AFRIQUE Les ambitions africaines d’IBM ’

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 14 MAI 2013
AFRIQUE
ZOOM
Les ambitions
africaines d’IBM
Cette fois-ci serait-ce la bonne ?
p.15
CAHIER DE L’INTÉGRATION
S&P met en garde contre
l’effet «boomerang» !
● Banques, télécoms, administrations et gestion
des ressources naturelles, sont les priorités de la multinationale
américaine pour l’Afrique. Baba Zoumanigui, vice-président
d’IBM Software Group Afrique/Moyen-Orient, se livre aux ÉCO.
p.16
LE MARCHÉ DE LA SEMAINE
Au Togo, l’État privatise
à tour de bras.
p.17
P. 18
VUE DU CAMEROUN
Dangereuses «distorsions»
sur la fibre optique.
p.19
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 14 MAI 2013
14
Les échos du continent
55%
BILLET
C’est désormais la part détenue par le groupe Attijariwafa
bank dans le capital de la Banque internationale pour
l’Afrique, dont la cession par l’État Togolais, vient d’être
finalisée entre les deux parties.
Safall Fall
[email protected]
Formation. Consécration régionale
pour L’OFPPT
Africa invests
in Africa
«A
IA»… Bien plus
qu’une abréviation,
ces trois lettres marquent l’avènement
d’une nouvelle approche des politiques
d’investissement des économies africaines. Elles témoignent d’une subite
prise de conscience - mieux vaut tard
que jamais - du gotha politico-économique du continent, de l’intérêt de promouvoir l’intégration financière via le
développement des investissements
intra-africains. C’est l’idée qu’il faut retenir du dernier «Davos» africain 2013,
tenu au Cap, en Afrique du Sud, du 8 au
10 mai. Qui investit quoi et dans quel
secteur ? Dans un récent rapport
consacrés à l’état de l’intégration régionale en Afrique, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique
dressait déjà un constat peu enthousiasmant. Reprenant les chiffres de la
Conférence des Nations unies pour le
commerce et le développement (CNUCED), l’organisme panafricain estime
que les flux d’IDE intra-africains ont
très peu progressé sur la dernière décennie. Ces investissements étaient estimés à 2 milliards de dollars par an durant les années 2002-2004, avant de
plonger à 1,6 milliard de dollars sur la
période 2005-2007, «ne représentant
ainsi que de minuscules parts des entrées totales d’IDE en Afrique). Ces investissements vont vers quatre secteurs : industries extractives et pétrole,
finances, services aux entreprises et
transport et entreposage. Autre caractéristique, la majeure partie de ces capitaux intra-africains est souvent destinée à financer des fusions et
acquisitions, plutôt que le développement de nouveaux projets d’investissement. En attendant la multiplication
des accords internationaux de promotion et de protection des investissements,des structures comme la
Banque africaine de développement
proposent des solutions. L’une d’entre
elles, présentée en marge du World
economic forum for Africa, est un instrument permettant aux Banques centrales africaines d'investir une partie de
leurs réserves dans le continent. ●
Meeting. Le prochain «Davos»
Africain aura lieu au Nigéria
L’OFPPT a décroché le prix «Academy Outreach Award, North Africa
2013», en reconnaissance des efforts déployés pour la promotion du programme de formation Cisco NetWorking Academy. Cette distinction a été
décernée à l'occasion de la 4e édition de l’«Arabian Adventure Roadshow» de Cisco, qui s’est déroulée à Tunis les 23 et 24 avril 2013. Ce certificat décerné à l’OFPPT vient ainsi récompenser les efforts entrepris pour
l’intégration des cursus CISCO dans la formation dispensée par les établissements de l’OFPPT. Ce prix est le fruit du partenariat développé avec
CISCO et qui porte sur les axes suivants : l’expansion au programme
CISCO Networking Academy au Maroc et sa promotion dans les établissements de formation, l’appui à la formation des formateurs et la qualité
des relations établies avec les équipes CISCO. Ce résultat est l’aboutissement d’un processus de partenariat initié en 2001. En effet, l’OFPPT a
abrité, à l’Institut supérieur industriel de Casablanca (ISIC), la première
académie régionale CISCO au Maroc.
