SDC5patient2008FR 20/10/08 11:36 Page 4 ◗◗◗ ARTICLES MÉDICAUX ◗ Contrôle de la tension artérielle : où en sommesnous en 2008 ? e défi que représente le contrôle de la tension artérielle dans la population se pose depuis de nombreuses années. Après les études de référence menées au début des années 70 sur la prévalence et l'efficacité du traitement, plusieurs organisations et ligues de lutte contre l'hypertension dans le monde ont consacré la majeure partie de leurs efforts à informer les patients des risques qu'ils courent et de ce qu'ils peuvent faire pour prévenir et traiter ultérieurement l'hypertension. Tel a également été le cas en Belgique. Pour la prévention, une modification de mode de vie constituait généralement le message principal : réduire la quantité de sel dans l’alimentation, notamment dans le pain, a généralement été présenté à la population comme étant une manière peu coûteuse de lutter contre l'élévation de la tension artérielle liée à l'âge et de diminuer la nécessité de médicaments antihypertenseurs. Pour le traitement, les avantages des antihypertenseurs ont été expliqués. Ceci marquait une nouvelle ère pour les patients hypertendus. Pour la population générale aussi, le message s'est répandu rapidement. Tout le monde s'est intéressé au problème de l'hypertension et, par conséquent, le contrôle s'est grandement amélioré. La description habituellement donnée à propos de l'hypertension a pu être adaptée : au départ, on estimait que, dans la population hypertendue totale, seuls 50% étaient connus du monde médical et que, parmi ces 50%, seule la moitié recevait un antihypertenseur et, pour les 50 % restants, seule la moitié atteignait les valeurs cibles. Cela signifiait que l'hypertension était réduite avec succès chez seulement 10 à 12,5% des hypertendus. Grâce aux campagnes mondiales contre l'hypertension, ce faible chiffre a pu facilement être porté à 30 %. Cependant, depuis lors, les efforts dans ce sens ont diminué et il est manifeste que le contrôle de la tension artérielle piétine. A ce jour, un contrôle satisfaisant de la tension artérielle est obtenu dans 50% tout au plus des cas de par le monde. La réaction spontanée à cette conclusion est qu’elle ne concerne pas notre entourage immédiat. Pourtant, c’est bel et bien le cas ! Les chiffres indiquent que ces statistiques sont applicables pour la majeure partie des pays du monde, y compris la Belgique. Plus perturbant encore, il semblerait que même les d'être en dessous de 13/8. Ces valeurs sont également recommandées chez les personnes plus âgées. N'oublions pas que la première valeur (pression systolique) est plus importante que la seconde (pression diastolique). Auparavant, on pensait que le chiffre le plus bas (pression diastolique) était le plus important, mais plusieurs études récentes ont démontré que le premier chiffre était bien plus important. Heureusement, nous assistons à un regain d'intérêt pour ces aspects majeurs de la médecine cardiovasculai- patients qui ont connu un accident coronarien et qui, en toute logique, devraient présenter les meilleurs chiffres, ne reviennent pas à une tension artérielle satisfaisante (études EuroAspire2). Les dernières données issues de cette étude présentée lors du Congrès européen de cardiologie semblent confirmer cette tendance négative … Une triste conséquence de cette mauvaise tension artérielle est le retour éventuel de toutes les complications dramatiques de l'hypertension. Le coeur doit surmonter l'hypertension pour pomper du sang vers les vaisseaux, le processus d'artériosclérose au niveau des artères coronaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde) est lié à l'hypertension et le danger (et pas des moindres) d'accident vasculaire cérébral, avec toutes ses conséquences sociales, pourrait rejoindre les niveaux auxquels il était précédemment. Il est bon de garder à l'esprit que la tension artérielle que nous devrions au moins viser est de 14/9 cm Hg et qu’en cas de risque plus élevé, comme chez les patients diabétiques, il est préférable re. Les résultats des études EuroAspire mentionnées ci-dessus ont encouragé les médecins à reconsidérer les progrès réellement réalisés. Après tout, le contraste entre notre capacité à contrôler la tension artérielle et les résultats obtenus est impressionnant. Oui, nous avons toutes les cartes en main pour bien agir : prévenir en modifiant le mode de vie, diagnostiquer grâce à des moyens simples et sophistiqués, utiliser des antihypertenseurs anciens et nouveaux : tous sont d'excellents outils permettant d'abaisser la tension aux niveaux cibles indiqués dans les recommandations. Mais nous n'en sommes pas encore là. Bien que, dans certains pays, la situation s'améliore. Aux Etats-Unis, les données semblent refléter un meilleur contrôle. En Europe, et en France en particulier, les informations tendent à souligner un contrôle sensiblement meilleur de la tension artérielle dans la population. Que peut-on faire ? Les recommandations de 2007 donnent plusieurs excellentes suggestions permettant d'améliorer le contrôle de la tension artérielle. Ces principaux conseils sont repris au © dinostock - Fotolia.com Le récent Congrès européen de cardiologie (septembre 2008) a permis de passer en revue de nombreux aspects de l'hypertension. De nouvelles techniques, de nouveaux médicaments y furent présentés et les règles d'un meilleur traitement, tel qu'énoncé dans les recommandations de 2007 pour la prise en charge de l'hypertension1, ont été expliquées. Toutefois, l'ensemble des données rassemblées dans le monde entier souligne que l'objectif (qui consiste à ramener la tension artérielle à des valeurs normales) n'est atteint que dans une petite partie de la population hypertendue. L /4 SDC5patient2008FR 20/10/08 11:36 Page 5 ◗◗◗ que le patient et sa famille comprennent bien l'importance du traitement et les avantages que peut apporter un meilleur contrôle de la tension artérielle. Répétons-le une fois encore, tout est possible, nous disposons de tous les outils pour contrôler efficacement la tension artérielle : toutes les personnes concernées, qu'il s'agisse des patients, de leur famille, des médecins, des assurances ou de la population au sens large, doivent tous travailler main dans la main pour, ensemble, appliquer les règles dans la réalité et vérifier continuellement les chiffres obtenus. Tableau. Suggestions d'amélioration du contrôle de la tension artérielle (Adapté des Recommandations 2007). •Informer le patient des risques de l'hypertension et des avantages d'un traitement efficace •Adapter le traitement au style de vie et aux besoins du patient •Impliquer le partenaire ou la famille du patient •Utiliser les relevés de la tension faits par le patient à domicile •Faire très attention aux effets indésirables (même subtiles) •Dialoguer avec le patient sur son respect du traitement •Lorsque le contrôle est atteint, poursuivre le traitement tableau. Le plus important est de dialoguer avec le patient et sa famille. Il est essentiel d'expliquer ce qu'est l'hypertension et quels sont les risques, quels sont les objectifs essentiels du traitement ainsi que les éventuels effets indésirables de celui-ci. Pour arriver à une meilleure définition de la tension artérielle, il convient généralement de demander au patient de faire un relevé de sa tension, ce qui l'aide à prendre conscience du fait que sa tension est trop élevée. ◗ ARTICLES MÉDICAUX Le traitement doit être poursuivi lorsque la tension artérielle est contrôlée : lorsque le traitement est interrompu, la tension artérielle augmente à nouveau pour atteindre les niveaux antérieurs au traitement. On ne guérit pas l'hypertension, mais on peut la contrôler de manière efficace et réduire fortement ses complications. Chacune de ces étapes prend du temps et allonge la durée prévue de la consultation. Il est toutefois important Prof. D.L.Clement ◗ Université de Gand Références. 1.ESC-ESH 2007 Guidelines for the management of hypertension : J.Hypertension : 2007:25:1105-1187 2.EuroAspire II : Eur. Heart J. 2001:22:554-72 ◗◗◗ ECHO CONGRES ◗ Une session du récent congrès de la Société Européenne de cardiologie, Munich 30 Août–3 septembre 2008 s'est attachée à montrer que l'on pouvait parfaitement se faire plaisir tout en préservant son coeur. Vin Une consommation raisonnable d'alcool et plus particulièrement de vin, réduit le risque cardiovasculaire et la mortalité cardiovasculaire et globale chez les sujets sains et les sujets avec antécédents cardiaques. La protection maximale est obtenue avec 1à 2 verres par jour. Toute consommation supérieure fait basculer le ratio bénéfice-risque vers le versant risque. Café ou thé Contrairement à une idée reçue bien ancrée, le café n'augmente pas le risque cardiovasculaire à long terme, y compris chez les cardiaques, même si à court terme il peut entraîner une augmentation de la pression artérielle. Quant au thé, deux méta-analyses sont là pour témoigner que plus la consommation de thé est élevée plus basse est la prévalence des cardiopathies liées à l'athérosclérose et des attaques cérébrales. Des effets protecteurs qui bizarrement ne semblent pas concerner les habitants du RoyaumeUni, grands consommateurs de thé devant l'Eternel. Les antioxydants du type flavonoïdes et catéchines contenus dans le thé (en particulier le thé vert) sont vraisemblablement à l'origine de cet effet de protection cardiovasculaire. © yannick saint-andre - Fotolia.com Etre gourmet et préserver son coeur Chocolat noir De très nombreuses études ont documenté les modifications cardiovasculaires bénéfiques du chocolat noir (baisse de la pression artérielle, amélioration de la dilatation des vaisseaux, amélioration de la fonction des plaquettes sanguines). La précision chocolat noir est importante car le chocolat blanc (qui n'est d'ailleurs pas du chocolat) n'a aucun effet cardiovasculaire bénéfique et aussi parce que plus le chocolat est noir, plus la teneur en cacao est élevée et c'est cet ingrédient qui est paré des vertus du chocolat. Verra-t-on un jour une ordonnance rédigée ainsi ? ◗ Chocolat au petit-déjeuner ◗ Café en fin de repas de midi ◗ Un verre de vin aux deux principaux repas ◗ Thé vert (particulièrement riche en anti-oxydants) dans la journée ◗ Un carré de chocolat noir le soir au coucher. ◗ /5