Utopie et cités-jardins - Revue des sciences sociales

Utopie et cités-jardins
L’exemple de la colonie
Wekerle à Budapest
(Hongrie)
GERGELY NAGY
es idées utopiques ont rarement
été mises en pratique dans le
domaine de l’architecture. L’uni-
vers de la théorie architecturale est issu
des descriptions données pour contri-
buer à la pratique de l’architecture ordi-
naire par un système de règles favori-
sant des formes sensées parfaites et
des constructions utilitaires. Les sys-
tèmes de proportion, les exigences
constructives et les guides pratiques
ont déjà été produits - et ce n’est pas un
hasard - dans l’architecture antique.
Les principes directeurs qui sous-ten-
daient ces acquis étaient la beauté inac-
cessible et l’utilité (fonction, stabilité,
emploi, etc.). Naturellement, les expli-
cations, notées en marge des indica-
tions pratiques, devaient éclairer les
concepts abstraits tels que la beauté
définie par le goût de l’époque.A cause
de la fixation des systèmes des ordres,
liés au style, au moment des change-
ments des possibilités architecturales
d’une époque donnée (formation de
nouveaux styles architecturaux), il était
naturel que les conditions des systèmes
de représentations possibles justifiant
la beauté, saisis seulement grâce à la
mathématique, dussent aussi changer
en fonction de la dépendance du lieu
géographique, de la conception, et des
possibilités locales.
Les cultures architecturales nou-
velles,les modes d’une époque,les tech-
nologies nouvelles, les possibilités de
transformation du matériau ont ouvert
de nouvelles perspectives à l’architec-
ture. Rappelons-nous ici les transfor-
mations considérables de l’ordre fonc-
tionnel des bâtiments bien construits,
sous l’effet et l’influence de la logique
de l’ordre dorique. Elles ont permis
l’introduction des autres ordres archi-
tecturaux et d’autres proportions. Les
principes de composition et les points
de vue également rédigés ont toujours
visé la perfection. Les lois statiques ter-
restres ont fait naître à chaque époque
des systèmes qui avaient leurs prin-
cipes propres, les structures parfaites
qui leur correspondaient. Le principe
(l’effort) précédait considérablement
les possibilités réelles, mais à l’apogée
d’une époque donnée les principes pou-
vaient être en parfaite harmonie avec
les lois de la nature terrestre.
L’exigence de composition de l’es-
pace issue de l’esprit du temps et les
styles architecturaux consécutifs pou-
vaient ainsi se servir réciproquement.
La tendance à la perfection représen-
tait l’esprit du temps. L’interpréta-
tion de l’univers terrestre de l’homme,
le rapport humain transcendantal,
dicté par l’époque,ne pouvait s’expri-
mer de façon plus démonstrative que
dans l’architecture.A côté de l’univers
des formes - né pour accentuer l’élé-
ment spatial et sa délimitation - c’est
la conception de l’espace qui possède
le plus grand nombre de caractéris-
tiques.Très tôt, dans l’Antiquité, sur-
tout à l’époque romaine,les exigences
ont été résumées d’une manière très
synthétique.Les contraintes,les régu-
larités ont défini les principes de
construction et d’architecture. Ce
n’est pas par hasard que l’ordre de l’in-
terprétation du monde architectural a
opéré un retournement à l’époque de la
Renaissance.
L
97
GERGELY NAGY
Architecte
Université Technique de Budapest
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Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes
Notes
1. « Utopie et sciences sociales ».
Colloque international organisé par
l’Ecole Doctorale : langage, espace,
temps, Faculté des Lettres et
Sciences Humaines de l’Université
de Franche-Comté, et le Laboratoire
de Sociologie et d’Anthropologie
(LASA-UFC), 22-23 mars 1997. Voir
aussi la publication des Actes :
B PEQUIGNOT (Dir.), Utopies et
sciences sociales, L’Harmattan, Paris,
1998. Coll. Logiques sociales, 354 p.
2. Les cités-jardins du Mitteleuropa,
Appel d’offres, recherche du PIR-
Villes, CNRS, terminée en 1998.
Responsable scientifique : S.Jonas ;
autres membres de l’équipe : M.N.
Denis, F. Weidmann, L. Bonnord
(Strasbourg) ; A. Mariotte (Dresde) ;
W. Kononowicz (Wroclaw) ; G. Nagy,
K. Szelényi, J. Vadas (Budapest).
Voir aussi l’ouvrage S. Jonas, G.
Nagy, K.Szelényi (Dir.),Les cités-jar-
dins du Mitteleuropa ; étude de cas de
Strasbourg, Dresde, Wroclaw et
Budapest, Hungarian Pictures,
Budapest (la sortie du livre est pré-
vue pour le printemps 2001).
3A la recherche de la cité idéale.
Exposition organisée par l’Institut
Claude-Nicolas Ledoux avec la par-
ticipation du Ministère de la
Culture et de nombreuses institu-
tions et associations. Voir notam-
ment la Salle 12 – Questions d’au-
jourd’hui. De Chandigarh à
Shanghai : L’état de la ville ; respon-
sable : J. Rizzotti, architecte ; autres
membres de l’équipe : C. Bourgeois,
photographe, S. Jonas, sociologue,
R. Kleinschmager, géographe, D.
Payot, philosophe.
