Les effets secondaires des nouveaux traitements du cancer du rein

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Dossier
Les effets secondaires
des nouveaux traitements
du cancer du rein
Irène Asmane, Philippe Barthélémy, Stefano Kim, Brigitte Duclos,
Jean-Pierre Bergerat, Jean-Emmanuel Kurtz
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Département d’hématologie et d’oncologie, Hôpitaux universitaires de Strasbourg,
1 Avenue Molière, 67098 Strasbourg Cedex
<[email protected]>
Le cancer du rein avancé a longtemps été considéré comme une tumeur de très mauvais
pronostic, en raison du manque de thérapeutiques efficaces, ou de leur toxicité rédhibitoire,
particulièrement pour l’immunothérapie. Ces dernières années ont été marquées par l’avènement des thérapeutiques ciblées, comprenant d’une part des anticorps monoclonaux (bevacizumab), et d’autre part des petites molécules, ciblant les récepteurs à tyrosine kinase (sunitinib et sorafenib) ou la protéine mTOR (temsirolimus). Ces traitements innovants ont
profondément modifié notre stratégie thérapeutique dans cette affection, mais entraînent
par ailleurs un nouveau spectre d’effets secondaires. Dans cette revue, nous décrivons l’arsenal des thérapeutiques ciblées dont nous disposons à ce jour dans le cancer du rein dans le
cadre de l’AMM, en précisant leur mode d’action et leur indication. Nous décrivons leur
profil de toxicité, les conseils de prise en charge au quotidien tant pour l’oncologue que
pour l’omnipraticien, dans le but d’améliorer leur tolérance, la compliance des patients,
garants d’une efficacité maximale.
Mots clés : cancer du rein, thérapie ciblée, antiangiogénique
doi: 10.1684/met.2008.0175
L
mt
Tirés à part : J.-E. Kurtz
e carcinome rénal à cellules
conventionnelles est d’emblée
métastatique dans 30 % des cas,
avec une médiane de survie globale
de 12 mois quand il est traité par l’association interleukine2 (Il-2) et
interféron-α (IFNα) [1]. L’avènement
des thérapeutiques ciblées a révolutionné la prise en charge de ces
patients, amélioré leur survie au prix
d’effets secondaires distincts de ceux
de l’immunothérapie. Il existe actuellement plusieurs de ces nouveaux
agents dans le traitement du carcinome rénal à cellules conventionnelles métastatique (CRM). La stratégie de
leur utilisation répond à des critères
pronostiques, mais tient également
compte de leur profil de toxicité. En
effet, l’introduction des thérapies
ciblées a entraîné l’apparition d’un
nouveau spectre d’effets indésirables,
qu’il est important de connaître pour
mt, vol. 14, n° 5-6, septembre-décembre 2008
optimiser la prise en charge quotidienne de ces patients. Outre les indications actuelles dans le cadre de
l’AMM, nous présentons ici les principales toxicités de ces traitements dans
le cancer du rein métastatique, ainsi
que les mesures permettant de les prévenir ou de les atténuer.
Quels sont les facteurs
pronostiques du CRM ?
Pour Motzer et al., ces facteurs
pronostiques sont mixtes : cliniques
et biologiques (tableau 1) [2]. À
l’aide de ces critères, l’équipe du
MSKCC (Memorial Sloan Kettering
Cancer Center) a identifié trois groupes de patients : bon pronostic (0 facteur sur 5) ; pronostic intermédiaire
(1 à 2 facteurs sur 5) et mauvais pronostic (plus de 2 facteurs sur 5) [2-4].
277
Dossier
Tableau 1. Critères pronostiques du MSKCC [2]
Taux de LDH > 1,5 N
Taux d’hémoglobine < N
Calcémie corrigée > 2,5 mmol/L
Score de Karnofsky < 80
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Délai entre le diagnostic et le début du traitement < 1 an
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De quels agents disposons-nous
et quelles sont leurs indications ?
Première ligne thérapeutique
Sunitinib
Le sunitinib (Sutent®) est un inhibiteur de récepteurs à
activité tyrosine kinase (RTK), dont les VEGFR-2, PDGFR,
FLT-3 et c-KIT, entraînant un effet antiangiogénique, en
partie par inhibition de la prolifération péricytaire. Le sunitinib est administré par voie orale à la dose de 50 mg/jour,
quatre semaines sur six. Cette indication repose sur les
résultats de l’étude de phase III de Motzer et al. [5], comparant le sunitinib à l’IFNα à 9 MUI 3 fois/semaine chez
des patients en première ligne thérapeutique, dont plus de
90 % relevaient des groupes à risque bas et intermédiaire
selon les critères du MSKCC. Les résultats étaient clairement en faveur du sunitinib, avec un bénéfice pour tous
les groupes pronostiques, puisque la survie sans progression était de 11 mois vs 5 mois (p < 10-6). Le taux de
réponse était de 31 % vs 6 % (p < 10-6). L’amélioration
de la qualité de vie était également significative en faveur
du sunitinib (p < 0,001). Nous ne disposons pas pour le
moment de résultats sur la survie globale, la médiane de
survie n’ayant pas été atteinte.
