3.Plan

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Chapitre 1
Introduction à l’analyse économique.
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3.Plan
1. L’objet de la science économique.
Le terme « Economique » trouve son origine dans les mots grecs nomos (lois), et oikos
(maison). Dans l’Antiquité, l’économie avait pour objet la gestion d’un domaine et des affaires
domestiques.
4.1
A partir du milieu du XVIIIème siècle, l’économie devient une « science », dont l’objet
principal est l’étude des moyens permettant la multiplication – l’accumulation – des richesses
dont dispose une nation. De ce point de vue, l’économie est donc une science des richesses.
4.2
Cela implique l’étude de la « manière dont se forment, se distribuent et se consomment »
ces richesses (Jean-Baptiste SAY). L’économie s’intéresse donc aux activités de production de
biens et de services, à la répartition des revenus issus de cette production – revenus qui
permettent d’acquérir ces produits –, et à l’utilisation que l’on en fait. A ce titre, tout le monde –
et pas seulement des experts – possède un minimum de connaissances en matière économique,
et devrait avoir son mot à dire sur la question.
5.1
Mais pourquoi produire et accumuler des richesses ?
5.2
Cette question n’admet qu’une réponse de bon sens : « la seule finalité de l’économie est
(doit ou devrait être) le bien-être des hommes, à commencer par celui des plus démunis. Et, par
bien-être, il faut entendre la satisfaction de tous les besoins des hommes ; pas seulement ceux que
comblent les consommations marchandes – celles qui passent par un marché soumis aux formes
de l’échange monétaire – mais aussi l’ensemble des aspirations qui échappent à toute évaluation
monétaire : la dignité, la paix, la sécurité, la liberté, l’éducation, la santé, le loisir, la qualité de
l’environnement, le bien-être des générations futures, etc. (Jacques Généreux).
6.1
Cependant, toute société est confrontée à un problème de rareté.
Celle-ci s’est longtemps focalisée sur l’insuffisance des ressources agricoles. Mais, si c’est
toujours le cas pour les pays pauvres, ce n’est plus celui des pays développés. Dans les années
soixante, John Kenneth GALBRAITH parlait déjà de « société d’abondance », la consommation
s’orientant de plus en plus, dans ces pays, vers des biens moins nécessaires à la survie. Pour
autant, le problème de la rareté n’a pas disparu :
 rareté de l’emploi sur le marché du travail,
 pénurie de logement pour les jeunes générations,
 remise en cause d’une surconsommation de produits pétroliers qui pose la question de
l’épuisement des ressources énergétiques et, en conséquence celle de la pérennité de notre
modèle de développement.
6.2
L’objectif de la satisfaction des besoins, lié au problème de la rareté – en particulier des
ressources –, implique de faire des choix : l’économie est donc aussi une science des choix.
6.3
Selon la définition de Lionel ROBBINS, il s’agit de déterminer « l’allocation optimale de
ressources à usages alternatifs », c’est-à-dire la meilleure manière d’utiliser des ressources rares
que l’on peut, dans l’absolu, consacrer à des usages différents : par exemple, en Afrique, des
terres fertiles peuvent être mises en culture pour produire du millet qui servira directement à
nourrir les populations vivant sur ces terres, ou pour produire du soja, dont les tourteaux seront
exportés pour nourrir les troupeaux de bovins des pays avancés, gros consommateurs de viande.
Les individus, qu’ils soient entrepreneurs, consommateurs ou gouvernants, doivent donc
en permanence opérer des choix :
 A quelles productions consacrer ces ressources rares ?
 Quels processus de production faut-il privilégier ?
 Faut-il choisir une technologie riche en travail, ou en capital ?
 Doit-on donner la priorité à la rentabilité de l’entreprise, ou à l’emploi ?
 Quels biens ou services de consommation acquérir avec un revenu par nature limité ?
 A quelles consommations faut-il en même temps renoncer ?
 Est-il pertinent que l’Etat intervienne dans les affaires économiques ? A quelles dépenses
doit-il consacrer son budget ? Sous quelles formes prélever les recettes qui lui sont
nécessaires ?
7.1



