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Stress tests espagnols
Vendredi dernier, Oliver Wyman a rendu public son rapport sur les stress tests des banques espagnoles. Ce
rapport a été « endossé » par les autorités espagnoles et la Troïka : il forme donc le nouveau consensus officiel
sur la situation de ces banques. Ce rapport présente des atouts importants mais il souffre, selon nous, de
quelques défauts méthodologiques qui nous conduisent à estimer le besoin réel des banques espagnoles à environ
85-90Mds€ plutôt que les 59Mds€ (ou 54Mds€) mentionnés dans le rapport. Voici pourquoi.
Insistons tout d’abord sur les points forts du rapport :
En effectuant un travail de fond sur les quatorze plus grands groupes espagnols, il couvre la quasi-
intégralité de ce marché, contrairement aux stress tests de l’EBA qui ne s’appliquaient qu’aux banques
soi-disant systémiques.
Il repose sur une analyse extrêmement détaillée du portefeuille des banques et sur de très importants
échantillons représentatifs de prêts qui ont été effectivement examinés par les auditeurs et pas
uniquement sur des données comptables discutables.
Le scénario macro-économique « adverse » sur lequel sont appuyés les chiffres de besoin en capital est
sans doute un scénario suffisamment négatif, même si la probabili que la Banque d’Espagne lui
attribue (1%) est trop faible compte tenu de la perspective très morose.
Il nous semble donc que l’analyse des pertes qu’aura à subir le système financier espagnol est robuste. Partant de
ces pertes estimées, les chiffres ci-dessous résument les conclusions du rapport (seul le scénario adverse nous
intéresse).
+ Pertes totales : 270Mds€ desquelles il faut retrancher les éléments d’absorption des pertes des entités qui ne
passent pas les tests.
- Provisions déjà passées : 110Mds€
- Garanties données : 8Mds€
- Profits futurs 2012 2014 : 59Mds€
- Excès de capital : -36Mds€
- Effet fiscal : 3Mds€
Manque : 54Mds€
Revenons sur chacun des postes :
Pertes totales
Nous avions déjà examiné la question des pertes totales subies par le secteur bancaire espagnol dans une autre
publication. On peut, à dire vrai, la résumer de manière très grossière : l’excès de construction dans le pays a
atteint près de 380Mds€, soit 37% du PIB 2010. Les pertes totales, sur la globalité d’un cycle, après absorption de
l’excès, devraient donc être proches de ce chiffre. Naturellement, tout l’immobilier espagnol n’est pas détenu par
les banques (biens non financés, biens financé par des banques non espagnoles, equity des financements, effets
fiscaux, etc.) et il nous semble conservateur de supposer que le « levier implicite » est au plus de 50%, autrement
dit de supposer que les banques ne supporteront que la moitié des pertes, soit 190Mds€, alors que le rapport
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table sur des pertes immobilières de l’ordre de 180Mds€ (le solde étant principalement sur les PME et les grandes
entreprises avec des hypothèses qui nous paraissent conservatrices, notamment sur les grandes entreprises).
Une comparaison avec l’Irlande est également intéressante : l’excès de construction en Irlande était d’environ
55% du PIB (2008) et les pertes cumulées sur trois ans autour de 40% du PIB. Transposer ces chiffres au cas
espagnol donne une estimation de 276Mds€, très proche de l’estimation d’Oliver Wyman.
Provisions déjà passées
Ce nombre est une donnée factuelle.
Garanties données
8Mds€. Le principal objet des stress tests est de mesurer l’impact des besoins en capital bancaire sur les finances
publiques. Il n’est donc pas pertinent de retirer, comme le fait le rapport, les garanties publiques des besoins
globaux de couverture des pertes. Nous avons donc supprimé les garanties du calcul.
Profits futurs 2012 2014
Les pertes futures sont en grande partie absorbées par les profits futurs des établissements. C’est une zone
d’aléa important, car dans une situation de crise aigüe c’est la viabilité même des établissements qui seraient mise
à mal et donc nécessairement leur capacité à dégager des profits futurs. Toutefois, si l’on excepte les scénarios de
faillite, les propositions d’Oliver Wyman paraissent raisonnables et les haircuts proposés sur les revenus actuels
des établissements suffisamment conservateurs. Ces chiffres ne seraient sans doute remis en cause que par une
accélération massive de la fuite des dépôts ou une sortie de la zone Euro.
Excès de capital
Ce poste comprend les effets du deleveraging bancaire et l’excès de capital par rapport au ratio minimum requis,
9% dans le scénario de base et 6% dans le scénario adverse. C’est sur ce poste que le rapport souffre de manques
méthodologiques : nous pensons que le deleveraging, pour les banques en difficulté, (i.e. pas les ventes par
Santander de certaines de ses filiales étrangères rentables) sera très difficile à réaliser et que dans un scénario de
crise, les banques seront tenues de respecter un ratio de 9%, pas de 6%. Nous avons donc retraité les chiffres en
conséquence.
Effet fiscal
Nous avons supprimé les effets fiscaux pour deux raisons. D’une part, les impôts différés actifs sont la forme la
plus « faible » de capital et devraient disparaitre progressivement dans Bâle III. D’autre part, à nouveau, l’objectif
est d’estimer l’impact sur les finances publiques espagnoles des besoins en capital des banques. Prendre en
compte l’impôt reviendrait à déshabiller Paul pour habiller Jacques.
Ces effets pris en compte, nous parvenons à un besoin de 82Mds€, qui pourrait monter à 85-90Mds€ avec des
hypothèses de pertes plus conservatrices. Certaines banques qui passaient les stress tests (par exemple BBVA
pour 2.8Mds€) ne les passent plus et certaines banques qui pourraient a priori combler le manque sur les marchés
(Popular) ne pourraient plus le faire avec cette méthodologie.
Il n’en reste pas moins que le résultat est proche de celui obtenu par Oliver Wyman et confirme la principale
conclusion de cette étude : le montant total reste en deçà du seuil de 100Mds€ fixé dans le programme établi avec
la Troïka pour la recapitalisation du secteur bancaire espagnol.
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Banque
En % du RWA
Santander
0
BBVA & Unnim
0,91%
Caixabank & Banca Civica
0,58%
Kutxa Bank
0
Sabadell & CAM
9,61%
Bankinter
2,09%
Unicaja & CEISS
5,54%
Banco Mare Nostrum
13,19%
Libercaja
11,43%
Banco de Valencia
35,68%
Popular & Pastor
9,66%
NCG Banco
27,62%
Catalunya Bank
37,67%
Bankia BFA
25,01%
Ibercaja
6,18%
1 / 3 100%
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