Bevacizumab
Le bevacizumab (Avastin®) est un anticorps monoclonal dirigé contre le vascular endothelial growth factor
(VEGF), dont les indications comprennent actuellement,
outre le cancer du rein, les cancers du sein, colorectal et
du poumon. L’AMM du bevacizumab en association à
l’IFNα dans le cancer du rein repose sur une étude de
phase III ayant randomisé 325 patients présentant un cancer du rein métastatique en 1re ligne thérapeutique [6].
Celle-ci a comparé l’association bevacizumab (10 mg/kg
toutes les deux semaines) plus IFNα (9 MUI 3 fois par
semaine), à un placebo associé à l’IFNα. La médiane de
survie sans progression était de 10,2 mois vs 5,4 mois
(p = 0,0001) pour le groupe témoin avec, en analyse de
sous-groupes, une différence très significative pour le
groupe de « bon pronostic » (12,9 vs 7,6 mois
p < 0,001). Ces résultats ont permis l’obtention de
l’AMM pour le bevacizumab en association à l’IFNα,
chez les patients « de bon pronostic » suivant la classification du MSKCC.
Temsirolimus
Le temsirolimus (Torisel®) est un inhibiteur de la protéine mTOR, composante de la signalisation intracellulaire dans la croissance, la prolifération cellulaire ainsi
que la réponse au stress hypoxique [7, 8]. Le temsirolimus
se lie à FKBP-12 pour former le complexe FKBP12/temsirolimus, qui va inhiber mTOR et entraîner une
inhibition de la traduction des protéines régulatrices de
la progression dans le cycle cellulaire et de l’angiogenèse
(dont HIF1α et 2α). Une étude de phase III multicentrique
dans le CRM a comparé, en première ligne thérapeutique,
chez des patients de mauvais pronostic, l’IFNα (n = 207
patients) au temsirolimus 25 mg/semaine (n = 209
patients), et à l’association d’IFNα et de temsirolimus
15 mg/semaine (n = 210 patients) [9]. Cette étude portait
sur des patients présentant un cancer du rein avancé de
mauvais pronostic (critères du MSKCC, plus présence
d’au moins 2 sites métastatiques). Chez les patients recevant du temsirolimus en monothérapie, la médiane de
survie globale était significativement augmentée par rapport au groupe association et au groupe IFNα avec respectivement : 10,9 mois vs 7,3 mois (p = 0,0078) vs
8,4 mois. La différence était également significative pour
la survie sans progression avec respectivement : 3,8 mois
vs 3,7 mois vs 1,9 mois. La proportion de patients avec
une maladie contrôlée (stable au moins 6 mois ou avec
une réponse objective) était plus importante dans le
groupe temsirolimus seul que dans le groupe association
(32,1 % vs 28,1 %, p < 0,001) et IFNα (15,5%, p = 0,002)
probablement en raison des doses plus faibles de temsirolimus, et d’une augmentation du nombre d’événements
indésirables dans ce groupe. Par ailleurs, le temps sans
symptôme lié à la maladie ni toxicité était significativement supérieur dans le groupe temsirolimus (7,3 mois)
vs interféron (5,7 mois) ; (p = 0,021).
Deuxième ligne thérapeutique
Sorafenib
Le sorafenib/Nexavar® est un autre inhibiteur multicible de récepteurs à tyrosine kinase, ciblant les rafkinases, VEGFR1, 2, 3 ; PDGFRβ ; FLT3, c-kit, et RET
receptor tyrosine kinase [10, 11]. La dose recommandée
est de 2 × 400 mg/j en continu par voie orale, chez des
patients en échec d’une première ligne de traitement [12].
Cette indication repose sur les résultats d’une étude de
phase III, comparant le sorafenib à un placebo, chez des
patients de risque bas ou intermédiaire selon les critères
du MSKCC [12]. Plus de 80 % des patients avaient au
préalable été traités par immunothérapie. La médiane de
survie sans progression était de 5,5 mois vs 2,8 mois
(p < 0,01). Le taux de réponse partielle était de 10 %
dans le groupe sorafenib contre 2 % dans le groupe placebo (p < 0,001). Par ailleurs, le sorafenib peut être administré en première ligne chez les patients ayant des
contre-indications aux traitements de première ligne.
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L’ensemble de ces agents offre à présent aux oncologues médicaux un arsenal thérapeutique qui remplace
presque entièrement les thérapeutiques utilisées ces dernières années dans le traitement du CRM, même s’il persiste quelques rares indications d’immunothérapie chez
des patients très sélectionnés. Le caractère novateur de
ces thérapies ciblées, de même que leur mécanisme d’action, entraînent l’apparition de nouveaux effets secondaires. Leur connaissance et les moyens d’y remédier sont
indispensables, tant au spécialiste qu’au médecin généraliste. En effet, l’efficacité du traitement est intimement liée
à la compliance du patient, elle-même étant fonction du
retentissement des effets indésirables.
