Actualités Helicobacter pylori FMC Val de Creuse - Argenton-sur-Creuse mercredi 12 décembre 2012 Christophe BURUCOA Laboratoire de Bactériologie CHU de Poitiers EA 4331 Université de Poitiers [email protected] 1 Helicobacter pylori • • • • • • Bactérie spiralée et mobile (1982) Colonise la muqueuse gastrique humaine Infecte 50% de la population mondiale Transmission interhumaine, familiale Gastrite, ulcère, cancer gastrique Tri-thérapie , traitement séquentiel, quadrithérapie • Seule bactérie responsable d’un cancer chez l’homme 2 1983-2012 Où en est-on? 1983 la découverte 1987 l’ulcère : maladie infectieuse 1994 agent carcinogène de type I 1995 1ère conférence de consensus 1997 séquençage de 26695 1999 séquençage de J99 2000 2ème conférence de consensus 2005 prix Nobel 2005 3ème conférence de consensus 2010 4ème conférence de consensus 3 Cancer Résistance Helicobacter pylori PTI Anémie par carence en fer Infection Gastrite aiguë Développement du MALT Gastrite chronique Décades Hypersécrétion acide Atrophie 90% Métaplasie Ulcère duodénal 10% 4 Gastrite chronique stable 85% Ulcère gastrique Cancer 5% 1% Lymphome Épidémiologie 50% de la population mondiale est infectée Grande variation de la prévalence selon les pays et même à l’intérieur des pays 90% 30% 30% 70% 80% 80% 70% 30% 5 Épidémiologie • Forte prévalence : bas niveau socio-économique fortes densités de population, promiscuité • Pas de différence selon le sexe • Infection acquise dans l’enfance • pas de réacquisition adulte La plus forte séroconversion : entre 4 et 5 ans 3% par an 100% 85% 50% Effet cohorte 0% 6 0 10 20 30 40 50 60 70 80 ans H. pylori carcinogène de classe I IARC OMS 1994 • données épidémiologiques • virulence de la bactérie Mécanismes de la • terrain génétique de l’hôte carcinogenèse • environnement • modèles animaux • impact de l’éradication sur la prévention du cancer 7 Helicobacter pylori Infection Gastrite aiguë Développement du MALT Gastrite chronique Atrophie Décades Hypersécrétion acide 90% Métaplasie Ulcère duodénal Ulcère 10% 8 Gastrite chronique stable Gastrite 90% Cancer Cancer 1-3% Lymphome Cascade des lésions précancéreuses Correa 1970 9 Gastrite chronique active 100 Atrophie 50 Métaplasie intestinale 40 Dysplasie 8 Cancer 1-3 Cancers de l’estomac Œsophage • Cancer gastrique proximal : cardia Cardia • Cancer gastrique distal : Fundus Liés • forme intestinale 80% À • forme diffuse 20% Duodénum H. pylori • Lymphome du MALT 10 Antre Epidémiologie du cancer gastrique • 4ème cause de cancer • 2ème cause de mort par cancer : 700 000/an, en augmentation • discordance prévalence infection/incidence cancer 90% 30% 30% 70% 1-15/100 000 5/100 000 80% 70% 30/100 000 11 80% 8/100 000 90/100 000 5/100 000 30% Facteurs prédictifs du cancer gastrique chez le patient dyspeptique 1526 japonais • endoscopies • infectés : 1246 • non infectés : 280 • Suivi moyen :8 ans 5 4 3 2 1 0 36 cancers Augmentation risque de cancer si : • • • 12 Uemura et al. N Engl J Med 2001 Atrophie gastrique sévère (RR:4,9) Gastrite diffuse (RR:15) ou prédominante dans le corps (RR:34) Métaplasie intestinale (RR:6,4) hôte hôte Déterminisme pathologique environnement 13 bactérie hôte hôte bactérie Susceptibilité génétique Risque familial : si ATCD familial de cancer de Déterminisme l’estomac, risque X2-20 pathologique Polymorphisme du gène codant pour l’IL-1β β, l’IL-1RA, l’IL-8, l’IL-10 et le TNF-α α environnement 14 Environnement Facteurs nutritionnels hôte hôte bactérie Susceptibilité génétique Fruits et légumes frais Risque familial : si ATCD familial de cancer de Aliments salés, fumés Déterminisme Thé l’estomac, risque X2-20 pathologique Poisson séché Vin (polyphénols) Polymorphisme du gène codant pour l’IL-1b, l’IL-1RA tabacet le TNF-a environnement 15 hôte Environnement Bactérie Facteurs nutritionnels Facteurs de virulence hôte bactérie Susceptibilité génétique Fruits et légumes frais Risque familial : si ATCD familial de cancer de Aliments salés, fumés Déterminisme Thé l’estomac, risque X2-20 pathologique Poisson séché Vin (polyphénols) Polymorphisme du gène codant pour l’IL-1b, l’IL-1RA tabacet le TNF-a Colonisation et établissement Persistance Genèse des environnement lésions carcinogenèse 16 