DOSSIER Interview Docteur Gérard MICK, spécialiste français de la migraine évidemment, très marqué, quoique non obligatoire. Enfin, souvent les patients migraineux et même des médecins, ne savent pas qu’il existe des traitements, radicaux, pour les soigner et ils ne les demandent, donc, pas ou s’imaginent qu’il est inutile de s’occuper d’une pathologie, somme toute bénigne et non curable. C’est aux médecins, aux autorités, aux acteurs de santé, de faire prendre conscience, à la population et à leurs collègues, que traiter la migraine est, aujourd’hui, possible et simple, en 2012. La migraine est-elle une maladie fréquente et pourquoi s’y intéresse t’on autant, aujourd’hui ? La migraine est une pathologie, qui affecte 12 à 15% de la population, dans le monde. Elle peut survenir, pratiquement, à tout âge ; touche, essentiellement, la population jeune en activité, mais, peut être un facteur de perte de qualité de vie, chez les patients âgés, également. Il est important de s’en soucier, aujourd’hui: en effet, les traitements préventifs mais, également, les traitements curatifs, ceux de la crise, sont multiples, efficaces et il n’est plus question de considérer la migraine comme une fatalité, en laissant des patients souffrir, parfois, pendant plusieurs jours, avec, d’autre part, une angoisse anticipatoire de la survenue des crises ultérieures, qui altèrent, considérablement, leur qualité de vie. Il est toujours possible de traiter une crise migraineuse, en 2012, et il est toujours possible d’accompagner un patient, avec des moyens pharmacologiques et non pharmacologiques, pour réduire la fréquence et la sévérité des crises, tout au long de la vie. Est-il facile de faire le diagnostic de migraine ? Il est extrêmement facile de faire le diagnostic d’une migraine, car les patients présentent des crises relativement similaires, avec des signes caractéristiques et en particulier, des signes digestifs et des signes d’hypersensibilité sensorielle, qui accompagnent le mal de tête. Ce mal de tête est, la plupart du temps, modéré à sévère, altère la poursuite des activités en cours et surtout, est aggravé par l’effort physique, ou les mouvements de la tête. Des critères diagnostics ont été énoncés par les experts internationaux et il existe des questionnaires, très simples à utiliser, en pratique quotidienne, pour faire le diagnostic, avec une grande confiance. Il n’y a, donc, aucun obstacle, aujourd’hui, à la réalisation d’un diagnostic par un médecin, quel qu’il soit, en 2012. 18 Santé-MAG N°07 - Juin 2012 Comment expliquer que de nombreux patients ne consultent pas ou n’utilisent pas les traitements spécifiques de la migraine, alors qu’ils sont très gênés par celle-ci ? Beaucoup de patients ne savent pas qu’ils présentent une migraine, ou bien ne parlent pas de leurs céphalées, à un médecin : c’est à celui-ci de poser la question, de façon assez systématique, car la céphalée est un symptôme extrêmement courant. D’autre part, quel que soit la culture, il existe un certain fatalisme, chez les migraineux, puisque les crises reviennent, inéluctablement, chez la plupart d’entre eux et que l’histoire de leur migraine s’inscrit dans une histoire personnelle et familiale : souci, stress, hyperémotivité, anxiété, baisse de moral, insomnie, aggravent la sévérité de la migraine. Le caractère, génétique, de la migraine est, Quel type de traitements existe-til, pour soulager une crise migraineuse? Il existe de nombreux traitements, mais deux familles se distinguent par leur efficacité, d’une part, leur simplicité d’usage, d’autre part. Tout d’abord, il existe les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui sont utilisés, par la plupart des patients, notamment dès le début de leur histoire migraineuse, mais qui ne sont pas, toujours, efficaces sur des crises, notamment sévères ou traitées tardivement. La famille la plus efficace, la plus sûre également, est la famille des triptans. En Algérie, le seul triptan disponible est RELPAX, qui peut être utilisé à 1 ou 2 comprimés, lors d’une crise. Toutes les études scientifiques, ainsi que les études, réalisées après la mise sur le marché, c’est-à-dire dans la population générale, ont confirmé l’extraordinaire efficacité de cette famille thérapeutique, la simplicité d’usage (1 crise, 1 prise) et enfin, leur sécurité d’emploi. Il était, auparavant, suspecté que cette famille de traitements avait des propriétés de constriction des