Le géant africain a été officiellement désigné, vendredi, pour accueillir la prochaine rencontre du
Forum économique mondial pour l’Afrique, en
2014. Ce choix est évidemment motivé par la dynamique économique de ce pays d’Afrique de l’Ouest,
l’une des principales locomotives de la région et du
continent. La 23e édition du «Davos» africain s'est Pharmacie. Sanofi Maroc franchit
terminée vendredi dernier au Cap, en Afrique du le seuil des 200 millions de traitements
Sud. Il a été question de plusieurs thématiques cengroupe pharmaceutique français marque la journée mondiale de lutte
trales, liées globalement à la dynamique écono- Le
contre le paludisme, célébrée le 25 avril dernier, avec un aperçu chiffré
mique et de croissance du continent. Il s’agit no- sur les performances de son produit phare contre cette pathologie : l’Asaq
tamment de la nécessité des économies africaines Winthrop. Produit depuis 2007 à partir de son usine de Zénata, dans la
à diversifier leurs ressources pour rendre durable périphérie industrielle casablancaise, l’enseigne a dépassé le seuil des
200 millions de traitements distribués dans 32 marchés dans le monde,
leur croissance, le développement des infrastruc- dont 30 sur le continent. l’Asaq Winthrop est une solution thérapeutique
tures, ainsi que la promotion des investissements. et industrielle, issue d’un partenariat entre Sanofi et Drugs for Neglected
Les protagonistes des échanges qui ont eu lieu en Diseases initiative (DNDi), fondation indépendante à but non lucratif. Ce
non breveté, combine l’artésunate et l’amodiaquine dans
marge de ce forum ont en effet confirmé l’enthou- médicament,
une association à dose fixe permettant de réduire les risques de résissiasme économique que connaît le continent, avec tance. Le produit est vendu sur ces marchés à un prix inférieur à 1 dollar
une croissance moyenne maintenue à plus de 5% US pour les adultes et 0,50 dollars US pour les enfants. Pour rappel, le
groupe a récemment inauguré une importante plateforme logistique sur
en 2012 et attendue à près de 6% en 2013.
son site de production industrielle. L'objectif est de doper sa supply-chain
sur le continent.
Monétique. Au Nigéria, Mastercard
transforme les CIN en cartes
bancaires
Formation. HEM accueille l’AABS
Connect 2013
La compagnie américaine spécialisée dans les technologies de paiement vient de s’associer avec la
Commission nigériane nationale de gestion de
l'identité (NIMC) pour le déploiement, sur la base
d’un projet pilote, de 13 millions de cartes intelligentes d’identité nationale (National Identity Smart
Cards). Flanquées de la marque MasterCard, ces
nouvelles cartes disposeront en effet de capacités
de paiement électronique. Elles font partie du système de cartes récemment développé par le Système nigérian de gestion de l'identité (NIMS).
La business school accueille depuis hier et jusqu'au 17 mai la rencontre
annuelle «AABS Connect 2013», en partenariat avec l’Association des Business School africaines (African Business Schools-AABS). Cette manifestation devrait donner un nouvel élan à sa visibilité sur la scène continentale. C’est en tout cas ce qu’espèrent les organisateurs, lorsqu’ils nous
confient que «HEM ambitionne, à travers l’organisation de cette rencontre,
de rayonner encore davantage sur la scène africaine et internationale et de
continuer à être cet espace de débat qu'elle est depuis sa création». Cette rencontre annuelle, tenue pour la première fois en Afrique du Nord et placée
sous le thème de «Business Schools : Générateurs de compétitivité en
Afrique», aura pour objectif principal d’offrir une plateforme d'échange,
de partage d’idées et de bonnes pratiques en abordant aussi bien avec des
pédagogues que des professionnels du monde de l'entreprise, plusieurs
questions et enjeux de l’heure liés à la création de ressources humaines
hautement qualifiées au service de l’économie du continent.
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Zoom
Cette fois-ci serait-ce
la bonne ?
Q/R
● Maroc-Sénégal. Les deux pays ont fait le point sur les derniers acquis dans le secteur
des transports et de la logistique. Leurs engagements ambitionnent de faire de Rabat et Dakar
de véritables hubs régionaux. Un projet de ligne maritime régulière, la baisse des tarifs douaniers
routiers et une coopération plus renforcée sur l’aérien sont les principales concrétisations en vue.
D
es accords et conventions de
coopération, le protocole de
la diplomatie économique,
entre Dakar et Rabat, en a vu
beaucoup circuler ces dernières années.
Cela, au profit d’autant de secteurs d’activités, ainsi qu’à des fortunes diverses.
Les transports et la logistique, dans leur
globalité, sont de ces domaines dans lesquels la coopération entre les deux pays
voudrait se renforcer. Cette ambition a
été réitérée par les deux parties à l’occasion de la dernière édition du Salon Logismed, spécialisé dans la logistique et
les transports. Le Sénégal, justement, y
a été le pays à l’honneur. «Un choix significatif, pour permettre au business de parachever les acquis institutionnels et de
passer à la mise en œuvre des engagements pris à Dakar, en mars dernier»,
commente Thierno Alassane Sall, le ministre sénégalais des Infrastructures et
des transports, à l’issue de trois jours de
visite de travail et de rencontres des
opérateurs marocains du secteur, en
marge du Logismed. Ce dernier affirme
aussi avoir convenu avec son homologue marocain, Abdelaziz Rabbah, de
prendre des mesures concrètes de facilitation réciproque de circulation des
biens et des personnes, à travers notamment la baisse des tarifs douaniers sur
l’axe routier.
