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Le ConCoURS méDICAL
tome 136
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n° 3
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MARS 2014
Surpoids et obésité de l’adulte
pations du patient liées à l’image corporelle, l’estime
de soi et la représentation de la maladie. D’emblée,
il convient de mettre en garde le patient contre les
régimes successifs, à l’origine de fluctuations de
poids qui peuvent être dangereuses pour la santé, et
contre l’utilisation des traitements médicamenteux.
Repérer et quantifier l’excès de poids,
proposer et expliquer les objectifs
et la prise en charge adaptée
Pour repérer l’excès de poids, il faut avoir
équipé son cabinet d’une toise, d’une balance,
si possible pesant jusqu’à 150 kg, et d’un mètre-
ruban pour mesurer le tour de taille. Afin d’ac-
cueillir des patients atteints d’obésité, le mieux
est d’avoir prévu, y compris dans la salle d’at-
tente, des sièges adaptés, larges et solides, de
posséder un brassard tensionnel utilisable pour
les gros bras et une table d’examen supportant le
poids d’un patient atteint d’obésité importante.
Le diagnostic d’excès de poids repose sur l’indi-
ce de masse corporelle (poids divisé par la taille au
carré [IMC en kg/m2]). Il faut systématiquement cal-
culer l’IMC lors la première consultation, quel que
soit le motif avancé par le patient (et donc le peser
et le mesurer). C’est le seul moyen pour le médecin
généraliste de diagnostiquer un surpoids ou une
obésité chez son patient, la prise en charge étant
différente selon la situation. Pour le suivi sur le long
terme, l’IMC doit être inscrit dans le dossier.
Un patient est en surpoids si son IMC est com-
pris entre 25 et 29,9 kg/m2. Il est atteint d’obésité
si son IMC est égal à au moins 30 kg/m2.
En cas de surpoids (25 kg/m2 ≤ IMC < 30 kg/m2),
il est nécessaire de mesurer le tour de taille du
patient (figure), la valeur de ce paramètre condi-
tionnant la prise en charge (tableau 1).
Si le patient est en surpoids avec un tour
de taille normal, c’est un surpoids simple. Son
risque cardiovasculaire ou son risque de diabète
de type 2 n’est pas augmenté ; il ne doit ni maigrir
ni grossir, mais garder un poids stable (et un IMC
stable) sans changer son mode de vie. Alors que
s’il s’engage dans un régime, l’effet « yoyo » (amai-
grissements et prises de poids successifs, qui peu-
vent se produire du fait de régimes récurrents),
peut entraîner des fluctuations du poids vers
l’obésité. Le patient doit rester stable sur le plan
pondéral. Les objectifs pour ce patient vont être
de prévenir une prise de poids supplémentaire et
2. Effets d’une perte de poids sur les comorbidités
Une perte de poids de 5 à 10 % maintenue :
– améliore le prol glucidique et lipidique ;
– diminue le risque d’apparition du diabète de type 2 ;
– réduit le handicap lié à l’arthrose ;
– réduit la mortalité toutes causes confondues, la mortalité par cancer et la mortalité
par diabète dans certains groupes de patients ;
– diminue la pression artérielle ;
– améliore les capacités respiratoires des patients avec ou sans asthme
est comparable à celui des personnes atteintes
d’un cancer ou gravement handicapées. L’obésité
peut également être associée à plus d’absentéisme
professionnel ou de handicaps. La personne en
surpoids ou ayant une obésité doit faire face à une
stigmatisation croissante à tous les échelons de la
société. Ces stigmatisations récurrentes, parfois
inconscientes, accroissent la désocialisation et iso-
lent de plus en plus tôt. La stigmatisation repose
sur un inconscient collectif qui présuppose que
la personne en surpoids ou ayant une obésité est
moins intelligente, manque de volonté, est incapa-
ble de se contrôler. Cet effet a des conséquences
économiques notables. Une étude réalisée sur la
population active canadienne, à partir de don-
nées d’enquêtes nationales, a montré qu’il existait
une relation entre l’obésité et un niveau élevé de
stress au travail, du fait de plus fortes tensions et
contraintes au travail. Ces personnes ayant une
obésité recevaient par ailleurs un moins bon
soutien de la part de leurs collègues(2).
Dès cette étape du repérage, le méde-
cin traitant peut évaluer l’impact des re-
tentissements de l’excès de poids et
prendre en compte les préoccu-
Elle s’effectue à mi-distance entre le bord
inférieur de la dernière côte palpable et le
sommet de la crête iliaque, avec un mètre
ruban placé à l’horizontale, à la n d’une
expiration normale.
D’après la Belgian Association for the Study of Obesity
(BASO), 2002.
Tour de taille (cm)
Bas Haut
Hommes < 94 Hommes ≥ 94
Femmes < 80 Femmes ≥ 80
Figure. Mesure du tour de taille
DR
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