Utopie et cités-jardins - Revue des sciences sociales

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Notes
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« Utopie et sciences sociales ».
Colloque international organisé par
l’Ecole Doctorale : langage, espace,
temps, Faculté des Lettres et
Sciences Humaines de l’Université
de Franche-Comté, et le Laboratoire
de Sociologie et d’Anthropologie
(LASA-UFC), 22-23 mars 1997. Voir
aussi la publication des Actes :
B PEQUIGNOT (Dir.), Utopies et
sciences sociales, L’Harmattan, Paris,
1998. Coll. Logiques sociales, 354 p.
2. Les cités-jardins du Mitteleuropa,
Appel d’offres, recherche du PIRVilles, CNRS, terminée en 1998.
Responsable scientifique : S. Jonas ;
autres membres de l’équipe : M.N.
Denis, F. Weidmann, L. Bonnord
(Strasbourg) ; A. Mariotte (Dresde) ;
W. Kononowicz (Wroclaw) ; G. Nagy,
K. Szelényi, J. Vadas (Budapest).
Voir aussi l’ouvrage S. Jonas, G.
Nagy, K. Szelényi (Dir.), Les cités-jardins du Mitteleuropa ; étude de cas de
Strasbourg, Dresde, Wroclaw et
Budapest, Hungarian Pictures,
Budapest (la sortie du livre est prévue pour le printemps 2001).
3 A la recherche de la cité idéale.
Exposition organisée par l’Institut
Claude-Nicolas Ledoux avec la participation du Ministère de la
Culture et de nombreuses institutions et associations. Voir notamment la Salle 12 – Questions d’aujourd’hui.
De
Chandigarh
à
Shanghai : L’état de la ville ; responsable : J. Rizzotti, architecte ; autres
membres de l’équipe : C. Bourgeois,
photographe, S. Jonas, sociologue,
R. Kleinschmager, géographe, D.
Payot, philosophe.
4. J. Duvignaud, Chebika. Etude sociologique, Paris, Gallimard, 1968.
5 H. Desroche, « Utopie et utopies », in
Encyclopaedia Universalis, pp. 264-269 ;
Th. Kuhn, « La fonction des expériences par la pensée » in La tension
essentielle, Tradition et changement dans
les sciences, Gallimard, Paris, 1990.
6. G. Fontenis, L’autre communisme ;
histoire subversive du mouvement
libertaire, Acratie, 1990.
7 F. Godez, « L’utopie comme méthode : ou la reconstruction utopique
comme expérience « narrative » de
pensée », in B. Pequignot (Dir.),
Utopie et sciences sociales, op. cit.,
pp. 193-201.
8 A. L. Morton, L’utopie anglaise,
Maspero, Paris, 1964, p. 9.
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G. Benoît-Lévy, La Cité-Jardin,
Editions Henri Jouve, Paris, 1904.
Préface de Charles Gide. H. Kampffmeyer, Die Gartenstadtbewegung,
Verlag von B. G. Teubner, Berlin,
1913 (2e édition) ; « Le mouvement
en faveur des cités-jardins en
Allemagne », in revue Vie Urbaine,
Paris-Sorbonne, n° 28, 1925 ;
P. Behrens, «Die Gartenstadtbewegung» in revue Gartenstadt, 4.
Heft, 2. Jahrgang, 1908.
L’une de nos hypothèses de départ
au sujet de l’existence ou non d’un
modèle de cité-jardin du Mitteleuropa, s’est imposée à nous à cause
du rôle de pionnier qu’a joué
l’Allemagne unifiée dans l’innovation et la diffusion des cités-jardins
sur le continent. Nous sommes ici
bien sûr en présence du grand
mythe fondateur paradigmatique
de la mission historique civilisatrice
germanique depuis l’existence du
Saint Empire Romain Germanique.
Mais de nombreux chercheurs des
nouveaux pays démocratiques ne
sont pas satisfaits de l’appellation
nouvelle proposée par la diplomatie
occidentale, à savoir « L’Europe
Centrale et Orientale », et ils observent que l’Europe Centrale commence déjà sur le versant est des
Vosges en France et l’Europe
Orientale va jusqu’au piémont de
l’Oural.
H. Lefebvre, Droit à la ville, T. I.
Anthropos, Paris, 1968, p. 122 ; H.
Raymond, L’architecture, les aventures spatiales de la raison, CCI –
Centre Pompidou, Paris, 1984.
L’exposition A la recherche de la cité
idéale a été conçue et réalisée par
l’Institut Claude-Nicolas Ledoux
d’Arc-et-Senans, présidé par Serge
Antoine, avec la participation
notamment de la Mission 2000 en
France, du Ministère de la Culture
et de la Confédération Suisse.
Salle 12 – Questions d’aujourd’hui.
