est libre et aucun gradient ne peut s’y établir. Les mouvements hydriques sont alors contrôlés par les gradients de pressions hydrostatiques. 1.2 Le volume intracellulaire cérébral Les mouvements hydroéléctrolytiques entre l’espace intracellulaire et l’espace interstitiel n’ont aucune particularité. Ils sont régis uniquement par le gradient osmotique transmembranaire, qui détermine ainsi le volume de l’espace intracellulaire. Cependant, face à des modifications de pression osmotique, le cerveau possède des moyens pour lutter contre des variations brutales et importantes de son volume intracellulaire : c’est le phénomène d’osmorégulation cérébrale. L’osmorégulation cérébrale fait appel à une modulation du contenu intracellulaire en substance osmotique (électrolytes, acides aminés, polyols…) 2- LE LCR Le LCR se situe entre la pie-mère et l’arachnoïde. En dehors de toute affection, la pression intracrânienne dépend, entre autre, de la physiologie du liquide céphalorachidien. En effet, la quantité de LCR produite doit être au moins identique à la quantité de LCR réabsorbée afin de maintenir cette pression constante. 2.1 Origine Le LCR est produit essentiellement au niveau des plexus choroïdes, des cellules épendymaires du système ventriculaire, de la pie-mère ainsi que de l’espace sousarachnoïdien par l’intermédiaire de ses vaisseaux sanguins.Dans des conditions physiologiques, le volume du LCR est constant ce qui permet de garder une pression intracrânienne constante. Le LCR est produit par deux systèmes différents, la filtration à partir du plasma et la sécrétion, mais les mécanismes exacts ne semblent pas connus. 2.2 Débit Le débit est variable selon les espèces et la méthode de mesure. De plus, il varie avec l’âge du patient, et la maturation du système enzymatique. Le débit n’est pas influencé par la pression hydrostatique, à moins qu’elle soit très importante, mais seulement par la pression osmotique. 2.3 Mécanisme de formation On pourrait penser que le LCR n’est qu’un sous produit du sang obtenu par ultrafiltration, mais l’étude de la structure des sites de formation et celle de sa composition, comparée à celle du plasma, ont mis en évidence des phénomènes particuliers. 2.3.1 Sécrétion des plexus choroïdes Figure 15 : Structure des plexus choroïdes [ WRIGHT, 1979] L’étude microscopique des plexus choroïdes a montré qu’ils sont formés par la projection dans la lumière des ventricules, de processus hautement vascularisés. L’endothélium vasculaire est séparé de la couche de cellules épendymaires par une fine membrane basale avec ça et là des cellules méningées. Il se produit donc un phénomène de dialyse constant entre le sang et le LCR, au niveau de l’épithélium épendymaire, des espaces périvasculaires et de l’arachnoïde. L’épithélium choroïdien présente les caractéristiques histologiques des épithéliums spécialisés dans le transport actif. La présence de jonctions serrées entre les cellules de l’épithélium choroïdien pouvait faire penser à une barrière infranchissable, cependant une étude approfondie met en évidence un système moins dense entraînant une certaine perméabilité. D’ailleurs, on remarque l’absence de jonctions serrées au niveau de l’endothélium capillaire. La formation du LCR débute par le passage d’un ultrafiltrat du plasma à travers l’endothélium capillaire choroïdien sous l’effet de la pression hydrostatique dans le stroma sous jacent à l’épithélium épendymaire. Puis par des phénomènes de sécrétion active de cet épithélium, on aboutit à la formation du LCR. Il y a tout d’abord passage de l’eau et des ions dans l’espace intercellulaire sous l’action de la pression hydrostatique. Les petits ions passent à travers les jonctions serrées grâce à des mécanismes de transport comme les pompes à sodium. Les protéines pénètrent dans la cellule par vacuolisation. Il existe dans les membranes cellulaires des pompes à sodium permettant l’entrée des ions dans la cellule avec le sodium. D’autre part, des canaux permettent l’entrée des ions chlorures qui peuvent passer au niveau des jonctions serrées. L’ion carbonate est formé dans la cellule par l’anhydrase carbonique. L’hydrogène, dans l’espace intercellulaire, se lie avec l’ion carbonate pour donner du gaz carbonique qui peut pénétrer librement dans la cellule. La sortie se fait par la mise en jeu des pompes à sodium au niveau des microvillosités apicales permettant la sortie d’eau. Les ions chlorure sortent par l’intermédiaire du gradient électrochimique. Il existe également un passage d’ions hydrogène mettant en jeu ou non des pompes à ions potassium. Figure 16 : Formation du LCR 2.3.2 Sécrétion au niveau de l’espace périvasculaire Au niveau de ces espaces, on observe des courants du fluide extracellulaire ainsi que la présence de très nombreuses mitochondries dans les cellules endothéliales des capillaires cérébraux. Cette activité métabolique a donc une capacité de sécrétion. 2.3.3 Rôle du parenchyme cérébral Il revêt une importance capitale dans la formation du LCR car la composition de ce dernier est très proche de celle du liquide extracellulaire cérébral. Ce parenchyme cérébral est en relation avec les capillaires sanguins au niveau desquels se situe la barrière perméable hémato-encéphalique. Les cellules endothéliales de ces vaisseaux sont intimement liées par des jonctions serrées empêchant tout passage de molécule, la seule voie étant alors transcellulaire. Pour chaque molécule, il faut donc traverser deux membranes pour sortir du vaisseau. Seules pourront passer les substances liposolubles. Il s’agit d’une véritable barrière sélective contribuant à l’homéostasie du SNC. Figure 17 : Relation entre astrocyte, LCR, capillaire et neurone Prolongement astrocytaire = pied astrocytaire [SCHULLER et DUCLOS, 2001] 2.4 Circulation, réabsorption Elle s’effectue dans le sens rostrocaudal c'est-à-dire des ventricules latéraux au 3ème ventricule par le foramen de Monro, du 3ème au 4ème ventricule par l’aqueduc de Sylvius. Le LCR quitte le système ventriculaire pour rejoindre l’espace sous-arachnoïdien où il est absorbé par les sinus veineux et les veines cérébrales Cette circulation semble sous la dépendance de plusieurs facteurs dont la différence de pression crée par la sécrétion et la réabsorption du LCR mais aussi à la structure ciliée de l’épendyme ventriculaire. D’autre part, il semble qu’il existe des mouvements pulsatiles au niveau du 3ème ventricule permettant des mouvements liquidiens en direction de l’aqueduc de Sylvius. Enfin, dans l’espace sous-arachnoïdien, la circulation du LCR est aussi liée aux systoles cardiaques, aux variations respiratoires, à la posture…. Figure 18 : Circulation du liquide céphalorachidien [SAURET, 1996] Le système précédemment décrit est un milieu fermé dans lequel il existe une production continue de LCR. Pour que la pression intracrânienne reste constante, il est absolument nécessaire que la réabsorption du LCR soit proportionnelle à sa production. Le principal site de réabsorption est constitué par les villosités arachnoïdiennes. Ces villosités agiraient comme des valves unidirectionnelles permettant le drainage du LCR vers le sang en fonction de la différence de pression entre le LCR et le sang veineux. Mais elle peut également avoir lieu au niveau des veines et des vaisseaux lymphatiques situés autour des racines des nerfs spinaux. Enfin, le LCR peut pénétrer dans le parenchyme cérébral à travers l’épithélium épendymaire et être réabsorbé par les vaisseaux sanguins. La réabsorption par les vaisseaux lymphatiques cervicaux peut devenir une alternative essentielle lors d’hypertension intracrânienne. En effet, certaines expériences d’hypertension intracrânienne ont montrée une augmentation du flux lymphatique cervical. Figure 19 : Absorption du liquide céphalorachidien par les villosités arachnoïdiennes dans les sinus veineux [LOPEZ, 1985] Etant donné que le système nerveux central est un milieu enfermé dans une structure rigide avec une production de LCR constante, la réabsorption doit être au moins équivalente. Physiologiquement le taux de réabsorption du LCR augmente linéairement avec l’augmentation de la pression intracrânienne jusqu’à quatre fois la valeur normale. De nombreuses théories quant aux mécanismes de réabsorption du LCR avaient été émises avant que la microscopie électronique apporte de nouveaux éléments : - l’hypothèse d’un système ouvert répondant à la pression avec passage passif des molécules - l’hypothèse d’un système fermé de cellules endothéliales à jonctions serrées nécessitant un transport actif Cependant, le plus communément admis à l’heure actuelle est le suivant : - au niveau des cellules mésothéliales de l’arachnoïde, reliées les unes aux autres par des jonctions serrées, on observe des vacuoles géantes capables de contenir des protéines plasmatiques voire des globules rouges. Ces vacuoles sont en fait des invaginations de la partie basale vers l’apex de la cellule, dans laquelle elles peuvent s’ouvrir, constituant alors des pores ou canaux transcellulaires. Ce système dynamique permettrait ainsi la sortie du LCR selon le gradient de pression. 2.5 Fonctions Le LCR est indispensable à l’intégrité du système nerveux central. Il a plusieurs rôles : -protection mécanique, il sert d’amortisseur liquidien et également de réservoir en permettant des variations de volume des différents éléments du contenu crânien sans qu’il y ait de modification de la pression intracrânienne. -protection immunologique, le LCR pourrait être le véhicule d’une protection immunitaire cellulaire et humorale. Il peut contenir des anticorps, des cellules de la lignée blanche et possède une certaine activité antibactérienne. -échanges nutritionnels, en effet, les métabolites produits par le cerveau sont directement transférés dans le LCR. Le LCR apporte une petite partie des nutriments au SNC, conjointement à ceux véhiculés par le sang. -transport intracérébral, étant donné que le cerveau baigne dans le LCR, ce liquide sert de transporteur aux substances biologiquement actives synthétisées par les tissus environnants.le LCR participe ainsi aux fonctions endocrines en véhiculant certaines hormones hypothalamiques. 3- LE COMPARTIMENT VASCULAIRE La régulation du volume sanguin cérébral, afin de maintenir une pression intracrânienne constante, est étroitement liée à la pression de perfusion cérébrale et au débit sanguin cérébral. Le débit sanguin cérébral correspond au volume de sang qui s’écoule dans les vaisseaux cérébraux par unité de temps (DSC=différence de pression sanguine/résistance vasculaire). La résistance vasculaire est la force qui s’oppose à l’écoulement du sang. Elle dépend de la viscosité sanguine, de la longueur des vaisseaux et de leur diamètre. La pression de perfusion cérébrale correspond à la pression artérielle moyenne diminuée de la pression intracrânienne. Or, la pression intracrânienne est la résultante de l’effet de tous les éléments à l’intérieur de la boîte crânienne. Par conséquent, une modification de l’équilibre entre ces constituants, comme par exemple lors d’œdème cérébral, d’augmentation du LCR ou d’expansion d’une lésion tumorale, doit être suivie par la compensation des autres constituants afin de maintenir la pression intracrânienne constante. La compensation initiale s’effectue par une mobilisation du LCR des compartiments centraux vers le compartiment spinal puis continue par une diminution du volume sanguin cérébral en particuliers le volume veineux. La régulation du volume sanguin cérébral repose sur la vasomotricité cérébrale. Les résistances vasculaires cérébrales augmentent en présence d’une augmentation de la pression de perfusion cérébrale, afin de maintenir le débit sanguin cérébral constant. Cette augmentation de résistance s’effectue par l’intermédiaire d’une diminution du diamètre des vaisseaux de résistance, ce qui entraîne une diminution du volume sanguin cérébral. De même, en cas d’hypotension, il y a une baisse des résistances vasculaires par vasodilatation des vaisseaux de résistances visant ainsi à maintenir le débit sanguin cérébral constant, au prix d’une augmentation du volume sanguin cérébral et donc de la pression intracrânienne. 4- LA REGULATION La pression intracrânienne dépend donc du volume du parenchyme cérébral, du volume du LCR et du volume sanguin cérébral. Physiologiquement, si leur somme est constante, la pression intracrânienne reste stable. Lorsque la barrière hématoencéphalique est intacte, le volume du parenchyme cérébral est déterminé par le gradient de pression osmotique. Lorsqu’elle est lésée, les mouvements hydriques transmembranaires dépendent du gradient de pression hydrostatique. Le volume sanguin cérébral est essentiellement déterminé par le débit sanguin cérébral luimême étroitement régulé par les résistances vasculaires cérébrales. Ainsi, la pression intracrânienne est déterminée principalement par les effets des pressions osmotique et oncotique, du volume sanguin cérébral, de PaCO2 et PaO2, de la température. 4.1 Le volume sanguin cérébral Les mécanismes de régulation du volume sanguin cérébral sont étroitement liés à ceux du débit sanguin cérébral. En effet, les principaux facteurs de régulation du débit sanguin sont les résistances vasculaires cérébrales. Il s’agit de l’autorégulation cérébrale qui se définit comme étant la possibilité de faire varier les résistances vasculaires cérébrales et ainsi de maintenir un débit sanguin adapté aux besoins métaboliques. Cependant cette autorégulation possède des limites. Ainsi, lorsque la pression de perfusion cérébrale varie dans des valeurs comprises entre 60 et 150 mmHg, le débit sanguin se maintient grâce à des modifications de la vasomotricité, induisant alors des variations des résistances vasculaires. En deçà de ces limites, une ischémie cérébrale (si Pam<60mmHg) ou une rupture de la barrière hématoencéphalique avec œdème cérébral (si Pam>150 mmHg) peuvent venir compliquer le tableau de l’hypertension intracrânienne.Ce facteur est donc difficile à faire varier si on cherche une diminution rapide de la pression intracrânienne. A l’inverse, les pressions partielles en CO2 et en O2 ont un fort pouvoir de régulation et on peut facilement jouer sur ces facteurs par l’intermédiaire de la ventilation contrôlée. 4.2 PaCO2 Le CO2 est le modulateur le plus puissant du débit sanguin cérébral, et donc du volume sanguin cérébral, en modifiant les résistances vasculaires. En effet, par son effet vasoconstricteur cérébral, l’hypocapnie diminue le débit et donc le volume sanguin cérébral. Le CO2 est le facteur principal de régulation physiologique du tonus artériolaire précapillaire cérébral. Pour une PaCO2 comprise entre 20 et 80 mmHg, le débit sanguin cérébral varie rapidement et linéairement. Ainsi, chaque variation de 1 mmHg de PaCO2 entraîne une variation du débit sanguin cérébral de 3 à 4% dans le même sens. Cependant cette relation est limitée par une vasodilatation et une vasoconstriction maximales. En cas d’hypocapnie profonde, l’hypoperfusion faisant suite à la vasoconstriction peut induire une hypoxie cérébrale néfaste. En pratique, on réalise donc une hyperventilation modérée avec mesure du CO2 expiré afin de réduire la pression intracrânienne en diminuant la perfusion cérébrale. Le CO2 peut également moduler la pression intracrânienne en agissant sur le volume du LCR. Figure 20 : Relation entre le débit sanguin cérébral (DSC) et la pression de perfusion cérébrale (PPC), la PaCO2 et la PaO2 [ARCHER et al., 1994] __ : effet de la PPC, le DSC est maintenu constant pour une PPC variant de 50 à 150 mmHg ; ●-● : effet de la PaO2, lorsque la Pa02 diminue en dessous de 50 mmHg, le DSC augmente pour maintenir l’apport d’O2 au cerveau ; --- : effet de la PaCO2, entre 20 et 80 mmHg de PaCO2, le DSC augmente linéairement 4.3 PaO2 La pression partielle en O2 agit également sur la vasomotricité cérébrale. Une diminution de PaO2<50 mmHg entraîne une vasodilatation artériolaire cérébrale, et donc une augmentation du débit, du volume sanguin cérébral et par là même une augmentation de la pression intracrânienne. L’hyperoxie entraîne une vasoconstriction cérébrale accompagnée d’une chute rapide de la pression intracrânienne. Cependant cet effet est beaucoup plus modéré que celui de l’hypocapnie. L’hyperventilation contrôlée est donc indiquée afin d’augmenter la PaO2, de diminuer la PaCO2 et ainsi de lutter contre l’hypertension intracrânienne. 