PHYSIOLOGIE DE L’EXERCICE UV 104 SYSTEME NERVEUX AUTONOME P. PILARDEAU 1 SYSTEME NERVEUX AUTONOME Le système nerveux autonome (SNA) est composé des systèmes sympathique et parasympathique, et du système nerveux intestinal. Il est dit « autonome » car son fonctionnement ne répond pas à la « volonté » du sujet. Anatomiquement, on distingue les neurones préganglionnaires et les neurones postganglionnaires. I - GENERALITES 1.1 Système sympathique 1.1.1 Les neurones sympathiques Les neurones préganglionnaires du système sympathique sont situés dans la moelle épinière au niveau thoracique et lombaire. Ces fibres se terminent soit dans les ganglions abdominaux, soit dans les ganglions paravertébraux. Les médullosurrénales sont directement innervées par un neurone préganglionnaire. Les autres afférences sympathiques font relais dans un neurone (dit postganglionnaire) dont l’axone innerve les organes effecteurs. Surrénale Organe cible Fibre préganglionnaire postganglionnaire Moelle épinière Chaque neurone pré ganglionnaire se ramifie et peut ainsi contrôler plusieurs neurones postganglionnaires (fonction de distribution et d’amplification). Parallèlement plusieurs neurones préganglionnaires convergent vers un même neurone postganglionnaire, assurant ainsi une sécurité dans la transmission. Ramification 2 Convergence 1.1.2 Médiateurs du système sympathique Le système sympathique présente la particularité d’utiliser l’acétyl choline comme médiateur à l’extrémité de l’axone préganglionnaire et dans la majorité des cas, l’adrénaline comme médiateur axonal postganglionnaire. Ach Surrénale Adrénaline Ach Circulation Organe cible Adrénaline Moelle épinière Prégang Postgang La médullosurrénale se comporte comme un neurone postganglionnaire, elle est stimulée par l’acétyl choline et produit de l’adrénaline qui sera directement déversée dans le courant circulatoire et pourra être captée par de nombreux organes cibles. La stimulation nerveuse directe est donc très précise (une ou seulement un groupe cellulaire appartenant à un même organe), mais très limitée contrairement au grand nombre d’organes susceptibles d’être concernés par la sécrétion des catécholamines surrénaliennes. Lors de la stimulation, la médullosurrénale produit 80%d’adrénaline et 20% de noradrénaline. 1.1.3 Effets du système sympathique Les effets du système sympathique sont multiples et complexes. Seuls les effets en rapport direct avec l’activité physique seront retenus dans ce document. L’activité des terminaisons sympathiques sera différente suivant que les récepteurs seront de type ou adrénergiques. Les effets de ces récepteurs sont le plus souvent opposés. La prédominance de l’un ou de l’autre dans un même organe effecteur dépendra : = De leur concentration respective au niveau de l’organe = Des effets respectifs plus ou moins importants de l’adrénaline et de la noradrénaline (les récepteurs sont plus sensibles à la noradrénaline, alors que les récepteurs sont plus sensibles à la l’adrénaline). La localisation et les propriétés de ces récepteurs varient suivant les organes. Un même organe peut bénéficier des deux types de récepteurs. Localisation et effets des différents récepteurs : 3 1 : Leur localisation est postsynaptique. Ils sont localisés dans le cœur, les vaisseaux et plus généralement dans l’ensemble des muscles lisses. Leur stimulation provoque une contraction de ces muscles. 2 : Ils sont également post synaptiques mais leur localisation est très différente (pancréas, duodénum, encéphale). Leur stimulation provoque une diminution de la sécrétion d’insuline et de la motilité duodénale. 1 : Les récepteurs bêta 1 adrénergiques sont présents au niveau du cœur, des cellules adipeuses et musculaires. Leur stimulation augmente la fréquence cardiaque et présente un effet inotrope positif (augmentation de la vitesse et de la force intrinsèque des contractions). Sur le plan métabolique leur stimulation active la mobilisation et l’utilisation des lipides. En bloquant les récepteurs bêta (bêta bloquants) on diminue l’excitabilité cardiaque, la force de contraction et la fréquence. Ces médicaments sont notamment utilisés pour certaines hypertensions artérielles. 2 : Les récepteurs bêta 2 adrénergiques sont essentiellement localisés au niveau des bronches et des vaisseaux musculaires. Leur stimulation est à l’origine d’une bronchodilatation et d’une vasodilatation. Ils sont utilisés dans le traitement de la crise d’asthme. Stimulation : Les catécholamines peuvent stimuler de deux manières les récepteurs et , soit directement à l’extrémité de la fibre postganglionnaire, soit indirectement par voie sanguine quand la médullosurrénale a été stimulée. Le premier mécanisme est immédiat (ordre de la ms), alors que le second est beaucoup plus long (quelques minutes ou dizaines de minutes). On notera d’autre part que l’accessibilité aux récepteurs n’est pas nécessairement identique, certains récepteurs n’étant sensibles qu’à la stimulation nerveuse, alors que d’autres sont plus accessibles à la voie sanguine. Cette dissociation explique pourquoi les effets d’un stress (stimulation sympathique ganglionnaire) ne sont pas superposables à ceux de l’exercice physique (libération importante de catécholamines dans la circulation sanguine et notamment d’adrénaline). Le premier est préjudiciable à la performance, alors que le second place le sportif dans les conditions idéales pour réaliser un exploit. A titre d’exemple le stress provoque une vasoconstriction (récepteurs bêta) reconnaissable à la pâleur de la peau et perceptible par le sujet (sueurs froides, vertiges...). Alors que l’échauffement (stimulation de la médullosurrénale est responsable d’une vasodilatation nécessaire pour augmenter le débit sanguin musculaire et accélérer les échanges thermiques cutanés, mais aussi une bronchodilatation. 