gouvernance mondiale

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Thème 4 : Les échelles de gouvernement du monde : L’échelle mondiale.
La gouvernance économique mondiale
depuis 1944
Introduction :
La question de la gouvernance mondiale (notion clé du chapitre !) se pose dans le
contexte de la mondialisation. La mondialisation se définit comme la mise en relation et
l’interdépendance croissante entre les territoires à l’échelle mondiale. A cause de cette
interdépendance, il devient de plus en plus nécessaire de définir des réglementations à
cette échelle. Cela ne signifie pas la mise en place d’un gouvernement mondial sur le
modèle traditionnel des Etats mais la mise en place de réglementations communes.
Ce chapitre porte sur la gouvernance économique mondiale qui se définit comme : la
mise en place de règles internationales visant à encadrer la mondialisation. L’objectif
actuel principale de cette gouvernance est d’assurer un développement durable
(croissance économique + augmentation du niveau de vie + respect de l’environnement)
et de renforcer la coopération entre les acteurs.
Les acteurs de la gouvernance mondiale ne sont donc pas que les Etats. Les
règlementations peuvent être proposées et mises en place par un multitude
d’acteurs publics (Etats, FMI, OMC, G7, G20, BRICS, Organisations régionales) ou
privés (ONG, FTN).
Plan du cours :
I.
De 1944 à 1971: Le système de Bretton Woods organise l’économie mondiale
II.
La gouvernance économique mondiale à l’épeuvre de la crise (1971-années
1990)
III.
Gouvernance économique mondiale et mondialisation depuis les années 1990
I.
De 1944 à 1971: Le système de Bretton Woods
organise l’économie mondiale
a. Contexte 1944 : une économie mondiale désorganisée et à reconstruire

Une des causes principales de la Seconde Guerre mondiale est la crise
économique de 1929 qui touche fortement l’Europe et favorise l’instabilité
politique et la mise en place de régimes totalitaires. Elle pousse aussi les pays au
protectionnisme1 qui réduit les échanges et donc l’interdépendance entre eux,
favorisant la guerre. Les pays occidentaux entendent donc bâtir une coopération
économique internationale solide : la stabilité monétaire et la croissance
économique sont considérés comme indispensables au maintien de la paix
mondiale.
Protectionnisme : politique d’un État consistant à protéger son économie de la concurrence
extérieure, en limitant les importations par des taxes, des normes contraignantes ou des quotas,
en encourageant les exportations et en privilégiant les entreprises nationales par des commandes
publiques. Le protectionnisme est le contraire du libéralisme.
1
1


A l’issue de la guerre, une nouvelle hiérarchie des puissances émerge :
o Les pays européens doivent assurer leur reconstruction (infrastructures
détruites, grosse inflation, monnaies faibles).
o Le Japon est placé sous tutelle américaine et l’URSS est une puissance
majeure au niveau politique, mais moins au niveau économique.
o Ce sont les Etats-Unis qui se retrouvent au sommet de la hiérarchie des
puissances, en tant que première puissance économique mondiale.
Quels sont les objectifs des Etats-Unis ?
o Les Etats-Unis se sont considérablement enrichis pendant la guerre en
exportant des armes et des produits industriels. Leur puissance repose sur
l’industrie. En 1944, ils produisent 60% des produits fabriqués dans le
monde. Ils cherchent donc des nouveaux débouchés pour garantir la
stabilité de leur économie qu’ils doivent transformer en économie de
paix.
o Ils cherchent également à maintenir leur puissance financière. Ils
détiennent 2/3 du stock d’or mondial.
o Ils cherchent également à éviter la propagation du modèle communiste.
Du coup, ils vont prendre des initiatives pour réduire la misère qui
règne dans le monde et promouvoir le libéralisme et le libre-échange2
comme modèles alternatifs au communisme.
b. La mise en place d’une gouvernance économique mondiale
Les accords de Bretton Woods (1944) :
 Avant même la fin de la guerre, en juillet 1944, les délégués de 44 nations se
réunissent aux Etats-Unis lors de la conférence monétaire internationale de
Betton Woods. Les accords signés réorganisent l’économie mondiale.
 Ils édifient un nouveau Système Monétaire International (SMI). La valeur de
chaque monnaie est exprimée en or ou en dollars. Un taux de change fixe,
indexé sur le cours du dollar, lui-même rattaché à l’or, est mis en place : c’est le
« Gold Exchange Standard ». Le dollar devient donc la monnaie de référence
internationale pour les échanges.