4.4 La température corporelle La température corporelle agit indirectement sur la pression intracrânienne par le biais des variations du débit sanguin cérébral. En effet, la température et le débit sanguin cérébral varient dans le même sens. L’hypothermie induit une baisse de la consommation cérébrale en O2 (CMRO2), ce qui provoque une vasoconstriction et donc une diminution du débit sanguin cérébral. Cependant, l’hypothermie en dessous de 32°C a des effets néfastes comme une hyperexcitabilité myocardique, des troubles de la coagulation etc… Ainsi, l’utilisation de l’hypothermie semble discutable et pose de nombreux problèmes comme la méthode de refroidissement, sa surveillance et ces indications exactes. AFFECTIONS POUVANT ENTRAINER UNE HYPERTENSION INTRACRANIENNE Cette courte présentation a pour but de montrer les différentes affections pouvant entraîner une hypertension intracrânienne. Les tumeurs, les hémorragies, les oedèmes, les obstructions ventriculaires etc… peuvent altérer l’équilibre physiologique intracérébral et entraîner une augmentation de la pression intracrânienne. En effet, à l’intérieur de la boîte crânienne inextensible, toute masse qui se développe, toute augmentation de volume du tissu nerveux lui-même, ou toute accumulation de liquide, est susceptible, dans les limites que nous avons définies où les mécanismes de réajustement sont dépassés, d’entraîner l’apparition d’un syndrome d’hypertension intracrânienne. Différents symptômes cliniques peuvent alors apparaître. 1- DEVELOPPEMENT D’UNE MASSE L’effet de masse peut survenir suite au développement d’une tumeur d’origine osseuse, méningée ou parenchymateuse. Mais elle peut également coïncider avec la formation, au sein de la boîte crânienne d’un abcès ou d’un granulome. 1.1 Les tumeurs Leur incidence est mal connue en médecine vétérinaire et les seules données épidémiologiques dont nous disposons à l’heure actuelle concernent essentiellement les tumeurs cérébrales. En effet, elles représentent 1.5 à 3% de l’ensemble des tumeurs chez le chien [FANUELBARRET, 1991] et 1% chez le chat [MOISSONNIER, 1994] mais ces valeurs peuvent être largement sous estimées car l’autopsie de SNC n’est pas systématiquement réalisée en pratique. Ces tumeurs cérébrales peuvent être classées en tumeurs primitives et tumeurs secondaires. Les tableaux 2 et 3 en dressent une liste non exhaustive. Nature de la tumeur Espèce - Fréquence Age +++ Adultes 10-12 ans papillome plexus + médulloblastome Rare Adultes Jeunes Race -neuro-ectodermique astrocytome oligodendrogliome glioblastome… Chiens brachycéphales Chats épendydome -mésodermique méningiome réticulose Chiens dolichocéphales Chats Chiens (chats) ++ +++ (petites races) Adultes 7-9 ans Adultes 5-7 ans -ectodermique adénome pituitaire Chiens brachycéphales Chats ++ Rare Adultes 6-8 ans Tableau 3 : Tumeurs cérébrales primitives [FANUEL-BARRET, 1991] Métastases extension Tumeurs mammaires Tumeurs cutanées Adénocarcinomes Tumeur des sinus et des cavités Carcinomes pulmonaires nasales Fibrosarcomes Tumeurs de la boîte crânienne Tableau 4 : Tumeurs cérébrales secondaires [FANUEL-BARRET, 1991] 1.1.1 Prédisposition liée à l’âge Chez le chien, 80% de ces tumeurs cérébrales affectent des animaux qui ont entre 5 et 11 ans [KORNEGAY, 1986], mais les jeunes animaux peuvent également être atteints [KELLER et MADEWELL, 1992]. Chez le chat, les tumeurs cérébrales se développent plus fréquemment sur des animaux de 10 ans et plus [FANUEL-BARRET, 1991]. 1.1.2 Prédisposition liée à la race Chez le chien, la prévalence des tumeurs intracrâniennes chez les brachycéphales en particuliers chez le boxer est importante [FENNER, 1992] [SULLIVAN, 1993]. On note également que les brachycéphales développent surtout des gliomes alors que les méningiomes sont plus particulièrement observés sur les chiens dolichocéphales comme le berger allemand, colley, épagneul…. [FINGEROTH et al., 1987] [FENNER, 1995] Il semble qu’il n’existe pas de prédisposition raciale dans l’espèce féline (brachycéphale). 1.1.3 Pathogénie des tumeurs intracrâniennes Compte tenu de leurs différentes localisations dans la boîte crânienne, elles ont toutes en commun la même conséquence finale: la compression de l’encéphale par augmentation du volume interne. Ainsi, les effets du développement de tumeurs intracrâniennes sont, à la fois, une compression et une infiltration des tissus adjacents et secondairement, un œdème vasogénique, une hydrocéphalie obstructive et/ou une hernie cérébrale peuvent aggraver le tableau clinique [MOISSONNIER, 1994]. Conséquence sur le parenchyme cérébral : L’effet de masse est l’une des conséquences les plus graves d’un néoplasme intracrânien. Cela aboutit, en fonction de la nature de la tumeur : - à la compression et au refoulement du parenchyme cérébral associé à une nécrose et une ischémie des tissus lorsque la tumeur est extra-parenchymateuse. - ou à la destruction et l’envahissement du parenchyme par une tumeur infiltrante. Œdème Ex : Méningiome Figure 21 : Schéma des conséquences parenchymateuses des tumeurs cérébrales [POIRIER et al., 1989] - Conséquences sur l’hydratation cérébrale (œdème cérébral) Lors de tumeurs, on aboutit à une augmentation de la fuite vasculaire et une rupture plus ou moins importante de la barrière hémato-parenchymateuse. Bien que le flux sanguin ne soit pas modifié par la masse, la perméabilité capillaire à l’intérieur du néoplasme est supérieure à celle du tissu sain [BLASBERG et GROOTHUIS, 1986]. L’œdème élargit alors le volume du tissu anormal, majore l’effet de masse et aggrave l’hypertension intracrânienne. - Conséquences sur la circulation du LCR Lors d’une néoplasie cérébrale, le drainage du LCR peut être altéré soit à cause de la topographie même de la masse tumorale située près des voies d’écoulement du LCR, soit à cause de l’œdème ainsi que l’inflammation qui refoulent et/ou obstruent les cavités et orifices de circulation [COX et al., 1990]. Le néoplasme peut également comprimer les sinus veineux et interrompre l’absorption du LCR à travers les villosités arachnoïdiennes. A plus ou moins long terme, les tumeurs cérébrales peuvent donc avoir comme conséquence une hydrocéphalie. La vitesse de croissance de la masse est alors importante en ce qui concerne les phénomènes de compensation [JOHNSON, 1990]. En effet, en début d’évolution, la compensation est réalisée par une diminution du volume ventriculaire, de l’espace sous arachnoïdien et du volume sanguin. Une fois ces mécanismes de compensation dépassés, on aboutit de nouveau à une augmentation de la pression intracrânienne. Ainsi, plusieurs causes sont responsables de l’hypertension intracrânienne lors de tumeurs cérébrales à savoir : - l’augmentation de volume du parenchyme cérébral par la présence d’une masse - l’œdème cérébral - la dilatation ventriculaire faisant suite à l’hydrocéphalie. 1.2 Les abcès Les abcès cérébraux des carnivores domestiques peuvent être la conséquence d’une plaie pénétrante et constituer à ce titre une complication des traumatismes crâniens. On peut également les rencontrer lors de méningites septiques ou lors d’extension des infections de voisinage (oreille, sinus, yeux…) [HEAVNER et PIERCE, 1976] [OLIVIER et KNECHT, 1975] L’étiologie de l’hypertension intracrânienne qui peut en résulter est la même que celle des tumeurs mais l’œdème est toujours très prononcé et l’évolution plus aigue. 1.3 Les granulomes Les granulomes sont des masses d’origine inflammatoire qui peuvent se développer au sein de l’encéphale et générer une hypertension intracrânienne [LUTTGEN et al., 1980]. La méningo-encéphalomyélite granulomateuse, par exemple, est une affection caractérisée par la présence dans l’encéphale de nombreux granulomes inflammatoires. 2- AUGMENTATION DE VOLUME DE L’ENCEPHALE Cette collection liquidienne résulte d’une hydratation exagérée du tissu nerveux qui survient par l’intermédiaire de mécanismes différents. On distingue trois types d’œdème cérébral [MORAILLON, 1994] : - l’œdème vasogénique : il est lié à l’altération d’origine traumatique, tumorale ou hypertensive de la barrière hématoencéphalique (BHE), qui devient alors perméable aux ions, aux protéines et autres grosses molécules. - l’œdème cytotoxique : il est cellulaire et d’origine ischémique. Par privation en oxygène, des métabolites osmotiquement actifs (lactate, AMP, adénosine, K+…) s’accumulent dans la cellule et créent un gradient osmotique attirant l’eau qui passe librement la BHE et la membrane cellulaire - l’œdème interstitiel : il correspond à l’accumulation de liquide dans la substance blanche péri-ventriculaire, liée au passage de l’eau au travers des parois ventriculaires à partir du LCR se trouvant en excès dans les ventricules lors d’une hydrocéphalie obstructive. Quelque soit le type d’œdème, le volume du cerveau augmente de façon plus ou moins brutale ce qui à pour conséquence d’aboutir à une hypertension intracrânienne lorsque les mécanismes de compliance sont dépassés. 3- ACCUMULATION PATHOLOGIQUE DE LIQUIDE L’hypertension intracrânienne peut être la conséquence de perturbations vasculaires qui aboutissent à l’accumulation de sang mais également à l’accumulation de liquide céphalorachidien, c'est-à-dire à l’hydrocéphalie. 3.1 Accumulation de sang Des lésions vasculaires, des hémorragies peuvent provoquer la constitution d’hématomes. Ces hématomes font, en général, suite à un traumatisme crânien ou des troubles de la coagulation et engendrent une hypertension intracrânienne [OLIVIER et LORENZ, 1983] [SELCER, 1980]. En fonction de leur localisation, on distingue trois types d’hématome : - l’hématome extra-dural - l’hématome sous-dural - les hémorragies sous arachnoïdiennes 3.1.1 L’hématome extra-dural Il s’agit d’un saignement entre la dure-mère et la boite crânienne. Il se constitue en général rapidement après le traumatisme et est provoqué par une fracture du crâne avec rupture d’une artère méningée. 3.3.2 L’hématome sous-dural Il provient d’un saignement entre la dure-mère et l’arachnoïde probablement dû à une rupture veineuse. Son installation est lente et les symptômes peuvent être retardés par rapport au traumatisme. 3.3.3 Les hémorragies sous arachnoïdienne Elles sont causées par la rupture des veines ou des artères arachnoïdiennes. 3.2 Accumulation de liquide céphalo-rachidien ou hydrocéphalie Elles peuvent être congénitale ou acquises [OLIVIER, 1980]. On distingue : - des hydrocéphalies par augmentation de la production de liquide céphalo-rachidien. Elles sont rares - des hydrocéphalies par la présence d’un obstacle sur le trajet de circulation du liquide céphalo-rachidien. Ceux sont les plus fréquentes. On les retrouvent lors de la présence de masse quelqu’en soit l’origine. - Des hydrocéphalies par diminution de la réabsorption du liquide céphalo-rachidien. Elles sont le plus souvent secondaires à des lésions arachnoïdiennes inflammatoires ou hémorragiques. En conclusion, il est bon de remarquer que les phénomènes générateurs d’hypertension intracrânienne peuvent être étroitement liés. En effet, dans le cas d’une tumeur cérébrale, hypertension intracrânienne résulte : - avant tout, de l’effet de masse - mais aussi, de l’œdème péritumoral qui majore l’augmentation de volume - de plus, les tumeurs peuvent créer des perturbations vasculaires (hémorragies) - enfin, si la tumeur se trouve située à proximité des voies d’écoulement du LCR, elles peuvent constituer un obstacle à sa circulation et entraîner secondairement une hydrocéphalie. Quelque soit la cause, les phénomènes de compensations de l’organisme sont rapidement dépassés et l’hypertension intracrânienne s’installe plus ou moins vite. Les symptômes qui en découlent peuvent être : - d’apparition brutale et se situer alors dans le cadre de l’urgence - ou d’évolution lente et plus frustre comme la présence de simples baisses de vigilance de l’animal. DIAGNOSTIC 1- DIAGNOSTIC La démarche diagnostique de l’hypertension intracrânienne peut être différente selon qu’on se situe dans le cadre de l’urgence (traumatisme crânien, par exemple) ou non. Ce diagnostic doit avoir pour but de reconnaître la présence ou non d’une hypertension intracrânienne mais également d’en déterminer la cause. Cette démarche repose sur : - l’anamnèse et les commémoratifs qui se révèlent essentiels - la clinique - les examens complémentaires 1.1 L’anamnèse et les commémoratifs Ils sont essentiels car ils peuvent fournir des éléments importants d’orientation pour la suite du diagnostic. 1.1.1 L’âge et la race Comme nous l’avons précédemment vu, ces deux facteurs sont à prendre en compte car certaines races sont prédisposées à l’hydrocéphalie congénitale (Yorkshire terrier, par exemple…), d’autres dans lesquelles les néoplasies sont à redouter (Boxer, par exemple…) L’âge oriente plus particulièrement vers la suspicion ou non de tumeur cérébrale. 1.1.2 Les circonstances d’apparition des symptômes Ils sont à étudier en recherchant les commémoratifs de traumatisme, des éventuels épisodes infectieux ou d’anciennes tumeurs. 1.1.3 Les modalités d’évolution des symptômes Les modalités d’évolution des symptômes peuvent être très évocatrices. En effet, l’apparition de symptômes faisant penser à une hypertension intracrânienne dans les heures qui suivent un traumatisme crânien, doit faire craindre un hématome ou un œdème cérébral. A titre d’exemple, la survenue de crises convulsives chez un animal âgé n’ayant présenté aucun antécédent d’épilepsie essentielle doit faire penser à une tumeur cérébrale. Enfin, la présence de symptômes compatibles avec une hypertension intracrânienne sur un très jeune animal oriente le diagnostic vers une anomalie congénitale. 