RSCA N° 3 3ème Semestre : Service de Médecine Interne du Pr PAPO, Hôpital Bichat : Le Patient et Le médecin face à la fin de vie Mon stage de Médecine Interne est déjà bien entamé quand je reçois dans le service Mme M , 64 ans, hospitalisée à la demande de son médecin traitant pour dyspnée sévère évoluant depuis 15 jours déjà. Quand je la rencontre, la patiente est effectivement polypnéique à 30/min, apyrétique, saturant à 92% sous 2L d’oxygène. Elle est manifestement très gênée pour respirer, présente des signes de lutte à type de tirage sus claviculaire, balancement thoraco-abdominal, conservant tout de même une bonne hémodynamique, sans cyanose. L’interrogatoire est difficile, la patiente semble épuisée. Je décide donc de chercher dans les archives informatisées de l’hôpital. La patiente est effectivement connue du service et présente pour principaux antécédents : Un cancer du sein opéré en 1990, histologie te traitements non connus Un syndrome dépressif ayant nécessité plusieurs hospitalisations en psychiatrie, dans un contexte de sevrage de toxicomanie à l’héroïne Cirrhose Child A d’origine alcoolique BPCO post tabagique avec trouble ventilatoire obstructif modéré (tabac actif 80 PA) Un cancer pulmonaire à petites cellules compliqué d’un SIADH sévère et de métastases ganglionnaires et osseuses, découvert en novembre 2011. Elle avait bénéficié de 6 cures de chimiothérapie par Carboplatine® et Etoposide®, associées à une radiothérapie cérébrale prophylactique. Le dernier bilan, réalisé en juillet 2012, révèle une disparition quasi-totale de l’infiltration médiastin hilaire, des adénopathies et l’absence de nouvelle lésion osseuse. Je comprends très vite que la patiente est très probablement en train de rechuter de son cancer. J’instaure un traitement à visée symptomatique comprenant oxygénothérapie, aérosols rapprochés et kinésithérapie respiratoire. Je mets aussi la patiente sous bi antibiothérapie par Rocéphine® Rovamycine® après avoir effectué tous les prélèvements et demande en urgence quelques examens complémentaires afin de pouvoir poser rapidement un diagnostic précis. L’antigénurie pneumocoque est positive. L’angioscanner thoracique ne tarde pas à confirmer ma crainte, décrivant : Un volumineux syndrome tumoral médiastinohilaire droit, une importante raréfaction vasculaire du lobe moyen une obstruction quasi complète de la bronche droite une atélectasie complète du lobe supérieur droit. Une infection de la pyramide basale droite. Nous y sommes : non seulement la patiente souffre d’une pneumopathie décompensant sa BPCO mais elle s’asphyxie à cause du cancer qui obstrue progressivement la bronche souche droite. S’ensuit l’annonce de la rechute, de l’évolution inexorable du cancer, de son avancée rapide et fatale. J’ai beaucoup progressé dans l’annonce pendant le stage, beaucoup appris en écoutant mes séniors, mais c’est à chaque fois différent, à chaque fois le sentiment de faire basculer une vie, de faire aveu d’échec et d’impuissance. Dès le lendemain, les choses s’accélèrent : la patiente est polypnéique à 45/min, tellement dyspnéique qu’on l’entend lutter du bout du couloir. Elle est accrochée aux barrières du lit pour respirer, les yeux exorbités, reflétant la lutte contre l’asphyxie. Horrifiée, j’insiste auprès de mon sénior pour la mettre sous morphine, jouant à la fois sur l’effet antalgique et dépresseur respiratoire. La patiente va être apaisée 48h, avant de se retrouver une fois de plus au bord de l’arrêt respiratoire, luttant de toutes ses forces pour prendre de l’air. La voir se débattre ainsi est insoutenable. Mon sénior évoque alors gravement la possibilité de faire appel à la sédation terminale. Quand on pose simplement la question à la patiente « voulez-vous que l’on essaie de vous soulager mieux, au risque de vous plonger dans le coma ? », la patiente fera non de la tête, trop dyspnéique pour répondre. L’équipe de soins palliatifs est consultée pour prendre en charge au mieux la patiente. Elle sera mise sous Hypnovel® et luttera ainsi pour trouver son air pendant 15 jours. La prise en charge de cette patiente aura été pour moi très difficile, tant sur le plan thérapeutique pur (peur d’utiliser trop de morphine, peur des effets secondaires, peur de ne pas assez soulager) que sur le plan de la relation médecin malade. J’étais l’interne référent de cette patiente, et donc par conséquent une oreille privilégiée, se