 Deux banques sont créées :
o Le Fond Monétaire International (FMI) sert à maintenir la stabilité
des taux de change en prêtant de l’argent aux Etats en difficulté.
o La Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement (BIRD) plus connue sous le nom de Banque Mondiale
fait des prêts à long terme pour la reconstruction, mais surtout pour des
projets de développement.
 Les Etats-Unis dominent ces deux banques. En 1947, ils complètent les accords
de Bretton Woods par la mise en place du Plan Marshall, une aide de 13
milliards de dollars aux pays d’Europe occidentale qui permet :
2
Dernier rappel :
 Le libre-échange est un système économique qui prône la libre circulation des produits
et services par la suppression des barrières douanières (droits, taxes) et de tout ce qui
peut entraver le commerce.
 Le libéralisme économique est une doctrine prônant la non-intervention de l’Etat dans
le domaine économique et social. Elle est donc favorable aux libertés politiques et
économiques comme la libre entreprise, la dérégulation du marché du travail…
2

o De fournir un débouché aux entreprises américaines et donc de stimuler
la production industrielle.
o D’endiguer l’influence soviétique.
Les pays européens créent l’Organisation européenne de coopération
économique (OECE) pour gérer cette aide américaine.
La mise en place du GATT
 Lors les accords de Bretton Woods, la création d’une 4e institution est proposée :
l’Organisation Internationale du Commerce (OIC) destinée à réglementer les
marchés. Mais sa création n’est pas ratifiée par le Sénat américain qui a peur
que cette organisation ne devienne trop contraignante et donc contraire au
libéralisme.
 En 1947, cette organisation est donc remplacée par le General Agreement on
Tarifs and Trade (GATT) ou Accord Général sur les Tarifs douaniers et le
Commerce. Il est signé à Genève par 23 pays qui représentent 50% du
commerce mondial c’est-à-dire par les principaux acteurs du commerce
mondial.
 Il est destiné à promouvoir le libre-échange comme règle de commerce
international. Les droits de douane sur les produits manufacturés sont abaissés
pour relancer les échanges dans le contexte de l’après-guerre. Le GATT
s’occupe des produits industriels, mais pas de l’agriculture ou des services.
 Ces accords correspondent donc aux intérêts américains : ils luttent contre le
protectionnisme (ce qui assure des débouchés aux produits américains) mais
offrent un cadre de négociation souple qui correspond aux désirs du Congrès
américain de ne pas mettre en place une organisation trop contraignante.
Le rôle de l’ONU
Le but principal de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est le maintien de la paix
internationale. L’ONU est fondée en 1945 (à New York, donc aux E-U, ce n’est
évidemment pas anodin !) et ses fondateurs considèrent que la coopération
économique entre les Etats constitue un facteur de garantie du maintien de la paix
pour deux raisons principales :
 La coopération économique devrait assurer le développement3 de tous et donc la
stabilité politique interne des pays.
 L’augmentation des échanges rend les économies des différents Etats
interdépendantes. Or, si les Etats dépendent les uns des autres, ils ne vont
logiquement pas se faire la guerre.
Le FMI et la BIRD sont donc rattachés à l’ONU dès sa création.
Le retour à la croissance économique
 Le retour à la stabilité monétaire relance les échanges de façon spectaculaire :
c’est le début des Trente Glorieuses. La plupart des Etats (comme on l’a vu
avec le cas de la France) adoptent la théorie économique du keynésianisme qui
affirme que l’action de l’Etat dans l’économie et la politique monétaire est
nécessaire pour soutenir la croissance économique (c’est une forme
d’interventionnisme d’Etat mais qui concerne surtout la réglementation interne,
3
Dernier rappel : Développement = croissance économique + augmentation du niveau de vie
de la population. Développement durable = croissance économique + augmentation du niveau
de vie de la population + respect de l’
3

et pas externe : à l’interne on a un Etat providence, mais dans le commerce
international on favorise le libéralisme).
Les Etats-Unis sont les piliers du nouveau système économique international et
dominent les nouvelles institutions internationales qui fonctionnent selon leurs
intérêts (SMI, FMI, BIRD, GATT, ONU). Ils connaissent un « âge d’or » :
principaux contributeurs du FMI, leurs FTN exportent massivement, diffusion
de leur mode de vie sur toute la planète.
c. Les limites du système de Bretton Woods
La guerre froide :
La guerre froide limite la gouvernance économique mondiale aux Etats non
communistes. L’URSS participe à la conférence de Bretton Woods et signe les accords
en 1944. Mais comme les Etats-Unis dominent le système, l’URSS considère que ces
accords sont au service de l’impérialisme américain et se retire du système en 1946. Elle
refuse toute participation au nouveau système (SMI, GATT…) et oblige les autres pays
communistes à en faire autant : la Tchécoslovaquie refuse donc le plan Marshall dès
1947 et se retire du FMI en 1954.