1.2 Examen clinique et neurologique Le diagnostic de l’hypertension intracrânienne reste difficile mais repose sur l’observation de modifications du comportement dont les trois principaux sont: - un port de tête basse en permanence, sans gêne, ni douleur à la manipulation - des attitudes de type pousser au mur - des mouvements anormaux comme une marche sur le cercle La présence concomitante d’autres symptômes révélant une atteinte de l’encéphale peut être mise en évidence. Ces symptômes résultent de l’emplacement de la lésion au sein de l’encéphale, mais au cours de l’évolution du phénomène, ils sont plus ou moins masqués par ceux de l’hypertension intracrânienne. Photo 1 : Anomalie du port de la tête chez un boxer de 7 ans atteint d’une tumeur cérébrale. La tête est portée basse en permanence, sans douleur à la manipulation. [FANUEL-BARRET, 1991] Photo 2 : Attitude de pousser au mur chez un Yorkshire de 1 an. HIC par hydrocéphalie. [FANUEL-BARRET, 1991] Photo 3 : Anomalie du port de tête et marche sur le cercle. HIC suite à une tumeur cérébrale chez un boxer de 8 ans. [FANUEL-BARRET, 1991] Les atteintes corticales se manifestent par différents symptômes parmi lesquels dominent : - des troubles du comportement avec soit de l’agressivité ou au contraire un désintérêt total pour l’entourage - des altérations de l’état de conscience (dépression voire stupeur) - des convulsions - une amaurose sans anomalie de fonctionnement des pupilles - une hémiparésie et/ou un déficit proprioceptif. Ce déficit est en général controlatérale par rapport à la lésion Les lésions du diencéphale peuvent entraîner des symptômes assez similaires : - une dépression - des convulsions - une amaurose - une hémiparésie et déficit proprioceptif controlatéraux On peut également rencontrer : - des troubles du comportement alimentaire (polyphagie, polydipsie), du sommeil, de la régulation thermique - des perturbations endocriniennes Les atteintes du tronc cérébral ont une expression clinique variable en fonction de l’étendue de la lésion : - des anomalies de la vigilance (dépression voire coma) - des troubles de la démarche (ataxies, hémiparésie, tétraparésie avec +/- déficits proprioceptifs) - des dysfonctionnements des nerfs crâniens Les affections cérébelleuses ont une symptomatologie dominée par : - une ataxie symétrie avec une augmentation du polygone de sustentation et parfois une hypermétrie - des tremblements intentionnels - et parfois, une absence de clignement à la menace et un nystagmus Enfin, les atteintes vestibulaires entraînent différents symptômes caractérisés par : - une ataxie dissymétrique - des anomalies du décubitus avec des rotations « en tonneau » - des modifications du tonus des membres - un nystagmus Dans un contexte d’urgence, pour réaliser le suivi clinique des animaux présentant une anomalie intracrânienne, on peut utiliser le score modifié de Glasgow. Ce score permet, en observant différents signes cliniques, non seulement de contrôler l’évolution des troubles neurologiques mais aussi d’avancer un pronostic. SURVEILLANCE NEUROLOGIQUE : SCORE MODIFIE DE GLASGOW SCORE Etat de conscience - Période occasionnelle d’éveil, récéptif à l’environnement 6 - Dépressif (répond à la stimulation mais de façon inappropriée) 5 - Stupeur (répond aux stimulations visuelles) 4 - Stupeur (répond aux stimulations auditives) 3 - Stupeur (répond uniquement aux stimulations nociceptives répétées) 2 - Coma : ne répond à aucune stimulation 1 Activité motrice - Démarche normale. Réflexes médullaires normaux 6 - Hémiparésie, tétraparésie, rigidité de décérébration 5 - Décubitus, rigidité intermittente des extenseurs 4 - Décubitus, rigidité permanente des extenseurs 3 - Décubitus, rigidité permanente des extenseurs, opisthotonos 2 - Décubitus, hypotonie musculaire, réflexes médullaires diminués voire absents 1 Réflexes du tronc cérébral - Réflexes (R) photomoteurs et oculocéphaliques normaux 6 - R. photomoteurs ralentis et R. oculocéphaliques normaux à diminués 5 - Myosis bilatéral aréflexique, réflexes oculocéphaliques diminués voire absents 4 - Myosis bilatéral serré. R. oculocéphaliques diminués ou absents 3 - Mydriase unilatérale aréflexique, réflexes oculocéphaliques diminués à absents - 2 Mydriase bilatérale aréflexique. R. oculocéphaliques diminués voire absents 1 RESULTATS Catégorie Score Pronostic I 3-8 Situation grave II 9-14 Réservé III 14-18 Bon Probabilité de survie Score modifié de Glasgow Figure 22 : Probabilité de survie d’un patient atteint de traumatisme crânien en fonction des résultats du score modifié de Glasgow [PLATT et al., 2001] Pour un score modifié de Glasgow de 8, le patient a 50% de chance de survivre. 1.3 Diagnostic étiologique Le diagnostic étiologique de l’hypertension intracrânienne est complexe. En effet, dans un contexte d’apparition brutale des symptômes, il faut toujours envisager la possibilité d’une encéphalite dont le tableau clinique peut être assez similaire. Enfin, il n’est pas rare de constater au cours d’une crise d’hyperammoniémie chez un animal atteint d’un shunt porto-systémique des symptômes comparables à savoir : crises convulsives, pousser au mur, dépression… 2- EXAMENS COMPLEMENTAIRES Les examens complémentaires sont nécessaires afin de confirmer la présence d’une hypertension intracrânienne mais ils sont également indispensables afin de poser un diagnostic étiologique. Classiquement, on a recours à : - la ponction et l’analyse du liquide céphalo-rachidien - différentes techniques d’imagerie médicale comme la radiographie, le scanner, l’IRM… 2.1 La ponction et l’analyse du liquide céphalo-rachidien Cette ponction peut apporter la preuve de l’existence d’une hypertension intracrânienne et l’analyse du liquide céphalo-rachidien se révèle très intéressante pour le diagnostic étiologique [CHRISMAN, 1983]. Cependant, elle est absolument contre-indiquée en cas d’hypertension intracrânienne aïgue car le risque de hernie à travers le trou occipital, au moment de la dépression crée par le prélèvement, est majeur. 2.2 La radiographie sans préparation. Elle est indispensable dans le cadre de traumatismes crâniens afin de pouvoir localiser et caractériser les lésions osseuses engendrées. Elle peut également être utilisée pour aider au diagnostic d’une hydrocéphalie congénitale par la mise en évidence des sutures largement ouvertes, d’aspect en verre dépoli de la boîte crânienne… Enfin, elle peut permettre de mettre en évidence, des calcifications intra-tumorales (50% des méningiomes de chats présentent ces calcifications) 2.3 La radiographie avec produits de contrastes Ces techniques de veinographie, de ventriculographie ou d’artériographie ont perdu tout leur intérêt depuis l’apparition du scanner. 2.4 Le scanner C’est l’examen de choix en matière de pathologie de l’encéphale. En effet, c’est une technique non invasive. Elle permet une visualisation directe, en coupes transversales, des contours de la boîte crânienne, et de toutes les structures internes, parenchyme cérébral et système ventriculaire. Elle permet donc de diagnostiquer les processus tumoraux, les hydrocéphalies, certains processus inflammatoires et des lésions vasculaires de type hématome. De plus, le scanner est une technique indispensable afin de connaître avec précision la localisation de la lésion, son étendue et son volume. Ces renseignements sont des éléments indispensables qui président aux choix thérapeutiques. Photo 4 : Tomodensitométrie d’une tumeur corticale sur une chienne cocker de 14 ans (Métastase de tumeur mammaire). Une telle position temporale est une bonne indication chirurgicale. [MOISSONNIER et VIATEAU, 1991] Photo 5 : Tomodensitométrie d’une tumeur cérébrale chez un berger allemand de 9 ans. La position frontale est une moins bonne indication chirurgicale. [MOISSONNIER et VIATEAU, 1991] 2.5 La biopsie Elle est parfois indispensable pour connaître la nature histologique d’une tumeur intracrânienne. Mais, la localisation dans la boîte crânienne des tumeurs de l’encéphale rend difficile cet acte diagnostique. Il nécessite une bonne connaissance de l’anesthésie et de la chirurgie intracrânienne. La biopsie peut être effectuée après une voie d’abord chirurgicale. Elle peut également être guidée par échographie, tomodensitométrie ou IRM. La biopsie cérébrale échoguidée augmente la fiabilité mais au prix d’une augmentation du temps opératoire. Le diagnostic est établi dans environ 90% des cas et des complications sérieuses surviennent dans moins de 8% des cas. On peut également utiliser la stéréotaxie, qui correspond à des procédés de repérage rigoureux des structures cérébrales profondes (employé en neurochirurgie), assistée par tomodensitométrie. 2.6 L’IRM L’IRM fournit des détails plus précis sur les tissus mous que le scanner grâce à un meilleur contraste entre la substance blanche et la substance grise ainsi qu’entre le tissu nerveux et le LCR. D’autre part, l’IRM fournit des coupes dans les 3 plans.L’IRM permet donc une meilleure évaluation de l’extension des lésions et de l’œdème associé. Cependant, le scanner permet une meilleure visualisation des lésions osseuses secondaires. L’IRM remplace le scanner dans la majeure partie des cas d’affections cérébrales. TRAITEMENT Les traitements de l’hypertension intracrânienne comportent deux étapes : - un traitement symptomatique facile à instaurer (le plus souvent médical) - et/ou un traitement étiologique lorsqu’il est envisageable (le plus souvent chirurgical) 1- TRAITEMENT MEDICAL Il repose non seulement sur l’utilisation de médicaments permettant de diminuer la pression intracrânienne mais également sur la mise en place de mesure hygiénique comme le positionnement de la tête en hauteur, l’hyperventilation artificielle etc… 1.1 Traitement médicamenteux Il s’agit principalement des anti-inflammatoires stéroïdiens (glucocorticoïdes) et des diurétiques mais également des barbituriques ou des solutés hypertoniques (NaCl 7,5%) [FRANKLIN, 1984] [FUHRER et BICHSEL, 1989] [HOERLEIN, 1987] 1.1.1 Les glucocorticoïdes Les effets sur les reins des glucocorticoïdes sont complexes. Par leur effet glucocorticoïde, ils se comportent comme des diurétiques propres : ils stimulent la diurèse. Cette fonction résulte à la fois d’actions: - centrales par l’inhibition de la libération d’HAD (hormone anti-diurétique : vasopressine) - rénales par accroissement de la filtration glomérulaire Ils sont donc indiqués dans le traitement de l’hypertension intracrânienne car ils diminuent la production du liquide céphalo-rachidien par les plexus choroïdes. De plus, lors de tumeurs, ils réduisent la perméabilité capillaire au sein de cette dernière, diminuent ainsi le flux sanguin vers cette tumeur et par la même diminue la pression intracrânienne, œdème péri-tumoral et les signes cliniques. 1.1.2 Les diurétiques Ils sont indispensables dans le traitement d’urgence de l’hypertension intracrânienne. Ils permettent, en effet, de réduire l’œdème provoqué par un traumatisme crânien ou entourant une tumeur. Le diurétique de choix est le mannitol. Le mannitol est un polyalcool dérivé des oses. Ses propriétés en font le chef de file des diurétiques osmotiques. Il est biologiquement inerte c'està-dire qu’il n’est pas capté par les tissus, ni métabolisé. Une fois injecté par voie intraveineuse, il est éliminé par le rein. Du fait de son pouvoir osmotique, il entraîne l’eau avec lui. Ses mécanismes d’action sont les suivants : - une filtration glomérulaire car c’est une petite molécule qui reste libre - une inhibition de la réabsorption d’eau au niveau du tube contourné proximal qui crée une dilution de l’urine primitive et s’oppose ainsi à la réabsorption de Na+ - une abolition du gradient corticopapillaire de pression osmotique au niveau de l’anse de Henlé qui permettait la réabsorption d’eau et la concentration des urines. L’effet du mannitol est important : jusqu’à 30% de l’eau filtrée est éliminée. L’utilisation du mannitol doit toujours se réaliser en contrôlant la diurèse. En effet, si aucune urine n’est observée après l’administration d’une dose test de mannitol, son utilisation est à éviter. Le mannitol est à proscrire lors d’hémorragie et à employer avec précaution lorsque le patient est en hypovolémie. En effet, en cas d’hypovolémie (hémorragie, par exemple), l’utilisation de mannitol peut renforcer cette hypovolémie et donc entraîner un risque important d’œdème aigu du poumon ou de défaillance cardiaque par surcharge de la pression de retour. La posologie du mannitol en perfusion est de 1 à 2 g/Kg sur une durée minimale de 20 minutes. Le furosémide, diurétique de l’anse, peut aider à réduire à la pression intracrânienne mais surtout permet de potentialiser les effets du mannitol (1mg/Kg en IV en association avec le mannitol) en abolissant le gradient cortico-papillaire par blocage du système de transport. 1.1.3 Les barbituriques Ils sont utilisés pour induire un coma artificiel permettant ainsi de réduire le métabolisme cérébral, le flux sanguin cérébral et donc par conséquence, diminuer la pression intracrânienne. En effet, les barbituriques diminuent le métabolisme cérébral et adaptent secondairement le débit sanguin cérébral à la baisse des besoins métaboliques du cerveau. La réduction du débit sanguin cérébral par les barbituriques est consécutive à une augmentation des résistances vasculaires cérébrales, associée à la diminution du volume sanguin cérébral. La molécule la plus fréquemment utilisée est le phénobarbital (Gardénal®). La posologie de base est de 5 à 10 mg/Kg en IV ou en IM. 1.1.4 Les solutés hypertoniques (NaCl 7,5%) Les solutés hypertoniques comme le chlorure de sodium ne sont pas souvent prescrits en première intention pour obtenir un effet diurétique car ils présentent également des effets secondaires non négligeables. Ces sels, administrés par voie parentérale, sous forme de solutés sont diurétiques car ils exercent un pouvoir osmotique en attirant l’eau des tissus vers le plasma et en réduisant la réabsorption d’eau dans le tubules rénaux. Cependant, ils ont de nombreux inconvénients potentiels : - ils sont éliminés par le reins et donc contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale - ils peuvent entraîner une déshydratation cellulaire excessive - ils sont susceptibles de provoquer une hypernatrémie, dans une situation où généralement on cherche à antagoniser une rétention excessive de sodium. 1.1.5 Les colloïdes Les différents colloïdes, naturels ou de synthèse (albumine à 4 ou 5%, HEA de PM 200 000 à 6%, dextrans 40 ou 70), suscitent beaucoup d’intérêt. En effet, ils évitent une diminution trop marquée de la pression oncotique. Certains HEA ont révélé des propriétés protectrices cérébrales après ischémie cérébrale temporaire en diminuant, par rapport à l’albumine, la taille de la lésion et l’œdème périlésionnel [SCHELL et al., 1992]. Pour chaque ml de sang perdu, on administre 1 ml de colloïde en visant un hématocrite de 30%. Cependant, soit leurs coûts (albumine), soit leurs effets sur l’hémostase (modification du facteur VIII par les HEA) ou sur la fonction plaquettaire limitent leur emploi en neuroréanimation. 1.2 Mesures hygiéniques 1.2.1 Port de la tête Une élévation de la tête d’environ 30° permet de diminuer la pression intracrânienne en facilitant le retour veineux. Les veines jugulaires doivent être bien dégagées pour ne pas être comprimées. 1.2.2 L’hyperventilation L’hyperventilation peut lutter contre l’hypertension intracrânienne grâce à l’effet de la PaCO2 sur la perfusion cérébrale [COURT et al., 1990]. En effet, les vaisseaux cérébraux sont directement responsables de la PaCO2 et la perfusion cérébrale est couplée avec le métabolisme cérébral. Lorsque la PaCO2 augmente, les vaisseaux cérébraux se dilatent et le flux sanguin augmente au sein de l’encéphale. L’effet opposé s’observe lorsque la PaCO2 diminue. 