Sur tous les fronts
Une des principales concrétisations attendues sur ce volet porte principale-
●●●
La faiblesse
des
connexions
terrestres et
maritimes
pèse sur les
échanges.
ment sur l’ouverture prochaine d’une
ligne maritime entre les deux pays pour
mieux booster leurs échanges commerciaux. Ce projet devrait être entériné
par un second accord à Rabat, dans les
semaines à venir, et a d’ailleurs semblet-il été parmi les sujets soulevés par les
deux ministres la semaine dernière. Il
est en effet certain que les potentiels du
secteur et de trafic, entre le Maroc et le
Sénégal, sur le secteur maritime, demeurent encore très inexploités en
dépit des positionnements géographiques très stratégiques des ports de
Dakar, Casablanca et Tanger Med. L’objectif est évidemment de booster les
échanges commerciaux entre les deux
pays. Pour rappel, ceux-ci ont certes
progressé sur les dernières années,
mais pourraient beaucoup mieux faire :
la faiblesse des connexions terrestres et
maritimes pèse beaucoup sur les statistiques. Le Sénégal est le second plus important client du royaume dans la région subsaharienne. En 2010, les
exportations vers ce marché ont atteint
660 MDH, contre 181 MDH au début de
la décennie.
●
Thierno Alassane Sall
Ministre des Infrastructures
et des transports
Les ÉCO : Qu’est-ce que les nouveaux accords vont changer ?
Thierno Alassane Sall : Les deux parties avaient déjà des accords importants
dans ce secteur. Ceux que nous avons signés dernièrement à Dakar viennent ainsi
en renforcement des acquis des deux pays
dans le secteur des infrastructures de
transport et de circulation des personnes et
des biens. Les autorités des deux pays ont
déjà fait montre d’une forte conviction à
promouvoir le couloir logistique Casablanca-Dakar.
C’est aussi une façon de soutenir
les échanges commerciaux ...
Il faut d’abord fluidifier et organiser les
flux de circulation des personnes, des marchandises et des biens. Cela dans une logique win-win et de transferts de compétences. dans les secteurs de la logistique et
des infrastructures de transport, en général
et de mise en place de projets d’investissements communs entre les opérateurs économiques des deux pays.
Sur le secteur aérien, est-ce
qu’une coopération serait à nouveau envisageable ?
Plusieurs projets sont en cours et d’autres
sont à l’étude, au profit de ce secteur. Il
s’agit toutefois, pour la plupart des projets
d'une coopération portant sur les
échanges d’expertises. Là aussi, les acquis
sont importants puisqu’une bonne partie
des RH de l’aviation civile sénégalaise a
été formée au Maroc. Il y a donc de nouvelles perspectives qui se dégagent ●
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Cahier de l’intégration
Analyse
S&P met en garde contre
l’effet «boomerang» !
● Eurobonds. L’agence de notation américaine constate une nette augmentation des recours
aux emprunts internationaux chez les économies africaines. La réorientation des capitaux
occidentaux vers les marchés en développement a accentué la tendance, mais cela n’est pas
sans impact sur les dettes extérieures des pays africains.