4. J. Duvignaud,Chebika.Etude sociolo-
gique, Paris, Gallimard, 1968.
5
H. Desroche, « Utopie et utopies », in
Encyclopaedia Universalis, pp. 264-269 ;
Th. Kuhn, « La fonction des expé-
riences par la pensée » in La tension
essentielle, Tradition et changement dans
les sciences, Gallimard, Paris, 1990.
6. G. Fontenis, L’autre communisme ;
histoire subversive du mouvement
libertaire, Acratie, 1990.
7F. Godez, « L’utopie comme métho-
de : ou la reconstruction utopique
comme expérience « narrative » de
pensée », in B. Pequignot (Dir.),
Utopie et sciences sociales, op. cit.,
pp. 193-201.
8A. L. Morton, L’utopie anglaise,
Maspero, Paris, 1964, p. 9.
9 G. Benoît-Lévy, La Cité-Jardin,
Editions Henri Jouve, Paris, 1904.
Préface de Charles Gide. H.Kampff-
meyer, Die Gartenstadtbewegung,
Verlag von B. G. Teubner, Berlin,
1913 (2e édition) ; « Le mouvement
en faveur des cités-jardins en
Allemagne », in revue Vie Urbaine,
Paris-Sorbonne, n° 28, 1925 ;
P. Behrens, «Die Gartenstadt-
bewegung» in revue Gartenstadt,4.
Heft, 2. Jahrgang, 1908.
10 L’une de nos hypothèses de départ
au sujet de l’existence ou non d’un
modèle de cité-jardin du Mittel-
europa,s’est imposée à nous à cause
du rôle de pionnier qu’a joué
l’Allemagne unifiée dans l’innova-
tion et la diffusion des cités-jardins
sur le continent. Nous sommes ici
bien sûr en présence du grand
mythe fondateur paradigmatique
de la mission historique civilisatrice
germanique depuis l’existence du
Saint Empire Romain Germanique.
Mais de nombreux chercheurs des
nouveaux pays démocratiques ne
sont pas satisfaits de l’appellation
nouvelle proposée par la diplomatie
occidentale, à savoir « L’Europe
Centrale et Orientale », et ils obser-
vent que l’Europe Centrale com-
mence déjà sur le versant est des
Vosges en France et l’Europe
Orientale va jusqu’au piémont de
l’Oural.
11 H. Lefebvre, Droit à la ville,T.I.
Anthropos, Paris, 1968, p. 122 ; H.
Raymond, L’architecture, les aven-
tures spatiales de la raison, CCI –
Centre Pompidou, Paris, 1984.
12 L’exposition A la recherche de la cité
idéale a été conçue et réalisée par
l’Institut Claude-Nicolas Ledoux
d’Arc-et-Senans, présidé par Serge
Antoine, avec la participation
notamment de la Mission 2000 en
France, du Ministère de la Culture
et de la Confédération Suisse.
13 Salle 12 – Questions d’aujourd’hui.
De Chandigarh à Shanghai : l’état de
la ville, Concepteur et responsable :
Jacques Rizzotti, architecte,
Professeur à l’École d’Architecture
de Strasbourg ; autres membres de
l’équipe de réflexion : Christophe
Bourgeois, photographe, S. Jonas,
sociologue, R. Kleinschmager,
géographe, D. Payot, philosophe.
Les titres des 11 autres salles
sont les suivants : 1 – Scènes des
villes rêvées ; 2 – Visions et volon-
tés ; 3 – Leçons de Ledoux ;
4 – L’architecture de la cité idéale ;
5 – Rêves d’ingénieurs ; 6 – Vivre et
travailler ensemble ; 7 – Les por-
traits ; 8 – La grande horloge du
monde ; 9 – Villes et réseaux –
Réseaux et villes ; 10 – Les cités en
bandes dessinées ; 11 – Les cités des
animaux. (Voir aussi : Guide d’expo-
sition).
14 E. Kaufmann, De Ledoux à Le
Corbusier ; origine et développement
de l’architecture autonomed.Livre
et Communication, Paris, 1990. La
première édition autrichienne date
de 1933.
15 C. N. Ledoux , L’architecture considé-
rée sous le rapport de l’art, des mœurs
et de la législation, Paris, 1804.
16 Cité par Kaufmann, op.cit., p. 30.
17. Idem, p. 31.
18 A. Chenevez, « Saline d’Arc-et-
Senans : utopie et mémoire vide »,
in B. Pequignot, (Dir.), Utopies et
sciences sociales, op. cit., p. 55.
19 S. Jonas, « Le Corbusier, théoricien
de l’urbanisme et penseur de la
sociologie des villes » in F. Bradfer
(Dir.) Le Corbusier, la modernité et
après…, Ed. CIAO, Louvain-la-
Neuve, 1988, pp. 139-146 ; « La
dimension utopique dans l’œuvre
urbanistique de Le Corbusier », in
B. PEQUIGNOT (Dir.), Utopies…,op.
cit., pp. 111-126.