Les pays du Tiers Monde
 La gouvernance économique mondiale est aussi contestée par les pays du
Tiers Monde.
o Lors de la conférence de Bandung (1955), de nombreux pays optent
pour le non-alignement et refusent de coopérer avec les différents blocs.
o En effet, ils jugent que le « nouvel ordre économique international »
n’est pas favorable à leurs intérêts et reste trop similaire au système
d’exploitation colonial : à ce moment-là, ces pays ne sont pas
industrialisés. Dans les échanges internationaux, ce sont donc des pays
exportateurs de matières premières pour les FTN des pays
occidentaux qui les transforment en produits manufacturés à plus forte
valeur ajoutée qu’ils exportent à leur tour. Ainsi, les exportations des
pays du Tiers Monde valent moins que celles des pays occidentaux et en
plus, ce sont les pays occidentaux qui fixent la valeur de ces
exportations.
o Dès 1963, 77 pays en développement s’organisent au sein de l’ONU
pour fonder le G77, pour défendre leurs intérêts.
o En 1960, les pays producteurs de pétrole fondent l’Organisation des
Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) pour affaiblir l’influence des
compagnies pétrolières occidentales et fixer les quotas de production – et
donc les prix – du pétrole et du gaz.
 Les pays du Tiers Monde contestent le système de Bretton Woods dès le début
des années 1950. Au début, les puissances occidentales ne les écoutent pas trop,
mais les années 1950-1960 marquent l’apogée des luttes de décolonisation. De
nouveaux Etats sont créés, et pour éviter qu’ils ne basculent dans le
communisme, les Occidentaux sont obligés d’accéder à une partie de leurs
requêtes.
 Un compromis est trouvé : de nouvelles institutions sont créées au milieu des
années 1960 : la Conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement (CNUCED) et le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD). Ce sont des organismes qui favorisent l’aide au
développement (infrastructures : ports, barrages, voies ferrées, mais aussi
4
éducation et santé). L’idée est la suivante : c’est en se développant que les pays
du Tiers Monde parviendront à un niveau de puissance égal aux pays
occidentaux, ce qui devrait rétablir le système (mais ce n’est pas le cas, car ces
pays continuent à avoir des économies de rente, donc dépendent des pays
occidentaux).
 Le contexte d’après-guerre marque une étape majeure dans la construction d’une
échelle mondiale de gouvernement qui s’exprime par la mise en place d’institutions
internationales au sein desquelles les Etats peuvent négocier et réglementer la
mondialisation (donc fonctionnement intergouvernemental).
 Le fonctionnement intergouvernemental est toutefois limité car tous les Etats ne
négocient pas d’égal à égal : les Etats-Unis dominent la gouvernance mondiale et ce
sont eux qui mettent en place ces institutions internationales, qui favorisent leurs
intérêts : paix (ONU), libre-échange (GATT), stabilité de leur monnaie (FMI),
développement pour lutter contre le communisme (BIRD, CNUCED, PNUD).
Transition : _____________________________________________________________
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II.
La gouvernance économique mondiale à l’épreuve de
la crise (1971-années 1990)
a. La fin du système de Bretton Woods
 Dès la fin des années 1960, la croissance économique mondiale ralentit : les
coûts de production sont de plus en plus élevés à cause des hauts salaires et des
taxes qui perdurent. Les entreprises font moins de profit et la concurrence est de
plus en plus rude. Les faillites se multiplient, le chômage et les prix augmentent.
 La crise économique révèle son ampleur dans les années 1970. Les Etats-Unis
n’arrivent alors plus à financer la conquête spatiale, l’Etat-providence et la
guerre du Vietnam. On dit que leur balance de paiement rentre dans un déficit
croissant. Cela signifie que les sorties de biens et capitaux sont supérieures aux
entrées : le pays dépense plus qu’il ne gagne (les FTN américaines émettent par
exemple trop d’IDE à l’extérieur) donc il doit emprunter de l’argent.
 Le pays a alors recours à la fabrication de monnaie. Il fabrique tellement de
dollars qu’en 1971, les dollars en circulation dans le monde représentent
cinq fois la valeur de l’or conservée aux Etats-Unis (le pays n’est donc plus en
mesure de convertir tous ces dollars en or). Des pays, comme la France depuis
1964, convertissent leurs dollars en or, ce qui montre une perte de confiance
dans le dollar. Le stock d’or américain diminue donc encore plus.