1.2.3 L’hypothermie On trouve dans la littérature, des expériences utilisant l’hypothermie sur des chiens afin de réduire l’hypertension intracrânienne lorsque les autres traitements n’ont pas été suffisants. En effet, en diminuant la température de l’organisme, le métabolisme lui aussi diminue, on aboutit alors à une vasoconstriction. Une hypothermie entre 28° et 30°, diminuerait donc le métabolisme cérébral ainsi que l’œdème [ZAUNER, 1995]. Cependant, en pratique, il est dangereux de réaliser une telle hypothermie. Le traitement médical est réellement efficace pour lutter contre l’hypertension intracrânienne suite à la présence d’un œdème, d’une affection infectieuse ou inflammatoire mais en aucun cas curatif lors de processus néoplasiques. Certaines causes d’hypertension intracrânienne peuvent bénéficier d’une thérapeutique chirurgicale. 2- TRAITEMENT CHIRURGICAL Une décision opératoire peut être prise uniquement après un diagnostic précis, passant obligatoirement par un examen tomodensitométrique éventuellement associé à une biopsie, afin de connaître l’affection en cause et sa localisation exacte [MOISSONNIER, 1994]. Cependant, la chirurgie peut néanmoins être une mesure d’urgence avant un diagnostic définitif. Enfin, il existe certaines zones où la chirurgie est très risquée et fortement déconseillée [ALLEN, 1987] : - le tronc cérébral car son accès se fait qu’au prix un délabrement peu compatible avec la vie - les régions sous-frontales car l’ouverture des sinus frontaux entraîne un risque septique. - les sinus veineux sagittal et transverse où l’hémostase conduit à un œdème. Lorsque la chirurgie est envisagée, elle consiste en l’exérèse de la masse ou le drainage du LCR dont le but principale est de réduire la compression et donc l’hypertension intracrânienne [FANNUEL-BARRET, 1987]. Elle s’effectue dans trois cas précis : - les tumeurs cérébrales où une craniotomie est réalisée suivie d’une exérèse la plus complète possible - les traumatismes crâniens où l’on peut effectuer là encore une craniotomie lorsque le traitement médical n’a pas été efficace - les hydrocéphalies primaires où l’on permet le drainage du LCR dans la circulation par la mise en place de shunts. 2.1 Considération générales La période péri-opératoire est une période critique pour la vie de l’animal et nécessite une surveillance accrue. En effet, toutes les mesures mises en œuvre doivent viser à limiter autant que possible l’hypertension intracrânienne préalable ou provoquée par la chirurgie. 2.1.1 Soins pré-opératoires Lors d’intervention chirurgicale, divers traitements médicaux sont utilisés dans le but de prévenir l’œdème cérébral. Le patient reçoit alors de la dexaméthasone à la posologie de 1 à 10 mg/Kg pendant un ou deux jours avant la chirurgie [FRANKLIN, 1984]. On peut éventuellement employé du mannitol lorsque tout risque d’hémorragie est écarté [OLIVER, 1968]. Cependant, il est important de prendre alors en considération l’éventuelle hypovolémie résultante en cas d’anesthésie de l’animal. L’antibiothérapie doit être systématiquement mise en place car une infection dans cette région peut avoir des conséquences dramatiques. Le protocole anesthésique doit être parfaitement adapté à la chirurgie intracrânienne. En effet, la connaissance de la pharmacologie des différents anesthésiques permet de choisir des molécules qui n’induisent pas une hypertension intracrânienne qui pourrait se rajouter à celle précédemment existante et avoir des conséquences dramatiques sur la survie de l’animal. Ainsi, des études ont montré que l’utilisation des substances permettant une diminution de la perfusion cérébrale comme le thiopental, le diazépam, la morphine et l’isoflurane peuvent réduire les complications et améliorer le pronostic. 2.1.2 Choix de la voie d’abord Le choix de la voie d’abord est dicté par la localisation de la tumeur Territoires Voie d’abord exposés Repères Structures à osseux respecter Commentaires Cortex cérébral (LF, LP, LO, LT) faux du cerveau Rostro-tentorielle Ventricules latéraux Uni- ou bilatérale Troisième ventricule Cortex cérébral OF, OP, Sinus veineux Approche la plus saggitaux et utilisée transverses OT, OS transfrontale OF -à combiner avec LF Bulbes olfactifs rostro-tentorielle transfrontale -risque infectieux OF élevé Cervelet Rostro-tentorielle OF, OP, Territoire ant. puis OT, OS, transtentorielle tentorium Incision corticale cerebelli nécessaire Cervelet Caudo-tentorielle OO SV saggitaux et Peut être combiné transverses avec approche S pétreux rostro-tentorielle Os occipital Artère basilaire Abord très limité partie basilaire SV longitudianux Risque de léser Territoire post. Tronc cérébral ventrale Glande pituitaire les nerfs crâniens Tableau 5 : Choix de la voie d’abord lors d’une chirurgie du système nerveux centrale supérieur. LF : lobe frontal, OF: os frontal, OO: os occipital, LP: lobe pariétal, OP: os pariétal, SV : sinus veineux, LO: lobe occipital, OT: os temporal, LT : lobe temporal, OS: os basisphénoïde [MOISSONNIER, 1991] Photo 7 : Abord rostro-tentoriel du cerveau. Noter l’œdème et la congestion très importants, la hernie corticale suite à l’hypertension et la présence d’une tumeur ventrale. [MOISSONNIER,1991] Photo 6 : Abord rostro-tentoriel du cerveau. Quatre forages de l’os pariétal réalisé à la fraise, sont réunis afin d’isoler un volet osseux. [MOISSONNIER, 1991] Figure 23 : Voies d’abord du crâne. Vue de profil [MOISSONNIER, 1991] Figure 24 : Voies d’abord du crâne. Vue caudale ; [MOISSONNIER,1991] 2.1.3 Soins post-opératoires Même si la chirurgie semble être une réussite, la période post-opératoire est cruciale pour l’animal. Les mesures visant à contrôler et diminuer la pression intracrânienne doivent être accrues. Dans ce cas là, le monitoring de cette pression se révèle essentiel. De la prednisone peut être administrée pendant plusieurs jours après la chirurgie et si nécessaire du mannitol en absence d’hémorragie 6 à 8 heures post-chirurgical. Des mesures hygiéniques sont nécessaires comme une position adaptée de l’animal avec les jugulaires dégagées, une vidange vésicale et parfois, à plus longue échéance, une rééducation motrice, la prévention des escarres de décubitus… 2.2 Craniotomie lors de tumeurs cérébrales L’exérèse des tumeurs primitives constitue une indication majeure si : - l’état général de l’animal est compatible avec la vie - la tumeur est isolée, superficielle et non infiltrante - l’excision complète peut être réalisée … [FIKE et al., 1981] La chirurgie est largement contre-indiquée lorsqu’il s’agit de métastases de tumeurs primitives [LAWSON, 1984]. Le pronostic dépend des caractéristiques histologiques de la tumeur mais également de la qualité de l’exérèse (complète ou incomplète). Cependant, il faut prendre en considération le fait qu’en l’absence de traitement, la survie moyenne du patient n’est que de quelques mois après l’apparition des symptômes [LECOUTEUR, 1985]. 2.3 Craniotomie lors de traumatismes crâniens L’intervention chirurgicale n’est indiquée que si le patient présente un syndrome d’hypertension intracrânienne ne répondant pas aux traitements médicaux [LECOUTEUR, 1985]. Les critères décisifs sont [SHORES, 1990] : - un coma stationnaire depuis 24 à 36 h associé à une mydriase mais des réflexes photomoteurs conservés - une détérioration de l’état général de l’animal malgré les soins médicaux Enfin, elle peut être indiquée en première intention lorsque l’animal présente un enfoncement de la boîte crânienne (car les abouts osseux peuvent lésés des structures vasculaires) ou lorsque l’existence d’une fracture ouverte entraîne un risque septique majeur. La chirurgie n’est plus indiquée lorsque l’animal présente une atteinte du tronc cérébral avec la perte des réflexes photomoteurs car le pronostic est très sombre [FENNER, 1995]. Le pronostic dépend là encore des structures atteintes. D’une façon générale, plus la récupération est lente et moins le pronostic est bon. Ainsi, un coma qui persiste plus de 48h malgré les traitements signe souvent une atteinte irréversible du tronc cérébral. 2.4 Drainage lors d’hydrocéphalie Lors d’une hydrocéphalie avérée, le traitement médical (diurétiques et corticoïdes…) mis en œuvre n’apporte souvent qu’une rémission passagère. Le traitement chirurgical est dans la plupart des cas envisagés. Le pronostic dépend de l’âge du patient (plus il est jeune et moins bon est le pronostic), de la nature de l’hydrocéphalie (les hydrocéphalies acquises sont de meilleur pronostic) et de la gravité de l’atteinte corticale [KNECHT, 1978]. Les complications sont fréquentes avec des déplacements, des occlusions ou des obstructions des shunts qui nécessitent dans ces cas là une révision du système de drainage et donc une autre intervention chirurgicale. Au terme de cette étude, on constate la nécessité impérative de connaître précisément la pression intracrânienne pour : - établir un diagnostic - effectuer une surveillance thérapeutique et post-opératoire Chapitre 2 : TECHNIQUE DE MESURE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE La principale indication du monitorage de la pression intracrânienne est le patient atteint d’un traumatisme crânien grave. Les autres indications concernent les altérations de la dynamique du liquide céphalo-rachidien et les hypertensions intracrâniennes d’origine diverses, dont les tumeurs cérébrales, les encéphalites etc… Quelque soit l’indication, le monitorage présente un intérêt diagnostique, thérapeutique et pronostique. La pression intracrânienne peut être mesurée soit de façon non invasive soit de façon invasive. La mesure non invasive de la pression intracrânienne se révèle intéressante pour le diagnostic car elle est rapide et représente un risque moindre pour le patient. En effet, cette méthode ne nécessite pas d’anesthésie générale, ni la mise en place d’un cathéter intracérébral mais les résultats restent moins précis que d’autres méthodes invasives plus complexes. La mesure invasives de la pression intracrânienne donne des résultats beaucoup plus fiables mais ces techniques lourdes ne peuvent pas être mise en place dans le cadre du diagnostic mais bien plus dans le cadre d’un monitorage post-chirurgicale par exemple. 1- MESURE NON INVASIVE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE 1.1 Le doppler transcrânien (DTC) La technique la plus simple est celle du doppler transcrânien. Cette technique permet de mesurer la vélocité du flux sanguin cérébral par effet de doppler. Le doppler transcrânien permet l'étude des mouvements du sang dans les artères intracérébrales à travers les os du crâne. Les endroits où s'applique la sonde à ultrasons sont appelés fenêtres. Ce sont : les orbites, les tempes et la zone sous occipitale. Cet examen permet d'examiner l'artère carotide, l'artère ophtalmique, l'artère sylvienne, les artères cérébrales antérieures et postérieures, les artères vertébrales et le tronc basilaire. Cette technique est le moyen le plus pratique pour évaluer le retentissement hémodynamique d’une hypertension intracrânienne [DENNIS, 2001]. Plusieurs études ont montrée qu’il existait des changements caractéristiques du flux sanguin en présence d’une hypertension intracrânienne, à savoir [SCHMIDT et al., 1997]: - une diminution de la vitesse du flux sanguin en diastole - un pic systolique anormalement pointu - un index de pulsation qui augmente proportionnellement à l’augmentation de la pression intracrânienne Cependant, ces modifications ne sont pas spécifiques d’une hypertension intracrânienne et peuvent être induites par des agents anesthésiques à posologie élevée ou par une hypocapnie profonde. Cette mesure se révèle donc simple d’un point de vue technique mais elle est peu fiable car elle présente une faible sensibilité vis-à-vis de la pression intracrânienne. De plus, cette technique ne peut être utilisée que ponctuellement car l’enregistrement continu se heurte au caractère peu pratique des dispositifs proposés. 1.2 La saturation jugulaire (SjO2) La saturation en oxygène du sang veineux jugulaire semble un bon indicateur de l’oxygénation cérébrale, bien que cette méthode présente des quelques difficultés techniques. En effet, cette mesure requière la mise en place, de façon rétrograde, d’un cathéter oxymétrique dans la veine jugulaire [McCORMICK et al., 1991]. Alors que le flux sanguin cérébral diminue, la saturation jugulaire diminue également et répondant à une relation linéaire. SjO2 présente une valeur anormalement basse lorsque l’élévation de la pression intracrânienne résulte d’une réduction sévère non seulement de la pression de perfusion cérébral mais aussi du flux sanguin cérébral car la quantité d’oxygène extrait du système vasculaire, et nécessaire au fonctionnement cérébral, est augmenté. La mesure de la SjO2 permet ainsi de détecter la survenue d’épisode d’ischémie cérébrale et d’adapter de façon simple la thérapeutique. A l’inverse, une augmentation de la valeur de la saturation jugulaire, indiquant alors une diminution de l’extraction de l’oxygène nécessaire au fonctionnement cérébral, peut se rencontrer lorsque l’hypertension intracrânienne correspond à une hyperhémie cérébrale [FELDMAN, 1997]. Cette méthode simple présente quand même des limites en ce qui concerne son interprétation. 1.3 Le déplacement de la membrane tympanique Cette méthode permet de mesurer indirectement la pression intracrânienne à l’aide de la mesure du déplacement de la membrane tympanique [REID et al, 1989]. En effet, le liquide céphalorachidien et la périlymphe communiquent au travers de l’aqueduc cochléaire, et lorsque l’on est en présence d’une augmentation de pression intracrânienne, cette dernière provoque une augmentation de la pression au sein de la fenêtre ovale. Cette pression est alors transmis à la membrane tympanique via les osselets de l’oreille moyenne. Le déplacement de cette membrane peut alors être calculé et relié, par des formules de calculs à l’augmentation de la pression intracrânienne. La fiabilité et la précision des résultats obtenus n’ont pas encore été vérifiées. 1.4 La propagation des ultrasons transcrâniens Cette nouvelle méthode utilisant les ultrasons, pour mesurer la pression intracrânienne, semble prometteuse. En utilisant une sonde bisectorielle, les ultrasons sont transmis au travers du crâne. L’augmentation de la pression intracrânienne est mise en évidence car les changements présents au sein du tissu intracrânien entraînent une modification de la vitesse de propagation des ultrasons. En effet, sur une étude pilote de 10 sujets en bonne santé et 11 sujets présentant des troubles neurologiques, il a été démontré que les changements de la vitesse de propagation des ultrasons apparaissent toujours lors d’altération de la pression intracrânienne. Ceci a été vérifié en mesurant simultanément la pression intracrânienne en plaçant des cathéters intraventriculaires sur les patients [PRANEVICIUS et al, 1992]. Cette méthode est en cours de validation. 2- MESURE INVASIVE DE LA PRESSION INTRACRANIENNE La mesure de la pression intracrânienne impose un système de prise d’information dans le parenchyme cérébral et une transmission vers un système d’analyse. 