vaisseaux sanguins, qui rendaient leur usage délicat, ou même dangereux. Aujourd’hui, il est démontré, depuis plus de 20 ans, que cette famille thérapeutique existe, qu’elle n’a aucune dangerosité spécifique, lorsqu’elle est utilisée chez des patients, pour lesquels les contre- DOSSIER indications sont simplement respectées. Ces contre-indications sont très simples : elles concernent tous les antécédents ischémiques d’origine vasculaire et les troubles du rythme cardiaque. Ces contre-indications concernent, très rarement, la population la plus fréquemment gênée par la migraine, mais il faut, comme pour tout usage de n’importe quel traitement, savoir identifier les sujets à risque. Il faut rappeler que les contreindications des anti-inflammatoires sont, également, nombreuses et que leur usage n’est pas dénué de dangerosité, à divers niveaux. Ainsi, les triptans sont indiqués, en première intention, chez les migraineux. Le triptan, disponible en Algérie, RELPAX, est un traitement, qui doit être inscrit dans l’outillage thérapeutique de tout médecin, au même titre que le PARACETAMOL, ou n’importe quel anti-inflammatoire. Peut-on utiliser ce traitement de la crise migraineuse, chez les patients, qui nécessitent un traitement préventif de la migraine, ou durant plusieurs années ? Il n’y a aucune contre-indication à utiliser RELPAX, en association à un traitement préventif de la migraine, dès lors que ce dernier traitement n’a pas de propriété vasoconstrictrice propre. Ceci ne concerne, en fait, que 2 parmi plus de 30 médicaments disponibles : il est, donc, toujours possible de réaliser une association chez n’importe quel patient. De plus, des études au long cours ont montré que l’usage de RELPAX ne donnait pas lieu à une habituation ou à une accoutumance, ni même à une dépendance. Il suffit de traiter les crises, quand elles surviennent, et ce le plus précocement possible. Chez certains patients seulement, du fait de la complication de la pathologie migraineuse et non pas du fait du traitement par RELPAX lui-même, les crises peuvent devenir de plus en plus fréquentes et l’usage de RELPAX devenir quotidien. Il faut, alors, proposer des mesures prophylactiques, parfois au cours d’une hospitalisation, pour stopper non tout traitement antalgique et réaliser une fenêtre thérapeutique, tout en instaurant un traitement préventif et réintroduire les traitements de crise, lorsque la migraine est redevenue épisodique. Pensez-vous que les habitudes des patients et des médecins, qui finalement changent peu ou lentement, seront un frein à l’usage des traitements appropriés de la migraine ? Fonctions médicales actuelles Praticien hospitalier de Neurologie / Prise en charge de la douleur Centre Hospitalier de VOIRON (depuis 2007). Coordonnateur de la Plateforme de Santé du Voironnais (depuis 2000) Responsable de l’Unité Fonctionnelle Interhospitalière d’Evaluation et Prise en Charge de la Douleur du Voironnais Centre Hospitalier de Voiron-Clinique de Chartreuse-Centre Hospitalier de Tullins-Centre Hospitalier de Rives (depuis 2009). Consultant d’évaluation et prise Il n’y a pas, vraiment, d’habitudes de en charge de la douleur chronique prescription à perdre, pour la migraine, rebelle au CHU de Lyon, Centre de en pratique quotidienne, puisque la Douleur de l’Hôpital Neurologique l’avènement de la classe des triptans (depuis 1997). est très récent, en Algérie. Il suffit de savoir qu’il existe, désormais, ce traite- Migraine avec aura : ment efficace et sûr, supérieur aux autres, un pronostic assez bon simple d’usage, que tout médecin peut prescrire. Cela change considérablement le paysage, en termes de qualité de vie, des patients migraineux et bien sûr, de qualité de prise en charge, par les médecins. Il ne s’agit pas de perdre des habitudes : il s’agit de prendre une bonne habitude, en prescrivant un traite- A long terme, les patients, atteints de migraine avec ment adapté, le plus tôt aura, peuvent espérer une longue période sans possible. symptômes, si l’on en juge par une étude, italienne, publiée dans Cephalalgia, un périodique médical, Merci, Docteur MICK, consacré aux maux de tête. 54 % des personnes pour ces précisions et examinées ont vu la fréquence de leurs attaques espérons que le milieu décroître (contre 25 %, qui ont éprouvé l’évolution médical sera sensible à inverse) ; chez 11 % d’entre elles, les maux de tête vos conseils ont disparu N°07 - Juin 2012 Santé-MAG 19