AFRIQUE ’

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LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
AFRIQUE
ZOOM
Les exportateurs prennent
les choses en main.
p.15
CAHIER DE L’INTÉGRATION
La BAD décline sa
stratégie 2013-2022.
p.16
LE MARCHÉ DE LA SEMAINE
Bissau… La Guinée
de tous les paradoxes.
p.17
VUE DU CAMEROUN
Le casse-tête des
logements sociaux.
UEMOA, tout sur
la monétique !
● Tendances d’usage, degrés de maturité du marché,
le mobile-banking : solution miracle à la bancarisation
du continent, l’apport des investissements marocains dans
le secteur des banques… Blaise Ahouantchédé, directeur général
du Groupement interbancaire et monétique de l’UEMOA, basé
au Sénégal, se livre sans concessions. Entretien.
P. 18
p.19
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
14
Les échos du continent
1,8 MMdh
BILLET
C’est le chiffre d’affaires global du groupe Maroc Telecom à
l’international (Mali, Mauritanie, Gabon,Burkina Faso), à fin
mars 2013. Ce revenu global est en progression de 7%,
impulsé notamment par le segment du Mobile.
Safall Fall
[email protected]
Riche et
«mal nourrie»
C’
est le paradoxe qui
saute aux yeux dès la
première lecture du
13e rapport annuel
des «Indicateurs sur le genre, la pauvreté
et l’environnement sur les pays Africains
2013», publié par le Département des
statistiques du groupe Banque africaine de développement. Ce rapprochement entre insécurité alimentaire et
production globale de richesses est
d’autant plus pertinent, dans un
contexte de confirmation par le FMI, du
maintien de l’exception africaine dans
sa dynamique économique. Il permet
de mettre le doigt sur le fait que derrière
les chiffres et autres calculs d’économétrie, aux résultats fort enthousiasmants,
se cache parfois une forêt de déséquilibres socio-économiques. Eh oui !
L’Afrique traîne ses casseroles. Et les
stéréotypes n’en sont que plus renforcés : si l’obésité trône au sommet des
maux urbains du siècle dans les pays
avancés, la malnutrition continue de
prévaloir dans nos frontières. Dans le
rapport de la BAD, qui prend en compte
la période 2010-2012, ce fléau est surtout circonscrit dans les pays dits «États
fragiles». C’est en effet le cas de la République démocratique du Congo (37%
de la population), de l’archipel des Comores (70%) et du Burundi (73%), qui
détient d’ailleurs le triste record continental. Des contrastes frappants existent aussi. L’Angola en est une excellente illustration. Classé dans le cercle
encore très restreint des pays exportateurs de pétrole – qui regroupe la plupart des économies VIP (Very Important Productivity) du continent avec
une croissance de 6,7% attendue en
2013 – 27% de sa population souffre de
malnutrition. Ce chiffre est de 33% au
Tchad, une autre grande économie exportatrice d’or noir et à fort taux de
croissance. Seuls les pays du Maghreb
parviennent jusque-là - et à coup de
subventions parfois suicidaires pour les
budgets publics - à aligner croissance
respectable et suffisance alimentaire.
Le taux de prévalence de la malnutrition ne dépasse pas les 5% sur la période étudiée.
●
Tourisme. l’Afrique australe sonne
l’offensive
Stratégie. OBG «applaudit»
la coopération Sud-Sud du Maroc
Le cabinet international d'intelligence économique, Oxford Business
Group (OBG), approuve les efforts consentis par le royaume dans le
renforcement de la coopération Sud-Sud. Selon OBG, ces efforts interviennent dans un contexte où la récession économique mondiale
continue de peser sur les échanges commerciaux avec la zone euro,
premier partenaire commercial du pays. Rappelant les accords signés
en mars dernier par le Maroc, notamment avec le Sénégal, la Côte
d'Ivoire et le Gabon, le cabinet britannique note que ces accords
contribueront à renforcer les liens économiques du royaume avec
l'Afrique centrale et de l'ouest. Ces accords viennent soutenir les
orientations de la politique d’exportation du Maroc dans le but de développer ses échanges commerciaux et renforcer sa présence sur le
continent africain. Les défis restent entiers, toutefois OBG observe
qu’en dépit de la signature de près de 500 accords avec plus de 40
pays dans plusieurs secteurs économiques au cours des dix dernières
années, les échanges avec les pays africains ne représentent que près
de 5% du commerce extérieur du royaume.
Dans le sillage de l'Afrique du Sud en plein boom touristique, les autres pays de la région veulent aussi attirer davantage de visiteurs, mais leur union pour se
vendre à l'international masque mal une concurrence
avivée par la crise économique. «La région a beaucoup
à offrir», assure Kwakye Donkor, le responsable marketing de l'Organisation régionale du tourisme d'Afrique
australe (Retosa), un organisme intergouvernemental
basé à Johannesburg, cité par l’AFP «Chaque pays est
unique en soi. Chaque pays a quelque chose de très spécial à offrir. Quand les gens viennent dans la région, ils
devraient essayer de voir au moins deux ou trois pays !».