devant d’être à l’écoute du ressenti de ma patiente, de sa gêne respiratoire mais aussi de sa peur de la mort, ses doutes, ses regrets et ce plusieurs fois par jour, puisque son état nécessitait une surveillance rapprochée…Très difficile pour moi de prendre de la distance, de ne pas sentir grandir en moi une forme de « sentiment maternel » qui m’aura poussée souvent à solliciter mon chef afin d’augmenter les doses de morphine et d’hypnovel pour la soulager et me soulager moi-même, il faut bien l’avouer. J’étais de garde lorsque j’ai été appelée pour constater son décès : j’ai alors éprouvé un soulagement coupable mais aussi une certaine fierté à l’avoir accompagnée jusqu’au bout, en veillant en permanence à des soins mesurés, approuvés collégialement. Peut-être avais-je réussi à l’accompagner dans sa fin de vie, au plus près de ses volontés, dans le cadre légal autorisé. Les soins palliatifs : définition et principes clés La sédation terminale : définition, champs d’application. La mort à domicile, quel rôle pour le médecin traitant ? Les soins de confort et la fin de vie : quelle limite entre confort et acharnement ? SOINS PALLIATIFS et Principes clés : Définition des soins palliatifs (1999) Article 1er de la loi n°99-477 – Les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage. Les directives anticipées (loi Léonetti, 2005) : Il s’agit d’instructions que donne par avance une personne consciente, sur la conduite à tenir au cas où elle serait dans l’incapacité d’exprimer sa volonté. Valables pour une durée de trois ans, elles sont modifiables et révocables librement à tout moment. Les directives anticipées doivent être facilement accessibles pour le médecin qui devra en tenir compte. Elles peuvent être conservées en plusieurs exemplaires à différents endroits : par l’auteur lui-même, la personne de confiance, un membre de la famille ou un proche. dans le dossier médical du médecin libéral (médecin traitant ou autre médecin), dans le dossier médical de l’hôpital. Si les directives anticipées ne sont pas conservées dans un dossier médical, il est obligatoire d’indiquer dans ce dossier leur existence et les coordonnées de la personne qui les détient. Lorsqu’un médecin envisage une limitation ou un arrêt de traitement, il doit vérifier si la personne concernée a écrit des directives anticipées en consultant le dossier médical en sa possession, le service d’admission de l’hôpital, la personne de confiance, la famille, les proches, le médecin traitant ou le médecin qui a adressé la personne à l’hôpital. La personne de confiance : Lors de toute hospitalisation dans un établissement de santé, il est proposé au malade de désigner une personne de confiance. Cette désignation est valable pour la durée de l’hospitalisation, à moins que le malade n’en dispose autrement. Selon la loi n°2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, "Art. L1111-6 – Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant, et qui sera consultée au cas où la personne elle-même serait hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire à cette fin. Cette désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment. Si le malade le souhaite, la personne de confiance l’accompagne dans ses démarches et assiste aux entretiens médicaux afin de l’aider dans ses décisions." La personne de confiance Peut être désignée par toute personne majeure bénéficiaire de soins qui n’est pas sous tutelle. La désignation de la personne de confiance n’est pas une obligation mais un droit pour le patient. Peut être n’importe qui. La personne sollicitée peut refuser ce rôle. La désignation doit se faire par écrit, un papier libre suffit. La loi du 4 mars 2002 (art L.1111-4) prévoit que (si le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté) : « aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance prévue à l’article L 1111-6, ou la famille, ou à défaut, un des proches ait été consulté ». a un rôle consultatif (et non décisionnel) quand le patient est hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire. Cela ne comprend pas les situations où le malade a des difficultés de communication ou d’expression pour lesquelles il y a une obligation déontologique de tout mettre en œuvre pour que les personnes concernées puissent exprimer leur volonté. L’avis de la personne de confiance doit être pris en compte par les professionnels de santé mais ne leur est pas