20 Le Corbusier,La Ville radieuse,Paris,
1935.
21 M. Parent, « Discours de clôture »
in P.G.GEROSA, S.JONAS (Dir.),Le
Corbusier, Europe et Modernité,
Editions Corvina, Budapest, 1991,
pp. 244-249. (Actes du colloque
international, Conseil de l’Europe,
1987.)
22 Cité par J. Rizzotti in Petit Guide de
l’exposition A la recherche de la cité
idéale, p. 76.
23 Les éléments principaux du Plan
Directeur sont les suivants :
1 – Capitole ; 2 – Centre commer-
cial ; 3 – hôtels, restaurants ;
4 – musée, stade ; 5 – Université ;
6- marché ; 7 – bandes de verdure
dans les secteurs ; 8 – la rue mar-
chande ; 9 – la vallée des loisirs ;
10 – industrie et gares (voir aussi le
plan).
25 Le Capitole se compose ainsi : Le
Parlement ; le Secrétariat ; le Palais
du Gouverneur ; le Palais de
Justice ; la Tour des Ombres et la
Fosse des Considérations ; le
Monument des Martyrs ; le
Monument de la Main Ouverte ; le
Club ; le lac artificiel.
25 J. Rizzotti, in Petit Guide de l’expo-
sition, op. cit., p. 76.
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Gergely Nagy Utopie et cités-jardins. L’exemple de la colonie Wekerle à Budapest
angles, avec la place centrale à six
angles reliée aux remparts fortifiés par
dix-huit voies radiales
2
.Au centre sont
situés les bâtiments du gouvernement
militaire et de garnison de la défense,
et les casernes des mercenaires sont
situées à la périphérie intra-muros.Les
voies radiales sont reliées par trois
voies circulaires parallèles sur les-
quelles sont aménagées des placettes
symétriques.A la construction de cette
place forte de la République de Venise
a participé le grand architecte italien
de la Renaissance et concepteur de
villes idéales,Vicenzo Scamozzi (1552-
1616). C’est sans doute de la formation
d’Amsterdam, à partir de 1609, qu’est
née la ville moderne où l’idéal urbain
formel de la Renaissance s’allie aux
besoins de la bourgeoisie urbaine
européenne émergente.
Les changements sociaux consécu-
tifs à l’évolution de l’industrialisation
ont commencé à mettre l’accent sur
l’environnement de l’individu et des
collectivités. C’est la relation entre
l’homme et son environnement proche
qui vient au premier plan. La construc-
tion de la ville devient surtout le terrain
de rencontre entre les sciences sociales
et l’architecture (ces domaines-là sont
alors assez peu connus). A côté des
modèles théoriques et sociaux nou-
veaux apparaissent les modèles urbains
nouveaux. L’homme vient au premier
plan,indépendamment de la nature des
modèles.L’agriculture et l’industrie ont
créé des exigences fonctionnelles struc-
turellement nouvelles; de nouveaux sys-
tèmes de coexistence devaient appa-
raître. La théorie a précédé - et de loin
- la pratique. Sans doute ne regrettons-
nous pas que les modèles urbains ne se
soient véritablement généralisés que
plus tard, à l’époque de l’urbanisme
moderne.
Les projets des
socialistes utopiques
Dans le Phalanstère de Charles Fou-
rier (1772-1837), figure française émi-
nente du socialisme utopique, la ville
est organisée en quelque sorte autour
d’un seul bâtiment,le Palais sociétaire,
à l’image du château de Versailles,don-
nant une demeure au nouveau mode de
vie.Les différentes parties sont réunies
autour des galeries à plusieurs niveaux,
où s’ouvrent aussi les appartements.Le
rez-de-chaussée était destiné aux diffé-
rents moyens de communication,le pre-
mier étage aux enfants, le deuxième
aux espaces collectifs et les deux der-
niers aux cellules d’habitation. Il n’y a
pas de différence de fortune et de spé-
cialisation entre les Phalanstériens
3
.
L’enseignement était dispensé dans les
ateliers de production. Les habitants
pouvaient choisir librement d’accomplir
leurs travaux quotidiens de deux
heures.La production et la distribution
étaient organisées selon les principes
coopératifs. Un Phalanstère était com-
posé d’environ 2000 personnes et dans
ce cadre les habitants devaient pouvoir
vivre indépendamment de leur statut
social et de leurs relations sociales. La
famille n’était pas la cellule sociale de
base unique; l’éducation des enfants
appartenait à la collectivité.La liberté
concernait aussi les biens, les pauvres
et les riches vivaient côte à côte. Sous
l’influence des thèses fouriéristes uto-
pistes,de petites villes communautaires
ont été fondées en Algérie, au Brésil et
aux États-Unis.
En France,l’industriel Jean-Baptiste
Godin (1817-1889) a fait construire,
selon ses plans mais en partant des
thèses fouriéristes, une unité d’habita-
tion qui rappelle celle de Fourier prin-
cipalement par son Palais sociétaire.