2.1 La transmission du signal Les dispositifs les plus utilisés sont ceux qui permettent d’effectuer une mesure à leur extrémité distale [MELON, 1995]. Ils utilisent des technologies diverses comme : - des micro transducteurs placés à l’extrémité d’un cathéter - des fibres optiques munies de capteurs distaux. Les capteurs distaux sont la plupart du temps des jauges de contraintes. Leur fonctionnement repose l’effet piézorésistif. Ainsi, la variation géométrique de la jauge de contrainte se traduit par une variation de sa résistivité. On peut alors exploiter celle-ci pour identifier l’amplitude de la contrainte. C’est ainsi que l’on peut en déduire les caractéristiques de la pression intracrânienne grâce au connecteur électrique placé à l’autre extrémité de la fibre optique. Ces dispositifs sont actuellement les plus utilisés Tous ces systèmes ont pour avantage la précision de la mesure et la possibilité de déconnexion temporaire mais ils ont pour inconvénients leur coût et la fragilité. 2.2 Les sites de mesures De très nombreux sites de mesure peuvent être envisagé mais nous ne parlerons que des sites les plus fréquemment utilisés. 2.2.1 Le site intraventriculaire C’est la voie de référence. Toutes nouvelles techniques de mesure doivent être comparé à cette méthode afin d’être validées. Le dispositif ne peut être mis en place qu’après une intervention chirurgicale. L’avantage majeur de cet emplacement est le possibilité unique de drainer le LCR et donc de traiter directement l’hypertension intracrânienne. Cependant, les risques infectieux et hémorragiques sont importants. Le risque infectieux se manifeste sur 10 à 20% des patients et augmente considérablement si le dispositif est laissé en place plus de 5 jours. C’est pour cela qu’il est préférable d’utiliser une antibioprophylaxie à base de pénicilline afin de lutter contre d’éventuelles bactéries gram positives. Figure 25 : Sites de mesures de la pression intracrânienne. 1 : site épidural avec capteur au contact de la dure-mère ; 2 : site sous-dural ; 3 : site intraparenchymateux ; 4 : site intraventriculaire avec possibilité de soustraire le LCR 2.2.2 Le site intraparenchymateux Cette technique est plus simple à réaliser mais nécessite quand même une anesthésie générale lors de la pose de la sonde. Cette méthode est réalisable même en cas de collapsus ventriculaire. Le risque infectieux semble faible (<1%) mais le risque hémorragique est identique à celui de la voie intraventriculaire. Le drainage du liquide céphalorachidien n’est pas possible. 2.2.3 Le site lombaire péridural ou sous-dural La voie lombaire est surtout indiquée en l’absence d’obstacle à la circulation du LCR [HAMADA et al., 1993]. Elle est contre-indiquée en cas de blocage de l’écoulement du LCR. 2.2.4 Les sites intracrâniens extradural et sous-dural Ils ont pour avantage la simplicité de la pose et l’absence de risque infectieux mais ne sont que très peu utilisés car les mesures recueillies ne sont pas fiables. 2.3 Comparaison des différentes techniques de mesure Une excellente corrélation a été notée entre la mesure par fibres optiques intraventriculaires et celle par fibres optiques intraparenchymateuses [CRUTCHFIELD et al., 1990]. En effet, l’étude statistique obtenue en relevant la valeur de la pression intracrânienne, par ces deux méthodes, toutes les trois minutes sur une période de trois heures, a montré des résultats similaires. Pour les valeurs de pression mesurées à l’aide des fibres optiques intraventriculaires la moyenne était de 17,71+/-4,98 mm Hg alors que pour celles relevées avec les fibres optiques intraparenchymateuses, la moyenne était de 15,81+/-4,93 mm Hg. Comme le montre la figure 23, la comparaison des deux méthodes de mesure se traduit par une relation linéaire avec un coefficient de corrélation de 0,946. Les résultats obtenus, en utilisant des fibres optiques en position intracrânienne sous-durale, ont été comparés à la méthode de référence. Cette comparaison révèle une précision des résultats un peu moindre que pour la voie intraparenchymateuse [OSTRUP, 1987]. Des études récentes ont montré, qu’entre la mesure par voie intraventriculaire et celle par voie épidurale, des différences variant entre -20 et +12 mm Hg (ce qui dépasse largement l’intervalle entre physiologie et pathologie). Cette méthode s’avère donc peu fiable [CZECH et al., 1993]. Figure 26 : Comparaison de deux méthodes de mesure de la pression intracrânienne : la voie intraventriculaire et la voie intraparenchymateuse. [CRUTCHFIELD et al., 1990] 2.4 Complications Les complications septiques et les hémorragies sont celles les plus souvent rencontrées en pratique. 2.4.1 Les complications septiques Elles sont observées, en particuliers, avec les dispositifs intraventriculaires et intraparenchymateux. En ce qui concerne les mesures par voie intraventriculaire, le taux d’infection est de 3, 6% croissant jusqu’à 20% en fonction de la durée de maintien du cathéter [YANO, 1988]. Pour les capteurs intraparenchymateux, ce taux semble plus faible (1,7%) mais la fréquence de contamination reste élevé (12%) [ARTRU, 1992]. En fait, l’incidence des infections cliniquement graves est modérée (4%) [YABLON, 1993]. 2.4.2 Les complications hémorragiques Ces dernières ont été évaluées entre 0,6% et 3% avec les dispositifs intraventriculaire et intraparenchymateux. Il s’agit, en règle générale, d’hématomes sous- ou extraduraux [YABLON, 1993]. En médecine vétérinaire, l’utilisation du monitorage de la pression intracrânienne est actuellement appliquée essentiellement à la période péri-opératoire alors qu’elle pourrait également apportée des renseignements précieux en situation d’urgence. Chapitre 3 : SURVEILLANCE POST-OPERATOIRE DU PATIENT PRESENTANT UNE HYPERTENSION INTRACRANIENNE La principale indication du monitorage de la pression intracrânienne est le traumatisme crânien grave. Ce monitorage présente alors un intérêt diagnostique, pronostique et thérapeutique. Cependant, il peut également être utilisé dans d’autres circonstances comme lors de lésions entraînant une altération de la dynamique du liquide céphalorachidien ou lors de suspicion d’hypertension intracrânienne d’origine diverses comme les tumeurs cérébrales. En médecine humaine, chez l’adulte, les affections conduisant au monitorage de la pression intracrânienne sont le traumatisme crânien pour 50% des patients mais aussi les accidents vasculaires dont les hémorragies et les malformations artérioveineuses, les hydrocéphalies, les tumeurs cérébrales et les processus inflammatoires. Chez l’enfant, la principale atteinte amenant à la surveillance de la pression intracrânienne est également le traumatisme crânien mais aussi les tumeurs cérébrales pendant la phase périopératoire. Les processus infectieux (méningites, encéphalites), les noyades peuvent également faire l’objet d’une surveillance accrue. Ainsi, le monitorage de la pression intracrânienne est utilisé dans des circonstances très diverses et est susceptibles d’apporter des informations précieuses permettant non seulement de confirmer le diagnostic mais aussi de quantifier le phénomène et de suivre son évolution, au cours du temps, sous l’influence de la thérapeutique. Pour des raisons essentiellement économiques, en médecine vétérinaire, ce monitorage n’est pas autant utilisé et bien souvent, l’hypertension intracrânienne n’est suspectée que par les signes cliniques non spécifiques qui l’accompagne comme un port de la tête, ainsi qu’une démarche anormale… Les images cérébrales obtenues lors d’un examen tomodensitométrique ou par IRM peuvent également établir le diagnostic. La surveillance de l’hypertension intracrânienne suspectée s’effectue alors indirectement par un suivi neurologique adapté. 1- OBJECTIF DE L’ETUDE Cette étude vise à démontrer l’intérêt mais aussi les inconvénients de l’utilisation d’un monitorage de la pression intracrânienne par l’intermédiaire d’un dispositif de fibres optiques intraparenchymateuses, en phase périopératoire de chirurgie cérébrale. 2- MATERIELS ET METHODES 2.1 Animaux Tous les animaux opérés de chirurgie intracrânienne (tumeur cérébrale) ont été intégrés à notre protocole. Ainsi, l’étude a été conduite sur deux chats et deux chiens. Ces quatre animaux ont été présentés au service de chirurgie de l’école nationale vétérinaire d’Alfort suite à des symptômes évoquant une tumeur cérébrale. Le diagnostic clinique a été confirmé par un examen tomodensitométrique et une analyse histologique des pièces d’exérèse (voir Tableau 6 : Récapitulatif des cas de l’étude page 84). Les deux chats, mâles castrés, âgés de 14 et 18 ans, de race européenne ont présenté des troubles du comportement (agressivité, dysorexie…), des troubles neurologiques (pousser au mur, marche sur le cercle, convulsions) ainsi qu’un pelage terne. Les deux chiens étaient un Siberian Husky, femelle stérilisée, âgée de 10 ans et un Berger des Pyrénées, femelle stérilisée, âgée de 8 ans. Ces deux chiens ont présenté des crises convulsives incoercibles et répétées. Le scanner, réalisé sur ces deux animaux, a révélé la présence d’une masse cérébrale. Aucun autre symptôme n’avait été observé sur ces deux chiens. 2.2 Préparation pré-opératoire Les mesures mises en œuvre visaient à réduire au maximum l’hypertension intracrânienne. Chaque animal a reçu un traitement anti-inflammatoire à base de dexaméthasone à la posologie moyenne de 5 mg/kg, 1 à 2 jours avant la chirurgie. 2.3 Protocole anesthésique Tous les animaux ont été anesthésiés avec le même protocole anesthésique. Une voie veineuse a été systématiquement mise en place à l’aide d’un cathéter de 22 G pour les chats et de 20 G pour les chiens. Une prémédication était alors réalisée par une injection intramusculaire de midazolam (HYPNOVEL®) à la dose de 0,4 mg/kg. L’induction était ensuite pratiquée, au bout de quelques minutes d’attente, par une administration de propofol (RAPINOVET®) à la dose moyenne de 4 mg/kg, la dose étant ajustée de manière à rendre l’intubation endotrachéale possible. Une fois l’intubation réalisée un relais gazeux était mis en place avec un mélange d’oxygène et d’isoflurane. Les animaux étaient alors maintenus anesthésiés pendant toute la durée de la chirurgie à l’aide de ce mélange gazeux. Une ventilation artificielle était initiée afin de pouvoir la contrôler et l’adapter en fonction de la pression intracrânienne au cours de la chirurgie. Une perfusion, de soluté et de débit adaptés aux cas de chaque animal, est administrée en continu lors de la chirurgie. 2.4 Technique chirurgicale Dans cette étude, nous parlerons uniquement de la chirurgie faisant suite au diagnostic d’une tumeur cérébrale entraînant alors une hypertension intracrânienne secondaire. Le geste chirurgical se résume à une chirurgie d’exérèse. Les méninges sont incisées après coagulation des vaisseaux méningés. Lorsque la tumeur est située à la surface du parenchyme cérébral, la dissection se fait directement. Si la tumeur est en profondeur, l’incision du parenchyme cérébral sous jacent est réalisée au sommet d’une circonvolution. Pour les tumeurs bénignes facilement clivables, l’exérèse est effectuée au moyen d’un cotontige humide qui facilite la détermination du plan de clivage. Ceci est tout à fait possible chez le chat, chez lequel les méningiomes, souvent encapsulés, ont une consistance ferme. Les méninges voisines de la tumeur sont alors largement réséquées lorsque cette dernière siège dans le parenchyme cortical. En effet, chez le chat et le chien, le cortex cérébral a une importance fonctionnelle moindre que l’homme. Pour les tumeurs malignes (ou infiltrantes), l’exérèse est effectuée par aspiration douce du parenchyme tumoral en veillant à ne jamais aspirer au contact du parenchyme sain. Photo 8 : Retrait d’une tumeur cérébrale corticale chez un chien Il s’agit alors toujours d’une exérèse partielle soit parce que la tumeur envahit des structures profondes vitales, soit car la différenciation entre le tissu sain et le tissu tumoral est difficile. C’est souvent le cas des méningiomes chez le chien. Il est essentiel de réduire au minimum les manipulations du tissu cérébral sain. Toute la chirurgie doit se dérouler sous irrigation permettant ainsi d’éviter une dessiccation du parenchyme cérébral. La dure-mère n’est pas refermée. Le volet osseux n’est pas remis en place. Ces mesures visent à limiter les effets secondaires à l’œdème post-chirurgical et les risques de hernies. Espèce Type de (Race, sexe, âge) tumeur Voie d’abord Devenir des animaux Localisation Chien 1 Méningiome Trans-sinusale Euthanasie 26 heures Siberian Husky, femelle Lobe frontal frontale après la chirurgie 10 ans Tumeur infiltrante Gliome Chien 2 Berger des Pyrénées, Rémission de 15 Région occipitale Rostro-tentorielle mois et décès par femelle gauche gauche crises convulsives 8 ans Tumeur subintrantes infiltrante Chat 1 Européen, mâle Méningiome Temporo- Rostro-tentorielle Asymptomatique à 14 ans occipital bilatéral bilatérale ce jour Chat 2 Méningiome Latérale gauche Région du rostro et caudo Asymptomatique à cervelet tentorielle ce jour Européen, mâle 18 ans Tableau 6 : Récapitulatif des cas de l’étude 2.5 La sonde intracrânienne 2.5.1 Description du matériel Le matériel utilisé pour cette étude est le kit de base du MicroSensor CODMAN. Il se compose d’un transducteur de pression intracrânienne MicroSensor CODMAN Figure 27 : Kit de base du MicroSensor CODMAN. A : Aiguille de Touhy-Borst de 14 G avec guide. B : Transducteur de PIC Le transducteur de pression intracrânienne est un cathéter équipé d’un microcapteur de type indicateur de tension en silicone (jauge de contrainte) monté sur une extrémité et d’un connecteur électrique sur l’autre extrémité. Il est conçu pour être utilisé avec un moniteur externe de type MicroSensor CODMAN afin de permettre l’affichage de la pression intracrânienne alors du monitorage. 2.5.2 Technique 2.5.2.1 Connexion et mise à zéro du transducteur Avant du procéder au monitorage, il faut impérativement faire une mise à zéro. Cette mise à zéro doit se faire à la pression atmosphérique avant l’implantation de la sonde. Pour cela, il est nécessaire de connecter la sonde au moniteur externe en utilisant le câble stérile approprié du transducteur. Ce câble doit toujours être stérilisé avant son utilisation. La mise à zéro s’effectue en couchant l’extrémité du transducteur dans un récipient peu profond de sérum physiologique stérile. Tout en maintenant l’extrémité de la sonde à plat dans le sérum physiologique stérile, il est alors nécessaire de régler le zéro de référence sur le moniteur externe. 2.5.2.2 Mise en place chirurgicale de la sonde Après l’exérèse de la tumeur, la sonde est positionnée directement dans le parenchyme cérébral et fixée temporairement à la peau après sutures cutanée de la plaie chirurgicale. Un pansement contentif, à base de vetrap et d’élastoplast, est appliqué sur chaque animal. 2.5.3 Mesure de la pression intracrânienne 2.5.3.1 Phase pré-opératoire Une première mesure de la pression intracrânienne a été effectuée, sur les deux chats, au cours de la chirurgie, avant l’exérèse de la tumeur. Cette valeur permet de quantifier l’hypertension intracrânienne initiale, résultant de la présence de la tumeur et ainsi de pouvoir comparer cette valeur à celles obtenues lors du monitorage, en post-chirurgical. Cette mesure initiale n’a pas pu être réalisée sur les chiens car ils présentaient une hernie cérébrale grave mettant en jeu leur survie. Cependant, grâce à cette observation macroscopique, on peut confirmer la présence d’une hypertension intracrânienne. 