ÉMISSIONS D’OBLIGATIONS D’ÉTAT SUR LES MARCHES
INTERNATIONAUX (EN MILLIONS $ US)
400
Sénégal
500
Sénégal 500
200
Tanzanie
600
600
Rwanda
400
800
Angola 1000
Nigeria
500
1.000
SOURCE : STANDARD & POOR’S 2013
1.200
Namibie
500
1.400
Ghana 750
1.600
Zambie 750
1.800
Gabon 1000
L
es économies africaines sont
en train de rattraper progressivement leur retard sur le marché international des capitaux
en multipliant les sorties, mais semblent prêter peu d’attention aux effets
boomerang de cette tendance : la progression des dettes extérieures. Tel est,
en substance, le constat du rating service de l’agence internationale de notation Standard & Poor’s, récemment livré
à la presse. «Au moment où l’Afrique du
Sud était encore le seul État à multiplier
les recours au marché international en
termes d’émissions d’obligations, plusieurs autres économies africaines se
sont aussi très vite lancées sur la même
voie durant les deux dernières années»,
relève-t-on dans la note de l’agence. Les
chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis
2007, sept États africains ont eu recours
aux emprunts à l’international, d’une
valeur totale estimée à 5 milliards de
dollars US et la tendance s’accentue
d’année en année. L’agence explique
cette situation par le fait que les faibles
retours sur investissement sur les marchés européens et américains, en
l’occurrence, poussent les capitaux internationaux à se tourner vers les économies en développement et émergentes, en l’occurrence en Afrique. Les
économies du continent ont ainsi de
plus en plus de promptitude à émettre
des obligations d’États sur les marchés
internationaux, au détriment du marché
domestique. De plus, «les mesures d’austérité prévalant dans la plupart des économies en développement, depuis l’éclatement de la crise financière internationale,
pèsent beaucoup sur les prêts et finance-
0
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
ÉTAT D’AVANCEMENT DES PROJETS D’INFRASTRUCTURES
LANCES SUR LE CONTINENT (EN %)
37% 299 projets
36% 293 projets
27% 225 projets
Conception et faisabilité
Closing financier,
pré-lancement
En cours, bientôt livrés
SOURCE : BUSINESS MONITOR INTERNATIONAL; ERNST & YOUNG ANALYSIS
ments bilatéraux entre États, traditionnellement considérés comme l’une des principales voies de financement auxquelles
ont recours les économies africaines»,
constatent les experts de S&P. Le recours
aux emprunts internationaux tend ainsi
à supplanter les financements dans le
cadre des coopérations bilatérales.
À double tranchant
Si cet engouement pour les emprunts
internationaux est essentiel pour le fi-
nancement de la dynamique de croissance de la plupart des économies du
continent, cela constituerait cependant
un risque d’accentuation des dettes extérieures de ces États, selon les appréciations de l’agence de notation américaine. Il faut dire que le volume des
emprunts commerciaux contractés par
les pays africains est loin d’être au ralenti. «Nous estimons que pour les 16
pays étudiés dans la région subsaharienne, les emprunts commerciaux de-
vraient progresser de 25% en 2012,
pour atteindre la valeur de 56 milliards
de dollars US (emprunts internationaux
et domestiques compris). Même si
une bonne partie de ces emprunts a été
opérée sur les marchés domestiques, le
recours aux euro-obligations, en l’occurrence, se révèle de plus en plus un
réflexe partagé chez ces États. En 2007,
le Ghana et le Gabon ont été les premières économies de la région, hors
Afrique du Sud, à émettre des
Eurobonds. Une seconde vague d’émissions a démarré depuis 2011. Sur les 12
derniers mois, sur une échéance plus
récente, trois autres économies africaines se sont greffées à la tendance. Il
s’agit de la Zambie pour un montant de
750 millions de dollars, de l’Angola
pour 1 milliard de dollars US et du
Rwanda pour une valeur de 400 millions de dollars US.
Diversification
Les intérêts des pays africains recourant
aux capitaux internationaux ne se limitent pas uniquement aux Eurobonds.
Depuis 2007, les
recours aux emprunts
à l’international
s'accentuent d’année
en année.
Selon le rapport de S&P, une bonne partie de ces États envisagent également
d'émettre des «sukuks», des obligations
islamiques conformes aux règles de la
charia. Pour l’heure, la tendance à la finance islamique reste limitée. Seuls la
Gambie et le Soudan ont récemment
procédé, pour le moment, à des émissions régulières de sukuks sur leur marché domestique respectif. Toutefois,
d’autres économies comme le Sénégal,
l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Nigéria, ont récemment manifesté leur intérêt pour ce type de recours au financement islamique à l’international, sans
qu’aucun de ces pays n’ait encore fait
réellement le pas.
●
Emprunter pour financer les infrastructures
Pour S&P, la forte demande en financement de projets d’infrastructures, impulsée par la dynamique économique soutenue du continent, est l’un des facteurs poussant de plus en plus de pays africains à avoir recours aux capitaux internationaux. Une lecture qui rejoint la positon du cabinet Ernst&Young (EY). Selon l’enseigne,
rien qu’en 2012, près de 800 projets d’infrastructures ont été lancés à travers le continent, dans plusieurs secteurs, pour une valeur combinée d’investissements
dépassant les 700 milliards de dollars US. L’Afrique du Sud est évidemment le premier marché en termes de projets d’investissements infrastructurels, avec une
valeur globale de près de 130 milliards de dollars US. «Le ministre sud-africain des Finances a également récemment annoncé que près de 100 milliards de dollars
US du Budget de l'État ont été alloués à la réalisation de projets d’infrastructures dans le pays sur les trois prochaines années», annonce EY. Le Nigéria est le deuxième
plus important pays du continent dans le lancement de projets infrastructurels. À fin février dernier, le pays comptait 106 projets d’infrastructures en cours de réalisation, pour un montant global de près de 95,4 milliards de dollars US. L’Égypte talonne les deux premiers avec 82 projets, pour 60 milliards de dollars US. En Afrique
de l’Est, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et le Mozambique, viennent compléter le top 10 africain en termes de projets d’infrastructures lancés.