 Pour stopper cette diminution, le 15 août 1971, le président Nixon annonce la
fin de la convertibilité du dollar en or (ça veut dire qu’on ne peut plus changer
les dollars en or, donc ça permet aux E-U de garder leur stock d’or).
 C’est la fin du système de Bretton Woods, qui s’officialise en 1976 lors des
accords de Kingston. A partir de cette date, on instaure un système de change
flottant (voir PPT). La valeur des monnaies fluctue librement en fonction de
l’offre, de la demande, des décisions des Etats, de leur convertibilité, etc., ce qui
entraîne une forte insécurité monétaire.
5

La dévaluation du dollar (la diminution de sa valeur) incite les pays
exportateurs de pétrole à augmenter fortement leurs prix en 1973 (le prix
double) et 1979 (le prix triple). Ces deux chocs pétroliers aggravent la crise.
b. La victoire du libéralisme




La crise favorise le triomphe du néolibéralisme4 sur le keynésianisme.
o Cette thèse nait dans les pays anglo-saxons et va être adoptée par les
dirigeants Ronald Reagan (E-U, 1981-1989) et Margaret Thatcher
(Royaume-Uni, 1979-1990) au début des années 1980. Plus encore que
le libéralisme classique, le néolibéralisme attribue la crise économique
aux interventions de l’Etat dans l’économie.
o Pour combattre la crise, le néolibéralisme préconise des politiques de
rigueur (augmentation des impôts et diminution des dépenses publiques
pour réduire le déficit) et l’ouverture aux échanges.
o Cette théorie affirme que les marchés s’autorégulent naturellement (ils
fonctionnent bien s’ils ne sont pas entravés par des règles fixées par les
Etats ou les organisations internationales) et donc elle veut que les
organisations économiques internationales n’imposent pas trop de règles.
Elle promeut donc la déréglementation des échanges (ça permet
d’encourager la concurrence et d’attirer les investissements).
o Pour attirer des IDE, les Etats-Unis et le Royaume-Uni augmentent donc
les impôts des particuliers mais baissent ceux des plus aisés et des
entreprises, ils réduisent les avantages sociaux des salariés (par
exemple, le congé maternité n’est toujours pas garanti aux Etats-Unis) :
c’est la fin de l’Etat-Providence.
Le GATT organise donc d’importants cycles de négociations pour réduire les
barrières douanières un nouvelle fois : le Tokyo Round (1973-1979) et
l’Uruguay Round (dès 1986, il regroupe 117 pays). On cherche à réduire toutes
les formes de protectionnisme (quotas, normes…)
Le FMI et la Banque Mondiale mettent de nouvelle conditions aux prêts qu’elles
octroient : pour obtenir un prêt, les pays doivent adopter des mesures de
libéralisation (abaissement des barrières douanières, réduction des dépenses
publiques, privatisations, etc.)
Ces politiques libérales font augmenter de manière spectaculaire les échanges de
biens, services et capitaux entre les pays. Les FTN multiplient leurs filiales à
l’étranger. La révolution de l’information et des télécommunications accroît la
circulation de l’information. Les Etats contrôlent de moins en moins l’économie,
les flux sont de plus en plus nombreux, la mondialisation est de plus en plus
marquée. Dans le domaine de la finance, on parle de globalisation financière
car l’augmentation des flux permet la création d’un marché des capitaux à
l’échelle mondiale.
c. Une coopération internationale fortement déséquilibrée

Le G77 pend de l’importance dans les années 1970 et il continue de réclamer un
nouvel ordre économique international pour sortir du système économique hérité
de la colonisation, qui les laisse dépendants des actions des grandes FTN
Le néolibéralisme est une idéologie politique qui fait la promotion de l’économie de
marché et dénonce le développement de l’Etat providence ainsi que l’intervention de
l’Etat dans l’économie.
4
6




exploitant leurs matières premières. La première rencontre importante entre ces
pays est la conférence d’Alger qui a lieu en 1973. Ces pays qualifient le
système économique international de néocolonialisme (néo- = nouveaux => une
nouvelle forme de colonialisme).
