5. 1
208 Rapport scientifique et technique 2007 - IRSN
leur orientation par rapport à la direction de raccourcissement de
la croûte.
Des études de paléosismicité (étude des traces des séismes
« préhistoriques » dans les couches géologiques récentes) ont
révélé une déformation qui a été interprétée comme la preuve d’un
paléoséisme près de Manosque. D’après les auteurs [Sébrier et al.,
1997], un déplacement vertical métrique aurait pu se produire
pendant un événement sismique entre 27 000 ans BP et 9 000 ans
BP. La FMD aurait donc été capable de produire un séisme important,
dont la magnitude est estimée entre 6,0 et 6,5 en s’appuyant sur
des relations empiriques reliant dimension de la faille et énergie du
séisme. Une telle magnitude conduit à admettre que la faille a
affecté, lors de ce séisme majeur, non seulement la série sédimen-
taire superficielle (entre 0 et 5 km), mais aussi une partie profonde
jusqu’à 10-15 km. Ceci implique que la FMD serait une faille
« enracinée » dans le socle cristallin.
Les interprétations des déformations superficielles sont souvent
ténues et leur signification en termes de paléoséismes (surtout de
magnitude) est délicate et parfois sujette à caution. Si les défor-
mations observées près de Manosque ne correspondaient pas à une
trace de paléoséisme, aucune autre preuve de rupture impliquant
largement la croûte n’existerait pour la FMD.
Dans ce contexte, les seules données qui permettent de déterminer
les caractéristiques des séismes maximaux sont les observations
historiques (1509, 1708, 1812, 1913). Elles conduisent à des magni-
tudes voisines de 5 et à des séismes de faible profondeur. Dans ce
cas, seule la partie supérieure de la croûte (couverture sédimentaire)
serait active.
La levée de l’indétermination entre ces deux hypothèses d’activité
superficielle ou profonde sur l’enracinement est importante en
termes d’aléa sismique puisqu’elle conditionne, in fine, le choix des
caractéristiques des séismes à prendre en compte pour la FMD.
Deux approches complémentaires ont été mises en œuvre afin
d’évaluer les dimensions des sources sismogéniques : d’une part,
l’examen des lignes sismiques disponibles pour imager les failles
en profondeur, d’autre part, l’étude de l’activité microsismique
pour bien localiser en profondeur les zones actives des segments
de faille.
Connaissance de la structure (3D) de la FMD à partir
de l’imagerie géophysique (dont données pétrolières)
Les dimensions des sources sont conditionnées par la répartition
spatiale des « segments » de faille. Décrire cette segmentation
revient donc, dans un premier temps, à détailler les traces des
branches de faille qui peuvent être cartographiées en surface. Dans
un deuxième temps, il faut évaluer l’extension en profondeur des
différents segments de faille qui constituent autant de zones pos-
sibles de rupture individuelle. L’aire de chacun de ces segments
séismes importants peuvent être associés (par leur position carto-
graphique) à ces failles-sources.
Il reste qu’estimer l’aléa relève d’une démarche plus large qui
nécessite d’apporter des réponses aux questions suivantes :
quelle est la taille des failles qui peuvent générer des séismes ?
La magnitude d’un séisme, et donc sa dangerosité, est directement
liée à ce paramètre. La taille et l’extension d’une faille active peu-
vent être déterminées par la cartographie en surface et la localisa-
tion des microséismes, ainsi que par l’imagerie en profondeur. La
caractérisation de séismes majeurs « préhistoriques » permet
également d’évaluer ce paramètre ;
avec quelle vitesse se déforme la région affectée par les failles
en question ? Il s’agit d’un critère important pour savoir avec
quelle périodicité reviendront les séismes majeurs. En plus de la
datation des marqueurs géologiques, les mesures géodésiques
apportent des données utiles pour évaluer cette vitesse.
Évaluer l’aléa sismique associé à un système de failles actives
consiste à répondre aux questions précédentes grâce à la mise en
œuvre d’études. Les principaux résultats de celles menées par
l’IRSN sur la FMD sont présentés ci-après, avec la description et
l’analyse des données récentes concernant la microsismicité, la
géométrie en profondeur de la faille, la vitesse de déformation.
L’approche correspondante est complémentaire de l’approche
réglementaire mentionnée ci-avant et permet d’appréhender l’aléa
spécifique d’une faille lente active, pour laquelle la sismicité histo-
rique donne accès à une période trop courte pour être représenta-
tive de l’historique complet de son activité.
Taille des failles du système FMD pouvant
produire les séismes
Potentialité de séismes majeurs liée à la connaissance
de l’enracinement des failles
La FMD n’est pas une structure unique et continue. Il s’agit d’un
système complexe de failles plutôt discontinues, pour la plupart
héritées d’épisodes tectoniques anciens, qui s’étend sur 70 km et
qui affecte vraisemblablement toute l’épaisseur de la croûte jusqu’à
une trentaine de km de profondeur. Ce système de failles a joué un
rôle majeur pendant l’ère Mésozoïque (250 à 65 Ma), puis à l’Oligo-
Miocène (35 à 15 Ma) lors de la formation des bassins sédimentaires
de Manosque-Forcalquier et d’Aix-en-Provence, puis du bassin de
Valensole (de 10 Ma à maintenant). À ces époques, les failles ont
joué en étirement pendant la formation de la Méditerranée. Par la
suite, ces mêmes failles ont joué en raccourcissement pendant les
épisodes alpins (Mio-Pliocène, entre 15 et 2 Ma). Elles ont donc été
récemment remobilisées en failles inverses ou décrochantes, suivant