De Chandigarh à Shanghai : l’état de
la ville, Concepteur et responsable :
Jacques
Rizzotti,
architecte,
Professeur à l’École d’Architecture
de Strasbourg ; autres membres de
l’équipe de réflexion : Christophe
Bourgeois, photographe, S. Jonas,
sociologue, R. Kleinschmager,
géographe, D. Payot, philosophe.
Les titres des 11 autres salles
sont les suivants : 1 – Scènes des
villes rêvées ; 2 – Visions et volontés ; 3 – Leçons de Ledoux ;
4 – L’architecture de la cité idéale ;
5 – Rêves d’ingénieurs ; 6 – Vivre et
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travailler ensemble ; 7 – Les portraits ; 8 – La grande horloge du
monde ; 9 – Villes et réseaux –
Réseaux et villes ; 10 – Les cités en
bandes dessinées ; 11 – Les cités des
animaux. (Voir aussi : Guide d’exposition).
E. Kaufmann, De Ledoux à Le
Corbusier ; origine et développement
de l’architecture autonome, Éd. Livre
et Communication, Paris, 1990. La
première édition autrichienne date
de 1933.
C. N. Ledoux , L’architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs
et de la législation, Paris, 1804.
Cité par Kaufmann, op.cit., p. 30.
Idem, p. 31.
A. Chenevez, « Saline d’Arc-etSenans : utopie et mémoire vide »,
in B. Pequignot, (Dir.), Utopies et
sciences sociales, op. cit., p. 55.
S. Jonas, « Le Corbusier, théoricien
de l’urbanisme et penseur de la
sociologie des villes » in F. Bradfer
(Dir.) Le Corbusier, la modernité et
après…, Ed. CIAO, Louvain-laNeuve, 1988, pp. 139-146 ; « La
dimension utopique dans l’œuvre
urbanistique de Le Corbusier », in
B. PEQUIGNOT (Dir.), Utopies…, op.
cit., pp. 111-126.
Le Corbusier, La Ville radieuse, Paris,
1935.
M. Parent, « Discours de clôture »
in P.G. GEROSA, S. JONAS (Dir.), Le
Corbusier, Europe et Modernité,
Editions Corvina, Budapest, 1991,
pp. 244-249. (Actes du colloque
international, Conseil de l’Europe,
1987.)
Cité par J. Rizzotti in Petit Guide de
l’exposition A la recherche de la cité
idéale, p. 76.
Les éléments principaux du Plan
Directeur sont les suivants :
1 – Capitole ; 2 – Centre commercial ; 3 – hôtels, restaurants ;
4 – musée, stade ; 5 – Université ;
6- marché ; 7 – bandes de verdure
dans les secteurs ; 8 – la rue marchande ; 9 – la vallée des loisirs ;
10 – industrie et gares (voir aussi le
plan).
Le Capitole se compose ainsi : Le
Parlement ; le Secrétariat ; le Palais
du Gouverneur ; le Palais de
Justice ; la Tour des Ombres et la
Fosse des Considérations ; le
Monument des Martyrs ; le
Monument de la Main Ouverte ; le
Club ; le lac artificiel.
J. Rizzotti, in Petit Guide de l’exposition, op. cit., p. 76.
Utopie et cités-jardins
L’exemple de la colonie
Wekerle à Budapest(Hongrie)
es idées utopiques ont rarement
été mises en pratique dans le
domaine de l’architecture. L’univers de la théorie architecturale est issu
des descriptions données pour contribuer à la pratique de l’architecture ordinaire par un système de règles favorisant des formes sensées parfaites et
des constructions utilitaires. Les systèmes de proportion, les exigences
constructives et les guides pratiques
ont déjà été produits - et ce n’est pas un
hasard - dans l’architecture antique.
Les principes directeurs qui sous-tendaient ces acquis étaient la beauté inaccessible et l’utilité (fonction, stabilité,
emploi, etc.). Naturellement, les explications, notées en marge des indications pratiques, devaient éclairer les
concepts abstraits tels que la beauté
définie par le goût de l’époque. A cause
de la fixation des systèmes des ordres,
liés au style, au moment des changements des possibilités architecturales
d’une époque donnée (formation de
nouveaux styles architecturaux), il était
naturel que les conditions des systèmes
de représentations possibles justifiant
la beauté, saisis seulement grâce à la
mathématique, dussent aussi changer
en fonction de la dépendance du lieu
géographique, de la conception, et des
possibilités locales.