Quels sont les effets secondaires
des thérapies ciblées dans le CRM
et comment y remédier ?
Les effets secondaires observés lors d’un traitement
par thérapies ciblées dans le CRM peuvent être classés
selon leur nature, selon qu’il s’agisse de la toxicité sur la
peau et les phanères, le tractus digestif ou le système cardio-vasculaire. D’autres effets secondaires, tels que l’asthénie, sont également fréquents. L’asthénie et la fatigue
sont les principales plaintes exprimées par les patients,
avec un retentissement important sur leur qualité de vie.
Quel que soit le traitement administré, il s’agit d’une complication d’origine multifactorielle, qui doit faire rechercher une anémie, une hypothyroïdie, une déshydratation,
une anorexie [13].
Atteinte cardiovasculaire
L’atteinte cardiovasculaire est au premier plan des
effets secondaires des inhibiteurs de RTK, conséquence
directe de leur action anti-angiogénique. Il s’agit d’une
toxicité fréquente, dont les complications tant cardiaques
que vasculaires sont potentiellement graves, et qui
requiert une surveillance attentive et un traitement précoce et adapté [13].
Hypertension artérielle
L’hypertension artérielle sous sorafenib et sunitinib est
une complication usuelle, survenant de novo ou aggravant une HTA préexistante. Elle touche de 16 à 42,6 %
des patients, dont 5 % environ de grades 3-4 [14]. Cette
complication est également fréquente chez les patients
traités par bevacizumab à 10 ou 15 mg/kg, pour lesquels
l’incidence est de 25,4 % avec un risque relatif de survenue d’une HTA de 7,5 comparé au groupe témoin [15]
(tableau 2) :
L’augmentation progressive des pressions artérielles
systoliques et diastoliques apparaît durant les trois premières semaines de traitement, persistant pendant au
moins 18 semaines [16]. Dans le contexte d’une HTA
sous sorafenib, il convient de rechercher des signes évocateurs de leucoencéphalopathie (cf. infra).
Les mécanismes impliqués dans la physiopathologie
de la survenue d’une HTA sous antiangiogéniques sont
multiples. En premier lieu, il s’agit d’une altération de la
fonction endothéliale, conséquence d’une angiogenèse
imparfaite. Celle-ci est liée à une inhibition de la voie
du VEGFR, on observe une diminution du nombre d’artérioles et de capillaires, et donc de la surface vasculaire, ce
qui provoque une augmentation des résistances vasculaires périphériques [17, 18]. C’est le phénomène de raréfaction vasculaire. La dysfonction endothéliale résulte également d’une diminution de la synthèse de NO et une
augmentation du stress oxydatif. Un autre mécanisme
semble également en jeu, par la voie de l’angiotensine
II. Des protéines kinases intracellulaires comme EGFR,
PDGFR, Ser-Thr kinase participent à la régulation de la
pression artérielle par régulation de l’activation de la
voie de l’angiotensine II. Ces protéines sont également
des cibles du sorafenib et du sunitinib, qui altèrent ainsi
le fonctionnement du système rénine-angiotensine [19].
Toutefois, le rôle de la voie de l’angiotensine II dans le
développement de l’HTA associée au sorafenib apparaît
limité, alors que la dysfonction endothéliale secondaire à
la raréfaction vasculaire semble en revanche capitale [16].
Les patients atteints de cancer du rein seraient peutêtre plus susceptibles de développer une HTA, du fait de
leur âge, des antécédents de néphrectomie, de dysfonction rénale, de l’utilisation de produits de contraste iodés,
de la déshydratation, majorant la toxicité du sorafenib.
Toutefois, il n’y a pas de différence d’incidence d’HTA
entre les patients traités par sorafenib pour un cancer du
rein ou pour une autre affection (23,6 vs 23 %, respectivement) [14]. Il se pourrait pourtant que l’amplitude de
l’augmentation de la pression artérielle induite par le sorafenib masque des variations plus faibles, reliées à la présence d’un cancer du rein, tout en connaissant la capacité
de sécrétion de VEGF par la tumeur rénale [20]. Aucune
corrélation n’a été établie entre l’incidence de l’HTA et la
concentration plasmatique des antiangiogéniques.
Cependant, nous savons à présent que la présence d’une
HTA, en particulier de grade 3, est liée à une plus grande
efficacité du sunitinib. La survenue d’une HTA pourrait
Tableau 2. Fréquence et sévérité de l’HTA (adapté de [13])
HTA
Tous grades
Sunitinib [5]
24 %
IFNα [2]
Sorafenib [12]
Placebo
mt, vol. 14, n° 5-6, septembre-décembre 2008
Grades 3 et 4
8 % (grades 3)
1%
1%
17 %
4%
2%
<1%
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donc devenir un facteur prédictif de réponse au traitement
par cette molécule [21].