Les firmes transnationales des pays du Nord sont donc des acteurs de plus en
plus important. Elle ont parfois encore plus de pouvoir que les Etats (c’est pour
ça qu’on parle de gouvernance mondiale et pas de gouvernement. Le
gouvernement concerne un seul acteur, l’Etat, tandis que la gouvernance est
opérée par de multiples acteurs). Elles délocalisent leur production, notamment
vers les pays du Sud où le coût de la main-d’œuvre est faible. Elles constituent
des groupes de pression qui agissent auprès des gouvernements et des
institutions internationales.
Les pays industrialisés les plus riches cherchent aussi à renforcer la coopération
entre eux. En 1975, la France, la RFA, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon et les
Etats-Unis fondent le G6, transformé en G7 en 1976 avec l’arrivée du Canada,
puis en G8 en 1998 avec l’adhésion de la Russie.
o Il s’agit d’un groupe de discussion et de partenariat économique qui
se réunit chaque année. Officiellement, ce groupe cherche à réaffirmer la
supériorité du modèle libéral sur le modèle communiste mais aussi de
lutter contre l’instabilité financière.
o Mais il est critiqué et accusé d’écarter la majorité des Etats de la gestion
économique mondiale, ce sont les grandes puissances qui prennent les
décisions et ont le pouvoir de les faire appliquer, ce qui crée un fort
déséquilibre mondial. Le G7 est considéré comme un « club de riches ».
o Par ailleurs, dans le cadre du GATT, ces pays créent des règles contre le
protectionnisme qu’ils n’appliquent pas. Par exemple, ils pratiquent les
quotas d’importations, c’est-à-dire qu’ils fixent une limite pour
l’importation de certains biens et services pour protéger leurs industries
ou agricultures nationales (pour leur assurer des débouchés internes). Le
GATT interdit ces pratiques mais il ne dispose d’aucun moyen de
sanction donc il ne peut pas les empêcher… De plus, il ne couvre pas les
secteurs agricoles et des services.
La situation des pays en voie de développement est critique dans les années
1980 et 1990. Ces pays se sont endettés auprès du FMI pour créer des
programmes de développement qui se sont souvent avérés être des échecs
(corruption, projets trop ambitieux ou pas adaptés aux besoins des
populations…). Ils se retrouvent dans l’incapacité de rembourses leurs emprunts
et affrontent des crises de la dette (exemple : le Mexique en 1982, mais c’est le
cas de la plupart des pays d’Amérique Latine). Le FMI leur prête de nouveaux
fonds en échange de réformes brutales, les Plans d’Ajustement Structurel
(PAS), des politiques de rigueur favorisant la déréglementation, la privatisation
et la libéralisation du commerce extérieur => on oblige ces pays à adopter une
économique néolibérale : réduire les dépenses publiques en faveur de
l’augmentation du niveau de vie de la population et s’ouvrir aux échanges. Les
PAS aggravent la pauvreté et provoquent des violences dans de nombreux pays.
Le FMI est donc accusé d’augmenter la pauvreté.
Il faut toutefois faire attention à ne pas schématiser la division Nord riche/Sud
pauvre : portés par le dynamisme du Japon, les nouveaux pays industrialisés
d’Asie (Hong-Kong, Singapour, Corée du Sud, Taïwan) jouent un rôle croissant
7

dans l’économie mondiale. La Chine communiste s’ouvre aux investissements
étrangers en 1979.
Pour stimuler les échanges avec leurs voisins, coordonner leurs politiques
économiques, et surtout peser un poids plus important dans les relations
économiques internationales, les pays commencent à se regrouper en
organisations régionales continentales : CEE (1957), ASEAN (1967).
 Dans les années 1970-début 1990 :
 Crise économique = abandon du système de Bretton Woods et victoire du
néolibéralisme.
 La gouvernance économique mondiale se concentre sur les règles de la
concurrence et le libre accès aux marchés plus que sur la stabilisation.
 De plus en plus d’acteurs interviennent dans la gouvernance économique
mondiale (de plus en plus d’Etats, de plus en plus d’organisations
intergouvernementales, mais aussi de plus en plus d’acteurs privés), ce qui
relativise le leadership américain.
Transition : _____________________________________________________________
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III. Gouvernance économique mondiale et mondialisation
depuis les années 1990
a. La mondialisation et ses conséquences
Il existe un lien étroit entre mondialisation et gouvernance économique mondiale : la
mondialisation provoque un besoin de gouvernance économique mondiale mais la
gouvernance économique mondiale stimule à son tour la mondialisation.
Contexte :
La fin de la guerre froide marque le triomphe du modèle capitaliste. La mondialisation
et la gouvernance économique mondiale peuvent désormais s’opérer véritablement à
l’échelle planétaire (incluant la Russie, l’Europe de l’Est et la Chine) et entrent dans une
nouvelle phase. Les tensions politiques se réduisent et le commerce mondial augmente.