Les cultures architecturales nouvelles, les modes d’une époque, les technologies nouvelles, les possibilités de
transformation du matériau ont ouvert
de nouvelles perspectives à l’architecture. Rappelons-nous ici les transformations considérables de l’ordre fonctionnel des bâtiments bien construits,
L
GERGELY NAGY
Architecte
Université Technique de Budapest
sous l’effet et l’influence de la logique
de l’ordre dorique. Elles ont permis
l’introduction des autres ordres architecturaux et d’autres proportions. Les
principes de composition et les points
de vue également rédigés ont toujours
visé la perfection. Les lois statiques terrestres ont fait naître à chaque époque
des systèmes qui avaient leurs principes propres, les structures parfaites
qui leur correspondaient. Le principe
(l’effort) précédait considérablement
les possibilités réelles, mais à l’apogée
d’une époque donnée les principes pouvaient être en parfaite harmonie avec
les lois de la nature terrestre.
L’exigence de composition de l’espace issue de l’esprit du temps et les
styles architecturaux consécutifs pouvaient ainsi se servir réciproquement.
La tendance à la perfection représentait l’esprit du temps. L’interprétation de l’univers terrestre de l’homme,
le rapport humain transcendantal,
dicté par l’époque, ne pouvait s’exprimer de façon plus démonstrative que
dans l’architecture. A côté de l’univers
des formes - né pour accentuer l’élément spatial et sa délimitation - c’est
la conception de l’espace qui possède
le plus grand nombre de caractéristiques. Très tôt, dans l’Antiquité, surtout à l’époque romaine, les exigences
ont été résumées d’une manière très
synthétique. Les contraintes, les régularités ont défini les principes de
construction et d’architecture. Ce
n’est pas par hasard que l’ordre de l’interprétation du monde architectural a
opéré un retournement à l’époque de la
Renaissance.
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Le problème du « Garden Suburb» illustré par R. Unwin dans une leçon sur l’expansion urbaine faite à Manchester en 1912
Des cités idéales de la
Renaissance
■
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Cette époque a créé également une
nouvelle pensée à partir de sa nouvelle
conception: rejeter l’univers de l’espace et des formes précédent. Pour pouvoir exprimer les nouveaux principes, il
a fallu créer une nouvelle conception de
l’espace. La perception était déjà auparavant une catégorie déterminante,
mais la recherche de la beauté a pris
des formes totalement nouvelles. Les
théories et les modes d’interprétation
surgis avec une force accrue ont été formulés en s’appuyant sur l’érudition de
l’Antiquité. La théorie de l’architecture a fixé, souvent indépendamment de
la pratique, les principes qui ont exercé plus tard une influence considérable
sur l’évolution de l’architecture (par
exemple: la centralité). Les idées et les
principes ont créé un nouvel univers de
pensée. Les systèmes se sont perfectionnés, en passant des proportions des
éléments architecturaux les plus petits
au montage de systèmes de structures
urbaines complètes. La conception de
l’environnement complet, la réflexion
globale visant l’ordre parfait ont créé
un système idéal. Des modèles idéaux
sont nés, dont l’importance pratique
est incontestable.
Les exigences fonctionnelles sont
devenues de plus en plus complexes,
l’architecture a pu aussi remplir ainsi
un rôle décisif dans plusieurs domaines.
Du point de vue architectural, la ville
est une telle entité. Dès le Moyen Age
sont nées de petites villes qui ont reflété l’idéal du système de cité-jardin. L’architecte anglais, Sir Patrick Abercrombie (1879-1957), a considéré que la ville
flamande de Fournès était une cité-jardin médiévale. Sa formulation est incontestablement pertinente, puisque sur la
gravure de 1590 présentée dans son
ouvrage 1, on voit que les fonctions
urbaines de l’époque sont organisées
d’une façon moderne même pour l’esprit de notre époque actuelle. La place
centrale, le système de voirie intramuros, les remparts fortifiés, ainsi que
le rapport des maisons bourgeoises et
des champs cultivés expriment des principes réels de cité-jardin. C’est seulement le rapport avec l’industrie qui est
absent de ce milieu à cause de l’époque.
La vie des villes, leur organisation
possible, l’importance militaire des
agglomérations, leur défense ont créé
Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
une nouvelle vision urbaine. En même
temps la ville, en tant qu’un nouvel espace social, a engendré de nouvelles interrogations. Autrefois, les questions théoriques aidaient la pratique. La théorie
architecturale a précédé son époque pendant la Renaissance. Le modèle est apparu. La création de modèles a, dans ce
milieu idéal, créé un ordre adéquat,
adapté à un environnement optimal. Les
principes ont été projetés dans l’avenir à
l’aide d’idéaux dont la réalisation était
presque sans espoir. Les modèles ainsi
créés par des idéaux jamais totalement
détachés de la pratique, ont présenté des
principes architecturaux adaptés aux
nouvelles exigences de la société en
changement. La société, la population
urbaine, a formé un ordre unitaire. Au
cours de la Renaissance, la ville est
apparue comme un modèle.