Mais ici les familles ouvrières qui tra-
vaillaient dans son usine pouvaient
habiter des logements indépendants.
Cette grande unité d’habitation,
concentrée dans un seul bâtiment,s’éle-
vait à proximité immédiate de son
usine, complétée par une école et un
théâtre. Godin a appelé son unité d’ha-
bitation Familistère - et non Phalanstè-
re - construite (et encore en fonction)
dans la petite ville de Guise, dans le
département de l’Aisne.
Robert Owen (1771-1858),un ancien
ouvrier devenu propriétaire d’une fila-
ture à New Lanark en Ecosse,est consi-
déré comme un théoricien éminent du
socialisme utopique. Il a imaginé une
ville bâtie autour d’une immense place
centrale carrée, entourée de quatre
unités d’habitation. Dans trois unités,
les familles pouvaient habiter avec
leurs enfants en bas âge (moins de trois
ans). Dans la quatrième se trouvaient
les dortoirs des adolescents.Au centre
devaient se trouver les bâtiments com-
munautaires: temple, école,restaurant,
cuisine. En périphérie se situaient les
bâtiments agricoles et industriels. Les
quelque 1200 habitants vivaient prin-
cipalement de l’agriculture avec une
surface arable de 2000-6000 m
2
.Le
modèle urbain owenite était élaboré
par l’architecte Stedman Whitwell.A la
suite du séjour d’Owen aux États-Unis,
plusieurs communes owenites ont été
fondées dans l’Etat d’Indiana. Le villa-
ge idéal d’Owen, qui fonctionnait selon
les principes de coopératives, devait
servir de modèle d’une tradition nou-
velle et s’organiser à l’échelle plané-
taire. L’importance de la place centra-
le n’a pu véritablement prendre corps
que plus tard, dans la conception
howardienne de l’architecture des
cités-jardins
4
.
Ce n’est pas un hasard si les villes
conçues par les socialistes utopiques Fou-
rier et Owen ne se sont pas multipliées.
Elles ne se sont pas évanouies non plus et
elles ont resurgi dans des pensées et des
réalisations parallèles comme celles des
unités d’habitation de Le Corbusier (1887-
1965) par exemple.En rendant hommage
aux socialistes utopiques français, l’ar-
chitecte observe: «Victor Considérant, à
l’aube de l’ère machiniste disait: ‘Les dis-
positions architectoniques varient avec la
nature et la forme des sociétés dont elles
sont l’image. Elles traduisent, à chaque
époque, la constitution intime de l’état
social, elles en sont le relief exact en le
caractérisant merveilleusement’.Fourier
l’avait précédé: ‘Il est pour les édifices
comme pour les sociétés, des méthodes
adaptées à chaque période sociale.’ »
5
.
La vision owenite de la ville resurgit
dans la ville idéale de J.S.Buckingham,
homme public et grand voyageur
anglais, qu’il a appelée «Victoria », en
1849.Il projetait de construire une ville
nouvelle pour 10000 habitants, dans le
but de diminuer le chômage. Il est vrai
que la ressemblance concernait seule-
ment les structures urbaines et non les
structures sociales. Il est à remarquer
que le projet de construction du plan de
«Victoria » est proche de la hiérarchie
interne des villes modernes non fon-
dées. Au centre habitent les riches, et
les pauvres sont renvoyés à la périphé-
rie, puisqu’ils travaillent dans les ban-
lieues. Des rues couvertes relient les
bâtiments. Les principes d’aménage-
ment sont la propreté, l’éclairage et un
environnement sain.
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Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
Des cités idéales de la
Renaissance
Cette époque a créé également une
nouvelle pensée à partir de sa nouvelle
conception: rejeter l’univers de l’espa-
ce et des formes précédent. Pour pou-
voir exprimer les nouveaux principes,il
a fallu créer une nouvelle conception de
l’espace.La perception était déjà aupa-
ravant une catégorie déterminante,
mais la recherche de la beauté a pris
des formes totalement nouvelles. Les
théories et les modes d’interprétation
surgis avec une force accrue ont été for-
mulés en s’appuyant sur l’érudition de
l’Antiquité. La théorie de l’architectu-
re a fixé, souvent indépendamment de
la pratique, les principes qui ont exer-
cé plus tard une influence considérable
sur l’évolution de l’architecture (par
exemple: la centralité). Les idées et les
principes ont créé un nouvel univers de
pensée. Les systèmes se sont perfec-
tionnés,en passant des proportions des
éléments architecturaux les plus petits
au montage de systèmes de structures
urbaines complètes. La conception de
l’environnement complet, la réflexion
globale visant l’ordre parfait ont créé
un système idéal. Des modèles idéaux
sont nés, dont l’importance pratique
est incontestable.
Les exigences fonctionnelles sont
devenues de plus en plus complexes,
l’architecture a pu aussi remplir ainsi
un rôle décisif dans plusieurs domaines.
