Bader M.
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facteurs environnementaux et familiaux(Sonuga-Barke &Halpe-
rin, 2010).
Lesprises en charge sont pluridimensionnelles et comportent
des traitementsmédicamenteux et psychologiques ainsi que des
interventions psychosociales.Lesapproches cognitivo-comporte-
mentales ont souvent des effets positifs surlesrelations familiales
et diminuent dans un premiertempslesdifcultés d’un enfant,
mais leurseffets sur la durée ont tendance à être moinsefcaces
qu’espérésurlessymptômes du TDAH (Ansthel &Barkley, 2008;
Pelhalm&Fabiano, 2008). Notreexpérience clinique montre que
des approches psychothérapeutiques psychodynamiques et fami-
liales peuvent être utiles ainsi que des nouvellesapproches comme
lestraining cognitifsinformatisés (p.ex. Cogmed®).
Lestraitementsmédicamenteux comportent au premierdes
psychostimulant, commele methylphenidate(MPH)avec diffé-
rentes formes galéniques (Ritaline®,Concerta®,Medikinet®) et le
dexmethylphenidate (Focalin®) en Suisse. Depuis 2003 auxEtats-
Unis et depuis 2009 en Suisse, l’atomoxétine(ATX/Strattera®)est
devenu la médicationde seconde intention.
Lespsychostimulants restentlesplus utilisés en raisonde leur
action rapide et des habitudes des prescripteurs. Plusieurs études
observent uneefcacité et unesécurité àcourttermedes stimulants
chez lesenfants et lesadolescents avec uneréductiondes symp-
tômes du TDAH et uneamélioration des processus cognitifsdans
la majorité des cas. Mais leseffets positifs des psychostimulants
ont tendance àdiminuer avec le temps(Jensen et al., 2007;Molina
et al., 2009).
L’amélioration du dépistagedes enfantsavec un TDAH aamené
durant cettedernière décennieuneaugmentation importante de
la prescription mondialedes psychostimulants.Cetteaugmenta-
tion des diagnostiques de TDAH concernentégalementlesjeunes
sportifs.
TDAH et sports
La prévalence des sportifs ayantun TDAH n’apasencore été étu-
diée,mais il n’y a pasde raisonpour penser qu’elleserait moins
élevée que celledans la population générale.Nous pouvons même
nous demander si elle ne pourrait pas être un peuplus élevée en
tenant compte de la pression des fonctionnementhyperactifs et
impulsifs à se déchargerpardes activités physiques.
La priseen charge des enfants et des adolescents sportifs ayant
un TDAH estégalementpluridimensionnelle. Le management
idéalest la constitution d’un team pluridisciplinaire comprenant un
médecin et un psychologue, lesentraîneurs, lesparents et le jeune.
Cettecollaborationpermet de suivre leseffets des prises en charge
et d’intervenir surl’impact du TDAH parrapportauxdisciplines et
auxexigencessportives(Putukian et al., 2011).
Lespsychostimulantschez lesjeunessportifs
ayantun TDA-H
Lesinstancessportivesinternationales, commele Comité Olym-
pique International(CIO),ne permettent pasl’utilisation de stimu-
lantsdu système nerveux central(CNS)pardes athlètes pour aug-
menter leursperformances sportives. L’usagedes psychostimulants
àdes nsthérapeutiques est monitorépar la World Antidoping
Agency (WADA) qui a établi des guidelines àsuivre pardes cli-
niciensexpérimentés dans le casde sportifs d’élite et se baser sur
lescritères du DSM-IV.Le suivit médicaldoit être régulier avec
des contrôlestous les 3 à 4 mois durant la priseintialedu traite-
ment médicamenteux, et un contrôle annuel estensuitefortement
recommandé.
Lesstimulants agissentsurtout en bloquantle recaptagede la do-
pamine dans des circuits impliqués dans l’inhibition de la réponse,
l’attention, la motivation et la prisede décision. Leurseffets des
psychostimulants sont en généralrapides et permettent durant les
premiers mois du traitement d’évaluer leur efcacité et le dosage
approprié.