Les grands bénéficiaires de cette ouverture sont à nouveau les Etats-Unis, grands
vainqueurs de la guerre froide qui en profitent pour renforcer leur poids dans les
organisations internationales et imposer le modèle néolibéral dans le reste du monde.
L’extension du libre-échange
 Les Etats-Unis accélèrent la mondialisation et promeuvent le libre-échange,
cette fois à l’échelle internationale (à quelques exceptions près, comme la Corée
du Nord, tous les pays adoptent ce système). Ils continuent donc à promouvoir
les PAS du FMI : Mexique (1994), Asie (1997), Russie (1998), ce qui pousse les
pays à se libéraliser.
 Mais surtout, ils remplacent le GATT par l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) en 1995, dotée de plus de pouvoir :
o Cette organisation fixe les règles du commerce international. Elle
promeut la réduction des tarifs douaniers, la libéralisation et la
8


concurrence dans les domaines industriels, mais aussi agricoles, des
services et de la propriété intellectuelle.
o Autre différence avec le GATT : elle peut infliger des amendes aux pays
qui ne respectent pas les règles admises (mais le problème reste le même,
un pays riche a assez d’argent pour payer une amende donc peut
continuer à ne pas appliquer les règles qu’il impose aux autres…)
o Officiellement, cette organisation veut œuvrer pour le développement
durable et que le commerce international bénéficie d’avantage aux
pays en développement. Du coup, tout Etat membre de l’OMC compte
pour une voix (quelque soit sa taille ou son poids économique), ce qui
permet à des pays pauvres de porter plainte contre des pays
industrialisés. Mais les procédures sont longues, complexes et coûteuses,
ce qui maintient le déséquilibre.
L’influence de l’OMC est toutefois restreinte par l’augmentation du nombre
d’organisations régionales : MERCOSUR (1991), UE (1992) ALENA (1994),
projet d’ASEAN+3, qui promeuvent une gouvernance économique régionale et
pas mondiale, et freinent en partie le libre-échange mis en œuvre par l’OMC à
l’échelle mondiale.
Les initiatives pour abaisser les tarifs douanier se multiplient. Ainsi l’Uruguay
Round se termine en 1994 par les accords de Marrakech, qui abaissent une
nouvelle fois les tarifs douaniers. En 2001, à Doha (Qatar), 145 pays se mettent
d’accord pour engager des discussions sur un nouvel abaissement des tarifs
douaniers et la suppression des subventions aux exportations agricoles, mais
le cycle de Doha se solde par un échec car l’UE et les Etats-Unis veulent
continuer à fermer leurs marchés agricoles et à subventionner leurs agricultures,
ce qui va à l’encontre de la libre concurrence (les agriculteurs européens et
américains reçoivent des subventions de l’Etat car l’Etat est suffisamment riche
pour leur en fournir. Du coup, ils peuvent produire, vendre et exporter leurs
produits à des prix plus bas que les agricultures des pays en développement,
dont les Etats sont soumis aux PAS, c’est un cas typique de concurrence
déloyale : les pays riches imposent aux pays pauvres des règles qu’ils ne suivent
pas !). Du coup, cette nouvelle phase de la mondialisation ne profite toujours pas
aux pays les plus pauvre.
b. La déréglementation à l’origine de nouvelles crises
Les années 2000 sont marquées par la multiplication des crises économiques. En mars
2000 a lieu le krach du Nasdaq, la valeur boursière des entreprises de haute
technologie chute brutalement.
La crise des subprimes :
En 2007 commence la crise des subprimes aux Etats-Unis qui provoque une crise
financière mondiale en 2008 (voir schéma) :
 Les banques américains ont accordé des prêts à des ménages américains aux
revenus modestes pour qu’ils s’achètent des biens immobiliers. Ces crédits
s’appellent les subprimes. Ils sont « à taux variables », ça veut dire que les
intérêts ne sont pas fixés d’avance, mais dépendent de l’évolution du marché de
l’immobilier.
 Comme les banques accordent trop de subprimes, la demande de logements
devient supérieure à l’offre (tous les ménages veulent une maison et peuvent en
9






avoir une donc il n’y a plus assez de maisons). Du coup, le marché de
l’immobilier augmente et donc les intérêts des subprimes sont en hausse.
Comme ces crédits ont donc un rendement élevé, les banques les transforment
en titres financiers et les vendent à des investisseurs du monde entier.
