L'analyse du cas assez connu de l'impact du traitement de forêts canadiennes contre la tordeuse des
bourgeons de l'épinette (Choristoneura fumiferana) par du fenitrothion a montré que l'effet des
insecticides sur les plantes exploitées par l'homme était d'autant plus visible que l'abondance (ou la
densité) des insectes impliqués dans leur pollinisation était faible.
Des hectares de forêts du Nouveau Brunswick ont été traités contre la tordeuse, résultant en une
chute importante des rendements de production de myrtilles. Les populations de nombreuses
espèces pollinisatrices ont diminué drastiquement affectant ainsi la reproduction de nombreuses
espèces végétales (in Kevan, 1999).
C. Impacts sur les vertébrés
Même des niveaux très faibles de résidus de pesticides dans les aliments consommés par les
vertébrés peuvent entraîner la mort. Les granulés de formulation ou les semences traitées
représentent également un risque d'ingestion plus important lorsqu'ils peuvent être utilisés par les
oiseaux comme nourriture ou comme particules de broyage. Des incidents impliquant des granulés
de carbamates sont ainsi courants (Mc Laughling & Mineau, 1995). Les mortalités de pigeons liées à
l'ingestion de semences de pois enrobées démontrent aussi l'existence de cette voie d'exposition
dans les conditions normales d'utilisation des pesticides.
1. Oiseaux
Il est largement reconnu que les populations d’oiseaux associées aux terres cultivées ont décliné en
Europe de l'Ouest. La comparaison des communautés d'oiseaux dans des zones de cultures conduites
en système biologique avec celles présentes dans des cultures conduites de manière conventionnelle
indique que les premiers systèmes réunissent des conditions environnementales plus favorables à
ces animaux.
Beecher et al. (2002, in Hole et al., 2005) et Freemark & Kirk (2001, in Hole et al., 2005) ont, lors
d'études réalisées en Amérique du Nord, observé une richesse et une abondance deux fois plus
élevées en systèmes biologiques que dans des systèmes conventionnels.
Christensen et al. (1996, in Hole et al., 2005) ont mis en évidence une abondance plus importante en
système biologique pour 31 des 34 espèces qu'ils ont suivies.
Le rôle joué par les pesticides dans le recul de certaines espèces d'oiseaux a pu être identifié par
quelques études. Outre les indications données par les corrélations établies par exemple par le
British Trust for Ornithology (Benton et al., 2002), il existe des informations déduites des incidents
impliquant des produits phytosanitaires recensés par les réseaux et dans la littérature scientifique.
Dans la plupart des cas, ces incidents décrivent des intoxications secondaires, mises en évidence par
des mortalités anormales faisant suite à la consommation d'aliments (proies, végétaux ou graines)
contaminés. Les substances incriminées sont le plus souvent des pesticides organophosphorés,
carbamates, organochlorés ou bien encore des rodenticides (Newton, 1976, Rostker, 1987 et Fox et
al., 1989, in Mc Laughling & Mineau, 1995 ; Berny et al., 1997). Ces incidents, fréquents en Europe
aux débuts de la lutte chimique à grande échelle, sont toujours d'actualité dans certaines régions du
globe où ces pesticides sont encore utilisés (Muralidharan, 1993).