2.5.3.2 Phase post-opératoire Les valeurs du monitorage sont relevées avec une fréquence de cinq minutes jusqu’à stabilisation de la pression intracrânienne. Cette intervalle de mesure était ensuite adaptée, allant jusqu’à enregistrer les valeurs toutes les trente minutes, en fonction de l’évolution clinique de l’animal. La fin du monitorage était dictée par l’évolution clinique du patient ou par des problèmes techniques. Les paramètres considérés pour arrêter le monitorage étaient : - la stabilité de la pression intracrânienne à des valeurs physiologiques, 12h après la chirurgie et un animal présentant un état général satisfaisant. - l’irréversibilité de l’hypertension intracrânienne malgré la thérapeutique et un animal présentant une dégradation nette de l’état général - l’intolérance de l’animal à supporter la sonde (automutilation, agressivité, comportements incontrôlables pouvant nuire à l’évolution clinique) 3- RESULTATS Dans les tableaux et les graphiques qui suivent, les molécules administrées ainsi que les différents comportements de chaque animal y sont répertoriés afin de mieux comprendre l’évolution de la pression intracrânienne. 3.1 Nombre d’animaux Les résultats obtenus concernent le monitorage de la pression intracrânienne en fonction du temps sur quatre animaux. Il s’agit de deux chiens et de deux chats. Le chien 1 était un Siberian Husky, femelle stérilisée, âgée de 10 ans, le chien 2 était un Berger des Pyrénées, femelle stérilisée, âgée de 8 ans. Les chats 1 et 2 étaient des européens, mâles castrés âgés respectivement de 14 et 18 ans. 3.2 Durée de la tolérance de la sonde Le chien 1 a pu être suivi pendant 26h après la chirurgie car son état clinique le permettait. Cependant, le monitoring du chien 2 n’a chirurgicales à cause de son extrême agitation. pu être réalisé que pendant 4 heures post- Temps Valeur de la PIC T0 T0 + 5 min T0 + 10 min T0 + 15 min T0 + 20 min T0 + 25 min T0 + 30 min T0 + 35 min T0 + 40 min T0 + 45 min T0 + 50 min T0 + 55 min T0 + 1h T0 + 1h05 T0 + 1h10 T0 + 1h15 T0 + 1h20 T0 + 1h25 T0 + 1h30 T0 + 1h35 T0 + 1h40 T0 + 1h45 T0 + 1h50 16 19 21 20 21 20 20 22 23 22 21 22 22 21 21 19 19 27 19 19 19 26 27 T0 + 1h55 T0 + 2h T0 + 2h05 T0 + 2h10 T0 + 2h15 T0 + 2h20 T0 + 2h25 T0 + 2h30 T0 + 2h35 26 30 21 22 31 28 27 40 22 Commentaires Molécules administrées Suture chirurgicale de la plaie Métacam (0,2 mg/kg) IV Mise en place d'un pansement Arrêt de la ventilation artificielle Défécation Morphine (0,2 mg/kg) IV Défécation Solumédrol (30 mg/kg) IV Mise en place d'une sonde urinaire à demeure+Vidange 120ml Extubation Mouvements brusques de la tête Mouvements brusques de la tête Agitation importante Morphine (0,2 mg/kg) IV+diminution débit perfusion Morphine (0,2 mg/kg) IV Propofol (0,5 mg/kg) IV lent+ Valium (0,4mg/kg) IV T0 + 2h40 T0 + 2h45 T0 + 2h50 T0 + 2h55 T0 + 3h T0 + 3h05 T0 + 3h10 T0 + 3h15 T0 + 3h20 T0 + 3h30 T0 + 3h45 T0 + 4h T0 + 4h15 T0 + 4h30 T0 + 4h45 T0 + 5h T0 + 5h15 T0 + 5h30 T0 + 5h45 T0 + 6h T0 + 6h30 T0 + 6h45 T0 + 7h T0 + 7h30 T0 + 8h T0 + 8h30 T0 + 9h T0 + 9h30 T0 + 10h T0 + 10h30 T0 + 11h T0 + 11h30 T0 + 12h T0 + 12h30 23 23 23 24 29 29 31 31 20 20 23 25 43 28 29 30 42 26 26 24 35 28 23 23 34 31 31 35 30 30 35 34 40 33 Vidange vésicale 60ml Gémissements Gémissements +++ Furozénol (1mg/kg) IV Morphine (0,2mg/kg) IV Réflexes photomoteurs OG Ok, OD absent Position sternale mais gémissements+++ Mouvements incontrôlables + gémissements Propofol (0,5 mg/kg) IV lent Propofol (0,5 mg/kg) IV lent Propofol (1mg/kg) IV + morphine (0,05 mg/kg) IV Gémissements AG pour transfert aux urgences Décompression des jugulaires par découpage du pansement Propofol (1mg/kg) + morphine (0,2mg/kg)SC Valium (0,4 mg/kg) IV + Furozénol (1mg/kg) IV Mouvements brusques + Gémissements+++ Chienne incontrôlable Propofol (1mg/kg) IV + Gardénal (4mg/kg) IV Diminution de la fréquence respiratoire Mouvements brusques.Réveil Position de la chienne incontrôlable Solumédrol (15 mg/kg) IV Gardénal (4mg/kg) IV Prise de température Gardénal (4mg/kg) IV Mouvements de la tête Vidange vesicale 180 ml Morphine (0,4mg/kg) IM T0 + 13h T0 + 13h30 T0 + 14h T0 + 14h30 T0 + 15h T0 + 15h30 T0 + 16h T0 + 16h30 T0 + 17h T0 + 17h30 T0 + 18h T0 + 20h T0 + 22h T0 + 22h05 T0 + 22h10 T0 + 22h15 T0 + 22h20 T0 + 22h25 T0 + 22h30 T0 + 22h45 T0 + 23h T0 + 23h15 T0 + 23h30 T0 + 24h T0 + 24h30 T0 + 25h T0 + 25h30 T0 + 26h T0 + 26h10 33 28 29 35 33 33 31 27 28 33 32 31 34 34 38 41 30 30 27 30 42 25 25 28 28 26 28 20 28 Solumédrol (15 mg/kg) IV Vidange vésicale 100ml Morphine (0,4mg/kg) IM Vidange vésicale 200 ml Vidange vésicale 100ml Morphine (0,4mg/kg) IM Mannitol (1g/kg) en IV lente sur 30min Chienne très agitée Fin du mannitol Perfusion RL Eternuements Gémissements + Polypnée Furozénol (1mg/kg) IV Morphine (0,2mg/kg) IV PNI=117 Retrait de la sonde intracrânienne Tableau 7 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chien 1 Gardénal (4mg/kg) IV 50 Agitation importante 45 35 Agitation importante Prise de température Mvts brusques Gémissements Mouvements brusques de la tête 40 Eternuement Vidange vesicale Mise en place d'une sonde urinaire à demeure 30 25 Furozénol (1mg/kg) 20 Morphine (0,2 mg/kg) Morphine (0,2 mg/kg) 15 Solumédrol (30 mg/kg) Morphine (0,2 mg/kg) Furozénol (1mg/kg) Propofol (1 mg/kg) Gardénal (4 mg/kg) Gardénal (4 mg/kg) Solumédrol (15 mg/kg) Morphine (0,4 mg/kg) Mannitol (1 g/kg) Furozénol (1 mg/kg) Propofol (0,5 mg/kg) Valium (0,4 mg/kg) 10 5 m in T0 T0 + 1 h + 1h T0 15 + 1 T0 h 3 0 + 1h 4 T0 5 T0 + 2 h + 2h T0 15 + 2h T0 30 + 2h 4 T0 5 T0 + 3 h + 3h T0 15 + 3h T0 45 + 4 T0 h 3 0 + 5h 1 T0 5 + 6 T0 h T0 + 7 h + 8h T0 30 + T0 10 h + 11 h T0 30 T0 + 13 h + 14 h T0 30 + T0 16 h + 17 h T0 30 + T0 22 h + 2 T0 2 h 15 + 22 T0 h3 0 + 23 T0 h1 5 + 24 h T0 30 + 26 h T0 + 45 30 m in in m + T0 + 15 T0 0 T0 Valeur de la PIC (mm Hg) Décompression des jugulaires Gémissements +++ Temps Graphique 1 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage PIC chien 1 Temps T0 T0 + 5 min T0 + 10 min T0 + 15 min T0 + 20 min T0 + 25 min T0 + 30 min T0 + 35 min T0 + 40 min T0 + 45 min T0 + 50 min T0 + 55 min T0 + 1h T0 + 1h10 T0 + 1h15 T0 + 1h30 T0 + 1h40 T0 + 1h55 T0 + 2h10 T0 + 2h30 T0 + 2h35 T0 + 2h50 T0 + 3h T0 + 4h T0 + 4h30 Valeur mesurée de la PIC 8 8 9 9 8 9 12 11 12 16 14 14 19 19 14 17 20 21 27 22 28 23 24 21 22 Commentaires Molécules administrées Métacam (0,2mg/kg) IV Morphine (0,2mg/kg) IV Mise en place d'une sonde urinaire à demeure Vidange vésicale 500ml Furozénol (2mg/kg) IV Vidange vésicale 250ml Furozénol (2mg/kg) IV Présence des propriétaires Solumédrol (30mg/kg) Mise en place d'un patch de durogesic Vidange vésicale 300 ml Tableau 8 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chien 2 30 vidange vésicale Présence des propriétaires 25 Valeur de la PIC (mm Hg) Pose d'une sonde urinaire à demeure 20 Solumédrol 30 mg/kg Furozénol 2 mg/kg 15 Furozénol 2 mg/kg 10 Morphine (0,2 mg/kg) 5 0 T0 T0 + 5 T0 + min 10 min T0 + 15 min T0 + 20 min T0 + 25 min T0 + 30 min T0 + 35 min T0 + 40 min T0 + 45 min T0 + 50 min T0 + 55 min T0 + 1h T0 + T0 + T0 + T0 + T0 + T0 + T0 + T0 + T0 + 1h10 1h15 1h30 1h40 1h55 2h10 2h30 2h35 2h50 temps Graphique 2: Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage PIC chien 2 T0 + 3h T0 + 4h T0 + 4h30 Temps Valeur de la PIC Commentaires Molécules administrées T0 T0 + 5 min T0 + 10 min T0 + 15 min T0 + 20 min T0 + 25 min T0 + 30 min T0 + 35 min T0 + 40 min T0 + 45 min T0 + 50 min T0 + 55 min T0 + 1h T0 + 1h05 T0 + 1h10 T0 + 1h15 T0 + 1h20 T0 + 1h25 T0 + 1h30 T0 + 1h35 T0 + 1h40 T0 + 1h45 T0 + 1h50 T0 + 1h55 T0 + 2h T0 + 2h05 T0 + 2h10 T0 + 2h15 T0 + 2h20 T0 + 2h25 T0 + 2h30 T0 + 2h45 2 1 2 3 4 1 1 2 2 5 2 2 1 1 4 2 4 3 5 5 2 2 3 1 3 6 5 2 2 1 2 2 Chat très agité au réveil Morphine (0,4mg/kg) IV lente Elévation de la tête d'environ 30° Mouvements brusques de la tête + Bcp de bruits autour Chat de +/+ alerte.Tête maintenue vers le haut Tête baissée Mouvements brusques Tête baissée Tête baissée Réflexes photomoteurs OG---, OD-+ Animal calme avec tête surélevée Décubitus sternal Mouvements brusques incontrôlables Morphine (0,4mg/kg) IV lente T0 + 3h T0 + 3h30 T0 + 4h T0 + 4h30 T0 + 5h T0 + 5h30 T0 + 6h T0 + 6h15 T0 + 6h20 T0 + 6h30 T0 + 7h T0 + 7h30 T0 + 8h T0 + 8h30 3 5 3 3 3 3 2 9 2 2 3 2 1 1 Animal agité avec mouvements droite/gauche de la tête Morphine (0,4mg/kg) IV lente Urine seul Essaye d'enlever la sonde intracrânienne Chat assis Réflexes photomoteurs OG ++-, OD++Retrait de la sonde. Animal vigilant. Réféction du pansement Tableau 9 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne du chat 1.Valeur pré-opératoire de la PIC = 28 10 Diurèse volontaire 9 8 Agitation importante Mvts brusques de la tête Bcp de bruit Mvts brusques Tête baissée 6 Tentative de retrait de la sonde par le chat Animal calme Tête surelevée 5 Tête baissée Tête surelevée Agitation au réveil 4 3 2 Morphine (0,4 mg/kg) Morphine (0,4 mg/kg) 1 Morphine (0,4 mg/kg) Graphique 3 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage PIC chat 1. 8h + 7h T0 + T0 6h 20 T0 + + 6h 5h Temps T0 T0 T0 + + 4h 3h + T0 2h 30 + 2h 20 T0 T0 + + 2h 10 2h + T0 T0 1h 50 + 1h 40 T0 T0 + 1h 30 T0 + 1h 20 + 1h 10 + T0 T0 1h + in 50 T0 m in + T0 T0 + 30 40 m m in in T0 + 20 + T0 + 10 m m in T0 0 T0 Valeur de la PIC (mm Hg) 7 Temps T0 T0 + 5 min T0 + 10 min T0 + 15 min T0 + 20 min T0 + 25 min T0 + 30 min T0 + 35 min T0 + 40 min T0 + 45 min T0 + 50 min T0 + 55 min T0 + 1h T0 + 1h05 T0 + 1h10 T0 + 1h15 T0 + 1h20 T0 + 1h25 T0 + 1h30 T0 + 1h35 T0 + 1h40 T0 + 1h45 T0 + 1h50 T0 + 1h55 T0 + 2h T0 + 2h30 T0 + 3h T0 + 3h30 T0 + 3h45 T0 + 4h T0 + 4h15 Valeur de la PIC 4 3 3 2 3 2 3 3 1 5 2 3 2 2 1 3 2 2 8 7 12 2 1 2 3 2 3 5 6 5 6 Commentaires Molécules administrées Extubation. Œdème de la langue T=33,4 Morphine (0,4mg/kg) IV lente Chat très agité Ptyalisme +++ Hypnovel (0,2mg/kg) SC Robinul (0,01 mg/kg) IV Réflexe de déglutition Ok Tête baissée. Mouvements incontrôlables Propofol (2mg/kg) IV lente Vidange de la vessie par taxis Transfert aux urgences Animal calme T0 + 4h30 T0 + 4h45 T0 + 5h T0 + 5h15 T0 + 5h30 T0 + 5h45 T0 + 6h T0 + 6h15 T0 + 6h30 T0 + 6h45 T0 + 7h T0 + 7h15 T0 + 7h30 T0 + 7h45 T0 + 8h T0 + 8h30 T0 + 9h T0 + 15h T0 + 16h T0 + 16h15 6 8 7 6 18 14 15 11 15 15 19 20 18 10 12 10 10 6 11 7 Tremblements. Etat de vigilance Ok Tête surélevée. Animal agité Tête basse. Animal calme. Pupilles en mydriase aréfléctives Ptyalisme.Respiration Ok. T=34 Bouillotes Vidange de la vessie par taxis. Urines hémorragiques Mouvements brusques de la tête Animal très agité Retrait du pansement et décompression des jugulaires Morphine (0,4mg/kg) IV lente Tête surélevée. Animal calme Chat vigil et agressif Transfert au chenil difficile. Automutilation Retrait de la sonde Tableau 10 : Résultats du monitorage de la pression intracrânienne de chat 2. Valeur pré-opératoire de la PIC = 21 25 Agitation importante Tête baissée Vidange vesicale Retrait du pansement Décompression des jugulaires Vidange vésicale 15 Agitation Morphine (0,4 mg/kg) Agitation Mvts brusques de la tête Tête baissée Mvts brusques 10 Agitation importantre 5 Propofol (2 mg/kg) Graphique 4 : Valeur de la pression intracrânienne au cours du temps. Monitorage PIC chez chat 2. 8h 30 T0 + 15 T0 h + 16 h1 5 + 7h 45 temps T0 + T0 + 7h 15 6h 45 T0 + 6h 15 T0 + 5h 45 T0 + T0 + 5h 15 4h 45 T0 + T0 + 4h 15 3h 45 T0 3h T0 + + 2h T0 + T0 1h 50 + T0 + 1h 40 1h 30 T0 + T0 + 1h 20 1h 10 T0 1h + + T0 T0 m T0 + 40 + T0 50 m m in in in 30 T0 + 20 + T0 + 10 m m in T0 0 Hypnovel (0,2 mg/kg) in Morphine (0,4 mg/kg) T0 Valeur de la PIC (mm Hg) 20 3.3 Evolution de la pression intracrânienne de chaque animal Chez les chiens, la chirurgie s’est révélée délicate et l’exérèse de la tumeur souvent incomplète. Lors du monitorage post-chirurgical, nous avons obtenu des valeurs de pression intracrânienne haute comprise entre 16 et 41 mm Hg pour le chien 1 et entre 8 et 28 mm Hg pour le chien 2. C'est-à-dire que les deux chiens, même après la décompression chirurgicale, présentent encore une hypertension intracrânienne sévère car les normes de la pression intracrânienne physiologique chez les chiens sont comprises entre 8 et 12 mm Hg. Chez les chats, la chirurgie est plus aisée que chez le chien, la tumeur plus circonscrite et l’exérèse est souvent complète. La mesure de la pression intracrânienne, avant l’exérèse de la tumeur, a pu être effectuée. Cette valeur est de 28 mm Hg pour le chat 1 et de 21mm Hg pour le chat 2. Cette valeur permet de quantifier l’hypertension intracrânienne avant la décompression chirurgicale. Au cours du monitorage post-chirurgical, nous avons obtenu des valeurs de pressions intracrânienne comprise entre 1 et 9 mm Hg pour le chat 1 et entre 1 et 20 mm Hg pour le chat 2. On a constaté sur les deux chats que la valeur de pression intracrânienne était physiologique dès la fin de la décompression chirurgicale. Le chat 2 présente cependant des pics de pressions l’un atteignant une valeur de 19 mm Hg (associé à des mouvements brusques de la tête) et l’autre de 20 mm Hg (lors d’une agitation importante). Ces pics sont transitoires et n’ont pas nécessité de thérapeutique médicale particulière. 3.4 L’effet des traitements médicaux Pour les chiens, la prise en charge médicale a été indispensable et adaptée à chaque cas. En outre, sur le chien 1, qui présentait une hypertension intracrânienne importante avec des pics dont la valeur de la pression intracrânienne pouvaient atteindre 40 mm Hg, il a été mis en place un protocole de corticoïde. Ce protocole est basé sur l’administration de méthylprednisolone (SOLUMEDROL®) à la posologie de 30 mg/kg pour la dose initiale, 1h30 après la fin de la chirurgie, ce qui correspond au premier pic sur la courbe. Les administrations suivantes ont été effectuées toutes les 6h à la posologie de 15 mg/kg. On observe une chute de la pression intracrânienne dans les minutes qui suivent l’administration de corticoïdes mais cette diminution n’est que provisoire et on peut observer d’autres pics peu de temps après. Pour le chien 1, il a été associé des diurétiques, d’abord du furosémide (FUROZENOL®) à la posologie de 1 mg/kg au moment des pics : 3h après la fin de la chirurgie où la valeur de la pression intracrânienne atteignait 29 mm Hg, puis à 5h postchirurgical suite à un pic dont la valeur dépassait 40 mm Hg. Devant, l’échec de la thérapeutique, du mannitol à la posologie de 1 g/kg a été administré sur une durée de 30 minutes, 22h après la chirurgie. La valeur initiale de la pression intracrânienne au début de l’administration était de 34 mm Hg. On a pu observer un pic de pression intracrânienne allant jusqu’à 41 mm Hg, associé à une agitation importante du chien, un quart d’heure après le début de l’administration du mannitol. Puis, la valeur de la pression intracrânienne a diminué jusqu’à 27 mm Hg à la fin de l’administration du mannitol. Cependant, cette diminution a été provisoire un autre pic avec une valeur de 42 mm Hg, faisant suite à des éternuements du chien, a été observé. Le chien 1 a été euthanasié 26 heures après la chirurgie. Sur le chien 2, les valeurs de la pression intracrânienne sont comprises entre 8 et 28 mm Hg, l’hypertension intracrânienne est persistante après la chirurgie mais moins importante que celle du chien 1. La thérapeutique médicale a été moins agressive. Ainsi, les corticoïdes n’ont été utilisé que 3h après la fin de la chirurgie alors que les pics de pression intracrânienne étaient de plus en plus rapprochés et avec des valeurs de plus en plus élevées (24 et 28 mm Hg). Seul le furosémide (FUROZENOL®) a été utilisé en tant que diurétique alors que