Dynamiques corticales de l'éveil chez la souris - Rôle des afférences thalamo-corticales CRNL-WAKING "Physiologie Intégrée du Système d'Eveil" Soutenance thèse de Laura M.J. Fernandez Membres du jury: Alain Destexhe, Véronique Fabre, Antoine Depaulis, Rémi Gervais, Sylvain Crochet et Paul Salin (Thèse dirigée par Sylvain Crochet et Paul Salin). Résumé: L’activité électrique du cerveau lors de l’éveil est traditionnellement décrite comme rapide, microvoltée, et globalement « désynchronisée ». De récents travaux chez les rongeurs ont montré que l’activité de l’éveil est plus complexe et varie notamment avec les contraintes comportementales. Par exemple, chez la souris, il est possible d’enregistrer dans le cortex somatosensoriel primaire (S1) tant au niveau du potentiel de membrane d’un neurone (enregistrement intracellulaire) qu’au niveau de la population neuronale (Potentiels de Champs Locaux, PCLs) deux types d’activités différentes qui sont associées aux comportements d’éveil calme et d’éveil « actif », lors de l’exploration de l’environnement par les moustaches. Par quels mécanismes émergent ces différents états d’éveil dans le cerveau ? Les changements d’états enregistrés sont-ils locaux ou existe-t-il des liens entre différentes aires corticales sensorielles et associatives ? Le but de ma thèse est de décrire les signatures électrophysiologiques de ces deux états et de déterminer les mécanismes qui les sous-tendent. Dans la première étude de ma thèse, je me suis intéressée aux mécanismes cellulaires et synaptiques à l’origine du changement d’état cérébral observé lors de la transition de l’éveil calme à l’éveil actif. Cette transition se traduit au niveau des neurones corticaux par une suppression des fluctuations lentes du potentiel de membrane tandis que les fluctuations rapides de basse amplitude persistent. Cette activation corticale dans S1 est fortement corrélée à une augmentation de décharge des neurones thalamo-corticaux qui relaient l’information sensorielle vers le cortex. Par ailleurs, l’inactivation pharmacologique spécifique du thalamus ralentit l’activité corticale lente observée pendant l’éveil calme et supprime l’activation observée pendant l’éveil actif. En utilisant l’optogénétique, il est possible de photoactiver le thalamus et de reproduire l’activité corticale de l’éveil actif alors que la souris est dans un mode d’éveil calme. Le thalamus apparait donc indispensable à la genèse du rythme cortical rapide de l’éveil actif. Mais il ne semble pas être le seul responsable du changement d’activité corticale entre l’éveil calme et l’éveil actif, puisqu’un changement d’activité corticale pendant l’éveil actif persiste après l’inactivation du thalamus. Plusieurs neuromodulateurs contrôlent l’activité corticale au cours de l’éveil. En combinant l’inactivation du thalamus et le blocage local des récepteurs muscariniques dans S1, le changement d’activité corticale est aboli. Le système cholinergique participe donc également au contrôle de l’activité corticale de S1 pendant l’éveil. Dans un second temps de ma thèse, je me suis demandé si les changements d’activité de S1 observés pendant les éveils calmes et actifs sont présents dans d’autres aires sensorielles, ainsi que dans des aires motrices, associatives et limbiques liées au système sensoriel. Pour répondre à cette question, j’ai enregistré chez la souris les PCLs lors de l’éveil dans plusieurs structures corticales: en plus de S1, les activités des cortex somatosensoriel secondaire (S2), moteur primaire (M1), auditif primaire (Au1) et visuel primaire (V1), ainsi que les cortex pariétal associatif (PtA), préfrontal médian (mPFC), et enfin la partie dorsale de l’hippocampe (dCA1) ont été enregistrées. En fonction de l’activité musculaire, il est possible de discerner un éveil calme et un éveil actif. L’activité des aires sensorimotrices – S1, S2 et M1 – est dominée par une activité lente (La première étude a permis de montrer que les activités corticales des éveils calme et actif observées dans S1 sont sous le contrôle principal du thalamus et, dans une moindre mesure, du système cholinergique. L’étude d’enregistrements multisites montre ensuite une hétérogénéité des activités corticales de l’éveil liée d’une part au comportement de l’animal et d’autre part aux régions corticales considérées.