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Cahier de l’intégration
Le marché de la semaine
FICHE PAYS
TOGO
ÉVOLUTION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LE MAROC ET LE TOGO (EN MILLIERS DH)
Importations
Part dans les importations globales(%)
Exportations
Part dans les exportations globales(%)
Solde
Taux de couverture (%)
2008
2009
2010
2011
ÉVOL.MOY.08/11
67491
34622
48688
65316
8,69%
0
0
0
0
141816
177655
303859
203041
JAN.JUIN.11
JAN.JUIN.12
ÉVOL.12/11
28090
64374
129,17%
-
0
0
-
21,04%
52560
343187
552,94%
0
0
0
0
-
0
0
-
74325
143034
255170
137724
41,61%
24470
278813
1039,4%
210
513
624
311
-
187
533
SOURCE : OFFICE DES CHANGES
Au Togo, l’État privatise
à tour de bras
● Avec un taux de bancarisation qui dépasse à peine les 4%, l’État Togolais confie une après une
ses banques à des groupes régionaux à même de les «booster».
A
vec la cession officialisée en milieu de semaine dernière de
55% des participations de l'État
dans le capital de la Banque internationale pour l’Afrique (BIA), au profit
du groupe Attijariwafa bank, les autorités togolaises avancent un pion de plus dans la
mise en œuvre de leur programme de privatisation massive des banques publiques du
pays. Cette stratégie a démarré au mois
d’août dernier avec la cession de la Banque
togolaise de développement (BTD) à Oragroup, un holding bancaire et financier actif
sur le marché ouest-africain (Orbank est
présente au Togo, en Guinée, au Tchad, au
Bénin, au Gabon et en Mauritanie). Le montant du deal : 30 millions d’euros. Ce programme de désengagement - partiel ou
total, en fonction des banques concernées s’inspire des recommandations faites par le
FMI aux autorités gouvernementales du
pays. À l’heure actuelle, deux autres établissements financiers à contrôle étatique, attendent sur l’autel des privatisations.
L’Union togolaise des banques (UTB) est
l’une d’elles. L’enseigne est l’une des pièces
maîtresses du secteur bancaire local. Elle est
entièrement sous contrôle de l’État depuis
près de 20 ans, suite aux départs précipités
et quasi simultanés, en 1994, des investisseurs privés qui détenaient la grande majorité des parts de la banque, découragés par
les troubles politiques que connaissait le
pays. Il s’agissait en l’occurrence du Crédit
Lyonnais, de la Deutsche Bank et de la
Banca Commerciale Italiana, qui détenaient
respectivement 35, 18 et 12% de parts du capital de la banque à l’époque. Depuis lors,
sous le contrôle de l’État Togolais et grâce à
la fragile stabilité politique qui règne dans le
pays, l’enseigne a commencé à reprendre du
poil de la bête.
Relance et diversification
Elle commercialise sur le marché Togolais les prestations de la compagnie internationale de transfert de fonds Western
Union, joue la proximité pour développer
la bancarisation des populations défavorisées et s’attaque de plus en plus au financement des PME, principale force de
l’économie nationale. Cependant, la dynamique de croissance de ses activités
demeure encore bien au ralenti. L’en-
Taille
6 millions de consommateurs
potentiels (2011)
Monnaie
Franc CFA
PIB
3,6 milliards de dollars US (2011)
Croissance PIB
4,2% en 2012, 4,5% en 2013
Région économique
Communauté économique
des États de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO),
Doing Business 2013
156e mondial sur 185 pays
(161e au DB2012)
seigne ne dispose, aujourd’hui, que d’un
réseau de 37 agences, pour une population de plus de 6 millions d’habitants. La
situation est quasiment la même pour la
Banque togolaise du commerce et de l’industrie (BTCI), la quatrième enseigne
bancaire du pays dont l’État compte se
délester très prochainement. Cette structure est dans une très délicate situation
financière, tributaire de plusieurs années
de gestion quasi laxiste de ses activités,
de la part de l’État et de mauvaise gestion
opérationnelle. Il faut savoir qu’avec un
taux de bancarisation qui dépasse à
peine la barre des 4%, les futurs repreneurs de ces banques togolaises auront
fort à faire pour les remettre sur les rails
de la croissance.