La Communauté de développement d'Afrique australe
(SADC), qui comprend aussi des pays comme la Répu- Banques. Société Générale
blique démocratique du Congo, la Tanzanie, Maurice s’intéresse aux petits revenus
groupe français Société Générale vient d’annoncer la création
et les Seychelles, représente, selon Retos, 2% du mar- Le
d’une nouvelle institution financière destinée à la bancarisation des
ché mondial du tourisme, soit environ 20 millions de populations à revenus modestes. Le Sénégal sera le premier marchévisiteurs par an, dont plus de 9 millions vont en cible de cette structure. Baptisée «Manko», sa mise en place s’inscrit
dans le cadre d’un nouveau concept bancaire, entre micro-finance et
Afrique du Sud.
banque traditionnelle, qui a pour ambition de bancariser les popula-
Industries. le Gabon met le paquet
tions disposant de revenus modestes mais réguliers et n'ayant encore
pas accès au système bancaire traditionnel. Filiale à 100% du groupe
Société Générale, Manko a signé une convention avec la Société Générale de banques au Sénégal (SGBS), filiale à 63,28% du groupe, lui
permettant de distribuer une offre de produits et de services bancaires adaptés aux populations visées. Ce statut a été pleinement validé par les autorités réglementaires compétentes. Manko s'appuie
sur Yoban'tel, un service de paiement par téléphone mobile déployé
par SGBS.
En partenariat avec les opérateurs privés, le Gabon ambitionne d’investir 17.000 milliards FCFA (26 milliards
€) au cours des 12 prochaines années afin de réaliser
les objectifs de la Stratégie nationale d’industrialisation
(SNI), de sources de presse. Cette stratégie devrait reposer sur la valorisation des filières hydrocarbure, Télécoms. croissance ralentie
mine, métallurgie, pêche, aquaculture, agriculture, au Mali pour IAM
agro-industrie, forêt, bois et matériaux de construction.
c’est la croissance du revenu généré par Maroc Telecom à partir
Elle a d’ailleurs fait l’objet du premier Forum national 4,5%,
des activivités de sa filiale malienne, Sotelma, à la fin du dernier tride l’industrie, tenu du 26 au 28 avril derniers à Libre- mestre. En dépit des perturbations politiques que traverse ce pays, la
ville. L’accent sera ainsi mis sur la création massive rentabilité est toujours au rendez-vous au Mali, même si elle
beaucoup avec 37,2% de progression du chiffre d’affaires
d’emplois et une profonde transformation de la struc- contraste
au premier trimestre 2012. Cette année, ce chiffre d’affaires est de
ture productive de l’économie, qui est aujourd’hui dé- 640 millions dirhams. Au niveau des autres filiales subsahariennes
pendante des hydrocarbures à hauteur de 40% du PIB du groupe, les performances sont autant maintenues. Au Gabon, le
et de 60%, des recettes de l’État. La mise en œuvre des chiffre d’affaires de la filiale du groupe s’est établi à 342 millions de
dirhams au premier trimestre 2013, en hausse de 13,5%, malgré une
principaux projets de la nouvelle politique industrielle base de comparaison défavorable du fait de l’impact positif de l’orgadu Gabon devrait permettre de faire passer la contribu- nisation de la Coupe d’Afrique des Nations en début 2012. En Maurition du secteur secondaire de 8% du PIB à plus de 35% tanie, le chiffre d’affaires du groupe est en progression de 6,5% pour
à 346 millions de dirhams à fin mars. La progression est
à l'horizon 2025 et de générer par an 3.350 milliards s’établir
aussi de 6,8% au Burkina Faso, avec un chiffre d’affaires de 535 milFCFA (5,11 milliards €) de valeur ajoutée.
lions de dirhams.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
15
Zoom
Les exportateurs prennent
les choses en main
● Maroc-Cameroun. L’Asmex négocie un projet de représentation commerciale à Douala. Il
devrait être réalisé en partenariat avec les exportateurs camerounais. Objectif : disposer d’une
plateforme de mise en relation et d’échanges d’informations sur les opportunités d’affaires dans
les deux pays.
