Comptines en français signé

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MAIRIE D’ELANCOURT
CCAS SERVICE HANDICAP
Comptines en français
signé
Sensibilisation à la surdité et initiation aux comptines
signées
Virginie Biarnès
Février 2009
Cette sensibilisation vous est proposée dans le cadre du projet de la municipalité
d’Elancourt sur la mise en application de la loi de février 2005 en faveur de l’intégration
des personnes handicapées.
Elle réaffirme la volonté de la municipalité de s’engager sur le handicap par le
biais de manifestations, formations, sensibilisations, et actions menées auprès de la
population locale, de nos partenaires associatifs et institutionnels et personnes
présentant tous types de handicap.
Informer et sensibiliser pour changer son regard sur la personne handicapée,
comprendre sa différence pour ne pas réduire l’être humain à son handicap. Connaître
et prendre en compte ses difficultés pour faciliter son accueil et son intégration dans la
ville.
Les objectifs de cette sensibilisation :
-
Sensibiliser le corps enseignant à la surdité.
Découvrir le français signé, démontrer son accessibilité.
S’appuyer sur la gestuelle innée des enfants pour initier quelques gestes
simples.
Développer la motricité fine et l’expression corporelle par des jeux de doigts.
Soutenir et enrichir les moyens d’expressions des enfants.
Eveiller la curiosité sur un mode de communication différent.
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Sommaire
I-
Anatomie de l’oreille.
II -
Les deux grands types de surdité.
III-
Les causes de la surdité.
IV-
Les degrés de la surdité.
V-
Les signes d’alertes.
VI-
L’appareillage.
VII-
Le développement psychomoteur.
VIII-
Les différents modes de communication .
IX-
La prise en charge des enfants sourds.
X-
Histoire de langue des signes.
XI-
Grammaire, syntaxe et vocabulaire de la LSF
XII-
Annexes
XIII- Bibliographie
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I - Anatomie de l’oreille :
L’oreille est l'organe périphérique de l'audition. C'est un lieu de transmission
et de transformation. Elle se compose de trois parties : l'oreille externe, l’oreille moyenne
et l’oreille interne.
Cette distinction est à la fois anatomique et physiologique. Chaque partie joue un rôle
propre dans la transmission du message auditif.
L’oreille externe : Elle comprend le pavillon et le conduit auditif externe, c'est la
caisse de résonance.
L’oreille moyenne : C’est la caisse du tympan, les sons mettent le tympan en vibration. La
chaîne des osselets va concentrer toutes ces vibrations et va les transmettre au liquide
labyrinthique. L'oreille est le lieu d'un transfert mécanique.
L’oreille interne : Elle comprend deux parties. Le système vestibulaire, régissant
l'équilibre et le système cochléaire. La cochlée est l’élément qui transforme l'énergie
vibratoire en énergie électrique. L’information chemine alors vers le nerf cochléaire qui
rejoint par le nerf vestibulaire constitue le nerf auditif. L'information est alors transmise
au cortex qui donnera le signifiant à la personne.
Il existe deux types d'atteintes, la surdité de transmission et la surdité de
perception.
II- Les deux grands types de surdité :
Il existe deux types de surdité :
- Les surdités de transmission sont dues à des atteintes de l'oreille moyenne
et/ou externe. Elles sont fréquentes. Elles sont dues à l'atteinte du tympan ou des
osselets, elles sont rarement héréditaires et souvent dues à une malformation. La
gêne existe quand les deux oreilles sont atteintes. Elles peuvent être dues à un
bouchon de cérumen. Beaucoup sont accessibles à un traitement médical et/ou
chirurgical.
- Les surdités de perception sont dues à une atteinte de l'oreille interne (cochlée)
ou du nerf auditif. Elles peuvent être héréditaires ou acquises. Tous les soins de ce
type de surdité sont palliatifs.
Elles peuvent être légères, moyennes, sévères ou profondes.
On parle de surdité mixte lorsque les deux atteintes sont associées.
La surdité peut être isolée ou associée à d'autres troubles ou déficits qui
doivent être diagnostiqués et traités de manière spécifique. Il existe différents
types de syndromes répertoriés.