4 Organe Action Récepteur Augmentation de la fréquence 1 Augmentation de la force contractile 1 Musculaires Vasoconstriction Vasodilatation 1 2 Cardiaques Vasoconstriction Vasodilatation 1 2 Artères de la peau Vasoconstriction 1 Bronches Relaxation 2 Glandes salivaires Hyposialie Sécrétion de mucus 1 Glandes sudoripares Sécrétion Excrétion Ach 1 Glandes digestives Diminution 1 Médullo-surrénal Stimulation Ach Cœur Vaisseaux 1.2 Système parasympathique 1.2.1 Les neurones du système parasympathique Les neurones préganglionnaires du système parasympathique sont situés dans le tronc cérébral et la moelle épinière de la région sacrée. Les axones des neurones préganglionnaires sont relayés par des neurones postganglionnaires situés dans les ganglions parasympathiques à proximité des organes effecteurs. Pour cette raison les axones postganglionnaires présentent des axones courts. Tous les organes innervés par le système parasympathique sont également innervés par le système sympathique. Il est à noter que l’inverse n’est pas vrai. 1.2.2 Médiateurs du système parasympathique Les neurones préganglionnaires et postganglionnaires parasympathiques utilisent tous les deux l’acétyl choline comme médiateur. 5 Neurone préganglionnaire postganglionnaire Organe cible Ach Ach 1.2.3 Effets du système parasympathique. Organe Action Cœur Diminution de la fréquence Vaisseaux Pas d’action Bronches Contraction Glandes salivaires Hypersialie Sécrétion séreuse Glandes sudoripares Pas d’action Glandes digestives Stimulation Médullo-surrénal Pas d’action Les systèmes sympathiques et parasympathiques présentent le plus souvent des effets opposés. Il est donc essentiel qu’une coordination assure un équilibre entre ces deux systèmes. Ce contrôle est assuré au niveau du tronc cérébral et de l’hypothalamus. 1.3 Système nerveux intestinal Le système nerveux intestinal se trouve localisé dans les tuniques entourant l’intestin. Ses principales composantes sont les plexus de Meissner et d’Auerbach. Ce système est composé de fibres sensitives et motrices destinées à la motricité intestinale. Son activité peut être modulée par des afférences sympathiques et parasympathiques. 6 II - REGULATION DU SYSTEME NEUROVEGETATIF Le système neurovégétatif présente un double système de contrôle ; une voie réflexe spinale et un contrôle par le tronc cérébral et l’hypothalamus. 2.1 La voie spinale réflexe végétative. Il s’agit d’une interconnexion entre les afférences viscérales et le système nerveux végétatif au niveau de la moelle épinière. Ce système formé de trois synapses (2 dans la substance grise de la moelle et une dans le ganglion spinal végétatif). La voie réflexe végétative permet ainsi la prise en compte d’informations provenant des organes innervés. On parle de voie réflexe cardio-cardiaque, cutanéo-viscérale.... Ganglion spinal Substance grise Fibres afférentes Organe Fibres nerveuses préganglionnaires Moelle épinière Schéma de la voie réflexe spinale végétative 2.2 Contrôle cérébral L’hypothalamus et le tronc cérébral participent de façon importante à la régulation du tonus du système végétatif. Les voies descendantes provenant du tronc cérébral et de l’hypothalamus présentent des synapses à chaque étage de la moelle épinière. Le relais est réalisé par des synapses dont le médiateur chimique peut être différent suivant l’origine de la fibre : Adrénergique (tronc cérébral) Sérotoninergique (Raphé médian) Nordadrénergique (noyaux du pont) Vasopressinergique (Noyau paraventral). L’hypothalamus, de part ses relations avec les fonctions sensorielles joue un rôle d’intégrateur. Il transmet par la voie descendante des informations aux systèmes sympathique et parasympathique qui agissent en synergie. Ces principales fonctions concernent : Le rythme jour/nuit et la fonction veille/sommeil Le système de thermorégulation Le bilan calorique et la notion de satiété La conscience Les régulations endocriniennes La fatigue et le stress 7 Le système neurovégétatif est donc bien autonome, puisque difficile à commander (certains yogis sont cependant capables d’imposer leur volonté), mais en « prise directe » avec l’environnement et le statut du sujet (fatigue, satiété, température...) L’activité sportive est donc à la fois dépendante de ce système (de la qualité de la régulation dépendra la qualité de la performance), mais aussi source d’information que ce système devra gérer au mieux pour éviter les manifestations du surentraînement (épuisement calorique, hyperthermie maligne, épuisement physique et psychique.....) 8