Formation IFSI BELFORT 26 OCT 2007

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OPTIMISER LA PRISE EN CHARGE DE
LA DOULEUR
Dr Calogera DOVICO
Unité de prise en charge de la Douleur
Chronique
CH de Belfort-Montbéliard
JEUDI 7 FEVRIER 2008
IFSI MONTBELIARD
DEFINITION
OMS et l’International Association for Study of
Pain
La douleur est une expérience
sensorielle et émotionnelle,
désagréable
liée à une lésion tissulaire
existante ou potentielle,
ou décrite en des termes
évoquant une telle lésion.
DOULEURS AIGUES
Signal d’alarme
Douleur qui alarme
- Protectrice
- Apparition brutale
DOULEURS CHRONIQUES
Douleur maladie
Douleur qui désarme
- Inutile, destructive
- durée supérieure ou égale à trois mois
COMPOSANTES DE LA DOULEUR
1 - COMPOSANTE SENSORIDISCRIMINATIVE
« La personne souffre dans sa chair »
2 – COMPOSANTE AFFECTIVE ET EMOTIONNELLE
« La personne souffre avec son cœur »
Ressenti de la douleur
Affectivité et émotion
3 - COMPOSANTE COGNITIVE
« La personne souffre avec sa tête »
Place accordée à la douleur dans l’histoire de la vie du patient
Place aux acquis :
éducatifs
culturels
sociaux
4 – COMPOSANTE COMPORTEMENTALE
« La personne souffre avec son corps »
- Comment est exprimée la douleur par le patient ?
4 COMPOSANTES
Sensorielle
Comportementale
DOULEUR
Émotionnelle
Cognitive
1– Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer. SOR Evaluation de la douleur chez l’adulte et l’enfant atteintsd’un cancer sept. 2003 P.32
Souffrance globale
CLASSIFICATION DES
DOULEURS
Douleur nociceptive :
Atteinte « des tissus »
Douleur neuropathique :
Atteinte du système nerveux central
ou du système nerveux périphérique.
Douleur sine matéria
(psychogène):
Atteinte psycho-affective
Diagnostic d’élimination
CLASSIFICATION DES DOULEURS
Douleur nociceptive
-Stimulation des nocicepteurs
lors d’un processus lésionnel.
Pas de dysfonction des voies de
transmission de la douleur.
- Ex: douleur viscérale en
cancérologie, rhumatologie,
traumatologie, chirurgie,
infectiologie, post opératoire….
- Douleur sourde, lourde,
battante, déchirante, à type
de coup de marteau, de
broiement.
Douleur neurogène
Douleur sine materia
- Lésion des nerfs périphériques, des
racines, de la moelle, du système nerveux
central par section, compression ou
altération.
- Ex: névralgie du V, douleur postzostérienne, douleur du membre fantôme,
compression médullaire, AVC, SEP,
neuropathies périphériques, SDRC
chronique, traumatisme nerveux,
radiculopathie, plexite…
- Bilan négatif, mauvaise
réponse au traitement, tableau
atypique, signes du registre du
psychique.
- Douleur de topographie systématisée au
territoire neurologique lésé, en éclair, à
type de brûlures, de fourmillements, de
décharges électriques, en étau, avec
démangeaisons et déficit neurologique.
+
Douleur mixte
-Ex: céphalée de tension …
- Mode de relation particulier
avec les soignants, douleur de
topographie variable.