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III- Les causes de la surdité :
Les facteurs de risques
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



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

antécédents de surdité familiale
poids de naissance inférieur à 2000 kg
prématurité < à 32 semaines
détresse respiratoire ayant nécessité une ventilation assistée
prolongée à 5 jours
APGAR de 0 à 4 à 1mn ou de 0 à 6 à 5mn
Hyper bilirubinémie ayant nécessité une exsanguino-transfusion ou
une photothérapie (jaunisse)
malformation cranio-faciale (aplasie de l’oreille, appendice et fistule
pré auriculaire, fente labio-palatine, dysmorphie)
pathologie cérébrale (méningite bactérienne, hémorragie méningée,
…)
infection fœtale (CMV, toxoplasmose, rubéole, herpès)
traitements médicamenteux oto-toxiques (aminosides, furosémide)
durant la grossesse ou post-natal.
Les causes génétiques représentent 70% à 80% des surdités précoces
dont



10 à 15% sont syndromiques (association de malformations et/ou de
pathologies diverses, dont la surdité)
35% à 40% sont sporadiques (isolées).
25 % sont familiales
Actuellement ont été localisés près d’une centaine de gènes responsables de
surdité de perception, de transmission et mixtes.
On parle de surdité congénitale pour une surdité installée avant la
naissance.
La surdité de l'enfant peut apparaitre à plusieurs stades du développement
de l’enfant.
On dit de la surdité qu’elle est :
-
Pré linguistique, quand la surdité est apparue avant l'acquisition du
langage (avant 18 mois)
-
Péri linguistique, quand la surdité est apparue pendant la période
d'acquisition du langage (entre 18 et 36 mois environ)
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-
post linguistique, quand la surdité est apparue après l'acquisition du
langage (après 3 ans environ).
IV- Les degrés de surdité :
- Déficience auditive légère : la perte tonale est comprise entre 21 et
40 dB. La parole est perçue à voix normale, elle est difficilement perçue à
voix basse ou lointaine. La plupart des bruits familiers sont perçus. Il peut
être difficile de se rendre compte de ce type de surdité, il n'existe en général
chez l'enfant qu'un petit retard de parole ou quelques défaut d'élocution. Il
s'agit de surdité qui peut malheureusement être dépistée très tardivement.
La prothèse auditive n'est systématique, mais elle peut faciliter grandement la
compréhension.
- Déficience auditive moyenne : la perte tonale moyenne est comprise
entre 41 et 70 dB. La parole est perçue si on élève la voix. Le sujet comprend
mieux en regardant les mouvements labiaux du locuteur. Il existe une gêne
selon le bruit et l'éloignement de la source sonore. On peut noter chez le sujet
une légère altération de la voix, et des défauts articulatoires. La prothèse
restitue
le
message
si
le
milieu
auditif
est
correct.
- Déficience auditive sévère : la perte tonale moyenne est comprise
entre 71 et 90 dB. La parole est perçue à voix forte près de l'oreille. Les bruits
forts sont perçus. Le sujet entend des sons et des bruits mais il lui est
impossible de faire le tri et de reconnaître les mots. Le problème de cette
surdité se situe au niveau de l’apparition de la surdité par rapport à
l’apparition du langage.
La prothèse améliore la distinction du message mais ne le restitue pas
suffisamment.
- Déficience auditive profonde : la perte tonale moyenne est comprise
entre 91 et 100 (premier degré), entre 101 et 110 dB (deuxième degré), entre
111 et 119 dB (troisième degré). Aucune perception de la parole. Seuls les
bruits graves très puissants sont perçus. Ils sont rarement identifiés La
prothèse permet de percevoir la durée, le rythme, la mélodie, elle le sujet à
mieux articuler et à doser le son de sa voix. Si l'enfant n’est pas suivi en
orthophonie de façon soutenue, la mutité est quasi de règle.
- Déficience auditive totale ou cophose : la perte moyenne est de 120
dB. Rien n'est perçu.