Risque pays
Perspectives de croissance favorables : En 2013, les perspectives de croissance demeurent favorables (4,5%). L’activité sera
soutenue par de nouveaux investissements dans les infrastructures (routes, ports…), dans le secteur du phosphate, principal
produit d’exportation du pays, et dans la production de ciment.
Tensions sociopolitiques accrues : En mars 2010, Faure Gnassingbé a été réélu à la tête de l’État pour un second mandat. À la
suite des élections, le principal parti d’opposition (UFC) a connu une scission entre deux courants : ceux qui ont reconnu les résultats de l’élection présidentielle et rejoint la coalition menée par le parti présidentiel et les dissidents qui ont créé un nouveau
parti, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Ces évolutions politiques, ainsi que le mécontentement de la population
face à la situation économique devraient rendre plus fréquentes en 2013 les manifestations menées par des groupes dissidents.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 14 MAI 2013
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Entretien
Baba
ZOUMANIGUI
Vice-président IBM Software
Group Afrique/Moyen-Orient
«Nous souhaitons être
le premier partenaire
des clients africains»
Les ÉCO : Tout d’abord, quelle est
la place qu’occupe le Maroc dans
votre stratégie ?
Baba Zoumanigui : Il est incontestable que le Maroc a réalisé des pas importants ces dernières années sur le plan économique et apparait comme l’un des pays
les plus dynamiques en Afrique. Mais
l’élément moteur est de savoir quelle est
la place que le Maroc veut se donner dans
le monde et non pas la place qu’IBM veut
donner au Maroc. IBM accompagne une
dynamique de développement, en fonction des objectifs et des priorités fixés par
ses institutions. Si demain, par exemple le
Maroc décide de se lancer dans la désalinisation de l’eau de mer, à notre niveau,
nous pourrons nous dire que c’est un projet qui nous intéresse et déciderons peutêtre de l’accompagner.
Quelle est aujourd’hui la stratégie d’IBM en Afrique et au
Moyen-Orient ?
Dans toute démarche économique, il faut
partir des besoins des clients. En Afrique,
les vraies questions qui se posent consistent à savoir quels
sont ses besoins. Nous pouvons avoir dans ce cadre, une
approche par secteur. Sur le
continent, nous avons quatre
secteurs, à savoir, les
banques, les télécoms, l’administration publique et la
gestion des ressources naturelles
(pétrole,
phosphates....). L’autre approche est de se dire
quels sont les applicatifs les plus pertinents à l’évolution de ces pays. À ce niveau, la gestion des données constitue un
élément très important. En tant qu’acteur
majeur dans ce domaine, nous interrogeons les clients, pour voir quels sont les
priorités qu’ils se donnent et quels sont
les domaines dans lesquels figurent des
carences ou des lacunes et sur lesquels
nous pouvons apporter une aide.Le problème majeur qui se pose au continent, c’
est le manque de compétences en ressources humaines. À ce propos, nous travaillons avec des business-partners, les
universités locales et nous avons des programmes de mise en place de laboratoires
et de centres d’innovation qui nous permettent de développer des produits dans
le domaine de l’informatique.
Quelles sont vos parts de marché
en Afrique ?
Notre approche consiste plutôt à nous
dire quelles sont les meilleures applications utilisées dans le domaine public,
quelles sont les banques qui utilisent
notre technologie pour faire un certain
nombre de travaux et quelles sont les sociétés qui font appel à nos produits pour
résoudre certains problèmes liés à leur
domaine d’intervention. Nous privilégions cette approche, au lieu de nous attarder sur les parts de marché que nous
dans le cadre de missions ponctuelles.
Quels sont les objectifs d’IBM à
court et à moyen terme ?
Comme je vous l’ai dit plus haut, nous
nous focalisons sur quatre domaines principaux (banque, télécoms, administrations publiques, et gestion des ressources
naturelles). Nous avons à cœur de donner
à chacun de ces domaines les meilleures
technologies en termes de matériel, de logiciels et de services. Nous souhaitons
être le premier partenaire privilégié de
l’ensemble des acteurs de ces secteurs.
détenons dans tel ou tel pays.
En Afrique, quels sont les marchés qui vous intéressent le plus
actuellement ?
IBM existe depuis plus d’un siècle. D’ailleurs, nous allons fêter nos 102 ans au
mois de juin prochain. Le marché de l’informatique a énormément évolué, et ne se
résume plusà la vente de matériel informatique, comme à l’époque. Après avoir
réalisé de très fortes croissances aux
États-Unis et en Europe, nous avons mis
en place une stratégie destinée aux marchés émergents. La question est de savoir
comment nous comptons nous imposer
sur ces marchés. Est-ce que c’est en y allant directement ou en s’appuyant sur des
partenaires commerciaux, en raison de
contraintes géopolitiques. Je dirais pour
résumer que les stratégies sont pensées
de manière globale, mais mises en place
de manière locale. Aujourd’hui, IBM est
présente dans 180 pays, et directement
dans une vingtaine pays africains.