la pression intracrânienne atteignait 19 mm Hg pour la première administration et 27 mm Hg pour la deuxième. Comme pour le chien 1, la thérapeutique n’a eu qu’un effet provisoire sur la diminution de la pression intracrânienne. Le chien 2 est mort durant le suivi post-opératoire. Sur les deux chats de l’étude, contrairement aux chiens, aucune thérapeutique médicale visant à lutter contre l’hypertension intracrânienne n’a été mise en place. Les deux chats ont été guéris et sont encore vivant à ce jour. 3.5 L’effet de l’environnement Outre, la thérapeutique visant à lutter contre l’hypertension intracrânienne, il est à noter que les pics de pression intracrânienne ont toujours été associés à des facteurs environnementaux ou comportementaux. Ainsi, le stress engendré par la pose d’une sonde urinaire à demeure s’est accompagnée pour les deux chiens d’un pic de pression intracrânienne à 19 mm Hg pour le chien 1 et à 19 mm Hg également pour le chien 2. Les vidanges vésicales, qui ont toujours été associées à une agitation passagère de l’animal et probablement un stress transitoire, ont également entraîné une brève augmentation de la pression intracrânienne suivie d’une diminution. Il en va de même pour la prise de température du chien 1, avec un pic à 35 mm Hg. Enfin, le comportement même de l’animal favorise une augmentation de la pression intracrânienne à savoir : tous mouvements brusques de la tête de l’animal, toute agitation incontrôlée, une position inadéquate de la tête (c'est-à-dire un animal avec la tête baissée), des éternuements (pour le chien 1), ou même des gémissements importants se traduisent sur le graphique par des pics de pression intracrânienne pouvant dépasser 40 mm Hg. A l’inverse, on observe sur le chien 1, que la position de l’animal avec la tête surélevée est favorable à la diminution significative de la pression intracrânienne. Il en va de même lorsqu’on a décomprimé les veines jugulaires du chien 1 en découpant le pansement. La pression intracrânienne est alors passée d’une valeur de 42 à 26 mm Hg. Chez les chats, toute agitation importante s’accompagne de pics de pression intracrânienne pouvant atteindre 6 mm Hg chez le chat 1 et 20 mm Hg chez le chat 2. Il en va de même pour la position de l’animal, ainsi lorsque le chat a la tête baissée, la pression intracrânienne augmente rapidement pour ensuite diminuer lorsque la tête est surélevée. De même, les vidanges vésicales, soit par taxis externes, soit par diurèse spontanée, entraînent également une augmentation provisoire de pression intracrânienne allant jusqu’à 9 mm Hg pour le chat 1 et 11 mm Hg pour le chat 2. Cette augmentation est rapidement suivie d’une diminution significative de la pression intracrânienne. Le découpage du pansement, effectué sur le chat 2, afin de décomprimer les jugulaires, est suivi d’une diminution de la pression intracrânienne allant de 18 à 10 mm Hg. Cela avait déjà été noté chez le chien 1. 3.6 La douleur Afin de gérer la douleur en post-chirurgical, les deux chiens ont reçu de la morphine en bolus à la posologie moyenne de 0,2 mg/kg en intraveineuse ou 0,4 mg/kg en intramusculaire. Le chien 1 a reçu 5 bolus de morphine en intraveineuse et 4 en intramusculaire. Un seul bolus de morphine IV a été administré au chien 2. Sur les graphiques 1 et 2, on observe qu’à chaque administration de morphine, on obtient un arrêt des gémissements et une diminution temporaire de la pression intracrânienne. Une tranquillisation par l’intermédiaire de l’utilisation de propofol (RAPINOVET®) ainsi que de diazépam (VALIUM®) a été utilisé pour le chien 1 face à une agitation incontrôlable et une augmentation non maîtrisable de la pression intracrânienne. On observe là encore une diminution temporaire de la pression intracrânienne et de l’agitation de l’animal. Sur le chien 1, du phénobarbital (GARDENAL®) a été administré en réponse à une agitation importante de l’animal, des gémissements abondants et une pression intracrânienne fluctuante avec des pics allant jusqu’à 35 mm Hg. Cette administration a dû être répétée 2h après la première injection et s’est manifesté à chaque fois par une diminution brève et de faible ampleur de la pression intracrânienne. Après chaque injection, l’animal s’est retrouvé plongé dans un semi-coma de coutre durée. Chez les chats, la seule thérapeutique utilisé en post-opératoire a résidé en l’utilisation de la morphine afin de gérer la douleur et du propofol (RAPINOVET®) ainsi que du midazolam (HYPNOVEL®), afin de contrôler les agitations trop importantes de l’animal en le tranquillisant. Le chat 1 a reçu uniquement 3 bolus de morphine intraveineuse à la posologie de 0,4 mg/kg. Le chat 2 en a reçu que 2. Lors d’agitation importante le chat 2 a été tranquillisé avec du midazolam en sous cutané à la posologie de 0,2 mg/kg la première fois 45 minutes après la fin de la chirurgie et avec du propofol en intraveineuse à la posologie de 2 mg/kg la seconde fois, une heure et demi post-chirurgicale. On peut constater sur les graphiques qu’à chaque administration de morphine, la pression intracrânienne diminue. Chapitre 4 : DISCUSSION L’objectif de cette étude était d’effectuer le monitorage de la pression intracrânienne par l’intermédiaire d’un dispositif de fibres optiques intra-parenchymateuses. Cela a été réalisé sur deux chiens et deux chats en phase péri-opératoire d’exérèse de méningiome. Grâce à ce monitorage, on a pu quantifier l’hypertension intracrânienne de façon précise, adapter la thérapeutique et en évaluer l’efficacité. Cependant, des difficultés matérielles (nombre de cas dans l’étude) ont empêché l’utilisation statistique des données enregistrées lors de cette étude rétrospective. Cette étude reste donc une simple illustration du potentiel clinique lié à l’utilisation de la mesure de la pression intracrânienne à l’aide d’une sonde de fibres optiques intraparenchymateuses. 1- LIMITE DE CETTE ETUDE Les difficultés rencontrées lors de cette étude concernent essentiellement la mise en œuvre du protocole et son suivi. En effet, l’inexpérience concernant la pose du capteur ou l’interprétation des donnés du monitorage ainsi que l’absence d’une équipe « entraînée » et une structure adaptée constituent une limite majeure à la mise en œuvre d’un tel monitorage. D’autre part, dans cette étude, il a été choisi d’utiliser un monitorage par l’intermédiaire de fibres optiques intraparenchymateuses par rapport à d’autres techniques et d’autres sites d’insertion (intraventriculaire…). Ce choix s’est effectué non seulement en fonction du matériel disponible mais également des contre-indications et des complications de la technique de monitorage. Ainsi, la pose d’un capteur de fibres optiques dans le parenchyme, de préférence du côté de la lésion, est considérée comme étant plus facile et ne nécessite pas de repères anatomiques précis par rapport à la mise en place capteur intraventriculaire. D’autre part, la fiabilité croissante du matériel permet des mesures exactes. En effet, la comparaison entre la technique de référence et la fibre optique intraparenchymateuse trouve une excellente corrélation. La fiabilité des résultats a été notée chez l’animal, essentiellement par deux équipes [CRUTCHFIELD et al., 1990] [OSTRUP et al., 1987]. On peut donc affirmer que les valeurs de la pression intracrânienne recueillies sont fiables. Enfin, le risque infectieux semble également moindre par rapport aux autres techniques. Cependant, les capteurs intraparenchymateux présentent un inconvénient majeur à savoir, l’impossibilité de traiter l’hypertension intracrânienne par drainage. A l’inverse, les capteurs intraventriculaires offrent l’avantage majeur de pouvoir à la fois mesurer la pression intracrânienne et traiter l’hypertension par drainage ventriculaire externe du LCR. Cependant, les éléments limitant de cette méthode sont non seulement sa mise en place compliquée mais aussi la taille ventriculaire par rapport au diamètre du cathéter. Ainsi, en cas de gonflement cérébral diffus, on doit souvent renoncer à cette deuxième méthode. En médecine vétérinaire, cette surveillance est plus difficile à mettre en place qu’en médecine humaine et les patients présentant une hypertension intracrânienne et nécessitant un monitorage sont moins nombreux. En effet, la mise en place de la sonde doit s’effectuer sous anesthésie générale c'est-à-dire que l’animal doit présenter un état général correct afin de pouvoir supporter cette anesthésie. De plus, le chirurgien doit être expérimenté afin que la sonde soit correctement placée et le suivi possible. Cependant, malgré une fixation adaptée de la sonde, des mouvements brusques et incontrôlables de l’animal, au cours du monitorage, ne permettent pas d’exclure la possibilité de déplacement de la sonde par rapport au site d’insertion initial voire son arrachement. Pour effectuer correctement ce suivi, une personne doit s’occuper chaque minutes du patient afin d’assurer son nursing (position correcte de l’animal, vidange vésicale, thérapeutiques adaptées etc…) dans la phase post-opératoire. Enfin, l’apparition des capteurs intraparenchymateux, leur fiabilité et la relative facilité de leur mise en place, jouent probablement un rôle important afin de faire évoluer cette technique, en médecine vétérinaire, pour effectuer un monitorage non seulement sur les tumeurs cérébrales en péri-opératoire mais également, et de façon probablement plus bénéfique, sur les traumatisés crâniens, les hydrocéphalies, les encéphalopathies diverses entraînant une hypertension intracrânienne aigue. Il reste toute de même un limite de taille à savoir : le coût d’un tel monitoring non seulement en terme de matériel mais également en terme de personnel. 2- DISCUSSION DES RESULTATS OBTENUS 2.1 Durée de la tolérance de la sonde De la durée de la tolérance de la sonde dépend la durée du monitorage. Chez les chiens, la durée de la tolérance de la sonde dépend essentiellement de l’état clinique de l’animal en post-opératoire. Chez les chats, on remarque qu’ils supportent mieux la sonde intracrânienne en postopératoire immédiat car leur état de vigilance est diminué. Alors que lorsqu’ils retrouvent un état de vigilance correcte, la sonde est source d’agitation et de gêne pour l’animal qui essaye irrémédiablement de l’enlever. Une tranquillisation ou l’arrêt du monitorage et donc le retrait de la sonde est alors nécessaire afin de ne pas favoriser une hypertension intracrânienne à cause de l’agitation de l’animal. En théorie, le monitorage doit être poursuivi tant que l’hypertension intracrânienne dure. C’est ce que nous avons pu respecter sur le chat 1 et le chat 2. Par contre sur le chien 1, l’hypertension persistante après 26h, malgré la thérapeutique, nous a conduit à arrêter le monitorage sur ce chien. Un pronostic défavorable a alors pu être avancé. D’autre part, la durée du monitorage dépend également du matériel utilisé car on peut être amené à utiliser plusieurs type de dispositifs successivement ce qui accroît le risque infectieux mais qui peut se révéler indispensable afin d’obtenir des mesures fiables. Dans cette étude le monitorage de la pression intracrânienne n’a été réalisé que sur quatre animaux, en phase post-opératoire, d’exérèse de méningiome. Cette étude pourrait être étendue à d’autres animaux présentant des affections diverses comme les traumatismes crâniens, les hydrocéphalies, les encéphalopathies induisant une hypertension intracrânienne aigue bénigne etc… Dans la majorité des cas d’hypertension intracrânienne, faisant suite à des affections tumorales, il n’est pas indispensable de mesurer la pression intracrânienne pour en faire le diagnostic. Comme nous avons pu le constater, le monitorage post-opératoire, permet de détecter et de quantifier toute hypertension intracrânienne persistante. Ainsi, une thérapeutique adaptée peut être mise en place. Le monitorage de la pression intracrânienne, dans le cadre d’hypertension intracrânienne aigue et réversible pourrait être bénéfique afin de contrôler l’efficacité de la thérapeutique. En conclusion, on peut affirmer que, lors d’une hypertension intracrânienne induite par une tumeur cérébrale, le pronostic est : - bon, si après l’exérèse de la tumeur, la pression intracrânienne retrouve une valeur physiologique. Aucune thérapeutique particulière n’est alors nécessaire. Ce cas de figure a pu être observé, dans notre étude sur le chat 1 et le chat 2. - défavorable, si après l’exérèse de la tumeur, la pression intracrânienne reste avec des valeurs élevées (hémorragie, œdème…). La thérapeutique semble alors inefficace (chien 1). 2.2 Effet de l’anesthésie Toutes les molécules utilisées dans le protocole visent à ne pas aggraver l’hypertension intracrânienne déjà existante. Le midazolam appartient à la classe des benzodiazépines. Il provoque une vasoconstriction cérébrale chez l’animal [FORSTER et al., 1982]. Les benzodiazépines diminuent le métabolisme cérébral et le débit sanguin cérébral mais cette baisse significative de la pression de perfusion cérébrale ne peut survenir que pour des doses de midazolam supérieure à 0,15 mg/kg [PAPAZANI et al., 1993] [WOLFF, 1990]. Dans notre protocole, la posologie utilisée lors de la prémédication est de 0,4 mg/kg. Ainsi, l’emploi du midazolam dans notre étude semble justifié à cette posologie afin de limiter l’augmentation de la pression intracrânienne lors de la prémédication. D’ailleurs lors du monitoring du chat 2, il lui a été administré 0,2 mg/kg de midazolam suite à une agitation importante. On constate alors que la pression intracrânienne a rapidement diminué passant de 5 à 2. Le propofol, administré à la dose moyenne de 4 mg/kg, permet d’induire l’anesthésie en luttant contre toute augmentation de la pression intracrânienne. En effet, expérimentalement, le propofol diminue le débit sanguin cérébral ainsi que le métabolisme cérébral et augmente les résistances vasculaires cérébrales proportionnellement à la dose administrée [ARTRU et al., 1992] [WERNER et al., 1992]. C’est pourquoi la dose moyenne de l’étude est de 4 mg/kg mais elle peut être augmentée sans nuire à l’animal. Ces modifications s’accompagnent d’une diminution de la pression de LCR [ARTRU et al., 1992]. Cependant, in vitro, un effet bloquant des canaux calciques lents vasculaires avec vasodilatation cérébrale a été décrit [CHANG et al., 1991]. La diminution du débit sanguin cérébral serait donc essentiellement liée à la diminution du métabolisme cérébral [RAVUSSIN et al., 1991]. Elle peut parfois être plus importante que la simple diminution du métabolisme, comme en témoigne l’augmentation de la différence artérioveineuse en oxygène. En pratique, le propofol provoque une vasoconstriction cérébrale importante avec baisse de la pression intracrânienne. Des études ont montré, qu’en cas de traumatisme crâniens [PINAUD et al., 1990] ou de tumeurs intracérébrales [VAN HEMELRIJCK et al., 1991], l’anesthésie au propofol diminuait la pression de perfusion cérébrale, le débit sanguin cérébral et ainsi la pression intracrânienne. Nous avons pu vérifier cette affirmation grâce au monitoring du chien 1. En effet, nous avons utilisé du propofol à deux reprises afin de tranquilliser l’animal pour limiter les mouvements brusques de la tête. Le propofol a été administré à la posologie respective de 0,5 mg/kg la première fois et de 1 mg/kg la seconde fois. Ces deux administrations