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V- Les signes d’alertes :
Les signes d’alerte d’une surdité profonde/sévère chez le bébé
- le bébé sourd profond/sévère commence à gazouiller à l’âge normal, mais le
babillage va s’éteindre vers 6 mois, le bébé n’ayant pas le retour auditif de sa
voix. Boucle audio-phonatoire absente,
- le bébé qui sursaute, surpris de voir apparaître une personne qu’il n’a pas
entendu venir,
- le bébé inattentif à tout ce qui n’est pas dans son champ visuel,
- le bébé qui n’est pas intéressé par le monde sonore,
- Le bébé qui ne sursaute pas à l’apparition d’un bruit soudain,
- le bébé qui ne se retourne pas à l’appel de son prénom à 6/8mois.
Chez le jeune enfant dans le cadre d’une surdité de légère à moyenne
- il faut souvent répéter,
- demande à monter le son de la télévision, ou des comptines sur CD, ou
s’approche pour mieux entendre,
- écourte le moment des petites histoires lues, semble ne pas être intéressé par
le récit, préfère les images,
- a tendance à s’isoler en crèche ou en classe maternelle (trouble perceptif de
la parole aggravé en collectivité par le bruit de fond),
- trouble du comportement : agitation, instabilité, colère, trouble du sommeil…,
- Et aux âges respectifs ci-dessus, l’absence, le retard, la stagnation ou la
disparition des acquisitions du langage oral, doivent amener à s’interroger sur
l’intégrité auditive.
Actuellement 70% des diagnostics font suite à l’observation parentale, il est
donc important d’entendre la requête soulevée par les doutes et d’y répondre
par une exploration audiologique spécialisée.
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VI- L’appareillage :
Les prothèses auditives :
On essaie toujours d'adapter des prothèses auditives (ou appareils de
correction auditive) dans un premier temps. Elles modifient les sons
environnants pour qu'ils soient mieux perçus par l'oreille déficiente.
L'appareillage est choisi, adapté et réglé par un audioprothésiste qui agit sur
prescription médicale. L'appareillage d'un jeune enfant est beaucoup plus
délicat que celui d'un adulte ; il est donc souhaitable de choisir un
audioprothésiste spécialisé dans l'appareillage de l'enfant.
Plusieurs séances sont nécessaires pour obtenir un réglage satisfaisant.
L'audioprothésiste doit travailler en collaboration avec les autres membres de
l'équipe spécialisée qui suit l'enfant et avec ses parents.
L'implant cochléaire
Il nécessite une intervention chirurgicale. Un implant cochléaire comprend un micro
qui capte les sons, un microprocesseur (petit boîtier ou contour d'oreille) qui code ces
sons et les envoie par l'intermédiaire d'une antenne à des électrodes insérées dans la
cochlée, qui stimulent directement le nerf auditif. Il s'agit d'impulsions électriques et
non de signaux acoustiques.
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VII - le développement psychomoteur :
L’enfant échange avec sa mère, dès les premières heures, avec son corps
tout entiers. Le toucher, la vue, l’odorat, l’ouïe et le goût, la façon d’être porté,
d’être manipulé, les mimiques, le tonus et les postures de la mère sont autant
de canaux d’informations et d’échanges à partir desquels l’enfant va construire
sa communication. Ils vont lui permettre d’appréhender son propre corps et le
monde environnant. C’est ce que l’on appelle la poly sensorialité.
Bien avant les premiers mots, la mère réagit au langage corporel de son
bébé et inversement. La mère pose des actes et mets des mots sur les
différentes attitudes corporelles qu’elle a repéré chez son bébé. Pour elle, le
bébé est dans l’échange, il s’agit ici d’une communication non-verbale qui est
l’embryon nécessaire à une future communication plus élaborée. Des réponses
adaptées et sans cesse répétées aux décharges motrices du bébé, lui
permettent de prendre ses repères, quand à ses sensations internes et au
monde environnant.
Au fur et à mesure de son développement neurologique, et de
l’enrichissement de ses perceptions sensorielles, le tout petit va développer sa
perceptivo-motricité, celle-ci va lui permettre de mettre en relation
sensations et actions, il pourra alors se mettre à imiter sa mère, d’abord
corporellement puis verbalement, et va
s’approprier un moyen de
communication plus nuancé. La communication motrice ainsi que le langage
s’installe dans cette dynamique…
Chez l’enfant sourd avant le diagnostique, l’intégration des données
sensorielles s’établit selon le même protocole à l’exception des données
auditives. L’enfant construit la perception de son corps et du monde au travers
de sa motricité et de la vision de la gestuelle naturelle de sa mère, de ses
postures et de son tonus, il y cherche le sens des actions qu’elle lui adresse. Il
organise sa relation au monde et à autrui différemment (sa motricité va
suppléer à l’audition), il n’est pas un entendant sans audition mais un autre. Ils
lui manquent quantités d’informations à différents niveaux.