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Prise en charge
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– Prescrire une mesure tensionnelle hebdomadaire pendant les 6 premières semaines de traitement par sorafenib ou
sunitinib.
– Prescription d’un antihypertenseur, idéalement un inhibiteur de l’enzyme de conversion ou un sartan. Les médicaments antihypertenseurs de choix sont l’énalapril (IEC) et le
candesartan (anti-ARAII) qui peuvent inhiber l’angiogenèse
myocardique induite par le VEGF [22, 23]. Il faut par ailleurs
prêter une attention particulière aux interactions médicamenteuses. En effet, le sorafenib est métabolisé par le CYP3A4,
donc les inhibiteurs du CYP3A4 tels que les inhibiteurs calciques non dihydropyrimidiques (vérapamil, diltiazem) peuvent augmenter la concentration plasmatique du sorafenib.
– Interruption temporaire ou définitive du traitement en
cas d’HTA incontrôlée ou sévère (Grade 3-4).
Toxicité cardiaque
La cardiotoxicité associée au sunitinib a initialement
été décrite par Chu et al. dans une étude rétrospective,
chez 75 patients traités par sunitinib à 50 mg/j pendant
4 cycles, pour une tumeur stromale gastro-intestinale
imatinib-résistante [24]. Dans cette étude, 8 patients
(11 %) avaient présenté un événement cardiaque : choc
cardiogénique conduisant au décès (1 patient), infarctus
du myocarde (1 patient) et 6 poussées d’insuffisance cardiaque congestive. Par ailleurs, 50 % des patients traités
avaient présenté une HTA lors du premier cycle de traitement et 36 % présentaient une baisse de leur fraction
d’éjection ventriculaire gauche, déjà rapportée par
Motzer et al. [5]. Le seul facteur de risque pouvant expliquer ces événements était un antécédent de coronaropathie. Une incidence aussi élevée de complications cardiaques graves, dans l’étude de Chu et al., doit être mise en
balance avec les antécédents des patients, tous prétraités
par imatinib, et dont 20 % avaient un antécédent de traitement par anthracyclines [24]. La physiopathologie de
cette toxicité repose vraisemblablement sur l’activation
de la voie intrinsèque de l’apoptose. Ainsi, sous l’action
du sunitinib, la kinase ribosomale S6 [25] est inhibée,
conduisant à la libération du facteur pro-apoptotique
bcl2, l’activation de la voie intrinsèque de l’apoptose et
la déplétion d’ATP, laquelle conduit à une dysfonction
ventriculaire. Par ailleurs, le sunitinib provoque l’inactivation de la kinase AMP dépendante, ce qui est crucial dans
la réponse cellulaire à l’hypoxie et dans la survie des cardiomyocytes.
La toxicité cardiaque induite par le sorafenib ne doit
pas être méconnue. Ainsi, dans l’étude de phase III [12],
l’ischémie myocardique était significativement (p=
0,01) plus fréquente dans le groupe sorafenib (n= 12,
soit 3 %), que dans le groupe placebo (n= 2, soit
0,4 %), restant dans des proportions moins inquiétantes.
La physiopathologie de la toxicité cardiaque induite par
le sorafenib repose sur l’inhibition des kinases RAF1 et
BRAF, ce qui altère la survie des cardiomyocytes en
situation de stress [25]. En effet, ces kinases sont impliquées dans la survie des cardiomyocytes ; la délétion de
RAF1 provoquant une dilatation et une hypocontractilité myocardique par apoptose et fibrose des cardiomyocytes.
La toxicité cardiaque de ces deux agents a été confirmée dans une étude récente, portant sur 74 patients traités
pour un CRM [26] : 25 patients ont présenté des événements cardiovasculaires (11 pour le sunitinib, 14 pour le
sorafenib), dont 13 avec des symptômes d’angor, 12 avec
des modifications électriques, 17 avec une élévation des
CKMB et 9 patients avec une élévation de la troponine.
L’échocardiographie a mis en évidence une altération de
la FEVG chez 9 patients, une dysfonction contractile chez
7 patients, des troubles de la relaxation chez 1 patient et
un épanchement péricardique chez 1 patient. Ces événements survenaient chez les patients traités par sunitinib ou
sorafenib, sans différence significative selon le traitement.
Après arrêt transitoire de ces agents chez les patients
symptomatiques ainsi qu’un traitement par carvedilol et
statines, tous les patients ont récupéré sur le plan fonctionnel, permettant la réintroduction des inhibiteurs de
RTK.
Prise en charge
– Surveillance clinique et monitoring par ECG et échographie cardiaque avant le début du traitement et à chaque
cycle [13].
– Contre-indication au sunitinib en cas d’antécédent de
coronaropathie et/ou de QT long à l’ECG.
– Respect d’une fenêtre thérapeutique entre l’initiation
d’un traitement par sorafenib après progression sous sunitinib. Le risque d’insuffisance cardiaque aiguë est alors majoré,
dans le cas d’un délai inférieur à 2 à 3 semaines [27, 28].
