L’Europe s’inquiète des résistances des chiens, chats et chevaux
pour leurs propriétaires
Colonisés par des germes commensaux ou opportunistes résistants, les chiens, les
chats et les chevaux seraient un réservoir animal de gènes de résistance pour leurs
maîtres. Pour les vétérinaires, l’Agence européenne du médicament évoque même
un risque professionnel.
Les propriétaires d’animaux de compagnie s’exposent eux-mêmes à un risque d’acquisition
des antibiorésistances hébergées chez les chiens, les chats et les chevaux qu’ils caressent ou
cajolent tous les jours. Et leurs animaux sont tout autant exposés à un transfert des
résistances de leurs propriétaires. L’Agence européenne du médicament pointe l’impact
zoonotique des staphylocoques résistants à méthicilline (SIRM et SARM), ou encore les
entérobactéries BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) résistantes aux céphalosporines de
dernières générations…
Le projet de note de réflexion (reflection paper) sur le risque de transfert à l’homme des
résistances des animaux de compagnie (chevaux inclus) est plus inquiétant que rassurant
pour les propriétaires d’animaux de compagnie et leurs vétérinaires. Ce risque zoonotique
par simple contact est pourtant bien moins évalué que la transmission des résistances par la
chaîne alimentaire à partir des productions animales.
Mais les animaux de compagnie sont de plus en plus nombreux et en contacts étroits et
fréquents avec leurs propriétaires. La médicalisation croissante conduit à une hausse des
traitements antibiotiques, souvent sans antibiogramme et à base de bêtalactamines comme
en médecine humaine.
Les animaux de compagnie représenteraient donc une sorte de réservoir animal de
résistances pour les personnes en contact avec eux. Et vice-versa, les animaux de compagnie
peuvent être colonisés par les résistances des germes de leurs propriétaires. Enfin, les
problématiques d’infections nosocomiales résistantes sont similaires dans les cliniques
vétérinaires et les hôpitaux humains.
Les experts de l’Agence européenne du médicament ont évalué ce transfert pour les
staphylocoques résistants à méthicilline (Staph. aureus pour les SARM « humains » et
pseudintermedius pour les SIRM canins), les germes BLSE et les entérocoques résistants à la
vancomycine (VRE).
Pour les SARM, ce sont davantage les hommes porteurs de ces germes qui représentent un
risque pour leurs animaux (chiens surtout) que l’inverse. Mais, les SIRM, fréquents chez les
chiens et les chats, peuvent aussi constituer un réservoir animal de gènes de résistance
diffusables aux Staph. aureus humains (SARM).
Avant les SARM, les BLSE (bêtalactamases à spectre étendu) et les carbapénèmases sont
devenues les résistances les plus préoccupantes pour la médecine humaine. Ces gènes de
résistances aux céphalosporines de dernière génération et aux carbapénèmes diffusent