Il va lui manquer des informations au niveau des données spatiales et
temporelles :
Le son nous permet d’appréhender l’espace et le temps. Il facilite la perception
de la source sonore, son orientation, sa localisation et l’information qu’il
véhicule. (Ex : bruit résonnant d’une église, bruit de grotte, vitesse de
déplacement des véhicules par le son qui se déplace etc.).
Le message verbal facilite la perception du temps :
-
« Ce matin, comme tous les lundis, après la récréation, nous irons au
gymnase ». Cette petite phrase localise le lieu et le temps de l’action,
elle offre aux enfants la possibilité de se repérer dans le temps de la
matinée et d’anticiper un déplacement spatial.
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Il lui manquera la fonction d’alerte et d’anticipation :
Pour « les entendants », l’oreille est en perpétuel état d’alerte, l’audition nous
prévient des bruits inhabituels, peut nous avertir d’un danger, nous rassure
par la perception de bruit familier et nous permets d’anticiper certains
moments de la vie quotidienne (ex : klaxonne de voiture, sonnette de porte)
Le message verbal, ici encore permet d’être rassuré dans son environnement
et d’anticiper les actions.
-
Vite, nous sommes en retard, Met ton manteau, nous avons rendez à 10
h 00 chez le médecin.
Attend mon poussin, je chauffe ton biberon. Tu entends ? le micro –
onde sonne, c’est prêt !!!
Il va lui manquer des informations sur le plan tonico-émotionnel :
Le son intervient sur notre tonus, le son peut-être désagréable et entraîner des
crispations motrices ou au contraire être agréable et provoquer des états de
bien-être, d’apaisement et donc d’abaissement du seuil de notre tonus. Ces
sons sont autant d’expériences qui nous permettent d’enrichir nos sensations
internes et d’apprendre par extension à gérer notre tonicité en relation avec
autrui.
Pour palier à ce qui lui fait défaut auditivement, l’enfant va suppléer par des
conduites motrices et investir ses perceptions visuelles.
L’enfant sourd met en place rapidement des suppléances motrices
que peuvent apparaitre comme très caricaturales. Son corps va faire le lien
entre les objets de l’espace qui l’entoure. La voix nous permet d’être en
relation à distance, il nous suffit à nous « entendants » de nous parler pour être
en situation d’échange, nul n’est besoin de se toucher pour communiquer. Chez
le petit sourd, distance physique et absence de regard signifie qu’il n’y a pas
d’échange, Il se situe donc naturellement plus volontiers dans le corps à corps
pour communiquer et se place dans une hyperactivité qui vise à combler
l’absence d’unité sonore. Il lui est nécessaire de découvrir le monde avec la
totalité de son corps comme lorsqu’il était bébé.
De part cette hyperactivité, le tonus de l’enfant sourd est fortement
sollicité sur le versant hypertonique.
Cet état de tension peut augmenter avec le désir très fort de vouloir
comprendre la situation ou le message qui lui est adressé et augmenter encore
plus lorsqu’il est dans l’impossibilité de faire saisir ce qu’il désire ou ce qu’il
attend de l’autre.
De plus, le petit sourd se trouve dans une situation inconfortable
puisque toute information arrive brusquement dès lors qu’elle pénètre son
champ visuel. Il se situe encore ici dans une hypertonicité latente qui lui
permet de pouvoir faire face rapidement à un événement imprévu.
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A vision est extrêmement sollicitée, l’enfant doit apprendre à saisir les
situations visuelles, il doit regarder le visage de son interlocuteur, sa mimique
lui en dit long sur l’état d’esprit de son interlocuteur. En classe, il regarde ce
que font ses camarades et procède par imitation. Il scrute son environnement
pour anticiper plus rapidement. Son inquiétude est de toujours passer à coté
de ce que l’on attend de lui.