…Et en termes de création d’emplois ?
Le département logiciel que je dirige emploie à lui seul environ 500 personnes.
Nous faisons aussi venir régulièrement
des intervenants depuis d’autres pays
Comment réagissez-vous face à
la concurrence, notamment celle
des opérateurs asiatiques ?
IBM opère dans un domaine où la concurrence est de mise. Avec les autres intervenants, il y a de la concurrence, mais aussi
Le problème qui se
pose au continent,
c’est le manque de
profils qualifiés.
●●●
Après avoir
réalisé une
forte croissance aux
Etats-unis
et en Europe,
IBM s’attaque
aux marchés
émergents.
de la coopération. Dans notre domaine,
vous trouverez toujours un acteur qui fait
quelque chose de similaire à vous. La différence fondamentale c’est qu’il y a très
peu de sociétés qui prennent le spectre
des compétences requises dans le monde
de l’IT de le Consulting jusqu’à l’Outsourcing. La plupart des acteurs sont souvent
sur des niches. L’autre élément qui a également changé depuis le début des années 90, c’est qu’IBM a fait le choix des
systèmes ouverts, alors que d’autres acteurs ont des systèmes fermés, qui ne
fonctionnent que dans leur environnement.
Quelle est la stratégie d’IBM
pour contribuer à former des
compétences africaines ?
Tout d'abord, il s’agit de recruter des collaborateurs sur les marchés locaux, de
leur assurer la formation adéquate, afin
de leur permettre les technologies dans
le domaine de l’informatique. Le
deuxième niveau consiste à s’appuyer
sur des partenaires commerciaux, qui
n'auront de valeur que lorsqu’ils maîtriseront la technologie. Dans ce domaine,
nous avons tout un programme de formation de ces partenaires. Le troisième niveau s’articule autour d’un programme
destiné aux développeurs d’applications.
Il s’agit de leur fournir les outils, l’environnement et le cadre pour développer
des applications autour d’IBM. Quatrième élément, nous nous intéressons
au monde académique, notamment les
universités et instituts, pour insuffler une
connaissance des technologies de l’information, en particulier celles d’IBM. Tous
ces différents volets recouvrent un programme et nous assistons à une accélération de cette tendance.
●
PROPOS RECCUEILLIS PAR OUMAR BALDÉ
[email protected]
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 14 MAI 2013
19
Vue du Cameroun
Dangereuses «distorsions»
sur la fibre optique
● Un nouveau réseau construit sur financement chinois vient d’être réceptionné,
mais le monopole accordé à une entreprise d’État pour sa disposition génère un malaise
parmi les autres opérateurs.
● La fibre optique permet aujourd’hui de desservir les 10 capitales des provinces.
U
n nouveau réseau de 3.200
km de fibre optique a été réceptionné le vendredi 3 mai
2013 à Maroua, dans la province de l’extrême nord, limitrophe du
Tchad à l’est et du Nigeria à l’ouest. Cette
infrastructure qui traverse le pays du sud
au nord porte à environ 6.000 km la longueur totale du réseau installé de la fibre
optique sur le territoire camerounais,
compte tenu de ce qu’un premier réseau
existait déjà. Celui-là suivrait essentiellement l’itinéraire du pipeline Tchad-Cameroun. Selon les informations émanant
du ministère des Postes et télécommunications, la fibre optique dessert désormais les 10 capitales des provinces ainsi
qu’une centaine de chefs-lieux de départements et d’arrondissements. Le dernier
équipement dont la construction a commencé en décembre 2009 aura coûté la
bagatelle de 30,6 milliards de FCFA (46,7
millions d’euros) financés à hauteur de
26 milliards de FCFA (39,6 millions d’euros) par le gouvernement chinois. Les
travaux ayant été exécutés par l’entreprise chinoise Huawei. À en croire des
sources officielles citées par le quotidien
gouvernemental Cameroon Tribune,
cette fibre optique permet d’effectuer
jusqu’à 6 millions de communications
téléphoniques simultanées, ce qui, apprend-on, correspond au transport du
contenu de 35 DVD à la seconde. L’on indique aussi qu’à ce titre, elle est utile
aussi bien pour la télévision, l’internet
que pour le téléphone. «Pour appeler par
exemple au Cameroun, auparavant, on
en effet des bretelles vers des pays voisins comme le Tchad, la République centrafricaine et même le Nigeria. Dans une
déclaration à l’agence de presse Xinhua,
le conseiller économique et commercial
de l’ambassadeur de Chine au Cameroun, Gao Yog Qin, pense pour sa part qu'
«un jour, les peuples du grand Nord, désenclavés par ce projet, pourront vendre
leurs grosses mangues et la viande bovine
par Internet».Jean Pierre Biyiti Bi Essam,
ministre des Postes et des télécommunications, a, pour sa part, mis l’accent sur
l’intention du gouvernement camerounais d’arriver à un linéaire d’au moins
10.000 km de fibre optique. Pour cela,
un mémorandum d’entente a d’ores et
déjà été signé avec la Chine pour la
construction de 4.000 km supplémentaires. L’objectif, dit-il, étant d’atteindre à
l’horizon 2015 un taux de pénétration de
40% pour internet et de 50% pour la téléphonie mobile. À cet effet, la construction de boucles optiques urbaines est en
cours dans les grandes métropoles. Après
Douala, la capitale économique, celle de
la capitale Yaoundé est en chantier. Pourtant, la connexion internet laisse encore à
désirer dans le pays. Camtel (Cameroon
télécommunications), l’opérateur à capitaux publics, jouit toujours du monopole
de la fourniture des services internet. Les
autres opérateurs qui ont essayé d’exploiter les failles de la convention qui lui
confère ce privilège ont été stoppés net.