Genèse des lésions L’îlot de pathogénicité cag 17 Îlot de pathogénicité Cag cagA Chromosome 2,7 Mb 18 Îlot génétique (20-90%) 40 kb, 31 gènes Insertion dans glr GC% 35%/39% chz Hp Vestiges d’intégration Cag A : antigène dominant, marqueur de virulence (cancer) Îlot de pathogénicité Cag cagII cagI cagA 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 T S QPOMN Système de sécrétion de type IV CagA Cellule épithélia le CagA IS 605 CagA Injection de CagA Constituants du canal Protéines de membrane externe Protéines de membrane interne H. pylori CagA CagA 19 L I HGFEDCBA Activités de l’Îlot de pathogénicité cag cagA inflammation Seringue Nod I PGN Cag A piédestal Polymérisation cytosquelette 20 NF-kB Carcinogenèse Cellule épithéliale gastrique CagA SrC P PCagA P P 2 P domaines SH2 SHP-2 CagA : oncoprotéine bactérienne P P GDP PCagA P SHP-2 P RAS GTP Activation de RAS SHP-2 RAS GDP 21 PCagA P P Activation en cascade des MAP kinases myc fos jun Activation du cycle cellulaire infection chronique Carcinogenèse Helicobacter pylori CagA CagA CagA adhésines Îlot cag fonctionnel VacA s1/m1 cytotoxicité Hôte : fundus + susceptibilité génétique 22 CagA répet. CagA inflammation cancer cycle cellulaire Environnement : régime favorable Prévention du cancer projet innovation CHU de Poitiers 30 mai 2011 Modèles animaux de cancer gastrique • Gerbilles de Mongolie - H. pylori • Furets - H. mustelae • Souris C57BL/6 – H. felis 12-18 mois • infection : séquence évolutive de Correa • rôle de l’îlot Cag • éradication : diminution du risque de cancer Houghton et al. Science 2004 : C57BL/6 – H. felis • destruction des cellules souches glandulaires • remplacement par cellules souches médullaires plus sensibles 24 Effet de l’éradication préventive de H. pylori dans un modèle animal (gerbille) Semaine 0 Infection H. pylori S15 S35 S55 S75 Pourcentage de cancers Éradication 6,7 % Éradication 27,3 % Éradication 38,2 % Groupe non éradiqué Nozaki K et al. Cancer Sci 2003;94:235-239 25 56,3 % Impact de l’éradication sur la prévention du cancer chez l’homme • Prévention primaire : intervention sur gastrite chronique étude chinoise, prospective, randomisée contre placebo 1630 patients infectés suivis 7,5 ans • 485 éradications : 0 cancer • 503 placebos : 6 cancers (p<0,05) • Prévention secondaire : intervention sur lésions précancéreuses 14 études : 6 pas d’effet 8 régressions (études les plus longues) 26 • Prévention tertiaires : cancers réséqués par mucosectomie étude japonaise, suivi 2 ans • 66 éradication : 0 cancer • 67 placebo : 6 cancers Quelle prévention du cancer gastrique • éradication mondiale : coût financier et écologique : résistances • éradication ciblée : • facteurs de virulence • polymorphismes génétiques • conduites alimentaires • familles : apparentés au premier degré • ATCD de cancer gastrique 27 Résistances en France : adulte/enfant 377 Enfants 1994-2005 1* 530 Adultes 2004-2007 2* 366 Adultes 2008-2009 3* Clarithromycine 86 (22,8%) 138 (26%) 21,3% Métronidazole 138 (36,7%) 324 (61%) Ciprofloxacine 8 (2,2%) 70 (13,2%) Amoxicilline 0 0 Tétracycline 0 0 Rifampicine 0 1 17% La résistance à la clarithromycine est plus élevée chez les enfants européens (31% vs 15,7%, p=0,002) 1. 2. 3. Raymond, Helicobacter 2007:12;157-63 Raymond, Helicobacter 2010: 18;21-27 Mégraud, Gut 2012: doi10 Helicobacter pylori • infecte 30% de la population en France • 200 000 malades à traiter chaque année • Traitement probabiliste IPP Amoxicilline Clarithromycine ou Métronidazole mais Échecs fréquents : 40% • Traitements de 2ème ligne : Lévofloxacine, Rifabutine, Tétracycline • Nouveaux traitements de première ligne : • Séquentiel : 5 jours IPP-Amoxicilline puis 5 jours IPPClarithromycine-métronidazole • Pyléra* : IPP Bismuth Tétracycline Métronidazole Alors qu’on a 23% de résistance l’antibiogramme n’est recommandé qu’après deux échecs Pourquoi une stratégie thérapeutique basée sur les résultats de tests de sensibilité aux antibiotiques n’est pas appliquée pour H. pylori ? Diagnostic • plus efficace Tests de sensibilité Choix des antibiotiques actifs • moins chère • évite la sélection de mutants résistants • préserve le capital thérapeutique Traitement Contrôle Faisable ? Intérêt