L’apprentissage situé : approche épistémologique Anne-Claire Macquet Laboratoire de psychologie et d’ergonomie du sport Introduction • D’où vient cette approche ? • Est-elle une nouvelle approche ? • Quels rapports entretient-elle avec les autres approches ? • Que recouvre-t-elle ? • Comment envisager l’apprentissage ? I. L’origine de l’apprentissage situé • constats : • difficultés à utiliser les connaissances académiques pour résoudre les problèmes rencontrés dans la vie quotidienne • les interactions sociales apparaissent dans l’apprentissage ; elles sont peu prises en compte dans les autres théories de l’apprentissage • la culture influence l’apprentissage ; les théories la prennent peu en compte Pour Lave (2005) • l’apprentissage est une fonction de : – l’activité de l’apprenant, – du contexte dans lequel il apparaît – de la culture de laquelle est issu l’apprenant et de laquelle il apparaît • l’apprentissage est situé Apprentissage et contexte authentique • importance du contexte de l’apprentissage • l’apprenant construit des connaissances à partir de situations complexes d’apprentissage • ces situations sont proches de celles rencontrées dans la vie quotidienne • elles comportent des problématiques authentiques, • elles contiennent des problèmes à résoudre, de nature différente (méthodologique, cognitive, affective…) • les situations sont ancrées dans la vie « ordinaire » • notion d’environnement social complexe Apprentissage et sens • l’apprenant donne du sens à son travail pour construire des connaissances et développer des compétences • on favorise les apprentissages signifiants pour l’apprenant • importance du sens accordé par l’apprenant à son apprentissage Deux principes pour l’apprentissage situé Lave & Wenger (1989) • 1. la connaissance doit être présentée dans un contexte authentique • la présentation ou la démonstration de cette connaissance et son application requièrent cette connaissance • le savoir et l’action sont emboîtés • 2. l’apprentissage implique des interactions sociales et de la collaboration entre les individus engagés dans l’apprentissage • les processus sociaux influencent la façon dont les personnes pensent, résolvent des problèmes, réalisent des procédures, construisent des connaissances déclaratives et interagissent avec d’autres L’apprentissage : un processus continu Collins, Brown & Duguid (1989) • il est fonction de l’activité en contexte et de la culture dans laquelle il s’inscrit • il se réfère à un processus d’enculturation • à travers l’apprentissage, l’apprenant utilise des outils qui dépendent de la culture Dans les autres approches de l’apprentissage… • on a oublié : – la dimension subjective, personnelle, historique de l’expérience – la question du sens II. L’ancrage théorique de l’apprentissage situé • l’apprentissage situé s’inscrit dans les théories de l’action et de la cognition située • elles se sont développées conjointement à partir de l’évolution, d’une part, des sciences cognitives et de l’intelligence artificielle (Winograd et Flores 1986) et d’autre part, de l’ethnométhodologie (Garfinkel) et de l’anthropologie (Suchman, 1987) • la connaissance est conçue comme une construction locale Conception située de l’action • importance du rôle du contexte dans l’élaboration et dans l’exécution de l’action • remise en cause de la conception classique de la planification issue de la tradition cognitiviste • l’action ne serait pas réglée par un plan préalable • le plan ne sert pas à guider l’action • il sert à placer le sujet dans des conditions qui lui permettent une utilisation optimale de ses habiletés • le plan n’est qu’une ressource pour l’action (Suchman, 1987) • le plan permettrait de rendre compte de l’action et de formuler les conditions de sa mise en oeuvre Le poids des facteurs contextuels • l’action est inséparable de la situation à laquelle elle est indexée • elle fait l’objet d’une interprétation différente pour chaque contexte dans laquelle elle est rencontrée • l’action a une temporalité • elle s’inscrit dans une culture L’action située est ordonnée et contingente (Queré, 1977) • l’action située apparaît à la fois – ordonnée : elle se structure par rapport à un but – contingente : elle est locale La cognition distribuée • origine : travaux de Hutchins (1995) sur le cockpit • idée : la cognition est distribuée entre les agents et les éléments de la situation • agents et éléments de la situation forment un système fonctionnel • importance du rôle cognitif des objets du système • la notion de représentation dépasse l’individu pour prendre en compte le système fonctionnel (individuenvironnement) • l’objectif premier de la cognition distribuée vise à décrire et à analyser un système fonctionnel Les objectifs de la cognition distribuée (Halverson & Rogers, 1995) • analyser les moyens de coordination des éléments d’un système fonctionnel • analyser les moyens de propagation de l’information à travers le système fonctionnel (notions d’états représentationnels et technologiques) • analyser la façon dont les représentations se déplacent au sein du système fonctionnel La cognition socialement partagée • cognition partagée entre les individus • le savoir est partagé entre les individus • notion d’environnement cognitif partagé (Sperber & Wilson, 1986) • connaissance mutuelle (Clark & Marshall, 1981) Conclusion • rapprochement entre les sciences cognitives d’une part, et la sociologie et l’anthropologie, d’autre part • perspective socio-culturelle • importance du contexte, de la culture, de l’histoire dans l’apprentissage situé