Du point de vue architectural, la ville
est une telle entité. Dès le Moyen Age
sont nées de petites villes qui ont reflé-
l’idéal du système de cité-jardin. L’ar-
chitecte anglais, Sir Patrick Abercrom-
bie (1879-1957),a considéré que la ville
flamande de Fournès était une cité-jar-
din médiévale.Sa formulation est incon-
testablement pertinente,puisque sur la
gravure de 1590 présentée dans son
ouvrage
1
, on voit que les fonctions
urbaines de l’époque sont organisées
d’une façon moderne même pour l’es-
prit de notre époque actuelle. La place
centrale, le système de voirie intra-
muros, les remparts fortifiés, ainsi que
le rapport des maisons bourgeoises et
des champs cultivés expriment des prin-
cipes réels de cité-jardin. C’est seule-
ment le rapport avec l’industrie qui est
absent de ce milieu à cause de l’époque.
La vie des villes, leur organisation
possible, l’importance militaire des
agglomérations, leur défense ont créé
une nouvelle vision urbaine. En même
temps la ville, en tant qu’un nouvel espa-
ce social, a engendré de nouvelles inter-
rogations. Autrefois, les questions théo-
riques aidaient la pratique. La théorie
architecturale a précédé son époque pen-
dant la Renaissance.Le modèle est appa-
ru. La création de modèles a, dans ce
milieu idéal, créé un ordre adéquat,
adapté à un environnement optimal. Les
principes ont été projetés dans l’avenir à
l’aide d’idéaux dont la réalisation était
presque sans espoir. Les modèles ainsi
créés par des idéaux jamais totalement
détachés de la pratique,ont présenté des
principes architecturaux adaptés aux
nouvelles exigences de la société en
changement. La société, la population
urbaine, a formé un ordre unitaire. Au
cours de la Renaissance, la ville est
apparue comme un modèle.
Dans la ville idéale on a cherché le
système le plus avantageux des fonc-
tions urbaines. Les nouvelles tech-
niques de boisement ont constitué un
système cohérent fondé sur les prin-
cipes mathématiques,avec au centre le
château, le dôme, le palais et les bâti-
ments représentant le pouvoir. La ville
de Palmanova du Veneto (1593-1599) a
été construite selon un plan de neuf
Le problème du « Garden Suburb» illustré par R. Unwin dans une leçon sur l’expansion urbaine faite à Manchester en 1912
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Gergely Nagy Utopie et cités-jardins. L’exemple de la colonie Wekerle à Budapest
normes de construction sévères de la
capitale. Le but était de créer des loge-
ments bon marché mais modernes. Les
bâtiments sont certes d’un niveau archi-
tectural varié, ne serait-ce qu’à cause
des nombreux architectes qui y ont par-
ticipé.Mais par le respect rigoureux des
principes directifs, tous les bâtiments
reflètent le même esprit, chacun étant
ainsi un élément égal d’une unité archi-
tecturale. Autour des placettes triangu-
laires qui constituaient les centres des
quartiers secondaires, Györi a installé
les équipements scolaires. Ils sont tous
reliés par le boulevard intérieur. Ainsi
chaque équipement bâti renforce, par
son caractère architectural propre, le
réseau des équipements et le lieu géo-
graphique des places secondaires. A
côté de chaque école a été construite
une salle de sport. Une école maternel-
le, une maison du directeur et une mai-
son des instituteurs ont complété l’en-
semble du groupe scolaire. Le plan a
prévu la construction en bonne centra-
lité des bâtiments religieux des quatre
religions: l’église catholique,les temples
calviniste et luthérien et une synagogue.
Györi a bien défini aussi la place topo-
logique-géographique de l’hôpital, de
la poste, de l’hôtel de police, de l’abat-
toir, de la piscine populaire et d’un
dépôt de tramway.
Le programme de construction a été
modifié plusieurs fois, les équipements
et leur place ont changé,plusieurs bâti-
ments prévus n’ont pas été réalisés, en
partie à cause de l’éclatement de la Pre-
mière Guerre Mondiale, qui a retardé
considérablement la fin du chantier. De
nouvelles fonctions sont apparues aussi
au cours de la construction.Par exemple
sur la place centrale on a réalisé un
cinéma, un bureau de poste spécial, et
plusieurs immeubles à étages ont été
modifiés, notamment pour y installer
plusieurs magasins et le Cercle des habi-
tants de la cité-jardin. Dans le stade
s’est installé un club sportif de haut
niveau.
La formation de la place centrale a
été un véritable casse-tête pour les
concepteurs et les autorités.Au départ,
le premier ministre Wekerle n’a pas
trouvé une solution satisfaisante par
rapport au rang et au prestige de la cité-
jardin, parmi les projets de concours
primés et ceux de leur modification.
Certes le sytème de voirie géométrique
avec ses huit grandes rues radiales qui
aboutissaient sur la place centrale
monumentale de cinq hectares était
une donne architecturale et urbanis-
tique favorable à une place représenta-
tive et symbolique. Mais dans le plan de
Gy
ö
ri,la surface totale et les façades de
200 mètres de long situées entre les
rues transformaient la grande place en
un espace difficilement maîtrisable sur
le plan visuel.