VIII/ les moyens de communication :
-
L’oral : les sourds y ont accès avec plus ou moins de difficultés tant en
émission qu’en réception. Le niveau d’oral d’une personne n’est pas le
reflet de l’importance de sa surdité.
-
Le LPC : Il s’agit du langage parlé complété. Le code LPC est un codage
manuel des sons de la langue française. Les mouvements codés de la main sont
associés à la parole.
La main près du visage accompagne, syllabe par syllabe tout ce qui est dit.
Apprendre le code LPC consiste à apprendre à combiner huit formes pour la
main et ses cinq emplacements près du visage.
Avec ce codage manuel des sons de la langue, toutes les confusions de la
lecture labiale sont levés.
8 configurations des doigts pour coder les consonnes.
5 positions de la main pour coder les voyelles
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-
La Langue des Signes Française(LSF) : La langue des signes désigne
une langue gestuelle (elle est produite par les mouvements des mains,
du visage et du corps dans son ensemble). Les personnes atteintes de
surdité l’ont développé pour communiquer. Elle assure toutes les
fonctions remplies par les langues orales.
Elle possède son alphabet appelé la dactylologie, sa grammaire, une syntaxe
propre et ses dictionnaires, chaque signe représentant un mot. Elle n’est pas
universelle, chaque pays possède sa propre langue.
-
Le français signé : le français signé n’est pas une langue cela pourrait
être une inter-langue. Il s’agit d’apposer les signes de la LSF sur du
français parlé. il est utilisé auprès des apprenants la LSF.
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IX- La prise en charge des enfants sourds :
La prise en charge des enfants sourds dépend de l’âge du diagnostique.
Du type et du degré de surdité de l’enfant, d’un éventuel troubles associé. Enfin
il dépend du projet des parents concernant les moyens de communication
qu’ils souhaitent donner à l’enfant. Ainsi que de la notification de la MDPH
(Maison Départementale pour les Personnes Handicapées).
Le projet individualisé de l’enfant lui permettra en fonction de son
handicap de bénéficier des meilleurs soins et du meilleur parcours scolaire.
Les prises en charges peuvent s’effectuer en fonction du projet, en libéral ou en
centre de soins (ambulatoires ou institutionnels) le cursus scolaire offre un
large choix, il va de l’intégration dans l’école de quartier en passant par les
CLIS, SES, SEGPA etc.…
X- Histoire de la langue des signes.
Jusqu’au XVIIIème Siècle, les sourds n’étaient pas estimés capables de
communiquer par eux même. Dans les cas les plus courants, ils étaient tolérés
dans la communauté comme les idiots du village.
Cependant, on note des descriptions d’une communauté qui gestuent.
Depuis fort longtemps. Platon admettait l'aspect langagier, signifiant, des
Signes gestuels, le proposant comme langage de remplacement:
« Si nous n'avions point de voix, ni de langue et que nous voulussions
nous montrer les choses les uns les autres, n'essaierions-nous pas,
comme le font en effet les muets, de les indiquer avec les mains, la tête et
le reste du corps ? »
Saint Jérôme observe qu’ils peuvent apprendre l’évangile par signes et
qu’ils utilisent les mouvements de leur corps pour communiquer.
Les bénédictins ont pu bénéficier de l’apprentissage d’une
communication gestuée en intégrant dans leur congrégation quelques jeunes
sourds.
Au XVIème Siècle, Montaigne décrit les sourds et leur gestualité dans
ses essais livre II (éducation par la parole).
« Nos muets argumentent et content des histoires par signes. J’en ai vu de
si souples et formés à cela qu’à la vérité, il ne leur manque rien à la
perfection de se savoir faire entendre. »
A cette époque des prêtres commencent à évoquer l’idée d’une
éducation pour les sourds. L’alphabet des signes est inventé par Pedro Ponce
de Leon (moine et instituteur espagnol) mais il ne sert encore qu’à apprendre
à écrire le français.
