PATHOLOGIES NEUROMUSCULAIRES - L’ÉVOLUTION DES CONNAISSANCES
DOSSIER
166Neurologies • Avril 2012 • vol. 15 • numéro 147
retardée soit à l’ouverture trop fa-
cile des RACH, responsable d’un
courant synaptique (aux de ca-
tions) lent à décroître.
En découlent deux conséquences :
• la présence d’un PGAM répété
pour une stimulation unique (le
courant synaptique est plus long
que la période réfractaire de la
fibre musculaire) ;
• et la dégénérescence musculaire
sous synaptique liée à la toxicité
de l’influx excessif de calcium in-
tracellulaire et entraînant une
diminution du nombre de RACH,
ce qui compromet le fonctionne-
ment de la jonction neuromuscu-
laire (13, 14).
Comme la présence d’un PGAM dé-
doublé, l’absence de réponse aux
anticholinestérasiques peut en
imposer pour une mutation COLQ.
C’est le seul SMC de transmission
autosomique dominante.
Sur le plan clinique, le début est par-
fois tardif à l’âge adulte et il existe
une atteinte prépondérante des
muscles cervicaux et extenseurs
distaux du membre supérieur
(13, 14).
Un traitement par quinidine et
fluoxétine est proposé, permettant
de bloquer les RACH dont l’ouver-
ture est prolongée (15).
❚Canal rapide
Le mécanisme physiopathologique
est inverse : il s’agit de l’ouverture
anormalement brève des RACH en
réponse à la fixation d’acétylcholine
résultant, soit d’une faible probabili-
té d’ouverture, soit d’une fermeture
trop précoce du récepteur. La trans-
mission des mutations est récessive,
mais un eet “dominant négatif”
a été décrit (l’allèle accompagnant
l’allèle muté étant nul, c’est l’allèle
muté qui s’exprime) (16, 17).
❚Déficit en RACH
Il s’agit de la cause la plus fréquente
des SMC (1-3). Transmises selon le
mode autosomique récessif, les mu-
tations CHRNE aectent la sous-
unité ε des RACH.
Il s’agit le plus souvent d’un syn-
drome myasthéniforme, parfois
pseudo-myopathique, dont l’at-
teinte oculaire est prédominante,
faisant discuter une mutation
MUSK ou une autre cause d’oph-
talmoparésie progressive (mito-
chondriopathies…). S’installant en
règle dès la première décennie,
les symptômes sont souvent peu
évolutifs et l’atteinte respiratoire
rare.
L’ecacité des anticholinesté-
rasiques peut être renforcée par
l’adjonction de 3,4DAP (18, 19).
MUTATIONS DU GÈNE DOK7
La présentation habituelle est soit
celle de “myasthénie des cein-
tures” associée à une faiblesse des
muscles d’innervation bulbaire
respectant le plus souvent les
muscles oculomoteurs, soit celle
de pseudo-myopathie des cein-
tures associant atrophie, déficit
moteur progressif, scoliose, élé-
vation faible de la créatine kinase
(20-22).
Les mutations du gène DOK7 sont
transmises sur le mode autoso-
mique récessif. Les symptômes
débutent généralement après
l’acquisition de la marche, voire à
l’âge adulte.
Si les inhibiteurs de l’acétylcho-
line estérase sont inecaces
ou délétères, l’éphédrine (15 à
90 mg/j en deux à trois prises),
l’albutérol et, à un moindre de-
gré, la 3,4 DAP permettent en
revanche une amélioration pro-
gressive et retardée (évaluée
après 6 mois) de la sémiologie
(20-22).
L’ENMG en SR et en fibre unique
montre un décrément et/ou des
signes myogènes, mais jamais de
PGAM dédoublés contrairement
aux mutations de COLQ.
La biopsie musculaire peut révé-
ler des aspects myopathiques non
spécifiques en montrant une atro-
phie des fibres II, une prédomi-
nance des fibres I, une nécrose des
fibres musculaires, une diminu-
tion de l’activité des enzymes oxy-
datives, et/ou une lipidose (22).
Il n’est pas observé d’agrégats tu-
bulaires à la diérence d’autres
formes de “myasthénies des cein-
tures” en partie liées à GFPT1 (12).
MUTATIONS DU GÈNE
DE LA RAPSYNE (RAPSN)
Bien que les symptômes débutent
habituellement avant l’âge de 2 ans,
un début tardif est possible (23, 24).
La transmission est autosomique
récessive. Le phénotype peut être
celui d’une hypotonie néonatale,
parfois accompagnée d’athro-
grypose et d’episodic apnea, ou d’un
syndrome myasthénique séroné-
gatif avec ptôsis volontiers asymé-
trique. La classique absence d’at-
teinte oculomotrice initialement
décrite a récemment été remise en
question par l’équipe de la Mayo
Clinic qui décrit une ophtalmoparé-
sie constante ou intermittente chez
près du quart de ses patients (24).
Une forme d’évolution bénigne
aectant les Juifs originaires du
Proche-Orient a été décrite et com-
porte une dysmorphie évocatrice
avec prognathisme, palais ogival et
visage allongé (25).
L’ENMG peut être pris en défaut,
mais la prise de 3,4DAP ou la réa-
lisation d’un train à 10 Hz pendant
5 minutes peuvent le sensibiliser.
Il est important de diérencier ce
décrément non spécifique de celui
observé dans les mutations CHAT