Comme les taux d’intérêt ont augmenté trop fortement, les ménages ne peuvent
plus rembourses leurs emprunts et cessent de payer leurs échéances. Ils sont
donc contraints de revendre leurs biens immobiliers.
Du coup, de nombreuses maisons sont en vente simultanément et la valeur du
marché de l’immobilier baisse. Les subprimes, désormais transformées en titres
financiers qui circulent sur le marché des capitaux mondial, perdent de leur
valeur. Double conséquence :
o Crise financière : les Banques sont en difficulté : elles n’accordent plus
de crédits et refusent de s’accorder des prêts entre elles.
o Crise boursière : risque de faillite des banques (la Banque Lehman
Brothers fait faillite) et krach boursier.
Pour éviter les faillites bancaires et pour encourager les banques à refaire crédit,
les Etats européens et américains, pourtant déjà endettés (déficit commercial),
empruntent sur les marchés financiers pour renflouer les banques et racheter
les entreprises en faillite, ce qui marque le retour de l’Etat dans
l’intervention économique.
Ces deux crises provoquent une crise économique mondiale : les pays
développés entrent en récession (diminution de la croissance économique), le
chômage augmente et la consommation doit être réduite.
Cette crise est attribuée à la déréglementation de l’économie et surtout à sa
financiarisation : de plus en plus de transferts de capitaux ne se font pas avec
de l’argent directement mais à travers la finance (actions boursières qui ont des
taux changeants, pays en faillite qui impriment des nouveaux billets sans
posséder d’or pour les convertir, etc.) Par exemple, beaucoup de banques prêtent
10
de l’argent qu’elles n’ont pas concrètement… C’est dans ce contexte que
Barack Obama décide de combattre les paradis fiscaux et oblige la Suisse à
livrer les noms des fraudeurs américains qui transfèrent une partie des fonds
publics sur leurs comptes privés.
La crise de la zone euro (2010-2011)
 En 2009, le premier ministre grec, Georges Papandréou, révèle que le déficit
budgétaire de son pays est plus de deux fois supérieur à ce qui avait été déclaré
par le précédent gouvernement (pour faire partie de l’UE et de la zone euro, il
des critères est d’avoir un déficit budgétaire faible, c’est pour ça que le
gouvernement grec précédent avait menti). La Grèce est contrainte de cesser de
rembourser sa dette. Les pays européens n’arrivent pas à se mettre d’accord pour
apporter à la Grèce un soutien financier. En effet, les pays riches, comme
l’Allemagne, ne veulent pas s’endetter pour racheter la dette de la Grèce. Mais
finalement, un plan est adopté qui prévoit de débloquer 110 milliards d’euros de
prêts pour racheter la dette grecque (fournis par les Etats de la zone euro et par
le FMI).
 La plupart des États européens, profondément endettés (entre autre car ils
ont aidé leurs Banques lors de la crise des subprimes), traversent alors une crise
monétaire grave à partir de mai 2010. Ils imposent alors des plans
d’austérité, surtout en Espagne, Irlande, Roumanie, Portugal et en Grèce.
Exemple pour la Grèce : baisse des salaires, interdiction d’augmenter les salaires
pendant 3 ans, l’âge de la retraite passe de 60 à 65 ans, augmentation des
taxes… Donc réduction des avantages sociaux partout dans la zone euro, même
en France et en Allemagne et augmentation de l’euroscepticisme.
c. La multiplication des acteurs de la gouvernance économique
mondiale
Gouverner à l’échelle nationale ou mondiale ?
 De nombreux acteurs affirment que ces crises sont dues au modèle supranational
(à l’échelle mondiale comme régionale) et souhaitent que les Etats reprennent le
contrôle intégral de leur souveraineté et restaurent les Etats-Providence contre
le modèle néolibéral.
 Mais le point de vue inverse existe aussi : de nombreux acteurs pensent que les
crises économiques des années 2000 résultent d’un défaut de réglementation des
marchés et mettent en avant la nécessité d’une meilleure gouvernance
économique mondiale.
De plus en plus d’acteurs non étatiques
 En même temps, de nouveaux enjeux globaux apparaissent qui nécessitent une
coopération entre les Etats. C’est notamment le cas dans le domaine
environnemental : gestion des ressources naturelles, lutte contre le
réchauffement climatique… Ces phénomènes sont transnationaux, ils traversent
les frontières des Etats et doivent donc faire l’objet d’une réponse concertée.
