Les hypnotiques ont été plus nombreux sur le marché qu’ils ne sont actuellement. Leur
toxicité a été, pour beaucoup d’entre eux, à l’origine de leur invalidation. Récemment [4],
l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a annoncé le retrait
du marché du Noctran® (association d’une benzodiazépine et de deux phénothiazines ; l’une
antagoniste des récepteurs D2 de la dopamine, et toutes deux antihistaminiques H1,
anticholinergiques muscariniques et adrénolytiques α1) et de la Mépronizine® (association
de méprobamate et d’une phénothiazine antihistaminique H1). Le constat fréquent d’abus,
avec installation d’une dépendance, incite à être plus avare de la prescription des hypnotiques
et à limiter la durée de ces traitements (4 semaines, incluant la période de réduction finale de
la posologie).
Parmi les hypnotiques du passé on citera divers uréides, certains à chaine ouverte (Adaline®,
Bromural®, Sédormid®), d’autres à chaine fermée ; certains barbituriques, d’autres étant
utilisés comme anesthésiques généraux. (le seul survivant, le phénobarbital, n’est plus utilisé
qu’à doses infra-hypnotiques, comme antiépileptique dans le grand mal) ; divers alcools
(Rectanol®, Dormisone®, N-Oblivon®) ; des carbamates (Merinax®, Valmid®) ; des
aldéhydes (l’hydrate de chloral, le chloralose α, le paraldéhyde) ; des dérivés pipéridiniques
(Doridéne®, Noludar®) ; des dérivés de la quinazolone (Toraflon®, Nubaréne®) ; des
phénothiazines antihistaminiques H1 (Dorévane®, Nuital® et le Nozinan®, qui ne survit que
comme neuroleptique sédatif). Les vertus sédatives de divers végétaux (valériane, tilleul,
lavande, aubépine, cimifuga, ballote, camomille, mélisse, passiflore, kawa-kawa,
eschscholtzia…) aux confins de l’effet placebo, conservent les faveurs de certains patients
[5]. Ces phytothérapies ne sont plus remboursées par la sécurité sociale.
Il ne sera question ici que des traitements symptomatiques de l’insomnie essentielle ; les
insomnies relevant de pathologies somatiques ou psychiatriques, ou encore d’origine iatreuse
doivent bénéficier d’une thérapeutique étiologique.
LES MEDIATEURS DU SOMMEIL ET LES STRUCTURES IMPLIQUEES
Les états d’éveil ou de sommeil sont la résultante d’influences contradictoires qui
s’exercent en faveur de chacun de ces états. Parmi les principales structures cérébrales
impliquées on peut mettre en exergue [6] :
Dans le tronc cérébral : la formation réticulée (point de départ de neurones
glutamatergiques), le noyau du raphé antérieur (origine de neurones
sérotonergiques), le locus cœruleus (origine de neurones noradrénergiques), les
noyaux mésopontins (origine de neurones cholinergiques).
Dans le diencéphale :
- l’hypothalamus, avec dans sa partie postérieure le tubercule
mammillaire (origine des neurones histaminergiques) ; et dans sa partie antérieure
l’aire préoptique (dont la destruction crée une insomnie durable, corrigée par
l’administration in situ du précurseur immédiat de la sérotonine) ; le noyau
suprachiasmatique, sorte d’horloge du rythme veille / sommeil au cours du nycthémère
- le thalamus et ses noyaux réticulaires, dont l’activité est
inhibée lors de l’éveil, sous l’influence d’afférences cholinergiques, histaminergiques,
noradrénergiques, sérotonergiques
Dans le télencéphale :
- le noyau basal de Meynert, (d’où partent des neurones cholinergiques
projetant sur le cortex) et l’hippocampe,