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En 1760, l’abbé l’Epée observe deux jumelles sourdes s’exprimer et
découvre la complexité du langage des signes. Il apprend leur code et réalise
que la pensée peut s’exprimer par les mains. Il crée une école C’est le premier
qui utilisera des signes élaborés par les sourds eux-mêmes. Le regroupement
d’enfants sourds au sein d’une institution favorisera le développement de cette
langue.
Après de quelques années, il fait un constat d’échec car il a modifié cette
langue pour la calquer au latin et au grec (conjugaison, déclinaisons etc.). hors
cette langue bénéficiait d’une syntaxe et s’appuyait sur le naturel.
A sa mort, il fut reconnu bienfaiteur de l’humanité et dans le même temps
les sourds obtenaient le droit de bénéficier des droits de l’homme. L’école est
devenue l’INJS, Institut National des Jeunes Sourds et existe toujours.
C’est Bébian en 1817 qui introduit à l’INJS l’enseignement de la LSF. A
partir de la LSF, les sourds apprennent à lire et à écrire. Bébian réserve l’oral
pour faciliter les échanges de la vie quotidienne (acheter du pain etc.) Il prouve
par ses résultats la légitimité de la LSF. Celle-ci est enfin reconnue comme
langue de la communauté sourde. Elle est alors adoptée par plusieurs grandes
écoles provinciales et rallie la communauté sourde.
Cependant en 1880, lors du congrès de Milan (congrès pour l’amélioration
du sort des sourds et muets) où la plus part des participants sont entendant,
après démonstration des bienfaits de la méthode oraliste, il est décidé
d’abandonner la langue des signes dans l’enseignement et de promouvoir les
techniques en faveur de l’oralisation. Il est annoncé que la langue des signes
n’est pas une langue et qu’elle ne permet pas de s’adresser à Dieu. À partir de
ce jour et pendant près de cent ans, la LSF fut bannit et les mains des sourds
attachées en classe pour leur éviter des les utiliser.
Malgré cette interdiction, la LSF s’est transmise dans les familles sourdes en
cachette ou dans les cours de récréation.
C’est en 1975 seulement que le texte du congrès a été abrogé.
En 1991, la loi Fabius favorise le choix d’une éducation bilingue pour les
sourds.
En février 2005, la LSF devient une langue officielle française. la plus part
des instituions enseignent la LSF et prodiguent aux enfants un enseignement
en langue des signes. Certains font la promotion de l’utilisation du code,
d’autres sont toujours oralistes.
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XI- Grammaire, syntaxe et vocabulaire de la LSF
Il existe une grammaire propre à LSF.
-
L’expression du visage marque l’intonation.
La ligne du temps marque la conjugaison, derrière l’épaule se situe le
passé, dans l’espace proche se situe le présent, le futur se trouvant en
avant de mon corps.
Le récit. Avant de commencer un récit, on définit la position des
différents locuteurs pour pouvoir ensuite les faire intervenir dans le
dialogue.
Les verbes uni et pluri directionnels. Le signe s’oriente en fonction de
l’action menée.
La syntaxe est actuellement source de recherche, on la définit habituellement
comme une organisation OSV objet-sujet-verbe. Mais il semblerait que cela soit
un peu plus subtil que cela et que la syntaxe s’établisse autour d’une
organisation visuelle de la langue. Lieu-Temps-Sujet-Action.
Le vocabulaire s’enrichit perpétuellement, on voit apparaitre une somme
impressionnante de dictionnaires, les nouveaux moyens de communication
facilitent cet enrichissement. Il existe des signes iconiques issus du mime que
l’on repère et retient très facilement. (maison, dormir, manger etc.)
Certains signes sont influencés par la langue française et s’appuient souvent
sur la première lettre de ce mot (vacances, vert etc.)
Certains signes sont arbitraires, le meilleur exemple étant la dactylologie.
Et d’autres perpétuellement inventés comme les prénoms sont le reflet de
individu donc unique.
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BIBLIOGRAPHIE
Le cri de la mouette. E. Laborit. Robert Laffont
Education précoce de l’enfant sourd. Morgon, Aimard et Daudet. Ed.Masson.
Le miroir brisé. S. Sausse. Calmann Lévy
Psychologie de l’enfant sourd. D.Colin. Ed Masson
La planète des sourds. Grémion. Presse pocket.
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