Dans la ville idéale on a cherché le
système le plus avantageux des fonctions urbaines. Les nouvelles techniques de boisement ont constitué un
système cohérent fondé sur les principes mathématiques, avec au centre le
château, le dôme, le palais et les bâtiments représentant le pouvoir. La ville
de Palmanova du Veneto (1593-1599) a
été construite selon un plan de neuf
Utopie et cités-jardins. L’exemple de la colonie Wekerle à Budapest
angles, avec la place centrale à six
angles reliée aux remparts fortifiés par
dix-huit voies radiales 2. Au centre sont
situés les bâtiments du gouvernement
militaire et de garnison de la défense,
et les casernes des mercenaires sont
situées à la périphérie intra-muros. Les
voies radiales sont reliées par trois
voies circulaires parallèles sur lesquelles sont aménagées des placettes
symétriques. A la construction de cette
place forte de la République de Venise
a participé le grand architecte italien
de la Renaissance et concepteur de
villes idéales, Vicenzo Scamozzi (15521616). C’est sans doute de la formation
d’Amsterdam, à partir de 1609, qu’est
née la ville moderne où l’idéal urbain
formel de la Renaissance s’allie aux
besoins de la bourgeoisie urbaine
européenne émergente.
Les changements sociaux consécutifs à l’évolution de l’industrialisation
ont commencé à mettre l’accent sur
l’environnement de l’individu et des
collectivités. C’est la relation entre
l’homme et son environnement proche
qui vient au premier plan. La construction de la ville devient surtout le terrain
de rencontre entre les sciences sociales
et l’architecture (ces domaines-là sont
alors assez peu connus). A côté des
modèles théoriques et sociaux nouveaux apparaissent les modèles urbains
nouveaux. L’homme vient au premier
plan, indépendamment de la nature des
modèles. L’agriculture et l’industrie ont
créé des exigences fonctionnelles structurellement nouvelles; de nouveaux systèmes de coexistence devaient apparaître. La théorie a précédé - et de loin
- la pratique. Sans doute ne regrettonsnous pas que les modèles urbains ne se
soient véritablement généralisés que
plus tard, à l’époque de l’urbanisme
moderne.
Les projets des
socialistes utopiques
■
Dans le Phalanstère de Charles Fourier (1772-1837), figure française éminente du socialisme utopique, la ville
est organisée en quelque sorte autour
d’un seul bâtiment, le Palais sociétaire,
à l’image du château de Versailles, donnant une demeure au nouveau mode de
vie. Les différentes parties sont réunies
autour des galeries à plusieurs niveaux,
où s’ouvrent aussi les appartements. Le
rez-de-chaussée était destiné aux différents moyens de communication, le premier étage aux enfants, le deuxième
aux espaces collectifs et les deux derniers aux cellules d’habitation. Il n’y a
pas de différence de fortune et de spécialisation entre les Phalanstériens3.
L’enseignement était dispensé dans les
ateliers de production. Les habitants
pouvaient choisir librement d’accomplir
leurs travaux quotidiens de deux
heures. La production et la distribution
étaient organisées selon les principes
coopératifs. Un Phalanstère était composé d’environ 2000 personnes et dans
ce cadre les habitants devaient pouvoir
vivre indépendamment de leur statut
social et de leurs relations sociales. La
famille n’était pas la cellule sociale de
base unique; l’éducation des enfants
appartenait à la collectivité. La liberté
concernait aussi les biens, les pauvres
et les riches vivaient côte à côte. Sous
l’influence des thèses fouriéristes utopistes, de petites villes communautaires
ont été fondées en Algérie, au Brésil et
aux États-Unis.
En France, l’industriel Jean-Baptiste
Godin (1817-1889) a fait construire,
selon ses plans mais en partant des
thèses fouriéristes, une unité d’habitation qui rappelle celle de Fourier principalement par son Palais sociétaire.
Mais ici les familles ouvrières qui travaillaient dans son usine pouvaient
habiter des logements indépendants.
Cette grande unité d’habitation,
concentrée dans un seul bâtiment, s’élevait à proximité immédiate de son
usine, complétée par une école et un
théâtre. Godin a appelé son unité d’habitation Familistère - et non Phalanstère - construite (et encore en fonction)
dans la petite ville de Guise, dans le
département de l’Aisne.
Robert Owen (1771-1858), un ancien
ouvrier devenu propriétaire d’une filature à New Lanark en Ecosse, est considéré comme un théoricien éminent du
socialisme utopique. Il a imaginé une
ville bâtie autour d’une immense place
centrale carrée, entourée de quatre
unités d’habitation. Dans trois unités,
les familles pouvaient habiter avec
leurs enfants en bas âge (moins de trois
ans). Dans la quatrième se trouvaient
les dortoirs des adolescents. Au centre
devaient se trouver les bâtiments com-
munautaires: temple, école, restaurant,
cuisine. En périphérie se situaient les
bâtiments agricoles et industriels. Les
quelque 1200 habitants vivaient principalement de l’agriculture avec une
surface arable de 2000-6000 m 2. Le
modèle urbain owenite était élaboré
par l’architecte Stedman Whitwell. A la
suite du séjour d’Owen aux États-Unis,
plusieurs communes owenites ont été
fondées dans l’Etat d’Indiana. Le village idéal d’Owen, qui fonctionnait selon
les principes de coopératives, devait
servir de modèle d’une tradition nouvelle et s’organiser à l’échelle planétaire. L’importance de la place centrale n’a pu véritablement prendre corps
que plus tard, dans la conception
howardienne de l’architecture des
cités-jardins4.