L’économie est aussi une science de l’échange : en effet, les individus et les peuples étant
dans l’incapacité de subvenir par eux-mêmes à l’ensemble de leurs besoins, l’échange est au
centre de l’analyse économique : 7.2 à 7.4
Dans quel(s) cadre(s) s’effectuent ces échanges ?
L’échange peut-il être profitable à l’ensemble des partenaires ? Sur quelles bases ?
Quelles sont les lois qui en déterminent les conditions ?
8.1
Sur toutes ces questions, force est de constater que les économistes tiennent pas
un discours unique : l’économie suscite des polémiques constantes, d’abord parce que les
économistes adhèrent à des théories différentes, elles-mêmes sous-tendues par des idéologies
différentes fondées sur des systèmes de valeurs et de croyances auxquelles les économistes,
malgré leur souci affiché d’objectivité, n’échappent pas – tout comme le commun des mortels.
Pour certains par exemple (les économistes libéraux), si le chômage est élevé, c’est parce
que le coût du travail est trop haut, que les charges patronales sont trop lourdes et que l’Etat et
les syndicats rendent le marché du travail rigide. Pour d’autres (les économistes keynésiens), le
chômage résulte d’une mauvaise répartition des richesses qui freine la croissance des salaires et
de la consommation, donc de la production et de l’emploi.
Pour certains encore, la mondialisation offre une possibilité d’améliorer le sort des pays
pauvres, pour d’autres, elle a pour résultat de redistribuer la richesse vers les détenteurs de
capitaux.
8.2
Qui a raison ?
On ne répondra pas ici à cette question, mais celle-ci met l’accent sur une évidence : les
débats sur les enjeux économiques sont des débats profondément politiques au sens large du
terme, qui concernent des groupes aux intérêts divergents qu’ils cherchent naturellement à
promouvoir. J.K. GALBRAITH affirmait de manière très pragmatique – voire cynique – que pour
juger de la pertinence des analyses et des recommandations d’un économiste, il fallait d’abord
s’intéresser à la question suivante : par qui est-il payé ?
9.1
2. Comment travaillent les économistes ?
Au-delà des controverses, les économistes ont adopté un schéma hypothético-déductif
qui peut se décomposer en quatre phases :
9.2

Première phase : Formulation d’une hypothèse. Elle se présente sous la forme d’un lien
de causalité.
10
Par exemple : l’augmentation des échanges commerciaux favorise la croissance au niveau
mondial.
9.3

Deuxième phase : Démonstration du cheminement logique de l’hypothèse. On construit
généralement un modèle – c’est-à-dire une représentation simplifiée de la réalité visant à
expliquer un phénomène économique – qui décrit les liens de cause à effet entre différentes
variables. Application à l’exemple précédent :
11
l’ouverture des économies nationales à l’échange incite les pays à se spécialiser dans
les productions pour lesquelles ils bénéficient d’un avantage compétitif,
o ce qui engendre des économies d’échelle et une baisse des coûts de production
o qui favorisent la baisse des prix de vente et la croissance de la demande,
o à laquelle répond une augmentation de la production, donc un accroissement général
de la richesse.
Le modèle est souvent présenté à travers d’un ensemble d’équations mathématiques
décrivant les relations entre ses différentes variables.
o
9.4 12

Troisième phase : Validation empirique des résultats du modèle. On rassemble des
données statistiques sur le commerce international et la croissance, pour montrer qu’il y a
une relation positive entre « ouverture » et « croissance ». La principale difficulté tient dans
la comparaison de statistiques nationales qui ne sont pas toujours élaborées à partir de
définitions et de méthodes de calcul identiques (l’exemple le plus connu est celui des
statistiques du chômage).