L
e business a encore devancé le
politique de plusieurs pas, vendredi, dans la dynamique commerciale entre le royaume et l’un
des géants économiques de la Communauté économique et monétaire d’Afrique
centrale (CEMAC), le Cameroun. Les opérateurs à l’export des deux pays se sont en
effet engagés à porter plus loin leur partenariat afin de donner le tremplin qu’il faut
aux échanges commerciaux. Cet engagement a été pris en marge d’une réunion
de travail restreinte tenue entre les deux
parties au siège de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX).L’une
des principales retombées de cette rencontre est concrète : l’Asmex compte ouvrir très prochainement une représentation sur le marché camerounais. «Il s’agira
d’une structure qui nous permettra de marquer notre présence commerciale sur ce
marché par une mise en relation directe
ainsi que le partage d’informations entre les exportateurs des
deux pays», commente Hassan Sentissi, le président de
l’ASMEX. Si le statut et les
contours juridiques de cette
future entité ne sont pas encore bien définis à l’état initial
du projet, ses missions sont
d'ores et déjà connues. Elle
devrait jouer le rôle d’une véritable passerelle de promotions commerciales et de mise en avant
des opportunités d’exportation, mais
aussi d’investissements, sur chacun des
● Les exportations du Maroc vers le Cameroun ont progressé de 32 % entre 2010
et 2011.
deux marchés. «Le degré relativement important de méconnaissance mutuelle de ces
opportunités, en plus d’autres facteurs liés
Les produits les plus
exportés, du côté marocain, sont les engrais et les lubrifiants .
à la fiscalité des échanges et aux
contraintes logistiques, pèsent beaucoup
sur l’exploitation à plein régime des possi-
bilités commerciales existant de part et
d’autre», nous explique Hervé Mbarga,
homme d’affaires camerounais et président de l’African Pineapples and Bananas
Association (APIBANA), qui regroupe les
producteurs et/ou exportateurs africains
des filières «bananes et ananas». En dépit,
effectivement, d’une tendance très marquée à la croissance, ces échanges sont
bien loin de refléter ces possibilités. Les
exportations du royaume vers ce marché
ont progressé de 32% entre 2010 et 2011,
selon les chiffres les plus actualisés de
l’Office des changes. Ces exportations ont
totalisé une valeur de quelque 282 MDH
en 2011, contre 123 MDH pour des importations en amélioration, sur la même
échéance, de 43%. Les produits les plus
●●●
Si le statut
juridique de
cette future
entité n’est pas
encore bien
défini, ses
missions sont
déjà fixées :
elle jouera un
rôle de
passerelle et
de promotion
commerciale.
échangés sont l’engrais, les lubrifiants et
divers produits alimentaires du côté marocain, là où le Cameroun fournit le
royaume en bois, bananes fraîches et café,
principalement.
Relance
Il faut savoir que cette volonté de rapprochement commercial entre les opérateurs des deux marchés, ne date pas d’aujourd’hui. En 2010 déjà, en marge du
passage de la Caravane de l’export à
Douala, la capitale économique camerounaise, un projet quasi identique avait été
mis sur pied entre l’Asmex et le Mouvement des entreprises du Cameroun
(CAMC). L’initiative portait en effet sur la
création d’un Centre d’affaires Maroc-Cameroun (CAMC), avec deux antennes à
Casablanca et à Douala, dont la mission
était de «répondre aux besoins des opérateurs économiques souhaitant promouvoir
leurs produits et services», selon les explications des initiateurs du projet. Ce dernier avait d’ailleurs reçu le plein soutien
des autorités publiques des deux pays.
Celles-ci devaient d’ailleurs contribuer
au financement de la concrétisation de
l’initiative. La création de la CAMC devait
ainsi doter les opérateurs des deux pays
d’un point d’ancrage sur leurs marchés
ainsi que sur leurs sous-régions respectives (CEMAC, UMA et pays arabes, etc..).
En détail, cet objectif se décline en une dizaine de missions concrètes. L’une des
plus importantes est d’organiser la représentation et la commercialisation des
produits et services à travers un showroom d’exposition permanent et
constamment actualisé, au niveau de
chacun des deux marchés. Le projet
prend également en compte la création
d’entrepôts de stockage de marchandises
liés au CAMC, pour concrétiser des opérations réalisées par les entreprises et par
le biais du centre d’affaires. Le CAMC devrait de fait, gérer ce service d’entreposage, lequel pourrait constituer ultérieurement la base du projet d’un véritable
●
comptoir commercial.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
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Cahier de l’intégration
Analyse
La BAD décline sa stratégie 2013-2022
● La Banque africaine de développement dispose d’une nouvelle feuille de route pour la période
2013-2022. L’institution panafricaine ambitionne d’accompagner la «transformation» structurelle
des économies africaines. Objectifs : promouvoir une croissance plus inclusive et homogène
et aider le continent à s’engager dans une véritable «croissance verte». Détails.