Finalement, c’était le jeune architec-
te hongrois,devenu célèbre par la suite,
Kàroly K
Ó
s (1883-1977) qui a résolu le
problème grâce au concours spécial qu’il
a gagné.Il a en effet opté pour une place
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Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
La cité-jardin des
fondateurs
Le point culminant de ce processus
fondamental de création urbaine du
XIX
e
siècle est sans doute la construc-
tion des cités-jardins. La nouvelle
conception se cristallise à la suite des
travaux théoriques du grand visionnai-
re anglais Ebenezer Howard (1850-
1928).Ses principes utopistes,qui appa-
raissent nettement dans la construction
des villes nouvelles et des cités-jardins,
ont marqué même l’architecture des
grandes villes telles que New-Delhi
6
.
Les travaux théoriques de Howard ont
débuté avec la parution de son ouvrage
de référence en 1898,intitulé Tomorrow.
Dans ce livre il a élaboré sa ville idéale
à partir de l’évaluation de la pratique
architecturale et urbanistique de son
époque. La ville à l’échelle humaine,
l’environnement naturel, les avantages
de la cité-jardin du point de vue indus-
triel et agricole, expriment une nouvel-
le conception de ville. La cité-jardin
offre en effet aux habitants non seule-
ment un environnement construit nou-
veau, mais elle assure aussi l’accès à la
culture,aux loisirs, à l’éducation,à l’ap-
partenance communautaire et familiale
et à l’épanouissement de l’individu.
E. Howard était une de ces person-
nalités modernes exceptionnelles qui -
sans pratique professionnelle puisqu’il
était à l’origine un simple employé - a
réussi à bâtir un système urbain cohé-
rent. Quelques années plus tard, lors-
qu’il a fondé plusieurs associations de
cité-jardin,il a montré lui-même un bon
exemple de la mise en pratique de ses
thèses. Ses célèbres cités-jardins de
Letchworth (1904) et Welwyn (1919)
sont des exemples typiques des idées
utopiques de son temps et montrent
bien,même aujourd’hui,l’influence de
ses idées sur l’aménagement de nos
villes.
Il est incontestable que l’évolution
naturelle de la ville industrielle ainsi
que l’action de quelques industriels phi-
lanthropes sensibles à l’architecture ont
créé des villes et des cités industrielles
qui montrent la voie pour l’évolution de
la ville depuis le XVIII
e
siècle,jusqu’au
système urbain howardien.Sans la défi-
nition de tels principes, leur mise en
ordre,les exemples ainsi réalisés à peti-
te échelle n’auraient pas pu se diffuser
dans la pensée architecturale, comme
c’était désormais le cas dans le domaine
des cités-jardins. Certes les principes
howardiens étaient de caractère pure-
ment théorique, mais Howard a tou-
jours pris soin de concevoir la ville
comme une entité, épousant ainsi la tra-
dition des villes idéales de la Renais-
sance. La différence considérable était
qu’au moment de la formation de la
théorie des cités-jardins, l’habitant, le
citoyen était au centre de l’opération.
C’est la ville unitaire qui servait l’hom-
me.Tandis que dans la ville idéale de la
Renaissance, c’était la ville qui consti-
tuait l’entité et elle a été imaginée
comme une entité de composition fonc-
tionnelle qui devait bien fonctionner.En
effet,dans la ville ayant un système, une
proportion et une structure de l’espace
parfaits,le citoyen pouvait avoir la nette
impression que c’était bien lui qui était
au centre.
L’aménagement des cités-jardins
dépassait les théories utopiques qui
l’avaient précédé, en ce sens que les
principes qui le sous-tendaient ont été
mis en pratique à une grande échelle.
Certes le modèle pur présenté dans les
principes théoriques n’a pas pu devenir
réalité. En effet, le système de la ville-
centre howardienne de 50-60000 habi-
tants entourée de villes satellites de 20-
30000 habitants n’a pu être réalisée nulle
part dans sa totalité.Même les exemples
britanniques les plus importants n’ont pu
produire qu’un seul exemple de cité
satellite,en l’occurrence la cité-jardin de
Letchworth
7
.
Une cité-jardin
modèle : la colonie
Wekerle à Budapest
Il est extraordinaire qu’une cité-jar-
din à l’échelle de la cité idéale de
Howard ait été construite à Budapest,en
Hongrie, pour 20000 habitants et à une
époque précoce dans l’histoire des cités-
jardins. Sur la proposition du premier
ministre et du ministre des finances
Sàndor Wekerle (1848-1921), un pro-
gramme du gouvernement a été adopté
en 1908 pour créer des cités-jardins
pour les ouvriers de la grande industrie
de la capitale. Le gouvernement a en
effet pris des mesures prioritaires pour
assurer aux ouvriers montés massive-
ment à Budapest à la recherche d’un
travail, des conditions de logement
décents et pour casser les prix des loyers
spéculatifs exorbitants pratiqués dans la
capitale. S. Wekerle, qui depuis un cer-
tain temps était séduit par l’idée de réa-
liser des cités-jardins, a trouvé en la
personne du Maire de Budapest, Istvàn
Bàrczy (1866-1943), un allié précieux
pour ce genre de projet. Bàrczy voyait
d’un oeil favorable la manière anglaise
de créer des cités-jardins, selon laquel-
le on ne se contentait pas de construire
simplement des cités, mais aussi des
villes nouvelles complètes où l’on rai-
sonnait en termes d’unités d’habitation
bien équipées et structurées.Il était en
effet important que la construction éco-
nomique fût accompagnée d’un envi-
ronnement sain,d’un grand espace vert
et d’un ordre urbain convenable
8
.