Ce n’est pas un hasard si les villes
conçues par les socialistes utopiques Fourier et Owen ne se sont pas multipliées.
Elles ne se sont pas évanouies non plus et
elles ont resurgi dans des pensées et des
réalisations parallèles comme celles des
unités d’habitation de Le Corbusier (18871965) par exemple. En rendant hommage
aux socialistes utopiques français, l’architecte observe: « Victor Considérant, à
l’aube de l’ère machiniste disait: ‘Les dispositions architectoniques varient avec la
nature et la forme des sociétés dont elles
sont l’image. Elles traduisent, à chaque
époque, la constitution intime de l’état
social, elles en sont le relief exact en le
caractérisant merveilleusement’. Fourier
l’avait précédé: ‘Il est pour les édifices
comme pour les sociétés, des méthodes
adaptées à chaque période sociale.’ »5.
La vision owenite de la ville resurgit
dans la ville idéale de J.S. Buckingham,
homme public et grand voyageur
anglais, qu’il a appelée « Victoria », en
1849. Il projetait de construire une ville
nouvelle pour 10000 habitants, dans le
but de diminuer le chômage. Il est vrai
que la ressemblance concernait seulement les structures urbaines et non les
structures sociales. Il est à remarquer
que le projet de construction du plan de
« Victoria » est proche de la hiérarchie
interne des villes modernes non fondées. Au centre habitent les riches, et
les pauvres sont renvoyés à la périphérie, puisqu’ils travaillent dans les banlieues. Des rues couvertes relient les
bâtiments. Les principes d’aménagement sont la propreté, l’éclairage et un
environnement sain.
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La cité-jardin des
fondateurs
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■
Le point culminant de ce processus
fondamental de création urbaine du
XIXe siècle est sans doute la construction des cités-jardins. La nouvelle
conception se cristallise à la suite des
travaux théoriques du grand visionnaire anglais Ebenezer Howard (18501928). Ses principes utopistes, qui apparaissent nettement dans la construction
des villes nouvelles et des cités-jardins,
ont marqué même l’architecture des
grandes villes telles que New-Delhi6.
Les travaux théoriques de Howard ont
débuté avec la parution de son ouvrage
de référence en 1898, intitulé Tomorrow.
Dans ce livre il a élaboré sa ville idéale
à partir de l’évaluation de la pratique
architecturale et urbanistique de son
époque. La ville à l’échelle humaine,
l’environnement naturel, les avantages
de la cité-jardin du point de vue industriel et agricole, expriment une nouvelle conception de ville. La cité-jardin
offre en effet aux habitants non seulement un environnement construit nouveau, mais elle assure aussi l’accès à la
culture, aux loisirs, à l’éducation, à l’appartenance communautaire et familiale
et à l’épanouissement de l’individu.
E. Howard était une de ces personnalités modernes exceptionnelles qui sans pratique professionnelle puisqu’il
était à l’origine un simple employé - a
réussi à bâtir un système urbain cohérent. Quelques années plus tard, lorsqu’il a fondé plusieurs associations de
cité-jardin, il a montré lui-même un bon
exemple de la mise en pratique de ses
thèses. Ses célèbres cités-jardins de
Letchworth (1904) et Welwyn (1919)
sont des exemples typiques des idées
utopiques de son temps et montrent
bien, même aujourd’hui, l’influence de
ses idées sur l’aménagement de nos
villes.
Il est incontestable que l’évolution
naturelle de la ville industrielle ainsi
que l’action de quelques industriels philanthropes sensibles à l’architecture ont
créé des villes et des cités industrielles
qui montrent la voie pour l’évolution de
la ville depuis le XVIIIe siècle, jusqu’au
système urbain howardien. Sans la définition de tels principes, leur mise en
ordre, les exemples ainsi réalisés à petite échelle n’auraient pas pu se diffuser
dans la pensée architecturale, comme
c’était désormais le cas dans le domaine
des cités-jardins. Certes les principes
howardiens étaient de caractère purement théorique, mais Howard a toujours pris soin de concevoir la ville
comme une entité, épousant ainsi la tradition des villes idéales de la Renaissance. La différence considérable était
qu’au moment de la formation de la
théorie des cités-jardins, l’habitant, le
citoyen était au centre de l’opération.