Objectifs
La BAD s’est d’ailleurs donné deux grands
objectifs à atteindre via la mise en œuvre
de sa nouvelle stratégie décennale. Le pre-
LES INVESTISSEMENTS DE LA BANQUE DANS LES INFRASTRUCTURES APPUIENT
LA CHAÎNE DE VALEUR DANS L’AGRICULTURE ET RENFORCENT LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
DE L’EXPLOITATION AGRICOLE À LA BOUCHE
Intrants/R&D
Production
Transformation
Logistique
Commercialisation
Irrigation
Unités communautaires
Rôle
de la
Banque
Stockage
Marchés ruraux
ROUTES RURALES
PRODUCTION ET DISTRIBUTION D’ÉLECTRICITÉ
Résultats
Accès amélioré aux
semences et engrais
Productivité accrue
Ajout de valeur
Vulnérabilité aux chocs
climatiques réduite
Pertes post-récoltes
réduites
Accès accru aux
Sécurité alimentaire
renforcée
Revenus agricoles
renforcés
SOURCE : BAD
mier porte sur «la croissance inclusive» et
consiste à réaliser une dynamique économique se traduisant non pas seulement
par l’égalité de traitement et d’opportunités, mais aussi par des réductions profondes de la pauvreté et un accroissement
massif et correspondant des emplois. «En
permettant d’exploiter le vaste potentiel du
continent - et en améliorant ses chances de
tirer parti du dividende démographique - la
croissance inclusive induira la prospérité par
un élargissement de la base économique qui
transcende les obstacles liés à l’âge, au sexe
et à la situation géographique», explique-ton dans le même rapport. La BAD promet
ainsi d’investir davantage dans une infrastructure qui libère le potentiel du secteur
privé, favorisant l’égalité des sexes et la participation communautaire. Quant au se-
MISE EN ŒUVRE DE LA STRATÉGIE À TROIS NIVEAUX
Niveau
institutionnel
Mise en œuvre
de la stratégie
Niveau
national
et régional
• Plan triennal glissant
• Budget annuel
• Stratégies pays
• Stratégie régionale
SOURCE : BAD
«C
ette vision, qui couvre une
décennie, peut faire de ce
continent, en l’espace
d’une génération, le pôle
de croissance mondial que nous savons qu’il
peut être et qu’il veut devenir». C’est en ces
mots que Donald Kaberuka, le président
du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), résume la toute nouvelle stratégie décennale (2013-2022) de
l’institution financière panafricaine. Les
ambitions sont importantes, à la hauteur
de la dynamique du continent. «Cette stratégie est conçue pour placer la banque au
centre de la transformation de l’Afrique et
améliorer la croissance du continent», explique-t-on auprès des responsables de la
BAD, dans le communiqué annonçant
l’implémentation de cette vision stratégique. Sa conception et sa mise en œuvre
partent du constat selon lequel le continent
s’est engagé dans un véritable processus de
transformation économique. Cette stratégie vise ainsi à élargir et approfondir ce
processus de transformation, essentiellement en faisant en sorte que la croissance
soit partagée et non isolée. «Cette croissance doit maintenant se traduire en une véritable transformation économique qui
créera des emplois et offrira des opportunités
aux populations. C’est pour cette raison que
la prochaine décennie sera si déterminante
et que la stratégie de la BAD pour la période
2013-2022 revêt une si grande importance».
Cette nouvelle feuille de route de la banque
panafricaine vise aussi à favoriser une
croissance qui ne soit pas simplement durable au plan écologique, mais aussi habilitante au plan économique.
Niveau
sectoriel
• Stratégies sectorielles
• Plans d’action sectoriels
cond grand objectif de la stratégie, elle
concerne la «transition vers la croissance
verte». La BAD ambitionne d’aider les économies du continent à rendre leur croissance «durable», en l’aidant à se mettre sur
la voie d’une transition progressive vers la
«croissance verte». Le but, ici, est de
maintenir la tendance économique actuelle du continent tout en protégeant les
moyens de subsistance en améliorant la
sécurité hydrique, énergétique et alimentaire. Il s’agit également de favoriser l’utilisation durable des ressources naturelles
et de stimuler l’innovation, la création
d’emplois et le développement économique. Pour la BAD, les priorités de
l’heure et pour les économies africaines
afin d'aller dans le sens de la croissance
verte, sont «le renforcement de la résilience face aux chocs climatiques, la mise
en place des infrastructures durables, ainsi
que la création de services d’écosystème».
L’exploitation rationnelle des ressources
naturelles – en particulier l’eau – sont
aussi dans cette liste de priorités.
5 secteurs opérationnels
Concrètement, tout cela devrait se matérialiser à travers cinq grands axes d’intervention sur lesquels la BAD axera désormais ses activités. Il s’agit notamment du
développement de l’infrastructure, de l’intégration économique régionale, du développement du secteur privé, de la gouvernance et de la responsabilisation, du
développement des compétences et de la
technologie. Ce nouveau programme propose également, en seconde priorité, de
«rechercher des modalités nouvelles et innovantes de mobilisation des ressources pour
accompagner la transformation de l’Afrique,
notamment en utilisant de façon optimale
ses propres ressources», relève-t-on auprès
de la BAD. Par ailleurs, une part belle est
également accordée, dans la même feuille
de route 2013-2022, au recours aux partenariats public-privés, «aux arrangements
de cofinancement» ainsi qu’aux instruments d’atténuation des risques qui devraient attirer de nouveaux investisseurs
pour le continent.