médico-économique d’une stratégie thérapeutique basée sur un test PCR HELICOSTIC 12 centres 2 biopsies 1367 HelicoDR 521 (38%) Hp + Traitement empirique Tirage au sort Traitement orienté 256 IPP Amox Cla 265 Cla S IPP Amox Cla Lévo S IPP Amox Lévo Cla R Lévo R IPP Amox MTZ HELICOSTIC 12 centres 2 biopsies HelicoDR 1367 521 (38%) Hp + Traitement empirique Tirage au sort Traitement orienté 256 IPP Amox Cla 265 Cla R Cla S 201 IPP Amox Cla Lévo S 53 IPP Amox Lévo 72,5% 85,6% 64 Lévo R 11 IPP Amox MTZ Références • Malfertheiner P, Megraud F, O’Morai CA et al. Management of Helicobacter pylori infection-the Maastricht IV/Florence consensus report. Gut 2012; 61:646-64. •Révision des recommandations françaises sur la prise en charge de l’infection par Helicobacter pylori Hépato-Gastro. Volume 19, Numéro 7, 475-502, Septembre 2012, Recommandations • Site du GEFH : http://www.helicobacter.fr • Conseils de pratique de la SNFGE : http://www.snfge.org/01Bibliotheque/0K-Conseils-pratique/pdf/Conseil-de-Pratique-SNFGE-H-pylori.pdf Indications de recherche et d’éradication de H. pylori (1) •Ulcère gastrique ou duodénal. indications formelles , favorise la cicatrisation et prévient la récidive •Lymphome du MALT. prise en charge initiale de tous les lymphomes du MALT Elle peut suffire à obtenir une rémission durable. •AINS et aspirine. avant de commencer un traitement par AINS, particulièrement en cas de traitement prolongé ou en cas d’antécédent d’ulcère. •Prévention du cancer gastrique. L’infection par H. pylori est le facteur de risque principal du cancer gastrique ; l’éradication de la bactérie réduit le risque de cancer et prévient la progression des lésions pré-néoplasiques. •antécédents familiaux de cancer gastrique au premier degré. •résection localisée d’un cancer gastrique •lésions pré-néoplasiques: atrophie avec ou sans métaplasie intestinale. •traitement au long cours (au moins 6 mois) par antisécrétoires gastriques •avant une chirurgie bariatrique par by-pass gastrique •mutation des gènes de réparation de l'ADN (HNPCC). Indications de recherche et d’éradication de H. pylori (2) • Dyspepsie. bénéfice symptomatique faible. Si endoscopie pour dyspepsie, recherche et éradication justifiées même en l’absence de lésion visible pour prévention du cancer de l’estomac. • Anémie par carence en fer et Carence en vitamine B12 sans cause trouvée, Purpura thrombopénique chronique idiopathique • Indications spécifiques à l’enfant. • pas recommandé pour les douleurs abdominales fonctionnelles. •L’association avec les maladies suivantes n’est pas établie : otite moyenne aigue, maladies parodontales, allergie alimentaire, asthme, mort subite des nourrissons, retard de croissance, obésité Diagnostic des infections à Helicobacter pylori Invasives Ana-path Culture PCR Uréase Non invasives Non invasives Test respiratoire Ag dans les selles Sérologie Invasives Diagnostic des infections à Helicobacter pylori Invasives Ana-path Culture PCR Uréase Diagnostic des infections à Helicobacter pylori Invasives Ana-path Culture PCR Uréase Non invasives Test respiratoire Ag dans les selles Sérologie Les tests réalisés à partir de prélèvements endoscopiques Le test rapide à l'uréase. diagnostic rapide, en salle d’endoscopie. Sa positivité est suffisante pour initier un traitement d’éradication .Sa négativité n’exclut pas une infection. L'anatomo-pathologie. L’examen histologique détecte l’infection et évalue les lésions de la muqueuse ; cinq biopsies sont recommandées. La culture. seule méthode permettant de déterminer la sensibilité de H. pylori à tous les antibiotiques. Elle est recommandée chaque fois que possible et particulièrement après échec d’un traitement d’éradication. Deux biopsies (antre et fundus) sont nécessaires. L’amplification génique. excellente sensibilité et spécificité pour le diagnostic de l’infection. Elle permet la détermination des principales mutations impliquées dans la résistance à la clarithromycine (PCR en temps réel) et à la levofloxacine (test HelicoDR ). Les tests non invasifs La sérologie. Pas pour contrôle d’éradication. recommandée dans les situations où les autres tests peuvent être mis en défaut : ulcère hémorragique, atrophie glandulaire, lymphome