En août 2009, MTN Cameroon, filiale de
l’entreprise sud-africaine de téléphonie
mobile, avait été sommée
d’interrompre la pause de 81
km de fibre optique qu’elle
avait engagée dans la ville de
Douala. En septembre 2012,
c’était au tour de la société
Creolink Communications
Ltd, un fournisseur d’accès
internet, d’être épinglée après
qu’elle a réussi à poser de manière illégale quelque 150 km
de fibre optique entre Douala
et Yaoundé. Les enquêtes de l’Agence de
régulation des télécommunications (ART)
avaient alors révélé que les câbles posés
avaient été fabriqués au Maroc, dans une
usine dénommée Imacab.
●
L’objectif est d’atteindre à l’horizon 2015
un taux de pénération
de 40 % pour Internet.
passait par la France, mais si on déploie ce
réseau, on n'a plus besoin de passer par un
autre continent pour appeler entre les pays
voisins», a déclaré à la presse Noël
Yamta, secrétaire général du ministère
tchadien des Postes et des nouvelles
technologies, présent à la cérémonie. La
fibre optique camerounaise comprend
PAR JULIEN CHONGWANG
Le Quotidien de l’Économie –
Douala – Cameroun
BILLET
Thierry Ekouti
Dir.pub-Le Quotidien de
l’Économie (Cameroun)
Le chant
du cygne...
L
a 63e journée de l’Europe, qui
s’est célébrée le 9 mai dernier,
a donné l’occasion au vieux
continent de faire le point de sa
coopération avec le reste du monde, et
singulièrement avec l’Afrique. Au Cameroun par exemple, pas moins de deux
jours d’atelier ont été consacrés à l’événement, impliquant aussi bien les diplomates de l’Union européenne en poste à
Yaoundé que les membres du gouvernement avec, au premier rang, le ministre
de l’Économie et de la planification. Tous
ont dressé une sorte de bilan au Cameroun du Fonds européen de développement (FED) et de la Banque européenne
d’investissement. Ces institutions participent actuellement à 18 programmes à
travers le pays, dans les domaines de la
pêche, des forêts, de l’amélioration du
climat des affaires, etc. Seulement, ce
bilan jugé «positif», n’a pas été suffisant
pour masquer la frilosité qui ne cesse
désormais de gagner l’Europe à mesure
qu’approche l’année 2014. C’est en effet
l’échéance fixée à certains pays ACP
(Afrique Caraïbes -Pacifique) pour signer
de manière définitive les accords de partenariat économique et de permettre un
libre-échange avec l’Europe, consacrant
notamment la suppression des droits de
douane de part et d’autre, sur la plupart
des produits. Ces accords qui semblent
être taillés sur mesure pour donner un
sursis au vieux continent, dont l’économie a vraisemblablement amorcé une irréversible phase de déclin, au moment
où l’Afrique commence à se réveiller.
Aussi sont-ils vivement critiqués par les
économistes et les gouvernements de
nombre de pays ACP. Cela ne garantit
évidemment pas une signature de ces
accords définitifs comme le souhaite
l’Union européenne, à la place des accords intérimaires qui sont actuellement
en vigueur. Du coup, la journée de l’Europe a donné l’occasion à ses plénipotentiaires dans les pays ACP d’accentuer la
pression sur les gouvernements locaux.
Cette insistance, dans la conjoncture actuelle, résonne beaucoup plus comme
un chant du cygne…
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