La construction de la cité-jardin a
commencé en 1909 et elle devait en
principe être terminée en trois ans.Afin
de pouvoir mener à bien et avec préci-
sion ce chantier, le département de
construction du ministère des finances
et son chef, l’ingénieur Ottmar Györi,
responsable de la réalisation, ont été
renforcés par des architectes réputés. La
voirie de la cité-jardin a été conçue par
O.Györi - qui s’est inspiré pour son pro-
jet de synthèse des projets de concours
primés - de façon à diviser l’espace
urbanisé en quatre centres secondaires.
Ces centres distribuaient ainsi l’espace
d’habitat de la population d’une maniè-
re harmonieuse, comptant chacun 5000
habitants. Il a mis un soin particulier à
créer un paysage typique, en répartis-
sant les maisons-types en harmonie avec
la structure urbaine et paysagère.Ainsi
les paysages de la rue ont été constitués
par des maisons-types riches et variées.
L’organisation des jardins attachés
aux maisons avait la même importance
dans le projet que celle des maisons.Les
plantations suivaient l’importance de la
rue dans la hiérarchie viaire. On a ainsi
planté sciemment des peupliers sur les
voies radiales, alors que les voies circu-
laires étaient plantées de platanes pour
y former des tunnels de verdure. D’autre
part, chaque rue avait alors et a main-
tenant encore, ses essences d’arbres
propres et typiques.
Le programme de construction des
maisons-types a été établi par les ser-
vices compétents du ministère. Pour la
création des appartements, la cité-jar-
din pouvait légèrement s’écarter des
La cité -jardin de Weckerlé à Budapest en 1999. Vue aérienne, photo de K. Szelényi. Au centre la place centrale de 5 hectares.
SCRE 2001F nouveau 29/03/01 17:35 Page 100
La coloration
des façades
Individualisme triomphant
ou enjeu d’une « solidarité
esthétique » ?
DENIS STEINMETZ
Le développement
généralisé de la
couleur des façades
es dernières années ont vu
l’émergence d’une polychromie
de l’habitat individuel dont l’en-
gouement ne semble pas connaître de
limites. Pour l’instant, ses effets les
plus spectaculaires, tant en nombre de
façades colorées qu’en puissance chro-
matique, semblent se concentrer sur
l’Alsace, mais d’autres régions fran-
çaises ne sont pas épargnées. En Bre-
tagne, dans le Nord, près de Toulouse,
dans la Sarthe, par exemple, des mai-
sons bleues,roses ou jaunes,s’affichent
dans les rues ou ponctuent le paysage.
S’il s’agit souvent de manifestations
isolées, certaines communes mettent
en place de véritables campagnes de
ravalement dans le but de promouvoir
l’image du bâti par la couleur.
Alors que dans les années soixante-
dix la couleur était devenue indispen-
sable pour donner une nouvelle vigueur
à l’entretien des façades et permettre
« l’embellissement des villes », elle n’a
pu s’imposer dans les campagnes qu’à
condition de se justifier de pratiques
traditionnelles et locales. Dans la plu-
part des textes destinés à la promotion
de la couleur,l’argument de la tradition
était nécessaire : Ainsi un article du
Moniteur en 1988: « Depuis sept ou huit
ans,après la mode des années 60 qui avait
privilégié le blanc, de nombreuses villes
cherchent à renouer avec leur tradition et
à retrouver des ambiances colorées.»
1
,ou
cet autre : «Les ocres, les beiges, les roses
retrouvés sur l’ensemble des quais de
Saône redonnèrent au bâti ancien la
magnificence de son passé et rappelèrent
aux Lyonnais les parures florentines de la
Renaissance.»
2
ou encore dans le n°135
de Monuments Historiques : « Si l’image
traditionnelle de la maison à colombage
blanche avec des volets verts existe dans la
mémoire de chacun, l’Alsace, contraire-
ment au reste de la France,fut une région
très colorée. »
3
Pourtant peu d’éléments concrets
permettent de déterminer l’extension et
l’époque de ces prétendues traditions
colorées, parfois seulement quelques
traces datant généralement des années
trente ou cinquante interprétées de
manière partielle et partiale. Ainsi une
maison de Weyersheim (Bas-Rhin) est-
elle présentée dans de nombreuses
publications, notamment dans le
célèbre ouvrage sur les couleurs de la
France
4
,comme étant représentative de
la coloration du XVIII
e
siècle,alors qu’el-
le a été peinte en 1957 dans un bleu
outremer dont la formule datait de 1832.