C’est la ville unitaire qui servait l’homme. Tandis que dans la ville idéale de la
Renaissance, c’était la ville qui constituait l’entité et elle a été imaginée
comme une entité de composition fonctionnelle qui devait bien fonctionner. En
effet, dans la ville ayant un système, une
proportion et une structure de l’espace
parfaits, le citoyen pouvait avoir la nette
impression que c’était bien lui qui était
au centre.
L’aménagement des cités-jardins
dépassait les théories utopiques qui
l’avaient précédé, en ce sens que les
principes qui le sous-tendaient ont été
mis en pratique à une grande échelle.
Certes le modèle pur présenté dans les
principes théoriques n’a pas pu devenir
réalité. En effet, le système de la villecentre howardienne de 50-60000 habitants entourée de villes satellites de 2030000 habitants n’a pu être réalisée nulle
part dans sa totalité. Même les exemples
britanniques les plus importants n’ont pu
produire qu’un seul exemple de cité
satellite, en l’occurrence la cité-jardin de
Letchworth7.
Une cité-jardin
modèle : la colonie
Wekerle à Budapest
■
Il est extraordinaire qu’une cité-jardin à l’échelle de la cité idéale de
Howard ait été construite à Budapest, en
Hongrie, pour 20000 habitants et à une
époque précoce dans l’histoire des citésjardins. Sur la proposition du premier
ministre et du ministre des finances
Sàndor Wekerle (1848-1921), un programme du gouvernement a été adopté
en 1908 pour créer des cités-jardins
pour les ouvriers de la grande industrie
de la capitale. Le gouvernement a en
effet pris des mesures prioritaires pour
assurer aux ouvriers montés massivement à Budapest à la recherche d’un
Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
travail, des conditions de logement
décents et pour casser les prix des loyers
spéculatifs exorbitants pratiqués dans la
capitale. S. Wekerle, qui depuis un certain temps était séduit par l’idée de réaliser des cités-jardins, a trouvé en la
personne du Maire de Budapest, Istvàn
Bàrczy (1866-1943), un allié précieux
pour ce genre de projet. Bàrczy voyait
d’un oeil favorable la manière anglaise
de créer des cités-jardins, selon laquelle on ne se contentait pas de construire
simplement des cités, mais aussi des
villes nouvelles complètes où l’on raisonnait en termes d’unités d’habitation
bien équipées et structurées. Il était en
effet important que la construction économique fût accompagnée d’un environnement sain, d’un grand espace vert
et d’un ordre urbain convenable8.
La construction de la cité-jardin a
commencé en 1909 et elle devait en
principe être terminée en trois ans. Afin
de pouvoir mener à bien et avec précision ce chantier, le département de
construction du ministère des finances
et son chef, l’ingénieur Ottmar Györi,
responsable de la réalisation, ont été
renforcés par des architectes réputés. La
voirie de la cité-jardin a été conçue par
O. Györi - qui s’est inspiré pour son projet de synthèse des projets de concours
primés - de façon à diviser l’espace
urbanisé en quatre centres secondaires.
Ces centres distribuaient ainsi l’espace
d’habitat de la population d’une manière harmonieuse, comptant chacun 5000
habitants. Il a mis un soin particulier à
créer un paysage typique, en répartissant les maisons-types en harmonie avec
la structure urbaine et paysagère. Ainsi
les paysages de la rue ont été constitués
par des maisons-types riches et variées.
L’organisation des jardins attachés
aux maisons avait la même importance
dans le projet que celle des maisons. Les
plantations suivaient l’importance de la
rue dans la hiérarchie viaire. On a ainsi
planté sciemment des peupliers sur les
voies radiales, alors que les voies circulaires étaient plantées de platanes pour
y former des tunnels de verdure. D’autre
part, chaque rue avait alors et a maintenant encore, ses essences d’arbres
propres et typiques.
Le programme de construction des
maisons-types a été établi par les services compétents du ministère. Pour la
création des appartements, la cité-jardin pouvait légèrement s’écarter des
Utopie et cités-jardins. L’exemple de la colonie Wekerle à Budapest
La cité -jardin de Weckerlé à Budapest en 1999. Vue aérienne, photo de K. Szelényi. Au centre la place centrale de 5 hectares.
normes de construction sévères de la
capitale. Le but était de créer des logements bon marché mais modernes. Les
bâtiments sont certes d’un niveau architectural varié, ne serait-ce qu’à cause
des nombreux architectes qui y ont participé. Mais par le respect rigoureux des
principes directifs, tous les bâtiments
reflètent le même esprit, chacun étant
ainsi un élément égal d’une unité architecturale. Autour des placettes triangulaires qui constituaient les centres des
quartiers secondaires, Györi a installé
les équipements scolaires. Ils sont tous
reliés par le boulevard intérieur. Ainsi
chaque équipement bâti renforce, par
son caractère architectural propre, le
réseau des équipements et le lieu géographique des places secondaires. A
côté de chaque école a été construite
une salle de sport. Une école maternelle, une maison du directeur et une maison des instituteurs ont complété l’ensemble du groupe scolaire. Le plan a
prévu la construction en bonne centra-
lité des bâtiments religieux des quatre
religions: l’église catholique, les temples
calviniste et luthérien et une synagogue.