 Pour résoudre cette tension entre échelle nationale et échelle mondiale, les
organisations internationales promeuvent la mise en place d’une gouvernance
associant de nombreux acteurs : Etats, ONG, FTN, experts scientifiques,
etc. Le premier exemple est le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992,
organisé par l’ONU et associant des acteurs étatiques et non étatiques. Mais en
général, les sommets sur le réchauffement climatique ont tendance à échouer, les
11


acteurs les plus puissants étant aussi ceux qui favorisent la croissance
économique en dépit de la préservation de l’environnement.
Les FTN sont des acteurs de plus en plus important dans la gouvernance
économique mondiale. Elles se réunissent chaque année lors du Forum
économique mondial de Davos, en Suisse, pour défendre leurs intérêts et fixer
une stratégie globale.
Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) (acteurs non-étatiques)
o Elles se présentent comme les porte-paroles d’une société civile globale
(terme qui désigne l’ensemble des acteurs non-étatiques qui représentent
les citoyens à l’échelle mondiale). Ces ONG cherchent donc à
représenter les intérêts des populations, souvent négligées dans la
gouvernance économique mondiale qui favorise les intérêts des Etats ou
des FTN.
o Les ONG altermondialistes (c’est-à-dire qu’elles prônent une « autre »
mondialisation, d’autres règles pour le commerce mondial et notamment
la fin de la mondialisation néolibérale) se réunissent régulièrement
depuis 2001 lors du Forum social mondial (le titre est une allusion
directe au forum de Davos) pour réclamer une gouvernance économique
mondiale plus égalitaire et plus juste.
o Les altermondialistes dénoncent ce qu’ils appellent une « mauvais
gouvernance mondiale » et ils organisent des manifestations lors des
conférences de l’OMC, du G8 ou du FMI.
L’affirmation des pays émergents
 Les pays émergents, qui ont un poids économique de plus en plus important,
souhaitent également avoir un poids politique dans la gouvernance mondiale
plus important, c’est pourquoi ils parviennent en 1999 à créer le G20. Ce
groupement de 20 pays concentre 90 % du PIB mondial et les deux tiers des
échanges mondiaux, c’est pourquoi son rôle dans la gouvernance économique
mondiale est extrêmement important.
 En 2009, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, rejoints en 2011 par l’Afrique
du Sud s’unissent pour former les BRICS qui réclament une meilleure
représentation des Suds dans les organisations internationales. Attention : avec
la fin de la Guerre Froide le terme « Tiers Monde » n’est plus adapté (il n’y a
plus les 2 premiers blocs), c’est pourquoi on parle aujourd’hui des Suds (au
pluriel, pour montrer que les différents pays du Sud sont dans des situations
diverses et qu’il ne faut pas les considérer comme un bloc homogène) pour
parler des pays qui ne sont pas encore pleinement développés.
 Un des éléments clés de contestation par les pays émergents est la volonté de
réformer le Conseil de Sécurité de l’ONU dont les membres permanents ont un
droit de véto, alors que ce ne sont pas forcément les principales puissances
économiques ou démographiques.
 Avec les crises économiques, les Etats tentent de faire entendre leurs voix face aux
marchés financiers et aux FTN. Ils parviennent à instaurer quelques règles mais une
gouvernance durable, juste et associant tous les acteurs ne semble pas encore
d’actualité.
12
Protectionnisme : politique d’un État consistant à protéger son
économie de la concurrence extérieure, en limitant les importations
par des taxes, des normes contraignantes ou des quotas, en
encourageant les exportations et en privilégiant les entreprises
nationales par des commandes publiques.
Spéculation financière : opération ou série d’opérations d’achat et
de vente de titres financiers, dans l’objectif d’en tirer un bénéfice
grâce à la variation de leurs cours.
Zone de libre-échange : organisation constituée de pays
éliminant entre eux les droits de douane ainsi que les quotas à
l’importation. Ils conservent néanmoins leur propre politique commerciale
vis-à-vis des autres pays.
1944-1971 : réguler l’économie
pour la paix et la prospérité
Accords de Bretton Woods (1944).
Création du FMI et de la BIRD (1944-1945).
Croissance économique des Trente Glorieuses.
1971-1990 : la gouvernance mondiale
face à la crise
Fin de la convertibilité du dollar en or (1971).
Croissance dépressive.
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Essor du néolibéralisme.
Dérégulation de l’économie et fluctuation des
monnaies.
Depuis 1990 : la nécessité
d’une nouvelle gouvernance mondiale
Spéculation boursière.
Endettement des États et crise de la dette.
Intervention du FMI, du G20, des organisations
régionales et des États.
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