La World Antidoping Agency axéun dosage maximalpour un
athlète adulte ayantun TDAH estde 100 mg/j pour le MPH, avec
un dosage de 108 mg/j pour le Concerta®.Chez lesenfants et les
adolescents avec un TDAH,le dosage de MPHestau maximumde
1 mg/kg/javec en principe un maximumde 60 mg/j, qui peut être
un peuplus élevéchez certains adolescents en tenant compte de
leur poids et de leurscaractéristiques individuelles. La chronicité
fréquentedu TDAH nécessitesouvent la prised’unemédication
pendantplusieursannées.
Leseffets secondairesdes psychostimulants sont en général
unediminutionde l’appétitdurant leur effet, des troubles du som-
meil,des céphalées ou des tics, et parfoisdes effets on-off à la n
de l’effet pharmacologique avec transitoirementuneaugmentation
des symptômes.Si l’efcacité et la tolérance auxstimulants sont
bonnes,il estalorsrecommandé de privilégierdes préparations
de longue duréed’action (p.ex. Ritaline LA®,Concerta®,Mediki-
netMR®,Focalin®), en ajoutant parfoisselonlessituations une
préparationàeffetimmédiat en début de journée ou/eten n de
journéeen faisant attentionauxdosages(p.ex. Ritaline IR®,Me-
dikinetIR®).
Lescontre-indications lesplus importantessont lestroubles
cardio-vasculaires symptomatiques, lestroubles de la structuredu
cœur,l’hypertension, le glaucome,l’hyperthyroïdie,lestroubles
psychotiques et des antécédentsde dépendance àunesubstance
psycho-active. Lestraitementsavec lesstimulants durant l’enfance
réduisentde manière modeste lesprédictions parrapport à la taille
et au poids, mais lesdonnéesrécentes suggèrent que ceseffets ini-
tiauxs’atténuentavec le temps et que la croissance à l’âgeadulte ne
seraitpas, ou faiblementaffectée (Faraone et al., 2008).
Un ECGdoit être réalisé chez lesjeunes sportifs ayantun TDAH
avantde débuterunemédicationavec un psychostimulant et un
monitoringrégulier estrecommandé de la fréquence cardiaque et
de la tensionartérielle ainis que et des ECGde contôle(Putukian
et al., 2011.Lesstimulants augmente la fréquence cardiaque(Safer
et al., 1992), alors que le risque d’un décèscardiaquesubitestrare
chez lessportifs et estassociéàunemalformation congénitale. Les
stimulants peuventmasquer lessymptômes de la fatigue(Watson et
al., 2005), ce qui permet uneduréeplus longue d’efforts physiques
avec des températures pouvantdépasser >40° C(Roelands et al.
2008). Dans des contextesparticuliers,il faut être attentif au risque
de la survenue d’un troublede la chaleur.
Des études signalentuneamélioration de la coordinationne
(Knights et al., 1969), de l’équilibre (Wade et al., 1976) et une
augmentation de la fréquence cardiaquesubmaximale(Mahon et
al., 2008). Lesstimulants peuventaussi entraînerun sentiment
subjectifd’euphorie, uneaugmentation de la concentration et de
l’agressivitéainsi qu’une diminutionde la sensationde douleur
selonlesdescriptions d’athtlètes(Bouchard, et al., 2002).
Abus de stimulantset sports
Lessimilitudes et lesdifférences pharmacologiques entrelesam-
phétamines et lespsychostimulants,commele MPH, soulèvent des
questionnements surle risque d’abus chez certains sujets en vue
d’améliorerde manièreexagérée leursperformances cognitives et
physiques. La priseabusivede stimulants,commele MPH, en vue
d’améliorerlesperformances cognitives et physiques estuneréalité
à laquellelesmédecins traitantsdoivent être attentifs, ceci bien sûr
aussi chez des sportifs qui sont soumis à des pressions importantes
de performances de la part de leur entourage.
Lesdonnéesscientiques montrent que lesamphétamines ont
un effetpositifsurlesperformances physiques, surle tempsde
réaction et surl’endurance (Wenger, 1988;Ivy, 1983). Dessportifs
pourraient en bénécierplus dans certains sports,commepar
exempleleseffets surl’attentiondans des sports collectifs,une
augmentation de l’agressivitédans le football américainavec des
dosagesimportants,uneaugmentation du tempsde réaction, de
l’énergie et de vitesse chez lessprinters(Wadler & Hainline,1989).
Le risque le plus importantchez lessportifs estleur diminutiondes
réactions normales à la fatigue et auxeffortsexcessifs qui peuvent