Györi a bien défini aussi la place topologique-géographique de l’hôpital, de
la poste, de l’hôtel de police, de l’abattoir, de la piscine populaire et d’un
dépôt de tramway.
Le programme de construction a été
modifié plusieurs fois, les équipements
et leur place ont changé, plusieurs bâtiments prévus n’ont pas été réalisés, en
partie à cause de l’éclatement de la Première Guerre Mondiale, qui a retardé
considérablement la fin du chantier. De
nouvelles fonctions sont apparues aussi
au cours de la construction. Par exemple
sur la place centrale on a réalisé un
cinéma, un bureau de poste spécial, et
plusieurs immeubles à étages ont été
modifiés, notamment pour y installer
plusieurs magasins et le Cercle des habitants de la cité-jardin. Dans le stade
s’est installé un club sportif de haut
niveau.
La formation de la place centrale a
été un véritable casse-tête pour les
concepteurs et les autorités. Au départ,
le premier ministre Wekerle n’a pas
trouvé une solution satisfaisante par
rapport au rang et au prestige de la citéjardin, parmi les projets de concours
primés et ceux de leur modification.
Certes le sytème de voirie géométrique
avec ses huit grandes rues radiales qui
aboutissaient sur la place centrale
monumentale de cinq hectares était
une donne architecturale et urbanistique favorable à une place représentative et symbolique. Mais dans le plan de
Györi, la surface totale et les façades de
200 mètres de long situées entre les
rues transformaient la grande place en
un espace difficilement maîtrisable sur
le plan visuel.
Finalement, c’était le jeune architecte hongrois, devenu célèbre par la suite,
Kàroly KÓs (1883-1977) qui a résolu le
problème grâce au concours spécial qu’il
a gagné. Il a en effet opté pour une place
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DENIS STEINMETZ
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fermée très urbaine et créé sur les avenues principales de grands portails spectaculaires de style transylvain et saxon et
en composant pour les autres bâtiments
des tourelles et des murs de pignon sur
les frontons touchant les angles de rues.
En proposant une place urbaine fermée
avec des bâtiments de plusieurs étages,
KÓs a réussi à créer, malgré la monumentalité de la place centrale, une unité
architecturale remarquable. Quand il a
gagné ce concours spécial, la majorité
des maisons de la cité-jardin était déjà
réalisée. C’est sur la place centrale seulement qu’il a par conséquent pu réaliser
ses idées architecturales. Ces conceptions innovantes ont toujours enrichi la
cité-jardin.
Nous avons vu que le projet et la réalisation de la cité-jardin de Wekerle à
Budapest n’a pas échappé, elle non plus,
au modèle howardien britannique de
créer, même en conditions banlieusardes
d’une métropole, des unités d’habitation
du type ville satellite autonome. C’est en
cela aussi que la cité-jardin de Wekerle
s’intègre dans l’archipel européen des
réalisations utopiques des cités-jardins.
En résumé, nous pouvons dire par rapport
à Wekerle, qu’on a construit à Budapest
entre 1909 et 1926, une cité-jardin exemplaire qui ne manque pas de caractéristiques utopiques. Selon les statistiques de
1929, dans la cité-jardin que les habitants
et l’opinion publique commençaient à
appeler Colonie Wekerle, on a érigé 4753
logements situés dans 1091 bâtiments
modernes. 20000 habitants de la capitale
ont ainsi eu là des habitations modernes
et saines. La cité-jardin de Wekerle,
aujourd’hui protégée, est un des meilleurs
exemples réalisés du mouvement
européen des cités-jardins.
Notre équipe de recherche internationale a considéré dès le début les
cités-jardins du Mitteleuropa comme
des projets et des réalisations ayant
une dimension utopique9. Pour nous,
elles sont à la fois des utopies pratiquées et des utopies de pensée. Les
utopies sont parfois réalisables quoique
rarement intégralement. C’est peut-être
bien ainsi parce que l’humanité échappe ainsi à plusieurs fausses routes.
Cependant, au cours de la conception ou
de la réalisation des utopies architecturales sont nées des idées utiles et innovantes qui ont influencé favorablement
et souvent considérablement le monde
des époques ultérieures.
8.
Notes
■
P. Abercrombie, Town and Country
Plan, London, 1961. La première
édition date de 1933.
2. M. Szücs, A reneszànsz épitészet
(L’architecture de la Renaissance)
Budapest, 1992.