se sont immédiatement suivies d’une diminution nette de la pression intracrânienne passant de 40 à 22 et de 35 à 28. Cependant, cette diminution n’est que de courte durée. Les animaux sont maintenus anesthésiés pendant toute la durée de la chirurgie à l’aide d’un mélange gazeux composé d’oxygène et d’isoflurane. L’isoflurane, comme l’halothane, est un halogéné. D’une manière générale, ces agents sont des vasodilatateurs cérébraux. Cependant, l’utilisation de l’isoflurane dans cette étude a été raisonnée en comparant l’action de l’isoflurane et de l’halothane sur la pression intracrânienne. Ainsi, des études effectuées sur l’animal montrent que l’halothane diminue les résistances vasculaires cérébrales, augmente le débit sanguin cérébral et diminue légèrement le métabolisme cérébral, avec pour conséquence, une augmentation du volume sanguin cérébral et donc de la pression intracrânienne. L’élévation du débit sanguin cérébral est non seulement dépendante de la dose administrée mais également de l’âge du patient. Cette augmentation du débit sanguin survient immédiatement après l’induction à l’halothane. En revanche, l’isoflurane ne modifie pas le débit sanguin cérébral pour des concentrations comprises entre 1 et 1,5 MAC. Avec des fortes concentrations en isoflurane, le débit sanguin peut être maintenu, malgré une baisse du métabolisme, en raison d’une diminution significative de la pression artérielle moyenne. En résumé, les halogénés vasodilatent les vaisseaux cérébraux par une action directe, tendant à augmenter le débit sanguin cérébral. Par ailleurs, ils diminuent le métabolisme cérébral et donc le débit sanguin cérébral par un effet indirect. L’effet final découle de l’état d’équilibre entre ces deux actions opposées. La baisse du métabolisme est toujours plus importante avec l’isoflurane. C’est pourquoi, l’isoflurane a été utilisé de façon préférentielle dans cette étude. De cette étude, il ressort que, dans l’ensemble, les anesthésiques administrés par voie intraveineuse semblent abaisser la pression intracrânienne alors que les anesthésiques par inhalation ont tendance à l’élever. Ainsi, d’une manière générale, la qualité de l’anesthésie (profondeur, analgésie, maintien d’une hémodynamique stable) semble plus importante que l’effet propre et isolé de chaque agent. 2.3 Evolution de la pression intracrânienne Le monitorage de la pression intracrânienne en fonction du temps est représenté par une courbe quelque soit l’espèce étudiée. Cette courbe comporte un nombre non défini de pic dont la valeur de la pression intracrânienne au sommet est plus ou moins importante. On peut facilement noter, en observant les courbes que les valeurs de la pression intracrânienne sont beaucoup plus faibles, après exérèse de la tumeur, chez le chat que chez le chien. D’ailleurs, il ne nous a pas été possible de faire une mesure de la pression intracrânienne avant l’exérèse de la tumeur chez les deux chiens car le risque de hernie était trop important alors que cette mesure s’est aisément effectuée chez les deux chats. Enfin, nous pouvons remarquer qu’étant donné les valeurs élevées de la pression intracrânienne sur les chiens, même après l’exérèse de la tumeur, une prise en charge médicale s’est révélée indispensable chez le chien contrairement aux chats. 2.4 Réanimation post-opératoire Chez les chiens de l’étude, la thérapeutique médicale visant à lutter contre l’hypertension persistante n’est efficace que sur une petite durée après l’administration des molécules. Aucune molécule n’a permis sur ces deux chiens de faire diminuer de façon significative la pression intracrânienne et de la stabiliser à une valeur physiologique. Le monitorage du chat se révèle beaucoup plus aisée en terme de gestion. En effet, la décompression chirurgicale ramène la pression intracrânienne à des valeurs physiologique. Seule une gestion adéquate de la douleur et du comportement de l’animal est nécessaire afin de limiter l’augmentation relative de la pression intracrânienne. La réanimation post-opératoire est essentielle car c’est dans cette période que les patients décèdent le plus souvent. Cette période vise à lutter contre les effets secondaires de la chirurgie à savoir : - l’hypertension intracrânienne - l’oedème - l’hémorragie Cette réanimation doit être adaptée à chaque patient. En outre, on peut avoir recours à l’administration de glucocorticoïdes comme la prednisolone, des diurétiques comme le furozémide voire le mannitol (en l’absence d’hémorragie). Il est également indispensable de maîtriser la douleur de l’animal. De plus, la surveillance doit être adaptée en fonction de la localisation de la tumeur retirée. En effet, les sujets présentant une lésion de la fosse postérieure ne sont réalimentés que lorsqu’on s’est assuré de l’intégrité fonctionnelle des nerfs IX et X c’est à dire lorsque l’animal a récupéré un réflexe de déglutition normal. De même, lors de manipulation proche de l’hypothalamus, une augmentation très rapide de la température corporelle peut se produire. Une déshydratation, une hypotension et une hypoxie peuvent s’ensuivre. L’établissement d’une courbe de température est alors indispensable. Enfin, l’animal doit faire l’objet d’une étroite attention pendant les heures suivant la chirurgie car les phénomènes d’engagement constituent une complication toujours possible de l’hypertension intracrânienne. Le monitorage post-opératoire de la pression intracrânienne se révèle alors bénéfique pour faciliter cette surveillance et adapter la thérapeutique. Cependant, l’évolution clinique de l’opéré peut évoquer la présence d’un phénomène d’engagement : - modification de la fréquence et de l’amplitude des mouvements respiratoires - modification de la vigilance - modification de la motricité volontaire… A ces surveillances propres à chaque patient, il faut y ajouter des soins hygiéniques comme la position de la tête surélevée d’environ 30°, une vidange vésicale au moins trois fois par jours, la mise en place d’un bandage autour de la tête afin d’éviter les épanchements et les accidents d’automutilation… 2.5 L’utilisation du mannitol Dans notre étude le mannitol n’a été utilisé qu’une seule fois, sur le chien 1, alors que la pression intracrânienne atteignait 34, 22 heures après la chirurgie. Le mannitol a été administré à la posologie de 1 g/kg en intra-veineuse lente sur une durée de 30 minutes. On a pu observer un pic de pression intracrânienne allant jusqu’à 41, associé à une agitation importante du chien, un quart d’heure après le début de l’administration du mannitol. Puis, la valeur de la pression intracrânienne a diminué jusqu’à 27 à la fin de l’administration du mannitol. Cependant, cette diminution a été provisoire. Un autre pic, avec une valeur de 42, faisant suite à des éternuements du chien, a été relevé. Nous avons pu vérifier que le mannitol agit très rapidement mais aussi transitoirement. On trouve, dans la littérature, que le mannitol expose à des risques non négligeables, lorsqu’il est administré à forte dose : déshydratation intracellulaire, insuffisance rénale et cardiaque mais également effet paradoxal avec hypertension intracrânienne rebond. En conclusion, l’effet du mannitol sur le volume cérébral et la pression intracrânienne reste discuté dans son importance, sa durée d’action et surtout ses mécanismes exacts d’action. Cette étude ne nous a pas permis de tirer d’autre conclusion quant à l’utilisation approprié ou non du mannitol en phase post-chirurgicale. 2.6 Gestion de la douleur Dans notre étude, l’analgésie a été assurée, sur chacun des quatre animaux, par l’administration de morphinique. Leur utilisation reste controversée après une telle chirurgie car les morphiniques sont non seulement de puissants analgésiques mais également des dépresseurs respiratoires. Nous allons désormais nous intéresser à leur action sur la pression intracrânienne. En effet, dans notre étude nous avons pu constater qu’à chaque administration de morphine quelque soit l’espèce, on observe une brève diminution de la pression intracrânienne. Dans la plupart des études traitant des effets des morphiniques sur la pression intracrânienne et l’hémodynamique cérébrale lors de neurochirurgie ne trouvent que des effets mineurs et passagers [JAMALI et al., 1996] [MARX et al., 1989] comme nous l’avons observé. Cependant, on trouve dans la littérature des résultats d’études opposées en fonction du type d’opiacé utilisé. Ainsi, l’alfentanil, le rémifentanil et le fentanyl semblent posséder les mêmes effets et n’augmentent pas la pression intracrânienne. Alors que d’autres travaux ont montré que certains opiacés comme la phénopéridine, le fentanyl, le sulfentanil et l’alfentanil pouvaient augmenter la pression intracrânienne de 53 à 100% [BINGHAM et KINDS, 1987] chez les patients atteints de lésions intracrâniennes diverses. Plusieurs éléments peuvent être évoqué pour expliquer les résultats divergents des effets des morphiniques sur la pression intracrânienne. Dans la majorité des cas montrant une élévation de la pression intracrânienne, on observe simultanément une chute importante de la pression artérielle systémique suivant l’injection du morphinique du fait d’une vasodilatation cérébrale [ALBANESE et al., 1987] [SPERRY et al., 1993]. C’est la diminution de la pression artérielle qui aboutit à une vasodilatation entraînant alors une augmentation du volume sanguin et donc la pression intracrânienne. Lorsque la pression artérielle est correctement contrôlée, aucune élévation de pression intracrânienne n’est observée. L’ensemble de nos observations, coïncident avec les données de la littérature. Les morphiniques ont donc peu d’effet sur la pression intracrânienne, à condition d’éviter les baisses de pression artérielle lors de leur administration. CONCLUSION Lors de l’étude clinique réalisée sur deux chiens et deux chats en phase péri-opératoire d’exérèse de tumeur intracrânienne, nous avons réussi à montrer que le monitorage de la pression intracrânienne était indispensable afin, non seulement, de quantifier l’hypertension intracrânienne mais aussi d’adapter la thérapeutique administrée et d’en valider ou non son efficacité. En effet, nous avons pu constater, par exemple, que l’utilisation de corticoïdes diminuaient de 20% la pression intracrânienne mais que cet effet n’était que de courte durée…D’autre part, ce monitorage de la pression intracrânienne nous a permis dans un cas d’avancer un pronostic post-opératoire avec certitude car 26 heures après la chirurgie, l’hypertension sur ce chien était persistante. Toutefois, étant donné le caractère invasif des différentes techniques fiables de monitorage, la surveillance de la pression intracrânienne doit être réservé aux patients les plus susceptibles de développer une hypertension intracrânienne et chez qui cette mesure pourra faire suite à une thérapeutique adaptée. Ce monitorage se révèlerait intéressant non seulement sur patient atteint de tumeur cérébrale mais également sur les traumatisés crâniens, les sujets atteints de affections de la dynamique du liquide céphalorachidien ou lors d’encéphalopathies aigues. Cette étude reste donc une simple illustration du potentiel clinique lié à l’utilisation de la mesure de la pression intracrânienne à l’aide d’une sonde de fibres optiques. BIBLIOGRAPHIE 1. ADAMS R., CUCCHIARA RF. (1981). Isoflurane and cerebrospinal fluid pressure in neurosurgical patients. Anesthesiology 54(2): 97-9. 2. ALBANESE J, DURBEC O, VIVIAND X, POTIE F, ALLIEZ B, MARTIN C. (1987) Sufentanil increase intracranial pressure in patients with head trauma. Anesthesiology 54(79) 493-497 3. ALLEN J et al. (1987) Brain abcess in a horse: diagnostic by computed tomography and successful surgical treatment. Equine Vet. J. 19(6) 552-555 4. ARCHER DP, RAVUSSIN P, CREPEAU BA (1994) Physiopathologie. In :RAVUSSIN P, BOULARD G, éds. Neuroanesthésie et neuroréanimation cliniques. Paris: Masson 1-20 5. ARTRU AA, SHAPIRA Y, BOWDLE TA.(1992) Electroencephalogram, cerebral metabolic and vascular responses to propofol anesthesia in dogs. J Neurosurg Anesth 99-109 6. BAGLEY RS. (1996). 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Les principales indications de ce monitorage sont les traumatismes crâniens, les pathologies entraînant une altération de la dynamique du liquide céphalorachidien (hydrocéphalie), ainsi que les modifications de volume au sein du parenchyme cérébral (tumeur, œdème, processus inflammatoire). Le but de cette étude était alors de mieux comprendre les mécanismes pathologiques provoquant une hypertension intracrânienne, d’appréhender les différentes possibilités thérapeutiques, d’exposer les différentes méthodes de monitorage avec leurs avantages et leurs inconvénients et d’en évaluer les bénéfices. L’étude a été menée sur deux chiens et deux chats sur lesquels nous avons effectué un monitorage à l’aide d’une sonde de fibres optiques, en phase post-opératoire d’exérèse de masse cérébrale (méningiome, gliome). Nous avons constaté au terme de cette étude que l’évolution de la pression intracrânienne était dépendante non seulement de l’étiologie et du traitement entrepris mais également de l’environnement, de la gestion de la douleur et des mesures hygiéniques mise en place (vidange vésical, port de la tête…) Toutefois, cette étude reste une simple illustration du potentiel clinique lié à l’utilisation de la mesure de la pression intracrânienne à l’aide d’une sonde de fibres optiques. Mots-clés : Chien, chats, pression intracrânienne, monitorage, sonde de fibres optiques. JURY : Président : Directeur : Pr. MOISSONNIER Pierre Assesseur : Dr. BLOT Stéphane Adresse de l’auteur : Delphine BAERT 3, rue Maurice Ravel 77220 TOURNAN EN BRIE POST-OPERATIVE MONITORING OF INTRACRANIAL PRESSURE OF DOMESTIC CARNIVOROUS Surname and first name: BAERT Delphine SUMMARY: It is generally thought that monitoring the intracranial pressure not only has a diagnostic interest but also a prognostic and therapeutic interest. The main indications to this monitoring process are cranial traumas, pathologies causing the impairment of the cerebrospinal fluid dynamic (hydrocephaly) as well as modifications of the volume in cerebral parenchyma (tumor, œdema, inflammatory process). This study aims at better understanding the pathological mechanisms causing intracranial hypertension, at giving an overview on all the different therapeutic opportunities, at presenting the various monitoring processes with their benefits and drawbacks, and at assessing the advantages. The study was carried out on two dogs and two cats, which have been monitored via a fibre-optic probe, in post-operative phase of excitation of cerebral mass (meningioma, glioma). We conclude that intra-cranial pressure was dependent not only on aetiology and its treatment, but also on the environment, pain management and set up sanitary measures (vesicular emptying, head posture, etc.) However, this study merely illustrates the clinical potential linked to the use of intracranial pressure measurement via a fibre-optic probe. Key words: Dog, cat, intra-cranial pressure, monitoring, fibre-optic probes. JURY: President: Director: Pr. MOISSONNIER Pierre Assessor: Dr. BLOT Stéphane Author’s Address: Delphine BAERT 3 rue Maurice Ravel 77220 TOURNAN EN BRIE BAERT D. MONITORAGE POST-OPERATOIRE DE LA PRESSION INTRACRANNIENNE DES CARNIVORES DOMESTIQUES 2004