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trait principal. Pour lui, l’objectivité de la recherche scientifique provient non pas du contrôle,
de l’impartialité ou du désintéressement, mais d’une organisation de la situation
expérimentale de telle sorte que les objets d’étude soient capables de « contester » ce qui est
dit par les chercheurs à leur sujet [Latour, 2000, p. 114]. C’est cette résistance des objets
d’étude aux chercheurs qui est la source de la compréhension des phénomènes étudiés.
Latour critique les méthodologies des sciences sociales qui ignorent ce plus important trait de
la recherche scientifique
. Dans ses recommandations aux chercheurs en sciences sociales il
insiste sur la prise en compte de ce trait principal de la recherche scientifique
. Ce trait
principal des sciences naturelles – l’organisation de la résistance des objets d’études aux
chercheurs et l’obtention des connaissances à propos de ces objets à partir de cette résistance
– est et a toujours été inaliénable dès leur naissance
. Cette organisation était toujours le
noyau de la culture des communautés des chercheurs engagés dans ces sciences. Ce n’est pas
le cas pour les communautés des économistes, d’où proviennent leurs échecs de la
compréhension et de la prévision des phénomènes économiques.
La plupart des économistes pensent qu’ils utilisent dans leurs recherches la méthode
de Newton. Je vais essayer de montrer que ce n’est pas le cas, car la résistance, trait principal
des sciences naturelles indiqué ci-dessus, est ignoré dans ces recherches. La méthode de
Newton peut être présentée comme la séquence de trois étapes : 1. la simplification du
phénomène par l’expérimentation, de telle façon qu’il soit caractérisé par un petit nombre de
variables quantitatives qui peuvent être mesurées précisément ; 2. l’élaboration mathématique
des liaisons entre ces variables ; 3. l’expérimentation complémentaire orientée vers la
vérification de l’applicabilité de ces liaisons élaborées pour d’autres domaines en essayant de
les réduire à leur forme la plus générale ; dans le cas de phénomènes plus complexes, cela
peut révéler l’existence de causes supplémentaires qui doivent alors être eux-mêmes l’objet
d’un traitement quantitatif, et si la nature de ces causes supplémentaires reste obscure, cela
peut nécessiter l’élaboration d’un appareil mathématique mieux adapté pour traiter ces causes.
[Burtt, 2003, pp. 221-222]. Ce qu’il faut souligner, c’est que pour Newton la recherche
commence avec l’expérimentation et finit par l’expérimentation
. Burtt soulignait que la
“Unfortunately, although it tastes and smells like hard science, those all-terrain 'scientific methodologies' are a
sham and a cheap imitation for a reason that becomes clear if we go back to the definition of objectivity, as what
allows one entity to object to what is said about it. If we lose the influence of the object in what is said about it,
as quantitativists are so proud of saying, we also lose objectivity!” [Latour, 2000, p. 116].
« If social scientists wanted to become objective, they would have to find the very rare, costly, local,
miraculous, situation where they can render their subject of study as much as possible able to object to what is
said about them, to be as disobedient as possible to the protocol, and to be as capable to raise their own questions
in their own terms and not in those of the scientists whose interests they do not have to share! Then, humans
would start to behave in the hands of social scientists as interestingly as natural objects in the hands of natural
scientists » [Latour, 2000, p. 115].
Les historiens de la science considèrent comme les premiers scientifiques (the first scientists) William Gilbert
(1544 – 1603) et Galileo Galilei (1564 – 1642) (Gribbin, 2003, p. 68). Galileo était inspiré par les travaux de
Gilbert et le caractérisait comme le fondateur de la méthode expérimentale de la science [p. 71]. Gilbert
s’exprimait à propos de cette méthode de la façon suivante : « In the discovery of secret things, and in the
investigation of hidden causes, stronger reasons are obtained from sure experiments and demonstrated arguments
than from probable conjectures and the opinions of philosophical speculators » [ibid.]. En utilisant la méthode
expérimentale Galilei était en même temps convaincu que le livre de l’univers est écrit en langue mathématique:
« This book (the universe) is written in the mathematical language, and the symbols are triangles, circles, and
other geometrical figures, without whose help it is impossible to comprehend a single word of it; without of
which one wanders in vain through a dark labyrinth » [Burtt, 2003, p. 75]. Gilbert n’avait pas partagé cette
croyance.
"For Newton, careful experimentation must occur at the beginning and end of every important scientific step,
because it is always the sensible facts that we are seeking to comprehend, but the comprehension, so far as it is
exact, must be expressed in the mathematical language. Hence by experiments, we must discover those
characteristics which can be handled in that language, and by experiments our conclusions must be verified"
[Burtt, 2003, p.222].