Gossement, “dans la forme comme dans le fond, tout reste à faire… Dans l'article 1 par exemple, toutes les
définitions (comme "les réductions d'émissions", les "Parties" ou le mécanisme REDD-plus) qui étaient dans la
version pré-COP21 sont enlevées, et l'article se borne à renvoyer aux définitions de la convention cadre des
Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Or, comme pour un contrat, un accord international
doit comporter des termes précis pour éviter des interprétations divergentes”. D’autant que l'article 24 précise
que “les États ne peuvent pas faire de réserves d'interprétations”.
L’énergie toujours évacuée de la négociation
Le cœur du problème est les INDC (contributions prévues déterminées au niveau national) qui mènent tout droit
à un minimum d’augmentation de la température de 3°. Encore que, même à ce niveau, les mises en œuvre
demeurent imprécises. Un autre problème est non des moindres. Aucune référence n’est faite à l’économie
d’énergie. Il est vrai qu’“historiquement, la COP s’est construite sur des sujets environnementaux et non
énergétiques”, regrette Marie-José Nadeau, présidente du Conseil mondial de l’énergie.
Le secteur énergétique est responsable de 66% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant,
traditionnellement, la transition énergétique n’est pas un sujet central des COP. Cette COP21 ne fait pas
exception, l’énergie ne sera pas au cœur de l’accord final. Les lobbies du secteur qui financent d’ailleurs une
grande part des COP, depuis particulièrement la réunion de Varsovie (2013), semblent veiller au grain. C’est le
reproche fait à la CCNUCC qui “s'attaque plus aux conséquences qu'aux causes du changement climatique”.
Il apparaît que cette question de l’énergie ne serait même pas mentionnée dans le préambule de “l’accord”.
Enfin, la question du financement de l’adaptation reste entière, au point où les fameux 100 milliards de dollars
pour les pays en développement restent entre crochets (dans le texte) pour laisser les ministres trancher, y
compris sur les sources (publique, privée, prêts, dons…). Faudra-t-il un tribunal international pour arbitrer dans
le cas d’un accord ? C’est une question qui reste posée.
Toujours est-il que dans le cas d’un accord qui doit être adopté à l’unanimité des 196 parties, il faudra passer à
la phase de ratification et réunir le quota pour son application, une autre prolongation semble être le scénario le
plus probable.
Pour l’heure, la Confédération syndicale internationale (CSI), le Caucus des peuples indigènes, plusieurs
organisations féministes et le Climate Action Network (CAN) font entendre leurs voix pour réintégrer l’article 2
qui lie la lutte contre le changement climatique aux droits des peuples indigènes, à l’égalité des genres, à la
justice sociale et à la sécurité alimentaire.
R. S.