LES ÉCO AFRIQUE MARDI 7 MAI 2013
Les échos du continent
Tourisme. l’Afrique australe sonne
l’offensive
Dans le sillage de l'Afrique du Sud en plein boom tou-
ristique, les autres pays de la région veulent aussi atti-
rer davantage de visiteurs, mais leur union pour se
vendre à l'international masque mal une concurrence
avivée par la crise économique. «La région a beaucoup
à offrir», assure Kwakye Donkor, le responsable marke-
ting de l'Organisation régionale du tourisme d'Afrique
australe (Retosa), un organisme intergouvernemental
basé à Johannesburg, cité par l’AFP «Chaque pays est
unique en soi. Chaque pays a quelque chose de très spé-
cial à offrir. Quand les gens viennent dans la région, ils
devraient essayer de voir au moins deux ou trois pays !».
La Communauté de développement d'Afrique australe
(SADC), qui comprend aussi des pays comme la Répu-
blique démocratique du Congo, la Tanzanie, Maurice
et les Seychelles, représente, selon Retos, 2% du mar-
ché mondial du tourisme, soit environ 20 millions de
visiteurs par an, dont plus de 9 millions vont en
Afrique du Sud.
Industries. le Gabon met le paquet
En partenariat avec les opérateurs privés, le Gabon am-
bitionne d’investir 17.000 milliards FCFA (26 milliards
€) au cours des 12 prochaines années afin de réaliser
les objectifs de la Stratégie nationale d’industrialisation
(SNI), de sources de presse. Cette stratégie devrait re-
poser sur la valorisation des filières hydrocarbure,
mine, métallurgie, pêche, aquaculture, agriculture,
agro-industrie, forêt, bois et matériaux de construction.
Elle a d’ailleurs fait l’objet du premier Forum national
de l’industrie, tenu du 26 au 28 avril derniers à Libre-
ville. L’accent sera ainsi mis sur la création massive
d’emplois et une profonde transformation de la struc-
ture productive de l’économie, qui est aujourd’hui dé-
pendante des hydrocarbures à hauteur de 40% du PIB
et de 60%, des recettes de l’État. La mise en œuvre des
principaux projets de la nouvelle politique industrielle
du Gabon devrait permettre de faire passer la contribu-
tion du secteur secondaire de 8% du PIB à plus de 35%
à l'horizon 2025 et de générer par an 3.350 milliards
FCFA (5,11 milliards €) de valeur ajoutée.
Stratégie. OBG «applaudit»
la coopération Sud-Sud du Maroc
Le cabinet international d'intelligence économique, Oxford Business
Group (OBG), approuve les efforts consentis par le royaume dans le
renforcement de la coopération Sud-Sud. Selon OBG, ces efforts in-
terviennent dans un contexte où la récession économique mondiale
continue de peser sur les échanges commerciaux avec la zone euro,
premier partenaire commercial du pays. Rappelant les accords signés
en mars dernier par le Maroc, notamment avec le Sénégal, la Côte
d'Ivoire et le Gabon, le cabinet britannique note que ces accords
contribueront à renforcer les liens économiques du royaume avec
l'Afrique centrale et de l'ouest. Ces accords viennent soutenir les
orientations de la politique d’exportation du Maroc dans le but de dé-
velopper ses échanges commerciaux et renforcer sa présence sur le
continent africain. Les défis restent entiers, toutefois OBG observe
qu’en dépit de la signature de près de 500 accords avec plus de 40
pays dans plusieurs secteurs économiques au cours des dix dernières
années, les échanges avec les pays africains ne représentent que près
de 5% du commerce extérieur du royaume.
Banques. Société Générale
s’intéresse aux petits revenus
Le groupe français Société Générale vient d’annoncer la création
d’une nouvelle institution financière destinée à la bancarisation des
populations à revenus modestes. Le Sénégal sera le premier marché-
cible de cette structure. Baptisée «Manko», sa mise en place s’inscrit
dans le cadre d’un nouveau concept bancaire, entre micro-finance et
banque traditionnelle, qui a pour ambition de bancariser les popula-
tions disposant de revenus modestes mais réguliers et n'ayant encore
pas accès au système bancaire traditionnel. Filiale à 100% du groupe
Société Générale, Manko a signé une convention avec la Société Gé-
nérale de banques au Sénégal (SGBS), filiale à 63,28% du groupe, lui
permettant de distribuer une offre de produits et de services ban-
caires adaptés aux populations visées. Ce statut a été pleinement va-
lidé par les autorités réglementaires compétentes. Manko s'appuie
sur Yoban'tel, un service de paiement par téléphone mobile déployé
par SGBS.