Physiologie des voies de la
douleur
Douleur Diffuse

Cortex Frontal
SENSATION
Cortex sensitif
THALAMUS
LES VOIES
DE LA DOULEUR
Voie médiane lente
= Douleur diffuse
EMOTION
Corne Postérieure
Moelle
Voie Latérale rapide
=Composante
Sensoridiscriminative
SENSATION
Douleur “ALARME”
Fibres douleur  C
Faisceau
Spino-Thalamique
DOULEUR
Navez CSD St Etienne
Vécu de la douleur
Mécanisme
générateur
Nociception
neurogène
psychogène
Modulation
DOULEUR
Composante
sensitivo-discriminative
émotionnelle
cognitive
comportementale
Facteurs
psychologiques,
environnementaux,
familiaux,
sociaux,
culturels
PRINCIPES
THERAPEUTIQUES
5 RECOMMANDATIONS DEFINIES
PAR L ’OMS* (1)
Préférer, si possible, la voie
d ’administration la plus simple et la
moins invasive: la voie orale
Prescription personnalisée et adaptée
aux besoins de la personne
* OMS: Organisation Mondiale de la Santé
5 RECOMMANDATIONS DEFINIES
PAR L ’OMS (2)
Administration régulière, à horaire
fixe, à bonne posologie, sans
attendre la résurgence de la douleur
Prescription en respectant les paliers
de l ’OMS à 3 niveaux
Prescription ne négligeant aucun
détail
Classification des antalgiques
(OMS)
Palier 2
Antalgiques
Opioïdes faibles
Palier 1
Antalgiques
non morphiniques
Paracétamol
Aspirine
Autres AINS
Douleurs
faibles à modérées
Palier 3
Antalgiques
Opioïdes forts
Codéine
Dextropropoxyphène
Tramadol
Morphine
Fentanyl
Hydromorphone
Oxycodone
Douleurs
modérées à intenses
Douleurs
intenses à très intenses
+
P1+P2
+
P1+P3 :
Association synergique
LES COANTALGIQUES (1)
Anti- Inflammatoires Non Stéroïdiens/Corticoïdes
Antispasmodiques
Diphosphonates
Myorelaxants, psychotropes
Anesthésiques locaux (percutanés ou en
infiltration)
Clonidine (CATAPRESSAN®)
Baclofène (LIORESAL®)
LES COANTALGIQUES (2)
Traitement étiologique de la maladie causale
Autres :
 Techniques chirurgicales et anesthésiques
 Radiothérapie
 Chimiothérapie
 Physiothérapie
 Acupuncture
DOULEURS NEUROPATHIQUES
COMPOSANTE PAROXYSTIQUE
ET / OU
COMPOSANTE CONTINUE
ANTI EPILEPTIQUES
TEGRETOL, Carbamazépine
RIVOTRIL, Clonazépam
NEURONTIN, Gabapentine
TRILEPTAL, Oxcarbazépine
NEUROSTIMULATION
TRANSCUTANEE
(TENS)
ANTIDEPRESSEURS
TRICYCLIQUES
LAROXYL, Amitriptiline
ANAFRANIL, Clomipramine
TOFRANIL, Imipramine
Douleur Cancéreuse :
EPIDEMIOLOGIE
• 278 000 nouveaux cas de cancer en 2000
63% d’augmentation de l’incidence du cancer sur 20 ans
• La douleur est une composante majeure du cancer
30 à 45% des patients cancéreux au moment du diagnostic et aux stades
précoces du cancer
75 % des patients cancéreux aux stades avancés
1– Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer. SOR Traitements antalgiques médicamenteux des douleurs cancéreuses par excès de nociception chez l'adulte, mise à jour 2002.
Douleur Cancéreuse :
ETIOLOGIES
Plusieurs origines possibles
(1)
– La tumeur elle-même dans environ
70 % des cas
– Les thérapeutiques du cancer
dans environ 20 % des cas
– Une cause intercurrente sans lien
avec le cancer dans 10 % des cas
1– Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer. SOR Traitements antalgiques médicamenteux des douleurs cancéreuses par excès de nociception chez l'adulte, mise à jour 2002. P21
La douleur chronique cancéreuse
2 composantes
Accès Douloureux
Paroxystiques (ADP)
Non prévisibles
Prévisibles
Permanente, d’intensité quasi-constante
(1) Portenoy RK, et al.Breakthough pain : definition, prevalence and characteristics.Pain 1990;41:273-81
Schéma de la douleur chronique d’origine cancéreuse d’après Coluzzi PH. Cancer pain management: newer perspectives on opioïds and episodic pain. Am J Hosp Palliat Care 1998;15(1):13-22.
