La tribune du stratège 4 octobre 2016 Le marché a perdu l’un de ses piliers de soutien Lorsqu’on a demandé à Julian Edelman, célèbre receveur éloigné des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, quel était le conseil que lui répétait son père, Frank, il a répondu : « Dans la vie, tiens-t’en à l’essentiel. La vie est dure, mais simple. » James Swanson, CFA Chef des stratégies de placement, MFS Les notions élémentaires importent, dans la vie comme sur les marchés. Parfois, nous complexifions inutilement le monde de la finance en nous concentrant sur les politiques des banques centrales, les élections, les tendances techniques et les flux de capitaux. Nous devrions plutôt mettre l’accent sur l’essentiel : sur de longues périodes, les acheteurs veulent investir leur argent là où il y a d’importants flux de trésorerie, qui plus est en croissance. Ces flux de trésorerie, qu’ils soient évalués en fonction des bénéfices nets, des marges ou des rendements des capitaux propres, sont les véritables moteurs des cours des actions. Les investisseurs sont prêts à accepter la volatilité des cours en contrepartie d’un accès à ces flux de trésorerie. C’est aussi simple que cela. Le cycle économique actuel des États-Unis passera à l’Histoire grâce à ses flux de trésorerie disponibles inégalés. Les sociétés ont accumulé de grandes quantités de liquidités excédentaires en utilisant adroitement les technologies, en se dotant d’une main-d’œuvre bon marché ainsi qu’en tirant parti de la baisse des prix de l’énergie, de la faiblesse du coût du capital et du léger redressement de l’économie à l’échelle mondiale. À l’aube d’une crise financière mondiale, le marché est demeuré sceptique pendant plusieurs années, et les cours des actions se sont appréciés bien plus lentement que les bénéfices et les flux de trésorerie. Parallèlement, les banques centrales du monde entier, insatisfaites du ralentissement économique et des faibles niveaux d’inflation, ont appuyé indirectement les marchés boursiers à l’aide de politiques monétaires extraordinairement conciliantes. Dès lors, le marché était soutenu par page 1 de 2 La tribune du stratège / Octobre 2016 deux piliers : la vigueur des bénéfices et de faibles taux. Ceux-ci ont contribué à la reprise succédant la crise, où le S&P 500 avait atteint un creux de 666, pour ensuite grimper à 2 150 jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, les marchés ont connu un revirement dernièrement, et ce n’est pas pour le mieux. Les éléments essentiels à la progression des marchés à long terme, soit les flux de trésorerie et les bénéfices, sont faibles. La chute des prix des produits de base, le ralentissement de la croissance mondiale et la détérioration du pouvoir de fixation des prix ont entraîné cette diminution des bénéfices. Les revenus des sociétés ne surpassent plus la croissance économique, et les efforts de réduction de coûts ont plafonné. Les frais de vente, frais généraux et dépenses administratives ont augmenté dans la majorité des secteurs, tout comme les coûts de la main‑d’œuvre, alors que la faiblesse omniprésente s’est étendue à la plupart d’entre eux, la croissance annuelle des bénéfices ayant stagné. Pendant six ans, l’une des plus fortes hausses du marché a reçu le soutien fondamental d’un secteur privé efficace et en croissance, conjugué à l’action favorable de la faiblesse des taux d’intérêt du marché obligataire, la principale option de remplacement aux actions. Toutefois, il ne reste plus qu’un seul pilier de soutien, qui repose sur les bases fragiles que représentent les liquidités des banques centrales. Dans un monde de faibles taux d’intérêt, il demeure un courant de pensée voulant que les actions représentent la seule et meilleure option de placement. Cela me donne la chair de poule. J’aurais l’esprit tranquille dans une économie soutenue par deux piliers, mais pas dans un monde où le plus important d’entre eux s’effrite. Qu’arrive-t-il lorsque les banques centrales cessent de maintenir de faibles taux d’intérêt? Les marchés peuvent-ils progresser sans bénéfices ou de faibles taux? J’en doute. Heureusement, l’euphorie ne règne pas sur le marché, mais cela ne devrait pas durer. Souvent, lorsqu’un cycle économique tire à sa fin, la bonne humeur s’empare du marché et provoque des sommets non durables. Déjà, le cycle actuel de huit ans représente le troisième plus long de l’Histoire, le record du siècle dernier ayant été établi à dix ans. Bien que je souhaite que les paramètres fondamentaux retrouvent leur vigueur, et jusqu’à ce que des signes probants le montrent, s’écarter lentement de ce marché au rythme rapide pourrait être la solution la plus sécuritaire. Vers quoi doit-on se tourner? Les obligations de sociétés de première qualité ne sont pas la catégorie d’actif idéale, mais elles pourraient solidifier le portefeuille, car leur volatilité est généralement plus faible que celle des actions et qu’elles offrent un rendement anticipé assez élevé pour retenir l’attention des investisseurs. Le rendement passé n’est pas garant du rendement futur. Les points de vue exprimés sont ceux du ou des auteurs et peuvent changer sans préavis. Ils sont fournis à titre d’information seulement et ne doivent pas être considérés comme une recommandation d’achat d’un titre, une sollicitation ou un conseil en placement de la part du conseiller. À moins d’indication contraire, les logos, ainsi que les noms de produits et services, sont des marques de commerce de MFSMD et de ses filiales qui peuvent avoir été déposées dans certains pays. Publié aux États-Unis par MFS Institutional Advisors, Inc. (« MFSI ») et MFS Investment Management. 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