– Arrêt définitif du sunitinib en cas de poussée d’insuffisance cardiaque, dans l’attente d’arguments autorisant sa
réintroduction plus ou moins différée.
– Traitement par bêtabloquant, statines en cas de poussée d’insuffisance cardiaque. Un traitement anticoagulant est
à discuter [26].
– En l’absence d’insuffisance cardiaque cliniquement
décelable, arrêt du traitement ou diminution des doses si la
FEVG est inférieure à 50 % avec une diminution de plus de
20 % par rapport à la valeur initiale [13].
mt, vol. 14, n° 5-6, septembre-décembre 2008
Atteinte cutanée
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Syndrome pied-main (SPM)
Il s’agit d’un effet secondaire commun au sunitinib et
au sorafenib, distinct du SPM induit par la chimiothérapie
de type 5-FU, capécitabine, ou doxorubicine en formulation liposomale, car il se présente sous une forme plus
hyperkératosique [29]. Il apparaît dans les six premières
semaines et surtout dans la première quinzaine de début
de traitement, puis va progressivement diminuer en intensité. Les patients présentent des dysesthésies et des paresthésies, qui précèdent l’apparition d’un érythème avec
œdème, puis d’une hyperkératose avec une sécheresse
cutanée et/ou une peau craquelée, avec desquamation
(figures 1 et 2). Il existe une prédominance topographique
au niveau des zones de pression. Différents niveaux de
gravité sont observés (tableau 3) [30]. La symptomatologie est dose-dépendante, peut nécessiter un arrêt temporaire du traitement, et n’empêche pas systématiquement
sa réintroduction.
La physiopathologie reste encore inconnue, mais on
suggère actuellement un effet toxique direct [31, 32].
Les biopsies cutanées montrent une hyperkératose associée
à un infiltrat inflammatoire et un œdème du derme, une
dilatation vasculaire, avec une altération de la paroi sans
réelle image de vascularite. La fragilisation des capillaires
est probablement le mécanisme principal mais non unique.
Une hyperexpression de récepteurs cibles au niveau des
kératinocytes est une hypothèse également envisagée,
étant donné le blocage de la maturation cellulaire avec
modification de la différenciation des kératinocytes, et
apoptose associée à une inflammation non spécifique.
Figure 2. Atteinte plantaire chez le même patient.
Prise en charge [29]
– Soins de pédicure et l’application d’une lotion hydratante avant traitement et dès les premiers symptômes car la
précocité du traitement local émollient est capitale pour éviter l’aggravation. L’application d’une crème hydratante doit
être renouvelée plusieurs fois par jour, selon l’épaisseur de la
couche cornée. En cas d’échec, il est possible de recourir à
l’application de vaseline salicylée.
– Conseiller le port des chaussettes en coton, de chaussures souples, de gants nocturnes avec lotion hydratante.
– En cas de réaction inflammatoire importante : prescription de corticoïdes en topiques (bétaméthasone) une application en couche épaisse le soir pendant 10 à 15 jours.
– Si échec avec retentissement fonctionnel ou décollement cutané : réduction transitoire des doses à 2 × 200 mg
de sorafenib en une prise/jour.
– En cas de toxicité de grade ≥ 3, arrêt temporaire du traitement jusqu’à cicatrisation puis réintroduction à une dose
réduite
Rash cutané
Figure 1. Atteinte de la paume des mains après un cycle de sunitinib à 50 mg/j.
Outre le syndrome pied-main, il existe également une
toxicité cutanée propre au sorafenib et qui concerne tous
les inhibiteurs d’EGFR. Il s’agit d’un rash érythémateux
papulo-pustuleux prédominant au niveau du visage et
de la partie supérieure du thorax, qui survient à l’initiation
du traitement, mais également à distance. Il s’apparente
cliniquement aux manifestations de la dermatite séborrhéique [29]. Il faut le distinguer des réactions allergiques
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Tableau 3. Niveaux de gravité du SPM selon le NCI CTC V3.0 [30]
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Grade Description clinique
1
Modifications cutanées minimales (érythème), pas de douleur
2
Desquamation, bulles, œdème cutané, ou douleurs, mais sans
gêne fonctionnelle
3
Ulcération, ou toute modification cutanée avec douleur
entraînant une gêne fonctionnelle
qui peuvent survenir, même rarement sous sunitinib et
sorafenib. Le mécanisme physiopathologique impliqué
est une folliculite suppurative avec un infiltrat inflammatoire de polynucléaires neutrophiles [31]. Dans les kératinocytes sains, l’activation de la voie des MAP-kinases
régule la synthèse de facteurs pro-inflammatoires et de
cytokines dans l’épiderme. L’expression de VEGFR-1 sur
les kératinocytes sains fait appeler cette population cellulaire les « porteurs innocents » des récepteurs cibles aux
sorafenib et sunitinib, victimes de l’inhibition de la voie
MAP-kinases [33, 34].
Prise en charge
– L’application d’une lotion hydratante avant traitement
et dès les premiers symptômes est recommandée, sa précocité est capitale.