opposable. La personne de confiance ne peut décider à la place de l’intéressé. Elle n’est pas titulaire du droit d’être informée sur l’état de santé du patient, ni ne dispose d’un droit d’accès à ses informations de santé (dossier médical). La personne de confiance a un rôle d’accompagnement du malade dans ses démarches et entretiens médicaux pour l’aider dans ses décisions. La personne de confiance constitue par principe une dérogation au secret professionnel en prévoyant explicitement sa présence aux entretiens médicaux. Le médecin ne peut donc pas refuser la présence de la personne de confiance sur cette base. Ma patiente, bien qu’en situation palliative dès la découverte de son cancer pulmonaire métastatique, n’avait jamais bénéficié de ce type d’information. Nous ne disposions donc d’aucune directive anticipée, ni de personne de confiance. Nous avons de principe désigné son fils, famille la plus proche. Ce n’est que plus tard que j’entendrai les propos de ma patiente à propos de son fils : « ce salaud, il m’a battue toute ma vie ». Etait-elle délirante car trop hypercapnique ou se livrait-elle à des confessions pré mortem ? Cet exemple illustre à quel point l’équipe soignante prend trop souvent de décisions qui lui paraissent « logiques » et pourtant se trompe… De tels dispositifs servent à mettre des garde-fous et laisser l’individu s’entourer de personnes choisies, qu’il estime bienveillantes à son égard. Il est important de s’en saisir. LA SEDATION TERMINALE « La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance, pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. Son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté.» « La sédation est une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience qui peut être appliquée de façon intermittente, transitoire ou continue. » Depuis le 22 avril 2005, la France bénéficie de la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, dite loi Léonetti. Cette loi, votée dans le contexte très médiatisé en France de "l’affaire Humbert", a pour but de renforcer les droits des malades en leur reconnaissant des droits spécifiques dans la situation de fin de vie. L’article 223 aborde la question du soulagement d’une souffrance extrême: « Si le médecin constate qu’il ne peut soulager la souffrance d’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qu’en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie, il doit en informer le malade sans préjudice des dispositions du quatrième alinéa de l’article L.1111-224, la personne de confiance visée à l’article L.1111-625, la famille ou, à défaut, un des proches. La procédure suivie est inscrite dans le dossier médical ». Ainsi, la législation française, en évoquant le principe du double-effet, admet qu’une sédation puisse avoir pour effet d’abréger la vie mais uniquement à titre d’effet secondaire. La théorie du double effet La théorie du double effet (TDE) est classiquement proposée pour résoudre le conflit éthique engendré par la crainte d’une possible anticipation du décès du patient bénéficiant d’une sédation en fin de vie. Dans le cas de la sédation primaire (sédation entreprise avec des médicaments n’ayant pas fait la preuve de leur action sur la souffrance sous-jacente ; la diminution du niveau de conscience étant recherchée comme moyen de traiter les symptômes), le bon effet est le soulagement de symptômes réfractaires présentés par le patient, qu’ils soient d’ordre physique, ou, avec certaines réserves, d’ordre psychologique. Le mauvais effet provoqué par la sédation est la possible anticipation du décès du patient. La TDE affirme qu’on pourra accomplir un acte provoquant un effet bon, voulu, et un effet mauvais, prévisible mais non souhaité, si quatre conditions sont, simultanément, respectées. Ces conditions sont quatre points de vérification [3] de la rectitude de l’intention et permettent de s’assurer que l’effet mauvais soit non voulu par le sujet posant l’acte : 1. L’acte posé doit être bon en lui-même ou au moins moralement indifférent et ordonné à une finalité bonne. En négatif, il faut que l’action ne soit pas intrinsèquement mauvaise ou prohibée. 2. L’action doit être entreprise uniquement dans le but d’entraîner le bon effet, le mauvais effet ne devant être qu’un effet collatéral non désiré. 3. Le mauvais effet ne doit jamais être un moyen d’atteindre le bon effet, autrement dit, on peut atteindre le bon effet sans passer obligatoirement par le mauvais effet. 