Céphalées aiguës - Du banal au grave

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Céphalées aiguës
Du banal au grave
La céphalée est un symptôme d’une grande banalité. Cependant,
devant une apparition soudaine, installée en quelques minutes
ou en quelques heures, un diagnostic approfondi s’impose.
O
n admet, actuellement, que
tout patient souffrant d’une
céphalée récente, qu’il s’agisse
d’un symptôme nouveau ou
d’une modification de la douleur chez un céphalalgique ancien, devrait bénéficier d’un doppler et d’un scanner en urgence,
éventuellement d’autres examens
complémentaires (angio-IRM,
ponction lombaire).
Des origines diverses
La recherche d’une cause de céphalée repose d’abord sur l’interrogatoire rigoureux (comment
la céphalée s’est-elle installée, son
évolution, les circonstances de
déclenchement, le contexte, etc.)
et sur l’examen clinique recherchant systématiquement des
signes associés.
Ainsi, l’extrême brutalité d’installation de la céphalée s’accompagnant de signes méningés
évoque une hémorragie méningée ; celle qui apparaît simultanément avec l’installation de
signes neurologiques focalisés
oriente vers un accident vasculaire (AVC) hémorragique ou ischémique. Rappelons à ce propos
l’importance de la reconnaissance
des premiers signes de l’AVC (très
souvent, les patients ne recherchent pas une aide suffisamment
rapidement), dont le pronostic est
meilleur si la prise en charge est
précoce. Le rôle des infirmières
est crucial pour la reconnaissance
des modifications cliniques d’un
AVC en évolution, notamment
l’apparition de troubles de la
conscience et de troubles de la
déglutition.
Autres causes possibles des céphalées aiguës : la dissection carotidienne, la méningite (présence de la raideur de la nuque,
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des vomissements, de la fièvre qui
peut être parfois peu élevée ou
absente), la thrombose veineuse,
l’encéphalite, l’hématome sousdural (notion de traumatisme),
l’hypertension intracrânienne aiguë (le fond d’œil montre un
œdème papillaire), les douleurs
d’origine ORL, ophtalmologique
ou cervicale ou encore l’artérite
temporale chez le patient de plus
de 60 ans présentant une altération de l’état général. Il faut savoir
que ce dernier doit bénéficier
d’un traitement corticoïde urgent
pour éviter le risque de cécité
définitive.
Lorsque les céphalées aiguës évoluent par crises, il s’agit, le plus
souvent, d’un accès migraineux,
plus rarement de l’algie vasculaire
de la face qui est caractérisée par
des accès douloureux intenses à
type de brûlures survenant une
ou plusieurs fois par jour pendant
une période de quelques semaines. Tandis qu’une douleur
en éclair pouvant disparaître en
quelques secondes et se repro-
La migraine
chez l’enfant
Si la pathologie migraineuse est
bien connue chez l’adulte, elle
l’est moins chez l’enfant. Elle
n’est bien connue ni par le sujet lui-même, ni par les parents,
ni par les médecins. Pourtant,
c’est la première cause de céphalées récurrentes chez l’enfant, bien avant les problèmes
ophtalmologiques et rhinosinusiens. La symptomatologie clinique de la migraine chez l’enfant est la même que celle de
l’adulte.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 39 - août-septembre 2002
duire après un temps de latence
plus ou moins long signe une névralgie du trijumeau.
Dans le service d’urgences, on
constate que la crise migraineuse
est le diagnostic le plus fréquent.
La migraine n’est pas toujours
unilatérale, la douleur est volontiers pulsatile, atteignant son
maximum en quelques heures,
associée à des troubles digestifs
et à la photophobie, précédée
d’un déficit neurologique bref
visuel dans la migraine avec
aura, alors que l’examen neurologique est normal. A souligner
que toute modification de la
céphalée chez un migraineux
connu impose le recours aux examens complémentaires.
Les neurologues sont préoccupés
par le problème de l’abus médicamenteux qui est à l’origine
des céphalées chroniques quotidiennes qui concernent 3 à
5 % de la population des migraineux. En effet, de nombreux migraineux considèrent qu’ils peuvent se “débrouiller tout seul”, en
utilisant des antalgiques et des
anti-inflammatoires en automédication. Devant la persistance,
(au-delà de 72 heures) d’une céphalée ayant débuté comme un
accès migraineux ou devant un
état de mal migraineux, il faut
hospitaliser le patient pour un sevrage aux antalgiques.
Dans le domaine de la migraine,
l’arrivée prochaine d’un nouveau triptan représente un nouvel espoir pour les patients qui
n’ont pas répondu à ceux existant. En somme, il s’agit d’une
nouvelle réserve de puissance de
traitement de la migraine permettant d’élargir les soins à un
nombre de patients qui n’ont pas
encore trouvé une solution thérapeutique efficace, y compris
des patientes qui souffrent d’une
migraine cataméniale.
Ludmila Couturier
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