Principes des traitements de
fond
Principes des traitements de
fond (1)
Anticiper la douleur et notamment les
accès paroxystiques:
une fois la douleur installée, sa prise en charge est
plus difficile
Principe des traitements de fond
(2)
Utilisation de molécules antalgiques à
libération prolongée
Principes des traitements de
fond (3)
exemples
PALIER II
tramadol LP
– sur 12 h : Topalgic LP*, Contramal LP*,
Zamudol LP*
– sur 24h : Monocrixo LP
Principes des traitements de fond
(4)
exemples
PALIER III
Fentanyl LP : Durogésic LP* (72h,
voie transdermique)
Morphine LP:
– Skenan LP*, Oxycontin LP*, Sophidone
LP* (12h)
– Kapanol LP* (24h)
Principes des traitements de
fond (5)
Modalités d ’administration:
– à heures fixes
– sans écraser les comprimés
– possibilité d ’ouvrir les gélules de
Skenan*, Sophidone*, Kapanol*
Principes des traitements de
fond (6)
Délai d ’action:
– plusieurs heures avant d ’atteindre la
phase de plateau lors de la prise du
premier comprimé
– ensuite, phase de plateau : taux
sanguin stable
– Cas du DUROGESIC* : délai d’action
plus long (12 à 18 h environ)
Principes des traitements de
fond (7)
Souvent associés à des doses de
secours en cas de pics douloureux
paroxystiques
Traitement au long cours possible
Principes des traitements de
fond (8)
Cas particuliers des douleurs rebelles
Cas de la voie parentérale:souscutanée, intraveineuse (IVD, CIP
ou KTIV)
Cas de la voie intrathécale
Cas de la voie intracérébrale
Principes des interdoses (1)
Traitement des pics douloureux
paroxystiques
Molécules d ’action rapide
– environ 1h per os
– environ 30 minutes en SC
– quelques minutes en IVD, perfusion
lente ou voie transmuqueuse
Principes des interdoses (2)
Modalités d ’administration:
– avant un soin douloureux en tenant
compte du délai d ’action
– dès l ’apparition du pic douloureux, sans
attendre
Principes des interdoses (3)
– à renouveler après une heure si besoin
pour la morphine orale et parentérale
– à renouveler après 4 heures si besoin
pour les ATG de palier II oraux
– à renouveler une fois après 15 minutes
si besoin pour le fentanyl transmuqueux
Principes des interdoses (4)
Durée d ’action:
– environ 4 h à 6 h
– permet de couvrir efficacement un soin
douloureux
Principes des interdoses (5)
EXEMPLES (voie orale)
– Tramadol : Topalgic*, Contramal*
– Paracétamol Codeiné: Efferalgan
Codeiné*, Codoliprane*
– Morphine:Actiskenan*, Sevredol*,
chlorhydrate de morphine, Oxynorm*,
Oramorph*
Principes des interdoses (6)
Cas de la voie transmuqueuse:
Actiq*(fentanyl)
– bâtonnet à frotter légèrement sur la
muqueuse interne des joues
OPIOÏDES
QUELQUES REGLES A CONNAÎTRE (1)
Dose initiale de morphine : deux possibilités :
- Instauration d ’une dose initiale de
1 mg/kg/j soit 60 mg/24h chez l’adulte de poids
moyen
Pour la personne âgée ( 70 ans) , la
dose
sera diminuée de moitié.
- Titration de la morphine pour déterminer la
dose de fond nécessaire : utilisation de
morphiniques de demi-vie courte (personnes âgées,
insuffisance rénale, insuffisance hépatique…)
OPIOÏDES
QUELQUES REGLES A CONNAÎTRE (2)
Augmenter ensuite par palier de 30 à
50%
Les interdoses ou bolus sont adaptés à
la dose de fond 10% à 1/6ème de la
dose de fond sous forme d ’opioïde à
libération immédiate (chlorhydrate de
morphine, OXYNORM, ACTISKENAN,
SEVREDOL).