4. L’effet mauvais doit être risqué pour une raison proportionnellement grave. Ce critère est le critère de la juste proportion entre l’effet bon, directement voulu, et l’effet mauvais qui sera provoqué La TDE permet de dire qu’il n’est pas contraire à l’éthique de courir le risque potentiel d’anticiper le décès du patient en mettant en œuvre une thérapeutique visant à le soulager. La sédation respecte les quatre critères du PDE : 1. L’acte en lui-même, c’est-à-dire la volonté de soulager le patient en fin de vie atteint de symptômes réfractaires, par l’administration de produits sédatifs, est un acte que rien ne semble interdire tant au plan éthique que légal. 2. Si l’intention du médecin pratiquant la sédation est de soulager le patient, et uniquement de soulager le patient, alors le deuxième critère est respecté. 3. Même si le mauvais effet (à savoir l’anticipation de la mort du patient) disparaît, le but recherché (le soulagement du patient) n’en est pas moins atteint : la mort du patient n’est donc pas un moyen de parvenir à son soulagement. 4. Il est plus délicat de définir s’il existe un motif proportionnellement grave de poser l’acte pouvant entraîner un effet mauvais. Le soulagement de la douleur ou de toute forme de souffrance est cependant un des impératifs premiers des médecins. Le code de déontologie affirme dans son article 37 qu’« en toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances de son malade ». La sédation pour détresse en phase terminale n’étant, par définition, destinée qu’à des patients en phase terminale, la mort peut être anticipée de quelques heures ou jours, mais elle n’est toujours qu’anticipée. Le soulagement de la douleur des patients en fin de vie est donc un motif proportionnellement grave en comparaison du risque d’anticiper la mort. Dans le cas de ma patiente : Dans le dossier médical était rigoureusement consigné l’état de la patiente (plan psychologique, confort, douleur, dyspnée) et les changements thérapeutiques effectués en fonction. Elle était sous Morphine® et Hypnovel® et restait malgré de fortes doses, angoissée et dyspnéique. La question de la sédation terminale a pu être abordée avec la patiente elle-même après avoir été discutée et validée avec l’équipe mobile des soins palliatifs devant la présence de symptômes réfractaires. A ma grande surprise, la patiente a refusé net la proposition d’être soulagée devant le risque d’être sédatée et mise dans un état de coma dont elle ne pourrait possiblement jamais se réveiller. Son refus m’a profondément marqué : peut-être que la dyspnée dont elle souffrait, insoutenable à mes yeux, était supportable pour elle ; peut-être que le désir de vivre était plus fort, peu importait le prix... Cette situation montre bien à quel point le questionnement et la démarche de réflexion importent : le médecin doit se questionner sur le bien-fondé de sa démarche et de sa proposition en permanence, aussi insoutenable que la situation lui paraisse être. L’écoute du patient, son ressenti, doit être au cœur de nos réflexions et de nos actes, qui doivent être remis en cause tous les jours pour suivre au plus près l’évolution psychologique et somatique du patient en fin de vie. Les trois questions à se poser lors d’une question de sédation POURQUOI ? POUR QUI ? Préciser la FINALITE Clarifier l’INTENTION LE PATIENT DE QUEL DROIT ? Vérifier les 4 conditions Responsabilité médicale LA FIN DE VIE A DOMICILE La fin de vie est de plus en plus médicalisée et institutionnalisée: 20 % des décès surviennent à domicile actuellement comparativement aux 70 % d’avant les années 1950. La littérature montre que la majorité des patients souhaitent finir leurs jours à domicile. Il existe donc un paradoxe entre les souhaits des patients et la réalité. La volonté d’un patient en fin de vie de « rentrer à la maison » peut être une priorité pour lui et sa famille. Il faudra ainsi que les médecins généralistes adaptent leurs pratiques de soins, au sein desquelles les soins palliatifs prendront de plus en plus de place à l’avenir : la relation que les patients et leur entourage ont avec le médecin généraliste, ainsi qu’avec tous les autres soignants intervenant au domicile, n’est pas de même nature qu’avec les soignants hospitaliers. Le malade est chez lui, dans ses repères, et est moins angoissé qu’à l’hôpital lors des examens et consultations. Les