Quatrième phase : Validation ou invalidation du modèle puis de l’hypothèse de départ
à partir des résultats de l’analyse empirique.
9.5
13.1
Cette dernière permet d’affiner les paramètres du modèle et de confirmer la pertinence de la
forme des équations.
13.2
Dans le cas où ces résultats ne seraient pas probants, l’hypothèse est invalidée et il faut soit
abandonner, soit modifier le modèle. C’est à ce niveau que les analyses divergent.
Pour les économistes libéraux par exemple, si la relation entre « ouverture » et « croissance »
n’est pas toujours vérifiée, c’est que les Etats des pays pauvres n’ont pas fait les efforts
nécessaires pour organiser la fluidité des marchés et le libre-échange (privatisations,
rétablissement des conditions de la concurrence, etc.) ; pour les keynésiens, c’est parce que
les dépenses en infrastructures de ces Etats n’ont pas été suffisantes pour leur donner la
possibilité de développer des avantages comparatifs avant de se lancer dans le commerce
mondial.

Les économistes travaillent donc à un double niveau : celui de l’analyse théorique, et
celui de l’étude empirique.
Dans le cas où l’analyse empirique confirme la validité de l’hypothèse, le modèle peut
permettre d’effectuer des prévisions. La prévision est essentielle en économie :
o elle permet par exemple aux entreprises de déterminer leurs stratégies de
production et d’investissement,
o aux ménages d’anticiper l’évolution de leurs revenus futurs, et conditionne ainsi
leurs décisions de consommation et d’investissement.
o elle permet aux Etats de tabler sur un taux de croissance futur pour calculer leurs
recettes fiscales à venir, et partant les dépenses auxquelles ils peuvent consentir sans
alourdir leurs déficits.
C’est l’objet de l’économétrie, l’une des branches de la science économique, que L’INSEE
(Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) utilise largement pour valider ses
hypothèses et effectuer des prévisions quantitatives.
3. La science économique : Une analyse à deux niveaux.
L’analyse économique peut se faire à deux niveaux :
14

Un niveau microéconomique, où l’on étudie les comportements de l’individu
consommateur, producteur, salarié, épargnant, ou investisseur. La microéconomie permet
de tirer de l’analyse du comportement d’un individu-type, supposé rationnel, des
conclusions que l’on suppose pouvoir généraliser à l’ensemble des individus. Le champ
d’analyse privilégié par la microéconomie est le marché, celui des biens, des services, du
capital ou du travail, où s’expriment et se confrontent les décisions individuelles.
La microéconomie se propose par exemple d’expliquer :
 Pourquoi le consommateur a tendance à réduire sa demande lorsque le prix d’un bien
augmente,
 Pourquoi l’épargnant a tendance à placer une plus grande part de son revenu sur des
comptes d’épargne ou sur les marchés financiers lorsque les taux d’intérêt augmentent,
 Pourquoi en revanche l’entrepreneur a tendance à réduire ses projets d’investissement dans
ce cas, mais à accroître son offre de produits lorsque leur prix de vente augmente…
15

Un niveau macroéconomique, qui étudie les relations qui s’établissent entre des variables
économiques globales – ou agrégats – telles que la production, la consommation,
l’investissement, le revenu, l’inflation ou le chômage, appréhendés au niveau de l’ensemble
de l’économie. L’outil d’analyse privilégié de la macroéconomie est le circuit économique, qui
permet d’illustrer les relations entre ces différentes variables.
La macroéconomie se propose par exemple d’expliquer :
 Quel est l’impact du revenu des agents économiques sur le niveau de consommation des
ménages,
 Si le niveau du taux d’inflation a une influence sur le taux de chômage – ou réciproquement -,
et laquelle,
 Quelles sont les conséquences sur la croissance de la production d’un accroissement – ou à
l’inverse d’une réduction – des dépenses publiques…
4. Conclusion
L’objectif de la première partie de ce cours, ainsi que des Travaux Dirigés qui lui sont
rattachés, est de mieux connaître, par une approche macro-économique, le fonctionnement et
la situation actuelle de l’économie française. On utilisera pour ce faire très largement les
informations statistiques les plus récentes fournies par l’INSEE dans le cadre de la Comptabilité
Nationale.
Ces informations sont disponibles, gratuitement, sur le site de l’INSEE
(http:/www.insee.fr/). On s’intéressera en particulier au rapport annuel sur les Comptes de la
Nation, publié en Juin sous le titre :
L'économie française - Comptes et dossiers - Insee Références - Édition 2013
Cet ouvrage présente une synthèse des mouvements des économies française et mondiale,
et analyse les principaux évènements intervenus en 2012.
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