OPIOÏDES
QUELQUES REGLES A CONNAÎTRE (3)
Dose par voie sous cutanée (S/C) =
dose de morphine orale divisée par
2
Dose par voie intraveineuse (IV) =
dose de morphine orale divisée par
3
OPIOÏDES
QUELQUES REGLES A CONNAÎTRE (4)
Equianalgésie des opioïdes forts :
exemple
60 mg de morphine orale /24h
(ex: SKENAN®LP 30mg ×2)
= 30 mg de morphine S/C /24h
= 20 mg de morphine IV /24h
= 8 mg de SOPHIDONE®LP /24h (4
mg×2/j)
= 30 mg d ’OXYCONTIN®LP ou
OPIOÏDES
QUELQUES REGLES A CONNAÎTRE (5)
Arrêt du traitement opioïde : par
sevrage progressif
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (1)
CONSTIPATION
- Quasi-constante
- Surveillance des selles (calendrier)
- Traitement préventif systématique
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (2)
CONSTIPATION
- Si pas de selles pendant 48 heures
NORMACOL®
- Si survenue d’une diarrhée
 recherche d’un fécalome
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (3)
NAUSEES / VOMISSEMENTS
- 50% en début de traitement, souvent
transitoires
- prescription anticipée d’antiémétique, si
besoin, en début de traitement
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (4)
NAUSEES / VOMISSEMENTS
- Si persistance
 rechercher autre cause (constipation,
surdosage, hypercalcémie,métastases
cérébrales...)
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (5)
RETENTION D ’URINE
- rare
- y penser si : ventre
-
agitation
trouble du comportement
douleur dans le bas
troubles de la diurèse
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (6)
SYNDROME CONFUSIONNEL /
TROUBLES NEUROPSYCHIQUES
- Cauchemars - hallucinations
- Favorisés par la coprescription de
psychotiques
- Souvent transitoires
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (7)
SYNDROME CONFUSIONNEL /
TROUBLES NEUROPSYCHIQUES
- Savoir évoquer un surdosage ou une
autre cause (constipation, hypercalcémie,
métastases cérébrales…)
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (8)
PRURIT
- Rare
- Prescription d’antihistaminiques
- Autre cause?
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (9)
SECHERESSE BUCCALE
 Examen de la cavité buccale
Soins de bouche
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (10)
DIMINUTION DE LA SENSATION DE
SOIF
 Faire boire suffisamment
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (11)
SOMNOLENCE
- Transitoire et modérée
- Plus fréquente dans les situations de
« dette de sommeil »
- Si plus profonde et persistante
 surdosage?
EFFETS SECONDAIRES DES
OPIOÏDES (12)
DEPRESSION RESPIRATOIRE
Si surdosage
TRAITEMENT OPIOÏDE
SAVOIR DEPISTER ET SURVEILLER UN
SURDOSAGE (1)
Surtout :
- chez les personnes âgées
- en cas d’insuffisance rénale
évoluée
- en cas d’insuffisance hépatique
évoluée
TRAITEMENT OPIOÏDE
SAVOIR DEPISTER ET SURVEILLER UN
SURDOSAGE (2)
Signes de surdosage:
- Somnolence (elle précède la
dépression
respiratoire)
- Diminution de la fréquence
respiratoire
(FR)
- Myoclonies
ECHELLE DE SURVEILANCE DE LA QUALITE DE LA
RESPIRATION ET DE LA SOMNOLENCE SOUS
OPIOÏDES
RESPIRATION
R0 régulière, sans problème et FR > 10/mn
R1 ronflements et FR > 10/mn
R2 irrégulière, obstruction, tirage ou
FR < 10/mn
R3 pauses, apnée
SOMNOLENCE OU SEDATION
S0 éveillé
S1 somnolent par intermittence, facilement éveillable
S2 somnolent la plupart du temps, éveillable par stimulation verbale
S3 somnolent la plupart du temps, éveillable par stimulation tactile
ROTATION DES OPIOÏDES (1)
C ’est le changement d ’un opioïde
par un autre justifié par la diminution
du ratio bénéfice / risque.
ROTATION DES OPIOÏDES (2)
Indications :
- Survenue d ’effets indésirables
rebelles malgré un traitement
symptomatique adéquat.
- Survenue d ’un phénomène de
résistance aux opioïdes.
ROTATION DES OPIOIDES (3)
Remarques:
- Pas de critères de choix validés
- Selon les doses équianalgésiques
Plusieurs dipositives sont issues de la
formation de base Douleur du CLUDS
Quelques mots sur le CLUDS…
Merci pour votre atention!
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