Ainsi, pour le particulier qui désire
procéder au ravalement de sa maison,le
choix des couleurs apparaît de plus en
plus comme un élément essentiel.Dans
bien des cas, il s’agit même du facteur
principal motivant la décision d’entre-
prendre cette opération en principe sim-
C
103
DENIS STEINMETZ
Université Marc Bloch, Strasbourg
Département Arts Appliqués
102
Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
fermée très urbaine et créé sur les ave-
nues principales de grands portails spec-
taculaires de style transylvain et saxon et
en composant pour les autres bâtiments
des tourelles et des murs de pignon sur
les frontons touchant les angles de rues.
En proposant une place urbaine fermée
avec des bâtiments de plusieurs étages,
K
Ó
s a réussi à créer, malgré la monu-
mentalité de la place centrale, une unité
architecturale remarquable. Quand il a
gagné ce concours spécial, la majorité
des maisons de la cité-jardin était déjà
réalisée. C’est sur la place centrale seu-
lement qu’il a par conséquent pu réaliser
ses idées architecturales. Ces concep-
tions innovantes ont toujours enrichi la
cité-jardin.
Nous avons vu que le projet et la réa-
lisation de la cité-jardin de Wekerle à
Budapest n’a pas échappé, elle non plus,
au modèle howardien britannique de
créer, même en conditions banlieusardes
d’une métropole, des unités d’habitation
du type ville satellite autonome. C’est en
cela aussi que la cité-jardin de Wekerle
s’intègre dans l’archipel européen des
réalisations utopiques des cités-jardins.
En résumé,nous pouvons dire par rapport
à Wekerle, qu’on a construit à Budapest
entre 1909 et 1926, une cité-jardin exem-
plaire qui ne manque pas de caractéris-
tiques utopiques. Selon les statistiques de
1929,dans la cité-jardin que les habitants
et l’opinion publique commençaient à
appeler Colonie Wekerle, on a érigé 4753
logements situés dans 1091 bâtiments
modernes. 20000 habitants de la capitale
ont ainsi eu là des habitations modernes
et saines. La cité-jardin de Wekerle,
aujourd’hui protégée, est un des meilleurs
exemples réalisés du mouvement
européen des cités-jardins.
Notre équipe de recherche interna-
tionale a considéré dès le début les
cités-jardins du Mitteleuropa comme
des projets et des réalisations ayant
une dimension utopique
9
. Pour nous,
elles sont à la fois des utopies prati-
quées et des utopies de pensée. Les
utopies sont parfois réalisables quoique
rarement intégralement.C’est peut-être
bien ainsi parce que l’humanité échap-
pe ainsi à plusieurs fausses routes.
Cependant,au cours de la conception ou
de la réalisation des utopies architectu-
rales sont nées des idées utiles et inno-
vantes qui ont influencé favorablement
et souvent considérablement le monde
des époques ultérieures.
Notes
1P. Abercrombie, Town and Country
Plan, London, 1961. La première
édition date de 1933.
2. M. Szücs, A reneszànsz épitészet
(L’architecture de la Renaissance)
Budapest, 1992.
3T. Meggyesi, A vàrosépités utjai és
tévutjai (Les voies et les fausses
routes de la construction des
villes), Budapest, 1985. Voir aussi:
Ch. Fourier, Traité de l’association
domestique agricole, Paris, 1832.
4S.Kostof, The City Shaped, London,
1999.
5Le Corbusier, Manière de penser
l’urbanisme, Médiations, Paris,
1966, p.87.
6Ph. Davies, Splendours of the Raj,
London, 1985.
7M. Miller, Letchworth, The First
Garden City.
8. G. Nagy, K. Szelényi, Kertvàrosunk
Wekerle (Notre cité-jardin
Wekerle), Hungarian Pictures,
Budapest, 1994.
9
S. Jonas, G. Nagy, K. Szelényi, Les
cités-jardins du Mitteleuropa: étude
des cas de Strasbourg, Dresde,
Wroclaw et Budapest, Éditions
Hungarian Pictures, Budapest.
Préface de P. Watier et T. Fejérdi
(la sortie du livre est annoncée
pour le printemps 2001). Textes
légèrement modifiés et complétés
du rapport du contrat de recherche
commandé et financé dans le cadre
du PIR-Villes du CNRS, terminé en
1998. Laboratoire « Cultures et
sociétés en Europe » (Université
Marc Bloch, Strasbourg et CNRS) :
dir. P. Watier; responsable scienti-
fique du programme : S. Jonas;
autres membres de l’équipe:
M.N. Denis, L. Bonnord, F.Weidmann
(Strasbourg), A. Mariotte (Dresde),
W. Kononowicz (Wroclav), G. Nagy,
K. Szelényi, J.Vadas (Budapest).
SCRE 2001F nouveau 29/03/01 17:35 Page 102
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