– L’application de dermocorticoïdes de classe 2 ou 3
peut être proposée dans les formes sévères [29].
– Une réduction de doses est à envisager si le retentissement fonctionnel est important.
Autres atteintes de la peau et des phanères
Le sunitinib peut provoquer des modifications cutanées, avec un assombrissement de la peau qui devient
jaunâtre et des zones d’hypopigmentation locales ou diffuses. Le mécanisme identifié est l’inhibition de c-kit qui
est impliqué dans la mélanogenèse (induite par l’exposition aux ultraviolets) [32]. La dépigmentation des phanères (cheveux, sourcils) est également liée au blocage de la
voie de c-kit. Ces symptômes témoignent de l’imprégnation au sunitinib, mais leur présence ou leur intensité n’est
pas un facteur prédictif de l’efficacité du traitement. L’alopécie (modérée) survient dans 27 % des cas sous sorafenib, mais n’a pas été observée sous sunitinib et temsirolimus [13].
pes et des ballonnements concerne de nombreux patients,
tout comme les nausées et vomissements.
Diarrhées
Les diarrhées sont la complication la plus fréquente
des traitements par inhibiteurs de RTK, survenant le plus
souvent à partir de trois semaines de traitement. Elles sont
diurnes voire nocturnes, et diminuent avec les modifications de doses. Leur réapparition avec la reprise du traitement n’est pas systématique. Elles sont fréquentes sous
sunitinib (53 % des patients traités, dont 5 % de grade 3
et 4), et sous sorafenib (43 % des patients dont 2 % de
grade 3 et 4) et sont associées à un risque de déshydratation et d’insuffisance rénale fonctionnelle [13].
Prise en charge
– Réhydratation et rééquilibration électrolytique précoce
afin de compenser les pertes hydrosodées.
– Prescription d’un ralentisseur du transit.
– Une réduction de doses est à envisager si le retentissement fonctionnel est important. La reprise d’un traitement à
pleine dose après récupération ad integrum est envisageable
car il est rare que les diarrhées réapparaissent lors de la réadministration du traitement.
Mucite
C’est également un effet indésirable fréquent (27 %
sous sorafenib, 45 % sous sunitinib, 41 % sous temsirolimus [13]), par toxicité sur la muqueuse buccale, avec des
conséquences sur l’alimentation. Elle est souvent responsable d’une anorexie et d’un amaigrissement. Sa prise en
charge comporte des bains de bouche et une bonne
hygiène de la sphère oropharyngée.
Reflux gastro-œsophagien
Le reflux gastro-œsophagien touche plus de 50 % des
patients sous sunitinib. Il est révélé par des épigastralgies,
ou peut être asymptomatique. Le mécanisme suspecté
implique l’inhibition des voies de signalisation
VEGF/MAP-kinases impliquées dans le processus de
défense et de réparation de la muqueuse secondaire aux
agressions acides [35].
Prise en charge
Traitement classique du reflux gastro-œsophagien (mesures
diététiques et prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons).
Effets secondaires gastro-intestinaux
Ces effets secondaires sont fréquents, dominés par les
diarrhées, la mucite et le reflux gastro-œsophagien. Il s’y
ajoute la dysgueusie, pouvant aggraver une dénutrition
préexistante et une altération de l’état général, avec un
retentissement sur la qualité de vie. La survenue de douleurs abdominales de type spasmodique, avec des cram-
282
Atteinte neurologique
Leucoencéphalopathie postérieure
Il s’agit d’une atteinte centrale, occipitopariétale,
observée chez des patients traités par sorafenib, combinant des céphalées, des crises convulsives, des troubles
de la vision et une HTA aiguë sévère [36].
mt, vol. 14, n° 5-6, septembre-décembre 2008
Le mécanisme responsable est une vasoconstriction,
associée à des microthrombi des petits vaisseaux puis à
une apoptose capillaire, avec rupture de la barrière hématoencéphalique et œdème cérébral focal. L’imagerie par
IRM montre une hypoperfusion de la substance blanche.
Il s’agit d’une complication sévère, réversible à l’arrêt du
traitement, mais contre-indiquant sa reprise.
Atteinte rénale
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Protéinurie
La survenue d’une protéinurie est un événement indésirable présent dans toutes les études avec le bevacizumab avec une prévalence de 52 % dans le cancer du
rein métastatique [37]. Il s’agit d’une toxicité dose dépendante, corrélée à la survenue d’une HTA, régressive à
l’arrêt du traitement et récidivante à sa réintroduction.
Le syndrome néphrotique est rare. Il s’agit de glomérulonéphrites proliférantes collabantes et cryoglobulinémiques, dont le mécanisme est la sous-expression podocytaire et endothéliale des protéines de jonction,
secondaire à un défaut de VEGF [38]. Il n’existe pas d’atteinte tubulaire ni d’altération de la fonction rénale.