●
Les freins «immatériels» à l’intégration économique
L’intégration régionale est l’une des principales problématiques que la BAD cherchera à adresser sur les vingt prochaines années, aux gouvernements africains.
Selon l’institution financière, cet obstacle ne pourrait être définitivement aplati que si les économies africaines décident de s’attaquer directement aux facteurs «immatériels» de la désintégration régionale. Ces aspects sont liés aux impératifs de simplification et d’harmonisation des procédures et réglementations commerciales
et douanières complexes et fastidieuses, de rationaliser les règles d’origine restrictives et d'éliminer la corruption ainsi que d’autres obstacles informels au commerce.
La BAD «favorisera les cadres juridiques et réglementaires qui facilitent la circulation de la main-d’œuvre et des capitaux, en inscrivant ses interventions dans une
perspective régionaliste». Concrètement, elle compte «investir dans les postes-frontières à guichet unique» et les «services nationaux d’immigration dotés d’agents
bien formés et motivés». La Banque assistera également les économies africaines dans l’acquisition des compétences nécessaires pour tirer parti d’économies plus
intégrées. Il faut en effet savoir que l’Afrique ne commerce pas assez avec elle-même. D’après les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce, la valeur
des exportations africaines a augmenté de 11,3% par an entre 2000 et 2009, contre une moyenne mondiale de 7,6%. Cependant, seule une part relativement limitée
de 12% de ce commerce est intrarégionale, «soit le niveau le plus faible au monde», selon les commentaires de la BAD.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
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Cahier de l’intégration
Le marché de la semaine
FICHE PAYS
GUINÉE-BISSAU
ÉVOLUTION DES ÉCHANGES COMMERCIAUX ENTRE LE MAROC ET LA GUINÉE-BISSAU (EN MILLIERS DH)
2008
2009
2010
2011
Importations
0
0
0
2347
%
Part dans les importations globales(%)
0
0
0
0
19899
29607
41520
52113
Exportations
Part dans les exportations globales(%)
Solde
Taux de couverture (%)
ÉVOL.MOY.08/11
JAN.JUIN.11
JAN.JUIN.12
ÉVOL.12/11
0
29
%
-
0
0
-
38,18%
26958
6559
-75,67%
0
0
0
0
-
0
0
-
19899
29607
41520
49766
36,29%
26958
6530
-75,78%
0
0
0
2220
-
0
22774
SOURCE : OFFICE DES CHANGES
Bissau… La Guinée
de tous les paradoxes
● L’instabilité politique a plongé l’économie du pays dans de grandes incertitudes en 2012.
En dépit de perspectives de reprise cette année - 3,5% - le pays fait encore face à de nombreux
défis. La production économique est peu diversifiée. L’agriculture emploie, à elle seule, 80%
de la population active. Découverte de l’une des économies les moins avancées du continent.
P
endant longtemps dans l’ombre
du Sénégal et de l’autre Guinée
(Conakry), deux géants économiques de l’Ouest continental, la
Guinée Bissau est un autre exemple de ces
micro-économies africaines aux potentiels
incommensurables, mais mal mis à profit.
Le pays traîne également les boulets de l’insécurité et une instabilité politique auxquelles la dynamique économique s’est habituée, comme en témoignent les évolutions
en dents de scie du taux de croissance du
PIB. Le pays, classé dans la catégorie des
économies à «faibles revenus» par le FMI, a
bouclé 2011 avec une croissance de 5,6%,
avant retomber à -2,8% en 2012 ! Cette récession est tributaire de la suspension des
activités de production dans tous les secteurs , suite au coup d’État d’avril 2012 (voir
encadré ). Toutefois, un semblant de rétablissement est annoncé par le FMI, qui voit
le PIB du pays croître de 3,5% à fin 2013,
des chiffres honorables pour une économie
qui a du mal à s’assurer une stabilité
prompte à séduire les investisseurs du privé,
étrangers ou locaux. La confirmation de ces
perspectives est évidemment assujettie à
d’innombrables conditions. Notamment, la
reprise, avec un volume relativement plus
soutenu , des exportations du pays en noix
de cajou, accompagnées d’un léger raffermissement des cours de ce produit sur les
marchés internationaux, ainsi que par la relance de projets d’investissements publics
mis en stand-by par les perturbations politiques. Le FMI soumet également la reprise
de la croissance à un maintien de la stabilité
politique.