du MALT, utilisation récente d’antibiotiques ou d’IPP. Le test respiratoire à l’urée marquée. détecte une infection active. fortement recommandé pour le contrôle de l’éradication, si au moins 4 semaines après l’arrêt des antibiotiques et au moins deux semaines après l’arrêt d’un traitement par IPP. La détection des antigènes bactériens dans les selles. Elle est recommandée pour le diagnostic et le contrôle de l’éradication, si le test respiratoire n’est pas réalisable. Particularités chez l’enfant • Lorsqu’une endoscopie est nécessaire, la recherche de H. pylori et l’étude de sa résistance aux antibiotiques sont recommandées. • L’infection doit être prouvée par culture ou par l’association de l’histologie et du test à l’uréase rapide. • La sérologie n’est pas recommandée. • L’éradication est toujours justifiée. • Elle doit être contrôlée soit par test respiratoire soit par recherche d’antigènes dans les selles 6 à 8 semaines après l’arrêt du traitement. Traitement La résistance aux antibiotiques est le facteur déterminant de l’échec du traitement d’éradication de H. pylori. Il faut adapter les recommandations de traitement de première ligne aux niveaux de résistance aux antibiotiques observés en France (clarithromycine 23%, fluoroquinolones 17%). La trithérapie de 7 jours à base de clarithromycine ne doit donc plus être prescrite en traitement probabiliste de première ligne en France. Le traitement probabiliste de première ligne La thérapie séquentielle : recommandée en première ligne en France. La quadrithérapie à base de bismuth : alternative, (allergie β-lactamines) Le traitement séquentiel • 5 jours amoxicilline (1 gr X2, 50 mg/Kg/j) et un IPP double prise (1-2 mg/Kg/J ) • 5 jours IPP (1-2 mg/Kg/j), clarithromycine (500 mg X 2, 20 mg/Kg/J) et métronidazole (500 mg X 2, 20 mg/Kg/j) en deux prises quotidiennes. La quadrithérapie à base de bismuth une seule gélule : 140 mg sous citrate de bismuth, 125 mg métronidazole et 125 mg tétracycline. Trois gélules 4 fois par jour avec 20 mg d’oméprazole deux fois par jour pendant 10 jours. pas disponible pour les enfants. Le traitement de seconde ou troisième ligne Chez l’enfant, dès le premier échec d’éradication: nouvelle endoscopie pour déterminer la résistance par PCR ou par culture et antibiogramme pour orienter le choix thérapeutique. Aucun traitement probabiliste ne peut être recommandé. Chez l’adulte, après un échec et en l’absence d’isolement de la souche, les antibiotiques exposant aux résistances déjà employés dans les précédentes associations thérapeutiques ne doivent pas être réutilisés. Chez les patients n’ayant pas précédemment reçu de clarithromycine, le traitement séquentiel doit être proposé ; chez les patients ayant reçu de la clarithromycine, la quadrithérapie à base de bismuth est proposée. Le traitement de seconde ou troisième ligne Chez l’adulte Après un échec d’éradication la réalisation d’un antibiogramme ou la détermination par des techniques de PCR des mutations bactériennes associées aux résistances à la clarithromycine et à la lévofloxacine est une alternative permettant de prescrire une trithérapie orientée. Chez l’adulte, c’est seulement après deux échecs d’éradication que la pratique d’une endoscopie pour isolement et antibiogramme de la souche est indispensable. En fonction de la sensibilité de la souche, on proposera : • Un traitement séquentiel ou une quadrithérapie à base de Bismuth • lévofloxacine (500 mgX2), amoxicilline (1 gr X2) et IPP double prise, 10 jours • rifabutine (150 mgX2), amoxicilline (1 gr X2) et IPP double prise, 10 jours Références • Malfertheiner P, Megraud F, O’Morai CA et al. Management of Helicobacter pylori infection-the Maastricht IV/Florence consensus report. Gut 2012; 61:646-64. • Site du GEFH : http://www.helicobacter.fr • Conseils de pratique de la SNFGE : http://www.snfge.org/01Bibliotheque/0K-Conseils-pratique/pdf/Conseil-de-Pratique-SNFGE-H-pylori.pdf GEFH GROUPE D’ETUDE FRANCAIS DES HELICOBACTERS POITIERS 21ème réunion annuelle Vendredi 25 janvier 2013 Helicobacter pylori Actualités 2013 Réunion parrainée par : La Société Française de Microbiologie La Société Nationale Française de Gastro-Entérologie La Société Française de Pathologie