3 T. Meggyesi, A vàrosépités utjai és
tévutjai (Les voies et les fausses
routes de la construction des
villes), Budapest, 1985. Voir aussi:
Ch. Fourier, Traité de l’association
domestique agricole, Paris, 1832.
4 S. Kostof, The City Shaped, London,
1999.
5 Le Corbusier, Manière de penser
l’urbanisme, Médiations, Paris,
1966, p.87.
6 Ph. Davies, Splendours of the Raj,
London, 1985.
7 M. Miller, Letchworth, The First
Garden City.
1
Revue des Sciences Sociales, 2001, n° 28, nouve@ux mondes ?
9
G. Nagy, K. Szelényi, Kertvàrosunk
Wekerle
(Notre
cité-jardin
Wekerle), Hungarian Pictures,
Budapest, 1994.
S. Jonas, G. Nagy, K. Szelényi, Les
cités-jardins du Mitteleuropa: étude
des cas de Strasbourg, Dresde,
Wroclaw et Budapest, Éditions
Hungarian Pictures, Budapest.
Préface de P. Watier et T. Fejérdi
(la sortie du livre est annoncée
pour le printemps 2001). Textes
légèrement modifiés et complétés
du rapport du contrat de recherche
commandé et financé dans le cadre
du PIR-Villes du CNRS, terminé en
1998. Laboratoire « Cultures et
sociétés en Europe » (Université
Marc Bloch, Strasbourg et CNRS) :
dir. P. Watier; responsable scientifique du programme : S. Jonas;
autres membres de l’équipe:
M.N. Denis, L. Bonnord, F. Weidmann
(Strasbourg), A. Mariotte (Dresde),
W. Kononowicz (Wroclav), G. Nagy,
K. Szelényi, J. Vadas (Budapest).
La coloration
des façades
Individualisme triomphant
ou enjeu d’une « solidarité
esthétique » ?
Le développement
généralisé de la
couleur des façades
es dernières années ont vu
l’émergence d’une polychromie
de l’habitat individuel dont l’engouement ne semble pas connaître de
limites. Pour l’instant, ses effets les
plus spectaculaires, tant en nombre de
façades colorées qu’en puissance chromatique, semblent se concentrer sur
l’Alsace, mais d’autres régions françaises ne sont pas épargnées. En Bretagne, dans le Nord, près de Toulouse,
dans la Sarthe, par exemple, des maisons bleues, roses ou jaunes, s’affichent
dans les rues ou ponctuent le paysage.
S’il s’agit souvent de manifestations
isolées, certaines communes mettent
en place de véritables campagnes de
ravalement dans le but de promouvoir
l’image du bâti par la couleur.
Alors que dans les années soixantedix la couleur était devenue indispensable pour donner une nouvelle vigueur
à l’entretien des façades et permettre
« l’embellissement des villes », elle n’a
pu s’imposer dans les campagnes qu’à
condition de se justifier de pratiques
traditionnelles et locales. Dans la plupart des textes destinés à la promotion
de la couleur, l’argument de la tradition
était nécessaire : Ainsi un article du
Moniteur en 1988: « Depuis sept ou huit
ans, après la mode des années 60 qui avait
C
DENIS STEINMETZ
Université Marc Bloch, Strasbourg
Département Arts Appliqués
■
privilégié le blanc, de nombreuses villes
cherchent à renouer avec leur tradition et
à retrouver des ambiances colorées.»1, ou
cet autre : «Les ocres, les beiges, les roses
retrouvés sur l’ensemble des quais de
Saône redonnèrent au bâti ancien la
magnificence de son passé et rappelèrent
aux Lyonnais les parures florentines de la
Renaissance.»2 ou encore dans le n°135
de Monuments Historiques : « Si l’image
traditionnelle de la maison à colombage
blanche avec des volets verts existe dans la
mémoire de chacun, l’Alsace, contrairement au reste de la France, fut une région
très colorée. »3
Pourtant peu d’éléments concrets
permettent de déterminer l’extension et
l’époque de ces prétendues traditions
colorées, parfois seulement quelques
traces datant généralement des années
trente ou cinquante interprétées de
manière partielle et partiale. Ainsi une
maison de Weyersheim (Bas-Rhin) estelle présentée dans de nombreuses
publications, notamment dans le
célèbre ouvrage sur les couleurs de la
France4, comme étant représentative de
la coloration du XVIIIe siècle, alors qu’elle a été peinte en 1957 dans un bleu
outremer dont la formule datait de 1832.
Ainsi, pour le particulier qui désire
procéder au ravalement de sa maison, le
choix des couleurs apparaît de plus en
plus comme un élément essentiel. Dans
bien des cas, il s’agit même du facteur
principal motivant la décision d’entreprendre cette opération en principe sim-
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