médecins généralistes occupent donc une place privilégiée : ils connaissent le plus souvent très bien le malade et ils entretiennent un lien de confiance avec les proches. Leur image de « médecin de famille » est d’ailleurs l’un de leurs principaux atouts Face à une double attente d’ « humanité » et de compétences techniques, les médecins généralistes rencontrent parfois des difficultés à s’investir dans les soins en fin de vie à domicile, particulièrement exigeants, chronophages et éprouvant psychologiquement D’après l’étude de Fougère et Al [5], les principales difficultés rencontrées par le médecin traitant face à la fin de vie à domicile concernent : - La prise en charge de la douleur (34%) - La prise en charge des autres (symptômes dyspnée, agitation, syndrome occlusif, hémorragie..)(59 %) - Le poids psychologique de la prise charge du patient (32% ) - Le poids psychologique de la prise charge de la famille (49%) - Difficultés socio-économiques du patient (37 %) Si les compétences des médecins généralistes en matière de prise en charge de la douleur ont considérablement progressé, les praticiens interrogés dans la littérature désignent ouvertement le manque de formation parmi leurs difficultés principales. Seuls 2,5% d’entre eux ont été formés aux soins palliatifs. Pourtant, de véritables outils existent afin d’aider la prise en charge à domicile, encore faut-il les connaître : ces structures ne sont pas toujours bien connues des médecins traitants. (Cf. Figure 1) En cas d’urgence : La fiche « SAMU-PALLIA » : (Cf. Annexe 2) Les médecins généralistes ne sont pas toujours en capacité de répondre rapidement aux appels en urgence : Lorsqu’ils ne sont pas disponibles, les proches pris de panique appellent les services d’urgence. Par conséquent, des médecins «inhabituels » sont de fait amenés à intervenir en urgence en fin de vie au domicile. Ces urgentistes n'ont en effet pas de connaissances antérieures et personnelles du patient et de son entourage. L’une des principales difficultés qu’ils rencontrent réside dans le manque d’accès à une information médicale fiable : absence de dossier au domicile, impossibilité d'échanger avec un interlocuteur médical qui connait déjà le patient, manque d'anticipation par les professionnels qui suivent habituellement le patient. L’objectif des « fiches SAMU-PALLIA » est de transmettre au médecin intervenant en situation d’urgence des informations utiles pour permettre une prise en charge appropriée d’un patient en fin de vie. L’existence d’une telle fiche de transmissions médicales en situation d’urgence chez les patients en soins palliatifs est capitale dans l’organisation des soins de premier recours. Pourtant, elles ne sont mises en place que dans certains départements, l’île de France n’en est pas encore pourvue, malgré les résultats très prometteurs de l’étude de Péchard et Al [4]. L’hospitalisation à domicile Une solution rassurante : son rôle de coordination des soins et son expertise dans certains domaines techniques en font une ressource essentielle pour les médecins traitants Ne concerne que les patients nécessitant des soins lourds et continus (associant des soins techniques plus ou moins complexes, des soins de nursing et de confort), pour une durée non déterminée. Or une partie non-négligeable des personnes en fin de vie à domicile ne relèvent pas d’une telle définition. Mise en place sur prescription médicale lorsque la personne souhaite rester à son domicile et qu’elle nécessite des soins continus et coordonnés entre le service hospitalier, le médecin traitant/référent. Les réseaux de santé en soins palliatifs Les Services de Soins Infirmiers à Domicile Equipe pluri-professionnelle (médecins, infirmiers, psychologues, infirmiers coordonnateurs, assistante sociale et bénévoles) ou SSIAD Constitués d'au moins : -un infirmier coordonnateur pour assurer l’organisation des soins, -d'aides-soignants qui assurent sous la responsabilité des infirmiers les soins de base et relationnels et les actes essentiels de la vie (toilette, habillement, lever, coucher). Le Médecin traitant le nombre de passages par jour et le temps nécessaire pour réaliser les soins peut très vite dépasser les moyens dont disposent les SSIAD Le Patient Coordonne et conseille l’ensemble des acteurs sanitaires et sociaux sur un territoire donné - médecins hospitaliers ou de ville, infirmiers(es), Les réseaux de santé en