Au bord de l'asphyxie
Les autorités font face, par ailleurs, à une inflation grandissante. Le pays importe en
effet une bonne partie de ses biens de
consommation, ce qui rend l’économie vulnérable aux chocs exogènes conjoncturels
Taille
1,6 million de consommateurs
potentiels (2011)
Monnaie
Franc CFA
PIB
967,8 millions de dollars US
(2011)
Croissance PIB
-2,8% en 2012, 5,7% en 2013
(FMI)
Région économique
Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)
Doing Business 2013
179e mondial sur 185 pays (178e
au DB2012)
comme les flambées des cours des matières
premières alimentaires. Cette situation n’arrange évidemment pas le développement
humain : le pays enregistre un taux de pauvreté très élevé. En 2012, la Guinée-Bissau a
fini à la 176e place sur un total de 186 pays
dans le dernier index annuel de développement humain des Nations Unies. De plus,
en mal de diversification, l’économie continue de reposer son avenir sur l’agriculture
et la pêche, qui constituent à elles seules
44% du Produit national brut. Le secteur
agricole, emploie 80% de la population active et représente 90% des exportations. Un
important déficit en infrastructures publics
vient assombrir davantage ce tableau, mais
laisse entrouvertes d’importantes opportunités d’investissements.
●
«Paradis» du narcotrafic
Chez Coface, la Guinée Bissau figure dans la liste de la douzaine de pays «interdits au titre du risque exportateur caution et préfinancement», diffusée début février. Rien de vraiment étonnant : il faut savoir que le pays semble tout faire pour collectionner
les mauvaises notes. En avril 2012, l’armée renverse le pouvoir civil en place mais ne resteront pas longtemps au pouvoir. L’intervention des autorités de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest a permis de rétablir l’ordre constitutionnel. Un président - Serifo Nhamadjo - est nommé pour diriger un gouvernement de transition et relever une économie mise à
genou, avec toutes les compétences et pouvoirs d’un chef d’État élu. Dans cet imbroglio politique où tout est permis, le pays
est devenu au fil des ans et des instabilités, un des «paradis» mondiaux du narcotrafic et du narcoterrorisme.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
18
Entretien
Blaise
AHOUANTCHÉDÉ
Directeur général du Groupement
interbancaire monétique de l’UEMOA
(GIM-UEMOA).
«Le défi, réduire l’usage
du cash»
Les ÉCO : Quel bilan faites-vous
des interventions du GIM dans la
région et de sa contribution au développement du secteur bancaire?
Blaise Ahouantchédé : Les huit économies de l’UEMOA ont pris l’option de promouvoir le secteur bancaire en mettant l’accent sur l’amélioration de l’interopérabilité,
depuis 2003. Cela a mené à la création de la
GIM, pour répondre à des enjeux structurels
concernant le développement de ce secteur.
Sachez que nous parlons là d’une région à
faible taux de bancarisation et qui se caractérise également par un environnement socioculturel, avec des rapports au «cash» plus
ou moins marqués en fonction des marchés
concernés et un taux d’analphabétisme important. C’est une région qui a aussi connu
les répercussions de la dernière crise financière, laquelle a provoqué une sorte de défiance du public vis-à-vis de l’offre bancaire.
Cela ne favorise pas l’expansion des services bancaires. Nous avons donc senti, à
partir de tous ces constats, la nécessité d’offrir des solutions de proximité, en relation
avec la perception des utilisateurs et de leurs
rapports quotidiens avec les finances. C’est
une question de modèle économique, tout
simplement. Lorsqu’on analyse notre
schéma d’actions, structurellement, vous remarquerez que nous nous efforçons de faire
en sorte que tous les acteurs du secteur s’y
retrouvent. Nous avons mis en place des tarifs d’interopérabilité bancaire fixés collégialement et par consensus avec les structures
membres du réseau GIM. Notre défi a donc
surtout été de parvenir à bâtir, à partir d’un
environnement bancaire extrêmement hétérogène, une véritable offre compétitive de
services interbancaires. En chiffres le GIM,
c’est aujourd’hui 91 institutions bancaires
interconnectées, plus de 2,5 millions de
transactions traitées en 2012, soit 150 milliards de Francs CFA en flux de capitaux.
Ce sont des chiffres très encourageants, mais qui restent encore
assez limités vis-à-vis du potentiel…
Oui, en effet. Mais si je pense que nous
sommes arrivés à mettre en place une plateforme d’offres complètes pour gérer ces
opérations interbancaires, à partir de cartes
prépayées, de crédits, de débits, et du mobile
banking, entre autres moyens de paiement,
le défi pour les années à venir est d’asseoir
une vaste stratégie de marketing commercial. Nous comptons apporter de la vraie valeur aux utilisateurs, en fonction des segments d’usage les plus développés sur les
marchés ouest-africains. .
Dans la monétique, les technologies évoluent à une vitesse fulgurante dans le monde. Mais,
l’Afrique est à la traîne...
En Afrique, nous avons nos propres problématiques qui pèsent sur le décollage du secteur de la monétique. L’une d’elles est liée à
nos capacités d’appropriation et de disponibilité de compétences locales aptes à faciliter cette appropriation. Nous avons un
grand déficit en ressources humaines spécialisées dans ce secteur. pas les avancées
C’est pourquoi nous avons mis en place un
programme de formation : GIM Academy.