Télécoms. croissance ralentie
au Mali pour IAM
4,5%, c’est la croissance du revenu généré par Maroc Telecom à partir
des activivités de sa filiale malienne, Sotelma, à la fin du dernier tri-
mestre. En dépit des perturbations politiques que traverse ce pays, la
rentabilité est toujours au rendez-vous au Mali, même si elle
contraste beaucoup avec 37,2% de progression du chiffre d’affaires
au premier trimestre 2012. Cette année, ce chiffre d’affaires est de
640 millions dirhams. Au niveau des autres filiales subsahariennes
du groupe, les performances sont autant maintenues. Au Gabon, le
chiffre d’affaires de la filiale du groupe s’est établi à 342 millions de
dirhams au premier trimestre 2013, en hausse de 13,5%, malgré une
base de comparaison défavorable du fait de l’impact positif de l’orga-
nisation de la Coupe d’Afrique des Nations en début 2012. En Mauri-
tanie, le chiffre d’affaires du groupe est en progression de 6,5% pour
s’établir à 346 millions de dirhams à fin mars. La progression est
aussi de 6,8% au Burkina Faso, avec un chiffre d’affaires de 535 mil-
lions de dirhams.
1,8 MMdh
C’est le chire d’aaires global du groupe Maroc Telecom à
l’international (Mali, Mauritanie, Gabon,Burkina Faso), à in
mars 2013. Ce revenu global est en progression de 7%,
impulsé notamment par le segment du Mobile.
Safall Fall
s.fall@leseco.ma
BILLET
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C’est le paradoxe qui
saute aux yeux dès la
première lecture du
13e rapport annuel
des «Indicateurs sur le genre, la pauvreté
et l’environnement sur les pays Africains
2013», publié par le Département des
statistiques du groupe Banque afri-
caine de développement. Ce rappro-
chement entre insécurité alimentaire et
production globale de richesses est
d’autant plus pertinent, dans un
contexte de confirmation par le FMI, du
maintien de l’exception africaine dans
sa dynamique économique. Il permet
de mettre le doigt sur le fait que derrière
les chiffres et autres calculs d’économé-
trie, aux résultats fort enthousiasmants,
se cache parfois une forêt de déséquili-
bres socio-économiques. Eh oui !
L’Afrique traîne ses casseroles. Et les
stéréotypes n’en sont que plus renfor-
cés : si l’obésité trône au sommet des
maux urbains du siècle dans les pays
avancés, la malnutrition continue de
prévaloir dans nos frontières. Dans le
rapport de la BAD, qui prend en compte
la période 2010-2012, ce fléau est sur-
tout circonscrit dans les pays dits «États
fragiles». C’est en effet le cas de la Répu-
blique démocratique du Congo (37%
de la population), de l’archipel des Co-
mores (70%) et du Burundi (73%), qui
détient d’ailleurs le triste record conti-
nental. Des contrastes frappants exis-
tent aussi. L’Angola en est une excel-
lente illustration. Classé dans le cercle
encore très restreint des pays exporta-
teurs de pétrole – qui regroupe la plu-
part des économies VIP (Very Impor-
tant Productivity) du continent avec
une croissance de 6,7% attendue en
2013 – 27% de sa population souffre de
malnutrition. Ce chiffre est de 33% au
Tchad, une autre grande économie ex-
portatrice d’or noir et à fort taux de
croissance. Seuls les pays du Maghreb
parviennent jusque-là - et à coup de
subventions parfois suicidaires pour les
budgets publics - à aligner croissance
respectable et suffisance alimentaire.
Le taux de prévalence de la malnutri-
tion ne dépasse pas les 5% sur la pé-
riode étudiée. ●
Riche et
«mal nourrie»