Microangiopathie thrombotique
Un cas de microangiopathie thrombotique a été décrit
avec l’association sunitinib et bevacizumab [39]. L’Afssaps a fait paraître, en juillet 2008, un communiqué sur
les résultats de phase I de cette association. Cinq des
douze patients ayant reçu la dose la plus élevée de sunitinib (50 mg/j) ont présenté une microangiopathie thrombotique. Cette association est donc déconseillée.
Insuffisance rénale
Le sunitinib a une faible toxicité rénale : en phase II,
17,6 % des patients ont une élévation de la créatinine,
avec un cas de toxicité de grade 3, sans protéinurie associée [5].
Dans le cas du sorafenib, l’étude de phase III de Ratain
et al. a montré une élévation de la créatinine tous grades
confondus, dont 7 % de grades 3 [40]. Un cas de néphrite
interstitielle est survenu chez un patient insuffisant rénal
chronique, traité auparavant par IFNα et sunitinib, à j10
du début de traitement à 400 mg/J. L’évolution a été favorable sous prednisone [41].
Désordres endocriniens
Hypothyroïdie
Il s’agit d’un effet secondaire bien connu du sunitinib.
Ainsi, Rini et al. ont mis en évidence une élévation de la
TSH chez 70 % de patients et/ou une diminution de T3 ou
T4 dans 85 % des cas, la majorité (84 %) étant symptomatiques [42]. Feldman et al. décrivaient une incidence plus
faible (18 %) mais le dosage de la TSH n’était réalisé que
chez les patients symptomatiques [43]. L’élévation de la
TSH apparaissait en moyenne 10 mois après l’initiation
du sunitinib. Cependant, la fatigue est un effet indésirable
très fréquent sous sunitinib (50 % d’incidence en phase
III), et n’est pas toujours le témoin d’une hypothyroïdie.
L’étude prospective de Wolter et al. chez des patients
traités par sunitinib pour un cancer rénal métastatique ou
une GIST, avec dosage systématique de TSH, T4, T3 à J1
et J28 a mis en évidence une hypothyroïdie clinique chez
27 % des patients, nécessitant un traitement par Lthyroxine [44]. L’élévation isolée de la TSH survenait
dans 34 % des cas chez des patients asymptomatiques.
Par ailleurs, les patients hypothyroïdiens présentaient
plus de toxicités de grade 3-4, faisant suspecter une plus
grande sensibilité au sunitinib. Le mécanisme physiopathologique suspecté est un défaut de captation de
l’iode, en dehors de toute atteinte auto-immune [45].
Il pourrait également s’agir d’un effet direct du sunitinib
sur l’inhibition de la vascularisation thyroïdienne (profil
cyclique de la régénération capillaire thyroïdienne pendant les 2 semaines sans sunitinib), via l’inhibition de
VEGFR [46].
La relation entre hypothyroïdie induite par le sunitinib
et efficacité du traitement est discutée. Ainsi, dans les
modèles murins, les hormones thyroïdiennes favorisent
la croissance tumorale et l’angiogenèse via leurs interactions avec les integrines αβ, présentes sur les cellules
tumorales et endothéliales [46]. De plus, l’induction
d’une hypothyroïdie peut ralentir la croissance tumorale
prostatique ainsi que celle des carcinomes bronchiques
non à petites cellules dans des modèles de xénogreffes
[47]. Pour ces raisons, Wolter et al. [44] proposent de ne
substituer que les patients présentant une hypothyroïdie
symptomatique.
Prise en charge
Prise en charge
– Surveillance clinique et biologique par recherche de
protéinurie (bandelette urinaire), protéinurie de 24 h tout au
long du traitement. La présence d’une protéinurie modérée
(< 2 g/24 h) ne contre-indique pas la poursuite d’un traitement par bevacizumab.
– Recherche d’une altération de la fonction rénale.
– Arrêt de tout traitement en cas de microangiopathie
thrombotique.
– Doser TSH, T3 et T4 avant traitement et tous les mois
pendant les 4 premiers cycles, puis tous les trois mois.
– Supplémentation en L-thyroxine d’emblée chez les
hypothyroïdiens connus, avec probablement des doses
nécessaires plus importantes au cours du traitement par sunitinib.
– Initier une supplémentation par L-thyroxine lorsqu’il
existe une hypothyroïdie symptomatique découverte lors du
traitement par sunitinib.
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Dossier
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Désordres métaboliques
Ils sont l’apanage du temsirolimus, conséquence de
l’inhibition de la voie de mTOR [48].
Une hyperglycémie est présente chez 26 % des
patients dont 11 % de grade 3-4, correspondant souvent
à une aggravation de troubles du métabolisme glucidique
préexistants. La prise en charge associe les mesures diététiques aux antidiabétiques oraux et/ou à une insulinothérapie.
En l’absence de signes cliniques évocateurs de pancréatite aiguë, la découverte d’une hyperamylasémie ou
d’une élévation des lipases (41 % sous sorafenib, 52 %
sous sunitinib [13]) ne nécessite pas d’autres examens
complémentaires. Il s’agit d’une toxicité biologique sans
révélation clinique.