Cette structure offre des modules adaptés
Nous sommes conscients qu’il faut gérer
les questions d’interopérabilité et de sécurité des opérations sur ce segment.
Nous sommes également sensibles aux
conditions d’accessibilité de ce type de
services, en réduisant les prix et en développant une vraie proximité avec les utilisateurs.
aux contraintes et défis actuels du secteur
bancaire dans sa globalité. Cette offre de formation a d’ailleurs toujours existé dans le
projet global de GIM.
Cette structure interviendra-t-elle
également dans l’éducation financière ?
Oui bien sûr. Au-delà de la nécessité de former les acteurs, il faudrait effectivement
aussi éduquer et sensibiliser les clients. GIM
Academy prend en compte cette dimension,
en vulgarisant davantage les services financiers. Le défi est double : gagner la confiance
des utilisateurs et développer les usages
dans une société encore hautement orientée
vers le cash.
Est-ce que «mobile-banking» est
une solution à l’inclusion financière en Afrique ?
Les acteurs considèrent de plus en plus
le mobile-banking comme un probable
canal pour véhiculer des informations et
opérations bancaires, mais si ces informations et opérations ne sont pas assez
maîtrisées et protégées, cette solution
n’aura aucun effet. C’est pour cette raison
qu’au niveau du GIM, nous avons estimé
important de développer des solutions
fiables pour gagner progressivement et
conserver la confiance des utilisateurs.
●●●
GIM Academy
vise à former
des RH spécialisées dans les
métiers de la
monétique.
Que pensez-vous de l’expansion
des banques marocaines sur les
marchés subsahariens ?
Mon point de vue est fondé sur deux angles.
D’abord, nous sommes dans un monde de
libre concurrence et d’ouverture économique. Je salue donc l’arrivée des banques
marocaines dans la région, car elles développent du business, créent des emplois et
contribuent au développement de la bancarisation. Le second angle de mon analyse est
un peu plus critique. Je pense que le désengagement massif des opérateurs subsahariens dans les investissements bancaires,
aujourd’hui sous contrôle maghrébin et en
l’occurrence marocain, risque d’influer sur
les intérêts des acteurs du développement
du secteur bancaire. Je pense donc que les
shareholders locaux doivent se maintenir
dans ce secteur pour en promouvoir les investissements.
●
PROPOS RECCUEILLIS PAR SAFALL FALL
[email protected]
Bon à savoir !
C’est en 1999 que la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) a initié un projet d'envergure régionale visant à la modernisation des systèmes de paiement dans les huit pays de l'UEMOA. Cette réforme des systèmes de paiement dans cette zone économique s'inscrivait dans le cadre général de l'assainissement du système financier et de l'accélération du processus d'intégration
économique régional. L’un des volets principaux de cette réforme est la mise en place d’un système interbancaire de paiement et de
retrait par carte au sein des huit pays. Une structure de gouvernance de la monétique régionale créée en février 2003, sous forme de
GIE et dénommée le «Groupement interbancaire monétique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine» (GIM-UEMOA), chargée notamment d’assurer la réglementation et la normalisation du système monétique interbancaire. À ce jour, le GIM-UEMOA regroupe déjà une centaine de banques, d'établissements financiers et postaux de l’UEMOA.
LES ÉCO AFRIQUE - MARDI 7 MAI 2013
19
Vue du Cameroun
BILLET
Thierry Ekouti
Dir.pub-Le Quotidien de
l’Économie (Cameroun)
Une bonne
loi... et après ?
Le casse-tête des
logements sociaux
● Sur les 10.000 logements annoncés par l’État à l’horizon 2015, à peine 1.675 sont déjà
disponibles. Alors que les délais se raccourcissent, les entreprises étrangères sont de plus
en plus sollicitées pour la réalisation de cette promesse qui date de 2004.
U
ne loi fixant les incitations à l’investissement
privé a été votée par l’Assemblée nationale camerounaise et promulguée le 18 avril dernier. Elle prévoit un nombre
considérable de faveurs aux opérateurs économiques nouveaux ou anciens dans le pays. Cette loi vient satisfaire l’une des nombreuses attentes
exprimées pendant longtemps par les
acteurs du secteur privé à chacune de
leurs rencontres avec les pouvoirs publics. Et André Fotso, le président du
Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), principal mouvement
patronal du pays, n’a d’ailleurs pas
caché sa satisfaction. Il estime que
pour une fois, les pouvoirs publics ont
réellement pris en compte les observations des chefs d’entreprise et des
investisseurs. Sauf que le tout n’est pas
d’avoir une bonne loi. Il faut encore
que son application soit, elle aussi,
bonne. Les juristes sont souvent montés au créneau pour dire qu’au Cameroun, le problème se pose surtout au
niveau de la mise en œuvre au quotidien des textes adoptés, qui sont généralement de bonne qualité. Car, il est
régulièrement reproché aux fonctionnaires de retarder volontairement la
signature ou la délivrance d’un document pour amener le demandeur à
leur verser un bakchich. Il est aussi
fréquent qu’une pièce gratuite dans
les textes soit vendue dans les faits par
l’agent responsable de sa délivrance ;
ou qu’un document revienne plus
cher que ce qu’il devrait. Et des études
ont montré que cette corruption généralisée n’épargne aucun secteur de la
société. Il est donc indispensable pour
les pouvoirs publics d’agir aussi sur le
levier de la lutte anticorruption.