soins palliatif Permettre aux patients et à leurs proches d’accéder à des soins palliatifs de qualité quel que soit le lieu de leur prise en charge Accompagnement et sécurité : Permanence téléphonique pour les professionnels et pour les patients ou leurs proches. Formations pour les professionnels du domicile Les services sociaux et les aides à la vie quotidienne L’assistante sociale : Attentive aux conditions du maintien à domicile en fin de vie. Envisage avec le patient et ses proches les différentes aides qui peuvent leur être apportées (aides financières ou matérielles, aides ménagères, repas à domicile, etc.) Les Services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD) et les services à la personne Aide à domicile : soutien dans les actes essentiels de la vie quotidienne (l'aide au lever, à la toilette, etc.), surveillance régulière ( y compris durant la nuit et le week-end.) Peut-être une auxiliaire de vie sociale ou une technicienne de l’intervention sociale et familiale. Pour trouver l'aide la plus adaptée, on peut faire appel aux conseils d’un centre communal d’action sociale (CCAS) ou à ceux d’un centre local d’information et de coordination (CLIC) gérontologique. Les Equipes Mobiles de Soins Palliatifs Equipe pluri-professionnelle spécialisée en soins palliatifs, ( médecins, infirmier(es), psychologues et bénévoles) Peuvent parfois intervenir à domicile dans des secteurs géographiques où il n’existe pas de réseau. Conseil et expertise en soins palliatifs auprès des autres professionnels. Ne dispense pas directement des soins, mais elle participe à l’amélioration de la prise en charge dans les services où elle intervient. Formations pour les professionnels Figure 1 : Système de maintien à domicile : Une aide précieuse pour le médecin traitant dans l’accompagnement de son patient en fin de vie CONCLUSION : A l’ère d’une médecine toujours plus efficace et augmentant considérablement l’espérance de vie, il est de notre devoir de penser la fin de vie. A l’instar de l’OMS qui définit la santé comme un « état de bien-être complet et non l’absence de maladie », nous devrions réfléchir plus au « bien-mourir » afin de mieux accompagner les malades vers la mort. Il est de la responsabilité de chacun de se former à la fin de vie et aux soins palliatifs afin que les malades puissent bénéficier d’une prise en charge de qualité hospitalière à domicile, multidisciplinaire, constamment optimale. Réaliser ce travail m’aura permis de réaliser à quel point je n’étais pas prête à faire face à ce type de situation : il existe pourtant beaucoup d’outils à disposition dont il faut savoir se saisir afin de s’entourer et « sécuriser » sa prise en charge, tant sur le plan technique pur que sur le plan affectif, très éprouvé dans ce domaine. L’expérience fera le reste… ANNEXES : Annexe 1 : Cartographie de l’offre HAD par l’AP-HP . Annexe 2 : Exemple de fiche SAMU-PALLIA : BIBLIOGRAPHIE : [1] : http://www.soin-palliatif.org [2] Observatoire national de fin de vie Mars 2012 ; https://sites.google.com/site/observatoirenationalfindevie/ [3] Benoît F. Leheup, Elise Piot, Xavier Ducrocq, Bernard Wary : Théorie du double effet et sédation pour détresse en phase terminale : réflexion autour de la survie des patients sédatés. Medecine Palliative, Presse Med. 2012; 41: 927–932_ 2012 Elsevier Masson SAS. [4] Bertrand Fougère, Isabelle Mytych, Céline Baudemont, Emmanuelle Gautier-Roques, Laurent Montaz. Prise en charge des patients douloureux en soins palliatifs par les médecins généralistes. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2012) 11, 90-97 [5] Marie Pechard , Maurice Tanguy , Marie-Thérèse Le Blanc Briot , François Boré , Caroline Couffon , JeanMarie Commer , Olivier Capitain , Philippe Hubault. Intérêts d’une fiche de liaison en situation d’urgence de patients en soins palliatifs. Médecine palliative 2012 http://www.sfap.org/ http://www.sfap.org/klsfaprep_search : moteur de recherche des structures de soins palliatifs http://www.aphp.fr/hopital/hospitalisation-a-domicile/ Régis Aubrya, Véronique Blanchet, Marcel-Louis Viallard. La sédation pour détresse chez l’adulte dans des situations spécifiques et complexes. Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2010) 9, 71—79 LYNN A JANSEN, PH.D."Disambiguating clinical intentions: The ethics of palliative sedation,"Journal of Medicine and Philosophy (Vol: 35, Issue: 1, Page 19-31) – 2010