L’apparition ou l’aggravation d’une hypertriglycéridémie, (27 % des patients, dont 4 % de grades 3-4), ou
d’une hypercholestérolémie, (24 % des patients (dont
1 % de grades 3-4) a été décrite. Un traitement par statines et un suivi biologique est préconisé [48].
Les hypophosphatémies [13] de grade 3-4 peuvent
avoir des conséquences sévères comme une encéphalopathie, une insuffisance cardiaque aiguë, un iléus, une
rhabdomyolyse, une hémolyse avec hypocoagulation.
Le dosage du phosphore plasmatique doit être réalisé à
chaque consultation. Le traitement consiste en une supplémentation orale sur 3 à 4 jours, adaptée au suivi plasmatique quotidien.
Toxicité hématologique
Il s’agit d’une toxicité relativement modérée. La neutropénie de grade 3-4 survient dans 3 % des cas avec le
temsirolimus et 1 % des cas avec le sunitinib [5, 9]. Elle
n’est pas décrite avec le sorafenib [12]. La lymphopénie
de grade 3-4 concerne 13 % et 12 % des patients traités
par sorafenib et sunitinib, respectivement [5, 12]. Une
anémie de grade 3-4 n’est décrite que chez 1 % des
patients traités par sunitinib, en revanche, elle est fréquente (20 %) chez les patients sous temsirolimus [5, 9].
Enfin, une thrombopénie de grade 3-4 survient chez 6 %
des patients traités par sunitinib [5].
Prise en charge [13]
– Traitement de la neutropénie fébrile.
– Supports transfusionnels si Hb < 9 g/dL et EPO si anémie comprise entre 9 et 11 g/dL.
– Arrêt des traitements en cas de toxicité de grade 3 et 4.
Atteinte pulmonaire
C’est un effet indésirable propre au temsirolimus, survenant dans les premières 16 semaines de traitement et se
manifestant par une toux sèche révélatrice, ou par une
dyspnée révélant alors un stade sévère [48]. Des anoma-
284
Figure 3. Pneumopathie interstitielle chez un patient sous temsirolimus.
lies à la radiographie de thorax (opacités en verre dépoli)
peuvent être présentes jusque dans 36 % des patients traités par temsirolimus [49] (figure 3). L’imagerie thoracique
par scanographie détecte une atteinte pulmonaire interstitielle, confirmée par une diminution de la DLCO aux
épreuves fonctionnelles respiratoires. La physiopathologie
de cette complication est discutée, faisant intervenir des
mécanismes auto-immuns ou à type d’hypersensibilité
retardée. Il ne s’agirait pas d’une toxicité dosedépendante, rendant a priori inutile une réduction de
dose du traitement [49].
Prise en charge [49]
– En cas de pneumopathie de grade 1 (signes radiologiques isolés) : le maintien du temsirolimus à dose complète est
une option.
– En cas de pneumopathie de grade 2 : arrêt temporaire
du traitement et surveillance de la radiographie. La réintroduction prudente du traitement est possible.
– En cas de pneumopathie grade 3-4 : arrêt du temsirolimus
– Dans les formes sévères, la corticothérapie à 1 mg/kg/j
de prednisone en présence de signes respiratoires et radiologiques est une option.
Conclusion
La stratégie thérapeutique du carcinome rénal à cellules conventionnelles métastatique s’est profondément
modifiée durant les dernières années. Elle repose à présent sur un arsenal d’anticancéreux innovants par leurs
mécanismes d’action, et par là même responsables de
l’apparition de nouveaux effets secondaires. Tout
comme pour les traitements « classiques » du cancer,
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l’information du patient est primordiale, permettant de
prévenir le retentissement des effets secondaires, grâce à
une prise en charge précoce et un traitement adapté. Il est
possible que certains effets indésirables, comme l’hypertension artérielle, puissent être identifiés par la suite
comme des facteurs prédictifs de réponse au traitement,
il est donc important d’en assurer un diagnostic précoce.
Il faut souligner la nécessaire coopération entre l’oncologue médical et le médecin généraliste dans la gestion
de ces effets indésirables. Il revient au premier d’informer
le patient et ses confrères de la nature du traitement et des
effets secondaires potentiels, et, le cas échéant, d’adapter
les doses de sunitinib, sorafenib et temsirolimus. Toutefois,
il existe un effet dose/efficacité, et la diminution de la
posologie doit toujours tenir compte du risque d’échec
thérapeutique en cas de dosage insuffisant. Tout comme
à l’oncologue, il revient à l’omnipraticien de participer
au diagnostic de ces effets secondaires, ainsi qu’à leur
prise en charge précoce. La poursuite de la recherche clinique dans le cancer du rein métastatique mènera sans
aucun doute à de nouveaux progrès dans la prise en
charge de cette affection, par l’utilisation de nouveaux
agents thérapeutiques dont nous ne faisons qu’entrevoir
les possibilités.
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