N’ayant qu’une force de dénonciation,
une institution comme la CONAC
(Commission nationale anticorruption) se révèle encore inefficace. Et
malgré ses nombreux rapports mettant en cause plusieurs administrations, le problème reste entier. Il faut
donc aller plus loin…
●
● Le Cameroun affiche un déficit d’un million de logements.
I
l sera procédé, dès le mois de juin
prochain à la commercialisation de
la première vague des logements
sociaux promis par le gouvernement camerounais depuis 2004 et mis
en œuvre dès 2009. Cette première livraison concerne un total de 1.675 logements dont la construction est terminée
au quartier Olémbé, une
banlieue de la capitale
Yaoundé. Une commission
vient ainsi d’être mise sur
pied au ministère de l’Habitat et du développement urbain (MINHDU) pour arrêter
et proposer au gouvernement les modalités d’éligibilité et de vente de ces premiers logements. D’après
certaines sources dans l’administration
camerounaise, la commercialisation de
ces logements-témoins devrait rapporter près de 33,5 milliards (51 millions
d’euros) de FCFA à l’État. Néanmoins,
des voix s’élèvent dans les rangs de la
population pour dénoncer la valeur
«élitiste» de ces logements pourtant
dits sociaux car, apprend-on, le citoyen
devra débourser à partir de 10 millions
de FCFA (15.245 euros) pour acquérir le
plus modeste d'entre eux. Une barre
bien haute pour l’écrasante majorité de
la population d’un pays où le taux
moyen de pauvreté qui est de l’ordre de
40% dépasse 60% dans certaines régions. Ces habitations font partie d’un
programme de construction de loge-
La corruption
retarde la délivrance
des autorisations
de construction.
ments sociaux lancé par le gouvernement camerounais en 2009. Il était
alors question de livrer un total de
10.000 logements sociaux à l’horizon
2015 dans les principales villes du
pays, dont Douala et Yaoundé. Seulement, les choses ne se sont pas passées
comme prévues et en janvier 2013, Jean
Claude Mbwentchou, le ministre de
l’Habitat constatait que les chantiers de
●●●
L’État devait
réaliser
10.000 logements, à Douala
et Yaoundé, à
l’horizon 2015.
Mais le retard
pris sur les
chantiers devrait reporter la
livraison d’au
moins deux
ans.
la première vague accusaient déjà plus
de 22 mois de retard dans leur livraison.
Un retard qui n’est pas sans conséquence quand on sait, à en croire
l’agence Chine nouvelle, que leur commercialisation devait permettre «la
constitution d'un matelas financier pour
le financement des autres logements du
programme.» Parmi les raisons alors recensées pour expliquer ce retard, il y
avait le choix jugé «complaisant» des
entreprises devant exécuter ces travaux. Lesquelles entreprises ne disposent pas des capacités financières suffisantes. De leur côté, ces entreprises,
toutes camerounaises, soulèvent deux
griefs : d’un côté, les financements de
l’État qui arrivent au compte-gouttes et
de l’autre, les études préalables qui
n’avaient pas été bien faites, entraînant
des surcoûts. Quoi qu’il en soit, alors
que l’on est à deux ans seulement de
l’échéance, l’État a décidé d’en tirer les
leçons et de se tourner vers des opérateurs étrangers pour la suite du programme. C’est ainsi que des entreprises
espagnoles et chinoises sont d’ores déjà
à pied d’œuvre sur certains chantiers,
alors que des Turcs et des Qataris se
sont déjà manifestés. Auparavant, d’autres investisseurs avaient spontanément exprimé leur intérêt pour ce programme. À l’exemple du nigérian
Dangote et du marocain Addoha qui terminent actuellement la construction de
leurs usines de ciment à Douala, pour
une production annuelle prévue entre
500.000 et un million de tonnes car,
Cimencam, filiale du français Lafarge et
seul producteur actuel, ne satisfait pas
la demande.
Avec une population estimée à plus de
20 millions d’habitants, le Cameroun
compte à ce jour moins de deux millions
de logements décents et affiche, selon
les statistiques officielles, un déficit de
l’ordre d’un million de logements. Les
instruments mis en place par l’État depuis plusieurs décennies pour financer,
aménager des espaces et construire des
logements n’ayant produit jusqu’ici que
des résultats limités : à peine 10.000
parcelles aménagées et environ 11.000
logements construits.
●
PAR JULIEN CHONGWANG
Le Quotidien de l’Économie –
Douala – Cameroun
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